Haaaaaaaa on pourra dire que ce chapitre m'a donné du fil à retordre, surtout la dernière partie. Le suivant sera moins long (enfin j'espère^^). Ce drabble est la suite directe du chapitre précédent. Merci de me suivre!
Réciprocité 2
Un bruit de pas incessant. Des voix qui discutaient au loin sans qu'il ne parvienne à déchiffrer ce qu'elles pouvaient bien raconter.
Quelqu'un lui tripotait les cheveux. Il ouvrit les yeux.
Blanc. Du blanc partout. Trop de blanc.
Il referma les paupières en grognant. La main dans ses cheveux disparut.
- Heureux de te voir de retour du côté des vivants, petit frère.
Voix narquoise. Mycroft. Agaçant.
- John?
- Navré, je crains que ce bon docteur Watson ne soit entre les mains d'une infirmière.
Il fit une autre tentative pour ouvrir les yeux. Il distingua une télévision éteinte accrochée dans un coin de la pièce, le bout d'un lit métallique et enfin son propre corps, simplement revêtu d'une blouse d'hôpital. Il voulut se redresser, la pièce se mit à tourner dans tous les sens.
Quelqu'un, Mycroft sans doute puisqu'il n'y avait que lui dans la pièce, le repoussa doucement contre ses oreillers.
- Vas-y doucement. Tu as subi une anesthésie.
- Quoi?
Pourquoi diable son cerveau était-il si lent à démarrer?
- Pour réparer ton bras. Tu sais, celui que tu t'es bêtement fait tordre par l'étrangleur de Bexley.
L'étrangleur de Bexley? Il était sur sa piste, il se souvenait avoir mit en place un plan pour enquêter dans une boîte gay, avec l'aide généreuse de John bien sûr. Le tueur avait pour particularité d'étrangler ses victimes dans les toilettes, après avoir abusé d'elles en leur faisant prendre du ...
- GHB, articula-t-il.
- Toujours aussi lent. Enfin, cette fois tu as une bonne excuse.
Cela expliquait le trou béant dans sa mémoire. Ses derniers souvenirs remontaient à l'après-midi précédent. Il ouvrit complètement les yeux, Mycroft était assis sur un fauteuil, les jambes croisées et les traits tirés.
- Tu as maigri, s'entendit-il remarquer.
Son frère haussa un sourcil, il était évident qu'il n'était pas dans son état normal, d'ordinaire, il n'aurait jamais laissé échapper une phrase qui aurait pu faire plaisir à Mycroft.
- Ça ne te va pas, s'empressa-t-il d'ajouter, si Lestrade aimait les squelettes, il aurait couché avec Donovan depuis longtemps.
Mycroft pinça les lèvres.
- Tu es doué pour faire des sous-entendus répugnants alors que l'on t'a retrouvé en train de te faire tripoter dans des toilettes.
Son cerveau se vida d'un seul coup, il dut faire un effort pour continuer de respirer normalement. Il espérait que Mycroft ne l'avait pas remarqué. C'était peine perdue puisque celui-ci paraissait déjà regretter sa dernière phrase.
- Heureusement que le docteur Watson était là. Je me demande quand l'étrangleur sortira du coma, enfin, s'il en sort un jour.
Il fit mine de s'examiner les ongles, Sherlock ne chercha pas à retenir le grand sourire qu'il sentait monter.
- Ho? Je suppose que tu as proposé d'anoblir John.
- Je lui ai demandé où il était passé pendant que tu te faisais casser le bras. C'est là qu'il m'a expliqué ton plan particulièrement stupide pour attraper le tueur. J'ose espérer que cela te servira de leçon, même si j'en doute. Pour en revenir aux remerciements, toi en revanche, tu avais l'air impatient de remercier le docteur Watson.
Sherlock sentit que la suite ne lui plairait pas.
- Comment ça?
- Quand je suis arrivé, tu étais accroché à lui comme une moule à son rocher. Il a fallu qu'il te suive pour que tu te calmes dans l'ambulance.
