Il m'a fallu exactement un an, 5 mois et 11 jours pour publier ce dernier chapitre...
Je vous autorise à me pendre en place publique.

Pour me faire pardonner, je vous publie l'épilogue en même temps x)


- CHAPITRE XV -

La fête foraine


Le reste de la journée passa aux yeux de Clint comme un flash flou et indistinct. En un battement de paupière, la matinée était passée sans qu'il ait bougé de son fauteuil et en un battement de cœur, la nuit était tombée tout aussi vite, sans l'attendre. L'archer se sentait perdu, flottant quelque part entre le passé et l'avenir, bloqué sous le poids d'une impossible décision. Devant ses yeux dansaient encore les silhouettes énergiques et amusées de ses enfants, totalement inconscients du tournant que leur vie commune s'apprêtait à prendre par sa faute. Il voyait aussi Pietro courant à en perdre haleine sous la lumière du clair de lune, et le mouvement gracieux des longs cheveux bruns de Wanda dans le vent, baignés par le soleil. Le temps était fractionné, presque aussi perdu que lui, déréglé et inconstant, et Clint se demanda si sa propre perception des choses n'était pas une manœuvre désespérée de sa part pour reprendre pied avec la réalité. Quand il revint à lui, au milieu de la nuit, Clint dû admettre que le monde avait continué à tourner sans son concours et que son inaction n'avait inquiété personne. Il rentra dans la maison sans faire de bruit, dans l'espoir que quelqu'un l'aurait peut-être attendu sur le canapé, soucieux de savoir ce qu'il avait, mais personne ne l'attendait et le salon était plongé dans le noir. Sur le bar cependant, quelqu'un avait laissé une assiette à son attention, sans mot, sans rien, une assiette seulement posée là, lui donnant presque l'ordre de manger. Alors Clint s'exécuta. D'un geste las, il retira le film étirable qui enveloppait l'assiette et posa cette dernière dans le micro-onde, attendant patiemment que la technologique fasse son œuvre. Durant les deux minutes d'attente à la fois si courtes et interminables, le père de famille songea à ses enfants et au mal qu'il s'apprêtait à leur faire.

En quelques secondes de réflexions supplémentaires il décida que rien ne valait le bonheur de ses enfants et tira un trait sur Pietro d'un geste de l'esprit. Laura pouvait bien dire ce qu'elle voulait, personne ne savait mieux que lui ce dont il avait besoin et surtout, personne ne pouvait décider à sa place de l'identité de la personne qu'il choisissait d'aimer. Et cette personne en l'occurence, c'était Laura.

Soudainement sûr de lui, Clint récupéra son assiette dans le micro-onde et laissa un sourire satisfait lui échapper. Il lui avait fallu une journée totale de silence et d'introspection pour arriver à cette conclusion, mais il savait au fond de son cœur que c'était la bonne chose à faire. Il le sentait. Laura et ses enfants étaient tout pour lui et quoi que Natasha en dise, il avait bien l'intention de rester aux côtés de sa femme jusqu'à la fin de ses jours. Laura était parvenue à le faire douter, ses mots avaient été percutants, mais Clint avait su se reprendre en main. Il avait eu besoin de ça et maintenant il était sûr de lui. Pietro n'était pas l'avenir auquel il aspirait. Il appréciait énormément le jeune homme, il ne le niait pas. Pourquoi nier quelque chose comme ça ? Ça revenait presque à admettre la faiblesse de son engagement envers Laura. Non, il aimait énormément Pietro, il était ravi qu'il soit bien vivant aujourd'hui. Mais le Sokovar représentait typiquement tout ce que Clint avait sacrifié pour s'offrir la vie qu'il avait aujourd'hui avec Laura et ses enfants. Pietro était jeune, libre, énergique et dans l'action permanente. Il se battait pour un monde plus juste et vivait au rythme effréné des aventures dans lesquelles ses missions l'entraîneraient. Le Vif-Argent ne connaissait pas le bonheur d'une vie de famille calme et tranquille, la joie d'élever des enfants et de fonder un foyer. Peut-être connaitrait-il ce bonheur un jour, et il le lui souhaitait vraiment, mais à l'heure actuelle, Pietro n'était que celui qu'il désirait être et non celui qu'on attendait de lui.

En avalant sa première bouchée de purée, Clint se mit soudain à pleurer en silence. Il sentit son cœur se fendre en deux tandis que les mots de Laura lui revinrent à l'esprit, aussi nets et précis que si elle les avaient prononcés quelques secondes auparavant :

« Tu as eu l'occasion d'oublier tes sentiments pour lui. Mais plutôt que de revenir vers moi, que tu n'avais pas conscience d'avoir déjà quittée une fois, tu as choisis de tomber amoureux de lui à nouveau. »

Et d'un simple souffle du vent dans la nuit, les bonnes résolutions de Clint s'envolèrent comme une trace de pas sous la houle des vagues. Laura s'évapora.

Les larmes de Clint continuèrent à couler de nombreuses minutes avant qu'il ne parvienne à reprendre un semblant de self-contrôle. Que devait-il faire à présent ? Que devait-il dire à ses enfants ? Que devait-il dire à Pietro ? Devait-il même dire quoi que ce soit ? Le doute l'envahissait insidieusement et Clint pria pour que le sommeil lui tombe miraculeusement dessus, alors qu'il n'avait pas terminé de manger. Il ignorait quelle était la marche à suivre désormais, bien qu'il avait enfin conscience qu'une page se tournait définitivement. Ses larmes repartirent de plus belle lorsqu'il réalisa qu'il ne s'agissait que de la fin d'un chapitre de sa vie, mais qu'il était vraisemblablement la fin de l'histoire de la famille Barton.

Clint se mit alors à hurler de colère au milieu du salon, pas conscient pour un sou qu'il pouvait potentiellement réveiller quelqu'un. Dans quelle merde s'était-il encore fourré ? Le voilà qui s'apprêtait à jeter toute sa vie durement bâtie aux orties pour une amourette idiote dont il ignorait même si elle était réciproque. Comment pouvait-il le savoir ? Selon toute logique, il n'y avait aucune chance pour qu'un garçon comme Pietro, jeune et avec une toute nouvelle vie devant lui, retourne ne serait-ce qu'un peu les sentiments d'un vieux grincheux de 45 ans, père de trois enfants.

Une fois de plus, Clint fit le choix d'abandonner la bataille tant qu'il en était encore temps, mais son hurlement décida finalement d'avoir des conséquences et Wanda apparu soudain au sommet des escaliers, seulement à demi étonnée de trouver Clint ruminant dans la cuisine et faisant les cents pas comme un lion en cage.

« Clint ? demanda-t-elle en atteignant le bas des marches. Ça va ?
- Oh Wanda, soupira Clint. Désolé, je voulais pas... Enfin... Désolé si je t'ai réveillée.
- Je ne dormais pas encore. Tu vas bien ? T'as été bizarre toute la journée.
- Euh... Ouais. Je sais pas. C'est compliqué.
- Ça l'est toujours. » sourit tristement Wanda.
Clint se figea une seconde.

Elle savait.
Evidemment qu'elle savait, c'était Wanda, elle savait toujours. Et pourtant elle ne disait rien, elle restait le silencieux témoin de sa déchéance, sans dire un mot, sans juger, observant simplement. Mais cette fois, Clint avait sérieusement besoin d'aide pour y voir plus clair.

« Tu ferais quoi à ma place ? demanda-t-il, stupidement.
- Clint, je ne suis pas à ta place, geint Wanda en venant s'asseoir sur le tabouret à côté de l'archer qui marchait toujours de long en large dans la cuisine.
- Evidement que tu n'es pas à ma place, mais, imagine toi deux seconde dans une situation identique. Tu le ferais toi ? Tu abandonnerais ta famille, ton mari, tes enfants et tout ce que tu as connu pour une hypothèse, pour un béguin ?
- C'est ce que Pietro est à tes yeux ? Une hypothèse ? s'offusqua Wanda.
- Non ! Bien sûr que non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Comprends-moi, s'il te plaît...
- Je comprends, tu es en train de remettre en question la vie que tu as menée par habitude pendant plus de 10 ans, c'est perturbant et le pas est gigantesque. Mais la question n'est pas de savoir si tu dois abandonner, c'est de savoir si tu dois persévérer. »
Elle marqua une pause dans son explication avant de poursuivre.

