Je sais que certain(e)s d'entre vous attendent la suite de Hell mais... mais j'avais envie de légèreté parce qu'entre AFK et Paralyzed, je vais finir par reprendre des anti-dépresseurs tellement je me fous le moral à zéro tout seule.

Je dédicace cette histoire à Calliope83 pour l'image qui a inspiré cette fic en 3 parties (qui devait être un OS à la base.), pour ceux qui suivent ma page facebook, vous pourrez retrouvez l'image en question.

Pick me, Choose me, Love me, oui c'est exactement la phrase que dit Meredith à Derek dans Grey's Anatomy... Prends moi, choisis moi, aime moi.

Bêta-readers : BunnyJack97 et Calliope.

Fréquence de publication : Toutes les 2/3 semaines.

J'espère que cette histoire vous plaira pour son originalité et son ton plus léger que mes écrits habituels.

J'attends vos avis avec impatience !

Bonne lecture !


Pick me...

Derek ramena son gobelet de café contre son torse, descendit rapidement les escaliers de la bouche de métro, avant de se contorsionner pour éviter les usagers pressés ou tout simplement irrespectueux.

New York était une ville magnifique. Toujours en effervescence.

Pas une seule fois, Derek n'avait regretté son choix de partir vivre dans La Ville Qui Ne Dort Jamais avec sa sœur aînée Laura. L'idée de quitter leur Californie natale était née sur un coup de tête, d'un besoin urgent de changer de vie et d'aller de l'avant. Derek avait vécu toute sa vie dans la petite ville de Beacon Hills. Une petite bourgade de dix mille habitants, sans histoire, entourée d'une forêt. Derek avait grandi dans cette forêt, dans le manoir familial jusqu'à l'âge de ses seize ans.

Le jeune homme de vingt-huit ans gardait de tendres souvenirs de son enfance passée loin de l'agitation de New York. Derek était allé au lycée Beacon Hills High School, avait eu une scolarité normale et avait connu une certaine popularité au sein de son lycée. Il avait été capitaine de l'équipe de basket. Mais tout ceci s'était envolé le soir où sa famille avait péri dans l'incendie du manoir. La famille Hale avait été réduite à néant ce soir-là, les laissant orphelins, Laura et lui.

Seul leur oncle Peter avait survécu, brûlé au troisième degré sur la presque totalité de son corps. Pour son bien, Laura avait fait en sorte de le faire admettre en institut de soin longue durée, avec l'espoir de le voir se réveiller un jour. Mais cela faisait douze ans que Peter vivait sans réellement vivre et Derek ne nourrissait guère d'espoir de le voir se remettre de ce drame.

Laura ne cessait de dire qu'il y avait deux Derek. Celui d'avant l'accident et celui de maintenant. Plus renfermé et plus cynique.

Sans réellement donner raison à sa sœur, le jeune homme admettait volontiers qu'il était devenu plus taciturne. Si Laura avait gardé son impulsivité et sa bonne humeur, Derek, quant à lui, était devenu plus froid et secret. Il se préservait, baissait rarement sa garde et avait peu foi dans l'espèce humaine. Laura était l'optimiste et lui le réaliste.

Alors ce matin-là, quand Derek monta dans sa rame de métro, jamais il ne se serait attendu à rencontrer cet homme, celui qui deviendrait l'amour de sa vie, celui qui balayerait ses défenses avec une aisance sidérante et un sourire irrésistible.

Derek Hale venait de rencontrer Stiles Stilinski mais cela, le New-Yorkais l'ignorait encore.

Ce matin-là, quand Derek s'installa sur un siège aux côtés d'une vieille dame, il avait l'esprit encore peuplé par son sinistre passé. La fête de Thanksgiving approchait et avec elle la date anniversaire de l'incendie. Quand le métro s'ébranla pour reprendre sa route, Derek secoua la tête pour sortir de sa morosité avant de porter son gobelet de café à ses lèvres, un café latte venti avec une pointe de cannelle et du lait de soja. C'est alors que son regard se posa sur le jeune homme assis face à lui, plus jeune de quelques années et totalement hermétique à la frénésie matinale qui agitait la rame. Plongé dans son livre, d'une impressionnante épaisseur, il ne prêtait attention à rien si ce n'est aux lignes qui défilaient devant ses yeux.

