Un chapitre court tout en conséquences.
Bonne lecture !


Chapitre 4


Un autre jour, inévitablement, l'échec les prit tous deux. Les paroles étaient belles, mais les actes étaient durs. Et si l'on pouvait repousser le futile, ce qui était ancré en vous refaisait surface un jour. Sans pouvoir y échapper, la passion qui vous consume peu à peu avance et lèche de sa langue ardente vos résolutions branlantes, le feu purificateur révélant la vérité enfouie tout au fond de vous.

En cet autre dit jour qui s'éteignait peu à peu dans la pénombre de la nuit, Eren arpentait les couloirs du château. Seulement éclairés par les torches qui brillaient sur les murs, projetant des ombres mystiques et inquiétantes à la fois. Aussi soudainement qu'une respiration qui s'échappe, le jeune homme se retrouva plaqué contre les pierres, dures et froides, par un corps plus petit que le sien. Il se confronta à des yeux sombres, décidés. Eren plongea alors son regard d'émeraude dans cet océan de fumée indomptée, sa surprise envolée, la détermination ancrée en lui.

Le caporal avança ses lèvres vers lui, son souffle se mélangeant à celui de son subalterne, et cette douce chaleur lui fit perdre la tête; ses paupières vacillèrent et s'abaissèrent.

Immédiatement, la situation s'inversa, les rôles s'échangèrent, et ce fut lui qui se retrouva contre la paroi, plaqué contre celle-ci de dos, pressée par l'avant par ce corps ardent qui le maintenait fermement. Et doucement, aussi doucement que leur désir le leur permettait, leurs lèvres se frôlèrent, tremblantes l'une contre l'autre. Eren n'avait jamais ressenti ça. Victorieux il était. Fermant les yeux, il se laissa envahir par une douce torpeur alors que leur baiser devenait langoureux... Rivaille avait posé ses mains sur son torse, qui agrippèrent avec ferveur le chemisier de son subordonné, le rapprochant toujours plus, s'aidant sans se l'avouer de ce support pour ne pas succomber sous le poids de son corps, son propre corps qui le trahissait, lui rendant les jambes flageolantes. C'était lui qui avait craqué. Alors que c'était lui qui avait proclamé l'arrêt de leurs rapports... Mais n'entretenaient-ils pas plutôt une relation ? Il semblait que, malgré la rancoeur qu'il aurait été convenu de posséder, Eren ne lui tenait en rien rigueur. Il semblait plutôt lui démontrer le contraire, à la manière dont ses mains gambadaient sur son corps, avec lenteur, avec douceur. On aurait pu qualifier leur échange de sensuel, mais même s'ils n'étaient peut être pas près à l'entendre, il était tout autant amoureux. La façon dont leurs mains se baladaient était tout aussi incontrôlée que respectueuse, aussi subjectif que puissent se mêler ces deux termes.

Leurs corps pressés l'un contre l'autre dans le secret de la nuit se mouvaient de plus en plus frénétiquement, de manière virulente. La frénésie s'emparait d'eux de manière bestiale, ils n'étaient juste plus logiques. Eren mordilla l'épaule maintenant découverte de son supérieur, le faisant soupirer. Leurs bassins se frottaient toujours l'un à l'autre, mais le plus jeune ralentit la cadence pour baisser le pantalon de son caporal et ouvrir le sien. Rivaille le fusilla du regard.
- Que crois-tu donc faire sale gamin ? dit-il, le regard arrogant, peu convaincant par son aspect général.
Eren ricana. Il embrassa doucement les lèvres de l'autre, alors que ce dernier claquait de la langue pour montrer sa désapprobation. Il ne voulait pas, parce qu'il avait craqué aujourd'hui, s'avouer des choses qu'il n'était pas prêt à admettre. Se dire qu'il était dans cette relation en position quelque peu soumise l'insupportait au plus haut point, et y prendre son pied n'y changeait rien. Eren continua ses doux baisers, puis passa à des caresses toutes aussi tendres, venant titiller les tétons de l'autre, glissant ses mains le long de ses hanches... Rivaille détesta vraiment la manière dont sa respiration s'accéléra, de l'envie qui prenait trop le dessus sur sa fierté.

- Alors ? chuchota doucement Eren à son oreille, assuré, mais n'y tenant plus.

Rivaille grimaça. Eren passa plus fermement sa main sur la virilité dressée de son comparse.

- Bordel, fais ce que tu as à faire !

Eren sourit, et passant doucement ses mains sous les fesses de Rivaille, le souleva, son dos collé au mur...

Plus loin, une jeune femme avançait furtivement dans les couloirs du château. Depuis une paire de jours, elle ne se sentait pas à l'aise. Il y avait quelque chose de bizarre avec Eren. Eren et leur Caporal, ce nain aux airs supérieurs. Visiblement, il avait une certaine influence sur son Eren, celui qu'elle se devait de protéger. Mikasa ne pouvait le supporter. Il s'éloignait d'eux, d'elle. Et depuis quelques temps leur comportement à chacun était vraiment étrange, et Armin, qui semblait avoir compris, ne voulait rien lui dire, attisant sa colère. Elle se dirigeait donc vers sa chambre, après un petit entraînement qui avait eu pour but de calmer ses nerfs, mais qui n'avait malheureusement pour elle pas eu l'effet escompté.
Soudainement, un bruit inhabituel lui parvint, son ouïe plutôt aiguisée ne la trompant jamais. Elle distinguait deux respirations, toutes les deux hachées, avec des gémissements qui lui hérissèrent les poils. Ni une ni deux, la jeune fille se plaqua contre le mur, avancement rapidement et furtivement. Elle tourna pour arriver dans un couloir étroit, puis birfurqua à gauche et au bout, elle regarda à droite où se déroulait un spectacle ahurissant à ses yeux. Mikasa sentit toute chaleur quitter son corps, et celui-ci se figea; elle ne bougeait plus, n'arrivait pas à réfléchir ni se détourner, ne serait-ce que regarder ailleurs. Ce qu'elle avait pris pour un combat était en réalité une aventure charnelle. Et la réalité était bien pire que ce qu'elle avait imaginé. Ces deux êtres qui se mouvaient ensemble sous ces yeux, ces deux êtres qui s'unissaient sauvagement, sauvagement mais intimement et au delà de ce qui se décrivait... finirent par faire monter une rage sourde en elle. Plus leurs cris devenaient forts, plus elle sentait que ses muscles s'animaient de nouveau. Plus leurs mouvements devenaient frénétiques, plus elle se sentait isolée. Et alors qu'arrivait pour eux le point culminant, dans des gémissements étouffés tant bien que mal, que leurs visages se fendaient d'une expression bienheureuse, Mikasa se détourna avant d'en voir la finalité. Elle retournait à sa chambre. La brunette ne comprenait pas tout, son esprit d'ordinaire vif s'embrouillant, ses pensées s'emmêlant. Elle se coucha dans cette chambre à deux lits dont un seul était occupé. Mikasa avait nourri l'espoir qu'Eren finisse par sortir de sa cellule et qu'il soit placé à ses côtés. Visiblement, se dit-elle en fermant les yeux, cela devenait urgent.