AVANT-PROPOS

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« Un jour,elles partent. Le jour tout vous devient clair, le jour vous voyez que vous n'avez jamais aimé qu'elles, que vous mourrez si une minute elles partaient.Ce jour-là, elles partent. »

Jean Giraudoux

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Ne l'écoute plus chanter.

Cette fille du lac, elle te souffle ce vent de l'aventure et du savoir.

Elle te pousse sans que tu le saches dans des abysses encore plus profonds que la mort.

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Un Voyage initiatique


Le hasard n'existe pas. Tout n'est que circonstance. Et aujourd'hui c'est sa chance à elle. Ce départ. Elle aime se le répéter, pour se donner du courage. Pour assumer, s'assurer qu'elle a fait le bon choix. Sa fuite vers le grand monde. La fuite… Elle se retourne encore une fois, elle est bien seule. Personne ne sait. Elle trépigne d'impatience. Ses jambes tremblent d'excitation mais ne cèdent pas sous son poids. Surtout pas. Elle y est presque. La sortie. Un nouveau regard derrière son épaule. Le sourire espiègle et enfin l'envolée.

C'est sa première expérience du genre. Effrayante. Exaltante. Elle laisse échapper un cri de joie après avoir inspiré une grande goulée d'air. Elle relâche la pression. Elle s'en va, la curieuse.

Elle se débride. Fini les faux-semblants. Elle rejette au loin, aux oubliettes, les motifs qui la retenaient prisonnière de sa cage. Sa famille, ses amies, son travail et même son amour. Elle oublie tout pour recommencer, pour apprendre à nouveau.

Elle pense qu'il faut avoir le courage d'affronter ses peurs et de vivre ses rêves. Que le temps passé sur cette terre est compté et personne, une fois la mort survenue, ne viendra prendre la place laissé vacante pour poursuivre l'existence délaissée.

Elle a franchi un cap dont on ne revient pas. Comme un exil. Définitif.

La pluie lui fouette le visage. Une averse d'été. Les présentations sont faites, elle ne se doutait pas qu'elles deviendraient aussi proche. La pluie est douce, charmante, scintillante, pleine d'empathie.

Il faut quelques jours avant de vraiment prendre la route, s'habituer à ce monde. Mais une fois le périple entamé, elle se retrouve comme une enfant qui redécouvre ce qu'est vraiment la vie. Les yeux étincelants suivent l'itinéraire qu'elle s'est fixée.

Quelque soit les pays parcourus il y a des choses qui ne changent pas. Comme le ciel.

Cet infini bleu dont elle ne se lasse jamais. Il varie mais reste immuable en son fond, il sera toujours là. Et lorsque les étoiles commencent à apparaître en début de soirée, on divine qui elles sont vraiment, le type de conversation qu'elles peuvent entretenir entre elles. Mutine et rêveuse sans doute, comme les fées, elles restent auprès de vous. A veiller sur votre sommeil.

Mais les décors changent et se diversifient. C'est troublant de voir des pays frontaliers avec des cultures aussi différentes.

Les dunes désertiques du désert de Gobi lui ont appris la persévérance. La vie menée par les nomades mongols qui ne changeraient de vie pour rien au monde. Leur simplicité et les caprices de mère nature. Les conseils des sages. Cette famille. Altruiste. Aimante.

Puis la frénésie de Shanghai, l'euphorie du moment, la densité de la population, la pollution et la rivière Huangpu. L'apprentissage du mandarin et le jardin Yuyuan.

Les Etats-Unis, qu'elle a parcouru en long et en large ne sont plus vraiment un secret pour elle. Une semaine, parfois plus. Elle évitait de s'éterniser, de trop s'attacher, souvent en vain. L'année qu'elle a passé là-bas lui a beaucoup apporté. Humainement parlant, elle a appris la bonté dont les gens pouvaient faire preuve. La cruauté aussi, qu'elle tentait d'ensevelir dans un coin de son cœur. Profondément.