Derek pouvait apercevoir le fil blanc d'un écouteur qui pendait sur l'épais manteau bleu marine de l'inconnu, un bonnet complétait l'ensemble. Il était beau, réellement beau. Les traits de son visage étaient fins et la peau pâle. Un début de barbe mangeait les joues de l'inconnu alors que des grains de beauté parsemaient un peu partout son visage. Derek ne pouvait pas voir ses yeux mais il était certain qu'ils devaient être envoûtants. C'était une étrange créature qui évoluait devant lui et qui avait captivé son regard.

Le plus jeune dut sentir le regard trop persistant de Derek posé sur lui parce qu'il releva la tête de son livre pour observer la rame avant que son regard ne rencontre le sien. Derek baissa les yeux, comme s'il s'était senti pris en faute, non sans noter que l'inconnu du métro avait les yeux couleur ambre.

Derek garda obstinément le regard baissé jusqu'à son arrêt. Au moment de se lever, il put constater que l'inconnu n'était plus dans la rame. Les portes s'ouvrirent et Derek se focalisa sur sa journée, jeta son gobelet vide dans une poubelle et prit la direction du New Yorker. Une impressionnante réunion était prévue, les futurs articles et reportages allaient être choisis et Derek avait hâte d'y assister. Peut-être qu'il allait couvrir un article à l'étranger cette fois.

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La galerie était bondée et l'inauguration-vente un véritable succès. Les photographies étaient criantes de vérité et belles. Réellement belles. D'une simplicité presque enfantine et d'une pureté déstabilisante par instants.

Paige enroula une main autour de son bras avant de faire tinter leurs coupes de champagne.

_ Avoue-le, sourit la jeune femme. C'était une bonne idée de te traîner à ce vernissage.

_ C'est vrai, concéda Derek. Ces photos sont...

_ Je sais. Et je suis contente que tu sois venu avec moi, James m'a encore fait défaut.

Derek grogna avant de se tourner vers son amie. Il faisait de son mieux pour ne pas critiquer James, parce qu'il connaissait les sentiments de la jeune femme, mais Derek ne supportait pas ce petit con. James l'horripilait. Il prenait l'amour de Paige pour acquis et ne lui accordait pas l'attention qu'elle méritait. Paige était une femme géniale, une violoncelliste brillante.

Leur amitié avait commencé le jour où Paige avait emménagé dans l'appartement face à celui de Derek et Laura. La jeune femme était venue se présenter, apportant par la même occasion des gâteaux suffisamment bizarres pour que Laura les adore tandis que Derek s'était contenté du thé maison. Ils avaient passé la soirée ensemble, apprenant à se connaître et ne s'étaient finalement plus jamais quittés. Derek ne comptait plus le nombre de soirées qu'ils passaient à manger ensemble sur le canapé de leur appartement, ils avaient pris l'habitude de naviguer entre leurs domiciles respectifs.

Paige était la rêveuse de la bande, Laura l'impulsive et lui le réservé. Ils étaient Les Trois Mousquetaires où comme aimait les appeler Laura, le Golden Trio.

_ La femme à notre gauche n'arrête pas de te mater, souffla Paige. Grande, brune, ultra sophistiquée.

_ Merci mais non merci, grogna Derek.

_ Elle a un certain charme.

_ Paige...

_ Quoi ?

_ Arrête de vouloir me caser.

_ Mais...

_ Non, coupa Derek. Allez viens, j'ai envie de me payer cette photo.

