Bonus – les Doutes de Chrystelle

Vous l'avez voulu... Vous l'aurez eu ! Le voilà, ce chapitre écrit selon le point de vue de Chrystelle... j'espère qu'il sera aussi plaisant à lire qu'à imaginer et rédiger.

Mille merci à vous : Nami, teddyursa, dussartkarine, Cléo, Loony, candice, tamara (je croyais t'avoir répondu... ouuuups ! je vais rattraper ça de suite !), Donaet DNAnimus. L'objectif est 30 reviews sur cette fic', pour le "projet fou" que Nami et moi avons... ON COMPTE SUR VOUS (on a super envie de l'écrire et le partager avec vous...!)

Bonne découverte et... à la semaine prochaine pour la suite...!


Il y avait une anomalie sur ce fichu document… Chrystelle soupira, irritée… Il ne lui restait plus qu'à voir cela avec sa supérieure, histoire de déterminer la marche à suivre. Ca va encore faire de la paperasse pour rien… Elle se leva en grommelant. Meddhi ne releva pas, ce qui eut le don de l'agacer encore un peu plus. Elle frappa à la porte et entra sans attendre de réponse, plongée dans une énième relecture de ce relevé bancaire qui ne mentionnait pas le compte concerné par l'enquête…

- Candice, ils ont envoyé le mauvais rel…

La fin de la phrase resta bloquée dans sa gorge. Devant elle, Candice était assise sur son bureau. Rien de spécifiquement anormal… Ce qui était plus… atypique… c'était Antoine. Le capitaine était débout, face à leur chef de groupe, la tête nichée au creux de son cou… Et Candice l'enlaçait de son bras valide. Chrystelle vit le sursaut de son collègue, prit sur le fait… Renoir lui fit une petite mimique compatissante, en jetant un coup d'œil vers l'homme blotti contre elle. Au même instant, Dumas reculait soudain, tête baissé, extrêmement gêné… Il quitta la salle en évitant soigneusement son regard.

- Euh…

- Tu peux fermer la bouche, Chrystelle, tu sais… Souffla doucement Candice

- Mais… Il faisait quoi… là ?! S'exclama la jeune lieutenant, les yeux encore écarquillés de surprise

- Ca… n'allait pas trop et… Euh… ce n'est pas à moi de t'en parler. Tu venais pour quoi ?

- Je… euh… Oui ! Se reprit Da Sylva. La banque nous a envoyé les mauvais relevés, on ne voit pas le compte courant de la victime…

- D'accord… Tu me laisses le numéro ? Je vais les appeler tout de suite…

Chrystelle tendit la liasse de documents à sa supérieure et quitta le bureau, encore sous le choc de l'étreinte qu'elle avait surprise. Son capitaine était sagement assis, presque caché derrière le bocal de Pépito… Meddhi observait la scène, les sourcils froncés, visiblement perplexe. Chrystelle se laissa lourdement tomber sur sa chaise et soupira pour la douzième fois de la journée. Après quelques minutes de réflexion, elle se jeta à l'eau :

- Antoine…

- … Suis occupé…

- Merde, Antoine ! Insista la jeune femme

- Quoi ?!

- Tu déconnes !

Les yeux de Meddhi passaient de l'un à l'autre… Pour finir par se poser sur Candice, qui franchissait le pas de la porte.

- Impossible d'avoir le responsable… Il me recontacte dès qu'il est disponible. Déclara-t-elle avant de reprendre, un peu plus bas : Chrystelle… peut-être que tu n'as pas toutes les informations…

- …

- Antoine…

- Vous êtes lourdes, les filles… Grogna le capitaine

- Antoine ! S'exclamèrent Chrystelle et Candice, en cœur

- Ok, soupira-t-il. On s'est séparés ce midi, Jen' et moi… Voilà. Vous êtes contents ?!

- Oh merde, fit Da Sylva pour la seconde fois de la journée

- Comme tu dis… Murmura Candice en regardant son second avec douceur

- C'est pour ça qu'elle voulait te voir, ce midi ?

Chrystelle se sentait mal pour son ami, comprenant qu'il ait eu besoin de trouver un peu de réconfort… Bien que ce soit un peu… litigieux… de le faire dans les bras de leur collègue… En même temps, je l'ai bien poussé à la consoler ce matin, elle devait se sentir redevable…

- Oui… Je ne sais pas pourquoi, elle s'est mise en tête que j'avais eu une relation avec une collègue de Valencienne… J'ai eu droit à une crise de jalousie en règle…

- Mais tu lui as dit qu'elle se trompait ?!

