Coucou tout le monde,
alors si je me suis lancée dans la Sterek, c'est entièreeeement la faute de Bruniblondi, donc il faut voir avec elle pour toute réclamation :p Sinon, cette fic est terminée d'écrire.
Je posterai un chapitre par semaine le mercredi, sachant qu'il y en a 11 en tout.
Précision : cette fic est un Univers Alternatif. Donc ce n'est pas la peine de venir chouiner que "oui mais dans la sériiiieeee, ils sont/font pas coooommmme ça". Parce que Derek aurait aussi bien pu s'appeler Kevin, idem pour Stiles, et être des persos originaux ;)
Ha oui, et je dis "mate", comme en anglais, surtout parce que c'est assez intraduisible sans en perdre le sens profond, qui est sensiblement différent "d'âme soeur'
Merci à Mandy Mandala et Bruniblondi pour leur bêta, et à Myriam pour ses corrections. Je vous nem les filles :)
Bonne lecture en tout cas :)


Chapitre 1

Première Lune – Partie 1

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Un bruit métallique. Une porte ajourée, faite de ce grillage losangé que l'on retrouve dans la plupart des entrepôts du pays. L'endroit est plongé dans une demi-obscurité. Cette pénombre aux contours bruns-dorés qui n'existe qu'au coucher du soleil.

Quelqu'un pousse la porte qui s'écarte en grinçant.

Un homme brun apparaît dans l'ouverture. L'inconnu est grand, sombre et très beau. Le genre un peu bad boy avec sa barbe de trois jours, son marcel kaki que seul recouvre un sweat à capuche et ses épais sourcils froncés en une expression méfiante.

C'est pourtant sans crainte qu'il repousse le grillage et s'avance vers une partie plus sombre de l'entrepôt. Il semble savoir où il va.

Tout le reste est flou. Ni sons, ni odeurs, ni aucun repère spatial. Pas le moindre indice. Comme si toute la scène flottait, enveloppée dans un épais coton qui aurait atténué les sens autant que les mouvements.

Le type s'avance quand, soudain, autour de lui tout vole en éclats dans un silence assourdissant. L'expression féroce que l'homme arborait jusque-là s'efface d'un coup. Ne demeure que l'image menaçante du canon d'un fusil à pompe braqué sur lui. L'arme est entourée de fumée. Elle vient de cracher une décharge, sans doute létale.

L'homme apparaît à nouveau. Cette fois, une expression hébétée est placardée sur son visage. Il écarte ses mains qui étaient venues se poser au niveau de son abdomen. Les derniers rayons du soleil qui pointent dans cette cave déserte offrent un contre-jour saisissant, dissimulant presque les traits de l'inconnu qui tombe à genoux. Une tache rouge, inquiétante fleur pourpre, s'épanouit sur le tissu kaki. Ses bras s'écartent. La déflagration et l'impact de la chevrotine dans son corps l'ont crucifié.

Aucun son n'a résonné quand le coup est parti. Son corps qui heurte lourdement le sol n'en produit pas davantage, comme dans une scène au ralenti. La souffrance ravage ses traits crispés.

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Une urgence naît quelque part. À plusieurs kilomètres de là. Un besoin vital qui s'enracine. Une conscience qui cherche à s'éveiller.

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Face à l'inconnu, une femme attend. Debout. Magnifique. Implacable. Les yeux de l'homme sont braqués sur l'arme qu'elle tient dans sa main droite. Elle a laissé le fusil retomber le long de son corps, tel un serpent inerte. Elle n'aurait pourtant qu'un mouvement à faire pour achever celui sur lequel elle vient de tirer.

La lumière rasante du soir s'accroche dans les cheveux blonds de cette femme et fait scintiller les millions de fragments de poussière qui s'ébattent dans l'atmosphère lourde de la cave. Ses lèvres carmin esquissent quelques mots qui s'étouffent eux aussi dans le coton de la scène. Le canon de l'arme se lève.

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XxX

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_NOOOOON !

