Salut mes choupinous. Vous m'avez manqué. Mais je suis de retour (ne dit pas « pour vous jouer un mauvais tour », ne dit pas « pour vous jouer un mauvais tour »…) avec la fin de cette trilogie des Lois. Bienvenue, donc, dans Hors les Lois. Si vous avez atterri ici par hasard, je vous conseille le tome 1, les lois de l'improbabilité, puis le tome 2, les lois de l'absurdité, sinon vous n'allez pas comprendre grand-chose !

Quelques petites précisions :

- Rated M, rien ne m'appartient, relations entre hommes, blablabla comme d'habitude.

- Cette fic contiendra une dizaine de chapitres.

- Je ne peux pas garantir mon rythme de publication. En effet, je travaille en parallèle sur mon spideypool Les cercles de l'enfer. Je vise un chapitre toutes les deux semaines, mais c'est à titre indicatif et ça variera selon mes disponibilités !

- Je vous kiffe. J'ai hâte d'avoir de vos nouvelles.

Bonne lecture !


Sur l'écran face à eux, Steve Rogers ressemblait à un poisson hors de l'eau.

Un poisson amaigri, les yeux couturés de cernes, des cicatrices encore récentes sur le visage et les avant-bras.

Il lui fallut une bonne minute pour parvenir à cligner de nouveau des paupières. A ses côtés, Will, immobile, ne laissait pas transparaître la moindre émotion. A quelques mètres derrière eux, en retrait et en pleine discussion, Tony reconnut Natasha et Wade. Son cœur se serra.

- Tony ? Demanda enfin la voix ébahie du Capitaine.

- Salut Capsicle. Ca roule ?

- Qu'est-ce que… bredouilla le grand homme, attirant à lui une chaise pour s'asseoir face à la caméra.

- Je t'ai manqué ?

Malgré son air abattu, Steve Rogers sourit.

- C'est bon de te voir… Mais ou étais-tu donc passé ?

Tony inspira profondément.

- C'est un peu long à raconter, on a des trucs plus importants à se dire je crois. Comment est la situation chez vous ? On est en route pour la Terre. On arrive d'ici quelques jours.

Will secoua négativement la tête.

- Ne venez-pas. Les quelques vaisseaux qui se sont approchés de l'atmosphère terrestre ont tous connu le même sort : explosés en vol.

- Voila qui est problématique, souligna Loki.

Steve lui lança un regard soupçonneux.

- Tony… Tu m'expliques quand même ce que tu fais avec lui ? Aux dernières nouvelles, il n'était pas de notre côté, et il a amené la guerre à nos portes.

Tony leva les yeux au ciel.

- Steve, rappelle moi c'est qui, tes lieutenants, maintenant ?

Steve ouvrit la bouche pour répondre, hésita, la referma.

- Exactement. Nat et Wade. Et franchement, monsieur Wilson n'est pas un modèle de morale et de vertu. Il a tué je ne sais combien d'hommes bons, et provoqué plus d'une catastrophe. Mais les temps changent. Un ennemi plus important se présente, et les anciens adversaires s'unissent… J'ai même vu dans les vidéos que Bucky s'est rallié à ta cause! C'est pareil pour moi. Loki est avec nous maintenant. Il faut t'y faire.

- Va me falloir un peu de temps, grommela le soldat.

- Bien sûr. Bon, première étape : trouver un moyen de vous rejoindre. Est-ce que, à tout hasard, tu aurais eu l'occasion de sauver quoique ce soit à l'intérieur de la tour Stark ?

Will et Steve échangèrent un regard. Ce fut le jeune homme qui répondit, avec assurance.

- Nous étions retranchés dans la tour, au début. J'ai eu le temps de récupérer Jarvis. C'est tout.

Tony éclata de rire.

- « C'est tout ? » Mon gars, bien joué. Bon, ça veut dire que tu as piraté une partie des systèmes de sécurité, mais honnêtement, j'en suis ravi !

Le jeune hacker haussa les épaules, fataliste.

- Il m'a quand même fallut trois jours.

Les mâchoires de Tony grincèrent. Trois jours seulement. Son ego en prenait un coup. Il se promit d'avoir le garçon à l'œil.

