FIN

Côté Canadien :

« Dis, Matthew. C'est quand qu'on voit papa ? »

Le Canadien ne pensait pas qu'il existait une personne encore plus insupportable qu'Alfred. Il avait trois spécimens bien gratinés devant ses yeux.

Il était heureux de n'avoir rien fait avec Gilbert. Un petit comme son amant, mais ce devait être totalement ingérable.

« Si on faisait un jeu… Moi aussi, j'ai envie de le voir. Il faut juste que nos parents aient une discussion ensemble avant.

- Pourquoi ? »

Matthew comprit qu'il n'était pas prêt à avoir des enfants. Il pensait sa patience à toute épreuve, il se trompait lourdement. Comment faisait son oncle ?

Côté anglais :

Arthur était impatient de se retrouver seul avec Francis pour lui expliquer tout ce qui bloque leur relation depuis des siècles.

Il ne savait pas comment réagirait Francis aux différents aspects de la malédiction les concernant tous les deux. Les enfants, leur séparation, les travers de sa mémoire, ses sentiments éteints…

Pas tellement. Il avait l'impression de ressentir cette attirance depuis si longtemps oubliée.

Ses frères lui jetaient des regards curieux, mais il n'en avait que faire.

Arthur alternait entre la pendule et le visage de Francis, ne prenant aucun compte des discussions ou des sujets.

Quand vint son tour, Arthur ne fit même pas attention qu'Alba prit la parole pour lui. Il était sur son petit nuage où Francis et lui seraient enfin ensemble, contre vents et marées. C'était magnifique. Il avait tellement attendu ce moment.

Depuis ce matin, Francis sentait que les dieux étaient contre lui. D'abord, il se faisait éjecter du lit par sa douce et tendre amante. Par la suite, son ex avait eu des vues sur lui bien inquiétantes. Ses frères l'avaient customisé. Et enfin… la fin du monde n'était pas loin d'arriver.

Arthur lui avait confessé ses sentiments. L'Anglais avait été plus rapide que lui pour le dire et il avait eu plus de courage que lui. Ça cachait forcément une tactique vicieuse et perverse. Il l'éjectait du lit, il lui disait qu'il ne se rappelait de rien et ensuite qu'il l'aimait. Il y avait un truc qui clochait là-dedans… Peut-être le fait qu'Écosse se soit allié avec Angleterre contre un mouvement indépendantiste dans le Royaume-Uni… ça aussi, c'était bizarre.

Il cauchemardait.

Francis en serait presque venu à l'explication rationnelle que cette journée était une vaste chimère.

Il fallait le comprendre. Ludwig séchait la réunion avec Féliciano. Francis ne voulait pas savoir pourquoi, mais l'Italien avait dû user de tout son charme et de ses arguments. Rien que ce fait relevait de l'exceptionnel. Ivan le harcelait. Ses frères avaient été encore plus vaches que d'habitude concernant les vêtements. Paolo avait eu la bonté de lui amener des chaussures, loué soit-il ! Sadiq le regardait bizarrement. Li avait une dent contre lui à cause de son pantalon. Il portait ce jean avec des mains dessus ! Le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord était sens dessus dessous. Il devrait d'ailleurs prendre parti de manière plus réfléchie.

Arthur le fixait avec des yeux énamourés. Ce devait être ce qui le minait le plus.

Non, mais c'est vrai ! Arthur avait l'air d'avoir eu une révélation le concernant. On aurait dit qu'il refaisait une fixette sur lui comme lors de la guerre de Cent Ans. Francis voulait éviter de revivre ce genre de périodes historiques. Il y avait quelque chose de changé en Arthur et il savait qu'il en était la source. Il n'aimait pas ça.

Francis espérait que leur petite conversation ne porterait que sur des excuses et des explications. Si Arthur lui demandait sa main, il serait obligé de refuser. Il avait bien conscience qu'il pourrait s'agir de ce mariage repoussé depuis des lustres. Non ! Il ne se faisait pas des idées ! Arthur le regardait trop bizarrement pour que ce soit autre chose.

Il était très mal à l'aise. Il ne suivit pas les discours des autres. Il bredouilla le sien. Ses frères fusillèrent du regard Arthur comme pour le protéger par la seule force de leurs pensées. Cette attitude était adorable, mais elle lui mettait encore plus la pression.

Francis grimaça quand l'heure de la pause de midi sonna. Il sentait qu'il allait passer un mauvais quart d'heure.

Il essaya de partir, comme s'il ne se souvenait pas de son rendez-vous. Malheureusement, Arthur le collait. L'Anglais le tira par la manche en lui indiquant une pièce.

« Arthur ! Si Francis n'a pas envie de te suivre dans un recoin sombre, laisse-le tranquille !, s'en mêla Antonio.

- Ce ne sont pas tes affaires ! Nous allons seulement discuter et dissiper un malentendu.

- Je me méfie de toi et de tes sortilèges !

- Ça ira Antonio. On va simplement discuter. S'il m'énerve, je vous rejoindrais, négocia Francis.

- Très bien. Je reste devant la porte, décida Antonio.

- Ce que nous allons nous dire ne regarde que nous, Espagne !, s'écria Arthur.

- Je n'écouterai pas. Seulement, si Francis crie à l'aide, je ne serai pas loin.

- C'est bon. Francis n'est pas une princesse en détresse !, râla Arthur. Viens Francis. »

Francis suivit Arthur dans la pièce, avec nervosité. Il ne s'attendit pas à ce qu'une fois la porte refermée Arthur se jette dans ses bras et réclame un baiser. Il se laissa faire, tout en essayant d'oublier le plaisir qu'il prenait à embrasser la personne pour laquelle son cœur battait encore.

« C'est comme ça que tu crois te faire pardonner, râla Francis, une fois qu'ils eurent terminé de se câliner.

- Je ne pense pas pouvoir vraiment réparer ce qu'il s'est passé, ce matin. Je suis désolé. J'ai paniqué. Je te jure que je ne me souviens de rien. »

Francis n'apprécia pas vraiment la dernière phrase. Sa fierté en était blessée. Une excuse pareille lui semblait invraisemblable.

« J'ai pourtant tout fait pour que ce soit inoubliable.

- Je n'en doute pas. J'en ai des courbatures… »

Arthur semblait hésitant à continuer. Il cherchait ses mots.

« C'est tout ce que tu avais à me dire…, tenta Francis.

- Non ! Bien sûr que non ! ça ne va pas te plaire.

- Tu vois. J'en étais intimement persuadé.

- Je veux juste te dire avant tout ça : je suis vraiment sincère quant à notre relation amoureuse et j'ai envie que ça fonctionne.

- J'ai tout fait pour que ça fonctionne jusque-là ! Seulement, toi, à chaque fois tu te dérobes !

- Je ne le fais pas exprès !

- Ça, c'est la meilleure ! Je ne veux pas en entendre plus ! »

Francis tenta de sortir, mais la porte était fermée à clef. Il s'acharna sur la poignée malheureuse avant de se retourner vers Arthur. Ce n'était pas loyal de l'enfermer avec lui dans cette pièce !

« Ne crie pas. Antonio ne pourra même pas t'entendre.

- Qu'est-ce que tu as en tête ?

- Je veux te parler de tout. Comme ça, tu pourras prendre une décision nous concernant.

- Une décision, ça se prend à deux.

- Je pense que je n'ai pas voix au chapitre. Je sais très bien ce que je veux pour nous deux. J'ai envie qu'on reste ensemble.

- Heureux de l'entendre.

- Tu ne voudras peut-être pas… », grimaça Arthur.

Las et inquiet, Francis prit place sur une chaise. Arthur n'était pas le genre de personne à douter. Arthur le connaissait bien, donc il anticipait sa réaction. Ce devait être quelque chose de terrible, s'il pensait que ce devait les séparer.

« … Je ne sais pas comment aborder le sujet.

- Vas-y ! Qu'on en finisse !, s'énerva Francis qui n'aimait pas rester dans l'expectative.

- Il y a une malédiction qui pèse sur moi… et en fait sur nous.

- Je croyais que je savais tout des malédictions sur ta famille.

- Celle-là me touche en particulier. Je n'en fais pas part facilement. C'est difficile pour moi d'en parler.

- Pourquoi ?

- Elle me sépare de la personne faite pour moi. Seulement, elle a été affaiblie récemment. Je suis sûr que cette personne, c'est toi. »

Francis fut étonné de cette certitude. Qu'est-ce qui laissait à penser à Arthur qu'ils étaient faits pour être ensemble, alors qu'il l'avait toujours repoussé ?