Stiles est réveillé en sursaut par son propre hurlement. Son cri résonne dans la chambre. Il se redresse dans son lit, les sens en alerte. Son souffle est court, sa respiration haletante. Il passe la main dans ses cheveux ébouriffés. Les quelques centimètres de poils crissent sous ses doigts. Il s'aperçoit au passage qu'il est trempé de sueur. De lourdes gouttes de transpiration ruissellent sur son front et il sent que le T-shirt qu'il a gardé pour dormir est lui aussi humide.

Les images de son cauchemar ne cessent de tourner en boucle derrière ses paupières qu'il clôt un moment, espérant reprendre son souffle. En dépit de cela, l'urgence qu'il a ressentie face à cette scène ne s'éteint pas. Bien au contraire, son cœur s'emballe à nouveau quand tout lui revient en une série de flashs particulièrement vivaces et nets.

Stiles est pourtant un habitué des cauchemars. Cachetons ou pas, son cerveau d'hyperactif ne lui laisse que très rarement de répit. Mais cette fois, c'est encore différent. Différent de tout ce qu'il a connu, de toutes les merdes que peut lui balancer sa sale caboche.

Non que Stiles croie au surnaturel, aux prémonitions ou à toutes ces conneries. Il est plutôt du genre rationnel. Le mec qui commence tous ses devoirs par une série de recherches approfondies. Mais à cet instant, quelque chose lui chuchote que ce rêve n'a rien de banal.

Ce qu'il a vu s'est produit. Ou, est sur le point de se produire. Il a senti un… lien. C'est foutrement difficile à expliquer. Surtout sans passer pour un taré, même à ses propres yeux. Après tout, il ne connaît pas les acteurs de son petit délire nocturne. Il ne connaît pas non plus le lieu.

En fait, il n'est certain que d'une chose dans l'affaire : l'inconnu ne doit pas mourir. Ce qui est peu probable quand une décharge de chevrotine vient de vous exploser le bide.

C'est pourquoi Stile saute sur ses pieds sans attendre. Ce n'est ni rationnel, ni logique. Il a juste conscience qu'il doit faire quelque chose. Quoi ? Ça, il n'en sait foutre rien. Il ne peut simplement pas rester au fond de son lit à attendre que se calme son cœur et que les images refluent. Parce que son instinct lui hurle que s'il devait retrouver la photo de l'inconnu en première page du canard local au petit matin, quelque chose se briserait en lui.

Alors il repousse le drap trempé de sueur d'un coup de pied. Au moment de se relever, il s'emmêle un peu dedans mais réussit à se rattraper in extremis. Un juron sonore et très imagé résonne contre les murs de sa chambre, à la manière du cri qu'il a poussé un peu plus tôt.

Par terre, au milieu de l'innommable foutoir qui lui sert de piaule, il met la main sur son jean. Quand il l'enfile, la boucle de sa ceinture cliquette contre sa braguette. Il s'empresse d'attacher l'une et l'autre. Il considère un court instant l'idée de changer de T-shirt, mais il l'abandonne aussi sec. L'urgence le tenaille toujours.

Il passe à la va-vite une chemise à carreaux qui traîne sur le dossier de son fauteuil de bureau. Au passage, il attrape les clés de son tacot et ses baskets. Il saute dans ces dernières alors même qu'il descend l'escalier quatre à quatre.

En bas, il croise son père. Debout dans l'entrée, le shérif Stilinski est en train d'ôter son chapeau et de déboucler son holster. Il hausse un sourcil surpris en voyant son fils débouler tel une tornade.

_Stiles, qu'est-ce que…

_Salut, Pa ! Je dois y aller… Je t'expliquerai plus tard.

Le jeune homme ne tient aucun compte de son père qui cherche à le retenir.

_Stiles ! Reviens ici, Bon Dieu ! Où est-ce que tu vas à cette heure ? Stiles !

Mais la double porte de la maison a déjà claqué. De toute façon, ça n'était pas comme si Stiles avait vraiment eu l'intention de s'arrêter pour fournir des explications à son père. Et quel genre de réponses aurait-il pu lui donner ?