C'était une photo représentant un coucher de soleil. Le cliché aurait pu être banal mais les deux silhouettes en contre-jour immortalisées alors qu'elles sautaient ensemble, les bras en l'air, rendaient la photo unique. C'était le genre de photo que Derek aimait. Les photos prises sur le vif, des arrêts sur images de moments imprévus, naturels, beaux dans leur simplicité et leur authenticité. Ces images avaient toujours fait sourire Derek.

Paige souffla et renonça à le persuader de parler à la grande brune, ayant depuis longtemps appris à lire en Derek comme dans un livre ouvert. S'obstiner ferait plus de mal que de bien. Derek paya pour la photographie, donna son adresse et proposa d'aller manger un burger. C'est tout naturellement qu'ils allèrent à leur Royal Diner favori.

_ Mon rédac chef m'a proposé de faire un article sur Varsovie, confia Derek entre deux bouchées.

_ La classe ! s'extasia Paige en picorant son vegan burger. Rassure-moi, t'as dit oui ?

_ Je pars la semaine prochaine, sourit Derek. Je dois pondre un article sur la culture de la ville, les monuments et les quartiers à voir. L'histoire locale, la gastronomie, ça va être génial.

_ Tu t'y vois déjà.

_ J'aime voyager, tu le sais.

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Derek adorait son travail. C'était sa passion. Et quand son job lui permettait en plus de voyager, le jeune homme avait l'impression d'être le Roi du Monde, aussi heureux et extatique que s'il venait de gagner à la loterie. Derek n'avait pas gagné à la loterie évidemment mais c'était tout comme.

Alors quand il prit place dans la rame de métro en cette fraîche matinée, il mit de longues minutes à remarquer la personne en face de lui, principalement parce qu'il jonglait entre différents guides touristiques sur la Pologne. Derek annotait dans son téléphone, ce qu'il devait faire durant son court séjour. Quatre jours, c'était peu pour visiter une ville, il devait absolument s'organiser pour ne rien louper.

Pourtant l'impression d'être observé le tira de ses livres, le forçant à relever la tête pour se retrouver happé par deux orbes ambre. L'inconnu du métro... Le jeune homme l'observait avec un petit sourire. Derek se sentait gêné, parce qu'il se souvenait encore de leur première rencontre où il avait oublié toutes les règles de politesse que son éducation lui avait inculquées pour le fixer impunément, Derek ne savait pas pourquoi cet homme le fascinait, l'inconnu exerçait une étrange attraction sur lui, mais cela lui plaisait.

Soudain, l'inconnu se leva et Derek sentit son souffle se couper, dans l'attente de quelque chose. Il ne savait pas vraiment ce qu'il attendait, parce qu'il ne se sentait pas prêt à lui adresser la parole, Derek ne savait même pas s'il voudrait lui parler un jour. Mais l'inconnu se contenta de se diriger vers la porte, non sans lancer un coup d'œil sur les livres de Derek, son sourire ne quittant pas ses lèvres.

Cet inconnu était vraiment beau.

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Varsovie, capitale de la Pologne. Ville persécutée et partiellement détruite pendant la Seconde Guerre Mondiale. Et tandis que Derek contemplait avec une certaine émotion la statue Du Petit Insurgé de 1944, le reporter observa une minute de silence en mémoire exactions commises autrefois dans la ville, ainsi que dans tout le pays et dans l'ensemble de l'Europe durant la Seconde Guerre Mondiale.

Saisi d'un frisson trahissant son bouleversement, Derek immortalisa en le photographiant le petit garçon en fer, muni d'un fusil et d'un casque trop grand pour lui, avant de reprendre son exploration. Son appareil photo autour du cou, le reporter observa examina sa carte, s'assura que ses cartes mémoires vides étaient toujours dans sa sacoche, avant de prendre la direction de la Vieille Ville, Stare Miasto comme l'appelaient les Polonais.

La Vieille Ville avait été détruite pendant la guerre, principalement parce qu'elle avait abrité des Juifs, et avait été reconstruite d'après une peinture d'un peintre italien. Le quartier historique défendait l'âme et les valeurs du pays et Derek admira entre deux photographies le courage dont avait fait preuve ce peuple meurtri par la guerre.