« Moi la première je refuserais de quitter mes enfants. Ils sont ma chair et mon sang, je préfèrerais mourir que d'avoir à les abandonner. Mais personne n'a dit que tourner une page refermait automatiquement le livre. Qui a décrété que changer de vie interdisait forcément de garder un pied dans le passé ? Cooper, Lila et Nathaniel sont tes enfants, et quoi que tu fasses, ils portent ta chair et ton sang. Ils te ressemblent, ils ont ta personnalité et ils t'aiment. Crois-tu vraiment que ça serait une bonne chose de forcer cette mascarade pour leur bien ? Les enfants sont très intuitifs, ils voient tout. Et je sais que Cooper a déjà compris. Tu ne peux pas te forcer à vivre une vie qui ne te convient plus pour le bien des autres. Tu ne crois pas qu'il est grand temps que tu vives enfin pour toi-même ? Et il n'est même pas question de Pietro ici, c'est un aspect du problème dont je refuse de me mêler. Mais qu'il te retourne tes sentiments ou non, est-ce donc si essentiel ? Est-ce que de sa réponse va dépendre ta décision à quitter Laura ? Parce que si c'est le cas, ne t'embêtes même pas à essayer. Mon frère n'est pas un joker. Si tu quittes cette vie, c'est parce qu'elle ne te convient plus. Ne te cache pas derrière Pietro pour t'offrir le luxe d'un regret nostalgique. Si tu décides de quitter cette maison, fais-le en ton âme et conscience, parce que c'est ce dont tu as besoin. Si tu t'approches de Pietro sans être absolument sûr de ta décision, qu'il te retourne ton affection ou non, je m'y opposerai. »

Pendant qu'elle parlait, Clint avait cessé de bouger, figé dans un état de stupeur incertain. Il n'avait même pas réalisé à quel point il avait déterminé sa décision finale sur la réponse de l'aîné Maximoff. Sa façon de penser était si puérile qu'il s'infligea une gifle mentale. Etait-il donc revenu à l'époque de ses 15 ans, quand la moindre décision qu'il prenait se faisait sur la base d'un signe divin inventé ou sur l'intuition d'un bon augure ? Wanda quitta sa compagnie à la fin de sa tirade pour remonter se coucher et Clint resta coi au milieu de la cuisine, pas certain de savoir laquelle des décisions qu'il avait a prendre était la plus égoïste.


Le lendemain matin, l'ambiance entre les murs de la ferme était toxique. Lorsque Pietro se leva pour prendre son petit déjeuner, de bonne humeur, il fut frappé par l'atmosphère étouffante qui planait autour de Clint, Laura et Wanda. Mais cette dernière, quand elle le vit apparaître en bas des escaliers, retrouva instantanément le sourire et s'approcha de lui.

« Pietro ! dit-elle. Bien dormit ?
- Moi oui, comme un bébé. Mais c'est pas le cas de tout le monde j'ai l'impression. »
Cette remarque, lancée innocemment et sans sous-entendu quelconque, fit réagir Clint.

« T'inquiète pas, c'est juste la fatigue accumulée des derniers jours, on s'en remettra. »
Et il lui adressa un franc sourire, comme si la nécessité de le rassurer était plus importante que de s'attarder sur ses problèmes.

« Tu as faim ? J'ai fait des crêpes si tu veux. » ajouta-t-il.
Et plutôt que de rassurer Pietro, cela l'inquiéta davantage. D'un hochement de tête, il accepta l'invitation de Clint à déjeuner avec eux, mais se tourna discrètement vers sa sœur pendant que l'archer apportait une nouvelle assiette à table.

« Est-ce qu'il a dormit au moins ? » demanda-t-il, sûr que non.
Wanda lui répondit par un signe de tête négatif. Elle n'avait pas besoin de fouiller dans sa tête pour le savoir, elle le connaissait si bien. Son visage en disait à lui seul plus que ce que Clint aurait pu justifier avec des mots. Et bien que Pietro l'ignorait, elle savait ce qui avait tenu l'archer éveillé toute la nuit.

Laura.

Elle jeta un bref coup d'oeil à la maitresse de maison qui n'en menait pas large non plus. De ce qu'elle voyait, Laura était perdue dans ses pensées, les yeux plongés dans sa tasse de thé fumante, probablement inconsciente des vibrations négatives qu'elle dégageait. Son visage, au même titre que celui de Clint, était marqué par la nuit d'insomnie qu'elle venait de traverser. Wanda soupira. Elle avait beau souhaiter le bonheur de son frère plus que tout autre chose, elle souffrait de lire de la douleur dans les yeux de Laura, et bien que Pietro n'avait qu'un rôle mineur à jouer dans la situation actuelle, la Sorcière Rouge s'en voulu un peu de supporter davantage les intérêts de son jumeaux que ceux de l'épouse légitime de Clint.

Pietro s'installa à table avec eux et, lorsqu'il jeta un regard vers Laura, celle-ci eu juste la présence d'esprit de lui sourire légèrement, toujours aussi perdue dans ses pensées.

« Vous avez prévu de faire quoi aujourd'hui ? demanda soudain Clint.
- On sait pas trop, on pensait simplement se balader dans le coin, profiter un peu du calme, répondit Wanda. Pourquoi ? T'as prévu quelque chose ?
- Non, pas particulièrement, je pensais juste faire un tour dans la ville voisine pour déposer ma tronçonneuse chez le réparateur. Il y a une fête foraine qui vient de s'installer si ça vous dit. Les enfants seraient ravis de vous accompagner je pense. »
Wanda se tourna vers Pietro pour l'interroger du regard, mais ce qu'elle vit dans ses yeux répondit à sa question informulée.

« Bon, c'est partit pour la fête foraine, rit-elle en observant l'étincelle d'excitation qui venait de s'allumer dans les yeux de son frère.
- Yes ! » héla Pietro en signe de victoire.
Clint sourit franchement à ce spectacle. En y repensant maintenant qu'il voyait la réaction de l'aîné Maximoff, les jumeaux avaient probablement rarement eu l'occasion de se rendre à ce genre d'évènement après la mort de leurs parents. Ces vacances devaient être une bouffée d'air frais pour eux. Cette idée lui fit un coup au cœur qu'il eu du mal à justifier. Il avait simplement envie qu'ils s'amusent comme des jeunes gens de leur âge, mais il oubliait parfois qu'il ne s'étaient jamais amusés comme des enfants non plus. Il eu soudain la ferme envie de leur faire plaisir. Aujourd'hui, c'était leur journée, et il ferait tout pour qu'elle soit inoubliable.

« Très bien, dit-il en se levant. On part dans une heure, je vais réveiller la troupe de sauvages. Mettez des vêtements confortables. »
Et sur un sourire énigmatique et calculateur, il quitta la salle à manger pour se rendre à l'étage. Intrigués, Pietro et Wanda se regardèrent d'un œil interrogateur avant de se tourner vers Laura pour tenter de discerner si elle savait quoi que ce soit sur le plan diabolique que venait visiblement de fomenter Clint. Mais Laura les ignora royalement, toujours pas plus avancée que tout à l'heure sur sa tasse de thé.

