Wakfu: New Adventure !

Chapitre 39

Note de l'auteure : Je suis plus ou moins dans les temps, compte-tenu de ce que j'avais annoncé. J'aurais pu publier plus tôt mais le chapitre aurait paru trop court, vu ce qu'il s'y passe, je voudrais pas fatiguer le suspense ! XD

Bref, trêve de blabla, toute suite : le chapitre 39 !

Des bisous !

MAJ : Je viens de remarquer l'énorme bêtise que j'avais écrit dans ce chapitre, je me suis juste carrément tromper de Relique XD Mais c'est bon c'est corrigé maintenant (et personne ne semblait avoir remarqué !)


Sur le pont inférieur du Airebys, on n'entendait des moteurs à rouages qu'un simple ronronnement. L'intérieur avait été pensé pour être à la fois chic et pratique, comme Tony semblait aimer faire les choses. Les chambres portaient les noms des douze Dragons de la Création : Aerafal, Aguabrial, Ignemikhal, Terrakourial, Croulakrakoss, Oardondakal, Grougalorasalar, Gargoylone, Gresgaoulian, Helioboros, Ouronigride, Spiritia. Les aventuriers prirent le luxe d'avoir une chambre chacun, bien qu'Ayane et Yuki voulurent rester ensemble, de même que Yugo et Willow qui avaient pour habitude de ne jamais se séparer. Nali était du genre solitaire et Amber pouvait enfin jouir de l'indépendance que ses deux soeurs aînées lui refusaient en tant normal. Tous les autres membres de la troupe avaient une chambre chacun et il en restait encore trois à pourvoir.

Le Airebys marchait rapidement le long du vingt-deuxième parallèle Nord, où le soleil se levait et se couchait en quelques minutes seulement, comme on se rapprochait de l'équateur. Saharach fut et était toujours le plus grand désert de sable du Monde des Douze. Avec le Chaos d'Ogrest, c'était également le plus vaste territoire le moins peuplé. Ne restait qu'une ville portuaire : Oupac et une ancienne tribu nomade Ouginake qui avait fini par s'établir il y a quelques années dans un petit village à l'entrée d'un canyon, près d'un lac. Cette bourgade était la dernière de ce clan sur la planète et il était rare de croiser des Ouginaks sur d'autres continents, bien qu'ils courraient de plus en plus les rues d'Oupac pour tenter, tant bien que mal, de gagner quelques kamas.

Et justement, en accostant, un très jeune garçon Ouginak proposa son aide pour attacher les cordes d'amarrage. Tony accepta et le gratifia d'une pièce d'or.

Il était alors midi passé et le soleil dardait de ses rayons les rues poussiéreuses de la ville. Un plan d'organisation précis découpait le paysage, du port aux faubourgs, derrière lesquels se dressaient des maisons à colombages de plus en plus hautes et au fond, aussi loin que portait le regard, l'édifiant palais sénatorial dominait les toits. A ses pieds s'étalait un colisé octogonal dont on apercevait les gradins les plus hauts. Aucun son n'en sortait, pourtant les coeurs des aventuriers se serrèrent en pensant aux atroces spectacles qui s'y déroulaient.

- Latissa ? appela Tony qui avait revêtu la tenue du parfait explorateur. Par où commence-t-on ?

La Iop jeta un coup d'oeil appuyé à El Despe qui comprit et s'avança pour répondre au Féca.

- On va rendre visite à mon ami Varro. Lui seul est assez fou pour nous aider à faire tomber l'arène d'Oupac.

Sans rien ajouter, il s'avança dans la rue principale et ses confrères lui emboîtèrent le pas. Les gens qu'ils croisaient avaient tous l'air pauvres pourtant, ils ne semblaient pas vivre plus mal qu'ailleurs. Quelques Ouginaks les suivaient, leur bras affichant la marque de leur maître. Pour Latissa, c'était inadmissible. Le monde avait dépassé le stade de marchander des vies humaines depuis bien longtemps, avant même l'ère des Dofus ! Pour la Chevalière, il était inconcevable d'acheter une vie… Pourtant, plus la Confrérie s'approchait du palais sénatorial, et plus il apparaissait de bras aux chaires marquées. Despe bifurqua rapidement dans une ruelle qui courait à travers le faubourg et qui gagnait la périphérie de la ville. La maison devant laquelle ils s'arrêtèrent était simple, perdue au milieu d'autres bâtisses semblables, d'une couleur ocre, angulaire, avec les linteaux de la porte et des fenêtres en bois sombre et craquelés sous l'effet de l'air sec et chaud. El Desperados frappa et une femme Osamodas se présenta, portant un bambin au regard inquisiteur dans les bras. Ces yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle reconnut son visiteur.

