Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas (toujours pas)

Note de l'auteur : Voici l'épilogue qui clôture cette fanfiction. J'espère qu'elle vous aura plus et que cela réponds à vos attentes. En tout cas, j'ai pris plaisir à l'écrire et vos reviews m'ont beaucoup touché et motivé. En tout cas, je vous remercie pour vos gentils mots et votre soutien. En tout cas, j'espère que cet épilogue sera à la hauteur de tout le reste. Enjoy it !


Epilogue

If we aren't heroes, then we'll be zeros…(1)

John dormait profondément, la tête appuyée contre son poing. Sa respiration était calme et régulière. Il dormait d'un sommeil sans rêve. La pièce était plongée dans un silence religieux, seulement ponctué par les bips constant du moniteur. Cela était pareil à une berceuse pour l'homme blond. Comme un morceau de violon joué au coin du feu. Comme un conte de fée qu'on racontait avant d'aller dormir. Il était si fatigué qu'il s'était effondré sur ce siège, sans plus de cérémonie. Il était si épuisé qu'il n'avait pu garder les yeux ouverts. Ils s'étaient fermés à son insu, sur des images gravées sur sa rétine. Et pourtant, il n'y avait pas de cauchemars ni de rêves dans cette chambre. Seulement le bruit d'une page qui se tournait. Juste le froissement de draps froids. Le jeune homme dans le lit était plongé dans sa lecture, laissant son ami se reposer. Son grand frère était passé dans la soirée, lui apportant quelques livres afin de s'occuper. Rien de bien extraordinaire, simplement quelques classiques de la littérature britannique. Néanmoins, son attention s'était portée sur une lettre d'Oscar Wilde, lors de son séjour en prison. (2) Une œuvre sombre, torturée, peignant le portrait d'un homme brisé et victime de la passion. Si il avait en horreur les romans policiers, exposant des enquêtes médiocres et enfantines, il aimait particulièrement les œuvres philosophiques et obscures. Un mouvement sur sa droite le sortit de sa bulle littéraire, le coupant dans son cheminement passionnelle. Il leva lentement la tête et la tourna dans une lenteur identique vers l'origine de sa distraction. Il eut alors tout le loisir d'admirer son blogueur émerger doucement de son sommeil réparateur. Ses cheveux étaient dressés d'une manière comique sur le dessus de sa tête et ses yeux mi-clos trahissaient son esprit encore endormis. Le plus âgé se redressa avec difficulté, ses membres tout engourdis par la torpeur qui ne voulait pas le quitter si tôt. Il se gratta l'arrière du crâne, étouffant par la même occasion, de sa main libre, un bâillement bruyant. Le brun le regardait d'un œil amusé et attendri. John, qui examinait les lieux pour se situer dans le temps et l'espace, posa enfin ses yeux embrumés sur le détective. Il se figea, remarquant le regard inquisiteur de ce dernier sur lui. Sherlock marqua alors sa page et reposa l'ouvrage sur la petite table à côté.

« Ca fait longtemps que tu es réveillé ? Demanda, un peu hésitant, l'ancien soldat. Il ne se sentait plus très à l'aise avec ce genre d'intensité dans les prunelles. La glace de son regard fondait pourtant sous le soleil qui brillait dans celui de John.

-La véritable question est de savoir depuis combien de temps n'as-tu pas dormi ? Retourna poliment le bouclé, d'une voix étrangement douce et posé. Le blond se sentit rougir, légèrement honteux. Il ne savait plus exactement depuis combien de temps il n'avait pas eu un vrai repos bienfaiteur. Il n'avait même aucune souvenance d'avoir fermé l'œil plus de deux heures de suite depuis des mois.

-Je...Je ne sais pas. Murmura John, baissant le regard vers ses mains. C'était ridicule de se comporter de la sorte mais la situation était tellement étrange, tellement surréaliste. Cela faisait un temps considérable qu'il espérait revoir cet homme, sentir sa présence près de lui ou même entendre le ton de sa voix. Et cela se produisait, dans des circonstances inimaginables pour le commun des mortels. Un léger rire grave emplit la pièce et, surpris, l'aîné reporta son attention vers son ami. Qu'est-ce qu'il y a ? Malgré le sourcil levé par la perplexité, son visage s'illumina d'un sourire discret.