- Enfin bref, c'était une bonne initiative. Il faut m'envoyer les codes ici, sur Sanctuaire. Je vais avoir besoin de Jarvis.

- Quel est ton plan ?

L'ingénieur s'étira dans sa chaise, fit craquer les jointures de ses doigts, bougeant sa nuque comme pour s'échauffer avant un marathon.

- Technologie furtive de chez Stark. Jarvis stocke toutes mes données de recherche.

Pour la première fois, Will sembla ému.

- Sérieusement ?

- Sérieusement mon gars. Je vais rendre Sanctuaire indétectable par les radars et les satellites, et invisible à l'œil nu. Comme mon bon vieux Quin Jet. Ça me gonfle de devoir repartir de zéro, et sans matériel en plus, mais bon. Tous les calculs sont déjà faits. Il n'y a plus qu'a appliquer. Ahlala, si j'avais Bruce avec moi, ça ne prendrait que quelques jours…

A la mention de leur ami disparu, tous se turent. De sombres réflexions les animaient alors que le transfert de données commençait.


Vingt-quatre heures plus tard, le poste de pilotage de Sanctuaire se transformait en poste de pilotage-centre de recherche-atelier-laboratoire-hangar-entrepôt. Les pirates en charge de la gestion du vaisseau avaient cédé un peu de leur espace vital, et s'agglutinaient au fin fond de la salle. Nebula réquisitionna une petite équipe de pirates pour parcourir la galaxie à la recherche du matériel dont Tony avait besoin. L'ingénieur s'était mis au travail sur le champ. Loki l'avait bien vite abandonné pour aller méditer, fatigué des bruits de perceuse et de marteau.

Une connexion permanente était ouverte entre Sanctuaire et le bunker des résistants, sur Terre. Will passait la majorité de ses journées en face de l'écran, à assister Tony Stark dans sa réalisation. Comme un rêve devenu réalité. Le jeune homme s'occupait principalement de mettre à jour les algorithmes, pour qu'ils correspondent aux besoins de ses alliés et s'adaptent parfaitement au vaisseau de Nebula.

Tony, lui, s'occupait de l'aspect pratique. Il leur fallut près d'une semaine pour rassembler tous les composants nécessaires. A partir de cet instant, Tony réquisitionna des petites mains pour l'aider à installer son système de furtivité. Pirates et humains travaillaient dans une bonne humeur relative, au son de la musique que diffusaient les hauts parleurs de la salle de pilotage. Tony avait insisté. Impossible pour lui de travailler correctement sans AC DC hurlant dans les micros. Ses goûts musicaux convenaient parfaitement à son assistant, qui fredonnait parfois, entre deux lignes de code.

Souvent, Natasha et Steve venaient contempler l'avancée du chantier, ou juste discuter. Dans ces moments, Tony comprenait combien ils lui avaient manqué. De nombreux voyous, et de nombreux héros s'étaient associés, aux côtés de Cap. On comptait notamment, outre ses deux lieutenants, Ant man, les jumeaux Wanda et Pietro, mais aussi Cable, Wolverine, Copycat, Bucky et Groot. Des rumeurs voulaient que Magneto soit vivant quelque part, et ai levé lui aussi une armée de résistants, plus au Sud. Aucune nouvelle cependant de Thor, Docteur Strange, War machine et bien d'autres. Cette incertitude rongeait les présents, et Tony pensait souvent à ses anciens alliés, morts, disparus, capturés ou opprimés. Outre la tristesse qui lui serrait l'estomac à cette pensée, une envie d'agir s'emparait de lui, l'obligeant à réduire son temps de sommeil, à s'enfermer dans son atelier improvisé pour accélérer les travaux.

Il mourrait d'envie de rejoindre les siens, et d'en découdre.

Quelques jours à tenir bon.


Tony bailla a s'en décrocher lma mâchoire, et se frotta les yeux. Dormir cinq heures en trois jours, ce n'était plus de son âge.

- J'aurais bien aimé avoir le temps de me bricoler une armure, murmura-t-il, mal à l'aise.

- Pauvre petite créature perdue sans sa boîte de conserve…

Le grand homme reçut un coup de coude dans les côtes qui ne provoqua rien d'autre chez lui qu'un sourire malicieux.