- C'est pas vrai ! Varro ! appela-t-elle en se retournant.

Un colossal Iop s'avança alors, torse-nu, une bonne grosse tête recouverte d'une épaisse tignasse rousse et bouclée. Son visage s'illumina en reconnaissant son vieil ami.

- Mon frère ! s'écria-t-il de sa voix tonitruante en prenant le Pandawa dans une accolade chaleureuse. Mais qu'est-ce que tu fais là ? s'étonna-t-il ensuite en avisant Latissa et le reste de la Confrérie sur le pas de sa porte.

Pour des raisons pratiques, il fut décidé que seuls Latissa, Mordan, Despe, Willow et Yugo assisteraient à la réunion. Le Iop se présenta sous le nom de Varro Lardent, sa femme Sinti et son fils Suran. A l'évocation du nom de l'enfant, Latissa lança un regard à El Despe pour voir sa réaction. Le Pandawa était à la fois ému et abasourdi.

- Tu l'as appelé comme… coassa-t-il sans terminer sa phrase.

- A force d'en entendre parler, ça m'est resté dans la tête, mais pas de chance, c'est un garçon, j'ai dû changer le prénom d'une lettre, expliqua Varro avec un haussement d'épaule. Enfin, trêve de sentiment. Pourquoi es-tu revenu ?

Le ton léger s'assombrit soudain avec cette dernière question. El Despe se renfrogna et Willow prit la parole, coupant l'herbe sous le pied de Latissa (bien qu'ils soient à l'intérieur et qu'il y ait des dalles en pierre).

- On va détruire l'arène d'Oupac.

Varro fut comme assommé par cette nouvelle. La Chevalière remercia in petto l'Eliatrope pour ne pas avoir révéler l'histoire du vol de la Relique.

- Vous êtes fous ! intervint Sinti qui venait de poser son fils à ses pieds. Cette ville est un véritable guêpier et l'arène en est le coeur. Si vous vous faites attraper, vous serez exécutés, et les autres combattants y compris !

- J'en suis, déclara sobrement le Iop.

- Quoi ? s'exclama sa femme en tournant brusquement vers lui.

- Varro, non, refusa El Despe. Tu as une famille, il n'est pas question que tu viennes. Où sont nos frères ? S'ils sont encore gladiateurs, ils m'aideront.

Varro garda les yeux rivés vers le Pandawa, silencieux. Latissa prit soudain conscience de l'ampleur de la situation : toute une ville asservie par une population, anciennement brâkmarienne pour la plupart, qu'il fallait délivrer de l'esclavage.

- C'est un jour férié aujourd'hui. Nos frères ont sûrement eu l'autorisation de sortir du ludus, commença Varro.

- Ce qui veut dire qu'ils sont soit à la taverne, soit au Lupanar… soupira le Pandawa.

- Qu'est-ce que c'est un Lupanar ? Demanda innocemment Yugo.

Les deux hommes se regardèrent avec un sourire en coin.

- C'est un endroit où on peut se détendre, répondit vaguement Varro.

Satisfait de sa réponse, Yugo se leva, bien vite imité par les autres Chercheurs de Reliques, quand El Despe posa une dernière question.

- Au fait, tu sais à qui Sutiatab a racheté ma femme ?

- Il me semble avoir reconnu la marque d'Olivius. Pourquoi ?

Imperceptiblement, El Desperados serra les mâchoires et ne répondit rien.

En arrivant devant la bâtisse qui faisait l'angle, Yugo comprit rapidement pourquoi personne n'avait pu lui décrire clairement l'endroit. Il s'en dégageait des rires gras imbibés d'alcool et du premier étage une femme Crâ légèrement vêtue invitait les passants à venir se détendre en sa compagnie.

- Je vais vite les chercher, je reviens, déclara le Pandawa en joignant le geste à la parole.

