Chapitre 6 : Epilogue.
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« Il faut continuellement commencer par la fin » (Stanislaw Jerzy Lec)
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Phil se réveilla de bonne humeur aux côtés de Maria, le lendemain. Ce soir là, au restaurant, il avait compris quelque chose. Une chose qu'il estimait importante et cruciale pour lui.
Sa vie, il ne voulait pour rien au monde la changer. Maria était sa femme et il l'aimait plus que tout. Ces derniers temps, Darcy, son âme sœur, avait chamboulé son quotidien. Il avait fait des erreurs, les reconnaissaient, mais était prêt à tout pour les réparer. Ce qu'il lui fallait, leur fallait plutôt, c'était ce qui les avait jadis unis. Le renouveau.
C'est ainsi que, Phil se rendit chez Jane.
Son amie l'accueillit dans leur maison de quartier chic, parce que Thor était tout de même bien payé, fallait dire. Le chauffeur de taxi s'installa dans la cuisine et réfléchissait tandis que Jane préparait du café.
A vrai dire, elle était surprise de le voir ici. Surprise après la soirée d'hier. Ils s'étaient tous regroupés à la même table, et Phil n'avait échangé qu'avec Darcy des sourires polis, respectueux et pleins de compréhension.
C'était comme ça que ça devait se passer.
« Il faut que je lui parle, » dit-il, finalement, lorsque Jane s'installa en face de lui.
Elle sourit, haussa les épaules et lui expliqua que Darcy passait la journée avec Thor au bureau.
Phil soupira. Il espérait que ce soir il aurait encore la force et la conviction nécessaire pour faire ce qu'il avait prévu de faire.
Maria avait légèrement halluciné lorsqu'il le lui avait dit, mais elle avait fini par le prendre dans ses bras et par dire : « Merci. »
Oui, il en était convaincu, c'était ce dont ils avaient besoin. Du renouveau.
…
C'était sa dernière journée. Il fallait qu'il profite de chaque instant. Sa dernière journée derrière le volant de ce vieux taxi jaune, dans les rues de cette grand ville, de ce magnifique cocon qui l'avait tant bercé avec ses histoires sublimes et fantastiques.
Phil ne pleurerait pas. Il était trop heureux pour ça.
Il ne travaillait pas aujourd'hui. Il sillonnait la ville et les environs avec son taxi, pour se procurer le dernier plaisir dans l'engin qui avait conduit tellement de monde à destination.
Il avait fait de belles rencontres, avait parfois rit, pleuré, roulé vite, trop vite, frôlé les accidents et les amendes. Mais toujours il avait adoré son boulot.
Conduire. Voir le monde, du monde. Sourire et rigoler. Conduire pour eux. Leur parler, les rassurer parfois, les conseiller.
Il rigola en repensant à la fois où Tony Stark pensait qu'il draguait Loki, son petit ami.
Tiens, justement, en parlant du loup.
Tony fit signe au taxi qu'il connaissait maintenant bien. Loki lui tenait la main sur le trottoir, Phil leur sourit et s'arrêta près d'eux.
Les deux montèrent dans le taxi.
« Salut chef, »
C'était Tony qui avait parlé. Il lui fit un clin d'œil dans le rétro.
« Je suis pas censé travailler aujourd'hui, mais comme c'est vous. »
Loki fronça les sourcils.
« Pourquoi « pas censé travailler ? » »
Phil soupira et sourit du mieux qu'il le put. Ca lui faisait quand même quelque chose, de quitter son bon vieux taxi, hein.
« C'est mon dernier jour à bord de ce bon vieux taxi. Je quitte New York ce soir, avec ma femme. »
« QUOI ? » s'écrièrent Tony et Loki, en chœur.
Phil s'esclaffa et s'arrêta près du trottoir à nouveau.
« Nous avons besoin de nous retrouver, de tout recommencer. Ca a été compliqué ces derniers temps, et, je me sens un peu fatigué. »
Les yeux de Loki étaient brillants de larmes et il se pencha pour enlacer Phil. Il repensait à tous les conseils donnés, toutes les choses échangées. Il allait vraiment lui manquer.
« Reviens nous voir quand tu veux. Je m'installe ici. » lui sourit Loki.
Tony se contenta de lui serrer la main, et il lui glissa à l'oreille.
« Je vais le demander en mariage, là, tout de suite. »
Phil écarquilla les yeux.
Il resta ensuite silencieux, observant Tony Stark, agenouillé à l'arrière du véhicule du mieux qu'il le pouvait, une bague magnifique dans la main, demander à Loki, celui avec qui il partageait sa vie depuis un moment, de l'épouser.
Phil applaudit lorsque Loki fondit en larmes, qu'il accepta et qu'il poussa des exclamations aiguës.
Le taxi était à nouveau enrichi de souvenirs.
…
Phil s'arrêta près de L'Art House, où il avait déposé Natasha Romanoff, la petite amie de Clint.
Il devait leur dire au revoir.
Quand Clint et Natasha sortirent du bâtiment, main dans la main, et qu'ils aperçurent le taxi maintenant familier garé sur le trottoir, ils sourirent et ce dirigèrent vers ce dernier.