Ils terminèrent leur petit déjeuner en silence, chacun élaborant des théories sur ce que prévoyait de faire Clint aujourd'hui. Pour une fois, Wanda s'était retenue de fouiller dans sa tête, sentant bien qu'une telle intrusion gâcherait probablement le suspense. Elle se surpris à apprécier ce sentiment d'excitation face à l'inconnu, cette expectative à laquelle elle ne pouvait pas trouver la solution. En y repensant, depuis qu'elle avait obtenu ses étranges pouvoirs, le sentiment de surprise l'avait quitté. La capacité à pénétrer dans les esprits ne lui avait pas simplement donné le pouvoir de lire dans les pensées, mais également celui d'anticiper la moindre action, la moindre décision et d'y faire face. Strucker s'était souvent amusé à leur attribuer des rôles, et aussi cliché que celui-ci puisse paraître, elle était la tête et Pietro était les muscles. Et il lui semblait que son frère avait facilement accepté ce simple fait. Il était l'aîné, mais elle était le leader. Parce que ses pouvoirs lui donnaient une connaissance profonde de la nature humaine, et parce qu'il allait trop vite pour faire attention aux détails, elle était celle qui comprenait la situation et qui pouvait anticiper. Et depuis qu'elle maîtrisait tout, la surprise était de ces sentiments qu'elle redoutait.

Mais une surprise de Clint, à n'en pas douter, était forcément une bonne surprise. Sa confiance en lui était telle qu'elle en mettrait sa main à couper. Il était son deuxième frère, son meilleur ami, l'épaule réconfortante sur laquelle pleurer. Il lui était devenu aussi indispensable que Pietro et elle le suivrait aveuglément, où qu'il aille. Alors quoi qu'il ait prévu pour eux aujourd'hui, Wanda était bien décidée à embrasser ce sentiment d'inconnu à 100%. Elle partit s'enfermer dans la salle de bain afin de prendre une douche éclair et, pendant qu'elle entendait Cooper et Lila hurler de joie dans le salon à l'idée d'aller à la fête foraine, elle repensa brièvement à la veille. Le pauvre Clint était perdu, c'était évident. A ses yeux, il était désormais d'une implacable certitude que l'archer éprouvait de forts sentiments pour Pietro. Malheureusement, il était également assez évident qu'il n'arrivait pas à passer le pas. Abandonner Laura après dix ans de vie commune était loin d'être facile et Wanda n'en voulait pas à Clint de continuer à hésiter. Cependant, elle lui en voulait de continuer à nier l'évidence. Pietro avait déjà suffisamment souffert. Il était même mort pour lui. Combien de temps encore Clint pensait-il faire attendre son frère avant d'admettre qu'il ne pouvait pas le laisser partir ? Si Wanda avait pu, elle aurait forcé Clint à voir la vérité en face, mais que pouvait-elle faire de plus hors mis attendre ? Ses souvenirs étaient revenus, elle le savait. Il ne l'avait pas dit, mais elle l'avait sentit. Elle avait sentit l'effroyable tressaillement de peur qui l'avait parcouru lorsque, embrassant Laura pour ce qu'il savait être la dernière fois, un sentiment de bien être absolu avait gonflé ses poumons au souvenir retrouvé de l'amour qu'il éprouvait pour le Vif Argent. Puis elle avait vu ses larmes couler en silence le long de son visage et de son cou tandis que ses yeux se posaient sur Pietro, qui n'avait absolument pas conscience de ce qu'il était en train d'advenir à quelques mètres de lui. Clint savait, et il l'avait accepté. Alors pourquoi ne rien dire ? Pourquoi ne rien faire ? Quelqu'un avait dit un jour : Si tu tombes amoureux de deux personnes, choisis la deuxième, car si tu aimais vraiment la première, tu ne serais pas tombé amoureux de la deuxième. C'était assez maladroitement formulé, et Wanda avait souvent réfuté cette théorie. Mais dans le cas précis de Clint, c'était on ne peut plus vrai. Son avenir avec Laura était mort à l'instant où son chemin avait croisé celui de Pietro, et c'était un fait que Clint avait encore du mal à admettre.

Mais aujourd'hui serait enfin le jour où elle lui ferait accepter la vérité. C'était le jour où il comprendrait enfin que parfois, l'égoïsme se cache dans l'ombre de l'altruisme et que de ses choix, pouvait dépendre le bonheur de plus de personne qu'il ne le pensait.


En l'espace de l'heure la plus rapide de leur existence, Cooper et Lila étaient parvenus à se laver, s'habiller, déjeuner, et se brosser les dents, tout ça dans cet ordre et sans omettre de débarrasser la table. Clint n'avait rien eu à dire d'autre que : « Départ pour la fête foraine dans une heure ! » et l'ouragan Cooper-Lila s'était déchainé entre les murs de la maison Barton. Pour un peu, ils auraient presque réussit à faire de l'ombre à Pietro, si celui-ci n'avait pas décidé de joindre ses forces à la bataille afin d'aider les deux monstres à traverser le couloir plus vite. Clint n'avait pas assisté au spectacle de son et lumière que tout ce petit monde provoquait à l'étage, mais les rires ses enfants chaque fois que Pietro les portait d'un bout à l'autre de la maison lui donnaient du baume au cœur.

Cooper et Lila n'avaient jamais remis en cause les étranges pouvoirs des jumeaux. Pas une fois ils n'avaient eu de réaction effrayée à leur égard. Et puisqu'il prenait le temps d'y réfléchir maintenant, il croyait fermement qu'aucun enfant n'aurait eu cette réaction. Il sourit à cette idée. Les enfants étaient émerveillés par le monde et par ses possibilités, ils n'avaient pas de raisons de craindre des phénomènes aussi beaux et impressionnants que les pouvoirs des jumeaux. Une vague de nostalgie lui retourna le cœur. Il aurait bien aimé lui aussi pouvoir revenir à ce temps d'insouciance où tout était à découvrir et à observer, où rien n'était à craindre. Ce temps où son cœur d'enfant n'était pas encore pervertit par les avertissements et les peurs des adultes. Un temps où aimer Pietro comme il le faisait maintenant ne lui poserait pas de cas de conscience et ne menacerait pas de briser sa famille en deux. Un hoquet surpris sortit de la gorge de Wanda qui était assise sur le canapé d'en face, à attendre comme lui que les enfants soient près. Clint sursauta imperceptiblement à la réalisation évidente qu'elle avait laissé son esprit vagabonder dans le sien sans faire attention et qu'elle avait perçu ses pensées. Ils restèrent là de longues minutes à s'observer dans le blanc des yeux, Clint priant pour qu'elle ne dise rien, Wanda se retenant de dire quoi que ce soit. Mais la peur qu'elle lisait dans les yeux de l'archer eu raison de sa volonté à se taire et elle se leva d'un bond.

« Clint. »
Un brouhaha phénoménal s'éleva de l'escalier et Cooper, Lila et Pietro débarquèrent dans le salon à cet instant précis, coupant la Sorcière Rouge dans le sermon qu'elle s'était apprêtée à donner. Clint fut pris d'un second hoquet de surprise quand, tournant la tête par réflex vers ses enfants, ses yeux s'accrochèrent à ceux de Pietro. Il détourna le regard aussitôt en se raclant la gorge, mais il était trop tard. Pietro y avait vu ce qu'il ne s'attendait pas à y voir : de la peur. Réalisant cela, l'archer se leva d'un mouvement vif et, accordant un peu d'attention à ses enfants, il les regarda attentivement pour tenter de cacher le trouble qui l'habitait et que tout le monde avait pourtant parfaitement bien perçu.

« Prêts les petits monstres ? »
Il souriait, mais Wanda entendait son cœur battre une chamade paniquée et douloureuse.

« Ouiiiii ! s'écrièrent Cooper et Lila qui, eux, ne se doutaient de rien.
- Alors allez faire un bisous à Maman, on y va. »
Les jumeaux entendirent la voix de l'Avenger dérailler légèrement, mais Clint ne cilla pas et pris une profonde respiration afin de regagner une composition digne et solide. Lorsque les enfants revinrent dans le salon, Clint verrouilla son esprit avec une telle force, que Wanda fut éjectée de sa tête avec violence. Il attrapa alors son manteau, ses clefs de voiture et se dirigea vers la porte d'entrée.

« C'est partit ! dit-il dans un sourire qui sembla forcé mais honnête, comme s'il ne parvenait pas à sourire naturellement malgré son désir de paraître détendu.
Mais tandis que Cooper et Lila accouraient vers la porte à leur tour, Pietro, le visage défait, s'arrêta au milieu du salon.

