Bonjours mes louloups!

Me revoilà pour une histoire qui devait être un OS et qui s'est transformée en Two Shot.

J'espère que l'idée vous séduira. Je ne vais pas m'étendre en blabla si ce n'est que je ne suis pas en train de vous lâcher, je travail d'arrache pied pour vous offrir des choses intéressante et diverse à lire. ET terminé! Bref!

Merci A Sham et Calliope (que j'ai officiellement adopter avec moi) je vous adore, Merci pour votre dur travail, tout le temps et l'attention que vous portez à tout cela. L'histoire ne serais pas autant aboutie sans elles sachez le!

Il est tard pour moi, mes petits yeux se ferment seuls, je vais me coucher.

Bonne lecture!


Partie1

La douleur n'est pas celle qui sert ton affliction


_ Stiles ! Qu'est-ce que tu fous ! cria Derek qui essayait vaillamment d'éviter les projectiles que lui envoyait le Darach en colère.

La tempête faisait rage, Stiles avait du mal à maintenir son grimoire ouvert en cherchant le bon sort. Les pages virevoltaient d'un sens à l'autre tandis que la pluie battait les feuilles jaunies par le temps. L'émissaire faisait tout pour garder son calme et sa concentration alors que Derek avait de plus en plus de mal à tenir la distance. Leur ennemi gagnait du terrain et Stiles se faisait violence pour ne pas se laisser envahir par la panique. Scott était étendu un peu plus loin, mortellement blessé. Il devait faire vite, mais Derek ne faisait rien pour le détendre, bien au contraire. Il se lécha les lèvres dans un réflexe incertain et entendit le loup lui grogner dessus de nouveau.

_ J'aimerais bien t'y voir ! La dernière fois qu'on a eu affaire à une de ces merdes sombres c'était il y a plus de dix ans ! Et Julia n'avait pas réussi le sacrifice jusqu'au bout, elle !

Dieu sait qu'il aurait aimé être partout sauf ici. Pour une fois que les ennuis ne venaient pas à Beacon Hills, ils n'avaient rien trouvé de mieux que de venir à eux. Los Angeles, Stiles pouvait dire sans crainte qu'il détestait cette ville encore plus que son village natal paumé. Peut-être était-ce parce que dans sa petite bourgade le moindre crime ne passait pas inaperçu et qu'il était facile de relier 2 et 2. Mais dans une ville comme celle-ci, les quinze sacrifices nécessaires à l'immunité de la saloperie inhumaine étaient restés imperceptibles. Rendant la mission que leur avait confiée Alan bien plus complexe que prévue. Sans parler du fait que leur ennemi comptait sur la venue de leur alpha pour asseoir sa puissance, en en ingérant le plus possible. Disons ce qui est, pour ce genre de goinfre, Scott était un mets de choix.

_ Je l'ai ! Je l'ai ! Ferme le cercle ! cria l'hyperactif à travers la tempête.

Derek se recula et jeta une dernière traînée de sorbier pour enfermer la créature sombre à l'intérieur. Stiles tenait fermement le vieux grimoire et se mit à tourner tout autour du cercle en psalmodiant des incantations incompréhensibles pour le loup, il sortait des herbes, quelques préparations de son cru, des objets appartenant au victimes, ainsi que quelque pierres pour les ajouter au pentagramme qu'il était en train de former. Les courants telluriques se décharnaient de plus en plus, ne sachant plus à qui prêter allégeance. Bientôt l'émissaire s'arrêta et brisa le cercle, bondit presque sur son antagoniste pour le clouer au sol. Il sortit une racine du Nemeton de son sac avec laquelle il lia les mains du Darach, dessina des runes anciennes en cinq points cardinaux et le força à boire une décoction de son cru qu'il savait infecte.

_ Derek ! Viens m'aider ! cria l'hyperactif alors que la tempête se calmait de plus en plus.

Le loup réagit au quart de tour, il se mit à courir vers le druide et se laissa glisser sur le sol pour arriver près de lui et de leur nouveau prisonnier.

_ Qu'est-ce que je dois faire ?

_ Il a encore tous ses pouvoirs, je vais devoir récupérer la racine et faire une incision au niveau d'Ajnâ pour la planter. Il va tenter de se libérer.

Le loup hocha la tête une expression soucieuse inscrite sur le visage. Lui aussi savait qu'ils devaient faire vite pour pouvoir sauver Scott. Stiles décompta de trois à zéro, retirant rapidement la racine qui le contraignait, mais le druide sombre parvint à lui attraper le petit doigt et marmonnant une incantation. Le loup avait tout de même réussi à astreindre l'homme avant qu'il n'ait le temps de se libérer de leur emprise et Stiles prit le couteau de son ceinturon pour faire une entaille juste entre ses deux sourcils. Il planta la racine et bientôt l'homme se retrouva dépourvu de toute étincelle tellurique, sa mémoire avec.

Derek se chargea de le menotter tandis que Stiles se levait pour accourir auprès de son Alpha. Il pestait contre Scott qui était incapable de sortir d'un combat sans se blesser. Il était inquiet. Il lui prodigua quelques soins rudimentaires pour arrêter l'hémorragie qui n'en finissait plus et ils l'emmenèrent dans leur hôtel pour le soigner plus concrètement. Leur prisonnier de fortune était complètement perdu, et plus encore quand le loup le confia aux autorités compétentes. Pendant ce temps, Stiles, lui, attendait patiemment que son ami se réveille. Le veillant bien plus que de raison. Il dormait simplement. Mais quelque chose de brisé en Stiles n'avait de cesse de lui rappeler que perdre quelqu'un arrivait bien trop facilement. Ils n'étaient partis que tous les trois, ne s'inquiétant pas outre mesure quant à la conclusion de leur aventure. Peut-être auraient-ils dû ? Lydia avait pourtant insisté. Et plus le temps s'égrainait à regarder son loup de frère endormi dans ce lit miteux d'hôtel bon marché plus il se sentait glacé. Une douleur lancinante et aiguë commençait à enfler dans sa tête et dans sa cage thoracique. Il n'avait pas fermé l'œil depuis plusieurs jours. Il se doutait bien que son corps était en train de lui lancer des signaux d'alerte maintenant que le danger était écarté.

Il redressa la tête soudainement.

Derek venait de poser sa main sur son épaule et toute douleur s'était écartée de sa personne. Il regarda son coéquipier et lui souffla un merci du bout des lèvres avant de s'évanouir d'épuisement.


OoO


Quand il se réveilla, il était allongé sur l'une des vieilles couches de la chambre, sa tête était sifflante et tambourinante, comme prise dans un étau. Il se sentait nauséeux et sa vision n'arrivait pas à se fixer correctement. La pièce tanguait dangereusement autour de lui et il se passa une main sur le visage pour essayer de reprendre la maîtrise de son corps.

_ Oh, tu es réveillé, constata Derek qui venait de sortir de la salle de bain.

_ Que s'est-il passé ? demanda le druide, la voix croassante.

Derek entra franchement dans la chambre, une serviette autour de la taille, il cherchait des vêtements propres dans la petite commode de fortune mise à leur disposition. Il ne trouva pas utile de répondre tout de suite, ce qui avait le don d'énerver Stiles habituellement, mais ce dernier se sentait tellement mal que sa tête le lançait dès qu'il se concentrait un peu sur les paroles du loup, aussi fut-il reconnaissant que celui-ci prenne son temps pour trouver les mots justes. Le bêta finit de s'habiller avant de rejoindre Stiles sur une chaise à côté de son lit. La douleur s'estompait au fil du temps. Le druide arrivait à regarder le loup sans sentir son estomac en pleine protestation. Et quand ce dernier posa une main sur son front, les sourcils froncés d'inquiétude, la douleur déflua totalement. L'hyperactif était content de côtoyer des loups-garous dans des instants comme celui-là.

_ Merci, souffla-t-il soulagé de sentir ce retour à la normale tant attendu.

Les sourcils de Derek se froncèrent davantage.

_ Merci pour quoi ? interrogea-t-il la voix rugueuse.

_ Pour la douleur, répondit le druide en fermant les yeux de bien-être, n'ayant pas conscience de l'état d'alerte dans lequel il avait plongé son coéquipier.

_ Stiles...

_ J'espère que ça va vite passer. Tu ne vas pas faire ça à chaque fois, commenta l'hyperactif insouciant.

Derek réfléchit un instant. Peut-être avait-il soutiré la douleur de l'émissaire de leur meute sans s'en apercevoir. Il y avait tant de choses fantasques dans leur vie, ce ne serait pas la première exception à la règle, ni la dernière. Il est vrai que depuis quelques jours, il ressentait lui aussi une sorte de désagrément ténu et entêtant qui ne s'évaporait que lorsqu'il était proche de l'hyperactif. Il n'y avait pas vraiment fait attention jusqu'à maintenant. Maintenant que le druide mettait le doigt sur cette anormalité. Il ne savait pas comment l'interpréter.

_ Comment va Scott ? rebondit Stiles qui supportait mal ce silence entre eux.

_ Il s'est réveillé deux jours après que tu t'es évanoui.

