Hello à toutes et à tous !

Cinq choses à savoir sur ce nouveau projet :

1/ Je me lance enfin dans le fandom X-Men, avec cette fic de 10 chapitres déjà écrits (encouragée par toute les amies du FB que je love, dont Ongi Ei et sa formidable fic We're a Train Wreck Waiting to Happen).

2/ Je remercie, au-delà des mots qui ne semblent pas égaler l'amitié que je lui porte, Maya Holmes, pour sa bêta, son soutien, tout. La version anglaise est corrigée par deadoralive0013 et la version française lui doit aussi énormément.

3/ Ce n'est certainement pas mon genre habituel et oui le Drama est de mise mais hey, c'est bien de s'essayer à de nouveaux styles !

4/ Je ne pourrais pas plus exprimer tout mon affection pour les reviews, qui sont la seule preuve que ce qu'on écrit plaît. Alors ne laissez pas s'éteindre Fanfiction et tous les auteur(e)s qui partagent leurs oeuvres, et si vous aimez ce que vous lisez, n'hésitez pas à écrire un commentaire :)

5/ C'est mon anniversaire alors j'avais envie de publier parce que ce fandom est ma nouvelle perte et que cette fic vient du cœur (j'aurais bien aimé intégré un smiley mais je peux pas, tristesse.)

Sur ce, bonne lecture !


Hank tourne la tête vers Charles qui n'a toujours pas répondu. Il est assis sur le fauteuil beige, ses bras posés sur les épais accoudoirs. Il a les sourcils légèrement froncés au-dessus de ses yeux clairs, qu'il ferme à cause de la luminosité qui envahit la chambre d'hôtel. Appuyée contre la table en marbre, Raven fait lentement tourner ses perles entre ses doigts. Ses yeux à elle aussi sont fixés sur Logan, debout au centre du salon, les deux pieds ancrés dans le sol, son sac dans sa main droite.

"C'est la seule solution.", ajoute Logan en hochant la tête.

Hank ouvre les lèvres, prêt à répondre mais Charles lève sa main pour lui faire signe de s'abstenir et demande :

"Et vous ?"

"Je vais mettre Raven en sécurité. Histoire d'être sûr qu'ils ne la retrouvent pas. Et puis, si tout va bien… Bah, tout ira bien, quoi."

Ils se regardent et Hank tousse légèrement. Ils l'ont fait, ils ont arrêté Raven avant qu'elle ne se rende à la réunion des chefs d'état et qu'elle ne tue Trask et même si rien n'a concrètement changé, Logan semble satisfait d'avoir accompli sa mission - cinquante ans avant même qu'elle ne lui ait été donnée, mais Hank a déjà mal à la tête avec le décalage horaire, ça ne sert à rien de réfléchir en plus à la complexité de la situation.

"Et lui ?", demande Charles en pointant son doigt vers Erik, debout près de la fenêtre, qui tourne la tête sans que son nom soit mentionné.

"Je me disais que…", commence Logan, sans finir sa phrase et ça fait exploser de rire Charles qui a déjà compris.

"Non.", il plaque ses mains sur les accoudoirs, prend appui pour se redresser et se dirige vers le mini-bar, derrière Hank qui en profite pour surveiller d'un oeil ce que le professeur prend. Une bouteille d'eau.

"Qu'est-ce que vous voulez en faire ?", demande Hank en attrapant la bouteille que Charles lui tend, pour retirer le bouchon récalcitrant.

"Il a qu'à venir chez vous. A la demeure."

Les yeux d'Hank s'ouvrent en grand sous la surprise. Charles réussit l'exploit de rire en buvant.

"Je sais que ça peut paraître bizarre mais dans le futur, vous redevenez potes."

"Pas bizarre mais complètement con.", murmure Charles en se penchant vers Hank.

"Soit ça, soit vous le laissez disparaître dans la nature.", ajoute Logan.

"Ça c'est quelque chose que je sais faire", intervient pour la première fois Erik.