Meddhi semblait stupéfait… Presque sceptique… De son côté, Chrystelle songeait que si Jennifer avait assisté à la même scène qu'elle… La jeune femme aurait effectivement eu de sérieux doutes… Antoine abusait, ce n'était pas une manière de se comporter !

- Oui… Bref, c'est fini. Je n'ai pas envie d'en parler plus longtemps, trancha Dumas

- C'est fou… Aujourd'hui c'est une vraie épidémie de ruptures, remarqua à mi-voix Meddhi

- Hé, déconne pas ! Tu vas nous porter la poisse…

- Jamais deux sans trois, non ? Tu te sens concernée, Chrystelle ? La chercha Antoine

- C'est un peu tendu avec mon mec, en ce moment… Je risque bien d'être le troisième larron de l'histoire…

Elle remarqua avec étonnement que Candice manquait de s'étrangler… Merde, je ne pensais pas qu'elle porte autant d'intérêt à ma vie sentimentale… Antoine s'était levé, observant avec attention leur supérieure. Faut que je lui parle en tête à tête, à lui…

- Ah oui… ?

Chrystelle se retourna vers son collègue. Sa voix avait quelque chose… d'étrange. Un ton inhabituel qu'elle ne parvenait à décrypter. Badhou la regardait bien en face, attentif… Mais qu'est-ce qu'ils ont, aujourd'hui ?!

- Quoi ? T'as pas de souci avec ta copine, toi ? Lança-t-elle, un peu sur la défensive

- Aucun… je suis célibataire… Pas pour trop longtemps, j'espère… Répondit Meddhi tranquillement, toujours sans la quitter des yeux

Chrystelle commençait à se sentir mal à l'aise. La situation lui échappait… Elle reporta son attention sur Candice et surprit son échange silencieux avec Antoine. Ces deux-là se souriaient étrangement, comme s'ils partageaient la même idée… qui avait bien l'air de la concerner ! Elle fronça les sourcils. Ca ne lui plaisait pas du tout… Finalement, elle se demandait si ce n'était pas mieux quand ses collègues étaient moins complices… Faut croire que le célibat, ça rapproche, songea-t-elle, un brin irritée.

- Quoi ?

Avant que Candice n'ait le temps de répondre, le téléphone sonna dans son bureau…

- Sauvée par le gong ! Surement le responsable de la banque… Je suis obligée d'y aller… ! Lança la commandant d'un air faussement innocent

Le second lieutenant ressortit, non sans lui avoir accordé un bref sourire. Secouant la tête, Chrystelle quitta son bureau pour approcher de celui d'Antoine. Ce dernier leva les yeux, interrogatif.

- Il faut qu'on parle, Antoine…

- Quoi ? Tu veux me plaquer, toi aussi… ?

- Allez, rigole pas.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Dumas, soudain plus sérieux

- Tu crois que j'ai pas vu ?

- De… quoi ?

Antoine se décomposait devant ses yeux… Elle avait donc vu juste… Elle en était sûre ! On ne la lui faisait pas !

- Ca va, ça fait plus de 5 ans qu'on bosse ensemble, je te connais…

- Et… ?

- T'en pince pour Candice, c'est clair !

- … Non… Pas du tout ! Se récria le capitaine

- Pas à moi. Je l'ai vu… C'est bon ! C'est pour ça que Jen' t'a quitté.

- Je… Euh… Non… Tu te trompes, Chrystelle

Son ami était très pâle et essayait, en vain, de la convaincre du contraire… Mais son attitude ne trompait pas. Il se trémoussait sur sa chaise, s'agitait… Avant, il n'avait jamais hésité à prendre Candice dans ses bras… Et puis sa manière de se coller à elle, dans le bureau… Elle n'avait aucun doute.

- Oui, elle a cru que tu l'avais trompée avec une nana de Valencienne, j'ai entendu… Sauf qu'en fait, t'étais juste inquiet pour Candice…

- Euh… Oui…Oui… Répondit Dumas en reprenant quelques couleurs

- Et là, maintenant qu'elle t'a largué… Tu te rappelles que notre commandant est plutôt pas mal… En plus elle est tactile, maternelle… Tout ce qu'il faut pour un mec…

- Euh… Tu peux arrêter là, s'il te plait…

Antoine semblait de nouveau très mal à l'aise. Chrystelle devait bien lui faire comprendre les choses. Après un dernier coup d'œil vers la porte, histoire de s'assurer que personne n'assistait à cette discussion, elle reprit :

- Sauf que Candice, c'est une maman… Même avec nous… C'est ça façon d'être, même si des fois c'est chiant qu'elle soit super protectrice comme ça… alors prends pas tes rêves pour des réalités…

- … Euh…

- En plus, là, elle le montre pas mais elle est super mal…

- Ok… et… ?

