Bonjour mes Cobayes.

Soyez les bienvenus dans cet épilogue.

Un grand grand GRAND merci à vous. Ce fut une aventure formidable. J'ai commencé cette série en juillet 2014… Et vous m'avez suivi tout ce temps. C'est totalement fou. Imaginez, il y a un lien invisible qui nous a reliés pendant un an et demi à travers l'Internet.

Je ne serais jamais allée au bout sans vous. Vos encouragements constants ont été un vrai moteur. Merci. Mille merci. J'espère que vous aimerez cet épilogue.

Bonne lecture.


Épilogue : Les petits bonheurs simples


Le silence était édifiant.

Il contrastait tellement avec le vacarme rutilant qui leur avait empli les oreilles pendant des heures, des jours parfois. Un silence qui faisait tourner la tête et bourdonner les oreilles.

Loki et Tony arrivèrent dans ce silence. Prêts à se battre, mais le combat était déjà fini.

Au milieu de la plaine ocre et rouge dormaient les restes du champ de bataille. Une centrale à moitié effondrée sur elle-même, des cadavres de golems et des hommes qui les avaient combattus, une odeur de sang, de métal et de poussière.

C'était l'hébétement général. Les golems étaient tombés d'eux même, les hommes en noir aussi. Toute lueur avait quitté leurs yeux, il ne restait plus que des enveloppes vides.

Les survivants se regroupèrent, doucement, interloqués, frappés par ce silence soudain et leur victoire inattendue.

« Que s'est-il passé ? » La question glissait sur toutes les lèvres, mais il y avait plus urgent. Rassembler les blessés, les soigner, s'assurer que l'ennemi avait bien renoncé, de manière ferme et définitive. Les gestes étaient automatismes. Peu parlaient. On échangeait quelques poignées de main, quelques accolades. La victoire était trop fraîche, et surprenante, pour que quiconque songe à se réjouir.

Des murmures, des chuintements, les gémissements des blessés. Peu à peu, le bruit revient, la vie avec.

Wade sortit des décombres de la centrale, quelques heures après son effondrement.

Serré entre ses bras, il y avait le corps inerte de Peter.

Les survivants de Koeberg se regroupèrent autour de lui, naturellement. En silence. De nouveau.

Wade s'effondra à même le sol, Peter toujours serré contre lui, le berçant en murmurant des mots incompréhensibles, des phrases qui n'avaient pas de sens.

Un seul commentaire, prononcé à voix haute, fut intelligible.

- Il a tué Thanos.

Autour de Wade, chacun attrapa son voisin, serrant une main, une épaule, se regroupant dans un instinct de protection. Meute de loup solidaire.

Comme personne ne prononça le moindre mot, le mercenaire répéta, d'une voix brisée :

- C'est lui qui a tué Thanos.

Tony suivit le mouvement, tous ces gens qui s'approchaient de Wade et de Peter, pour soutenir l'un et dire au revoir à l'autre.

Il étreignit Wade et déposa un baiser sur le front de Peter.

Ils avaient gagné.

Peter avait tué Thanos.

La victoire était bien amère.

Tony eut du mal à réaliser qu'il pleurait

L'humanité était libre, enfin, et il pleurait. Sans pouvoir s'arrêter.


J'attrapais tes mots comme des rêves perdus,
M'enveloppait de tes illusions,
Je regardais ton ciel peint d'espoirs éperdus,
Tableau de l'artiste de la déraison.

J'ai peur de ton néant,
Envie de tons naissants,

Sur la palette de nos vies.

De ma vie.

Je dansais avec tes silences,

Valsait au gré de tes absences,

Enlacé par tes bras et le tissu de tes peines.

Et j'ai aperçu la vie comme ce grand tableau,
De couleurs fuyantes et de lignes incertaines.
Passant la main sur le cadre de nos rêves désenchantés,
J'ai découvert nos âmes, et nos membres brisés.

Et pourtant j'y crois encore.


Six mois plus tard.

- Plus à droite… Allez Jorgen, pousse !

Jorgen poussa. Le levier grinça avant de s'actionner. Il y eut un instant de suspense insoutenable. Des grognements dans les conduites, des glouglous sonores. Les ouvriers se crispèrent.