« Ça me touche, Arthur. Seulement, ce matin, je pense que ce n'était pas ta pensée.

- C'est à cause de la malédiction. Elle a effacé mes souvenirs. J'ai donc réagi de manière excessive en te trouvant nu dans mon lit, alors que j'étais tout autant nu en femme. Ça m'a fait peur. Imagine un peu ma situation.

- Il est vrai que je n'aurais pas aimé te voir dans mes draps, si je ne me souvenais pas les douces tortures tu avais pu me prodiguer.

- Je ne pensais pas à de « douces tortures ». Enfin, si… mais contre mon gré !

- Je n'ai rien fait contre ta volonté !, voulut se défendre Francis.

- J'en suis persuadé. C'est bon, à présent !

- Donc, parce que tu ne te souviens plus de notre nuit d'amour, tu penses que je suis ton âme sœur ? Ce serait formidable, si je n'ai pas à m'inquiéter de me retrouver hors du lit tous les matins, plaisanta Francis pour détendre Arthur.

- On peut briser la malédiction ensemble.

- C'est bon à savoir. Seulement, qu'est-ce qui te fait croire que c'est bien moi ?

- Il y a d'autres éléments, rougit Arthur.

- Lesquels ?

- Du genre, tu vas te fâcher et me faire la gueule pendant des jours. Je veux juste te préciser que nous n'avons que la journée d'aujourd'hui pour briser la malédiction. Tu pourras m'en vouloir tant que tu veux après ! »

Francis étira ses yeux de suspicions. Il sentait que la suite n'allait pas lui plaire.

« Cette malédiction nous séparant est apparue après que j'ai utilisé la magie pour une raison bien particulière, continua Arthur.

- Quelle raison ? Viens en au but, avant que je m'énerve de rester dans le flou.

- Francis… Mes enfants sont aussi les tiens. »

Francis ferma les yeux, sentant le mal de tête arriver. Il ne comprenait pas comment ce pouvait être possible. Il n'avait jamais couché avec Arthur avant la nuit dernière. Six enfants ! Au fur et à mesure qu'Arthur lui expliquait pour le sort de conception et pour les analyses génétiques de paternité, Francis pâlissait à vue d'œil. Bien qu'étant né celte, il se méfiait de la sorcellerie et de toutes ses conséquences. Cette histoire ne faisait que consolider ses convictions en la matière. Arthur lui avait arraché son essence pour lui faire des enfants dans le dos. Il en était très triste. La colère ne venait pas encore, mais il la sentait gronder dans son ventre. Il n'avait pas pu profiter pleinement de l'enfance de ses petits. Il n'avait jamais su qu'il était leur véritable père. C'était injuste.

« Donc, je suis le papa de tes six enfants…

- Et mon âme sœur qui va me passer un savon…

- Tu nous as séparés avec tes bêtises !

- Je n'avais pas le choix ! Alba a tout fait pour nous empêcher de nous voir à l'époque. Nous n'avons pas conçu nos premiers enfants par les voies normales. Tu aurais voulu que j'abandonne Matthew et Laurent !

- Non ! Bien sûr que non !, réagit immédiatement Francis.

- Je suis désolé. J'ai pensé que ce serait pour le mieux. Je n'avais pas conscience que nous serions séparés. J'ai tout fait pour te retrouver ensuite.

- J'ai eu l'impression du contraire. Du jour au lendemain, je ne t'intéressais plus. Tu n'avais d'yeux que pour tes jumeaux. Je ne savais même pas avec qui tu les avais eus. J'étais extrêmement jaloux. Je n'ai rien trouvé de mieux que de m'approprier les terres des jumeaux pour les avoir sous mon contrôle et donc toi par la même occasion.

- C'est toi qui les as vus marcher pour la première fois, grogna Arthur.

- Ce n'est pas une excuse !

- Je ne me souvenais pas de ce que je ressentais pour toi. Tout comme je ne me souviens pas de la nuit dernière. C'est extrêmement puissant comme malédiction. Je n'arrive pas à regretter ce que j'ai fait quand je vois Matthew ou Laurent. Ça me peinait de ne même pas connaître ton nom ou ton visage, ni même de ressentir quoi que ce soit pour toi.

- Si tu ne m'aimes pas, ça règle entièrement la question !, cria Francis.

- Bien sûr que je t'aime, idiot ! La malédiction est affaiblie ! Je sais très bien ce que je ressens. Je ne t'aurais jamais autorisé à m'embrasser ou à entrer dans ma chambre, si je ne ressentais rien pour toi ! »

Francis rougit de gêne. Il ne s'était jamais trouvé dans une telle situation. D'ailleurs, il imaginait mal quiconque dans celle-ci. Se retrouver père de six enfants dont l'un va être père à son tour…

« Attends, je vais être grand-père !

- C'est tout ce que ça t'inspire ! Mais oui, on va avoir trois petits-enfants.

- Je veux mourir.

- Ne dis pas de bêtise. J'ai pas envie de te perdre stupid frog.

- Je ne suis pas habitué à ce que tu me dises des choses pareilles !

- Moi, non plus. Je fais beaucoup d'efforts parce que je veux rester avec toi.

- Je m'en rends compte, mon petit lapin.

- I'm not your bloody rabbit, frog !"

Francis ne put s'empêcher de rire jaune. Il avait vraiment du mal à comprendre ce qu'il lui tombait sur les bras. Alors, Matthew, Laurent, Alfred, Peter, Adélie et Élisa… ça en faisait du beau monde.

« Tu aurais pu mieux choisir leurs prénoms.

- Je te signale que trois d'entre eux ont des prénoms français.

- Dans ton inconscient, ça devait quand même te travailler.

- Tu le prends mieux que je ne l'espérais.

- Je suis pour l'instant sous le choc. Tu ne vas pas comprendre ce qui va t'arriver quand j'aurais pleinement intégré tout ça.

- Je vais éviter de te choquer plus que ça, alors.

- Si tu as encore quelque chose à dire, je t'écoute avant de ne plus être en mesure de l'entendre.

- Peter a besoin de terres venant de ta part. Il est encore instable.

- Par ta faute !

- Ne t'inquiète pas à ce sujet ! Je culpabilise chaque jour depuis sa naissance.

- Tu as fait les jumelles ensuite !

- J'ai pris plus de précautions avec elles. Pour Peter, tu as répandu de la poussière pour la conception. Je n'ai pas pu faire autrement, et ce, dans la précipitation. Je t'en ai voulu, mais je ne pouvais rien te dire à ce propos. Il faudrait le stabiliser avant de lever la malédiction. J'ai peur pour lui.

- J'irais le stabiliser. Quels territoires dois-je lui donner ?

- Tu le sentiras. Tu poseras ta main sur lui et tu laisseras faire le transfert des terres. Fais attention, il est gourmand.

- On devrait y aller immédiatement. Tu as dit tout ce que tu avais sur le cœur ?

- Pas tout… Quelle est ta décision ?

- Je vais y réfléchir cette après-midi… »

Francis n'avait pas envie de pardonner ce qu'il s'était passé à Arthur immédiatement. S'il avait eu plusieurs semaines devant lui, il les aurait prises avant de décider quoi que ce soit. Sa confiance était brisée. C'était Arthur, à une autre époque, qui avait fait ce choix, seul. Cette décision avait régenté leur vie amoureuse pendant des siècles. Le coup de l'âme sœur, après autant de temps à espérer, passait mal. Toutes les conséquences de leur séparation lui faisaient se sentir mal. Il avait été bafoué en tant que père et en tant qu'amant. Il ne savait pas s'il pourrait le lui pardonner.

« Avant de te parler du moyen de briser la malédiction, j'aimerais parler de quelque chose d'important.

- Quoi, encore ?, râla Francis.

- Je n'ai pas trouvé de moyen de contraception usagé dans la chambre.

- Quoi ?

- Est-ce qu'on s'est protégé ? Tu es du genre à jeter les capotes par la fenêtre ?

- Je ne laisse pas traîner mon ADN comme ça ! Et même en prenant des précautions, on dirait que tu es capable de le récupérer pour faire des petits adorables.

- C'est juste pour savoir à quoi m'attendre… Tu es le seul à pouvoir… »

Arthur s'arrêta dans sa phrase, en pâlissant. Il dut s'asseoir pour se détendre un peu. Ses mains tremblaient un peu.