« Je ne viens pas avec vous, dit-il alors.
- Quoi ? s'étonnèrent Clint et Wanda en se retournant vers lui.
- Désolé, je crois que je ne vais pas venir finalement. J'aime pas vraiment les fêtes foraines, je vais rester ici, allez-y sans moi. »
Et sans qu'il ait eu un mot de plus à dire, Wanda compris l'origine du malaise qui tenait son frère en otage.

« Oh non ! Viens avec nous s'il te plait ! se mirent à geindre les enfants.
- Tu es sûr ? demanda Clint, tu avais l'air ravi de venir tout à l'heure.
- J'ai changé d'avis, désolé... »
Clint fronça les sourcils. Il n'était peut-être pas aussi clairvoyant que Wanda sur ces choses-là, mais il n'était pas naïf non plus, et l'expression de Pietro à cet instant transpirait le mensonge et la honte. Il tendit ses clefs de voiture à Cooper.

« Les enfants, allez nous attendre dans la voiture, on en a pas pour longtemps.
- Pietro va venir ? demanda Lila.
- Allez vous asseoir dans la voiture, on arrive. » insista son père.
Les enfants s'exécutèrent et, tandis que Wanda restait à l'écart, silencieuse, Clint s'approcha de Pietro. Il s'approcha tant que, pris d'incertitude, le Vif Argent dû faire un pas en arrière.

« Pietro, il y a un problème ? demanda Clint, à mi-chemin entre la colère et l'inquiétude.
- Non, pourquoi ? répondit Pietro, le regard fuyant.
- Parce qu'il y a une heure c'était à peine si l'idée de ne pas aller à cette fête foraine n'allait pas te tuer. Qu'est-ce qui a changé ?
- R-Rien !
- Alors tu viens avec nous !
- Non ! »
Pietro avait hurlé sans le vouloir, et Clint se figea.

« Pietro...
- Ecoute, je l'ai vu dans tes yeux, se repris Pietro. Tu as peur de nous. Peur de moi...
- Q-Hein ? D'où est-ce que tu sors ça !? » s'énerva Clint.
L'archer resta bouche-bée une seconde, stupidement silencieux. Comment pouvait-il croire une chose pareille ? Clint serra les dents. Il avait tout compris de travers.

« Pietro, écoute.. Ce n'est pas-
- Laisse tomber Clint, c'est pas grave, l'interrompit Pietro. Tu devrais passer un peu de temps avec tes enfants.
- Mais-
- J'ai pas envie de venir, d'accord ? s'emporta-t-il alors. Allez-y sans moi ! »
Et sans laisser le temps à Clint de lui expliquer le malentendu, Pietro disparu à la vitesse incroyable qui était la sienne.

« Pietro ! hurla Clint pour tenter de le retenir.
- Laisse-le, c'est pas grave, intervint alors Wanda. Il s'en remettra. »


Le train fantôme n'était plus vraiment ce qu'il était. C'était la conclusion à laquelle était arrivé Clint lorsque, grimpant à bord avec Wanda et ses deux aînés, une tête de mort parlante accrochée à l'entrée du tunnel leur avait conseillé de prier pour que leur âmes rejoignent le Seigneur Tout Puissant. Assis en queue de wagon à côté de la Sorcière Rouge, il observait le décor défiler d'un air blasé et absolument pas surpris pendant que devant lui, ses enfants hurlaient de peur et de joie mêlées au milieu des rires paniqués du reste du wagon. Peut-être Clint avait-il risqué sa vie de trop nombreuses fois pour être effrayé par de simples décors en mousse et en carton, mais Wanda jugea que son humeur devait y être pour beaucoup également. Alors, tandis que le wagon s'engageait dans un tunnel encore plus sombre que les autres, elle décida de briser le silence tendu qu'elle percevait autour de l'archer.

« Tu ne peux pas lui en vouloir, dit-elle, sûre qu'il saurait de quoi elle parlait. Tant qu'il ignorera ce que nous savons tous les deux, il ne pourra pas interpréter tes réactions correctement. Ton indécision permanente est la source de ce problème, j'espère que tu en es conscient. Comment veux-tu qu'il s'imagine une seconde que tu puisses l'aimer, si tu ne lui dit pas ? Tu es marié, tu as trois enfants, et lui est potentiellement dangereux pour la sécurité nationale. Comment veux-tu qu'il interprète les choses autrement ? »
Clint avait tourné la tête vers elle sans dire un mot. Il avait conscience de tout cela, mais elle, avait-elle conscience de la complexité du choix qu'il avait à faire ?

« Oh arrête un peu deux minutes avec ton foutu choix ! s'exaspéra Wanda à la grande surprise de Clint. Tu l'as déjà fais, bon sang ! Regarde-toi, tu es en colère et c'est normal. Mais qui t'a mis en colère ? Laura ou Pietro ? Parce qu'aucun des deux n'est venu, mais il n'y en a qu'un seul dont l'absence te vexe. Et ne me réponds pas qu'avec Laura c'est différent. Le fait est que tu voulais passer du temps avec Pietro et que son refus t'a blessé. Depuis combien de temps n'as-tu pas eu envie de passer du temps avec Laura ou de lui faire plaisir ? Tu n'avais pas prévu de l'emmener en vacances en Italie après que Pietro se soit réveillé ? Alors pourquoi est-ce que vous êtes toujours ici, à passer vos vacances avec nous dans votre maison de campagne ? Oui je t'ai un peu forcé la main, mais pas une fois tu n'as protesté en disant que tu avais déjà des projets avec Laura. Elle ne t'a pas vu pendant plusieurs mois, tu as passé plusieurs semaines avec nous sur cette île, il aurait été facile de refuser, et pourtant tu nous a quand même invité à venir passer les vacances chez toi. Ton choix est fait depuis longtemps, le reste n'est rien de plus que ton refus de voir la vérité en face. »

Le train fantôme s'arrêta soudainement et Clint resta figé face à la colère de Wanda. Cooper et Lila sortirent du wagon pour laisser la place aux suivants, et l'employé de manège invita poliment Clint et Wanda à faire de même. Dehors, Cooper s'avança vers son père et lui pris la main tandis qu'ils marchaient en silence vers la grande roue.

« Papa ? dit alors le petit garçon.
- Oui, Coop ?
- Pourquoi Maman et Pietro sont pas venus ? J'aurais bien voulu m'amuser avec eux aussi. »
Clint resserra sa main sur les doigts de son fils. C'était sa lâcheté qui avait brisé cette famille. Wanda l'avait compris tellement plus vite que lui. Il s'arrêta alors au milieu du chemin et, retenant également Lila, il s'accroupit devant eux.

« Les enfants, Papa doit aller faire quelque chose. Je vous laisse avec Wanda, d'accord ? Vous ne faites pas de bêtise, je compte sur vous. »
S'approchant de la jeune Sokovar, il ajouta.

« Je suis désolé, j'aurais dû le comprendre plus tôt. Merci de m'avoir aidé à y voir plus clair.
- Fonce Robin des Bois, je suis sûre qu'il t'attends. »
Avec un sourire un peu tendu mais sincère, Clint se mit alors à courir en direction du parking.


La porte d'entrée claqua comme un fouet contre le mur lorsque Clint déboula dans la maison avec une précipitation peu habituelle. Il jeta un bref coup d'oeil au salon et, ne voyant personne, il décida d'employer les grands moyens.

« PIETRO ! » hurla-t-il, les mains en porte-voix.
Mais seul un silence de mort lui répondit. Il s'engagea alors dans les escaliers en courant, s'imaginant pouvoir le rattraper si jamais il décidait de fuir. Mais la porte de la salle de bain s'ouvrit soudainement tandis qu'il atteignait l'étage.

« Clint ? »
La voix qui venait de s'élever était reconnaissable entre toute. Il l'avait aimée dès la première minute et il doutait de pouvoir un jour l'oublier.