- Elle a besoin de temps pour… s'en remettre… alors déconne pas, tu restes à distance…

- Tu… Tu veux dire…

Chrystelle eut pitié de son collègue. Le jeune homme, toujours si sûr de lui, semblait hésitant… Heureusement qu'elle mettait son grain de sel dans l'histoire… Ils risquaient la catastrophe !

- Ecoute… Si tu as vraiment des sentiments pour elle… Et pas juste… un gros manque de sexe parce que Jennifer t'as largué…

- Chrystelle ! La coupa Dumas

- Laisse-moi finir ! Grogna la jeune femme. Donc… Si tu as des sentiments pour elle… Alors laisse-lui le temps de se remettre de sa rupture…

- C'est bon, j'ai compris… !

- Et toi, ça te donnera le temps de réfléchir un peu à ce que tu ressens… pour elle…

- Ok… Merci Chrystelle…

Le lieutenant regagna son bureau, ravi de cette mise au point. Franchement, les mecs ne sont pas les champions pour voir ce genre de choses… Elle chercha parmi ses papiers le relevé… qu'elle avait laissé à Candice ! Un soupir lui échappa…

- Quelle motivation, releva Antoine, moqueur

- Quoi ? Grommela la brunette

- Rien… merci de nous permettre de reprendre le boulot… Eut-il le temps de dire avant que Candice ne débarque

- Tout va bien ? Demanda leur commandant en les observant attentivement

- Oui ! Répondirent-ils en cœur

- D'accord… Chrystelle, le responsable de la banque… Il t'envoie par mail les mouvements d'argent des trois derniers mois, sur le compte-courant de la victime.

- Merci Candice…

Elle vit sa collègue lui sourire puis regagner son bureau. Elle a quand même les traits tirés… Ca fait beaucoup pour elle… L'enquête à Valencienne, sa mère, cette blessure, et maintenant son mec qui la largue… Un petit « bip » l'avertie de la réception du mail tant attendu. Elle l'ouvrit tout en réfléchissant à sa supérieure et amie. Il ne fallait pas que, dans son état, elle se perde dans les bras d'Antoine, au risque de le regretter… Si une histoire devait avoir lieu entre ces deux-là, ils devaient prendre un peu de recul sur leurs récentes ruptures… En plus, elle trouvait qu'ils allaient plutôt bien ensemble…

- Antoine…

- Hum…

- Oh ! Tu m'écoutes ?!

- Oui Chrystelle, soupira Dumas

- Tu devrais aller la voir… Lui dire que tu regrettes d'avoir craqué comme ça, j'sais pas… !

- euh…

- Putain, Antoine, t'es peut-être mal, mais si…

Elle baissa la voix pour reprendre :

- Si tu as des sentiments pour elle, agis comme un mec ! Dis-lui qu'elle peut compter sur toi…

Antoine la regardait, silencieux. Hésitant. Il se demandait probablement si elle avait raison, ou comment parler à Candice…

- Franchement, vous les mecs, y'a des trucs que vous ne voyez pas… !

Meddhi entra tranquillement sur ces entrefaites, traversa la salle et s'affala sur sa chaise. Il se remit au travail en murmurant un petit « voila… ». Antoine quitta son bureau, se dirigeant vers celui de Candice. Sur le pas de la porte, il se retourna.

- Chrystelle…

- Hum ? répondit-elle en levant la tête vers lui

- On voit tous des trucs… Parfois des choses… très intéressantes…

Il lui jeta un regard appuyé… avant de dévier vers le second lieutenant. Une seconde plus tard, il lui souriait, énigmatique, et reprenait son trajet.

- De quoi vous parliez ? Demanda Badhou

- Aucune idée, répondit la jeune femme, perplexe

Qu'est-ce que son collègue avait essayé de lui dire… ? Elle le suivit des yeux jusqu'à la porte du bureau de Renoir, qu'il ferma derrière lui. Il faudrait qu'elle le questionne, quand il aurait fini cette discussion avec Candice…