Le sourire de Mycroft était beaucoup trop satisfait. Sherlock pensa immédiatement qu'il était dommage qu'il ait oublié ça. Le détective choisi de fermer les yeux, c'était beaucoup mieux, le blanc ne l'agressait plus.
- Vraiment? fit la voix de Mycroft, tu comptes vraiment faire semblant de dormir pour éviter le sujet?
- Je ne fais pas semblant. Ramènes moi John. Je veux rentrer.
- Tu vas passer quelques jours ici avant, tu n'es pas en état de rentrer et tu as besoin de soin.
- John est médecin.
- "John" a une épaule déboîtée.
- Quoi?
- J'imagine que c'est ce qui arrive lorsque l'on s'en sert pour défoncer des portes.
Le détective serra les dents, une vague de culpabilité lui retourna l'estomac.
- Il a fait la guerre, il a connu pire. Je veux rentrer, va nous chercher les papiers à signer au lieu de rester là inutilement.
Contre toute attente, Mycroft obéit et il entendit les pieds de son fauteuil racler le sol. Le plus jeune se dit qu'il devrait essayer de se casser les os plus souvent si cela avait le pouvoir de rendre son frère plus docile.
- Ceci dit, il n'avait pas l'air de trouver cela trop désagréable de t'avoir agrippé à lui.
Sherlock grimaça.
- N'étais-tu pas en train de jouer avec mes cheveux tout à l'heure?
Mycroft inspira par le nez.
- Ne sois pas ridicule.
Il entendit la porte claquer avant de replonger dans le sommeil.
oooooooo
- Ne t'endors pas.
La voix de John le fit sursauter.
- Je ne m'endors pas.
Il entendit John soupirer de l'autre coté du rideau de la baignoire. Il était bien là, allongé dans l'eau chaude avec toute cette mousse. Convaincre le médecin de signer les papiers de décharge de l'hôpital pour rentrer au 221b n'avait pas été compliqué. John avait même paru soulagé de partir de ce lieu beaucoup trop aseptisé à son goût. Le blond avait même été d'accord pour le laisser prendre un bain une fois arrivé, il l'avait aidé à se déshabiller quand il l'avait vu se contorsionner pour enlever son T-shirt. Il faut dire que le plâtre qui couvrait son bras du coude à la paume était plutôt encombrant. Sans parler de ses deux côtes fêlées.
En revanche, le blond avait refusé tout net de le laisser tout seul dans la baignoire, sous prétexte qu'il pourrait faire un malaise et se noyer. Le brun avait protesté pour la forme. La présence de John ne le dérangeait jamais vraiment. John avait tiré le rideau de la baignoire pour lui laisser un peu d'intimité et s'était assis sur la lunette fermée des toilettes. De temps en temps, il tentait d'entamer une conversation, surtout quand le détective restait silencieux trop longtemps.
- Tu crois que je pourrais rejouer du violon?
- Pas avant plusieurs semaines, tu auras peut être besoin de rééducation.
Le détective jeta un regard blasé à son bras blessé qui reposait sur le bord de la baignoire. Ennuyeux. Il tenta de remuer le bout de ses doigts. Il siffla de douleur quand le tiraillement remonta jusque dans son épaule.
- Arrête de jouer avec tes doigts.
- Ils étaient engourdis.
- C'est à cause de l'anesthésie. Tu vas devoir apprendre à rester immobile.
Le blond avait pris un ton amusé. C'était beaucoup mieux que l'air maussade qu'il arborait depuis qu'ils étaient sortis de l'hôpital.
- Alors, il paraît que Mycroft est venu t'embêter?
John émit un son qui ressemblait à un grognement. Sherlock frissonna.
- C'est tout juste s'il ne me tient pas pour responsable de ton état.
- C'est un abruti.
- Pas entièrement mais j'estime que je n'ai pas de leçon à recevoir de lui.
Le brun mit quelques secondes à comprendre de quoi il parlait.
- Tu devrais laisser tomber cette histoire. Je n'aurais pas du t'en parler.
John semblait être beaucoup trop impliqué dans des histoires de son passé à lui. Ce qui était étrange. Personne ne s'impliquait pour lui d'habitude.
- Il a fait quelque chose?