Il suffit d'un mot prononcé par l'Allemand pour que Charles se tende, ça se voit à l'oeil nu. Il peste en tournant le dos à la scène et Hank se penche pour chuchoter :

"Professeur… Il serait peut-être plus prudent qu'il reste avec nous pour quelques temps. Être sûr de ses intentions. Et qu'il ne mette pas la main sur son casque.", ajoute-t-il.

Charles sourit enfin, même s'il ne semble pas particulièrement amusé ni même heureux.

"C'est d'accord.", finit-il par décréter en traversant la pièce pour retourner à sa chambre. "Mais ne comptez pas sur moi pour m'occuper de lui."

La porte claque derrière lui dans un bruit qui n'aurait pu être plus fort et Logan soupire :

"Le contraire m'aurait étonné."

Le retour en avion jusqu'au Comté de Westchester n'est pas le plus chaleureux qu'il soit.


Erik regarde autour de lui. Ça ne peut pas être le manoir qu'il a connu. Les plantes, du moins, celles qui ne sont pas mortes, grimpent le long des murs ou poussent entre les pavés de la cour. De là où il est, il peut même apercevoir quelques vitres brisées. A part ses propres pas et leurs souffles à tous les trois, il n'y a pas un bruit qui distingue la demeure du silence mortuaire d'une tombe.

"L'école a fermé ?", demande-t-il en suivant les deux hommes qui rentrent les premiers par la porte épaisse.

"Oui, il y a quelques années.", lui apprend Hank, bien vite interrompu par Charles.

"Tu n'as peut-être pas entendu parler de la Guerre du Viêt Nam ?"

"Je pensais que tu ne voulais pas me parler ?", demande Erik en souriant.

Charles lui adresse un doigt d'honneur par-dessus son épaule. Il ne lui a pas fait face depuis l'avion, où ils se sont croisés quelques rares fois lorsque l'un des deux voulait se détendre les jambes. Depuis qu'ils en sont sortis, Charles semble fatigué à tel point que son dos est légèrement voûté et ses jambes ne semblent pas aussi stables. Erik observe de loin. Tout a changé depuis Cuba de toute façon. Il ne fait plus parti du cercle des proches de Charles et ça se ressent physiquement. Il reste loin de lui pour éviter un nouveau coup de poing.

Dans l'entrée de la demeure, ça sent le renfermé et le chandelier allumé pend de façon morose, couvert de poussière et de toiles d'araignées. Ça n'étonne pas Erik que le projet de Charles n'ait pas fonctionné mais ça fait quand même quelque chose de voir la maison dans cet état. Ca va faire dix ans qu'il n'y avait pas mis les pieds mais il n'empêche qu'ils ont vraiment vécu de bons moments ici. Quand une alliance entre tous les membres de cette merveilleuse famille semblait encore possible.

Charles est monté, accompagné de Hank, sans lui adresser un autre mot et Erik s'en fout pas mal. Il pose le sac remplit des quelques vêtements achetés à Paris à même le sol (mais que fait cette table explosée au milieu de la pièce ?) et met ses mains dans ses poches avant de faire un tour. Il se rapproche d'une des fenêtres qui donnent sur le jardin, colle son front et encercle ses yeux de ses mains pour tenter de voir quelque chose dans le parc plongé dans le noir. L'arrière semble dans le même état que l'entrée : abandonné. Il y a définitevement quelque chose d'assez naze à voir la maison dans cet état.

"Je vais vous donner une chambre.", l'appelle Hank, qui est redescendu.

Erik hoche la tête et récupère son sac avant de suivre le plus jeune qui longe le couloir de l'aile Est avant d'ouvrir une porte qui dévoile une chambre assez petite et sans beaucoup d'intérêt.

"Je vous installe au rez-de-chaussée hein, comme ça, si vous voulez nous trahir et partir au milieu de la nuit, vous aurez moins de chemin à faire jusqu'à la porte d'entrée."