Et l'eau coula. Quelques gouttes sales, accueillies par des cris et des rires. Puis l'eau se clarifia, le filet grossit. Tony soupira et leva la tête vers le ciel. Le soleil cuisait cette terre, sans relâche. Il suait sang et eau sur le chantier depuis le début de l'après-midi, mais cela n'avait pas été vain.

Le troisième puit de la ville. Le troisième puit d'Arachnée, baptisée ainsi en référence à son plan de construction sommaire, qui reproduisait grossièrement les fils d'une toile d'araignée. Baptisée ainsi pour rendre hommage.

La première ville du monde. Du nouveau monde.

Tony sourit. Neuf-mille habitants. Un grand hangar qui servait d'école, un hôpital en construction, un amas de petites maisons bâties rapidement…

Il y avait tant à faire, tant à reconstruire. Mais l'espoir était là. Préservé.

La bataille finale et l'explosion en chaîne de centrales nucléaires avaient rayé plusieurs continents de la carte. Ne restait que l'Afrique, berceau du monde pour la seconde fois.

La première urgence avait été de regrouper les survivants. Tous les héros disponibles participèrent. Les Asgardiens, notamment, arpentèrent le monde à l'aide du Bifrost, pour récupérer les hommes et femmes survivants et les rapatrier en lieu sûr.

En Afrique, donc.

Le bilan était lourd, très lourd. L'humanité n'était plus l'espèce dominante sur cette planète, et de loin. Petits groupuscules disparates tentant de se rassembler, pour reconstruire.

Et il y avait du travail.

Tony accepta de bon cœur la gourde d'eau qu'on lui tendit. Il laissa le liquide frais lui rafraîchir la gorge, les yeux fermés, appréciant ce bonheur simple.

- On va finir Tony, rentre chez-toi, lui proposa Jorgen.

- Mais je peux…

- T-t-t. Tu es là depuis l'aurore. Va te reposer.

Tony voulait objecter. Il y avait tant à faire.

Il avait toujours été un constructeur. Mais désormais, il ne construisait plus des armures, il ne bâtissait plus des empires financiers, des entreprises renommées.

Il construisait des puits. Un hôpital. Bientôt, une vraie école. Il retapait des vieilles radios, pour que les déférents villages autour d'Arachnée puissent communiquer plus facilement. Il désossait des voitures pour récupérer des pièces, du métal.

Il avait bâti un cimetière, aussi. En premier. Cela avait brisé la partie de son cœur encore entière. Au dernier rassemblement, on avait décidé de se lancer dans la réalisation d'une statue.

« Tant que l'art n'est pas mort, il y a de l'espoir pour l'humanité. Tant que l'homme voudra créer, construire, alors nous n'avons pas perdu.»

Un monument aux morts. Impossible de mettre le nom de tous ceux qui s'étaient sacrifiés pour la victoire, mais la pensée serait là. Une petite araignée surmonterait l'ensemble, protectrice, nouvelle gardienne de cette nouvelle ville. De cette nouvelle vie.

Tony se fit chasser du chantier par Jorgen, qui pestait. « Va t'occuper de ta famille. Tu sais que c'est plus important ».

C'était vrai.

Tony traîna des pieds sur quelques mètres, épuisé, conscient qu'une pause lui ferait du bien. Mais travailler le rassurait, lui redonnait espoir. L'humanité renaîtrait de ses cendres, et il voulait être un bâtisseur de ce nouveau règne.

Il marcha vingt minutes, croisant partout ces hommes et ces femmes qui lui adressaient des signes, des sourires parfois. Sur la place centrale – bien grand terme pour ce carré de terre battue où reposaient les cendres du grand feu qu'on allumait chaque soir-, un petit groupe assis autour d'une immense table de bois tressait des cordes, tissait, préparait des mélanges de colle et d'enduit.

Tony approchait d'une bicoque en bois, assez large et construite sur le modèle d'un chalet Alpin. L'enseigne n'était autre que quelques lettres barbouillées à la peinture rouge.

Le repère.