Phil les salua en sortant du véhicule.
« Je m'en vais, » dit-il simplement.
Bientôt, la foule toujours omniprésente sur les trottoirs bondés de New York observait curieusement trois personnes se prendre dans les bras, sourire et puis s'en aller en essayant de pas pleurer.
New York avait de belles choses à nous conter, aujourd'hui.
…
Phil se rendit compte que le temps passait cruellement vite. Il l'avait toujours su, mais pour cette journée, sa dernière journée, elle filait trop à son goût.
Il s'installa à Central Park et regardait la vie autour de lui. La vie qui continuait, qui chamboulait, qui construisait. Pour lui c'était remarquable ces petits riens qui faisaient de grandes choses. Il avait la larme à l'œil en songeant aux chances incroyables qu'il avait pu avoir dans sa vie.
Et aujourd'hui, il était là. Prêt à tout pour retrouver ce qu'il avait délaissé. Il aimait tellement sa vie, il pourrait tout faire pour elle, soulever n'importe quoi pourvu qu'elle soit toujours là, près de lui, à le chérir, le soigner et l'aimer. C'était primordial, pour lui.
Fury arriva quelques minutes plus tard, son éternel bandeau à l'oeil, un smoothie dans la main.
Phil retrouvait souvent des gobelets de smoothie dans le taxi, et souriait en découvrant les nouveaux goûts incroyables que Fury ingurgitait.
Le vieil ami s'installa, discuta de tout et de rien, puis le sujet crucial s'imposa de lui même. Parce que « c'est pas ton style de m'inviter à discuter dans Central Park ». Eux c'était plutôt chez Phil, ou chez Banner's.
Banner qui était déjà au courant et qui lui avait dit, les lèvres tremblantes, que Phil comptait beaucoup pour lui et qu'il allait lui manquer. Fallait passer le message à Maria aussi.
Phil lui avait assuré qu'il réussirait à se sortir la tête de l'eau parce qu'il était fort, et qu'il le méritait. Quand on mérite on y arrive, c'est tout. C'était sa philosophie.
C'est pour ça que lui et Maria méritaient de pouvoir recommencer. C'était comme ça et pas autrement.
Fury le quitta avec une étreinte comme jamais il n'en avait eu, ou même donnée.
Le temps s'était arrêté.
…
Phil déposa le taxi devant chez Jane et Thor. Maria l'attendait chez eux. Il lui restait encore deux trois trucs à prendre, et elle devait faire ses adieux à cet endroit qui les avait si bien laissé vivre, respiré.
Jane le laissa entrer et s'éclipsa avec Thor dans la chambre, tandis que Phil et Darcy se retrouvèrent dans le salon, seuls.
Darcy le fixait, un air triste sur le visage.
Quand on était l'âme sœur de quelqu'un, on savait tout de lui, de ce qu'il avait vécu, mais aussi de ce qu'il pensait et était sur le point de vous dire.
« Tu t'en vas... » murmura t-elle.
Phil ignorait comment elle était au courant, mais qu'importe, elle le savait, ça lui faisait une chose en moins à dire.
« Oui, » dit-il simplement.
Et pendant un moment, ils restèrent ainsi, assis l'un en face de l'autre, à se fixer. Puis Phil attrapa sa main, déposa les clés du vieux taxi jaune dans sa paume et déclara :
« Il t'appartient. On peut pas se posséder tous les deux, parce que ma vie c'est ma femme, et qu'il m'est impossible de la quitter, sinon je mourrai. Mais tu peux au moins avoir cela, et je veux que tu l'aies. Ca me ferait du bien de savoir que mon âme sœur possède une partie de moi. C'est tout. »
Darcy regardait les clés silencieusement, renifla et lui sourit.
Elle se leva, le prit dans ses bras et murmura :
« Je regretterai jamais un seul instant passé dans ce taxi, jamais. Tout comme j'ai adoré chaque instant avec toi. Alors reviens vite nous voir, et... »
Sa voix se brisa en sanglots hachés.
« Merci. Je suis...Je me suis relevée grâce à toi. Je tombais, toujours plus bas, encore plus bas et tu m'as soudainement attrapée et tenue par la main, je l'oublierai jamais. Je ne t'oublierai jamais. »
Phil se faisait violence pour ne pas la serrer plus fort contre lui, pour ne pas l'embrasser et pour ne pas tout plaquer. Non, c'était ce qu'il devait faire.
Ses larmes restèrent bien cachées, merci à vous de pas me faire plonger.
Puis il quitta la maison, caressa le capot du véhicule garé devant, puis emprunta le métro.
…
Dans la Volvo de Maria, Phil avait un grand sourire.
Il tenait la main de sa femme.
Derrière lui, la ville de New York lui faisait coucou, un au revoir à sa façon.
Phil voulait la rassurer, lui dire d'arrêter de pleurer...
Mais la pluie ne cessait de tomber, encore et encore.
Bientôt, ses larmes se sécheront et une autre ville, un autre endroit brillera, jusqu'à leur retour.
…
The end.
Taxi, by LokiLoptrHvedrungrStark.
…