_ Merde... J'ai dormi combien de temps ? gémit le druide dépité.

_ Cinq jours.

Stiles se redressa brusquement sur le lit, surprenant par cette opération, le loup face à lui. Il tourna sèchement la tête vers son camarade d'infortune, la mine complètement défaite par l'incrédulité et le désarroi.

_ Cinq jours ! cria-t-il abasourdi.

La porte s'ouvrit dans une envolée de poussières. Même Stiles qui n'était qu'humain pouvait les voir virevolter dans l'air, visibles grâce à la faible lumière du crépuscule qui filtrait la pièce pour offrir à ses occupants le spectacle désastreux du délabrement avancé de la bâtisse et plus particulièrement de leur chambre aux couleurs douteuses. Mais le druide ne poussa pas plus avant son analyse car il venait de réceptionner un poids nerveux et rigide de muscles sur son faible corps épuisé et endolori par leur dernière mésaventure.

_ Scooott, moi aussi je t'aime, mais je n'ai pas ta capacité de récupération, buddy.

L'alpha se fit moins pesant sur son ami et se redressa légèrement pour examiner l'hyperactif de tout son saoul, s'assurant par cette manœuvre que ses jours n'étaient pas en danger. Une fois son inspection terminée, il se pencha de nouveau sur l'humain de leur meute dans une étreinte fraternelle et rassurante pour tous deux.

_ Tu vas bien, souffla Scott soulagé.

_ C'est plutôt à moi de te dire ça, tu nous as fait une sacrée frayeur. J'ai cru que je ne réussirais pas à te sauver cette fois. Tu avais perdu tellement de sang, expliqua Stiles avec une voix spectrale.

_ Mais tu l'as fait. Tu m'as sauvé et je suis totalement guéri maintenant alors, arrête de t'inquiéter, j'ai plus de raisons de m'en faire que toi.

Le ton de Scott était léger mais au lieu de calmer Stiles, cela ne l'énerva que davantage.

_ Non Scott ! J'aimerais vraiment que tu arrêtes de te jeter dans la gueule du loup comme si tu étais un foutu indestructible ! Tu n'es pas immortel au cas où tu l'aurais oublié et il va arriver un jour, où, à force d'insouciance, je ne pourrai que pleurer sur ton corps défait ! s'impatienta le jeune druide.

Scott, loin de se sentir penaud, se mit à gronder contre son émissaire, visiblement contrarié par cet éclat.

_ Très bien, j'arrêterai le jour où tu n'oublieras pas que tu n'es qu'un humain qui ne peut pas se régénérer à la vitesse de la lumière et qui risque sa vie, chaque fois qu'il part combattre des êtres plus surnaturels les uns que les autres ! cracha Scott en représailles.

_ Tu...

_ Stop ! intervint Derek, coupant court à leur dispute infantile. Vous êtes tous les deux des abrutis inconscients et vous l'avez toujours été. Il va falloir apprendre à vivre avec parce qu'aucun de vous n'est prêt à changer ça. On a tous appris à le faire. Il est temps de passer le cap !

Les deux amis se regardèrent en chiens de faïence encore quelques instants avant qu'ils ne s'adoucissent et finissent par reprendre leur étreinte pleine de rires et de soulagement. Derek soupira, se sentant de trop et ne supportant guère ce débordement d'amour qui lui était pour le moins étranger. Il décida donc de partir pour acheter de quoi manger. Il se redressa, quitta la chaise sur laquelle il était installé et se dirigea vers la porte encore ouverte. Il commença à traverser le couloir quand il sentit doucement sa tête le lancer. Au départ, la douleur n'était que légère mais plus il s'éloignait de la chambre et plus il avait l'impression qu'un marteau piqueur avait pris place dans son crâne. Ce qui finit de l'alerter fut quand Scott, l'appela, complètement affolé. Il tenta d'ignorer sa propre souffrance pour rejoindre son Alpha. Étrangement, plus ses pas le menaient vers leur chambre et moins elle se faisait présente. Quand il rentra de nouveau à l'intérieur, elle avait presque disparu mais Stiles, lui, présentait des difficultés à respirer et il n'avait pas besoin de sentir ses effluves chimiques pour savoir qu'il souffrait vraiment d'un mal dont ils ignoraient tout.

_ Que lui arrive-t-il ? demanda Derek en s'approchant plus près des deux jeunes gens.

_ Je ne sais pas, tu es parti et il a commencé à avoir mal partout, il s'est mis à transpirer et gémir tant il était mal. Mais ça s'est un peu calmé.

_ Tu lui en as pris ?

_ Non, je n'y arrive pas, je ne sais pas ce que c'est, mais c'est hors de nos compétences.

_ On doit vite rentrer pour trouver Deaton, il doit bien savoir quelque chose.

Derek se pencha sur le jeune émissaire et Scott s'écarta pour lui laisser de la place afin qu'il l'examine. Il posa une main sur le front de l'hyperactif et celui-ci soupira de soulagement à son contact, s'appuyant davantage contre cette grande main calleuse et chaude qui l'apaisait dans sa tourmente. Dans un élan instinctif, le druide tira le loup à lui pour le plaquer davantage contre lui. D'abord surpris, le bêta se laissa guider, voulant voir ce que l'humain souhaitait faire, puis il tenta de s'écarter un peu de cette étreinte inconfortable.

_ Non, reste... ça fait du bien quand tu es là, gémit Stiles dans le brouillard cotonneux de son étrange pathologie.

Derek lança une œillade alarmée à Scott dans un besoin évident de pouvoir s'échapper de toute cette affection abusive et inconvenante mais celui-ci ne lui renvoya qu'un regard dur. Il avait une solution temporaire pour soulager son frère de cœur et il n'allait pas laisser son bêta s'échapper alors qu'il ne savait pas encore si son ami était en danger ou non.

_ D'accord, capitula l'aîné en attrapant le corps mou de l'humain envahissant pour se caler plus confortablement dans le lit mourant. Stiles se lova davantage contre son comparse et Derek se crispa à son contact, mais force était de constater que de cette manière, il serait plus simple d'emporter avec lui le jeune druide sans se décoller un seul instant de son corps meurtri.

_ Je m'occupe des valises, je vais chercher la voiture, je charge la voiture et toi en attendant tu t'occupes de lui.

Scott s'interrompit dans ses directives. Les deux loups venaient de reporter leur attention vers l'humain qui venait de gazouiller joyeusement dans les bras musclés et encore tendus du bêta mal à l'aise. Scott décida qu'il était inutile de continuer de discuter et s'activa pour partir le plus rapidement possible. Il espérait sincèrement que Deaton aurait une solution à leur apporter. Vingt minutes plus tard, les trois hommes étaient installés dans la voiture, prêts pour les kilomètres à parcourir et Scott pria pour faire un voyage sans pause.

Le lendemain matin, ce fut harassés et défaits qu'ils arrivèrent dans la clinique vétérinaire de l'ancien émissaire. Si Scott était épuisé par le trajet et son inquiétude latente pour Stiles, Derek, lui, l'était nerveusement. Sentir le toucher aérien et le souffle chaud de l'hyperactif l'avait tendu comme un arc. Il avait grincé des dents tout le voyage durant. Alan, qui avait été mis au courant des nouvelles conditions du jeune druide se tenait prêt à leur ouvrir depuis maintenant une heure. Il avait fait beaucoup de recherches la veille mais force était de constater que Stiles était plus doué que lui quand il était question d'investigations quelconques.

Ils déposèrent Stiles sur la table d'auscultation et au grand soulagement de Derek, il n'eut aucune réaction lorsque le bêta s'éloigna. Après une lourde analyse et quelques échantillons de sang prélevés, le vétérinaire était toujours incapable de donner un diagnostic aux deux autres membres de la meute. Rien d'anormal n'apparaissait chez le druide endormi. Plusieurs tests plus tard, Derek put rentrer chez lui sans crainte de voir l'hyperactif se réveiller pour se tordre de douleur. Quand il arriva au loft, il se laissa tomber dans son grand lit pour dormir du sommeil du juste, plus éreinté qu'il ne l'avait soupçonné. Scott, qui était resté avec son meilleur ami le veilla jusqu'à son réveil, prêt à le ramener auprès de son bêta si besoin. Il se rongeait les griffes d'inquiétude. Il ne voulait pas perdre son frère. Mais quand Stiles ouvrit un œil, tout allait bien. Il se sentait reposé et agréablement bien. Il ne parut jamais aussi serein et attentif qu'en ce jour. Comme si Stiles avait pris un bain dans une eau assainissante et revigorante. Il regarda son mentor et son alpha, hilare. La tête que lui offraient ces deux-là l'avait fait se plier de rire sur la table en acier inoxydable. Alan ne consentit à le laisser partir, qu'après une dernière auscultation. Scott, lui, insista pour conduire la Jeep et une fois arrivés à la maison Stilinski, il assomma le shérif d'instructions pour s'assurer de la bonne santé du dernier héritier de cette lignée. Si Stiles avait trouvé amusantes, puis touchantes les inquiétudes de chacun, maintenant il s'en agaçait sérieusement. Il avait flanqué l'alpha à la porte de chez son père à grand renfort de sortilèges et de magie. Il rugit face au regard interrogateur de son père et partit sans un au revoir pour rejoindre son petit studio en ville. Il n'était certainement pas à l'article de la mort et il refusait de se laisser ballotter de bras en bras jusqu'à ce qu'ils trouvent une solution miracle à son rien du tout passager.