« Laura, dit-il alors, légèrement essoufflé par sa course et la frénésie furieuse de son cœur.
- Qu'est-ce qui se passe, tu n'es pas à la fête foraine avec les enfants ? »
Emmitouflée dans une simple serviette de bain, les cheveux remontés en chignon sur sa tête, quelques gouttes d'eau perlaient encore ça-et-là sur ses épaules et dans son cou. Clint les observa un instant couler gracieusement le long de sa gorge pour aller mourir dans le tissu spongieux de la serviette et réalisa que, fut un temps, cette simple vision lui aurait donné envie d'elle.

« Non je... Je suis revenu. Il fallait que je parle à-
- A Pietro, sourit tristement Laura en comprenant de quoi il retournait.
- Laura...
- Ne t'inquiète pas pour moi, l'interrompit-elle. Je préfère ça. Être honnête avec toi-même, c'est être honnête à la fois avec lui et avec moi. Je ne dis pas que ça n'est pas douloureux, mais tu sais ce qu'on dit : Il n'y a que la vérité qui blesse. Vivre dans le mensonge aurait été insultant. L'avantage des blessures, c'est qu'on fini toujours par s'en remettre. »
Il sembla qu'un léger courant d'air passa, car elle eût soudainement froid et fit un pas en arrière afin de se réfugier dans l'atmosphère chaleureuse et embuée de la salle de bain.

« Je l'ai vu quitter la maison tout à l'heure, dit-elle alors qu'elle commençait à refermer la porte sur elle. Il marchait en direction de la forêt. »
Clint s'avança alors soudainement de peur qu'elle ne disparaisse et, glissant sa main derrière sa tête avant qu'elle n'ait pu fermer la porte, il l'attira à lui et déposa un baiser sur son front.

« Merci Laura, tu es exceptionnelle. » dit-il dans un sourire timide.
Il repris alors sa course dans les escaliers sans attendre qu'elle referme la porte.

« Et toi tu es si cruel. » murmura-t-elle finalement, dans un triste sourire.
Clint ne savait pas pourquoi il courrait. Il avait l'impression probablement très injustifiée que si il ne rattrapait pas Pietro maintenant, il ne le reverrait jamais. Or, il était inconcevable pour le Vif Argent d'aller où que ce soit sans sa sœur jumelle. L'archer savait tout cela, mais dans l'état de panique dans lequel il était actuellement, drogué par le trop plein d'oxygène qu'il respirait et l'esprit embrumé par la peur et l'angoisse, son cerveau avait simplement décidé de fonctionner en pilote automatique. La dernière fois que ça lui était arrivé, il avait passé la journée entière à ne pas bouger, les yeux dans le vague et l'esprit en voyage. Clint percevait l'ironie de la situation. Alors que la réalisation de son amour pour Pietro l'avait pétrifié, la décision de l'accepter l'empêchait de tenir en place. Peut-être était-ce là une vaine tentative de s'épuiser avant d'affronter le regard de Pietro, ou peut-être était-ce simplement l'excitation d'un amour naissant que son cœur de vieil homme n'avait pas l'habitude de ressentir avec tant d'intensité. Toujours était-il que, lorsque que ses yeux se posèrent sur l'objet de ses tourments, il cessa douloureusement de battre.

« Pietro ! cria-t-il alors que le sus-nommé était tout près.
- Clint ? Qu'est-ce que tu fais là ?
- A ton avis, gros malin ? J'avais envie de me balader, pour quoi d'autre ? »
Bien que le ton se voulait amusé, Pietro ne fut pas enclin à sourire.

« Retourne voir tes enfants, dit-il alors. Je n'ai pas envie de venir avec vous.
- Oui ça j'avais bien compris, répondit Clint. D'ailleurs pour compenser ton absence les enfants ont rebaptisé le train fantôme « Peureux Maximoche ». Il semble que tu as des progrès à faire si un simple train de fête foraine peut te concurrencer. »
Clint s'était assis sur une souche pendant qu'il parlait, cherchant à retrouver un semblant de calme. Pietro, lui, resta obstinément debout.

« Attends, tu veux dire que vous y être aller ?
- Quoi, c'est pas toi qui nous as dit d'y aller sans toi ?
- Si mais... Vous n'êtes pas revenus à cause de moi quand même ?
- Non, non, ils y sont encore, ta sœur les surveille, répondit Clint en souriant.
- Mais toi tu es revenu... constata Pietro.
- Ouep.
- Pourquoi ? »
Le père de famille Barton se leva alors de sa souche et, désormais absolument sûr de lui, se planta devant l'aîné Maximoff avant de répondre.

« Pour dissoudre un énorme malentendu, annonça-t-il avec sérieux. Je n'ai pas peur de toi Pietro. Je n'ai peur ni de toi, ni de ta sœur, et je ne vous laissera pas vivre sous le même toit que mes enfants si je n'avais pas une confiance aveugle en vous deux. Ce que tu as vu tout à l'heure, c'était de la peur, je ne le nie pas. Mais tu as tout faux si tu crois que c'était une peur dirigée contre toi. J'étais effrayé, oui, mais seulement de moi-même. Et ton refus de nous accompagner m'a fais comprendre que je n'ai pas été totalement transparent ces derniers temps et que c'est probablement la raison de ton interprétation erronée de la situation.
- Eclaire-moi alors. » murmura Pietro, qui commençait à comprendre où tout cela allait les mener.
Et Clint fit un pas en avant.

« Il y a une chose que je n'ai pas dite. Que je ne t'ai pas dite. Ta sœur a deviné évidemment, elle me connait par cœur, c'est effrayant. Laura aussi a compris, mais je n'étais pas disposé à l'entendre d'elle. Natasha n'en parlons pas, c'est presque comme si elle avait tout compris avant même que ça n'arrive... Enfin, là où je veux en venir c'est que tu es très important pour moi et que, jusqu'à il y a encore quelques jours, je n'avais pas conscience du point auquel je tiens à toi. Quand j'ai su que tu étais toujours vivant, endormit sur cette île de malheur, c'était comme si un énorme poids avait enfin quitté mon corps et s'était envolé à tout jamais. C'est niais, je sais, mais c'est exactement ce que j'ai ressentit. La culpabilité et le doute étaient toujours là, mais la joie aussi. C'est quand je t'ai vu là, allongé dans ce lit d'hôpital, aussi froid qu'un cadavre mais bien vivant, que j'ai pris conscience à quel point tu m'avais manqué. J'étais tellement heureux que tu fasses à nouveau partie de ma vie. Et tout à l'heure, quand tu as décidé de ne pas venir par ma faute, j'ai vraiment cru que c'était fini, que tu allais partir avec Wanda et que je ne te reverrais plus. Et ça m'a mis en colère... »
Il s'interrompit une seconde pour observer l'expression confuse du Vif Argent.

« Ce que j'essaye de dire c'est que je crois que je ne pourrais plus vivre sans toi Pietro. Je sais qu'il y a le S.H.I.E.L.D et les missions, mais ce que je veux dire c'est que je ne veux pas que tu t'en ailles, jamais. Je veux me réveiller le matin et pouvoir sourire en pensant que derrière la porte, je te verrai en train de manger tranquillement. Je veux m'endormir le soir et savoir que tu es à côté de moi et que ça te rends heureux. Je ne peux pas exiger de toi que tu restes avec moi, je le sais, mais je voulais au moins que tu comprennes ça. Je n'aurai jamais peur de toi, Pietro Maximoff. Je suis trop amoureux de toi pour ça. »
Clint avait cessé de respirer pendant qu'il débitait sa tirade et ce n'est que lorsqu'il y mit un point final qu'il réalisa à quel point l'air lui manquait. Les yeux figés dans le vide, paralysé par la peur, il tremblait comme une feuille. Il en aurait rit s'il avait pu. De mémoire, jamais aucune mission ne lui avait inspiré une panique semblable. C'était fou ce que l'amour pouvait provoquer en lui. C'était un véritable ouragan de peur et d'espoir mêlés contre lequel il n'avait aucune chance de lutter, c'était comme un éclair qui le frappait en plein cœur. Comme un Vif Argent, aussi rapide et insaisissable.