"C'est drôle.", ironise Erik d'un air qui prouve bien qu'il ne le pense pas du tout.

Il lance son sac sur la table à sa droite, pose ses mains sur ses hanches et inspecte la pièce rapidement. Même sa cellule avait plus de classe. Le règne Xavier a décidément perdu de sa splendeur.

"Tu vis là aussi ?", demande Erik.

"Oui."

Erik plisse les yeux, attend, mais Hank ne renchérit pas. Okay, le scientifique est toujours antipathique, c'est bien, réconfortant presque, de constater qu'il y a des choses qui ne changent pas. Hank finit par hocher la tête, dans un geste confus et inutile, et le laisse. Ça fait dix ans qu'Erik n'est pas sorti et pourtant, les réflexes reviennent. Tout d'abord il compte le nombre d'objet en métal autour de lui (36, il les a sentis dès qu'il a posé un pied ici), puis il regarde les façons de s'enfuir (porte, fenêtre, rez-de-chaussée ce qui sera plus simple) et enfin vérifie s'il a une penderie où il pourrait mettre ses affaires. Il n'aime pas les vêtements froissés ou sales. Trop de souvenirs.

Il ouvre son sac, retire le pull et les deux tee-shirt et va les suspendre sur des cintres métalliques qu'il sort sans l'aide de ses mains. Il est assez fatigué avec le décalage horaire et pourrait s'endormir rapidement mais le simple fait qu'il puisse sortir de sa chambre le pousse à continuer son inspection de la demeure.

Il passe par la cuisine qu'il a connue plus remplie mais où il se sert quand même un repas conséquent et va chercher une bouteille de vin au cellier qu'il planquera dans sa chambre pour la finir plus tard. Il passe à peine par les bibliothèques qui n'ont pas changé et ne pose même pas un pied dans le bureau de Charles. Il attendra d'être seul pour s'y autoriser une petite visite. Au pied du double escalier, il s'arrête et repense à la dernière fois qu'il l'a monté et à la partie d'Echecs que Charles et lui n'ont jamais fini.

Il ne sait plus lequel des deux avait proposé d'aller dormir et qu'ils finiraient en rentrant de Cuba. C'était tellement con comme idée que pour la postérité, autant dire qu'elle venait de Charles.

Il oublie tout ça et grimpe, marche après marche. Il tourne à gauche et sourit en découvrant le couloir où il avait une chambre, avant. Il y a de la lumière sous la dernière porte à gauche et cette pièce aussi, Erik ne l'a pas oubliée. Charles a toujours été quelqu'un de très (trop) attaché aux traditions. Erik lui a dit plus d'une fois que c'était étrange, de dormir encore à son âge dans ce qui a été sa chambre d'enfant, mais Charles ne fait que sourire d'une moue gracieuse et hausse une épaule quand on le lui reproche. Et Erik n'a jamais su quoi répondre à cette moue là.

Peut-être qu'Erik devrait dire l'ancien Charles, finalement, parce que ce hippie là avec ses cheveux trop longs et son haleine alcoolisée n'a rien à voir avec Charles Xavier, le mutant aux envies d'union et aux rêves trop grands pour sa petite taille. Erik, lui, ne pense pas avoir changé.

Il y a un peu de bruit plus loin et Erik se recule légèrement derrière une de ces statues ridicules, aux inspiration gréco-romaines. Le couloir est plongé dans le noir ; ce n'est que parce que la porte de la chambre de Charles s'ouvre qu'il y a un faisceau de lumière qui éclaire le tapis rouge et bordeaux. Et Hank, qui vient de sortir de la chambre. Il a un plateau dans les mains et même si, à cause de la pénombre, Erik ne voit pas ce qu'il y a dessus, il sent deux objets en métal et comprend : fourchette et couteau. Il recule encore plus jusqu'à se cacher dans un couloir pour éviter l'odorat de Hank qui a apporté le dîner de Charles dans sa chambre.

Ça, c'est nouveau.