C'est fou comme elle aime parcourir le monde de part en part. La culture des uns, les us des autres. Ces différences flagrantes. Les coups de cœurs inattendus. Et elle apprend, encore et encore. Elle est heureuse ainsi, à jouer les globetrotteurs. Il lui arrive de rester plus longtemps, dans certains endroits, où elle se sent bien. La où on a besoin d'elle. Elle court, elle danse, elle chante et la pluie bienveillante à ses côtés. Toujours. La flamme ne s'éteint jamais, elle veille au grain. Mais elle vacille parfois, très fort. Et elle pense au passé. Des regrets qui viennent parfois peupler ses songes.


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L'avion fend le ciel en deux dans sa traversée. Les hublots montrent ce dernier dans toute sa splendeur. Univers dense recouvert de coton blanc. Et les heures défilent tandis qu'elle somnole. Jusqu'à l'heure de l'atterrissage.

Lorsqu'elle quitte l'aéroport, la neige tombe. Le mois de novembre annonce les premières vagues de froid. Elle va devoir s'habituer à ce nouveau climat. Elle en frissonne d'avance même si cela ne tait pas l'excitation qui naît en elle. C'est une nouvelle histoire qui commence aujourd'hui. Ses pas l'emmènent dans le centre-ville où les rues sont animées en ce début de soirée. Les restaurants et les bars sont remplis. La population se regroupe et s'éparpille sur la place du Capitole et elle se perd un peu dans ce nouveau décor. Elle fini tout de même par trouver l'auberge de jeunesse ou elle va passer les deux prochaine nuit. Elle ne prend même pas la peine de passer par la case restaurant, la salle de bain est aussi exclue. C'est sur son lit qu'elle s'affale et elle s'y endort sans la moindre peine.

Elle a tout juste le temps de se familiariser avec le quartier. L'esprit de noël prend de plus en plus de place. Ça lui plaît.

Elle a rendez-vous sur la place Jean-Jaurès, a quelques pas d'ici, pour rencontrer la personne avec qui elle va partager son temps et son espace de vie. Elle pense avoir cerné sa personnalité, elles ont eu le temps de communiquer par mails, histoire de faire connaissance.

Elle n'a pas besoin d'attendre longtemps.

« Salut, c'est toi Juvia ?

- Oui. Ravie de pouvoir enfin faire votre connaissance Cana-san.

- Hi hi, tout pareil. Heureusement il n'y a pas trop de monde à cette heure-ci. De toute façon avec une telle couleur de cheveux, on ne peut pas te rater. »

En haussant les épaules, Juvia refuse d'entamer une conversation sur ce qui la différencie des autres, elle a suffisamment honte.

« Ne commence pas à attacher ton âne va, je plaisantais.

- Attacher un âne ?

- Une expression. »

Cana lui adressa un sourire éblouissant avant de reprendre la parole.

« Désolée on attend juste Lisanna, une amie. Elle habite le même immeuble que nous, elle est géniale, tu verras.»

Lisanna est une fille douce est agréable, complémentaire au caractère ouvert et débridé de Cana. Néanmoins les conversations coulaient de source. Le contact est facile et cela fait maintenant plus de deux heures qu'elles piaillent sur la terrasse d'un café.

« Il est peut être temps que tu installes tes affaires Juvia, sinon on va rester là jusqu'à pas d'heure. »

La concernée acquiesce le sourire aux lèvres. Elle va aimer cette nouvelle vie.


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La jeune fille s'habitue très vite à cette nouvelle vie et elle doit bien se l'avouer qu'elle se plait, ici, en France. La vie, bien que chère, y est facile. Elle a même fini par trouver un poste à mi-temps en tant qu'hôtesse de caisse. Cet emploi lui permet de compléter les petits revenus qu'elle récolte grâce à ses compétences de traductrice. Savoir qu'elle met au service d'une société américaine depuis déjà près d'un an. Elle n'est payée qu'une misère pour le travail qu'elle exerce mais au moins elle peut continuer à voyager, ne fournissant ses travaux que par mails.