Le groupe resta dans la rue, penaud, le rouge aux joues. Heureusement, la douloureuse attente ne dura pas et El Despe ressortie de la maison de joie après quelques courtes minutes, accompagné de trois colosses torse-nus et passablement éméchés mais euphoriques. Les trois bougres semblaient exaltés par l'arrivée de leur frère et se présentèrent à la Confrérie en finissant leur chope de kaktoa.

- Je suis Rusha, pour vous servir, fit le premier, un Ecaflip et le plus calme des trois.

- Et je suis Nagad, mais je sers déjà mon dominus, c'est largement suffisant ! ria le Sacrieur.

- Soksahr, termina le Sram en souriant de toutes ses dents.

Il était difficile de croire que ces braves gaillards étaient gladiateurs, pourtant les cicatrices qui constellaient leurs poitrails attestaient des risques qu'ils devaient encourir à chaque fois qu'ils descendaient dans l'arène. Cette maudite arène qu'il fallait détruire pour mettre un terme à ces combats sanglants et insensés.

- Donc, si j'ai bien compris, vous voulez vous attaquer à l'arène ? résuma Rusha. Comment ?

- Alors, vous êtes partants pour nous aider ? s'étonna Latissa de la rapidité de leur décision.

- On savait que ça allait arriver tôt ou tard, confirma Soksahr. La vraie question maintenant, c'est "quel est le plan ?".

Le plan était bien ficelé et connu de toute l'équipe.

Entrer par les égouts du colisée par le côté est pour l'équipe de Latissa et ouest pour celle de Yugo. Mettre KO les gardes. Utiliser l'huile des lampes pour mettre le feu aux poutres qui soutiennent les gradins, en veillant à faire d'abord beaucoup de fumée. De l'autre côté, l'équipe de Mordan irait vers les cellules des gladiateurs pour les libérer et demander leur aide en renfort. Mettre une autre partie des gradins en feu. S'échapper à tout moment si ça tournait mal. S'échapper lorsque les gladiateurs sont libérés et les gradins, vidés des spectateurs effrayés. Prévoir l'éventualité de plus de gardes, alerté par les premières fumées. Dégâts engendrés : un bâtiment en flamme, des spectateurs effrayés, ébranlés, voire peut-être légèrement blessés. Dégâts collatéraux inévitables : les gardes.

Pendant ce temps, à l'autre bout de la ville, la deuxième partie de la Confrérie prend d'assaut la villa d'Olivius : absent pour assister aux jeux de gladiature, il n'y aurait que les esclaves, sa femme et sa fille. Sachant que l'intendant est aussi un esclave mais qu'il est fidèle, il défendra donc son dominus. De là, deux choix : faire fuir tout le monde hors de la maison ou les séquestrer. Puis, trouver la Relique : le Sacricoeur, qui se trouve à l'intérieur d'un petit coffre qui laisse néanmoins entendre les battements de l'organe divin. S'enfuir en direction du Airebys. Attendre l'équipe de l'arène pendant deux heures. S'ils ne viennent pas : déplacer le bateau dans une crique à l'ouest de l'île.

Le départ fut fixé à midi, le lendemain, lorsque les jeux commenceront après les venationes, des démonstrations de chasse d'animaux pour chauffer la foule. Les abords de l'arène étaient alors vides, seuls quelques gardes surveillaient les soixante-seize entrées du colisée, sûrement frustrés de ne pouvoir assister au spectacle sanglant. Le groupe suivit El Despe vers l'extérieur de la ville jusqu'à l'entrée des égouts.

- En réalité, c'est un aqueduc souterrain qui sert à remplir d'eau l'arène pour les naumachies, explicita le Pandawa.

- Des batailles navales à l'intérieur de l'arène ? s'étonna Willow, surprise par l'ingénierie développée pour des représentations sanguinaires.

Latissa vit au regard de l'Eliatrope que ce maudit bâtiment allait être détruit coûte de coûte. Les aventuriers entrèrent les uns après les autres dans ce tunnel étroit, bien que beaucoup moins exigu que l'eussent été les conduits d'évacuation dans lesquels ils auraient dû ramper. Là, au moins, ils marchaient plié en deux.