- Je te protégerais, faible petite fourmi, ajouta-t-il.

Comme témoin de ses paroles, une sphère d'énergie bleue incandescente apparut au creux de la paume de sa main. Elle grésillait, prête à imploser. Tony leva les yeux au ciel.

L'humour était un bon moyen de décompresser. L'entrée dans l'atmosphère terrestre s'était déroulée sans encombre. Tony avait craint un instant que les frottements n'abiment la technologie furtive, mais sa création tint bon, garantissant l'invisibilité du vaisseau.

Ils s'approchaient rapidement des coordonnées GPS indiquées par Will. Très proche de ce qui était, anciennement, New York. L'équipage retint son souffle alors que Sanctuaire perdait de l'altitude, passant sous la couche nuageuse. Le spectacle qui s'offrit à leurs yeux était désolant.

Partout, des ruines, des immeubles effondrés, des stades de foot éventrés. Plus rien ne tenait debout, ou presque. Ils atterrissaient en début de soirée, sur les recommandations du jeune pirate informatique. L'éclairage public ne fonctionnait plus depuis des mois : atterrir de nuit, c'était se compliquer la tâche, mais atterrir en plein jour, c'était devenir une cible facile. La lumière décroissait rapidement. Les ruines du monde qu'ils découvraient baignaient dans la pale lueur rosâtre du crépuscule.

Perdant encore en altitude, ils virent les monceaux de verre et de béton, les fenêtres brisées de chaque bâtiment, les jardins à l'abandon, envahis de mauvaise herbe, les poteaux électriques arrachés au sol, couchés en travers des routes, les voitures abimées et abandonnées un peu partout.

L'apocalypse.

- Là.

Loki pointait du doigt un secteur au Nord Est. Un immense camp, entièrement entouré de barbelés, caché derrière de hauts murs. Les sentinelles n'étaient autres que les colosses noirs, immobiles, postés à intervalles réguliers le long des barricades.

- Un camp de travail, commenta Nebula, concentrée sur sa trajectoire.

La vitesse décrut encore, et ils atterrirent au sommet d'un des rares toits encore stable des environs, comme convenu.

Les portes du vaisseau coulissèrent, et le comité d'accueil les attendait, aplatis sur le toit de tuiles rouges.

Natasha Romanoff, Wade Wilson, Phil Coulson, et trois autres personnes que Tony ne connaissait pas.

Les retrouvailles furent brèves. Il était dangereux de rester exposé.

Tony serra la veuve noire dans ses bras. Brièvement, mais avec une intensité qui trahissait son affection pour elle. La jeune femme avait des cernes, les traits marqués, et quand il la serra contre lui, il sentit son corps anguleux, ses os à fleur de peau. Elle était vêtue d'un jean abimé et d'un simple tee shirt noir. Un fusil d'assaut était sanglé dans son dos.

Ses compagnons portaient le même visage tendu, bien que quelques sourires se formèrent en découvrant Tony Stark. Symbole d'espoir. Ils étaient tous plus maigres que dans les souvenirs de l'Ingénieur. Ainsi était le nouveau monde. Il n'y avait de place que pour le muscle, et plus pour la graisse.

Le déchargement de Sanctuaire commença. Des vivres, de la nourriture, des vêtements, des outils. Nebula avait fait charger le vaisseau au maximum par ses pirates, pour amener un petit cadeau de bienvenue aux résistants.

Natasha gratifia Loki d'un regard mitigé, qu'il ignora royalement.

Rapidement, le vaisseau fut vidé, puis évacué. La centaine de pirates de Nebula emboitèrent le pas à leur comité d'accueil.

- On va devoir se serrer un peu, commenta Natasha à l'attention de Tony.

- J'ai hâte de voir ça ! C'était plus sage de ne pas montrer d'images via la caméra, et de ne pas en parler. Ce serait dommage que nos chers golems décident de s'inviter pour une petite sauterie… Dis-voir, il a quoi, Wade ?

En effet, pour quiconque avait connu Wade Wilson, l'homme en tenue paramilitaire qui les escortait, uzi nonchalamment calé sur l'épaule, ne ressemblait pas à Deadpool.

- Il m'a même pas fait une vanne depuis que je suis arrivé…

Natasha grimaça.