La question était sortie toute seule.
- Wilkes?
- Non. L'étrangleur.
Sherlock pouvait parfaitement imaginer le blond fixer confusément le rideau de douche.
- Je ne me souviens de rien. J'ai vu dans mon dossier que Mycroft m'avait fait passer certains tests et...
- Non.
- Tu es sûr?
Sa voix avait-elle vraiment pris ce ton angoissé?
- Certain. Vous aviez tous les deux vos vêtements et...
- J'ai mal à la gorge.
Il y eut un silence qu'il aurait pu qualifier d'horrifié dans la salle de bain.
- Tu as été intubé à l'hopital. Tu as subi une intervention pour remettre les os de ton bras en place. L'intubation peut irriter la gorge chez certaines personnes.
Sherlock n'avait jamais été aussi soulagé d'apprendre qu'il avait été opéré.
- Tu te souviens de quelque chose? demanda John, et le brun constata qu'il n'était pas le seul à être angoissé ce soir.
- Non. Je me souviens d'avoir attendu dans le salon que tu rentres du travail mais après ça plus rien.
- Tu es le seul que l'étrangleur aie brutalisé de cette façon, je suppose que tu t'es montré moins docile que les autres et que tu as dû te débattre. Je suppose aussi que nous pouvons remercier ton cerveau pour sa faculté à résister à certaines drogues.
Sherlock tira un morceau de rideau et sourit fièrement çà son colocataire.
- Je l'y ai personnellement entraîné.
Cela ne fit pas rire John. Le blond se contenta de le fixer de son regard fatigué. Sherlock se promit de ne plus faire de blague sur son ex-toxicomanie devant le blond.
- Et nous devrions toujours remercier mon cerveau.
- J'imagine, répondit le blond avec un sourire triste.
Ennuyeux. Un John Watson triste était la chose la plus déprimante du monde. Le bain refroidissait, il était temps d'en sortir. Il s'appuya sur son bras valide pour se hisser sur ses pieds. Ce qui était une très mauvaise idée puisque la pièce se remit à tourner dans tous les sens. Ses doigts agrippèrent une poignée de rideau de douche et il s'y pendit de tout son poids. Ce qui était aussi une mauvaise idée. John fut soudainement là, agrippant sa taille pour le maintenir debout.
- Espèce d'imbécile, marmonna-t-il contre son oreille.
John le souleva, ce qui paraissait être une tache compliquée empêtré comme il l'était dans le rideau en plastique. Il réussit a enjamber maladroitement le rebors de la baignoire. Puis il se retrouva assis sur le rebors sus-mentionné enroulé dans plusieurs serviettes tièdes.
- Tu t'es lavé les cheveux?
- Ils sentaient le désinfectant, je n'arrivais pas à me concentrer.
Une autre serviette atterrit sur sa tê quand avaient-ils autant de serviettes dans cet appartement? Il sentit les mains de John lui masser le crâne. C'était le truc le plus agréable qu'on lui ai jamais fait. Il étouffa un gémissement quand les doigts de John glissèrent jusqu'a sa nuque pour sécher quelques mèches oubliées. Les mains du médecin quittèrent son cuir chevelu bien trop tôt à son goût.
- Je m'occuperais de te faire tes injections, si ça ne te dérange pas.
Sherlock rouvrit les paupières qu'il n'avait pas souvenir d'avoir fermées. John observait d'un air sinistre les hématomes sur ses côtes comme si sa colère avait le pouvoir de ressouder les os. Le regard de John se déplaça sur sa taille, à l'endroit où l'infirmière engagée par Mycroft l'avait piqué plus tôt dans la soirée, un autre hématome commençait à poindre.
- J'ai connu pire tu sais.
Ça ne semblait pas être la chose à dire puisque le regard de John s'assombrit encore. Les doigts qui étaient restés sur sa nuque descendirent sur son épaule et serrèrent. Sherlock frissonna.
- Mycroft est un imbécile. Ce n'est pas ta faute.
- Si je n'avais pas été là.
- J'aurais trouvé un autre plan.