Désormais que les mots avaient franchis ses lèvres, il se sentit cependant plus léger et il réalisa qu'il avait pris la bonne décision. Il comprenait enfin ce que Laura avait eu tant de mal à lui faire comprendre. L'intensité de ce qu'il ressentait en cet instant ne trouvait rien de comparable dans sa vie. Pas même avec elle. Un amour ressentit une fois et entretenu par la force de l'habitude.Et Clint comprenait enfin à quel point il avait eu tord de croire qu'une vie entière aux côtés de Laura les aurait satisfait tous les deux. Il était tellement reconnaissant d'avoir compris cela, qu'il oublia un instant de s'inquiéter de la réponse que Pietro ne manquerait pas de lui donner. Il releva d'ailleurs les yeux vers lui afin d'obtenir ne serait-ce qu'une réaction de sa part, mais le jeune Sokovar était figé, comme en débat avec lui-même. Il voulu s'approcher pour s'assurer qu'il allait bien, mais Pietro eu un mouvement de recul automatique qui le figea à son tour.

« Ah, je vois, réalisa-t-il alors. Il fallait s'y attendre, je ne suis qu'un vieux grincheux à deux doigts de la retraite, ce n'est certainement pas la vie qu'un jeune comme toi pourrait souhaiter. Je suis désolé si ça t'a choqué, c'est vrai que je n'ai pas vraiment réfléchit à ce que tu allais bien pouvoir en penser. J'avais juste besoin de le dire et de mettre les choses au clair. Tu n'es pas obligé de répondre quoi que ce soit, de toute façon je crois qu'on sait bien tous les deux ce que ta réaction signifie. C'est pas grave, je m'en remettrai... Maintenant que tout est dit, tu peux rejoindre ta sœur à la fête foraine, je pense que Cooper et Lila seront content que tu passes un peu de temps avec eux. »
Mais Pietro ne réagissait toujours pas et Clint posa une main sur son épaule pour le décoincer.

« Hey respire, c'est pas si grave. Un vieux vient de te déclarer son amour, y'a plus grave dans la vie. Genre, mourir. T'en sais quelque chose, pas vrai ? »
Mais une fois de plus, sa tentative d'humour mourut dans un ricanement qui dissimula mal son stress.

« Bon, je vais te laisser. Je crois que tu as besoin d'être seul un moment. Mais, si c'est ce qui te chagrine, rassure toi je n'ai pas l'intention de te jeter dehors parce que tu m'as rejeté. Je suis pas un monstre. Je ne te jetterai dehors que lorsque les vacances seront terminées. »
Puis, décidant finalement qu'il fallait qu'il se taise, Clint rebroussa chemin jusqu'à la maison et laissa Pietro seul au milieu de la forêt.

Arrivé dans le salon, il éprouva soudain le besoin de s'asseoir et jeta son dévolu sur le canapé. Il se laissa tomber sur les coussins usés puis, sentant les larmes lui monter aux yeux, il se laissa glisser le long du dossier jusqu'à se retrouver totalement allongé sur le canapé trop petit pour ses jambes. Un bras au dessus de ses yeux humides et la gorge nouée, Clint ne savait plus quoi ressentir ou quoi penser. La joie d'avoir enfin mis ses pensées et son cœur au clair lui donnait l'impression d'être à nouveau maître de son destin et prêt à affronter le monde entier, mais la douleur que provoquait le rejet silencieux de Pietro était tout aussi intense. A vrai dire, il n'avait pas espéré que le jeune homme lui retourne ses sentiments -c'était du domaine de l'impossible, mais sa non-réaction avait été la pire. Visiblement, Pietro était tellement à des années lumières de croire que Clint puisse l'aimer, que l'apprendre lui avait ôté tout comportement logique et l'avait laissé bloqué dans une stupeur et un effrois palpable.

Les larmes silencieuses de Clint coulaient sans plus pouvoir s'arrêter et l'envie de disparaître lui traversa l'esprit à plusieurs reprises. Mais comme à chaque fois, il fut interrompu par le retour inopiné de Wanda et des enfants. Les entendant sur le patio devant la porte, il s'essuya rapidement les yeux et se redressa avant qu'ils n'aient pu le voir dans cet état déplorable. Les enfants déboulèrent dans le salon en riant à gorge déployée, suivit de près par la Sorcière Rouge.

« Comment vous êtes rentrés ? demanda-t-il à la jeune femme.
- On a pris le bus et on a marché. Cooper voulait voir si la sucette magique que je lui ai achetée lui avait donné les pouvoirs de Pietro. D'ailleurs, il est où ?
- Oh, certainement à l'endroit où je l'ai laissé, toujours bloqué d'horreur au milieu de la forêt, sourit tristement Clint en se levant pour préparer le goûter de ses enfants.
- Bloqué d'horreur ? ricana Wanda sans comprendre. Qu'est-ce que tu as bien pu lui raconter ?
- Rien de bien sorcier, seulement la vérité. Mais il faut croire que Laura avait raison sur ce point aussi. Il n'y a que la vérité qui blesse.
- Qui blesse ? s'interrogea Wanda, perdue. Je comprends pas ce que tu dis. Tu lui as dit ce que tu ressentais ? demanda-t-elle en s'installant au bar avec Cooper et Lila.
- Oui, répondit simplement Clint en tartinant une tranche de pain avec de la confiture.
- Tu lui as dis que tu l'aimais ? insista-t-elle, pas plus soucieuse que ça de la présence des enfants.
- Oui ! s'emporta Clint. Ecoute c'est pas grave, je sais que j'ai eu raison de le faire. Qu'il m'ait rejeté n'est pas la question ici. C'est toi qui avait raison, je n'aurais pas dû baser ma décision sur sa réponse.
- Attends Clint, stop ! paniqua soudain Wanda. Est-ce que... Est-ce qu'il t'as clairement dit qu'il ne partageait pas tes sentiments ?
- Il n'a pas eu à le dire, ça s'est vu, répondit simplement l'archer en donnant un verre de jus d'orange à Lila. Et qu'il le dise ou non, qu'est-ce que ça change ?
- Mais ça change tout ! Tu n'as rien compris ! Retourne le voir !
- Laisse tomber Wanda, je voudrais essayer de passer à autre chose.
- Non ! hurla-t-elle. Je t'interdis de passer à autre chose ! Retourne le voir !
- Pourquoi !? s'énerva soudain Clint, faisant sursauter ses enfants qui suivaient l'échange sans clairement comprendre de quoi il retournait.
- Mais parce qu'il- ! »
Wanda n'eût pas l'occasion de terminer sa phrase car un flash bleu apparu soudain à la porte d'entrée et Pietro, paniqué, s'avança vers eux, pas vraiment sûr de ce qu'il faisait. Il fit un pas dans la maison, puis deux, et Clint resta bloqué à son tour dans un mouvement d'incertitude et de doute. Qu'essayait de lui faire comprendre Wanda ? Que devait-il conclure de l'expression incroyablement blessée et paniquée qu'arborait Pietro en cet instant ? Que devait-il faire de la tartine de Nutella qu'il avait dans les mains ? Etait-ce raisonnable de détourner le regard maintenant, alors que Pietro pouvait disparaître d'une seconde à l'autre ?

Un éternuement de Lila lui fit instinctivement baisser les yeux vers elle, mais alors qu'il tournait à peine la tête, un second flash éclaira le salon et en moins qu'il n'en fallu pour le dire, Pietro attrapa le visage de Clint entre ses mains et l'embrassa. Un hoquet de surprise s'éleva de la gorge de Lila, puis un « Oh » surpris sortit de la bouche de Cooper, et enfin, un rire amusé secoua le nez de Wanda, qui décida finalement de finir sa phrase.