- Il n'est plus trop d'humeur à plaisanter, depuis que Parker a été capturé.

La bonne humeur fugace de Tony s'assombrit.

- Il l'a très mal vécu. Ils avaient une relation assez fusionnelle… Depuis, il parle dix fois moins qu'avant, et les blagues, c'est un temps révolu. De toute façon, on n'a pas spécialement envie de rire…

- Il faudra remédier à cela.

L'intervention de Loki, innatendu, jeta un froid. Il poursuivit.

- Si leur présence vous interdit de rire, de créer, d'être vous-même, alors ils ont réellement gagné. Et personne ne souhaite les laisser emporter la victoire, n'est-ce pas ?

Natasha médita cette remarque.

Ils s'engouffrèrent, véritable colonie humaine, au cœur du bâtiment. Il fallait agir vite, se déplacer constamment, sous peine de croiser l'une des nombreuses milices armées qui patrouillaient dans les villes.

Les campagnes étaient moins surveillées, mais les gens y mourraient de faim. Les colosses s'étaient appropriés chaque champ, chaque exploitation agricole, et surveillaient jalousement leurs biens.

Wade lança à Tony un fusil d'assaut, que l'ancien milliardaire attrapa au vol. Il vérifia que l'arme était convenablement chargée, prête à servir. Il grimaça. Voila bien longtemps qu'il n'avait pas utilisé l'une de ces choses, et cela ne lui manquait pas. Loki refusa d'un hochement de tête dégoûté l'arme proposée par un des membres de leur escorte.

Lui n'avait pas besoin de ces ustensiles ridicules pour s'en sortir…

Ils descendirent les nombreux étages du building désaffecté. Le vent s'engouffrait dans les vitres cassées, et tout était sens dessus dessous. Des anciens bureaux dévastés, des débris de verre et de métal, parfois, allongé au sol, un cadavre.

Natasha avait pris la tête du groupe, avec Tony. Ils avaient beaucoup de temps à rattraper. Voyant le trouble qui gagnait peu à peu son ami alors qu'il découvrait le spectacle macabre qu'était devenu leur quotidien, elle engagea une nouvelle conversation.

- Tu me raconte, cette histoire avec Loki ?

Tony grimaça. Il ne savait par où commencer. Il lui semblait avoir vécu tellement de choses avec l'Asgardien qu'il pourrait en écrire deux tomes complets. Il choisit ses mots pour ne pas révéler de choses compromettantes, notamment la participation des fantômes de l'espace.

- Je t'offre la version courte. Loki emprisonné à la tour parvient à se libérer grâce à sa magie – manque de me tuer, me kidnappe. Thanos lui court après pour le tuer, il m'entraîne à sa suite dans une course poursuite infinie. Menacé par une autre civilisation, il doit leur amener un bibelot magique quelconque pour calmer leur colère. Il y arrive. Thanos envoie ses soldats sur terre, la civilisation qui en voulait à Loki vient nous sauver la vie à l'aide du bibelot qu'on leur a ramené– c'était tous les hulks débarqués de nulle part. Pendant ce temps, Loki et moi chez Thanos, ce maniaque m'oblige à reconstruire le gantelet de l'infini, j'arrive à le coincer dans la gemme verte. J'apprends que c'était le plan de Loki depuis le début.

Tony fit une pause, pour laisser le temps à son amie de digérer les informations.

- Alors il serait de notre côté, hein…

- Apparemment, régner sur Terre lui plaisait bien, mais être la poupée d'un titan fou, moins. Enfin bon, pour la suite, ce connard efface mes souvenirs, se fait pourchasser par des mercenaires embauchés par Nebula qui veut venger son papa. Ce débile vient me voir pour demander mon aide, je l'aide, on se retrouve en face à face avec Nebula, une chose en entraînant une autre elle se fait aspirer par la gemme verte, Loki aussi, et moi je retrouve mes souvenirs et je les rejoins pour buter ce connard de demi-dieu. On se rejoint tous les trois dans un monde type « Alice au pays des merveilles a trop fumé de marie jeanne », on retrouve Thanos, on le tue une deuxième fois grâce à Nebula qui en fait avait des affaires familiales à régler, et quand on rentre, un an et demi s'est écoulé et c'est la vraie merde ici. Tu suis ?