OoO


Cinq jours plus tard, cette histoire complètement oubliée, Stiles se réveilla avec des maux de ventre et une douleur légère au crâne. Il sentait son corps comme ankylosé par quelque chose dont il ignorait tout. Il avait revu Scott entre temps. Lydia était venue lui rendre visite et chacun avait pu constater que son état était loin d'être le même qu'à Los Angeles, mais il n'avait pas revu Derek. Isaac lui avait soufflé, quand ils étaient partis prendre un café latte sur une terrasse ensoleillée, que Derek semblait vouloir faire corps avec son nouvel esprit marmotte. L'hibernation n'était pourtant pas de saison. Mais depuis son retour de la ville aux anges déchus, il ne faisait que sommeiller profondément quand il ne se réveillait pas pour vider les placards de leur victuailles et repartir dormir comme un bienheureux.

Il finit par passer à la salle de bain où il attrapa un stick mentholé pour se le passer sur ses tempes endolories. Il fut soulagé quelques minutes avant que la douleur ne reflue, plus grande encore. Il finit par tomber au sol, la respiration sifflante, un marteau-piqueur bien présent contre ses tempes et ses tripes tordues par un mal on ne peut plus grinçant. Il glapissait de douleur et il pouvait sentir quelques perles de transpiration se former sur son front. Il grogna contre l'intrus qui le dérangeait dans son mal-être, mais il trouva tout de même la force de se traîner jusqu'à la porte.

_ Stiles ! C'est Malia ! Scott m'envoie ! Derek va très mal, on a besoin de toi ! criait la coyote à travers la cloison de bois tandis que Stiles tentait de tourner le verrou malgré ses tremblements et sa vision trouble.

La jeune Hale finit par pouvoir mettre les pieds dans le studio exigu de l'émissaire et fondit sur lui pour l'aider à se redresser.

_ Stiles ! Mon Dieu ! Mais qu'est-ce que vous avez tous les deux ? geignit Malia en lui attrapant le visage pour constater que son état n'était pas vraiment enviable.

_ Ça va Malia, ça va, c'est supportable, c'est moins douloureux qu'à l'hôtel. Je peux venir avec toi, gémit Stiles.

_ Tu plaisantes ou quoi ? Tu trembles de douleur, tu restes ici pour te reposer, on va se débrouiller sans toi.

_ Non, non, Malia, emmène-moi voir Derek, c'est important. J'ai bien peur que nous en mourions si nous ne nous retrouvons pas rapidement.

Malia avait une mine soucieuse, mais elle capitula malgré tout et traîna son émissaire jusqu'à sa voiture. Elle conduisit drôlement perturbée par l'état de son ami mais plus encore par celui de son cousin qui l'avait réveillé à grand renfort de rugissements et grognements douloureux à faire trembler les murs de la bâtisse. A mesure que les kilomètres s'amoindrissaient, Stiles reprenait des couleurs et elle en soupira de soulagement, il sentait de moins en moins la souffrance à plein nez. Quand ils arrivèrent à destination, Stiles n'eut pas besoin de l'aide de Malia pour se diriger jusque chez le loup malade. Il n'était pas encore en très grande forme mais il pouvait se déplacer sans difficulté ce qui était déjà en soi un bon début. La coyote se conforta dans l'idée qu'elle avait bien fait d'écouter le druide. Avant même qu'il ne pénètre à l'intérieur du loft, il pouvait entendre les grondements tonitruants du bêta souffrant. Malia ouvrit la grande porte rocailleuse dans un bruit de métal grinçant et Scott et Isaac se tournèrent comme un seul homme vers les deux arrivants.

_ Stiles ! Dieu merci, tu es là, s'exclama l'alpha soulagé.

_ Ne sois pas si rassuré, il était dans un état pitoyable quand je suis allée le chercher. Il a demandé à voir Derek. Étrangement, il va de mieux en mieux à mesure qu'il s'approche.

_ Stiles ? demanda Scott inquiet.

_ Je te promets que j'étudierai le problème plus tard. En attendant, je dois m'occuper de Derek, s'il ressent la même douleur que celle que j'ai éprouvée à Los Angeles, je t'assure que je dois agir et très vite.

_ Mais !

_ Scott, s'il te plaît. Ne discute pas, laisse-moi faire. Je n'ai pas besoin de vous. Vous pouvez partir. Je vous appellerai quand il ira mieux.

Stiles s'était approché le plus possible du loup sans pour autant entrer dans son espace vital, le temps de pouvoir mettre tout le monde à la porte tout en calmant au maximum l'état désastreux du bêta face à lui. Les loups partirent de mauvaise grâce, lançant quelques coups d'œil à Derek, gémissant dans le lit. Et bientôt, tous disparurent derrière la porte lourde du grand loft. Stiles attendit quelques minutes et se décida enfin à se pencher au-dessus du bêta pour observer l'étendue des dégâts. Il se décida seulement à poser une main sur sa joue rugueuse quand Derek recommença à geindre d'inconfort. Ce dernier se détendit légèrement et glapit quand Stiles commença à retirer sa main, l'attrapant au vol pour attirer l'homme contre lui dans un élan évident de soulagement.

Derek n'en pouvait plus de cette douleur déchirante. C'était pire que tout ce qu'il avait connu jusqu'alors. Et là, la présence du nouveau venu à ses côtés lui faisait un bien fou. Il avait envie, non, le besoin de l'avoir contre lui. Dans un état de semi-conscience, il attira cette personne dans le lit pour la bloquer sous son corps lourd et nerveux. Cette personne sentait terriblement bon. Il s'en aperçut seulement quand il déposa son nez dans le creux de son cou, à la naissance de son cuir chevelu, il caressa le doux duvet de la pulpe de ses doigts, sentant sous ces derniers le derme se soulever au contact aérien. Cela déclencha un petit rire chez l'autre et il trouva derechef que ce son résonnait merveilleusement à ses oreilles. Il laissa glisser ses doigts le long de la peau veloutée et les remonta pour retracer la ligne de la mâchoire face à lui. Elle était rugueuse par endroits mais l'homme était rasé de près.

Sa vision était toujours floue et ses sens engourdis mais son mal semblait s'évaporer à mesure qu'il étanchait son besoin tactile de l'autre. Il s'appuya davantage contre le corps fin sous le sien et jappa quand il respira l'excitation honteuse de l'autre. Il était content de faire vibrer ce corps de plaisir, mais il ne devait pas précipiter les choses, il le sentait. Alors, il se pencha sur le visage face au sien et passa ses lèvres tout contre la peau offerte. Il enregistrait les collines et les vallées composant le faciès, imprimant le grain de sa peau.

_ Derek, souffla l'autre gêné et confus.

Il n'y fit aucunement attention. Il ne souhaitait qu'une seule chose. Inscrire dans son être le maximum d'informations. Jusqu'à migrer vers cette bouche sèche d'appréhension.

_ Derek, qu'est-ce que tu fais ?

Il rit légèrement contre les lèvres en mouvement. Profitant des paroles de cet être si apaisant pour s'insérer entre ses lèvres. Découvrant alors cette cavité chaude et accueillante, dans laquelle, ses dernières parcelles de douleur s'évaporèrent comme neige au soleil, ne laissant plus que cette sensation grisante et entêtante d'être là où il fallait qu'il soit. Sa langue chercha à découvrir chaque parfum, chaque sensation présente dans cet antre étranger et pourtant si familier. Tellement déroutant.

Tout bascula quand il sentit le contact d'une autre langue contre la sienne. Tout explosa dans sa bouche comme une évidence. Il ne pourrait plus jamais se passer d'un contact comme celui-ci. La langue qui caressait la sienne lui semblait si merveilleuse en comparaison de toutes celles qu'il avait connues. Rien n'aurait pu le déloger de cet endroit, de cet instant, de cette personne. Le spectacle était beau. Et s'il n'arrivait pas à voir, ses sensations plus aiguës prenaient le relais, rendant l'échange mystique et terriblement concret. Il se rendit compte qu'il avait ses deux mains logées contre le crâne de l'autre, à la naissance de sa nuque et les pouces contre ses tempes, seulement lorsqu'il sentit la vibration du gémissement qu'émit l'autre jusqu'au bout de ses doigts délicieusement calés.

Il continua de se frotter langoureusement contre le corps de sa brebis tout en pillant sa bouche dans un échange de salive et de gémissements addictifs. Il se reput autant qu'il lui fut permis de cette bouche, de cet être, avant de tomber d'une fatigue accablante dans laquelle il obligeait cette adorable personne à le maintenir, gardant son corps fermement contre le sien. Ne pouvant se résoudre à le quitter, mal sevré de sa douleur lancinante et tortueuse. Il voulait pouvoir profiter encore de cette bulle de douceur dans laquelle son bienfaiteur l'avait plongé, soucieux d'améliorer son état de désarroi alarmant et saisissant. Rien n'était pire qu'un loup mourant d'un mal mystérieux et cet inconnu l'en avait libéré de la plus belle façon qui soit. Il soupira de bien-être contre la nuque de son compagnon d'infortune et le rencogna davantage contre lui. Lui intimant l'ordre implicite de rester à ses côtés pour toujours. Toujours.