« -t'aime, dit-elle avec un grand sourire. Parce qu'il t'aime, c'est ce que je voulais dire. »
Coincé entre les mains puissantes de Pietro, Clint était perdu. Les lèvres du Vif Argent étaient collées aux siennes, à la fois douces et piquantes. Son envie de pleurer lui repris de plus belle, mais la présence de ses enfants juste à côté le força à se retenir. Quand Pietro décolla enfin ses lèvres des siennes, tout ce que Clint aurait pu dire pour exprimer à quel point il ne comprenait plus ce qui était en train de se passer s'évapora comme neige au soleil, laissant son esprit absolument vide. Ses yeux restèrent plongés dans ceux de l'aîné Maximoff, attendant simplement qu'une explication d'origine divine vienne éclairer sa lanterne. Et comme à chaque fois, il trouva son salut dans les paroles de Wanda.

« Tu vois ? dit-elle en ricanant. C'est perturbant, hein ? Tu as tiré des conclusions hâtives du choc de Pietro mais tu fais pareil, regarde.
- Mais- tenta Clint, sans pouvoir penser à comment finir ce début de phrase.
- Je suis désolé ! »
Pietro avait enfin réussit à s'exprimer, à la surprise de Clint, qui n'en menait pas plus large que lui.

« Je suis désolé, repris Pietro. Je sais que ma réaction a été assez cruelle, c'est juste que... J'ai cru que tu te moquais de moi. Je sais, c'est stupide, et je réalise que jamais tu n'aurais fais ça, mais ces derniers temps j'ai eu pas mal de raisons d'être paranoïaque. J'arrivais pas à admettre que tu puisses m'aimer... Ça fait tellement longtemps que j'attends un signe de ta part, j'ai vraiment cru que c'était impossible. Du coup, je sais pas, j'étais tellement heureux que je crois que j'ai paniqué. »
Clint ne bougeait toujours pas. Ses yeux n'avaient pas quitté ceux de Pietro et, figé comme il l'avait été avant lui, l'archer comprenait enfin ce qui avait pu traverser son esprit dans la forêt : rien. Il était simplement là, comme un vieux robot bugué, hésitant entre son envie de rire et son envie de pleurer.

« Qu'est-ce qui se passe ? demanda Lila à Cooper dans un chuchotement.
- Papa et Pietro sont amoureux, répondit Cooper avec un naturel désarmant.
- Mais... Papa aime toujours Maman ?
- Ton papa et ta maman s'aiment toujours, intervint Wanda. Mais pas comme des amoureux. Ça arrive tu sais, mais ça ne veut pas dire qu'ils ne vous aiment plus. Ils sont toujours votre papa et votre maman. »
Et tandis qu'elle disait cela, Clint retrouva enfin ses esprits.

« Tu as cru que je me moquais de toi !? réalisa-t-il. Non mais j'y crois pas, à quel point as-tu confiance en moi !? Tu crois que ça a été facile pour moi d'admettre tout ça !?
- Désolé, c'est pas en toi que j'ai pas confiance, c'est en moi. Quel était le pourcentage de chance pour que tu me retournes mes sentiments ? Je crois que tu ne réalises pas l'improbabilité que toute cette histoire a à mes yeux. Il n'y a pas encore un mois tu avais même presque oublié qui j'étais et aujourd'hui tu m'annonces de but en blanc que tu m'aimes. Excuse-moi de douter quelques minutes de ce que j'entends. Ces derniers jours ne laissaient pas vraiment présager de ce que tu allais me dire... Non en fait, rien ne le laissait présager.
- Mais... Pourquoi tu n'as rien dit avant ? demanda Clint avant de trouver la réponse tout seul. Laura...
- C'était un peu compliqué d'imaginer qu'un homme marié allait me déclarer sa flamme.
- Oui, ça va, on a comprit, rougit alors l'archer. Pas besoin de le répéter à tout bout de champ.
- Oh ? Est-ce que c'est rougissement que je vois ? demanda alors Pietro en se rapprochant, retrouvant un peu du poil de la bête.
- Tu... Non ça n'en est pas. Ne t'approche pas de moi, recule.
- Tu es sûr ? J'ai pourtant bien l'impression que tu rougis, s'amusa Pietro en s'approchant encore.
- Venez les enfants, on va les laisser tranquille, chuchota Wanda à Cooper et Lila avant de les entraîner avec elle à l'étage.
- Pietro arrête, dit Clint en tournant la tête dans l'espoir qu'il abandonne.
- Que j'arrête quoi ? Je ne fais rien.
- Arrête de t'approcher, laisse-moi tranquille.
- Ma proximité te dérange ? insista Pietro en attrapant délicatement la mâchoire de Clint pour le forcer à lui faire face. C'est pour ça que tu rougis ?
- Je ne rougis pas ! » s'énerva soudain l'archer.
Mais Pietro profita de cette ouverture pour poser à nouveau ses lèvres sur celles de Clint. Cadenassant ses bras autour de sa taille pour s'approcher davantage de lui, il glissa sa langue à la rencontre de la sienne et l'embrassa amoureusement dans l'espoir de lui transmettre toutes les émotions conflictuelles qu'il faisait naitre en lui depuis des semaines. Ils restèrent là, seuls au milieu de la cuisine, s'embrassant sans voir le temps passer ni remarquer l'absence de Wanda et des enfants. Ça ne dura que quelques secondes, pourtant Clint eût le sentiment que ça avait duré des heures. Leurs lèvres se détachèrent doucement et quelques larmes se mirent à couler le long du visage de Pietro. Clint glissa ses pouces sur ses joues pour les effacer et soupira d'un apaisement qu'il n'avait plus ressentit depuis la guerre de Sokovie.

« Faut le dire si j'embrasse si mal que ça, rit-il.
- Pardon, c'est juste que je suis heureux.
- Donc ça existe vraiment, les larmes de bonheur, s'amusa Clint.
- Ouais, je croyais que c'était un mythe aussi, admit Pietro en continuant à pleurer.
- Crétin, répondit l'archer en prenant le jeune homme dans ses bras.
- Hey t'as plus le droit de m'insulter, t'as dis que tu m'aimais ! s'offusqua le Vif Argent.
- C'est là que tu te trompes, ça me donne le droit de t'insulter encore plus souvent.
- Clint...
- Mmm ?
- Je t'aime. »

Et l'Avenger, pas encore très sûr d'avoir le courage de confesser ses sentiments à nouveau, préféra lui répondre dans un baiser.


EPILOGUE


« Gâteau ! Gâteau ! »
Assis sur la banquette arrière de la voiture, chacun d'un côté du siège de Nathaniel, Cooper et Lila gesticulaient sans cesse en scandant le mot « gâteau » comme si ils espéraient qu'un gâteau apparaisse devant eux s'ils parvenaient à le dire avec assez de volonté. Clint, au volant, les observait dans le rétroviseur intérieur, amusé.

« Qu'est-ce qui leur arrive ? Ils sont obsédés par les gâteaux depuis qu'ils sont debout.
- C'est de ma faute, répondit Wanda, assise à la place du passager. Lila voulait savoir ce qu'était une pièce montée alors je lui ai montré des exemples sur Google image. Maintenant ils n'attendent plus qu'une chose, c'est de goûter au gâteau.
- Et tu leur à dit qu'on ne découpait le gâteau qu'à la fin de la cérémonie ? s'amusa le père de famille.
- Non, mais je crois que le buffet à volonté saura les faire patienter un peu, sourit la jeune femme à son tour.
- Papa ! Quand est-ce qu'on arrive ? demanda alors Cooper, dont l'impatience grandissait de minutes en minutes.
- Dans cinq minutes Coop, dans cinq minutes. »
Et effectivement, à peine cinq minutes plus tard, Clint engageait la voiture dans un petit parking de campagne situé à deux pas d'une charmante petite église. Cooper et Lila furent les premiers à sortir de la voiture, comme possédés par l'esprit d'un gâteau démoniaque.

« Calmez-vous les enfants, le gâteau ça sera pour plus tard. D'abord on va aller voir Maman et lui dire bonjour. »
Quelques secondes à peine plus tard, un flash bleu les éblouit et Pietro apparu face à eux, à peine essoufflé par sa course.