Hank appuie d'un doigt sur ses lunettes pour les relever sur son nez. Il adore ces céréales là, elles colorent son lait et sont excessivement sucrées. Quand Charles prenait encore son petit-déjeuner en bas avec lui, il s'amusait de leur différence de rituel matinal. Thé Darjeeling versus jus de pomme. Oeufs et bacon versus céréales en forme d'étoile. Hank avait ri, gêné, et s'était mentalement promis d'arrêter de manger comme un adolescent et même sans utiliser ses pouvoirs, Charles avait senti le léger changement d'humeur. Il l'avait rassuré, en précisant que chacun avait ses préférences et qu'il n'était pas question que Hank en change. Ça devait être une des dernières conversations qu'ils ont eu, où Charles avait fait preuve de son âme de mentor. Aujourd'hui, il ne veut même plus manger hors de sa chambre.

"Il reste du beurre ?"

Hank quitte la lecture très concentrée de l'arrière de la boîte de céréales et relève le nez juste le temps de pointer du doigt ce que cherche Erik, derrière la pile d'assiettes propres qu'il doit ranger.

Il ne parle pas à l'Allemand parce qu'il n'est pas très bavard le matin mais surtout parce qu'il ne sait vraiment pas quoi dire. Alors oui, c'est lui qui a accepté la proposition de Logan de ramener Erik ici et ça semble être la meilleure idée, le temps que l'agitation autour de sa fuite ne se calme, toujours est-il qu'ils ne sont pas obligés d'être amis. Être polis sera un bon début.

"Il ne mange pas ?"

"Si. Dans sa chambre."

"C'est toi qui lui as apporté son petit-déjeuner ?"

Hank ne répond pas et fixe son regard sur l'arrière du paquet de céréales. Trop cool, un labyrinthe.

"T'es sa boniche ou quoi ?"

Cette fois, il lâche sa cuillère et redresse la tête.

"Non, je ne suis pas sa boniche mais Charles a besoin de moi."

"Pour se faire servir à manger au lit. Donc, le dîner, le petit-déjeuner… Tu lui apportes le déjeuner aussi j'imagine et le traditionnel thé de seize heures ?"

Le regard d'Hank se lève au ciel et ses mains se serrent sur ses genoux. Qu'Erik ne se permette aucun commentaire, il n'est vraiment pas bien placé pour oser dire quelque chose.

"Comment vous pouvez savoir que… Bref. Non, le déjeuner il le prend en bas. Le thé, je lui sers dans le jardin d'hiver."

"Okay", conclue Erik en finissant de beurrer la tartine dans laquelle il croque en se levant. "C'est bien ce que je dis. T'es sa boniche."

Il part enfin et laisse le calme envahir à nouveau la cuisine. Mais Hank n'a plus le coeur à faire les jeux à l'arrière de la boîte face à lui.


Le printemps est un beau moment pour redécouvrir la liberté. C'est ce que se dit Erik, assis dans l'herbe haute, au milieu du parc, le corps tourné vers la demeure, ses murs et ses fissures. C'est comme retrouver un vieil ami, reconnaître son rire et déplorer silencieusement les rides qui ont déformé son visage. C'est peut-être Charles qui s'est laissé s'effondrer à l'image de sa maison, ou parce qu'il ne sait plus tenir debout qu'il ne voit pas pourquoi les murs, eux, pourraient s'en vanter.

Ce n'est pas tout à fait vrai et c'est ce qu'Erik ne comprend pas finalement. Il a vu la balle - l'a sentie - traverser le dos de Charles, creuser ses os, déchirer ses muscles. Il a su pour la chaise roulante. Mais voilà Charles assez debout pour pouvoir lui mettre un coup de poing non retenu. Mais c'est 1973 alors peut-être que la médecine humaine a su trouver une solution pour réparer son erreur.