OoO


Stiles se réveilla le lendemain, à cause de quelqu'un qui criait. Il ne comprenait pas ce que l'autre racontait. Il était bien trop pris dans une torpeur nébuleuse et fatigante pour enregistrer et analyser la moindre parole intelligible. Il grogna en se renfonçant dans les couvertures chaudes et accueillantes, mais il fut délogé de la couche, éjecté du lit à grand renfort de beuglements intempestifs et désagréables. Dire qu'il était choqué était loin de la vérité. Et s'il n'avait pas été si épuisé, il aurait lancé un sort bien senti au malheureux qui avait osé le réveiller de manière si brusque et odieuse. Son état était tel qu'il se blottit dans un coin, contre un mur, laissant libre cours à quelques larmes silencieuses. Il ne savait pas où il se trouvait, avec qui il était, mais la sensation d'abandon qui l'avait saisi face au rejet de la personne en colère lui laissa un vide glaçant au fond de la poitrine. Il avait pourtant envie de s'accrocher au giron rassurant de quelqu'un, mais personne ne souhaitait lui apporter une quelconque aide et certainement pas son hôte enragé. Son affliction n'avait eu de cesse de croître sous l'œil insensible de son opposant. Ce n'est qu'après un temps qui lui parut interminable que ses larmes s'estompèrent sous le toucher timide et incertain d'une personne qui lui semblait familière.

_ Stiles, arrête de pleurer Stiles, je te ramène chez toi, lui chuchota Scott en lui essuyant ses joues encore humides.

Alors qu'il aidait le druide à se redresser en l'enveloppant dans une couverture chaude, il se tourna vers son bêta, particulièrement déçu et en colère.

_ Derek, tu es vraiment trop con !

L'alpha quitta le loft sans un regard de plus et Derek se sentit déconfit face à sa propre réaction. Il savait pourtant que Stiles n'y était pour rien dans ce qu'il leur arrivait mais il n'arrivait pas à s'empêcher de rejeter en bloc ce qu'il se passait. Il n'était pas attiré par l'émissaire. Ce besoin était factice, créé par quelque chose d'extérieur à leur volonté et il refusait de se laisser aller dans une relation qui le détruirait. Car il était évident que ce qu'ils ressentaient depuis quelques jours était destructeur. Il suffisait de se pencher sur la douleur insupportable qu'ils ressentaient chacun dès qu'ils restaient trop longtemps éloignés. De plus, il avait toujours été attiré par les femmes et le fait que, du jour au lendemain, il se découvre un intérêt pour un homme était suspect en soi.

Il se sentait bizarre, il n'était ni bien ni mal, mais il débordait d'une énergie nouvelle dont il ne savait pas vraiment quoi faire. Il partit dans la réserve pour courir pendant des heures durant, alternant course et exercices en tout genre pour étancher ses émotions envahissantes et ce débordement de vitalité qui lui était étranger. Il rentra essoufflé et fourbu, le soleil se couchant presque. Quand il ouvrit la porte de son loft, ses yeux migrèrent d'eux-mêmes vers le lit encore défait du matin, se souvenant de ce fait avec quelle horreur il s'était éveillé, heureux et serein, l'humain encore calé contre son torse, enfermé dans une étreinte ferme et sans concession. Il n'avait pas supporté le sentiment d'accomplissement et d'apaisement qu'il avait ressenti face aux effluves du druide. La pauvre chose avait fini, pleurante et gémissante contre une poutre de son loft, mais il s'était trouvé incapable d'esquisser un seul geste apaisant envers son bienfaiteur. Il n'avait jamais vu Stiles dans un tel état. Stiles était l'un des éléments les plus stables et réfléchis parmi les membres de la meute ce qui le rendait extrêmement fort. Et personne ne semblait alerté par leurs comportements étranges depuis leur périple à la cité des anges.

Il soupira, vaincu, et décida de prendre son téléphone pour appeler Malia. Elle aurait bien des nouvelles du druide. Son téléphone sonna quatre fois avant que la coyote ne décroche précipitamment. Ce qui était inhabituel venant de sa part. Malia semblait toujours sentir bien avant que cela n'arrive que son téléphone allait sonner ou qu'elle allait recevoir un message.

_ Derek ! s'exclama sa cousine en prenant une grande inspiration.

_ Malia... je...

_ Il va bien, pour l'instant. Il dort. Il s'est fait un chapiteau de couvertures pour se cacher à l'intérieur, si je ne me servais pas de mes sens, je serais incapable de te dire où il se trouve en ce moment. J'étais d'ailleurs en train de me battre avec lui pour qu'il mange, mais il m'a fichu à la porte de sa chambre pour retourner dans sa tanière. Ce gars est un renard, un renard en hibernation.

_ Ce n'est pas la saison Malia.

_ Tu ne dirais pas ça si tu voyais la manière qu'il a de se comporter... Comme toi, il y a une semaine.

_ Est-ce que, est-ce que tu sais s'il a fait des recherches sur ce qu'il nous arrive ?

_ Non Derek, il n'a commencé aucune recherche, il pensait que le problème serait réglé à votre retour de Los Angeles, que tu avais simplement besoin de récupérer à cause de la ponction d'énergie qu'il t'avait imposée. Mais il nous a assuré qu'il commencerait ses recherches quand il serait en état. Laisse-le se reposer.

_ Oui, oui, bien sûr.

_ Scott dit que tu dois t'attendre à ce que Stiles fasse une crise dans quelques jours, Deaton a pu tout de même faire une ébauche de cycle. Mais il craint que ça ne vous soit fatal si nous ne trouvons pas l'origine du problème rapidement.

_ Et qu'est-ce que...

_ Le mieux, c'est encore que tu ailles chez Stiles ou que tu le ramènes chez toi pour éviter trop de dégâts quand cela se produira de nouveau, tu ne crois pas ?

_ Je ne sais p...

_ Tu sais, quand je suis allée le chercher, il était dans un sale état. Pas autant que tu pouvais l'être, mais ce n'était pas beau à voir alors, attends-toi à ressentir encore cette douleur.

Il y eut un silence pendant un instant. Derek entendait quelqu'un en arrière-fond parler mais il ne comprenait ce qui se disait car Malia avait mis sa main sur le téléphone dans un réflexe inconscient.

_ Scott dit que Deaton est persuadé que l'effet va en s'amplifiant. La douleur est de plus en plus intense à mesure que vos crises surviennent, il en est probablement de même pour votre besoin de proximité. Il faut limiter les souffrances inutiles.

Derek réfléchit quelques instants, particulièrement contrarié par les nouvelles directives imposées à demi-mot par son alpha ; mais il avait déjà poussé les humeurs de Scott un peu loin, il ne tenait pas à tenter sa chance plus loin.

_ Ok, ok, j'arrive, je vais venir, c'est le mieux.

Il raccrocha sans un mot de plus et saisit les clés de la Camaro avant de quitter les lieux. Arrivé dans l'habitacle de sa voiture, il se souvint que Stiles n'avait assurément pas le même gabarit que lui. Mais il était désormais proscrit de retourner chercher de quoi se vêtir. Il verrait avec Malia pour qu'elle lui récupère quelques vêtements si besoin. Dix minutes plus tard, il se trouvait dans le centre de leur petite ville, devant un immeuble à l'allure ancienne et sonna à l'interphone en décalage complet avec les murs antiques du bâtiment. Quelqu'un lui ouvrit immédiatement sans savoir qui était à la porte et il monta les cinq étages, grimpant les marches de bois vieillies et grinçantes. L'ascenseur avait rendu l'âme depuis trois mois et il se demandait encore si le concierge comptait appeler les réparateurs un jour. Quand il arriva devant la porte de l'appartement 24, il constata qu'elle était déjà ouverte, aussi prit-il la liberté de s'imposer à l'intérieur sans signaler son arrivée. Malia lui sauta presque dessus pour l'entraîner plus à l'intérieur. Il observa rapidement les lieux qu'il n'avait pu entrevoir que de l'entrée, l'émissaire refusant toujours de le laisser rentrer. Il n'avait jamais vu plus loin que la porte fermée de ce qui semblait être la salle de bain et le petit bout de pièce servant de vestibule. Quand il pénétra dans la grande pièce à vivre, il constata que l'espace nuit du druide se trouvait sur une mezzanine en hauteur (ce que Malia appelait visiblement : chambre), laissant plus d'espace pour le salon et la cuisine qui communiquaient. Quand il chercha l'émissaire des yeux, il ne rencontra qu'un amoncellement impressionnant de couvertures formant une boule gigantesque sur le grand matelas deux places.

