Salut mes petites loutres.

J'ai eu l'idée de cette histoire il y a un petit bout de temps, mais j'avais jamais trouvé (pris) le temps de la mettre par écrit.

J'espère qu'elle vous plaira. Elle compte trois chapitres, c'est un tout bébé fanfic.

Elle me tient beaucoup à cœur. J'attends vos retours avec impatience. Je vous préviens, ce n'est pas spécialement joyeux.

Bonne lecture!


Training to kill Francis


2 mai 2016. 08:00

Peter s'était isolé dans une chambre, tranquillement assis sur une chaise inconfortable pour relire ses notes, lorsque la furie déboula sans prévenir. Il sursauta, alors qu'un adolescent débarquait dans la pièce, effectuait un magnifique dérapage plus ou moins contrôlé pour venir se glisser sous le lit.

Peter ouvrit la bouche, n'eut pas le temps de parler, sentit une main se refermer autour de sa cheville.

- Leur dites pas que je suis là, M'sieur!

Quelques secondes plus tard, deux infirmiers poussant un fauteuil roulant passaient leurs nez à travers la porte.

- Vous avez vu quelqu'un? demandèrent-ils, essoufflés d'avoir couru.

Peter n'hésita pas une seconde, et secoua négativement la tête. Les infirmiers haussèrent les épaules avant de quitter la chambre en refermant la porte.

Le fugitif sortit de sa cachette en se trémoussant. Peter le reconnut tout de suite : il avait étudié son dossier, la semaine précédente.

- Bonjour, Wade.

-Salut, Parker, répondit l'autre en jetant un œil à son badge. J'vous ai jamais vu ici, commenta-t-il en grimpant sur le lit pour venir s'y affaler.

- C'est mon premier jour. Pourquoi fuyais tu les aides-soignants?

L'adolescent grimaça sans répondre immédiatement. Peter en profita pour l'étudier plus avant. Il avait à peine quinze ans, c'était un beau gamin. Les traits souples, de beaux yeux bleus, une vivacité d'esprit qui transparaissait sur chaque micro expression de son visage. Il avait dû avoir du succès, au collège. La chimiothérapie lui avait fait perdre ses cheveux bruns, et il se rasait désormais la tête chaque jour, comme si ce n'était pas le cancer qui l'y obligeait, comme si c'était une volonté de sa part.

- Ils veulent m'emmener en thérapie de groupe, mais franchement, c'est nul comme concept. Me retrouver avec d'autres gamins, pour échanger des banalités sur le fait qu'on va tous y rester - ou au moins soixante pour cent d'entre nous-, franchement? En quoi c'est censé m'aider?

Peter choisit ses mots. Wade attendait sa réponse : il paraissait intrigué par ce nouveau médecin, lui qui connaissait les lieux comme sa propre maison, et le personnel hospitalier mieux encore.

- Parler à d'autres s'avère thérapeutique, en certaines circonstances.

Le jeune plissa les yeux, se redressa à moitié sur l'oreiller.

- Vous, vous êtes psy.

- Exact.

Peter sourit. Le cas du jeune Wilson l'avait intrigué. Il était jugé comme un pensionnaire récalcitrant, et ne menait pas la vie facile au personnel. Il faisait le mur dès que possible, refusait les thérapies et les médicaments censés le détendre. Mais au fond, tous l'aimaient bien, c'était un bon gamin, un battant, doté d'un humour à toute épreuve. En lisant les notes de ses collègues, Peter s'était demandé s'il n'y avait pas, en plus, quelques signes d'une légère skyzophrénie chez l'adolescent. Couplé avec un cancer du cerveau à cet âge, Wade défiait les statistiques.

En fait, il semblait défier le monde entier, derrière son sourire moqueur et ses remarques assassines.

Il se releva, sauta au pied du lit, déambulant parmi les appareils médicaux stockés ici.

- Vous-êtes vachement jeune, pour un psy. Ils les recrutent à la sortie de l'école, maintenant?

Voyant que la remarque ne provoquait rien d'autre qu'un mince sourire chez son interlocuteur, Wade poursuivit, s'arrêtant pour fixer le médecin, droit dans les yeux, essayant de le déstabiliser.

- Vous avez une bonne gueule. Vous sortez avec quelqu'un?

De nouveau, pas de réponse, juste un sourire.

- Ouais, ca ca veut dire ouais. Dommage. C'est qui? C'est quelqu'un d'ici? Delacour, en radiologie? Elle est super belle. Ou le type à l'accueil, le grand black baraqué?

Peter comprit rapidement. Wade ne supportait pas le silence. Il fallait qu'il parle, pour le meubler. Car le silence lui rappelait sa condition d'être mortel. Terriblement mortel. Le cancer dans son cerveau le lui rappelait à chaque minute de silence, et , s'il se taisait, s'il ne fuyait pas par l'humour, alors la peur revenait.

Il était courageux, mais terrifié.

Pas de bravoure sans peur.

-... vous avez quoi, vingt piges? Il est trop vieux pour vous le type de l'accueil non?