- Euh… je crois que je vais vous attendre dehors, fit Ayane, tremblotante. Je ne suis pas très à l'aise dans les espaces clos…

- Tu peux attendre près des sorties de l'arène, pour soigner les éventuels blessés, mais dès que tu vois qu'ils sont tous partis, tu cours te réfugier au bateau, intima Latissa.

La fée soignante hocha la tête et partit sans attendre. Dans le conduit, l'obscurité entoura en un rien de temps les membres de la Confréries, jusqu'à ce que Willow crée une boule de wakfu lumineuse, bien vite imité par Yugo, ravi par ce nouveau don acquis. Ils marchèrent en silence pendant plusieurs minutes jusqu'à aboutir à une intersection. Les groupes se séparèrent, Latissa, Yugo, Amber et El Despe d'un côté, Willow et Kyrel de l'autre. Il était prévu que le Xélor ralentirait le temps pour permettre à la Déesse de crocheter les serrures des cellules où se trouvaient Rusha, Soksahr et Nagad, qui se joindraient par la suite à eux pour le reste du plan.

L'hypogée de l'arène grouillait de monde, des ouvriers et techniciens esclaves montaient les décors et les cages des animaux sauvages par des trappes qui débouchaient directement sur le sable où les combats avaient lieu. C'était l'effervescence dans le public comme en coulisse. Les venators aussi passaient par ces trappes, grisé par les cris de la foule et les cris des combats.

Le Pandawa attendit le bon moment pour pousser la palette de bois qui masquait le conduit. On s'infiltra rapidement en assommant deux gardes qui les avaient repérés avant de les cacher dans l'aqueduc souterrain. Ils prirent deux lampes au passage et se dirigèrent vers les dessous des gradins, prêts à exécuter le plan. De là où ils se tenaient, une lucarne permettant de faire entrer un peu de lumière donnait directement sur l'arène, qui se vidait peu à peu de ses décors, comme le venatio touchait à sa fin. Puis, Latissa ouvrit grand les yeux lorsqu'elle vit apparaître plusieurs personnes enchaînés, pieds et poings liés, au milieu du sable. L'organisateur des jeux, depuis sa tribune, annonça le début des exécutions.

- Ils vont tuer ces gens ?! s'offusqua la Chevalière en se tournant vers Despe.

Yugo se pencha à son tour pour voir la scène, tandis que le Pandawa attestait, attristé. Sans réfléchir, la Iop posa la lampe qu'elle tenait.

- Exécutez le plan. On se rejoint au bateau, lança-t-elle en partant à la recherche d'une entrée sur la piste.

Lorsqu'elle déboula au milieu de l'hypogée, certains regards pesant s'arrêtèrent sur elle sans pour autant déclencher l'alerte. Elle ramassa un casque dans une des alcôves qui longeaient les murs.

- Nasyap, t'es prêt ?

- Quand tu veux.

Elle avisa une trappe restée ouverte au dessus de quelques arbres qui avaient servi de décors et s'en servit pour grimper jusqu'à l'ouverture, utilisant la longue faux pour se hisser à la surface. Elle entendit vaguement derrière elle des cris de protestations, à moins que ce ne soit des cris d'alerte au feu. Une fumée commençait à s'élever dans les gradins et quelques personnes s'interrogeait quant à sa provenance. C'était maintenant ou jamais. Alors qu'un bourreau s'apprêtait à tuer les prisonniers, visiblement à coup de glaive, Latissa l'intercepta et d'un revers de hachette, elle envoya valser l'épée sentencieuse à l'autre bout de l'arène. Ne cherchant pas à se battre, Latissa alla directement vers les hommes enchaînés pour briser les chaînes à l'aide de Nasyap. A l'autre bout de l'ellipse que formait l'arène, de la fumée fit paniquer, pour la seconde fois, les spectateurs, qui commençaient à quitter les bancs. Le plan était lancé.

- Mêlez-vous à la foule et fuyez ! asséna-t-elle aux pauvres bougres qui ne réalisaient toujours pas leur fortune.

Le bourreau qui avait récupéré son épée se rapprochait de Latissa, qui se mit en position de défense, prête à se battre.

- Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? demanda l'homme en fasse d'elle.

Déconcertée, la Chevalière ne répondit rien, mais sans baisser sa garde. Le gladiateur ôta alors son casque et Latissa reconnu immédiatement Varro, le frère d'El Despe.