_ Tu n'as pas à t'en faire pour dormir ce soir, il a un canapé convertible très confortable. Je dois juste passer te chercher des couvertures, il a pillé tous ses placards, commença Scott sans se tourner vers lui, vraisemblablement affairé à préparer quelque chose à manger pour le druide.

Derek l'observa sans savoir quoi répondre. Les odeurs à l'intérieur du studio lui firent penser qu'il n'avait encore rien mangé de la journée et son estomac se rappela à son bon souvenir, ce qui fit rire les deux autres garous présents dans la pièce. Et quelques minutes plus tard, Scott déposait une assiette fumante sur la table basse de l'espace salon. Le bêta s'approcha précautionneusement pour constater que son alpha avait préparé des tagliatelles aux légumes et au saumon.

_ C'est une des recettes de Stiles, je ne les prépare pas aussi bien que lui, mais je te promets que c'est mangeable, se moqua Scott en observant sa mine songeuse.

Il décida de s'asseoir et saisit l'assiette. Avec sa fourchette, il piqua une asperge et l'observa. Depuis combien de temps n'avait-il pas mangé de légumes de saison ? Il n'arrivait même plus à s'en souvenir. Il fit honneur à la cuisine de Scott et se surprit à somnoler sur le fauteuil une fois l'assiette reposée sur la petite table de bois.

_ Je ne te demanderai pas grand-chose mis à part veiller à ce qu'il se réveille pour manger, et à l'envoyer se laver quand tu le juges nécessaire parce qu'il s'arrête complètement de vivre pour ne faire que dormir, expliqua Scott assis sur le fameux canapé convertible.

Derek opina de bonne grâce et les deux invités forcés quittèrent les lieux ne laissant plus que l'hôte endormi et lui. Trois jours passés à batailler avec le druide pour qu'il n'oublie pas de vivre et en ce matin du quatrième jour, Derek ressentait le marteau-piqueur et les nausées bien présentes alors qu'il n'était qu'à quelques mètres à peine du druide. Le lien les tiraillait de nouveau. Et s'il en ressentait maintenant les effets, c'est bien parce que l'hyperactif l'avait réveillé avec un cri inhumain déchirant le silence reposant de la pièce tamisée. Il avait bondi du canapé en état d'alerte et l'instant d'après, Stiles se trouvait bien incapable de réagir tant la douleur l'assommait, ses cris figés dans sa gorge sans possibilité de liberté et de soulagement minime. Dans un élan instinctif, Derek grimpa d'un bond sur le rebord de la mezzanine pour se laisser entraîner, l'instant suivant dans une étreinte rapprochée et étouffante. Le druide l'avait emporté avec lui dans sa tanière de fortune. L'assommant de cette chaleur diffuse, encore présente dans les couvertures lâches et douces. L'émissaire n'avait de cesse de le toucher, de le coller et de se rapprocher plus encore de son corps si cela était possible. Les effets délirants du lien s'estompaient doucement pour le loup, mais il devinait que cela était moins évident pour le druide qui grimaçait fortement entre ses bras.

Stiles se sentait mieux, mais la douleur lui donnait encore de fortes nausées. Si au départ quelques caresses passagères avaient suffi à calmer leur état, il lui semblait désormais que sa souffrance ne lui laissait que peu de répit malgré la proximité de son médicament personnel. Il commença à passer son nez partout sur le visage de l'autre, les yeux clos et le besoin de proximité toujours plus présent. Ce fut exactement pour cette raison qu'il commença à embrasser chaque parcelle de peau accessible entre ses doigts fébriles, en quête de réconfort. Il n'arrivait plus vraiment à discerner où Derek commençait et où il se terminait et ce ne fut que lorsque le lien se rappela un peu plus à lui qu'il plongea comme un naufragé sur les lèvres offertes à son bon vouloir. Désireux de ne plus rien sentir d'autre que l'apaisement amplement mérité qu'il réclamait. Quand son souffle saccadé rencontra la chaleur moite de la cavité accueillante du loup sous lui, il constata, bien aigre que cela ne suffisait pas à son traitement. Il s'évertua à en prendre davantage, prélevant un maximum d'essence à son compagnon d'infortune, mais malgré les danses charnelles et suaves échangées entre les deux protagonistes, il fallait plus à Stiles. Plus de Derek. Il se pencha donc, contre son cou, obligeant l'autre à pencher la tête en arrière et fit rencontrer à ses lèvres, la partie rugueuse de la peau rêche de barbe du loup. Il migra plus encore, imprimant de ses mains, dans un premier passage, les reliefs singuliers du corps tendu sous le sien. Il en sourit, bienheureux de faire vivre de nouveaux émois au bêta solitaire.

Stiles n'en pouvait plus de ce besoin irrationnel de faire corps avec Derek, et s'il n'avait eu pas son instinct pour le guider dans cette quête trouble il en serait resté figé d'effroi, de par son incapacité à comprendre ce qu'il devait faire. Et quelque part au fond de lui, il savait qu'il devait en être de même pour le loup face à lui.

Le druide se fit une place entre les cuisses de son partenaire et saisit l'une d'elles pour poser sa joue contre. Il se concentra un moment sur les sensations que lui procurait cette peau contre la sienne avant de rouvrir les yeux et les plonger dans ceux de Derek. Cette fois, le bêta ne protesta pas devant leur proximité charnelle. Son regard paraissait même attendre fébrilement chacun de ses gestes. Il ne le repoussait pas et le fait que le lien tiraillait l'hyperactif de moins en moins ne gâchait rien à ce qu'ils échangeaient. Il avait presque l'impression que ses actions devenaient légitimes. Il déposa une série de baisers papillon le long de la peau offerte devant lui pour migrer lentement vers le point névralgique de leurs attentes respectives. Sa tête tambourinante se rappelait à lui lentement comme un souvenir, un dernier avertissement s'il ne le faisait pas, aussi se pencha-t-il sur ce qu'ils souhaitaient l'un et l'autre. Et Stiles testa le membre présent devant son visage timidement. Léchant d'abord la longueur, cherchant les nervures, les veines et les sensations que cela pouvait provoquer au loup. Et quand un soupir tremblant s'échappa de la bouche de ce dernier, il s'enhardit et s'impatienta sur le gland rougi par l'afflux sanguin abondant. Si au départ les soupirs semblaient retenus dans une sorte de plaisir honteux, Derek finit par planter sa main dans la chevelure brune pour prendre prise sur la réalité qui tentait de s'envoler. A aucun moment il ne pensa à s'imposer au druide, il ne faisait que caresser fébrilement les mèches soyeuses enlacées entre ses doigts. Cette douceur calquée au message subliminal que l'hyperactif essayait d'imprimer dans ses actes. Mais le loup était trop perché dans son besoin d'assouvissement pour ne serait-ce qu'analyser la manière particulière que Stiles avait de l'assassiner en cette douce matinée de printemps. Le druide sentit les dernières traces de douleur s'échapper quand Derek vint dans sa bouche en un grognement inédit. Le loup fauché tentait de reprendre son souffle alors qu'un sommeil bienfaiteur commençait à l'emporter entre ses bras ensablés. Et Stiles ne put s'empêcher de l'observer, curieusement attendri par le visage doux et serein du bêta qui semblait le chercher dans son début de sommeil. Aussi décida-t-il de se caler contre son nouvel amant endormi et soupira de soulagement avant de partir dans des univers fantasques à son tour.

Le lendemain, Stiles avait commencé ses recherches. Il s'était détaché précautionneusement de l'étreinte de son invité pour le laisser se remettre des événements de la veille. N'attendant pas une seule seconde de plus pour se pencher sur leur problème, il s'était installé à son bureau. Se servant plus que de raison de l'énergie débordante dont il faisait preuve, il n'avait pratiquement pas fait de pause, mais force était de constater que rien ne le mettait sur la piste. Il avait bien pris en compte le dérapage avec le Darach, mais aucun des mots rituels qu'il avait retenus ne collait avec leur situation actuelle et il balisait peu à peu en voyant la quantité de documents impressionnante qu'il lui restait à étudier pour faire le tour de la question. Derek dormait encore dans son lit, cela faisait bien une journée et demie qu'il se reposait entre quelques couvertures sans pour autant bouger d'un pouce.

L'hyperactif ne cacha pas sa surprise lorsqu'au matin du deuxième jour, alors qu'il préparait des gaufres (Stiles adorait les gaufres le matin avec ses oranges pressées et il assumait totalement), Derek pointa le bout de son museau dans la cuisine l'œil encore un peu nébuleux de ses frasques fantasmagoriques. Stiles se tourna vers son invité de fortune, la louche encore à la main, un sourire attendri devant cette bouille perdue, et les yeux pétillants d'un bonheur mal contenu, malgré ses interrogations investigatrices.

_ Tu es réveillé. Tu as mal ?

Le loup secoua la tête de gauche à droite avant de réfléchir à la situation. Non. Il n'avait pas mal et il soupira même de bien-être quand le druide l'attrapa par la taille avant de se pencher pour attraper une gaufre chaude et en déchirer un morceau pour l'insérer dans sa bouche. Ce ne fut qu'après avoir avalé sa première bouchée que Derek prit conscience du langage corporel de son hôte. Il se détacha doucement de sa prise pour le ménager le plus possible, ne voulant pas rejouer la scène qui les avait amenés dans ce petit studio étriqué aujourd'hui.