« Je pars courir la campagne en pleine nuit parce que j'ai vu un type se faire descendre dans un cauchemar. Non, ce n'est pas du tout improbable. Non, je n'ai aucune idée de qui il est et d'où c'est censé se passer. Prévenir la police ? Pourquoi faire ? »

Quand Stiles arrive près de sa voiture, il ouvre la portière de la jeep et se jette sur le siège sans prendre la peine de repousser sa pochette de cours qui gît, abandonnée-là depuis qu'il est rentré de l'université la veille au soir. Il glisse la clé dans le contact et démarre. La vieille guimbarde crachote un peu, mais rien d'inhabituel.

Roscoe – de son petit nom – a toujours été une fifille capricieuse. Il n'y a qu'à Stiles qu'elle obéit. En fait, il est le seul à savoir la démarrer. Juste ce qu'il faut de pression, sans la brusquer. Quand le moteur se met enfin à ronronner, Stiles félicite la voiture à haute voix en l'appelant « son bébé ».

À chaque fois qu'il fait ça en présence de Scott – son meilleur ami – celui-ci le regarde comme s'il était taré. Stiles, lui, sait sans l'ombre d'un doute que sa pépette a besoin de tous ses encouragements. Surtout au beau milieu d'une nuit de novembre aussi frisquette que l'est celle-là.

Bientôt la jeep s'élance à l'assaut de l'asphalte, direction les entrepôts. Stiles n'a aucun indice, rien qui le guide, si ce n'est son instinct. En temps normal, même lui se serait posé deux minutes pour examiner son comportement, aussi impulsif qu'il puisse être. Mais pas aujourd'hui.

Aujourd'hui, il doit retrouver l'homme avant qu'il ne se fasse tirer dessus. Tant pis si c'est dingue. Tant pis si ça sort de nulle part. Il est des intuitions qu'on ne questionne pas.

Alors Stiles roule. À toute allure. En se foutant comme d'une guigne des limitations de vitesse. S'il se fait gauler à faire péter le compteur comme ça, même son shérif de père ne pourra rien pour lui.

Seule la lueur crachotante de ses phares en bout de course perce un tant soit peu l'obscurité qui rampe face à la voiture. Du moins jusqu'à ce que la lune fasse son apparition. Stiles lève le nez pour contempler l'astre nocturne qui parvient à s'extirper des lourds nuages de pluie qui s'effilochent un peu partout dans le ciel. Elle est pleine. Lumineuse et ronde, elle baigne tout à coup le paysage d'une aura presque fantomatique. Les contours des arbres se dessinent sur les bas-côtés. La forêt que Stiles est en train de traverser se drape de mystères alors que les ombres des troncs se découpent dans cette étrange clarté nocturne.

Sans trop savoir pourquoi, cette ambiance qui aurait dû inquiéter Stiles l'a toujours rassuré. En temps normal, il n'aime pas particulièrement sortir la nuit. Surtout lorsqu'elle est noire et qu'aucune étoile ne brille dans le ciel. Parfois, il pense même sentir une présence sur ses talons. Il est alors incapable de rester à l'extérieur. C'est une sensation presque physique, comme si les ténèbres se précipitaient sur lui pour le happer, pour se refermer sur son corps et l'étouffer.

Tout est différent quand la lune domine le ciel. Elle semble toujours l'entourer d'une aura protectrice. Il la cherche, il la sent veiller sur lui, comme une vieille amie. Aussi est-il plutôt rassuré de la savoir au rendez-vous ce soir. Un élément familier dans cette urgence qui continue de lui vriller les tripes.

La forêt finit par s'éclaircir, cédant le pas aux premières habitations – d'abord disparates – puis à la ville elle-même. Avec leurs quelques immeubles en construction, leurs entrepôts désaffectés et leur immense centre commercial, les rues embrumées de Bacon Hill se nimbent de mystères.

Un peu de vapeur s'échappe de quelques plaques d'égouts et Stile a l'impression de se retrouver dans un de ces vieux films d'horreur. Il ne manque plus que de voir surgir d'une ruelle un tueur sanguinaire ou quelque monstre rôdant en quête de sa proie. Sauf que Stiles s'en fout. S'il se fait agresser par Freddie Krugger, il lui roulera dessus avec la Jeep. Quitte à y laisser un pneu…

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Le sentiment de frénésie qui anime Stiles refuse de s'atténuer. Il se mâchonne la lèvre inférieure jusqu'au sang alors qu'il fait le tour de la ville déserte. Plusieurs fois. Il scrute les rares passants qui hantent encore les rues à cette heure avancée. Quelques fêtards dans les artères du centre-ville. Des SDF et des prostituées dans les quartiers les plus pauvres. Personne qui ressemble à l'inconnu de son rêve.