Il poussa la porte alors que le soleil déclinait à l'horizon, retirant un peu de son voile lourd et écrasant.

Un tourne disque dispensait une musique d'ambiance agréable. Le lieu n'était pas dépourvu de charme. Une agréable odeur de cuisine flottait dans l'air. Les murs en bois bruts étaient couverts de tentures, de tableaux hétérogènes, allant du classicisme le plus forcené au modernisme le plus déroutant.

Le bar était en bois massif, un beau pin sombre et chaleureux, couvert de napperons en dentelle.

Natasha essuyait des verres de l'autre côté du comptoir. Un bandeau retenait ses cheveux flamboyants, ses manches étaient retroussées. Elle avait le teint halé. A côté d'elle, plaçant un fut de bière en perce, Bruce Banner. S'il avait toujours ses lunettes, il avait troqué sa chemise contre un tee-shirt simple, et son pantalon contre un bermuda.

Tony salua ses amis et les quatre clients répartis dans l'établissement.

Il s'installa sur l'une des chaises hautes face au comptoir. Bruce, ayant fini son installation, lui tendit un verre de limonade.

- Alors, le chantier ?

- Le puit est fini. Je passerai à l'hôpital demain. Mais Stephen est infernal, je compte sur lui pour diriger correctement les opérations. Cet hôpital, c'est son bébé.

Les autres acquiescèrent et échangèrent les dernières nouvelles de la journée. Ce petit rituel était devenu très important dans leur vie.

Après les combats, Wade était parti. Il était resté quelques jours, pour aider à déblayer le plus gros. Un matin, on l'avait vu remplir un sac à dos. Les adieux avaient été très brefs.

« J'ai besoin de partir d'ici. »

Personne n'avait objecté. Tony aurait voulu le retenir, tout en sachant que son ami avait besoin de s'en aller.

Il soupira. Le mercenaire leur manquait. Cela faisait six mois maintenant. Un jour, peut-être, il reviendrait. Il passerait dire bonjour.

Thor était souvent absent, ainsi que ce qu'il restait des x-men. Ils parcouraient le monde à la recherche de survivants, qu'ils ramenaient, lors de passages très brefs, à Arachnée.

Ceux qui restaient se rejoignaient ici. Steve passait parfois, mais il était très pris. Les survivants l'avaient naturellement élu comme leur chef, et il prenait très à cœur de mener sa petite troupe. Bruce et Natasha, tous les deux éprouvés par ces dernières années, s'étaient mis en retrait. Ils avaient ouvert Le repère, le premier bar officiel de la ville. Tous les deux, ils soignaient leurs blessures en travaillant dur.

Tony sursauta lorsque Loki apparut à côté de lui, surgi d'une téléportation intempestive.

Le demi-dieu aussi avait bien changé. Il avait maigri, sa peau laiteuse s'était teinté d'une belle couleur dorée, les traits de son visage s'accentuaient. Il attachait ses longs cheveux en catogan. Ses vêtements aussi : il avait troqué sa cape et ses beaux atours contre une combinaison de tissu souple sombre, une ceinture avec divers couteaux, tournevis, lampes de poches, et des bottes de cuir épais. Le plus surprenant pourtant, malgré ces changements radicaux, était son attitude.

Un brin plus serein, et un brin moins moqueur. Un changement qui en avait surpris plus d'un. Mais pas Tony.

Le Jotun planta un baiser sur la joue de son amant avant d'accepter la chope de bière que lui tendit Natasha.

-Alors, de belles découvertes aujourd'hui ?

Loki but longuement avant de répondre. Il chassa d'un coup de langue la mousse qui s'était déposée sur le rebord de ses lèvres.

- Un Botticelli, je pense. Et aussi une belle bibliothèque, deux où trois mille titres. J'en ai déjà ramené la moitié. C'est un nouveau brassin cette bière, Natasha ?

- Oui. Orge et Sorgho. Tu étais où ?

- Excellente. A Rome. Demain j'essaye Florence.

- C'était comment ? interrogea Bruce, remontant les lunettes sur son nez.

Loki grimaça.