Elle vient d'ailleurs de recevoir un projet de traduction. Il s'agit d'un recueil de contes chinois qu'elle doit traduire en Anglais. Elle sait d'avance qu'elle devra mener maintes recherches pour arriver à rendre un travail propre. D'autant plus que sa connaissance des sinogrammes est correcte mais trop limité pour ces contes classiques rédigés avec une très grande quantité de caractère.

Elle lâche un soupir pour masquer le sourire qu'elle affiche.

Juvia aime ses contes, poétique et romantique. Ils sont dotés d'une grande sagesse avec une pointe d'amertume qu'elle aime retrouver dans les histoires.


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L'employeur pour qui elle travaille lui demande sans cesse de faire des heures supplémentaires. Elle a du mal à refuser ses demandes. Elle sait qu'elle ne sera pas toute seule cette fois encore.

« Pourquoi tu acceptes toujours les demandes de ce vieux marteau ?!

- Gajeel ! José n'est pas « marteau » comme tu dis mais juste débordé. Puis toi aussi, tu es toujours là je te signale.

- Débordé par quoi ? Il n'y a pas un rat à cette heure-ci !

- C'est bientôt noël ?

- Mouais… Tant que le salaire suit, ça me va. Personne ne viendra acheter sa dinde chez « Lord's&discount ».

- Pas faux !

- Vu la tête du truc aussi. »

Les deux compagnons rient de bon cœur.

Juvia n'est ici que depuis quelques semaines mais elle a déjà créé des liens étroits avec sa colocataire, avec Gajeel aussi. Il arrive parfois qu'ils aillent prendre un verre après leur service, elle l'écoute proliférer des injures à tout va. Il a beau se comporter comme un abruti et à jouer les durs avec sa carrure imposante, il est en réalité très sensible et il s'inquiète de son entourage. Surtout de Levy, « sa petite-amie presque officielle ». Elle a beaucoup d'affection pour lui, elle en est surprise. Elle adore son entourage. Malgré tout elle sait qu'elle ne peut pas rester éternellement ici. Elle ne le doit pas.


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« Tu crois que je peux porter une robe aussi courte ? »

Lisanna se retourne comme choquée par cette remarque.

« Tu ne peux pas, tu DOIS la porter cette robe !

- Cette soirée n'est pas une bonne idée…

- Cette soirée ça va être de la bombe ma fille, laisses toi aller un peu, sors moi ce balai de ton -

- Ne termine pas cette phrase, je t'en pris ! »

Cana éclate de rire et vient enserrer Juvia dans ces bras.

« De quoi as-tu peur ?

- Juvia l'ignore, juste…

- Tu recommences à parler à la troisième personne ma poule.

- Désolé ! Juste je ne sais pas, ce sera blindé de monde, on va nous regarder…

- J'espère bien qu'on va nous mater, tu as vu comme on est CA-NON ?! »

Juvia sourit timidement. Elle n'aime pas ça. Mais elle ne sait pas faire face au regard suppliant de ses deux amies. Elle baisse alors les armes, vaincue.

Lisanna sautille sur place tandis que Cana saisi la trousse à maquillage. Juvia déglutit fortement. Elle n'a jamais osé porter de tenue aussi indécente. Jamais elle n'aurait songé un jour se maquiller, mais elle a fini par se faire enrôler par ses deux comparses. Le pire, pour elle, est qu'elle y prend goût. S'amusant et riant aux éclats.

Elle se rassure, tout se passera bien, ce n'était pas grand chose après tout, une simple soirée entre copines.


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Salut les amis! Je suis contente de vous retrouver avec la seconde partie de "l'intro" qui vient introduire le personnage de Juvia. Cette histoire va en effet être un multi-PoV. Il me reste encore un personnage à vous présenter, vous avez des idées? ^^

Je n'ai pas pris la peine de me re-relire, désolée si vous venez à trouver quelques fautes. Pour a suite je ne compte pas mettre 1 an cette fois, promis, j'ai déjà pas mal avancé ^^.

Portez-vous bien.

Dreenaeth