Le journaliste s'autorisa finalement une pause en début d'après-midi, préférant s'attabler dans un petit bar dont l'aspect ne payait pas de mine, avant de finalement y passer une partie de son après-midi. L'établissement, tenu par un couple de personnes âgés, s'était révélé être une mine d'informations et d'anecdotes sur la ville. Il avait palabré avec les clients dans un polonais maladroit, qui lui avait valu quelques sourires amusés.

C'est éreinté que Derek regagna sa chambre d'hôtel. Il ne lui restait plus que trois jours pour boucler ses recherches. Après s'être douché, le reporter vérifia son itinéraire pour le quartier bohème Praga de Varsovie, programma l'alarme de son téléphone avant de se laisser gagner par le sommeil. Une autre journée chargée l'attendait.

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_ Pour ta collection, annonça Derek en tendant un petit paquet à Paige.

Paige poussa un petit cri en découvrant un porte-clefs représentant Varsovie, l'observa sous tous les angles avant de passer un bras autour des épaules de Derek.

_ J'en déduis que tu es contente, pouffa Derek.

Paige faisait la collection de porte-clefs. Pour chaque ville et pays qu'elle avait eu la chance de visiter, elle avait rapporté ce genre d'objet en particulier. Cela avait fait sourire Derek quand il l'avait appris, principalement parce qu'il faisait la même chose avec les aimants pour frigo. C'est naturellement qu'il avait commencé à rapporter des porte-clefs à Paige lors de ses voyages professionnels.

La porte d'entrée s'ouvrit sur une Laura fatiguée et les bras chargés qui déposa ses clefs sur le buffet avec lassitude avant d'aller poser son carton de pâtisserie sur le buffet de la cuisine.

_ Dure journée ? interrogea Paige en tendant une bière à la jeune femme.

_ Éreintante, grogna Laura en se laissant tomber sur le canapé, tout en retirant ses bottes du bout du pied. Thanksgiving approche et les gens se ruent sur les muffins et autres mets proposés par la boulangerie. Vous verriez le carnet de commande… Je vais finir par installer un sac de couchage là-bas.

_ On est passés au traiteur chinois en rentrant de l'aéroport, annonça Derek en désignant les cartons sur la table basse.

_ Alors la Pologne ? interrogea Laura en s'emparant du poulet au citron et des nouilles sautées.

_ Je t'ai pris un foulard, sourit Derek en tendant un paquet à sa sœur. Dans le quartier bohème, j'ai cherché un moment pour trouver un modèle unique.

_ T'es mon frère préféré, s'extasia Laura en découvrant, ravie, l'étoffe.

Derek eut un tendre sourire pour sa sœur. Laura avait toujours su apprécié les choses simples. Ces petits plaisirs offerts par la vie qu'elle chérissait comme si tout était amené à disparaître soudainement. Et avec la tragédie qu'ils avaient vécue, Derek ne pouvait que l'admirer pour cela.

_ Je vous montrerai les photos quand je les aurai chargées sur mon mac, finit par répondre Derek, passant outre la remarque de sa sœur. Mais j'ai adoré cette ville. Pas une seule fois je me suis ennuyé. Et vous, quoi de neuf ?

_ J'ai eu la date de mon prochain concert, sourit Paige. Des places gratuites, ça vous tente ?

_ Bien sûr, à quelle occasion cette fois ?

_ Le M.E.T, annonça avec fierté Paige.

_ C'est dans six mois, grimaça Derek.

Paige haussa les épaules, désinvolte. Son métier de violoncelliste payait peu alors la jeune femme avait fini par prendre la décision de donner des cours de solfège à domicile. Au fil des années, elle avait fini par se faire connaître ce qui lui permettait de gagner convenablement sa vie. Paige était toujours aussi surprise de voir autant de familles aisées faire appel à ses services.