Les doigts sur son épaule se relâchèrent. John hocha lentement la tête et il parut se détendre.
- Sûr?
- Bien sûr, je ne suis pas suicidaire.
oooooooooooooo
- Qu'est ce que tu fais?
John jeta son oreiller sur la chaise qu'il avait traîné jusqu'à la chambre du brun.
- Il n'est pas question que tu dormes seul cette nuit.
Sherlock Holmes leva les yeux au ciel.
- C'est ridicule, va te coucher.
- Tu as subi une intervention chirurgicale il y a moins de 24 heures, tu es censé être encore sous surveillance à l'hôpital.
- J'ai signé une décharge, si je meurre dans mon sommeil Mycroft ne pourra pas te faire jeter en prison.
- Je me fous de Mycroft.
Sherlock soupira bruyamment et se redressa avec difficulté. John fit un pas vers lui pour le rattraper mais le brun se contenta de se déplacer péniblement sur la gauche du matelas. Sherlock se laissa retomber sur le dos, son bras en écharpe posé sur son ventre.
- Bon tu te décides?
John remonta son regard vers le visage du détective. Son cerveau fatigué fit brusquement le rapport entre la place dégagée dans le lit et l'expression interrogative du brun. Il allait refuser, il aurait dû refuser et tourner en dérision la proposition de Sherlock. Puis son corps épuisé et douloureux lui rappela qu'il n'avait plus vingts ans. Il repris son oreiller et le jeta a coté de celui de Sherlock.
oooooooooo
Il mit un moment à se rappeler où il était lorsqu'il rouvrit les yeux au milieu de la nuit. La pièce ne ressemblait pas à sa chambre et le corps qui dormait blotti contre lui avait quelque chose de perturbant. Puis il se rappela avoir passé des heures allongé dans le noir alors qu'il ne parvenait pas à dormir après que Sherlock lui aie fait une place dans son lit. Il se souvint avoir guetté anxieusement chaque inspiration de son colocataire. Il se rappela de la voix de l'étrangleur de Bexley alors qu'il enfonçait une porte à grands coups d'épaule. Il eut envie de se rapprocher et de serrer le corps endormi du brun. Le serrer jusqu'à l'absorber où être absorbé.
Le détective bougea un peu contre son flan, ce qui eut pour mérite d'achever de le sortir de son demi-sommeil délirant. Le brun s'était rapproché de lui pendant qu'ils dormaient, ou plutôt il s'était tourné sur le côté, en dépit de son bras plâtré qui se trouvait maintenant sous lui, et il avait collé son front contre l'épaule de John. Il ne devait pas vraiment avoir l'habitude d'avoir quelqu'un dans son lit, avait conclu John. Il sourit doucement dans le noir et à nouveau, cette envie de se tourner complètement et d'entourer le corps du brun de ses bras.
Ce qui n'était pas vraiment une réaction normale venant d'un homme hétérosexuel dormant au coté de son meilleur ami. Vraiment pas. Pour commencer, il n'aurait pas dû accepter la proposition de Sherlock. Un an auparavant, il aurait refusé en levant les yeux au ciel et serait calmement monté se coucher dans sa propre chambre. Qu'est-ce qui avait changé depuis? Depuis quand étaient-ils devenus si fusionnels? Et depuis quand se sentait-il responsable de ce qui arrivait au brun?Ce n'était pas qu'il jugeait le détective inconscient ou incapable de se défendre. Il avait vu le brun se battre et mettre à terre ses adversaires à plusieurs reprises. Il avait entièrement confiance en Sherlock lorsqu'il s'agissait d'assurer sa sécurité, et de la sienne. Sauf que l'étrangleur avait fait en sorte qu'il soit incapable de se défendre, il l'avait drogué et trainé dans les toilettes pour le...
La respiration du blond se bloqua dans sa gorge, il tourna la tête sur le côté, rapprochant son nez des cheveux du détective endormi. Il prit une grande inspiration, s'assurant par là que le brun était vivant, qu'il allait bien, qu'il était en sécurité. C'était la deuxième fois en moins de 24 heures qu'il faisait ça. Une sorte de doudou. Ce qui était stupide. Il n'avait jamais eu besoin de ce genre de support émotionnel. Pas même en rentrant d'Afghanistan.