-Tu ressembles à un hérisson coiffé comme ça. Et John gloussa parce qu'il n'y avait rien d'autre à faire que cela. Le brun avait dit cela avec tellement de sérieux que ça en était risible. Et alors qu'il avait cru pendant si longtemps qu'il n'allait jamais être de nouveau heureux, qu'il était condamné à avoir une vie minable, ponctuée par les épreuves plus insurmontables les unes que les autres, il se sentit bien. Réellement, indubitablement et inévitablement bien. Une douce chaleur réchauffa son corps d'une tendresse infinie, alors qu'il ne pouvait s'empêcher d'avoir un rictus idiot sur les lèvres. Son esprit prit le contrôle sur tout le reste, noyé sous les émotions contradictoires qui se bousculaient dans son être. Il se leva sans réfléchir à ses actions, sous l'œil perplexe du limier. Il s'approcha du lit en une enjambé, se penchant sur l'autre homme.

-La ferme. » Son souffle s'écrasa sur la bouche du génie. Et dans un rire, il déposa ses lèvres sur celles du brun, dans un baiser passionné qui traduisait ce manque si grand qu'il les avait poussé à l'autodestruction.

Parce qu'aucun grand discours n'aurait pu expliquer ce qu'ils ressentaient à cet instant si précieux. Parce qu'aucune lettre n'aurait pu traduire ce qu'ils avaient sur le cœur. Parce que, non, il y avait cette évidence même qui les liait indéniablement, quoiqu'ils fussent.


Il tombait, inexorablement attiré par le sol. L'attraction de la gravité. Il battait des bras comme s'il s'agissait d'ailes, se débattait contre l'air, le vide. Il tentait désespérément de se défaire de ces bras forts de cette loi terrestre. Il défiait toutes les lois, il était au dessus de toutes les règles. Et pourtant, il n'était qu'humain. De longues, d'interminables secondes où il le voyait, si haut, la tête droit dans les nuages. Le soleil, dans son déclin, éclairait le blond de ses cheveux d'une puissance divine. Il ressemblait aux maîtres d'Olympe. Une auréole brillante le surplombait tel l'ange déchu qu'il était devenu. Il voyait la lumière, là haut. Était-ce son frère qui avait poussé ce hurlement strident ? Ses yeux se fermèrent sous l'impact brutal et dur. Sa tête cogna si violemment la solidité d'une surface que tout mourut dans son crâne dans un tintement de cloche. Du haut du clocher de l'église, résonnaient les carillons célestes l'accueillant comme un damné. Son corps craqua et une douleur sourde l'envahit tel qu'il fut noyé par cette vague déferlante. C'était comme s'il mourait. Tout était amplifié dans son esprit, dans son âme. Tout avait une fin dans ce monde éphémère. Tout avait commencé en haut de cet édifice et tout se terminait à ses pieds. Tout le monde s'inclinait face à sa grandeur. Inclinez-vous devant sa suprématie.

Le blond, perché sur son piédestal, le regardait avec la même impuissance qu'à l'époque des champs de bataille. L'époque des balles transperçant les corps. L'époque des membres déchirés par les mines. L'époque sanglante des chants de guerre et des camps de prières. Il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre qu'elle le prenne aussi. Et pourtant…

Et pourtant, en dessous de cet organisme en chute libre, se trouvait le sauveur des cœurs malades, des gens abîmés. Il le serra dans ses bras frêles, le cajolant afin d'apaiser son corps meurtris, son âme en peine. Et ils comprirent lorsque leur regard se croisèrent à une distance pareille à un univers. Malgré tous les efforts qu'ils pouvaient fournir pour se repousser. Malgré toutes les horreurs qu'ils étaient capables de s'affliger, ils étaient immanquablement attirés par ce danger de destruction mutuelle. Ils étaient comme deux aimants qui se cherchaient, qui se poursuivaient, qui se pourchassaient.

Le bouclé atterrit dans un des grands bacs de linges sales qui se trouvait au bas de l'hôpital. Leur ange gardien avait l'apparence de l'ancien en l'attente d'une seconde vie. Parce qu'effectivement, on venait de leur offrir une nouvelle opportunité de recommencer, de se rattraper, et de mieux construire leur existence, leur vie futur. Et ce baiser…

Et ce baiser, aussi léger qu'une plume, aussi doux qu'une caresse, était le premier mot d'une longue aventure de poésie. Il n'y avait pas de cauchemars ni de rêves dans cette chambre. Seulement le bruit d'une page qui se tournait.


(1) Si nous ne sommes pas des héros, alors nous serons des zéros...

(2) Je fais ici référence à De Profundis d'Oscar Wilde. C'est une longue lettre qu'il a écrit pour son amant Alfred Douglas lorsqu'il était en prison dans laquelle il décrit cet homme, leur amour et aussi sa relation avec l'art. C'est une lettre très poignant, émouvante et très Wilde :') A lire au moins une fois dans sa vie je pense ^^'