« Notre septième enfant est peut-être en route, lui annonça-t-il.

- Je crois que j'ai besoin de prendre un bon bol d'air frais et vivifiant, histoire de faire le point.

- Attends encore un peu.

- Là, je crois que j'ai atteint le summum…

- Pour briser la malédiction, il faut qu'on se marie et que l'on consomme. Aujourd'hui.

- Je retire ce que j'ai dit. Tu as encore quelque chose à ajouter.

- On ne mariera que nos deux personnes. Laissons nos pays en dehors de tout ça. Je pense t'avoir tout dit. C'est à toi de décider maintenant.

- J'ai décidé que je ne vais pas décider tout de suite.

- Francis, cette malédiction est puissante. Il risque d'y avoir tout un tas d'empêchements pour qu'on la lève.

- J'en ai conscience.

- Stabilise au moins Peter.

- Je ne laisserai pas mon enfant dans cet état. Tu as ma parole. J'y vais tout de suite. Sans toi !

- Ils sont dans ta chambre avec Matthew. J'espère que Gilbert n'est pas avec eux.

- Il ne manquerait plus qu'il l'apprenne, alors que je ne l'ai pas encore accepté.

- J'ai confiance en Matthew pour l'empêcher de voir les enfants. »

Francis se dirigea vers la porte qui s'ouvrit miraculeusement et il tomba nez à nez avec Antonio et Gilbert, avec des barres de fer, prêt à défoncer l'entrée de la pièce.

« On a eu tellement peur pour toi !, s'écria Antonio avant de le prendre dans ses bras.

- Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Ce tronzo va m'entendre.

- Mon awesome-personne s'est fait du souci pour toi !

- Laissez Angleterre tranquille. On avait besoin de discuter, c'est tout. C'est une affaire personnelle. Je n'ai pas envie que vous mettiez votre nez là-dedans. »

Francis se rendit compte qu'il avait bien besoin d'un confident. Ses frères présents et son meilleur ami ne conviendraient pourtant pas. Antonio réagirait au quart de tour et il irait prendre dans ses bras tous ses neveux et nièces à grand renfort de larmes. Romano essaierait d'émasculer Arthur et il se heurterait à un problème de taille. Gilbert serait impossible, il n'arrêterait pas de l'enquiquiner avec ça. Héraklès lui ferait tout un discours philosophique sur l'amour. Paolo était préoccupé par Alba. Gupta avait d'autres problèmes plus urgents sur le feu. Il ne restait que Féliciano… Féliciano, contrairement aux idées reçues, pouvait garder un secret et il était de bon conseil.

« J'ai des choses à faire, répondit-il à toutes les questions de son entourage.

- Tu as une mine de déterré, tu es sûr qu'il ne t'a pas jeté un sort ?, demanda Héraklès.

- Ça va très bien.

- J'en crois pas un mot, je suis trop awesome pour te laisser dans la déprime. »

Francis sentit la présence d'Arthur derrière lui. Son âme sœur essayait de se faufiler en douce, mais c'était sans compter sur la vigilance des Latins.

« Eh, toi ! Qu'est-ce que tu lui as fait !

- J'ai dit de le laisser tranquille ! On s'est dit des choses inhabituelles et ça ne regarde que nous. C'est pardonné pour ce matin.

- Tu pardonnes trop facilement, Francis. Je t'ai à l'œil, idiota, dit Romano à Arthur.

- Si vous pouviez nous laisser régler nos problèmes, ce ne serait pas plus mal, commenta Arthur, épuisé.

- Comme t'as pas meilleure mine que notre frère, on veut bien y croire », râla Antonio.

Arthur s'éloigna, replié sur lui-même. Francis en ressentit un pincement au cœur. Quelque chose d'autre n'allait pas… Ou était-ce de la méfiance injustifiée ? Arthur devait se sentir mal de devoir attendre.

« Je dois faire quelque chose avant de revenir en réunion.

- Quoi ?

- Oh, les petites. Je dois les voir.

- Puisqu'elles sont avec Matthew, je viens avec toi, proposa Gilbert.

- J'ai envie d'être seul avec eux. Je suis désolé. »

Francis en avait assez de leur cacher la vérité. Il préférait rejoindre ses enfants. Il pourrait peut-être prendre une meilleure décision en les voyant. Le trajet jusqu'à sa chambre fut long. Il ne savait toujours pas quoi faire. Ce qu'avait fait Arthur était le genre de coups bas qu'il considérait comme impardonnable. Seulement, c'était Arthur. Il l'aimait, mais jusqu'à quel point ? Il se souvenait encore de la sensation de son corps sous le sien, de ses lèvres, de son affection. Ça lui manquait déjà. S'il ne brisait pas la malédiction, Arthur ne se souviendrait même plus de ce qu'il les reliait ensemble. C'était bien commode pour l'Anglais. Il n'aurait même pas le moindre chagrin.

En ouvrant la porte de sa chambre, il ne s'attendait pas à ce que ses enfants les plus jeunes se jettent sur lui.

« Papa !

- Bonjour, les enfants ! »

Il les serra fortement contre lui et leur fit un bisou sur la tête.

« Comment allez-vous sales garnements ?

- Tonton Cymru m'a donné un cours de négociation musclée, l'informa Peter. Je me sens plus diplomate qu'avant.

- Je ne doute pas que ce devait être très tendu, ce matin.

- Pourquoi ne nous as-tu pas dit que tu étais notre papa ? », le coupa Élisa.

Francis se sentit très mal à l'aise. Arthur aurait pu l'avertir que les jumelles lui poseraient cette question. Il croisa le regard de Matthew à la recherche d'un peu d'aide. À son grand étonnement, ce fut Peter qui répondit à sa place. Sa réponse lui réchauffa le cœur.

« Voyons, Francis a toujours été notre papa ! Qu'est-ce que tu voulais qu'il dise de plus ?

- Oui, je pensais que c'était clair, mes chéries, ajouta-t-il, un peu perdu.

- Désolé, papa, dit Adélie. On était un peu perturbés d'apprendre qu'Arthur est notre maman. »

Matthew semblait ne pas savoir quoi faire pour arranger ou clarifier la situation, comme si empêcher toute catastrophe à venir était complètement vain. Il était rouge, comme une soupape prête à exploser.

« Votre maman s'est bien occupée de vous.

- Toi aussi, papa. »

Francis profita du câlin de ses filles. Peter semblait plus ému qu'elles. Il devait en savoir plus qu'elles.

« Papa, dit Matthew.

- Oui ?

- Tu voudras manger ici avec nous ? Je vais commander les repas.

- Je préfère rester avec vous.

- Il est drôle ton déguisement. C'est carnaval ?, demanda Adélie.

- Vos oncles m'ont déguisé.

- On ne va pas te voler d'affaires aujourd'hui, affirma Élisa. Maman nous dit toujours de te voler quelque chose quand tu es comme ça, mais on ne le fera pas cette fois-ci.

- Arthur va m'entendre. Vous utiliser de cette façon pour me coller un gage, je ne suis pas d'accord.

- Oh, s'exclama Adélie. On est des méchantes, alors ?

- Non, pas vous. Arthur. »

Les petites en rirent avant de se décoller de lui pour retourner jouer dans la salle à manger.

« Ça n'a pas l'air de les perturber plus que ça.

- Je crois qu'une explication rationnelle sur leur conception les tranquillise, répondit Matthew. Est-ce que ça va ?

- À peu près…

- Moi, je suis content », s'écria Peter les empêchant d'avoir une conversation plus sérieuse.

Francis savait qu'il devait autant parler à Matthew qu'à Peter. Avec son instabilité, Peter était bien plus prioritaire.

« D'ailleurs, on doit discuter tous les deux, Peter.

- À propos de quoi ?

- Des territoires que je vais te donner.

- C'est vrai ? Tu le ferais pour moi ? Lesquels ? Si c'est possible, j'aimerais rester dans la Manche.

- Je ne peux pas te donner une région. Chacune a déjà son représentant.

- Des îles ?

- Tu préfères les îles ?

- Je m'y suis habitué. C'est sûr que si je pouvais devenir indépendant par la suite, j'en serais ravi.

- Laisse-moi y réfléchir.

- En fait, j'aimerais bien avoir toute la Manche pour moi tout seul. Tu as déjà rencontré Atlantique ou Pacifique ? Ils sont impressionnants.

- Je ne peux pas faire ça, tout seul ! Il faudrait qu'Arthur m'aide pour ça !