Il tenta de se rappeler la dernière fois où s'était senti autant concerné par la sécurité de quelqu'un. Il dû réfléchir un petit moment avant de retrouver dans son passé une situation approchant. Il trouva.
Merde.
Elle s'appelait Wendy, comme la fille dans le dessin animé Peter Pan. Il avait été exclu trois jours parce qu'il avait sauté à la gorge d'un type qui l'avait rackettée la veille alors qu'elle rentrait chez elle. Le mec faisait trois têtes de plus que lui et faisait de la musculation. Il n'empêche qu'il l'avait massacré. Une petite brune rêveuse, toute frêle qui se faisait toujours une longue tresse dans le dos. Elle avait été son premier amour.
Merde merde merde.
Il était hétérosexuel, il n'aimait pas les hommes. Qu'est ce qui clochait chez lui? Il se rappelait clairement de tous les moments passés avec Sherlock depuis leur rencontre. Il avait gardé précieusement en mémoire chaque paroles "gentilles" qu'il lui avait dites, même celles qui n'avaient pour but que de le manipuler. Il avait archivé tous les fous-rires sur les scènes de crimes, tous les retours en taxi pendant lesquels l'un d'eux (souvent lui) finissait par s'endormir sur l'épaule de l'autre en bavant. Il se souvenait avoir écumé de rage intérieurement devant cette femme qui s'était permis de tourner la tête du détective alors qu'elle le connaissait si peu.
Il ne s'était jamais posé de question sur sa sexualité, il n'avait jamais eu besoin. Jusqu'à aujourd'hui.
Sherlock poussa un soupir, l'air tiède expiré contre son bras le fit frissonner. Le brun semblait sur le point de se réveiller. John se dit qu'il devrait s'éloigner de lui, il savait le détective décontenancé par certains contacts physiques. Il n'eut pas le temps de s'écarter, déjà le brun relevait la tête. Il sentit plus qu'il ne vit ses yeux clairs se poser sur son visage.
- Tu ne dors pas, coassa le détective.
- Toi non plus.
- J'ai mal, grogna le brun.
John étouffa de justesse la bouffée de colère qu'il sentait monter. On ne touchait pas à Sherlock Holmes. Ça aurait fait un slogan parfait pour un t-shirt, pensa-t-il avec un sourire sombre. Il se leva en prenant garde au bras du brun. Il revint avec deux verres d'eau et des médicaments. Il alluma en tatônnant la lampe de chevet. Sherlock s'était redressé, il semblait chercher un compromis entre ses côtes abîmées et son bras cassé. Il calla son dos contre les oreillers et prit le verre tendu par John.
- Je croyais que je n'aurais que des piqûres.
- Vois ça comme un extra. Deux maintenant, un dans deux heures si tu as toujours mal.
Il posa deux comprimés dans la paume du brun. Puis il en prit un pour lui qu'il avala avec son verre d'eau.
- Tu n'es pas censé avoir le bras en écharpe ou quelque chose comme ça? demanda le brun.
John haussa les épaules, ce qu'il regretta immédiatement. Il avait viré cette connerie d'écharpe en sortant de l'hôpital.
- Elle me gênait et mon épaule va bien.
Le regard du brun s'attarda sur la boîte de médicaments et le verre d'eau vide qu'il tenait toujours.
- Tu devrais la remettre. De quoi j'aurais l'air si mon blogger devient bossu?
John éclata de rire, c'était plus un rire nerveux mais c'était mieux que rien. Il se recoucha, le brun s'était un peu éloigné de lui. Juste un peu. Il éteignit la lumière.
Il y eut une minute de silence.
- Pourquoi es-tu en colère?
La voix du brun était hésitante.
- Je ne suis pas en colère. Dors.
- Tu faisais la tête que tu fais d'habitude quand tu es en colère. Et tu ne dormais pas.
John se demanda de quelle tête il parlait exactement.
- Je réfléchissais.
- Je vois.
Il était inutile d'espérer avoir la paix.