Natasha, les yeux écarquillés, hocha la tête.

- Merde… Sacrée aventure.

Ils n'eurent pas l'occasion de discuter davantage. Leur avancée se transforma en véritable parcours du combattant, et il fallait surveiller chaque pas, de peur de traverser les parquets rongés par la moisissure et de se retrouver deux étages plus bas.

Bientôt, la petite troupe atteint le rez-de chaussée. Chacun vérifia la fonctionnalité de ses armes, et, dans une efficacité conférée par l'habitude, tous s'élancèrent au dehors.

Deux éclaireurs se portèrent à leur rencontre. Plus personne ne parlait. Il fallait bouger vite.

Tony se laissa embarquer, l'œil attiré partout.

Il ne reconnaissait pas l'endroit où ils avaient atterri. Des débris, des décombres, du plâtre, du verre et du métal pèle mêle, partout dans les rues. Ils ne croisèrent pas le moindre être humain. Quelques chiens errants, quelques rats aussi.

Et, au plus grand soulagement de Tony, pas de colosses.

- On est loin du campement? chuchota Tony, qui ne tenait plus en place.

L'idée de revoir Steve le faisait frémir d'impatience.

- Six kilomètres environ.

Ils longèrent des buildings éventrés, tendus, prêts au pire. L'atmosphère sembla se détendre d'un cran lorsque Natasha indiqua du menton une plaque d'égout. La troupe s'y enfonça à la suite de ses meneurs.

C'est donc au cœur des boyaux sombres et malodorants que la cohorte avança, prudemment, aux aguets. Ils ne firent aucune mauvaise rencontre.

Loki, contrarié par ce passage inélégant et bas de plafond, retint sa langue. Tony en entendrait parler, c'était certain.

Enfin, la colonne humaine s'arrêta aux pieds d'une échelle menant vers une nouvelle plaque de bronze.

La sortie.

Natasha grimpa la première, et s'identifia. Au-dessus de leur tête, le métal grinça et on leur libéra le passage.

Curieux, compressé par des résistants qui le poussaient dans le dos, Tony entra dans le bunker.


- Ravi de vous rencontrer, et bienvenue au Chalet.

- Salut, Will. Le Chalet ? C'est sérieusement le nom que vous avez donné au QG ?

Le jeune homme eut un sourire mutin.

- Ben quoi, ca vous semble pas chaleureux et accueillant comme un chalet de montagne ?

Ils se trouvaient pressés dans une minuscule salle. Rien que du béton, gris et terne, une immense porte blindée protégée par un scanner. La seule source de lumière provenait d'un néon à la lueur fiévreuse.

Will s'approcha du scanner, ouvrit l'œil pour que l'ordinateur analyse son globe oculaire.

- Logan, Will.

Double protection, nota mentalement Tony.

La porte s'ouvrit dans un petit bruit d'air comprimé, dévoilant l'intérieur à proprement parler du bunker.

Le Chalet, donc. Tu parles.

Partout, de l'acier, du béton, froid. Des lumières blanches à coller une migraine, pas de lumière du jour, pas de fenêtres, pas de décoration.

Des postes de travail en acier chromé, qui s'enchaînaient, avec des hommes et des femmes travaillant autour de cartes, de listes, d'ordinateurs parfois.

La petite troupe s'égailla au sein des locaux. Will hésita.

- Steve est parti en mission de reconnaissance. Il devrait revenir dans quelques heures. Il a insisté pour que vous l'attendiez, avant de visiter. Et, Monsieur Stark, vu votre tête… Un peu de repos vous ferait du bien. Sauf votre respect.

- Faut me tutoyer, gamin, ronchonna Tony.

Il aurait volontiers refusé l'offre tacite de prendre du repos. Sauf que ses cernes pesaient physiquement sur son visage. Comme un poids à porter. Il sortait de trois nuits blanches frénétiques, occupé à finir au plus vite le système de furtivité. Et Steve serait fâché d'apprendre qu'il avait désobéi. Ce ne serait pas la première fois, bien sûr, que Stark désobéirait au capitaine.

Mais le super soldat avait dû vivre des temps difficiles. Pour une première rencontre depuis un an et demi, mieux valait garder profil bas.