_ Et toi Laura ? demanda Paige.

_ Pas grand-chose, la boulangerie a de plus en plus de clients, ça n'arrête pas, je cours de partout, c'est génial. En plus, le chef adore mes pâtisseries alors en ce moment, je suis sur un petit nuage. Ah ouais ! Faut que je vous parle de ce gars qui vient depuis deux semaines, c'est un petit génie mais il est super sympa !

_ Une touche ? pouffa Paige alors que Derek levait les yeux au ciel.

_ Même pas, répliqua la jeune femme. En fait, on a sympathisé parce qu'il avait un t-shirt de Flash. Et il s'est avéré que sous ses airs de génie, il était un vrai geek. Fan de Star Wars autant que moi !

_ Et il a un nom ce fameux client trop cool ? grogna Derek.

_ Stiles.

_ Stiles ? Qu'est-ce qu'un Stiles ?

_ Ben c'est lui, il m'a dit que c'était un surnom parce que son vrai prénom est imprononçable. C'est tellement rare des clients réellement sympas que je suis toujours contente de le servir chaque fois qu'il vient.

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Stiles referma la porte de son appartement avec soulagement. Sa main trouva l'interrupteur alors qu'il laissait tomber ses clefs dans son bol à l'entrée. Il était exténué.

Des cartons ouverts et encore remplis trônaient un peu partout dans son petit salon, rendant la pièce plus exiguë qu'elle ne l'était vraiment.

Cela faisait un peu plus d'un mois que Stiles avait quitté Varsovie pour venir travailler et s'installer aux Etats-Unis. Il était venu vivre le Rêve Américain, son rêve à lui loin des strass et de la renommée.

Il avait été recruté lors de l'obtention de son diplôme par les Industries Stark. La start-up était mondialement connue pour ses inventions et ses recherches plus futuristes les unes que les autres.

Stiles était ingénieur et il en était fier. Très tôt, il avait manifesté des troubles de l'attention. Après plusieurs tests il s'était avéré qu'il possédait un QI supérieur à la moyenne et qu'il souffrait en plus d'un sévère TDAH. L'école l'ennuyait et le fait qu'il ne parvienne pas à se concentrer augmentait son ennui. C'était sa défunte mère qui avait eu la solution un jour où Stiles ne tenait vraiment pas en place.

Lasse, fatiguée et malade, elle lui avait donné une vieille radio qui ne fonctionnait plus. Stiles l'avait entièrement démontée, observé les pièces, piqué les outils de son père avant de passer une partie de la journée à la réparer. La radio s'était remise à fonctionner. Le bouton des cassettes n'était plus enfoncé, la radio n'était plus bloquée sur la même station, elle ne grésillait plus. Elle était comme neuve.

Ses parents avaient pris l'habitude de l'appeler "le mécanicien" et Stiles avait trouvé ainsi le moyen de canaliser son énergie et son attention. Des réparations, le génie était passé aux inventions.

Pour son examen final à l'école polytechnique des ingénieurs de Varsovie, il avait inventé une prothèse de main robotisée pour les enfants amputés. L'idée lui était venue un soir alors qu'il observait l'impression d'une maquette en 3D de la Tour Eiffel.

Cela lui avait valu son diplôme et l'attention des Industries Stark qui lui avaient proposé un job. Stiles avait immédiatement accepté, plus rien ne le retenait à Varsovie. Sa mère était morte des suites de sa maladie lors de ses dix ans et son père dans l'exercice de ses fonctions. Traverser l'Atlantique était sa revanche sur une enfance qui avait été heureuse mais trop souvent teintée de chagrin.

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L'adaptation à sa vie new-yorkaise se faisait en douceur. Stiles avait eu l'appréhension de la nouveauté. Nouvelle vie, nouveau pays, nouvel appartement. L'ingénieur avait pourtant sympathisé immédiatement avec une autre ingénieure. Lydia Martin l'avait accueilli avec un sourire et un regard perçant. Cela l'avait rendu mal à l'aise et pourtant, ils s'étaient rapidement entendus, avaient échangé leurs numéros de téléphone. La jeune femme devait même venir l'aider à terminer à s'installer le week-end prochain.