- Tu réfléchissais à quoi?
- Tu ne vas vraiment pas dormir?
- J'ai mal au bras, je m'occupe comme je peux.
- Putain.
- Et donc tu pensais à...
- Sentiments, lâcha le blond.
Ce qui était la vérité et qui allait sans doute décourager Sherlock pour le reste de la nuit.
- Comment elle s'appelle cette fois?
Perdu.
- Sérieusement, ça t'intéresse?
- Tes copines ne m'intérèssent pas non, mais je m'ennuie et l'étrangleur de Bexley est dans le coma.
Cela se défendait.
- Je peux te poser une question?
- Tu ne viens pas de le faire?
John leva les yeux au ciel, il pouvait parfaitement imaginer le sourire narquois de Sherlock.
- Vas-y.
Le blond prit une grande inspiration.
- Qu'est ce que tu penses de notre relation?
- Relation?
Ce fut au tour de John de lever les yeux au ciel.
- Oui, est ce que tu trouves que nous avons une relation amicale normale?
Il pouvait presque entendre Sherlock réfléchir à coté de lui.
- Je n'ai jamais eu de relation amicale avant toi alors je dirais que tu dois le savoir mieux que moi.
C'était touchant. Ça donnait à John l'envie de lui faire un câlin. Il était définitivement foutu.
- Ce n'est pas une relation normale.
- Ha non?
John se redressa sur un coude.
- Bien sûr que non.
- Qu'est ce qu'on devrait faire alors?
- Je ne sais pas. Sortir, boire des bières, ce genre de choses...
- Ce que tu fais avec Lestrade. Tu es sûr que ce n'est pas lui ton ami plutôt?
John se retint de l'étouffer avec son d'oreiller.
- Tu ne comprends pas. Ça va trop loin.
Sherlock resta silencieux, il semblait fixer le plafond du regard, sa respiration calme raisonnait dans la pièce.
- Je crois que je commence à avoir des sentiments pour toi.
La phrase était sortie toute seule, John la regretta presque aussitôt. Le brun continuait de fixer l'obscurité au dessus d'eux.
- Des sentiments du genre amoureux?
Sa voix grave vibra dans le silence.
- Je crois.
- Donc tu n'es pas sûr?
- Je suis sûr.
Les secondes qui suivirent s'égoutèrent dans un calme pesant. Etouffant. John s'imagina devoir quitter Baker Street dès le lendemain et il se dit qu'il venait de faire la plus grosse connerie de sa vie.
- Moi aussi.
C'était comme si le brun avait appuyé sur un bouton qui avait le pouvoir d'éteindre toutes les pensées de John. C'était comme ça que John s'imaginait le bouton de l'arme nucléaire.
- Toi... aussi.
Le brun fit des moulinets de sa main valide.
- Oui, tout ça, sentiments, toi... enfin tu vois.
John n'était pas certain de voir. Pas certain d'y croire non plus.
- Tu es amoureux de moi?
- Oui.
La voix du brun semblait nerveuse, John le remarqua à peine. Il était trop occupé à respirer normalement, chose qu'il n'avait pas fait depuis plusieurs minutes.
- Depuis quand?
Sherlock remua et pour la première fois, John perçu son agitation. Il posa doucement sa main sur l'avant bras du détective. Ce qui eut pour effet de figer complètement ce dernier. Le coeur du blond se serra, il résista encore une fois à l'envie de le serrer contre lui, conscient que son geste pourrait être mal interprété.
- Quand tu as tiré sur le taxi. Je savais que tu viendrais mais je ne pensais pas que tu le tuerais. Ça m'a surpris. Après je t'ai vu de l'autre coté de la rue, j'ai compris que c'était vraiment toi qui l'avait tué. Ça m'a brûlé, là.
Le détective bougea son bras et désigna vaguement une zone au dessus de son estomac. Ça l'avait brûlé. John avait la gorge nouée. Sherlock était amoureux de lui depuis le jour de son emménagement.
- Tu ne dis rien.
- Qu'est ce que tu veux répondre à ça?
Le détective haussa les épaules.