_ Stiles, souffla le loup, gêné.

_ Oui ? répondit le druide, insouciant.

_ Stiles, je... ce qui se passe entre nous... c'est factice. Tu ne dois pas t'y attacher. C'est ce truc qui nous pousse l'un vers l'autre, mais ne va pas faire l'erreur de penser que c'est véritablement de l'attirance, de l'amour, appelle ça comme tu veux.

_ Mais Derek, hier...

_ Non Stiles ! Rien de ce qui s'est passé hier n'était réellement consenti, tu comprends ?

L'hyperactif se rembrunit immédiatement et Derek eut envie de se fracasser la tête contre un mur.

_ Oh ! C'est vrai, désolé, je t'ai imposé une véritable torture. C'est d'ailleurs pour ça que tu n'as absolument pas protesté et que tu as joui dans ma bouche. Mais je te le concède. Je t'ai forcé la main, c'est évident. Tu pourrais même ajouter que tu n'as seulement réagi que parce que tu es un homme et qu'à la moindre stimulation, pouf ! Tu as un orgasme ! Après tout... un trou est un trou, n'est-ce pas, cracha le druide, amer.

_ Non, Stiles ce n'est pas ce que j'ai voulu...

_ J'ai très bien compris ce que tu voulais dire Derek. Je te dégoûte, c'est un calvaire et tu ne ressens du plaisir qu'en raison de cet étrange lien qui nous persécute. Veux-tu bien partir maintenant ? demanda-t-il d'une voix qui se voulait légère, mais qui était chargée d'émotion.

_ Stiiiiles, ne fais pas ça.

_ Si, si ? Je fais ça. Je suis encore chez moi. Et je décide que je ne veux plus te voir pour aujourd'hui, et même pour plusieurs jours si tu le veux bien.

_ Ne réagis pas comme ça.

_ Je me garde le droit de réagir comme je l'entends, Derek. Tu refuses ce qui se passe entre nous ? Très bien. Mais ne m'impose pas ta présence davantage. J'ai... J'ai encore le droit. De... Va-t'en. Va-t'en je t'en prie.

Derek scruta le druide, désolé et frustré par la tournure des choses. Mais l'hyperactif ne le laissa pas entamer plus longtemps son analyse. Il s'était détourné du loup pour finir de faire cuire sa pâte à gaufres, la main tremblante alors que les larmes se déversaient d'elles-mêmes le long de ses joues. Il savait bien que Derek sentait ses larmes et sa tristesse, mais il ne voulait pas de sa pitié, alors il attendit d'entendre les pas du loup dans les escaliers pour s'effondrer, éparpillant au sol sa préparation. Laissant libre cours à sa peine alors que quelques gémissements plaintifs s'échappaient de sa gorge à travers ses sanglots, il se ramassa en position fœtale, bien malheureux de sa condition. Ce ne fut que quelques heures plus tard, quand il se redressa pour nettoyer son naufrage, qu'il grinça de douleur en attrapant sa louche. Son petit doigt gauche était noirci de moitié.


OoO


Huit jours, c'est le répit que le lien leur accorda avant que Stiles ne se réveille en vomissant. Mais la substance ne ressemblait à rien de connu et le renvoyait âcrement onze ans en arrière, quand Kate avait blessé Derek avec sa balle d'aconit et qu'il régurgitait un sang aussi noir que du charbon. Il s'essuya la bouche amèrement et constata que la douleur n'était plus la même. Du moins, elle se manifestait différemment. Il hésita presque à rejoindre Derek malgré le fait qu'il sache que des deux, c'est lui qui souffrait le plus. Il décida tout de même de se lever. Il partit vers la salle de bain pour se nettoyer la bouche et prit une douche rapide avant d'aller s'habiller flegmatiquement. Il se sentait déjà las de ce qu'il s'apprêtait à faire. Il regarda sa mine blafarde dans le miroir et attrapa les clés de la Jeep encore dans son vide-poche. Quand il posa ses mains sur son volant, son attention se porta presque immédiatement sur son petit doigt totalement nervuré de noir. Tellement noirci qu'il était difficile de cerner la couleur originelle de sa peau. La plupart du temps, il essayait de ne pas y faire attention, mais cette douleur-là était bien plus profonde et destructrice que toutes celles auxquelles il avait eu affaire depuis son retour de Los Angeles. Elle n'était pas violente et terriblement présente comme les autres, elle ne lui donnait pas envie de s'arracher à son propre corps pour y échapper, mais elle annonçait en son for intérieur quelque chose de plus irréversible, de plus tragique.

Il mit une poignée de minutes pour arriver chez Derek. Il ne toqua pas pour entrer, ne s'annonça d'aucune manière. Mais à peine avait-il posé un pied à l'intérieur du loft qu'il fut happé dans une étreinte violente et exigeante. Des lèvres chaudes s'imposèrent sur les siennes durement alors que l'autre l'empoignait contre lui pour le porter jusqu'au lit, le jetant sans plus de cérémonie. Stiles comprenait que Derek puisse avoir mal à cause du manque de proximité entre eux, mais il ne savait plus ce qu'il ne souhaitait pas. Être pris rapidement à la hâte le renverrait fatalement au fait que Derek se terrait dans le déni, mais à la fois, s'il prenait son temps et cajolait son corps, il vivrait l'insupportable illusion que peut-être, oui, peut-être Derek le désirait plus qu'il ne le pensait.

Il rouvrit les yeux quand il sentit une présence soudaine à quelques centimètres de son visage et tomba nez à nez avec des yeux d'un bleu irréel. Le druide ne put s'empêcher de laisser un rire désabusé s'échapper de sa gorge. Il passa tendrement sa main le long de la mâchoire de son partenaire et se pencha contre lui pour lui embrasser la tempe gauche. Finalement, Derek avait inconsciemment trouvé une solution et cela allait parfaitement à Stiles d'avoir affaire au loup plutôt que l'homme pour cette nuit. S'il avait gardé son apparence humaine, il était clair que le loup avait pris place dans ce corps. Stiles en avait pour seule preuve ses prunelles sans équivoque, mais il le sentait au fond de lui. C'était le loup en face de lui. Obligeant Derek à prendre un repos forcé.

_ Tu vas devoir y aller plus doucement Sourwolf, le lien va te torturer plus longtemps autrement, chuchota l'hyperactif contre les lèvres de son compagnon de nuit.

La bête en face de lui l'observa curieusement pendant plusieurs secondes qui parurent interminables pour Stiles, mais elle finit par se pencher contre son cou pour le respirer de façon canine et le bascula doucement contre le matelas. Le loup se montrait hésitant et timide, et le druide pouvait lire dans les prunelles de son comparse, la crainte de lui faire mal. Étrangement, il se sentit mieux. Il caressa la joue du loup qui ferma les yeux à ce contact, appréciant cette nouvelle complicité qu'il découvrait. Derek alla jusqu'à planter son nez entre ses doigts tout en lapant la paume de sa main, offerte à son bon vouloir. Cela provoqua en Stiles, une myriade de sensations électrisantes, mais il se formait également au fond de sa poitrine, une boule d'émotions qui menaçait de rompre à tout instant. Le loup semblait hypnotisé par son corps, par son cœur, car il se détacha de sa main pour poser la sienne contre l'organe palpitant à travers la cage thoracique. Ses yeux étaient grands ouverts et ils laissaient croire que le rythme joué ici avait une signification toute particulière pour l'animal. Si seulement l'homme l'écoutait davantage.

Soudain, un bruit de tissu déchiré le sortit de ses songes. Il s'aperçut alors que son t-shirt n'était plus qu'un lointain souvenir et déjà, son amant s'affairait à se battre avec son pantalon récalcitrant. Ce qui provoqua chez Stiles un rire succinct, les surprenant tous deux. Derek avait redressé la tête vers lui, curieux. Il se pencha sur lui alors que le bouton du bas du druide venait de sauter en un bruit métallique. La bête recommença son analyse olfactive en testant la ligne de sa mâchoire avec sa langue. Il s'impatienta un instant, dégringolant le long de sa gorge, saluant sa pomme d'Adam avant de faire une escale contre ses clavicules proéminentes. Derek passa ses mains calleuses contre les épaules finement musclées. Et ce fait en lui-même semblait l'impressionner. Stiles n'était pas excessivement sculpté, mais il sentait au travers de ses doigts la force nerveuse dans ce corps offert à ses bon soins. Il était dur de museler la douleur et le besoin de concrétiser cette beauté éphémère en douceur. Il n'était qu'une bête, mais il sentait que cet instant était fragile, il méritait d'être considéré et si l'homme ne se rendait pas compte de l'importance de l'humain entre ses bras, il ne ferait pas cette erreur. Le loup vogua le long de l'estomac, rencontrant le ventre et s'échoua sur le pelvis borduré de poils pubiens. Stiles avala de l'air et retint sa respiration, puis, il décida de s'activer à déshabiller le bêta. Il se sentait de plus en plus mal à l'aise. Il fallait qu'il s'occupe pour penser le moins possible. Le loup téméraire en profita pour finir de le dévêtir, le regard gourmand. Une fois fait, il se courba contre la peau devant lui et commença, sans procès, à la cajoler de ses attentions. Le souffle de Stiles était fébrile et il sentit monter en lui les larmes de désarroi. Il n'existait pas de moment plus merveilleux et et à la fois tragique, que celui-ci. Son plaisir crût de manière subtile alors que les larmes ravageaient son visage.