- Il est en train de te prendre par les sentiments, l'avertit Matthew. Ce cours avec tonton Cymru lui a fait faire de grands progrès, on dirait.

- Il est vrai qu'il n'y a pas de représentant de la Manche », déclara Francis pensif qui voulait s'assurer du meilleur pour son fils.

Avec le réchauffement climatique actuel, les îles françaises étaient menacées par les eaux. Ce serait un mal pour un bien s'il lui accordait des îles sans représentant.

« Je ne savais pas que Méditerranée existait…, dit Matthew d'un air pensif.

- Elle ne fait pas souvent surface. Durant l'Antiquité, on l'a confondu avec Vénus quand elle est sortie de l'eau un peu trop près des côtes. Depuis, elle évite de rejoindre la terre ferme.

- Ce serait possible, alors ?, demanda Peter excité.

- Je dois voir ça avec Arthur.

- Et les îles anglo-normandes ?, lui rappela Matthew.

- Je les avais oubliés celles-là. Elles dépendent d'Arthur.

- Enfin, pas vraiment… Elles ont un statut particulier.

- On dira que c'était une urgence.

- Comment crois-tu qu'elles prendront cet encerclement ?, les défendit Matthew.

- Si elles étaient les représentantes de la Manche, elles l'auraient déjà prise. Si Peter doit être le représentant de la Manche, alors il le sera. On ne peut pas prendre de terres qui ne nous sont pas destinées.

- Si Arthur n'est pas avec toi, c'est que vous êtes encore fâchés tous les deux, murmura Matthew.

- Oui, mais on a décidé que la stabilité de Peter passait avant nous. Je vais l'appeler. »

Francis saisit son téléphone. Il hésita entre envoyer un SMS à Arthur en prenant le risque qu'il ne le voie pas ou l'appeler directement. Lui parler ne ferait pas partir son ressentiment. Il allait éviter de dire des paroles malencontreuses.

« Arthur, j'ai besoin de toi pour le transfert des terres.

- Tu n'y arrives pas ? Je m'inquiète.

- Disons que notre fils a les yeux plus gros que le ventre.

- Hé ! Je n'ai pas demandé la Terre entière !, se plaint Peter.

- Il veut la Manche. Je ne pense pas y arriver tout seul, lui expliqua Francis.

- Ça expliquerait pourquoi le transfert n'a jamais pu se faire.

- Ah, bon ?

- Il lui faut notre concours à tous les deux pour lui donner son territoire. On ne se serait jamais entendu là-dessus jusqu'à maintenant. Je peux venir ?

- Oui.

- J'apporte mon repas. »

Francis soupira un peu trop bruyamment à son goût devant ses deux fils. Peter se colla contre son flanc droit, recherchant du réconfort. Il semblait excité par l'acquisition de son territoire et en même temps beaucoup trop pensif pour quelqu'un d'hyperactif comme lui.

« Papa… C'est vrai que tu ne savais pas ? Je n'ai pas envie de voir Arthur.

- Ce qu'il se passe entre Arthur et moi est compliqué. Je ne sais pas encore ce que je vais faire.

- Je ne veux pas oublier que tu es mon père. Je m'en fiche d'avoir la Manche. Je veux m'en souvenir. »

Francis passa la main dans les cheveux de Peter, tout en réfléchissant.

« Je vois que tu as tout compris du chantage affectif. Comme Arthur.

- Ce n'est pas du chantage », grogna Peter.

Francis fut surpris de sentir Matthew l'enlacer à son tour.

« Mon papa à moi qui résout les problèmes difficiles.

- Hé, j'étais là en premier ! »

Matthew tira la langue à son cadet, ce qui fit rire Francis.

« Ne vous disputez pas tous les deux !

- C'est mon petit frère. J'ai le droit de l'embêter, les taquina Matthew.

- Tous sur papa ! »

Les jumelles se ruèrent sur lui sans raison inexpliquée et se mirent à lui faire des chatouilles. Matthew prit honorablement la fuite, tandis que les plus jeunes s'alliaient contre lui. C'était amusant. Il adorait faire ça avec ses enfants.

« Ce n'est pas du jeu ! Tricheurs !

- Je vois que je dérange, dit une voix bien familière. Vous auriez pu fermer la porte convenablement. »

Les jumelles changèrent de cible pour attaquer Arthur qui venait d'entrer. Il réussit à les éviter d'un mouvement rapide de côté et à les rattraper par l'épaule pour qu'elles ne perdent pas l'équilibre.

« Les filles, on n'a pas le temps de jouer. Là, maintenant. Plus tard, ce sera possible. On n'a pas beaucoup de temps à la pause déjeuner et on doit s'occuper d'un problème de Peter.

- On va jouer avec Matthew.

- Super », dit Matthew avec peu d'entrain.

Le Canadien suivit les jumelles dans l'autre salle en leur disant qu'il ne ferait plus jamais la nounou.

« Alors, Peter ? On veut tout un bras de Mer ?, l'embêta Arthur.

- Ça m'irait bien, non ? Vu qu'il y aura de la flotte partout d'ici trente ans, je prends une belle assurance vie.

- Peter, ce n'est pas sûr que ce soit possible, l'avertit Francis.

- Je sais.

- On va essayer, dit Arthur. Je ne te promets rien. Il y a des eaux internationales dans la Manche. Si tu te souviens bien ton territoire actuel est à l'intérieur de celles-ci. Allons-y. »

Peter se colla sur le flanc droit de Francis et Arthur vint se porter de l'autre côté de Peter. Francis sentit immédiatement un changement intervenir en lui. C'était vraiment une sensation étrange. Il avait déjà expérimenté ce genre de transfert. Il avait donné et pris des terres tout au long de sa vie, selon les accords politiques. Seulement, à ce moment-là, il s'agissait d'un don à titre complètement gratuit. C'était comme si on lui arrachait une partie de lui, avec son aval.

« Je vois plein de vagues, dit Peter. C'est très agréable. »

Peter rit. Il avait l'air de se sentir bien. Francis replaça une mèche rebelle de son fils. Il attendait la fin du transfert avec impatience.

Leur fils finit par se détacher d'eux quand tout s'arrêta.

La main de Francis se posa sur celle d'Arthur. Francis cria en sentant un nouveau transfert hyper rapide s'effectuer.

« Arthur ! Rends-moi ça !

- Je ne t'ai rien pris !

- Toi, tu ne l'as pas peut-être pas senti, mais moi, oui !

- Mais je ne t'ai rien pris !

- Ne fais pas l'innocent ! Tu m'énerves ! »

Arthur ouvrit en grand les yeux, la bouche ouverte comme un poisson hors de l'eau.

« Dîtes ! C'est un petit frère ou une petite sœur ?, demanda Peter avec malice.

- Enfin, Peter…

- On n'en sait rien pour le moment. Garde ça pour toi, répliqua immédiatement Arthur.

- Je préfèrerais un petit frère, dit-il avant de partir vers leurs autres enfants.

- Ne leur dis rien, lui rappela Arthur.

- Je me sens super bien !, cria-t-il aux autres.

- Tant mieux… »

Francis supposa que Peter leur avait dit de les laisser seuls tous les deux. Il était complètement perdu dans toutes les émotions qui passaient en lui. Était-ce vraiment possible qu'un bébé nation d'à peine quelques cellules vint de lui prendre toute la Nouvelle-Calédonie ? Arthur semblait gêné au possible.

« On dirait bien que je suis enceint…

- Oh, c'est pas vrai ! J'ai l'impression que mon cœur va exploser.

- Je ne sais pas comment ça s'est passé, mais j'aurais dû insister pour qu'on fasse attention.

- Et moi, donc…

- On devrait se réjouir et, non, culpabiliser.

- Vu ce qu'il se passe entre nous, je ne sais pas si c'est une bonne chose », murmura Francis.

À son grand étonnement, Arthur se réfugia dans ses bras. Il n'y eut plus d'autres transferts, ce qui rassura Francis.

« Je ne sais pas, si je m'en souviendrais, lui chuchota-t-il à l'oreille.

- Merci, pour le chantage affectif. »

Arthur calla sa tête contre son torse et ne bougea plus, profitant juste de sa présence. Francis devina plus qu'il n'entendit quelques larmes. Arthur se cachait de sa vue et il l'étreignait un peu plus fort. Sa main, toute seule, se posa sur son épaule et son menton sur sa tête.

« Je suis désolé. Je ne m'y attendais pas, c'est tout.

- Je veux juste éviter des problèmes pour celui-là, gémit Arthur.