- J'ai encore dis un truc romantique c'est ça?
- C'est exactement ça.
- Merde.
John pouffa, le brun devenait vraiment vulgaire à son contact.
- Et toi, ça fait combien de temps?
Le blond fut pris de court.
- Je ne saurais pas bien te dire, je viens à peine de m'en rendre compte. Depuis plusieurs mois je suppose.
C'était étrange de tomber amoureux sans s'en rendre compte.
- Tu viens de t'en apercevoir?
- Oui, en quelques sorte.
- Et tu me le dis tout de suite? Waow. Je comprends pourquoi tu fais fuir les femmes.
John éclata d'un vrai rire pour la première fois en deux jours. C'était bon et cela chassa une tension qu'il n'avait pas senti s'accumuler sur ses épaules.
- C'est toi qui les faisait fuir.
Il prit quelques minutes pour reprendre son souffle.
- Tu crois que ça va te faire fuir?
Ce fut au tour du brun d'éclater de rire.
- Devant toi? Aucune chance.
Malgré l'obscurité, John distinguait son sourire en coin et son regard espiègle braqué sur lui. Il était beau. C'était stupide de ne pas s'en être aperçu avant. Sa main était toujours posée sur le bras du brun, il la fit lentement glisser jusqu'à sa paume. Les doigts du détective se refermèrent dessus. Il comprit à ce moment la sensation de brûlure dont avait parlé le brun juste avant.
- Alors on est... ensemble?
- Non.
C'était comme se ramasser un seau d'eau glacée en plein visage.
- Je ne comprends pas.
- J'y ai déjà longuement réfléchi. ça ne marcherai pas.
- Comment peux-tu...
- Je n'aime pas le sexe, coupa le brun. Et ça n'a rien à voir avec Sebastian, ça ne m'attirait déjà pas avant de le rencontrer. Mais toi tu aimes ça, tu deviendras frustré si tu restes avec moi. Tu ne supportes pas la frustration sexuelle, c'est pour ça que tu passes ton temps à draguer toutes les femmes qui passent à ta portée. Je pourrais bien sûr te laisser prendre une maîtresse mais là c'est moi qui ne le supporterais pas. Il y a aussi l'option où tu essaies d'avoir des relations sexuelles avec quelqu'un d'autre à mon insu. Mais tu sais que rien ne m'échappe, ce qui rend cette dernière option plus risible que réaliste.
John resta sans voix un moment. Entendre résumer sa future potentielle vie sexuelle et amoureuse sur ce ton lapidaire avait quelque chose d'effrayant.
- Putain. Tu y as vraiment réfléchi.
- Oui.
- Mais tu vas trop vite, on vient à peine de s'avouer que l'on se plaisait et tu es déjà en train de planifier notre sexualité.
- On y viendra forcément à un moment donné, que ce soit dans une semaine ou dans un an. Je préfère prendre les devants, ça t'évites les déceptions.
John trouva saugrenue l'idée même d'être déçu pas Sherlock Holmes.
- Il y a une dernière option.
Le brun fronça les sourcil.
- Celle où j'accepte toutes tes conditions sans aller voir ailleurs et sans te demander quoique ce soit.
Les doigts du brun serrèrent brièvement les siens. John se demanda comment il avait fait pour vivre si longtemps en ignorant ce besoin qu'il avait d'avoir le détective avec lui.
- Tu ne supporteras pas...
- S'il te plait, ne me dis pas ce que je peux supporter ou non.
La main du brun se relâcha un peu. John en profita pour masser doucement la paume du détective de son pouce.
- On pourrait essayer. Je promets de respecter à la lettre chacune de tes conditions. Qu'est ce que tu en dis?
- Je ne veux plus que tu dragues d'autres filles.
La phrase avait été prononcé précipitemment, comme si elle brûlait les lèvres du détective depuis un long moment. Le ton possessif à peine dissimulé fit frémir John de la tête aux pieds.
- C'est évident, répondit-il en essayant d'imiter le ton habituel du brun.
Cela eut le mérite de faire sourire le brun.
- Bien. Essayons.
Oooooooo
Merci de m'avoir lue!