- Terrible. Il ne reste plus grand-chose du Vatican. J'avais sauvé quelques sculptures le mois dernier, mais…

Il laissa sa phrase en suspens.

A l'étonnement général, Loki s'était proposé pour une mission bien particulière. Parcourir les ruines du monde détruit, pour essayer de sauver la mémoire de l'humanité. Chaque matin il partait dans un recoin de la Terre, pour voir ce qui pouvait être ramené. Préserver le souvenir des siècles passés : voilà son objectif personnel, le combat qu'il voulait désormais mener. C'était sa rédemption.

Ils discutèrent un moment, bercés par le piano qui s'échappait du tourne-disque. Il était déjà tard dans la soirée lorsque les deux amants prirent congés de leurs amis.

Ils regagnèrent la case qu'ils occupaient ensemble depuis six mois. Loki stoppa Tony avant qu'il ne pénètre dans leur demeure de fortune.

- Asseyons-nous quelques minutes.

Tony obtempéra. Ils s'adossèrent au mur jaune, assis à même le sol, dans la poussière de leur nouvelle Terre.

L'éclairage public n'existait plus, ici. Ce serait le prochain chantier de Tony. En attendant, une immense lune éclairait la nuit, ainsi qu'un parterre d'étoiles magnifiques, jardin de fleurs brillantes suspendues au ciel.

Il faisait chaud encore. Épaules contre épaules, ils profitèrent du silence, et de la compagnie rassurante de l'autre.

Les petits bonheurs simples.

Loki fit apparaître, sortie de nulle part, une bouteille de verre.

- Tu ne devineras jamais ce que j'ai trouvé dans les décombres d'une petite superette Romaine…

Tony esquissa un sourire, devinant. Loki poursuivit, l'air de rien.

- Si je me souviens bien, quand nous étions sur Sanctuaire, tu m'as promis quelque chose.

- Ce n'était pas vraiment une promesse…

- Je l'ai interprété comme cela, le coupa Loki, levant un doigt accusateur. Je disais donc, tu m'as promis quelque chose. Que quand tout ceci serait fini, je serais autorisé à t'inviter quelque part pour boire un verre de tequila.

Joignant le geste à la parole, il disposa deux petits verres sur le sol, et ouvrit la bouteille pour les remplir. Le liquide translucide roula sur le verre, et Loki tendit l'un d'eux à son complice.

- Peut-on considérer que tout ceci est fini, alors ? Accepteriez-vous de prendre un rafraîchissement en ma compagnie, Monsieur Stark ? L'homme de fer en personne ?

- Je ne suis plus l'homme de fer, constata Tony, levant à son tour son verre qui accrocha un reflet de lune.

- Tu es bien plus que cela.

C'était peut-être vrai. Loki reprit, alors que leurs verres s'entrechoquaient.

- Alors ça y'est. Tout ceci est donc réellement fini.

Tony laissa le liquide brûlant couler dans sa gorge. De nombreux souvenirs accompagnaient l'arôme entêtant de l'agave.

- Au contraire, mon amour. Au contraire. Tout ceci ne fait que commencer.

Leurs doigts s'entremêlèrent. Tony vint poser sa tête contre l'épaule robuste à sa droite. La fatigue de plusieurs jours à travailler sur le chantier l'emporta, et il s'endormit rapidement, le dos contre le mur, le bras de Loki entourant ses épaules. Une position pour le moins inconfortable, douloureuse pour son dos et sa nuque. Mais il n'aurait changé d'endroit pour rien au monde.

Il flottait dans l'air une odeur chaude, de soleil et de poussière, de terre et de tequila.

Une odeur pleine de promesses.

Et d'espoir.


Et voilà mes lapins, le point final de cette aventure. J'attends vos remarques avec un mélange d'impatience et de nostalgie anticipée.

Je vais suspendre les fanfics quelques temps, comme j'ai fini tout ce que j'avais entamé (sauf mon cross over Hannibal avengers, mais hé, c'était un cas désespéré !). On garde contact, je suis sur facebook, et je suis sur fictionpress, ou je travaille dur à ma fic originale La Cité des Insoumis.

Je ne suis jamais loin de vous.

Des bisous,

Laukaz