Le phénomène empira quand le loup, inquiet du sort de son amant, se redressa pour le bercer contre son corps chaud, l'enfermant dans une étreinte qui se voulait rassurante. Et Stiles explosa de tristesse mal contenue entre les bras de l'autre. A travers ses sanglots, énervé par ses propres débordements, il décida d'embrasser le loup plus fermement, se frottant suavement contre lui dans une passion sans borne. Et quand le bêta lui saisit le visage pour l'interroger du regard, l'hyperactif le supplia silencieusement de lui accorder ce qu'il réclamait.

Aucun mot entre eux n'était échangé, mais tout se disait malgré tout. Stiles soupira, le cœur au bord des lèvres alors que le loup le comblait encore de ses attouchements avant de le pénétrer, le marquant comme sien pour des vies et des vies, alors que le druide s'accrochait à lui désespérément. Le loup prenait très à cœur de combler son compagnon en pleine tourmente, désolé d'être la raison de son affliction, sans pouvoir changer la teneur des convictions malheureuse et butée de Derek. Il était en désaccord parfait avec lui-même et renâclait de savoir son humain souffrant de la bêtise corrosive et destructrice de l'homme.

Stiles ouvrit difficilement les yeux, débordant de ce plaisir charnel dans lequel l'être en face de lui le plongeait. Mais ce qui l'avait sorti de sa torpeur était sans doute des petits gémissements malheureux émis contre son oreille en signe d'excuse et il ne put que lui renvoyer un sourire tendre et affectueux. Le loup était beau, et il l'aimait d'une façon qui lui était impossible d'ignorer. Si l'animal le comprenait, guidé par ses instincts, inflexiblement honnête envers ses émotions, il n'en restait pas moins que sa nature humaine rendait l'équation tremblante d'incertitudes.

Le druide posa un doigt sur ses lèvres avant de se pencher un peu plus en avant pour lui souffler un secret à l'oreille et le bêta le plaqua sur le matelas derechef pour s'atteler à lui faire éprouver des sensations qui auraient pu lui être inconnues jusqu'alors.

Le loup avait enregistré chaque détail fabuleux de son compagnon dans l'orgasme. Les yeux humides et brillants rongés par les ravages du plaisir, la bouche merveilleusement entrouverte et ses cheveux dans un désordre époustouflant. C'était un émissaire tremblant et perdu qui restait entre ses bras. Grelottant de froid alors qu'il perdait la chaleur du loup en lui, s'échappant déjà d'entre ses cuisses. Et ce dernier, soucieux de rassurer son conjoint de vie, l'enserra dans une étreinte forte et chaleureuse, les laissant s'endormir tous deux pour quelques heures.

Quand Stiles se réveilla, il quitta le giron de Derek, cherchant son sac de vêtements pour s'habiller et partir avant le réveil de l'autre. Mais c'était sans compter sur le bêta, agissant toujours comme il ne le voulait pas.

_ Stiles, tu n'es pas obligé de partir.

_ Pourquoi Derek ? demanda-t-il, un mince espoir perçant sa voix, ce qu'il détesta immédiatement.

_ Tu dois être fatigué et...

_ Je vais très bien, et je ne me rappelle pas que la dernière fois tu aies eu autant de considération à mon égard, alors soit tu as une bonne raison de me faire rester soit je m'en vais.

_ Stiles, sois raisonnable et concède-moi le fait que notre attirance mutuelle et soudaine est suspecte.

_ Je... J'en sais rien ! Pour ma part, j'ai toujours été bi et si la question s'était posée avant j'y aurais certainement réfléchi. Est-ce qu'au moins tu te souviens de la nuit dernière ?

_ Non ! Et sincèrement, c'est beaucoup mieux comme ça.

_ Comment tu peux dire une chose pareille, tu ne sais même pas ce qui s'est passé !

_ Franchement, sentir mon odeur partout sur toi, se dégageant de toi, couplée à la tienne, mon corps recouvert de nos spermes est plus que ce que je ne peux supporter.

_ Tu es tellement... Connard !

_ Et tu t'attendais à quoi Stiles ? Que je me mette à te faire des couronnes de fleurs ? Que je te souffle des mots d'amours ? Que je me réveille un matin en m'apercevant que j'aime sucer ta queue ? J'aime les femmes ! Réveille-toi Stiles !

_ Aïe ! cria Stiles surpris avant de se tenir la main gauche.

Il jeta un rapide coup d'œil, les noirceurs avaient attaqué son annulaire sur deux phalanges et grignotaient une partie de sa paume.

_ Que se passe-t-il ? demanda Derek soudain inquiet.

_ Rien ! cracha Stiles en grimaçant. Ne t'approche pas. Tu as été parfaitement clair. Je me casse ! finit-il en claquant la porte du loft.

Derek se passa une main dans les cheveux avant de cogner dans un mur. Il ne voulait pas perdre Stiles. Il était son ami et toute cette situation le rendait malade. Il ne savait pas quoi faire et il enrageait de cette perte de contrôle sur la situation.


OoO


Scott inséra son double de clé dans la serrure du studio de Stiles. Il était parti depuis une semaine au Mexique rendre visite à Cora dans l'espoir de glaner des informations sur la nature étrange des derniers évènements qui impliquaient Stiles et Derek. Mais malgré quelques indices, ils semblaient désespérément faire chou blanc.

Quand il entra, il fut saisi par l'odeur de renfermé. Stiles avait pour habitude d'aérer tous les jours, connaissant sa répulsion pour les odeurs fortes. Comme tous les loups de la meute. Ces constatations le conduisirent à tirer deux conclusions. La première, Stiles n'était pas sorti de chez lui le temps de son voyage. La deuxième, aucun loup n'avait rendu visite à son ami et il ne savait pas ce qui le mettait le plus en colère.

Il referma la porte, tâtonnant quelques instants, le temps de s'habituer à la noirceur ambiante et trouva Stiles, endormi contre la table basse, la tête reposant sur un monticule de parchemins. Il se dirigea vers la baie et ouvrit d'un coup sec les rideaux occultant. Le druide grogna dans son sommeil, incommodé par la lumière soudaine. Scott s'inquiéta. Habituellement, l'hyperactif bondissait comme un zébulon quand il lui prenait l'envie de le réveiller de cette manière. Depuis combien de temps le druide n'avait-il pas dormi ?

_ Stiles. Réveille-toi, il fait jour.

L'hyperactif maugréa encore dans son sommeil, cependant, il finit par ouvrir un œil difficilement, s'apprêtant déjà à le refermer. Scott s'approcha de son ami et se pencha pour l'attraper, le redressant sur ses jambes. Mais l'odeur corporelle du druide était juste insupportable pour l'alpha.

_ Oh ! Stiles... Depuis quand tu n'as pas pris de douche ? attaqua Scott en grimaçant d'inconfort.

_ J'ai pris une douche, même cinq, râla son ami.

_ Quand ? demanda l'alpha désabusé.

_ Après être rentré de chez Derek, révéla Stiles la voix encore pâteuse.

_ Oh misère ! Allez ! File dans ta salle de bain, gros dégoûtant ! tempêta le loup un sourire dans la voix malgré tout.

Stiles, encore brumeux, se dirigea d'un pas traînant en maugréant dans sa barbe inexistante des mots interdits à l'encontre de l'alpha. Puis il s'enferma en claquant la porte. Scott attendit d'entendre le son de l'eau coulant pour venir s'installer dans le canapé. Il cala sa tête contre le dossier, les bras tout écartés et il soupira avant de rouvrir les yeux et se redresser plus en avant. Son regard se porta machinalement sur les feuilles griffonnées sur la table et il en saisit une pour en lire son contenu. Si cela s'avérait être encore une thèse alambiquée de Stiles, il la reposerait gentiment en attendant qu'il sorte de la salle de bain. Mais ses yeux s'écarquillèrent d'incrédulité devant les phrases sur le parchemin vieilli.

_ Qu'est-ce que tu fais ? interrogea Stiles sur l'offensive.

Scott sursauta, trop pris qu'il était dans sa lecture. Stiles était bien le seul à savoir approcher furtivement sans l'alerter.

_ Tu...tu as trouvé l'origine de...

_ Oui Scott, repose ça, ordonna le druide calmement et l'alpha ne comprenait pas la réticence de son ami face à cette nouvelle.

_ Pourquoi tu réagis comme ça ?

_ Parce que ça n'a rien de réjouissant Scott.