- Je comprends. Je suis juste énervé et blessé. Je ne sais toujours pas quoi faire. Je t'en veux énormément.

- Je crois que j'aurais beau te demander pardon, ça ne suffira jamais à réparer mon erreur.

- Oui, mais on peut en éviter d'en faire d'autres.

- Je ne plaisantais pas.

- Je sais. »

On sonna à la porte. Une voix aiguë cria derrière la porte.

« Le héros veut être de la partie ! J'ai ramené Laurent !

- On va tous être là, ensemble !, s'en étonna Arthur.

- Ça craint, dit Francis en se prenant la tête entre les mains.

- Tu ne veux pas en profiter ?, lui demanda l'Anglais.

- Si ! J'ai juste l'impression de tout rattraper d'un coup.

- Le héros livre le repas à domicile !

- Hé ! C'est moi qui porte tout !, se plaint Laurent. Ouvrez !

- J'arrive », se résigna Francis.

Laurent posa les affaires dans un coin tandis qu'Alfred le prenait dans ses bras. Laurent les rejoignit ensuite en n'hésitant pas à l'appeler papa.

Le repas se passa plutôt bien. Francis et Arthur étaient toujours fâchés, mais leurs enfants arrivaient à les faire sourire et se détendre un peu.

Francis commençait à apprécier de se retrouver tous ensemble et à se dire qu'il ne passerait plus à côté de ce bonheur.

Alfred ne put s'empêcher de dire de manière maladroite qu'il l'avait toujours considéré comme son père, ce que ses autres enfants reprirent. Francis s'était tellement bien occupé d'eux qu'il l'était dans leurs cœurs. Francis jeta un regard suspicieux à Arthur. Seulement, celui-ci semblait aussi surpris que lui.

Francis serra les jumelles à côté de lui dans ses bras en disant qu'ils avaient toujours été ses petits chéris.

Si ! Il l'avait vu. Arthur en avait été ému. L'Anglais avait beau le cacher, ça lui faisait de l'effet.

Francis ne put s'empêcher de sourire. Leur petite réunion familiale lui plaisait plus qu'il ne l'avouerait à Arthur présentement. Seulement, il avait une décision à prendre. Avoir été privé de ce bonheur le minait. Il en profitait pour le moment, mais il savait que ça ne durerait pas s'il ne brisait pas la malédiction. Il refusait de se marier avec Arthur depuis très longtemps. Ce serait comme le faire sur un coup de tête. Il n'avait plus que quelques heures s'il voulait trouver une mairie ou une maison communale. Il se pencha vers Arthur pour lui chuchoter.

« Comment fera-t-on pour la cérémonie ? Je n'ai pas dit que j'étais d'accord.

- C'est magique. Alba a dit qu'il s'en chargerait.

- On ne peut pas divorcer plus tard, alors ? »

Arthur lui jeta un regard noir. C'était bien ce que pensait Francis. Il allait s'enchaîner à Arthur pour toute sa vie, voire plus, l'éternité.

« Ça te dérange ?, lui demanda-t-il.

- Je vais y réfléchir. Dis, il y a encore des notes en bas de page dans le contrat de mariage ? »

Arthur se prit la tête entre les mains, comme si tout ça le dépassait.

« J'ai compris. Tu n'en peux plus d'attendre.

- Tu le pourras. Si tu le veux vraiment râla Arthur.

- C'est ce que je voulais savoir. »

Francis comprit qu'il venait de blesser Arthur. Cette journée était la pire de toute sa vie ! Il n'avait pas vraiment le choix. Il se devait de briser cette malédiction pour le bien de sa famille. S'il regrettait par la suite cette décision, il n'aurait qu'à divorcer. Il allait faire poireauter Arthur et rendre leur mariage inoubliable. Il ne devrait pas lui faire un cadeau pareil. Oui, ses frères seraient heureux de participer et de lui flanquer la trouille de sa vie.

Il allait s'absenter toute l'après-midi et en discuter avec Féliciano avant de donner des consignes.

Francis ne savait pas trop ce qu'il pouvait décemment faire avec Arthur enceint, mais il trouverait au moins de quoi le surprendre.

Ce coup bas méritait une vengeance digne de ce nom.

Francis décida d'accompagner Alfred, Laurent et Arthur jusqu'en salle de réunion. Il avait averti Féliciano de sa visite par SMS et il n'appréciait pas tellement la réponse : « non, Ludwig ne veut pas te voir ! ». Pourtant, il n'avait rien fait à l'Allemand ! Tant pis, il insisterait.

Alfred disait encore des bêtises, Laurent le reprenait à chaque fois et Arthur essayait d'arbitrer tout ça.

Francis croisa Bella et il lui proposa de discuter sérieusement, laissant les trois autres se disputer. Ils réussirent à se trouver un coin tranquille pour pouvoir le faire.

« Je ne sais pas trop ce que tu sais sur Arthur, mais j'ai découvert un peu tout ça. Je suis assez perturbé.

- Pourquoi veux-tu en discuter avec moi ?

- Tu es son ex adorée. Tu en sais certainement plus que moi sur lui.

- Oui, peut-être ! »

Les joues rouges de sa sœur étaient adorables.

« Je pense que tu es au courant d'une certaine malédiction concernant tous les Kirkland.

- Oui. Je suis au courant. Quand je l'ai vu débarqué avec les jumeaux, j'ai eu envie de l'étriper !

- Bien. C'est moi le papa ! J'ai aussi envie de l'étriper ! Je vois que ton désir de vengeance est aussi élevé que le mien.

- Attends, tu es son âme sœur ? J'aurais dû m'en douter. Normalement, tu devrais lui pardonner.

- Je n'ai que la journée d'aujourd'hui ! Tu pardonnerais ce genre de choses à Antonio ?

- Qu'est-ce qu'Antonio vient faire là-dedans ? Qu'est-ce qu'il a encore fait ?

- Rien du tout. Je le prenais juste comme exemple ! Puisqu'il est avec toi, en ce moment.

- Je n'y arriverais pas. Ou alors, il devrait me mettre dans les bras le petit dernier et m'attendrir avec.

- Je vois que tu as tout compris du chantage affectif, comme Arthur.

- Oh… Il y a eu une naissance ?

- Non, pas encore. Dans plusieurs et longs mois.

- J'ai très envie d'être tata.

- J'ai très envie d'être papa, mais là n'est pas la question. Je suis obligé de l'épouser pour briser la malédiction.

- Tu veux que j'organise ça à la maison communale de Bruxelles ?

- Apparemment, Arthur veut le faire à sa façon avec rituel et tout le reste.

- Je crois qu'on va être obligés de présenter la mariée devant le bourgmestre.

- Tu ferais ça pour moi ? Arthur ne s'y attendrait pas du tout. Je voulais savoir aussi une chose ?

- Oui ?

- Tu crois qu'il le prendrait mal d'être déguisé en mariée.

- S'il n'y a que toi et le bourgmestre, ça ira. Pas de magie dans ma maison communale !

- Ça lui fera les pieds.

- Je crois qu'il sera tellement heureux que vous brisiez la malédiction que ça lui sera égal.

- Je vais lui rendre la vie impossible, décida Francis.

- Insiste pour qu'il passe sa grossesse avec toi, tu pourras l'embêter tous les jours.

- D'ailleurs, il disparait où pendant ces périodes ?

- La première fois, il a failli mourir de froid au Canada. L'accouchement a failli très mal se passer pour lui et pour les jumeaux. Non, mais, se perdre tout seul dans la montagne avec deux petits dans le ventre ! C'est sûr qu'on ne pouvait pas le retrouver et l'aider.

- Tout seul… L'inconscient !

- Il n'a pas fait la même erreur deux fois. Je sais que ça s'est mieux passé ensuite. Sauf pour Peter… Il a eu des problèmes pour se cacher. Arthur est très attaché au fait qu'il est un homme à la base. Il ne veut pas que ça se sache.

- Si je ne lui mets qu'un voile, ce ne serait pas drôle.

- Tu serais dans l'idée sans révéler son petit secret. Je connais un très bon fleuriste et je peux lui faire venir un costume blanc. Je mettrais des fleurs sur sa couronne. Je trouve que tu es très bien mis de ta personne pour te marier.

- Ton bourgmestre va nous prendre pour quoi ?

- Un couple homo assez excentrique. C'est bien le but ? Je te ferais une photo souvenir. Comme ça, tu pourras faire chanter Arthur autant que tu voudras avec.