En fait, il ne sait même pas pendant combien de temps il roule ainsi. Une fois ou deux, il pense apercevoir une silhouette au loin. Ce n'est toujours qu'une ombre qui s'efface quand il s'en approche, fugace et éphémère.

Il tente bien de se sermonner, de se raisonner. Rien n'y fait. La seule chose qui le décide finalement à abdiquer, c'est quand le voyant de la réserve de carburant de la Jeep commence à clignoter.

Merde, c'est bien sa chance…

Stiles jure et frappe le volant tout en allant se garer dans un parking avoisinant pour réfléchir à la suite des événements. L'endroit est désert, le silence oppressant quand il coupe le moteur de la Jeep. Même la ville est endormie, ses bruits étouffés.

_Putain, mec, mais qu'est-ce que tu branles, sérieux ?

Sa propre voix résonne dans l'habitacle, l'extirpant de cette transe dans lequel il semble plongé depuis son réveil. Il se frotte les yeux de ses poings avant que sa tête ne parte en arrière. Il la cogne contre l'appui-tête. Une fois, deux fois, trois fois…

_Abruti, abruti, abruti ! Crétin !

Il se fait mal. Il le sait. Mais il le mérite bien pour être aussi con. Non mais quel genre de mec sort en pleine nuit parce qu'il a fait un cauchemar ? Stiles secoue la tête et soupire d'agacement. Il se redresse et pose la main sur le contact, prêt à repartir. Son front cogne contre le volant. Une dernière fois. Juste histoire de s'enfoncer dans le crâne qu'il n'est qu'une pauvre tache et qu'il faut qu'il arrête de suivre toutes les lubies de son foutu cerveau.

Le type de son rêve n'existe pas. Pas plus que la femme blonde ou le fusil à pompe. Il n'y aura pas d'encart dans le journal demain. Car il ne s'est rien produit. Stiles a juste fait un cauchemar. Un de plus.

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Pourtant quand il relève la tête, un mouvement furtif accroche son regard. Là-bas, à droite. Stiles se redresse comme un ressort sur son siège. Entre les piliers de soutènement du parking, une silhouette se détache dans la nuit. Une ombre chinoise qui se découpe sur l'arrière-plan de la ville, éclairée par la lueur jaunâtre des lampadaires.

Stiles plisse les yeux, agrippé à son volant.

Cette démarche…

Ce n'est certes pas celle d'un homme agonisant ou blessé, mais Stiles n'a presque aucun doute. Le pas est assuré, vif. Presque dominateur. Un fauve sur son terrain de chasse.

De là où il est, le jeune homme ne peut pas jurer sur sa vie que c'est bien son inconnu. Il n'a rien pour le prouver, si ce n'est son instinct qui lui hurle que ça ne peut être personne d'autre. L'homme semble chercher quelque-chose. Il inspecte les alentours.

Stiles le voit secouer les grilles qui entourent les accès à l'immeuble en construction qui borde le parking. C'est le cliquetis de la chaîne et du cadenas contre le métal qui fait réagir Stiles. Il connaît ce bruit. Le seul qu'il ait entendu dans son rêve.

Sans réfléchir, il ouvre sa portière d'un coup de pied et s'élance. Tant de choses hurlent en lui à cet instant. C'est comme si son hyperactivité avait pris le dessus, se mêlant à ses intuitions pour le bombarder d'informations contradictoires. Des flashs, des fragments de sensation, les pièces d'un puzzle auquel il ne comprend rien. Ça crie, ça hurle, ça brûle, ça souffre, ça gronde à l'intérieur de lui. Tout cela à la fois, en un innommable capharnaüm.

Il sait juste que s'il n'empêche pas son inconnu d'entrer dans ce foutu sous-sol, tout explosera. Il ne restera que les morceaux éparpillés d'un Stiles qu'il ne reconnaît pas.