« Pietro ! On t'a doublé ! s'amusa Cooper.
- Ouais mais vous trichez, vous avez un GPS, sourit le Vif-Argent.
- Je crois qu'il va vraiment falloir qu'on investisse dans une voiture plus grande, ricana Clint en s'approchant de lui pour tenter de remettre ses cheveux en ordre. Sérieusement, ajouta-t-il en chuchotant. Qu'est-ce qui t'as pris autant de temps ?
- A mi-chemin j'ai eu faim alors je me suis arrêté dans un fast-food pour manger quelques burgers, sourit Pietro alors que Wanda s'éloignait déjà vers l'église avec les enfants et la poussette de Nathaniel.
- Crétin, s'amusa Clint en le frappant légèrement au bras.
- Arrête, tu me trouves irrésistible.
- Ça n'empêche pas que tu sois un crétin. Un crétin irrésistible et gaulé comme un foutu dieu grec, mais un crétin quand même.
- Hey ! Je suis mieux foutu qu'un dieu grec !
- C'est ça, et il a avalé combien de burger l'Apollon des temps modernes ?
- Quatorze... »
Clint laissa le fou rire qu'il retenait depuis quelques secondes éclater au milieu du parking. Pietro était décidément un phénomène irremplaçable.

« Quoi, j'ai dis un truc drôle ? questionna le jeune Sokovar, perdu devant l'hilarité de son compagnon.
- Aaaaah Pietro... La vie serait bien moins drôle sans toi, répondit l'archer, la larme à l'oeil. Aller viens te rincer le visage. Je suis pas sûr que Laura apprécie que tu sentes l'huile de friture à son mariage. »
Après leur passage éclair aux toilettes et quelques poignées de main avec les invités qui étaient déjà arrivés, les deux Avengers se dirigèrent vers la petite salle attenante à l'église où Laura, ses parents, Wanda, et Natasha les attendaient.

« Clint, Pietro ! s'exclama Natasha en les voyant. Vous m'avez manqué depuis hier ! Vous êtes magnifiques, regardez-vous. Tu as couru jusqu'ici dans cette tenue ? demanda-t-elle à Pietro.
- C'est un costume spécial conçu par Banner et Tony. Il résiste à la friction.
- Ah ouais, j'en ai un aussi. Un costume pare-balle. Il ne m'a jamais beaucoup servi, étonnement...
- Bonjour Clint, dit alors madame Hardman, qui n'avait toujours pas digéré la façon dont l'archer les avait mis à la porte la dernière fois qu'ils s'étaient vus.
- Bonjour, répondit l'archer poliment. Comment allez-vous depuis la dernière fois ?
- Et bien beaucoup mieux ! Sachez que nous sommes on-ne-peut-plus heureux que ce mariage ait lieu.
- Ça nous fait enfin un point commun alors, vous voyez qu'on arrive à s'entendre finalement ! » ricana-t-il.
Et la vieille femme grogna de mécontentement lorsque Clint décida de l'ignorer.

« Salut les garçons, la route a été facile à trouver ? » intervint soudain Laura, qui était assise devant une petite coiffeuse en bois.
Clint et Pietro levèrent les yeux vers elle pour la saluer mais eurent tous les deux le souffle coupé en l'observant avec plus d'attention. Elle était absolument superbe dans sa longue robe blanche et les cheveux coiffés en un chignon déstructuré garnit des fleurs jaunes.

« Ouah Laura tu es... absolument magnifique, laissa échapper Clint.
- Vous avez de regrets ? Et bien tant pis pour vous ! tenta de cracher madame Hardman, mais elle fut ignorée à nouveau.
- Merci, dit alors Laura. Natasha a fait des merveilles avec ses pinceaux. C'est encore mieux réussit que le jour de notre mariage.
- Et oui, dit Natasha. Ça paye d'être une espionne internationale, on développe des talents pour le maquillage et la comédie.
- Comment va le futur marié, demanda alors Pietro. Pas trop le trac ?
- Il est probablement en pleine crise de panique dans un endroit sombre, rit Laura. Mais tout se passera bien, je sais que c'est le bon.
- Je suis content pour toi Laura, sincèrement, confessa Clint dans un sourire tendre.
- Merci. C'est important pour moi que vous soyez tous là. Vous êtes ma famille. Ma grande et étrange famille. » sourit-elle.
Soudain, un son de cloche résonna dans l'église et Wanda, qui observait les invités entrer par la porte, se tourna vers eux.

« Ils sont tous installés, ça va commencer. Le prêtre arrive.
- Bon on va aller s'installer aussi, décida Natasha. Vous venez madame Hardman ? On laisse votre mari prendre le relais. »
Et tandis que le prêtre entrait dans la pièce, ils sortirent tous un par un pour rejoindre leurs sièges, à l'avant de la salle, aux places réservées à la famille.

« Pietro attends, le retint soudain Laura alors que tout le monde était déjà loin. Je réalise qu'on a pas beaucoup eu l'occasion de discuter toi et moi après tout ce qui s'est passé dans nos vies ces derniers mois. Je voulais que tu saches à quel point je suis heureuse que Clint ait trouvé le bonheur à tes côtés. Tu es un garçon formidable et sache que je n'ai pas l'ombre d'un sentiment négatif à ton égard. Comme tu peux le voir, je serai très mal placée pour jalouser une relation passée. Je suis ravie pour vous deux et je sais que tu le rendras heureux. Et puis les enfants t'adorent alors je ne peux pas lutter contre ça, pas vrai ? sourit-elle. Vraiment, merci d'être là pour lui, tu n'imagines ce que ça représente pour moi et pour les enfants.
- Laura...
- Aller, va t'asseoir maintenant, oust ! dit-elle, à deux doigts de pleurer. C'est mon mariage, alors n'essaye pas de me voler la vedette. Je ne me laisserai pas faire cette fois ! »
Et dans un sourire radieux, elle lui plaqua un baiser sur la joue avant de le pousser vers la porte. Il marcha donc vers sa place, observé par les autres invités, et étrangement chamboulé par ce que Laura venait de lui avouer. Quand il vint finalement s'asseoir entre Clint et Wanda, l'émotion lui avait noué la gorge.

« Hey, ça va ? demanda Clint en voyant son expression émue.
- Ça va, je réfléchissais simplement.
- Et quel genre de réflexion peut bien te mettre dans un état pareil ?
- J'étais en train de me demander comment tu avais pu quitter une femme aussi formidable que Laura. » dit-il alors que la musique commençait à s'élever dans l'église.
Un sourire barra alors le visage de Clint et il se pencha vers son voisin pour lui chuchoter à l'oreille.

« Figure-toi qu'un petit con supersonique est entré dans ma vie et s'est fait une joie d'y foutre le bordel. Mais rassure-toi, j'ai prévu de me venger.
- Ah ? sourit Pietro. Et qu'est-ce que tu prévois de lui faire subir ?
- J'avais pensé commencer par une séquestration à vie, histoire de l'avoir à l'oeil à toute heure de la journée.
- Oh, t'as pas peur qu'il développe un syndrome de Stockholm ?
- Mmm, c'est un peu l'idée, oui. »
Dans l'allée centrale, Laura s'avançait enfin, au bras de son père et suivie de près par ses trois enfants, jusqu'à l'homme avec qui elle avait choisit de passer le reste de sa vie. Arrivée au pied des marches, elle laissa ses yeux vagabonder quelques secondes sur l'assistance et ce qu'elle vit la fit sourire davantage si c'était possible. Intrigué, son fiancé tourna les yeux à son tour et vit ce qui l'amusait tant.

Assis à seulement quelques mètres de la mariée, son ex-mari et son compagnon s'embrassaient tendrement, comme si rien autour d'eux n'existait plus.


Et voilà ! Cette fanfiction est officiellement et définitivement terminée !
J'espère que cette fin aura été à la hauteur de l'histoire.
En tout cas, merci pour votre soutient et vos reviews super touchantes.

J'vous aime~