Peter ne fut pas surpris qu'on lui donne huit ans de moins que son âge. Il avait toujours fait gamin : c'était ses traits fins, ses cheveux en bataille, son eternel petit sourire en coin. Il sortait tout juste de la faculté, cet emploi était son premier. Et Wade Wislon, officiellement et depuis quelques minutes à peine, son tout premier patient.

-... Après c'est pas l'âge qui compte, regardez, admettons, vous et moi on a pas tant de différence que ça...

Le psychiatre se redressa, déplissant sa blouse blanche, calant ses notes sous son bras gauche. Il s'approcha du gamin, lui serra l'épaule et chercha son regard. Wade se tut.

- Je suis là. Ca va aller. Va te reposer, d'accord?

S'il avait une remarque sarcastique en tête, l'adolescent la ravala, et hocha lentement la tête. Alors que le médecin s'avançait vers la porte, il l'interpela.

- Et, M'sieur, vous allez pas chercher les deux infirmiers qui me veulent dans leur groupe de soutien tout pourri ?

- Si, je vais les chercher, répondit laconiquement Peter.

Il laissa un silence s'installer, pour ménager son effet.

- Je vais leur demander de te dispenser de cet exercice.

Il allait sortir, mais une main s'accrocha à sa blouse, l'obligeant à faire demi-tour.

- Pourquoi?

Le ton était presque accusateur.

- L'exercice n'a d'intérêt que si tu es prêt à jouer le jeu. Forcer quelqu'un n'a jamais donné de résultats.

-... Merci.

Peter hocha la tête.

- A plus tard, Wade, je passerais te voir cet après-midi.

- A plus tard, beau gosse.


2 mai 2016 18:00

Il neigeait, dehors. Un léger voile blanc recouvrait les allées, l'hiver perdurait, cette année, à Edmonton, Canada.

Peter pensait ne jamais s'habituer au climat. Et pourtant, il n'avait pas hésité à quitter les Etats Unis, lorsque l'opportunité de travailler au Stollery Children's Hospital s'était présentée à lui. A part sa tante, il avait peu d'attaches à Manhattan, et cette chance ne se présenterait pas deux fois. Pour un premier emploi, c'était inespéré.

Il avait emménagé une semaine à peine avant de prendre son poste. Et le jeune Wade Wilson était le premier patient qu'il rencontrait sur place.

- Pourquoi vous êtes psy?

La lumière douce jetait des lueurs mouvantes sur les draps blancs. Wade était plus faible que le matin, la séance de chimiothérapie l'avait laissé nauséeux, tremblant. Allongé et perfusé dans son lit, il avait accueillit la visite du psychiatre avec une mauvaise vanne de son cru.

- Pour aider les gens, répondit simplement Peter, dans la plus grande sincérité.

Wade sourit.

- Ah, ouais, j'vois le genre, vous avez le complexe du super-héros... Vous préfériez pas enfiler un pyjama rouge et aller tabasser les méchants dans les rues de New York? C'est ça qu'ils font les héros, normalement.

- Dans les films, certainement. Mais il y a plusieurs façons de se rendre utile...

L'adolescent réfléchit. Il ferma les yeux, le visage parcouru d'un spasme. Les maux de tête revenaient sans cesse.

- Ouais. Moi je voudrais être soldat. Enfin, j'aurais voulu, être soldat.

Peter se renfonça dans sa chaise. Il avait abandonné son calepin, et ne prenait pas de notes. Cela braquait le jeune WIlson. Ils se contentaient donc de discuter, toute formalité mise au placard.

- Tu peux encore le devenir, souligna son aîné.

Wade eut un rire sans joie.

- Vous avez mal lu mon dossier, M'sieur. J'étais pas bon en maths à l'école, mais je sais que j'ai pas les statistiques de mon côté, sur le coup là...

- Je ne te connais pas cet aspect défaitiste.

- C'est pas du défaitisme. Je suis réaliste, conscient de ma situation. C'est pas parce que je fais des vannes tout le temps que je suis naïf. J'aime autant en rire, c'est tout. Vous avez pas répondu à ma question, tout à l'heure. Vous sortez avec quelqu'un?

- Pourquoi cet intérêt pour ma vie privée?

- Pourquoi répondre à une question par une question? Non, dites rien, je sais. C'est votre foutu métier...

Wade soupira, passa une main sur son crâne lisse.

- J'ai vu plein de psys avant vous, mais ca marchait pas entre nous. La relation était trop... Inégale.

- Ils savent tout de toi, et tu ne sais rien d'eux.

-Z'êtes plutôt subtil, pour un vieux.

- Je croyais n'avoir que vingt ans?

- J'ai dit ça pour vous draguer. Alors, vous répondez à ma question?

Peter songea à l'enregistreur qui écoutait la moindre de leur conversation, allumé dans la poche de sa blouse. Il hésita quelques secondes. Ses doigts s'infiltrèrent sous le tissu pour couper l'enregistrement.


Voilà pour ce premier chapitre. Je posterais bientôt le second, le temps de le relire et de le corriger. Donnez-moi vos avis!

Des bisous,

Laukaz