Tony se laissa donc docilement mener à une chambre, alors que Loki était emmené un peu plus loin, vers ses propres appartements.

Ils traversèrent de nombreux couloirs. Tony se serait cru au cœur d'un rouleau de papier aluminium. Déprimant. On lui confia une chambre minuscule – mais une des rares chambres privée-, dotée d'un lit en ferraille aux draps blancs, d'un coffre au pied de celui-ci, d'une commode en bois et d'une minuscule salle d'eau. Il s'y enferma, et s'affala sur le lit, les bras en croix.

- Le luxe, quoi.

- Je ne te le fais pas dire.

Tony sursauta, se redressa d'un bond.

Venu de nulle part, Loki se tenait adossé au mur, satisfait de son effet de surprise. Il avança lentement, détaillant la pièce du regard. Sa stature haute contrastait avec les lieux bas de plafond.

- J'espère que t'es pas claustrophobe… Tu voulais quelque chose ? S'enquit Tony, se levant à son tour.

Son interlocuteur se coula vers lui, ombre flottant au-dessus du sol. Il y avait quelque chose d'étrangement intense au fond de ses pupilles vertes. Cet aspect moqueur et espiègle, perdu trop longtemps, retrouvé dernièrement.

Il avança jusqu'à pouvoir poser ses longs doigts contre le torse de l'humain, et murmura :

- Si tu es fatigué, je peux peut-être t'aider, et te faire certaines choses qui t'aideront à trouver le sommeil…

Il laissa flotter le sous-entendu de longues secondes, s'approchant davantage encore, surplombant l'ingénieur d'une bonne tête.

La remarque laissa Tony stupéfait.

Certes, il avait cru voir un changement dans leur relation, depuis le retour de sa mémoire et leurs diverses explications. Il s'était même endormi plusieurs fois entre les bras du dieu moqueur, mais jamais ce dernier n'avait affiché de manière si directe le fond de sa pensée à ce sujet.

Son visage s'approchait, ourlé d'un sourire énigmatique. Tony sentit une bouffée de chaleur l'envahir, se rappelant soudain certaines émotions qu'il avait déjà ressenties à l'égard du demi-dieu, et de sa silhouette magnétique.

Il attendit que son visage soit à quelques millimètres à peine de celui de Loki pour rétorquer, dans un chuchotement :

- On avait pas parlé de tequila, avant ?

Loki haussa une épaule avec élégance. Ses lèvres effleurèrent la joue du mortel lors de sa réponse :

- Je suis désolé de t'apprendre qu'il n'existe plus sur cette Terre de bar digne de nous laisser prendre un verre… Mais si c'est de l'alcool qu'il te faut pour apprécier ma compagnie…

Il s'éloigna juste assez pour dévoiler sa main, où une bouteille de verre venait d'apparaitre. Deux verres en cristal attendaient dans l'autre. Il s'éloigna lentement, pour déposer le tout sur la commode, offrant à l'ingénieur une vision privilégiée sur son dos drapée de noir.

Tony avait oublié, pendant ces quelques mois, à quel point le Jotun était beau. Et a quel point il le savait, et à quel point il aimait en jouer.

Malgré tout l'intérêt éveillé par les promesses de son complice, et par la tequila, un sentiment d'insécurité l'enveloppait. Alors quoi, finalement ? Ils étaient ensemble ? De manière assumée ? Ou Loki jouait, tout simplement, cherchant une occasion de se divertir parmi les fourmis qui l'entouraient ?

C'était dur à dire, et pas vraiment le meilleur moment pour y réfléchir.

Quelqu'un frappa à la porte, et entra dans la foulée. Tony ouvrit la bouche pour protester, mais se ravisa. Déjà, Loki avait disparu, ne laissant comme preuve de son passage que la tequila sur la commode.

Will avait visiblement couru : il était à bout de souffle.

- Désolé… De vous déranger, Monsieur Stark. Mais Steve vient de rentrer. Il est impatient de vous voir.

Tony laissa trainer un œil, contre la commode, là où le demi-dieu s'était tenu une seconde avant à peine.

- Très bien, Will. Allons y.


Voilà pour ce premier chapitre... Un petit mot pour me dire le fond de votre pensée?

=D

Des bisous!

Laukaz