- Ça me semble une bonne vengeance. Je voulais en discuter avec Feliciano, mais tu es beaucoup plus diabolique que lui !

- Je pense qu'il peut te réconforter. Tu en as bien besoin. Et surtout, n'oublie pas ! Arthur est tout à fait sérieux quand il dit qu'il aime quelqu'un. »

Francis dévia son regard, mal à l'aise.

« À mon avis, il est en train de préparer toute une stratégie pour te faire tomber dans ses bras ou il déprime complètement, ajouta-t-elle.

- Il va aller en réunion. Je savais que les conversations ennuyeuses stimulaient sa vivacité d'esprit. »

Bella rit de sa boutade.

« Il faudrait le faire sortir de la réunion vers 16 heures pour célébrer votre mariage dans les temps.

- Mes frères vont se faire un plaisir de me le livrer, répliqua Francis.

- Bonne idée.

- Je t'accompagnerai. Je vais régler tous les détails. Je vais demander à Antonio de me prendre des notes pour la réunion. Tu veux quel genre de bagues ?

- Le plus simple possible. Merci, Bella.

- Ce n'est pas tous les jours qu'on fête ton mariage. Je pourrais être le témoin d'Arthur ?

- Oui, s'il te plaît. Je n'ai pas envie que quelqu'un d'autre nous voie comme ça. Qui vais-je choisir ?

- C'est ton affaire. Ça marche. »

Bella prit congé en l'encourageant une dernière fois.

Francis respira un grand coup. Il était sûr de sa décision. Ce serait pour le mieux. Il n'avait jamais imaginé se marier à Bruxelles, mais qu'importe. Il ne le faisait malheureusement pas par amour. Il le faisait pour ses enfants. Comme un pari sur la longueur de leur relation. Peut-être n'arriverait-il jamais à le lui pardonner ? Peut-être que si. En attendant, il était toujours aussi énervé. Il n'avait demandé à personne de le remplacer. Il se voyait mal appeler Nord Pas de Calais, Picardie ou Champagne-Ardenne, Lorraine ou même Ile de France. Si l'une de ses régions apprenait ce qu'il se passait, il allait en souffrir pendant des années. Tant pis, ses intérêts passeraient avant ceux de la France pour une fois.

Francis tapa à la porte de Féliciano.

« Non, je t'ai dit de ne pas venir ! Tu vas empirer son état ! Va-t'en, s'il te plaît ! Non, Ludwig ! Ce n'est pas France ! Ce n'est pas un Kirkland, non plus ! Remets ton casque sur les oreilles !

- Je m'en fiche ! Je ne vais pas bien ! J'ai besoin de te parler.

- Mais tais-toi !, cria Féliciano. Ludwig a passé une très mauvaise nuit à cause de Kirkland et compagnie ! Ils l'ont ensorcelé ! Ouf, il a mis son casque !

- Ah, bon ? Et pourquoi ?

- Je pense que ça a un rapport avec WWII. Une sombre histoire de vengeance reportée à quelques décennies. Ludwig ne veut pas m'en dire plus ! Il a cauchemardé toute la nuit. Ça m'inquiète qu'il rêve de toi en ces termes ! ça me fait poser des questions sur son amour pour moi…

- Tu veux dire que les Kirkland se sont vengés.

- Oui. Apparemment, tu le punis pour avoir été un vilain garçon, pleura Féliciano. Et tu as l'air plutôt sévère.

- Je me demande jusqu'à quel point ils ont réussi ou raté leur sort vengeur, se moqua Francis qui comprenait la délicate attention des Kirkland ainsi que l'implication d'Espagne dans cette vengeance.

- En tout cas, Ludwig est très mal.

- Je pourrais entrer et le rassurer. Je ne lui ferai jamais cela dans la réalité.

- Merci, Francis. Tu crois que ça le fera ?

- Il faut bien essayer. En échange, on discutera d'un certain Kirkland. »

Feliciano lui ouvrit la porte et il lui demande d'attendre. Il se dirigea vers Ludwig et lui enleva son casque.

« Francis est là !

- Non, hurla Ludwig.

- Salut ! J'ai appris que tu allais mal alors je suis venu te voir », dit Francis d'un ton guilleret.

Ludwig se réfugia sous la couette. Féliciano roula des yeux vers le ciel.

« Je ne suis pas venu te faire de mal. Tu sais bien que c'était un cauchemar made in UK.

- Tu es trop gentil, Francis. Tu pardonnes trop facilement à ceux qui te font du mal. »

Francis n'apprécia pas la remarque. Il était dans une situation de ce genre et il n'arrivait pas à se décider. Est-ce que venir ici était réellement une bonne idée ?

« Si je ne le faisais pas, on se taperait tout le temps sur la gueule, répondit-il.

- Je ne sais pas quoi faire pour me faire pardonner mon erreur durant la WWII.

- Je pense que tu en souffres continuellement. Je trouve que c'est bien suffisant… »

Francis ne revint pas de ce qu'il venait de dire. Il se rappela de l'attitude d'Arthur tout au long de la journée. L'Anglais était angoissé, tentait par tous les moyens de le retenir et il souffrait de cette séparation. Que ce devait être de savoir que quelqu'un nous est destiné, qu'on le côtoie certainement et qu'on ne peut l'aimer ou même l'apprécier vraiment pendant plusieurs siècles ? Même si l'on a sous ses yeux ses enfants, on ne peut même pas déterminer quel en est leur père avec certitude ? Leur répondre que leur père n'est pas là difficile. Seul dans la vie, durant les naissances, les coups durs et les difficultés… Même un amant ne pouvait le contenter, parce qu'il savait que ce n'était pas la personne qu'il recherchait. Être sous le joug d'une telle malédiction en étant conscient de celle-ci était terrible et sans espoir.

« Francis, ça va ? Tu es tout pâle, s'inquiéta Féliciano.

- J'ai eu un coup dur aujourd'hui.

- Je n'ai pas pu répondre à l'appel ce matin, je suis désolé.

- Je comprends.

- Je peux t'offrir une veste moins ridicule. Tu n'as pas froid ?

- Un peu… »

Compatissant, Féliciano lui passa une veste de saison pour le protéger.

« Tu sais, je vais sûrement me marier cette après-midi.

- C'est vrai ? Oh, je suis content pour toi !, lui dit Féliciano avant de le prendre dans ses bras.

- C'est gentil. J'en ai parlé à Bella pour l'organisation. Seulement, je n'étais pas sûr et je voulais t'en parler.

- Si tu l'aimes, il n'y a pas à hésiter. Avec Ludwig, on projette de le faire, une fois que le mariage homosexuel sera légal dans nos pays !

- Italie ! Ne parle pas de choses aussi intimes !

- C'est bon, c'est mon frère ! Qu'est-ce que tu crois que France et Espagne se racontent ? Je suis plus sobre.

- Je ne veux même pas savoir ce que Gilbert te raconte, dit Ludwig, traumatisé.

- J'en ai d'ailleurs appris des belles durant les jours précédents. On a parlé sexualité presque tous les soirs, se vanta Francis. Enfin, le plus important, c'est que je vais dire oui et que vous m'avez convaincu. D'ailleurs, veux-tu être mon témoin Féliciano ?

- Oui !, s'écria-t-il avant de se raviser. Ça ira si je m'absente, Ludwig ?

- Ça va un peu mieux. Avec qui vas-tu te marier ? On dirait un coup de tête. Je ne te savais pas avec quelqu'un, Francis !

- Avec Arthur chéri !

- Il est d'accord ?, s'exclama le couple.

- Bien sûr que oui. Il faut juste m'aider à le kidnapper pour l'amener devant le bourgmestre et lui faire enfiler son costume.

- Dit comme ça, on dirait qu'il n'est pas consentant, lui fit remarquer Ludwig.

- D'ailleurs, j'ai lu sur le blog de Hongrie qu'il t'avait viré de sa chambre ce matin et que tu étais tout nu ! J'ai du mal à croire à ton histoire.

- Les nouvelles vont vite ! Je vais vous expliquer la situation. »

Francis leur expliqua dans les grandes lignes, c'est-à-dire sans passer par l'étape malédiction des Kirkland. Il leur révéla seulement que les enfants étaient de lui et qu'ils s'étaient décidés à se marier.

« Oh, tu aurais pu me dire que j'avais des nièces aussi adorables, l'embêta Féliciano.

- N'oublie pas les quatre garçons. Donc, je vais demander à nos autres frères de l'enlever sans lui faire de mal ou l'assommer. Et on passe devant le bourgmestre.