Parce que c'était ça, une erreur. Une simple bêtise. Aux conséquences immobiles et péremptoires. Le point de départ des seules excuses qu'Erik ait jamais formulées. Tout bas, si bas. Presque imperceptibles. Pas assez fortes pour fendre l'air. En boucle, encore, encore. Personne d'autre ne devait entendre ces mots pour que pour toujours, ils n'existent que dans l'esprit de Charles, dans son corps, si près de sa plaie.

Mais Charles n'a jamais répondu. Ni en mot, ni en pensées. Il a juste eu des yeux mouillés et a quitté Erik, l'école et ses promesses. Aujourd'hui, il déambule dans une maison qui ne semble même pas capable de se tenir droite, à l'image de son propriétaire.


Hank se redresse un peu plus sur la pointe des pieds sur l'escabeau, en tendant le bras pour attraper la pochette en cuir posée à plat au-dessus de l'encyclopédie grecque.

"Ne tombe pas, Hank, il est hors de question que cette maison devienne un refuge de paraplégiques."

Il sourit malgré l'humour douteux de son aîné et le regarde par-dessus son épaule.

"Ne dites pas des choses comme ça."

"Mieux vaut en rire…", répond distraitement le professeur, debout près de la table, le regard concentré sur les papiers qu'il trie rapidement.

Ce n'est pas l'humour noir de Charles Xavier qui calmera l'excitation d'Hank ce soir. Ça lui a pris des années mais Charles a enfin accepté : ils vont lancer les travaux de rénovation de la maison. Hank a abordé l'idée de rouvrir l'école plus d'une fois mais ça met à chaque fois Charles dans une colère sèche qui ranime sa douleur. Avec Erik dans le coin, mieux vaut ne pas en rajouter. Entre temps, ils sont à la recherche des plans, signés de la main de l'architecte des arrières grands-parents Xavier. Charles a accepté pour les travaux à la seule condition qu'ils supervisent les travaux et qu'ils embauchent les meilleurs. Hank ne sait pas comment savoir qui sont les meilleurs, mais il suivra ça de près et fera en sorte que Charles trouve enfin un peu de plaisir à faire autre chose que de pourrir son foie avec tout l'alcool qu'il avale.

"Je crois les avoir trouvés.", s'enchante Hank en redescendant de son escabeau.

Il attend que Charles ait fait de la place sur le bureau et pose la pochette, dénoue la petite corde noire qui lui reste en partie dans les mains et les deux hommes sourient au-dessus de leur découverte.

"Bravo Hank."

"Je savais que je les avais vu quelque part.", sourit-il quand Charles pose sa main sur son épaule.

Ils approchent deux chaises et se penchent au-dessus des papiers jaunes mais de bonne composition. Hank note sur un calepin les remarques de Charles. Il ajoute deux points d'exclamation quand il sent l'excitation dans la voix de son aîné pour une pièce en particulier ("Peut-être qu'on pourra réparer la toiture de la maison du gardien où on a mis le bois !"). Ils commentent les plans du premier étage lorsque Erik fait un pas dans le bureau.

"Je vais me coucher.", les informe-t-il.

Hank regarde sa montre, 23h24. La soirée est passée trop vite.

"Fais ce que tu veux.", répond le professeur sans regarder le nouveau venu.

Hank l'aide à tourner un des larges bouts de papier et retient son soupir lorsqu'il sent l'odeur d'Erik plus fort encore ; l'Allemand se tient derrière eux.

"Vous allez faire des travaux ?"

"En quoi ça te concerne ?", peste Charles qui se renferme en un claquement de doigt.

Ça s'entend dans sa voix mordante et ça se voit dans ses yeux qui se couvrent de ses sourcils froncés. Hank a toujours beaucoup de mal à sortir le professeur de son état de rage, il serait de bon ton qu'Erik le laisse tranquille.

"Ça ne me concerne pas. Ce n'est pas moi qui veut rouvrir une école de mutants."

"Je ne veux pas rouvrir cette putain d'école !", gueule Charles en se levant de sa chaise.

Son genoux gauche tremble, Hank se lève automatiquement.