Il court sur le parking. L'inconnu a dû l'entendre. Ses pas martèlent le goudron. La semelle de caoutchouc de ses Converses accroche parfois l'asphalte.

_Arrête, hurle Stiles. Ne rentre pas là-dedans !

L'homme se retourne. Il est un peu différent de son rêve. Pas de marcel kaki. Et il porte, non pas un sweat à capuche, mais une veste en cuir noir. En fait, c'est surtout son attitude qui n'a rien à voir avec les flashs de Stiles. L'homme est ramassé sur lui-même, le dos rond et les bras légèrement écartés du corps. Un peu à la manière d'un animal grondant et prêt à attaquer. Stiles a l'impression qu'il va lui montrer les crocs. Il croit même entendre résonner un feulement, mais son cerveau doit encore chercher à se foutre de lui…

Sauf que Stiles se tape de tout ça. Il court. Il y est presque. Il dérape sur une flaque, retrouve son équilibre comme il peut et repart de plus belle.

_Ne rentre pas ! crie à nouveau Stiles. Si tu rentres là-dedans, tu vas mourir !

OK, ce n'est peut-être pas la meilleure entrée en matière dont on puisse rêver, mais Stiles n'a rien trouvé de mieux. Ce n'est pas comme s'il avait vraiment pris le temps de réfléchir à ce qu'il dirait à son inconnu s'il le trouvait.

Stiles n'est plus qu'à un mètre. Il est hors d'haleine, échevelé, et il a vaguement conscience de ressembler à un psychopathe. Tant pis…

Sans même réfléchir, il cherche à attraper l'homme par le bras. Parce que l'urgence ne l'a pas quitté. Elle lui souffle que la folle tordue peut surgir de cet immeuble en construction d'un instant à l'autre. Il doit emmener l'homme dans sa voiture. Il doit l'éloigner d'ici, le mettre en sécurité.

Seulement, ça ne se passe pas comme prévu. Déjà, son inconnu a l'air très menaçant. Il lui montre vraiment les dents, comme le ferait un animal. Et il recule d'un pas quand Stiles veut le toucher. Ce que Stiles peut comprendre. Il ferait pareil si un type à moitié hystérique lui fonçait dessus dans un parking, au beau milieu de la nuit.

_On doit partir d'ici ! Je sais que c'est complètement dingue, mais je sais que tu ne dois pas rester là. Je l'ai vu !

Stiles a un mal de chien à parler. Son souffle se bloque au niveau de ses bronches. Pour un peu, on dirait Scott quand il fait une crise d'asthme. Comme son ami, le jeune homme se plie en deux, les mains sur ses genoux, mais ses yeux plantés dans ceux de l'inconnu. Les iris de ce dernier sont d'un vert limpide, translucide, envoûtant. Hypnotisant.

C'est là qu'une pensée complètement inopportune traverse Stiles. Le mec qu'il a en face de lui est sacrément canon. Non, plus que ça en fait. À vrai dire, il est tout à fait son genre. Enfin le genre de mec pour qui Stiles pourrait faire une connerie. Du style, avouer qu'il est bi…

Il se reprend bien vite. Ce n'est absolument pas le moment de penser à ça. Alors il se redresse et tend de nouveau la main vers l'inconnu. Cette fois, celui-ci ne recule pas en dépit de ses sourcils froncés et de son air méfiant. Pourtant lorsque Stiles effleure sa main, c'est un cri d'animal blessé qui échappe au type.

Celui-ci se plie en deux après avoir fait un bond qui le place hors de portée. Il se prend la tête à deux mains alors qu'il titube maladroitement. Son crâne doit être sur le point d'exploser tant l'expression qui traverse le visage du type est proche de l'agonie. Quand il ne hurle pas sa douleur, il serre les dents de toutes ses forces, les yeux révulsés et les traits crispés.

Stiles panique. Qu'est-ce qui est en train de se passer ? Le type fait un malaise ? Il est possédé ? C'est une espèce de psychopathe qui rentre en crise ?

Une chose est sûre : il souffre. Et Stiles a l'impression de sentir cette douleur résonner en lui. Voir ce type plié en deux déchire quelque chose en lui. Alors il s'approche pour le soutenir. Aussitôt l'autre le repousse d'un mouvement d'une force surprenante pour un homme que la souffrance accable à ce point.