- Vous auriez pu aller jusqu'en France et vous pacser.

- Je n'ai pas envie que mes régions l'apprennent et empêchent le mariage.

- Bella ne vendra pas la mèche ?

- Non. Elle ne ferait pas ça. »

Francis envoya un SMS à ses frères pour leur demander de sortir Arthur de la salle à 16 heures.

Tout fut prêt pour l'heure dite.

Francis attendit son fiancé dans le couloir du hall, à côté de Bella et Féliciano. Arthur était joyeusement balloté par ses frères au-dessus de leurs têtes.

« Posez-moi par terre ! Bande d'idiots ! Je vais tous vous maudire !

- Et ça suffit avec la sorcellerie ! », dit Francis.

Arthur fut déposé à ses pieds. Francis prit une grande inspiration et lui mit un paquet dans les mains. C'était une petite boite rouge.

« C'est toi qui as demandé ce matin. Fais ça dans les règles de l'art !

- Est-ce que tu veux m'épouser ?, répliqua Arthur presque immédiatement.

- C'est trop direct, Arthur !, se plaint Francis.

- Je n'y croyais pas vraiment jusqu'à maintenant, dit Féliciano.

- Pas question que je m'agenouille devant toi sous le regard bovin de toute ta famille ! Espagne, arrête de rire ! Vous tous, arrêtez !

- Alors, tu ne veux pas de ce mariage ?, le titilla Francis.

- Bien sûr que je le veux ! Seulement, je veux que ça se passe bien entre nous ! Tu n'as pas à m'humilier ainsi ! »

Francis le prit dans ses bras et embrassa sa joue, puis ses lèvres. Arthur se retira vite, les joues cramoisies et les yeux au bord des larmes.

« C'est embarrassant, Francis.

- Je veux t'épouser et me marier avec toi dans une heure. J'ai tout arrangé. »

Arthur se réfugia dans ses bras. S'ils avaient été seuls, ses barrières seraient tombées et il en aurait pleuré.

« Je suis d'accord.

- Très bien, dit Francis. Je t'ai préparé un costume.

- À quoi as-tu pensé ?, paniqua Arthur.

- Eux, ils ne le sauront pas. Retournez en réunion.

- On ne verra pas ton mariage. Ce n'est pas juste !, râla Antonio.

- Il a intérêt à te rendre heureux ce tronzo !

- Pleure pas, Lovi !

- Je ne pleure pas, j'ai une poussière dans l'œil ! Idiota !

- Tous mes vœux de bonheur, les félicita Héraklès.

- Bien que je ne sois pas sûr que ce soit une bonne idée, vous avez tout mon soutien pour cette épreuve difficile.

- Gupta, tu pourrais être plus enthousiaste et optimiste!, râla Francis.

- Je suis sûr que ça va être un beau mariage, le rassura Féliciano.

- Tu n'étais pas avec ton bouffeur de saucisses ?

- Oui, mais il va mieux maintenant, fratello. Je suis le témoin de Francis.

- Francis, tu as décidé ça en traître !, se plaint Antonio. J'aurais aimé être ton témoin ! Ou même Gilbert ! Tu as pensé à nous ?

- Ce sera Féliciano parce qu'il m'a convaincu que c'était une bonne idée.

- Féliciano, c'est donc toi le responsable, l'accusa Romano.

- Je n'ai pas fait ça intentionnellement. L'amour vaincra toujours. Vee !

- Ne fais pas ta tête d'abruti !

- Bon, alors retournez en réunion. Nous, on va se marier !

- C'est bien pour ne pas te retarder, dit Antonio. Allez, tout le monde ! »

Ses frères protestèrent, mais finirent par les laisser seuls.

« J'imagine que mon costume est à la hauteur de ton imagination débile, râla Arthur.

- Tu n'es pas obligé de tout porter. J'ai décidé ça avant d'être complètement sûr de mon choix. En étant énervé aussi…

- Ne vous inquiétez pas ! Tout va bien se passer ! Francis, tu pars devant pendant que je prépare Arthur. »

Le trajet en voiture se passa dans de bonnes conditions. Féliciano faisait tout pour le détendre et plaisanter avec lui. L'Italien était vraiment quelqu'un d'agréable. De plus, cela avait l'air de lui faire du bien de sortir de sa chambre pour un évènement aussi important.

« Ton gouvernement est au courant ?, lui demanda tout d'un coup Féliciano.

- Non. La Reine d'Angleterre, non plus.

- Ça va vous retomber dessus, si vous portez vos alliances en public.

- Je le sais très bien. On est juste pressés par le temps.

- Vous ne l'étiez pas jusque-là. Vee.

- C'est compliqué.

- Si tu gardes ton ressentiment, ton mariage ne va pas fonctionner.

- Je ne peux pas t'en parler. C'est entre Arthur et moi.

- Si c'est parce qu'il t'a mis dehors ce matin…

- En partie. Son comportement envers moi est agressif à cause d'un sort. J'ai du mal à le digérer. Ça va l'annuler si l'on se marie maintenant.

- Vous allez au-delà de cet obstacle à votre amour, c'est que tout va bien alors. Le mariage, c'est être uni contre l'adversité ! Vee !

- Bien dit, Féliciano.

- Je vais te remonter le moral, tu vas voir ! Je vous ferai une vraie réception chez moi. Il faut que vous fassiez la fête. C'est un grand évènement.

- Si Arthur est d'accord. Les signes d'affection en public le gênent. »

Féliciano lui parla en long et en large de ce qu'il pourrait prévoir pour fêter leur mariage. Francis se sentit plus heureux de le voir comme un évènement aussi joyeux.

En sortant de la voiture, il avait le sentiment qu'il faisait le bon choix. Encore plus, quand Arthur se présenta avec le voile et le bouquet. Son compagnon avait un petit sourire malicieux qui était de plutôt bons augures. Leur mariage ne dura pas longtemps puisqu'il s'agissait avant tout d'une formalité administrative. Leurs témoins signèrent après eux pour acter le mariage.

Ils avaient maintenant la bague aux doigts et ils revenaient ensemble.

« Il ne manque plus qu'Alba réalise un petit tour pour nous, lui dit Arthur après un long baiser.

- Ça ne t'a pas embêté de te présenter ainsi ?

- Bella est plein d'arguments et elle sait me faire faire des choses ridicules. Toi aussi. Je n'allais pas te laisser être le seul à notre mariage habillé de la sorte.

- J'ai cru que le bourgmestre allait faire une attaque quand il m'a vu. Quand tu es entré, c'était encore plus drôle, en rit Francis.

- Pauvre humain.

- Il a eu le grand privilège de nous marier. C'était un honneur.

- On n'a pas fait de contrat de mariage.

- Ce n'est pas grave.

- Tu sembles plus serein. »

Francis vit encore de l'incertitude et de la douleur dans les yeux d'Arthur. Leur problème ne se résoudrait pas en se mariant. Il le savait très bien.

« J'arrive à imaginer ce que ça a pu être pour toi d'être séparé de moi.

- Je ne veux pas t'embêter avec ça.

- Non, ça ne m'embête pas. Je sais juste que ça a dû être très difficile pour toi. Tu as fait une erreur et tu le reconnais. Je pense que tu en as assez bavé pour que je n'en rajoute pas. »

Arthur passa ses bras autour de lui et mit sa tête sur son épaule. C'était assez étrange avec le voile qu'il portait, mais ça satisfaisait Francis. Il se sentait bien avec Arthur et c'était le plus important.

Ils arrivèrent à se faufiler par l'arrière de l'hôtel et à revenir dans leur chambre.

Matthew les félicita immédiatement. Les filles râlèrent de ne pas avoir été demoiselles d'honneur. Et Peter…

Peter avait grandi de manière ultrarapide. Matthew se gratta l'arrière de la tête, gêné au possible. Peter était dans le peignoir de Francis et il faisait plus adolescent qu'avant. En plein dans l'âge ingrat. Francis eut un regard vers Arthur, lui signifiant qu'ils allaient sentir passer l'adolescence de Peter.

Leur fils réclamait à manger ainsi que des vêtements décents.

« Tu ne fais que grandir, lui rappela Matthew. Tu ne vas plus en avoir besoin dans quelques heures.

- Il a l'air plutôt stable maintenant, dit Francis.

- Oui, ça fait exactement 45 minutes et trente-sept secondes qu'il n'a pas pris un centimètre, précisa Adélie. Je pense qu'il ne bougera plus.