"Du calme, Charlie, je venais juste faire la conversation.", répond Erik avec un rictus, apparemment loin d'être affecté par le ton mordant de Charles.

Charlie, Hank penche légèrement la tête. Il n'a jamais entendu personne appeler le professeur comme ça et ça ne semble pas lui plaire non plus puisqu'il serre ses poings et s'empêche de s'approcher plus près encore du corps qu'il doit rêver de pouvoir frapper de toutes ses forces.

"Sois déjà reconnaissant que je te laisse dormir ici et lâche-moi.", crache Charles dont le genoux droit semble aussi perdre en force.

"Professeur…", appelle doucement Hank, en s'approchant pour le retenir si besoin.

"Si tu acceptes que je dorme sous ton toit, est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux que nous puissions nous parler, sans que tu ne t'énerves à chaque fois que je dis quelque chose ?"

"Crois-moi, j'essaye !", hurle Charles et cette fois, son dos se cambre et Hank fait un pas en avant pour le retenir de ses bras.

Le professeur mord sa lèvre inférieure et tente tout ce qu'il peut pour que la douleur ne se voit pas. Hank l'aide à s'asseoir, il contrôle ses yeux, vitreux, son souffle, rapide. Hank ne voulait pas lui faire de piqûre ce soir mais il ne va pas avoir le choix.

"Je crois qu'on va en rester là.", dit-il, à genoux face à Charles, en regardant à peine Erik par-dessus son épaule.

"Je ne t'ai pas demandé ton avis, le Fauve.", crache l'Allemand avec un dédain tout à fait personnel mêlé à une menace sous-jacente.

"Moi non plus.", conclut Hank en se levant cette fois pour lui faire face.

Erik le toise, il est plus grand et se croit supérieur mais Hank se fout éperdument de ce qu'il peut penser. Après quelques secondes où Erik semble hésiter sur le bon comportement à adopter, il finit par accepter l'invitation silencieuse d'Hank et se laisse raccompagner jusqu'à la porte. Hank le regarde dans les yeux en avançant les panneaux en bois entre eux et sent dans son regard une promesse qui doit s'apparenter à quelque chose comme C'est la dernière fois que tu me mets à la porte. Il soupire une fois qu'ils ne se voient plus et fait rapidement marche arrière jusqu'au fauteuil où Charles tremble.

"Je suis désolé, professeur. Je n'aurais jamais du accepter la proposition de Logan…"

"La seringue.", ordonne Charles d'une voix détestable.

Hank hoche la tête.

"Elle est dans votre chambre."

Les yeux de Charles n'arrivent pas à se fixer. Il se penche légèrement en avant, griffe ses genoux par-dessus son jean et tente d'avancer sa jambe droite, mais ses dents se referment plus fort encore sur sa lèvre inférieure. Il a gémi tout bas, mais Hank sait. Alors il se penche, laisse Charles enrouler ses bras autour de son cou et le soulève, un bras autour de son dos, l'autre sous ses genoux.

"Attends.", demande Charles.

"Qu'est-ce qu'il y a ?"

"Je ne veux pas qu'il me voit comme ça."

Affaibli, comprend Hank.

"Vous avez mal, je ne peux pas attendre que…"

"Si. Attends."

Hank s'approche de quelques pas et se poste derrière la porte fermée. Il ferme les yeux et ils ne font plus un bruit. Hank inspire profondément. L'odeur de l'Allemand. Il doit être de l'autre côté à essayer de les entendre. Hank hoche une fois la tête et Charles comprend. Il sourit, l'air de dire Je te l'avais dit, et c'est aussi comique que difficile de voir que, même dix ans après, Charles le connaît si bien. Ce n'est que quand l'odeur a disparu depuis plus d'une minute que Hank ouvre comme il peut la porte et monte le professeur à l'étage.

Marche après marche, c'est l'odeur de Charles, dont les cheveux caressent son nez, qui reprend toute son importance.

Et les choses redeviennent normales.