_ Oh arrête, il y a pire comme mauvais sort. Cet enfoiré t'a juste obligé à trouver ton âme sœur sous peine de mourir et il se trouve que c'est Derek. Je me souviens encore de notre conversation sur tout ce que tu aimerais lui faire s'il buvait de l'aconit, il y a deux ans. Et franchement je m'en passerais bien de ce souvenir. Je suis heureux de savoir que tu n'es pas prude, hein ? Mais...

_ Scott. Ferme-la.

Stiles venait de s'asseoir à côté de lui, et il ne pouvait empêcher l'inquiétude de monter d'un cran au fond de son cœur. Scott lança une œillade au parchemin qu'il avait dans la main, relisant quelques passages et se tourna vers le druide.

_ Je ne comprends pas, vous n'avez pourtant qu'à vous laisser porter par ce qui vous arrive. Tu l'as toi-même marqué, la première façon de rompre le sort est d'accepter et reconnaître... C'est Derek, c'est ça ? Il pense que c'est faux. Merde ! Même en lui mettant une licorne sous le nez, il ne la verrait pas. Il lui faut quoi ? Un panneau lumineux au-dessus de ta tête ?

_ Il ne le sait pas Scott.

_ Et bien dis-le-lui, ce sera réglé.

Le druide émit un rire désabusé.

_ Si seulement c'était aussi simple. Scott. Ne va pas croire tout ce qu'on raconte à propos des âmes sœurs. Ce n'est pas : « Ils se sont vus, ils ont su, ils ont remué ciel et terre pour être ensemble ». Enfin pas toujours. Pourquoi tu crois que beaucoup de couples ayant le coup de foudre se séparent au bout de quelque temps ? Ce qu'ils ressentent est tellement intense que ça leur fait peur. Ils préfèrent être avec quelqu'un qu'ils aiment moins pour ne pas ressentir la peur de souffrir s'ils venaient à tout perdre. D'autres ne sont simplement pas prêts. Mais être âmes sœurs ne signifie pas toujours s'aimer. Il y a tellement de nuances, de palettes d'émotions mais la constante est, que c'est toujours terriblement intense. Au point que ça part souvent en un grand n'importe quoi. Mais on n'est pas toujours voué à un : Ils vécurent heureux ! Et Derek ! Derek est hétéro, il me l'a très bien fait comprendre après qu'on ait couché ensemble.

_ Vous !

_ Pas la peine d'en faire un drame, c'est le lien. Et puis... il ne se souvient de rien, c'est le loup qui avait le contrôle. Au moins lui, il a conscience des choses.

_ Mais ! Alors, ça veut dire que tu vas faire ce rituel dont tu parles. Ce n'est pas dangereux ? Tu t'apprêtes à rompre le fil, je suis sûr rien qu'en le lisant que le plan B ne va pas me plaire.

_ Scott. Il faut que je le rompe avant qu'il n'atteigne Derek.

_ Mais qu'il l'atteigne bon Dieu ! Si ça peut lui faire comprendre ton importance dans sa vie !

_ Non, Scott, tu ne comprends pas. Ce fil nous rattache l'un à l'autre où que nous soyons, même morts. Si tu te sers de tes yeux et que tu te concentres fort tu pourras le voir accroché à ton petit doigt gauche. Mais il est très difficile de l'observer longtemps.

_ Pourquoi tu veux le rompre, alors ? C'est irréversible ton truc ?

_ Oui.

_ Stiles. Qu'est-ce qui justifie que tu veuilles rompre un lien pareil ? Qu'est-ce qui pourrait l'atteindre ?

_ La mort. Définitive. La désintégration de nos deux êtres, plus de réincarnation. Alors, quitte à disparaître, autant le sauver lui.

_ Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu vas trouver ce familier dont tu parles et tout ira bien.

_ Ce n'est pas aussi simple.

_ Pourquoi ? commença à s'énerver le loup.

_ Parce que... Trouver un familier n'est que la première étape. Pour lancer ce genre de sort, il faut avoir instauré une relation de confiance avec lui. J'aurais pu, il y a neuf ans, mais j'ai eu peur.

_ Pourquoi ? Pourquoi tu ne peux pas faire simple ? Il faut toujours que tu compliques les choses ! cria franchement Scott, passant ses nerfs sur son ami, ivre d'inquiétude. Il sentait ce que le druide était en train de lui annoncer à demi-mot.

_ C'est un esprit renard.

Scott se tourna d'un bloc vers l'hyperactif, bouche bée et statufié devant la nouvelle. Il ne savait pas quoi dire. Neuf ans en arrière, Stiles sortait à peine de sa possession avec le Nogitsune, il avait tué quelqu'un et il mourait de culpabilité, figé par la peur d'avoir à tuer de nouveau.

_ Alors, il nous reste quelle option ? C'est quoi le plan C ?

_ Il n'y a pas de plan C, Scott.

_ Et quoi ? Je suis presque sûr que le fait que tu aies besoin d'un familier pour ce rituel est suffisant pour que je m'inquiète parce que tu n'as PAS de familier.

Stiles se redressa du canapé et s'avança doucement vers le loup. Scott savait qu'il cherchait ses mots. Qu'il ne savait pas quoi faire. Non. Comment le dire. Stiles avait peur.

_ Scott. Je suis déjà en train de mourir. Le rejet de Derek me tue. De manière tout aussi littérale que métaphorique.

_ On va aller voir Deaton. Je suis sûr qu'il y a une solution que tu n'as pas encore trouvée. Avec tout le respect que je te dois Stiles, tu es concerné par cette histoire et..

_ Non Scott. Il n'y a aucune autre solution. Je planche dessus depuis deux semaines, si ce n'est plus.

Scott le regarda, cherchant le mensonge dans ses yeux, se concentrant sur son rythme cardiaque. Mais force était de constater que Stiles disait la vérité. Il commença à secouer la tête de gauche à droite en signe de refus.

_ Nooon, non ! protesta-t-il en repoussant Stiles.

Les larmes lui montaient aux yeux alors que son ami le maintenait pour l'obliger à venir contre lui. Mais il était plus fort et se détacha de son emprise.

_ Dis-moi que c'est faux ! ordonna-t-il en colère contre le druide et Stiles secoua la tête, incapable de lui mentir.

Il aperçut la main noircie de Stiles et il comprit qu'il n'y échapperait pas. Il s'approcha de l'hyperactif et le saisit par les épaules.

_ Stiles, écoute. Écoute-moi. Je vais te mordre. Je sais qu'il y a un risque...

_ Non, non Scott. La morsure, même si elle prend, ne me sauvera pas. C'est mon âme qui meurt. Le Darach a gagné, souffla le druide comme un secret tragique.

Scott le relâcha, brûlé par ses mots.

_ Je, JE REFUSE ! Tu entends ? Tu n'as pas le droit de prendre cette décision tout seul. TU N'AS PAS LE DROIT ! Le Darach ne gagnera pas. Je... Stiles...

Scott se laissa tomber au sol, les larmes brouillant totalement sa vue, alors que des gémissements plaintifs à peine humains s'échappaient de sa gorge. Stiles, mortifié par l'état de son frère de cœur le ramassa dans une étreinte maladroite en lui soufflant des « désolé » plein de sanglots mal contenus.

_ Je ne veux pas te perdre. Toi plus que quiconque. Tu es ma seule famille...

Stiles se mordit la lèvre. Ne se souvenant que trop de la mort prématurée de Melissa. Puis de celles de Liam, et de Hayden, et de tous les autres ensuite. Ne laissant qu'une traînée de cadavres derrière eux, coupables d'être ce qu'ils étaient. Apportant de manière aléatoire, la mort sur leur sciage. Il resserra son étreinte , se plaquant contre son ami désespéré d'être la cause de ses futures souffrances. Mais Scott se défit de son accolade, le regard déterminé.

_ Je vais voir Derek. Je vais lui parler.

_ Quoi ? Non ! protesta Stiles en essuyant ses larmes à la hâte.

_ Si Stiles, il faut tenter le tout pour le tout.

_ Et tu crois quoi ? Tu vas lui dire que nous sommes des âmes sœurs et il va m'aimer comme par magie ? Tu ne peux pas forcer les sentiments des gens !

_ Tu ne sais pas ce qui se passera tant que l'on ne lui en parle pas. Tu l'as dit toi-même. Son loup a conscience de la situation, c'est un bon début.

_ Non Scott. Tu ne lui en parleras pas.

Le ton de Stiles était dur. Soudain, il attrapa le crâne du loup à deux mains et le regarda droit dans les yeux. Toute la peine du monde y reposant.

_ Je suis désolé buddy.

_ Stiles qu'est-ce que...

Scott s'évanouit, Stiles avait commencé à psalmodier des incantations incompréhensibles au commun des mortels.

_ Tu ne dois pas te souvenir de cette conversation, finit Stiles dans un souffle alors qu'il regardait son ami inconscient.


Rendez vous le 27/04 pour la suite et fin. (si réclamation, c'est un problème de correction interrompu, avec un peu de chance se sera plus tôt, nous verrons bien)

Je sais, cette fin à invitée Cliff à prendre le thé.

Laissez un petit message, je vous promets, je mords pas, mais souvenez vous... Je tiens la fin en otage, alors... Pas de tentative d'homicide sur ma personne

A bientôt mes choux, ne vous aime !