Quand Stiles ne travaillait pas, il découvrait la ville. Il s'était perdu quelques fois, il s'était aussi trompé de métro à plusieurs reprises mais il avait fini par se trouver des petits coins de paradis. Stiles adorait Union Square Park pour sa proximité avec Broadway. Il s'était émerveillé la première fois qu'il avait remonté Broadway. C'était l'un des endroits qu'il avait toujours rêvé de visiter. Qui n'avait jamais voulu prendre en photo le panneau de l'avenue ? Qui n'avait jamais souhaité aller voir une comédie musicale, un soir à Broadway quand l'avenue s'illuminait de mille feux ? Stiles en avait rêvé. Enfant, il s'était imaginé aller voir Wicked avec sa mère, parce que Claudia adorait ce spectacle.

Il y avait aussi cette petite boulangerie dans laquelle il aimait aller déjeuner le midi. Le cadre intimiste lui avait tout de suite plu. L'établissement n'était pas très grand mais les larges fauteuils, les petites tables et les livres donnaient envie de s'y installer pour des heures. La nourriture était succulente et les pâtisseries à se damner. Stiles était incapable de résister à la Pecan Pie de Laura.

La pâtissière était spontanée et souriante. Ils avaient fait connaissance un jour où durant sa commande, la jeune femme l'avait complimenté sur son t-shirt Flash. C'était l'accalmie entre deux services à la boulangerie et Laura avait pris sa pause avec lui. Ils avaient passé une demi-heure à parler des films et séries qu'ils aimaient tous les deux, en bons geeks qu'ils étaient.

Bucky couina bruyamment dans sa cage, quémandant l'attention de Stiles. L'ingénieur pouffa, retira son manteau et ses chaussures avant d'aller ouvrir la cage de son furet. Bucky passa la tête par l'ouverture avant de se faufiler dans le salon faisant sourire Stiles. Bucky courait toujours partout quand Stiles le laissait sortir après une journée de travail.

Le jeune homme prépara la gamelle de Bucky, vérifia que l'animal avait toujours de l'eau avant de se diriger vers la salle de bain. Il s'était pris un sandwich sur le chemin du retour, grignotant celui-ci sans réel appétit. Il était fatigué. Son corps avait du mal à supporter le changement de rythme et le décalage horaire et même s'il réussissait maintenant à faire des nuits plus ou moins complètes, cela n'empêchait pas la fatigue d'être bien présente.

Et tandis qu'il sentait l'eau chaude s'écouler avec délice sur son corps, Stiles repensa au charmant jeune homme qui l'avait dévisagé il y avait plus d'une semaine. Grand, avec une barbe qui lui donnait un petit côté bûcheron bad boy, Stiles s'avouait bien volontiers qu'il était beau. Et quand ce matin même, l'inconnu s'était endormi devant lui, éreinté par son voyage en Pologne, si Stiles se fiait aux livres qu'il l'avait vu lire, l'ingénieur l'avait observé jusqu'à ce qu'il doive descendre du métro. Il avait eu envie d'aller réveiller l'inconnu pour connaître le son de sa voix, pour savoir quel effet cela lui ferait de parler avec lui et connaître ses sentiments sur son pays natal. Stiles n'avait peut-être plus d'attache à Varsovie mais cela ne l'empêchait d'avoir le mal du pays certains soirs. La Pologne lui manquait.

L'ingénieur avait hâte d'être à lundi, pour retourner au labo, travailler avec Lydia, déjeuner avec Laura mais surtout pour croiser son inconnu dans leur rame de métro. Il avait hâte mais refusait d'analyser plus en profondeur ce sentiment, il n'aspirait plus qu'à retrouver son lit.

A Suivre.