- Elles n'ont fait que me mesurer toute l'après-midi tout en me chronométrant !, s'énerva Peter.

- C'était une occasion unique ! On a calculé aussi la quantité de nourriture qu'il t'a fallu !, expliqua Élisa.

- Je ne voulais pas vous inquiéter, dit Matthew comme pour s'excuser.

- C'est bon. Le tout est de lui trouver des vêtements, déclara Francis.

- Je vais aller lui en chercher », se proposa immédiatement Matthew.

Ils n'eurent pas le temps de le retenir qu'il s'en allait déjà.

« Je crois qu'il n'a pas la fibre paternelle, s'en moqua Francis.

- Ce ne sont pas ses enfants. Il verra quand il tiendra le sien dans les bras, ajouta Arthur.

- Ne me dis pas que…

- Pas que je sache.

- Très bien, sinon il y en a que j'aurais étripé. »

Francis et Arthur s'occupèrent de leurs enfants qui commentaient les résultats de l'expérience : « Peter grandit » avec enthousiasme. Leurs filles étaient effrayantes de précisions et de détails. Peter avait l'air de remercier le ciel qu'elles n'aient pas pu tout mesurer grâce à Matthew.

Alba revint avant Matthew. La surprise passée concernant la nouvelle apparence de Matthew, il s'attela à lier leur couple par la magie. Il effectua plusieurs signes sur un parchemin et il récita une formule magique. L'encre sur le papier se souleva pour s'inscrire sur leurs alliances.

Leurs plus jeunes enfants étaient contents de pouvoir en être les témoins. Adélie et Élisa s'émerveillèrent devant la magie et voulurent trouver un instrument de mesure pour l'étudier un de ces jours. Elles auraient ainsi un sujet d'expérimentation pour de très longues années.

« Et voilà, il ne vous reste plus qu'à faire le reste, dit Alba avant d'essayer de partir.

- Dis, tu pourrais les garder ce soir ?, le piégea Arthur. Comme tu sais, nous avons une nuit de noces.

- Moi ? Oh, non !

- Vous avez envie de voir tonton Paolo, les enfants ?, dit Francis.

- Oh, oui ! Tonton Alba ! On ne te voit jamais !

- Tu vois, ils en ont envie !, surenchérit Arthur.

- C'est bien parce que j'ai promis de t'aider ! »

Alba attendit le retour de Matthew pour habiller Peter comme il se doit avant de sortir. Peter se vanta devant son oncle qu'enfin il était indépendant. Comme Arthur et Francis ne contestaient pas, Alba le prit comme argent comptant. Il commença à négocier avec lui. Peter était très à jour sur les normes environnementales. Il avait décidé de nettoyer la Manche et de protéger les espèces marines. Il embêta autant Francis qu'Arthur sur la question. Les filles lui apportaient son soutien grâce à des études scientifiques. Ils finirent par reporter cette discussion importante pour la rendre tout à fait officielle.

Matthew fut heureux d'être relevé de sa fonction de nounou. Il décida d'attendre Gilbert dans la chambre.

Quant à Francis et Arthur, ils s'enfuirent sous un drap pour retrouver la chambre d'Arthur. Ils en firent rire plus d'un avec leur stratagème et ils eurent du mal à se retenir de le faire avant d'arriver à leur chambre.

Francis ne put s'empêcher d'embrasser Arthur quand ils furent à l'abri. Il pardonnait trop vite comme on le disait autour de lui. Il voulait juste profiter de cette soirée entre eux. Il se sentait perdu et entraîné dans quelque chose qui le dépassait. Il n'avait pas envie de perdre cette sensation, tout comme celles des lèvres d'Arthur sur les siennes.

Arthur le poussa légèrement. Ils se dirigèrent vers le lit.

« J'ai une petite surprise pour toi, lui signifia Arthur, une fois qu'ils furent dans la chambre.

- Ah, bon ? Ne me dis pas qu'il y a encore quelque chose que j'ignore ! »

Arthur rit comme s'il lui avait joué un mauvais tour.

« Arthur !

- Je vais me déshabiller pour toi.

- Oh, ça me plaît bien. »

Arthur enleva sa veste blanche, puis il défit sa cravate sensuellement, ses boutons de chemise tout doucement pour faire durer l'attente. Il garda le tout sur lui avant de dégrafer son pantalon. Il repoussa ses chaussures. Et il enleva le tout.

Francis dut s'asseoir sur le lit. Il retint son inspiration devant la lingerie fine, tout de blanc, qui recouvrait Arthur. Il portait des gants jusqu'aux coudes, son soutien-gorge mettait en valeur ses seins grâce à des fleurs de tissus clairs, son ventre était couvert d'une fine dentelle. Des bas moulaient ses jambes et étaient attachés à une culotte de fleurs. Le voile sur sa tête ne faisait que renforcer cette apparence de mariée en petite tenue. Les yeux verts d'Arthur flamboyaient de désir.

Francis eut tout d'un coup très chaud. Il avait envie de faire l'amour à Arthur immédiatement. Cet idiot portait cela depuis la cérémonie. Oh, ce n'était pas vrai ! Francis n'en avait rien su, mais maintenant ça lui plaisait vraiment. Arthur l'avait bien eu. Francis avait été rarement aussi excité. L'idée d'être là avec son homme, d'attendre leur prochain enfant, d'être mariés, de le faire ainsi repoussait ses limites du désirable.

Arthur eut un petit sourire avant de s'asseoir sur ses genoux et de venir chercher ses lèvres. Francis s'y jeta avidement et caressa le corps d'Arthur avec passion. Cet idiot d'Anglais faisait tout pour le retenir, il était si facile de lui céder. Pour une fois, Francis ne résista pas un assaut de son rival de toujours.

Le serrant dans ses bras, en lui, éprouvant toutes sortes de sensations plaisantes et de sentiments forts, Francis n'avait plus aucun doute quant à son choix.

Quand ils s'endormirent, ce fut heureux.

Au petit matin, Francis eut peur qu'Arthur le rejette. Seulement, l'Anglais ouvrit simplement les yeux, lui sourit et lui souhaita une bonne journée.

Le cœur de Francis se gonfla de bonheur.

Au petit matin, Matthew pouvait se sentir à l'aise dans les bras de Gilbert et plus serein. Ils avaient franchi un cap dans leur relation. Ils étaient plus sincères et plus respectueux de l'autre.

Au petit matin, Antonio pouvait rire à nouveau avec Bella. Il avait réussi à la convaincre de tout lui raconter au sujet de Francis et ça l'amusait bien.

Ils s'étaient enfin dit la Vérité et leurs Actions vinrent en conséquence.

FIN

Donc, voilà, c'était la fin. J'ai fait l'update des trois derniers chapitres assez rapidement. Tout ceci dans le but de vous poster ma prochaine fanfic, version soft, en même temps que sur AO3 (sinon, je vais trop galérer).

Elle s'appelle Parfum de Lys... Elle est un peu dans la même veine qu'Action ou Vérité. Un peu de WTF, ça fait pas de mal. C'est une omegaverse avec des pirates (bref, un petit délire de ma part, j'expliquerai un peu ce que c'est au début) avec du pur Pirate!FrUK et du Pirate!Spamano.

Je vous envoie le début la semaine prochaine.

Eclipse est bientôt terminée sur ce site. Je dis ça, mais je suis capable de finir dans cinq/six chapitres. Mais sur AO3, la fête continuera un peu plus longtemps. Il faut juste que je trouve comment faire deux fins différentes avec la même conclusion (casse-tête à l'horizon).

Il est possible que des OS voient le jour ce week-end, puisqu'il y a nuit des lemons ce soir sur le thème de la rentrée. Quels couples, je sais pas trop, on verra sur le moment. En tout cas, le mois prochain, c'est le mois spécial Halloween. Je me connais. J'aurais trop envie de faire du 2P! pour l'occasion.

Voilà, pour la suite du programme.

Et n'oubliez pas que les reviews motivent les auteurs à écrire. ça leur donne envie de rester longtemps sur un fandom. C'est plus important que le support d'origine. Même si on adore une oeuvre comme pas possible, on ne cherche pas le silence. On veut partager desuite avec tout le monde. Sinon, on ne ferait que des écrits originaux qu'on planquerait sous un matelas.

Quand on est bien quelque part, on y reste.

Et je ne sais plus depuis combien de temps, je suis sur Hétalia, mais ça fait un bon bout de temps. Et c'est grâce à vous ;).