Stiles est sur le point de revenir à la charge quand un bruit de tôle froissée derrière eux l'alerte. Trop paniqué par l'état de l'inconnu, il en a presque oublié la menace qui pèse sur eux. C'est alors qu'il la voit, perchée sur le toit d'un préfabriqué de chantier.

Sa pose lui fait un peu penser à Catwoman. Accroupie, elle les observe. Féline. Chasseresse. Sauf qu'on ne voit jamais Catwoman en train d'armer une putain… d'arbalète ? Alors là, Stiles abdique. Il renonce à comprendre. Tout ce qu'il sait, c'est qu'ils doivent se tirer de là.

Sans plus se préoccuper de l'état de l'inconnu, il l'agrippe par la taille et se glisse sous son épaule pour supporter son poids. C'est que cet enfoiré pèserait lourd… En plus, il doit plus ou moins le traîner contre sa volonté parce que ce gros malin a l'idée de se débattre.

_Hey, mon gars. Aide-toi et le Ciel t'aidera, grommelle Stiles entre ses dents serrées. Ou plutôt, aide-moi et le Stiles t'aidera !

Comme s'il l'avait entendu, l'inconnu reprend un peu de poil de la bête et se met à clopiner. Au moins, il ne lutte plus contre Stiles. Celui-ci est tenté de jeter un œil derrière lui pour voir où la folle en est de ses préparatifs, mais il sait que les secondes sont comptées.

Alors il accélère, incitant son fardeau à en faire de même.

_On y est presque, mec. Accroche-toi !

Enfin, il arrive près de la Jeep qu'il se félicite de ne pas avoir fermée. Comme il peut, il agrippe la poignée de la portière qui s'ouvre maladroitement.

Un cri transperce la nuit. C'est la femme qui hurle depuis son perchoir, le prédateur qui voit son gibier lui échapper.

_DEREKKKK !

L'écho de ce hurlement de rage résonne tout autour d'eux sous les voûtes bétonnées du parking désert. Cette voix glace le sang de Stiles. C'est la voix des fous furieux, des sanguinaires, de ces gens chez qui la dernière étincelle de raison vient de s'éteindre.

Sans douceur, il balance son rescapé sur la banquette avant de la Jeep. Au même moment, quelque chose siffle à ses oreilles. Un trait sec qui s'achève dans un bruit mat, celui de l'impact. Ça n'est pas non plus le bruit d'un coup de feu, Stiles choisit donc de ne pas chercher à en savoir plus. Il fait le tour de la voiture et se glisse au volant.

Enfin il peut à nouveau surveiller la scène tandis qu'il essaye de démarrer la Jeep. En jetant des coups d'œil frénétiques dans la direction du préfabriqué, il voit la blonde descendre de son perchoir. D'un bond gracieux, elle atterrit souplement sur le sol et commence à courir droit vers eux.

Stiles glisse la clé dans le contact. Ses mains tremblent. La voiture crachote.

_Allezzzz !

Une fois, deux fois. La femme court toujours. Elle se rapproche. Il la voit amorcer un fusil à pompe qu'il n'avait pas encore remarqué et, pour la première fois, il croise son regard de tueuse. Elle ne les laissera jamais quitter cet endroit en vie.

La voiture démarre dans un soubresaut.

Stiles ne perd pas une seconde pour passer la marche arrière et il appuie comme un damné sur l'accélérateur. Il démarre si brutalement que les pneus crissent quand il fait demi-tour. L'odeur du caoutchouc brûlé monte jusque dans l'habitacle. Il s'immobilise une seconde, le temps de repasser la première.

Quand il franchit la barrière du parking en raclant le trottoir, il entend un nouveau hurlement qui se perd en partie dans la nuit et le rugissement du moteur.

_DEREKKKK !

Il glisse un regard à la silhouette qui s'est roulée en boule sur sa banquette.

Derek.

Son inconnu s'appelle Derek.

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A suivre


Voilà, j'espère que ce premier chapitre vous aura plu, et je vous dis à mercredi prochain :D

PS : on apprécie les petits mots dans le coin. Vous savez, ce truc juste en dessous du texte ;)