Auteur: Swato

Pairing: Tobey x Pete tout au long de l'histoire ; mais Tobey x Julia à la fin ^^

Disclaimers: Les personnages et l'univers de Need for Speed ne m'appartiennent pas.

Note: J'ai gardé le déroulement de l'histoire tel qu'il était. Ça va peut-être vous paraitre bizarre parce qu'à vrai dire je n'ai rien changé DU TOUT lol J'ai juste pris le parti de raconter l'histoire du point de vue de Tobey. Je vous laisse juger par vous même. Je vous avoue que cette fic a été un véritable défouloir pour moi, j'avais besoin de l'écrire. Je blâme entièrement Aaron Paul et son jeu d'acteur pour ce qui va suivre.

Note 2: Pour ceux et celles qui me suivent sur les autres fictions (Hannibal, Harry Potter, Teen wolf...) je vais poster un petit mot sur mon profil, si ça vous intéresse de le voir.

Note 3 : Si vous continuez de lire, je vais salement vous spoiler Need for Speed, cela va sans dire ;)

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Pour ceux qui n'ont pas vus Need for Speed, petites précisions:

Le Cessna: c'est un avion monoplan qui appartient à Benny.

La course du De Leon: elle est organisée tous les ans par Monarch, un pilote mis à la retraite à cause d'un problème cardiaque. Lors de cette course, le gagnant remporte les voitures des autres compétiteurs. Monarch tient une sorte de station de radio, ils sont tous en réseau, me demandez pas comment :P

Brewster Motors et Marshall Motors étaient en compétition directe dans le passé dans cette fic. Je ne sais pas vraiment s'ils l'étaient dans l'histoire originale.

Je n'en parle pas dans ma fic, mais c'est mentionné: Dino a demandé à Tobey de l'aider à réparer une Mustang en lui promettant 25 % du prix de la vente de la voiture. Ils la vendent à un gars qui s'appelle Ingram par l'intermédiaire de Julia. Au moment de la vente, Pete se moque des compétences de pilotes de Dino. Dino propose de les départager dans une course. Et voilà ce qui se passe :

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Je vois l'eau et le soleil... je vois Tobey, regardant un phare. Je te vois, tu gagnes le De Leon !

...

Ce jour là, les flics mettent exactement vingt-trois minutes à rappliquer.

La Koenigsegg Agera est sur le dos, pliée comme un pot de yaourt. L'eau du fleuve est glacée, mes genoux sont en sang depuis que je me suis effondré à coté de la carcasse, la fumée me brûle les yeux. Les mains crispées dans mes cheveux, les joues baignées de larmes et la gorge écorchée d'avoir trop hurlé, je regarde les flammes s'élever vers le ciel, les volutes noires, épaisses s'échapper de l'habitacle en emportant avec elles ce qui reste de mon meilleur-ami.

...

Dans la salle d'interrogatoire, deux flics me bombardent de questions, un blanc, un black. Le crâne en compote, fatigué, je laisse mes lèvres vomir les réponses avec une honnêteté brute. C'est son enterrement et je suis là. Ou plutôt: je ne suis pas là. Mes paupières se ferment et son image brûle ma rétine, il est là, à coté de moi, sourire large, yeux bleus, une réplique arrogante nuancée par son air de faux ange et sa foutue coiffure à la James Dean :

- Relax, je me coiffe comme lui mais t'es toujours mon héros.

- ... où vous prétendez que la troisième voiture se trouvait ?

La réalité me rattrape. Le flic me pointe le schéma que j'ai dessiné il y a une heure de cela avec insistance. Avec un soupir, mes doigts indiquent ce que j'ai déjà expliqué au moins une centaine de fois:

- Ma voiture avait deux longueurs... d'avance. Et c'est... C'est là que Pete était et Dino était juste derrière. Dino a tapé son pare-choc arrière... fort, dans l'angle...

- Dino a deux témoins qui disent qu'il était avec eux toute la journée, me coupe le flic black.

- Et le propriétaire de Brewster Motors a rapporté deux Koenigsegg volées la semaine dernière, la votre et celle de Pete, appuie le second.

Le piège se referme sur moi mais je ne pense qu'à l'enterrement. Je me demande si Anita me déteste, si elle croit réellement que c'est moi qui ait tué son petit-frère. Mon petit-frère. Plus que mon petit-frère. Je lève les yeux vers le plafond, une agonie sourde déchire mes entrailles, mes larmes débordent.

- Il les a rapporté sept minutes avant que la police arrive sur la scène de crime, s'acharne le flic blanc.

Une vague d'épuisement me submerge, ma tête vacille vers l'avant, j'en profite pour essuyer mes joues avec la manche de mon pull carcéral d'un geste éreinté, ma voix déraille lorsque je réponds:

- C'est son oncle, ok ? Ils... mentent. Il était là.

Un sursaut d'énergie me fait relever le nez du schéma, je plante mes yeux dans ceux du flic assis en face de moi. L'autre est déjà préoccupé par ce qui se passe par la fenêtre, il n'écoute que d'une oreille distraite.

- Dino était là, j'insiste.

Mais pourquoi on me croirait ? La troisième voiture a disparu. Sur place, il n'y avait plus que ma Koenigsegg au milieu de la route, restée sur le pont et celle de Pete en bas, bousillée, dévorée par les flammes. Je secoue la tête, des nouveaux sillons creusent mes joues.

- Impossible que ce soit arrivé. Ce n'est pas arrivé...

Pete qui me parle de ses visions, qui rie à une blague stupide de Benny, qui remet Dino à sa place avec sa fausse innocence, qui fait semblant de ne pas avoir de filtre entre le cerveau et la bouche mais qui le fait exprès, parce qu'il sait très bien que les remarques les plus insolentes passent inaperçues une fois drapées dans un manteau d'ignorance, qui joue aux jeux vidéo avec Beast, qui sourit comme si c'était noël derrière le volant de cette voiture à la con...

Je secoue la tête, le regard perdu dans le passé, flics oubliés.

- Pete... Ce n'est pas arrivé...

...

Deux ans de prison, ça fait réfléchir. Ça laisse le temps à la haine de se créer une place, à l'envie de vengeance de prendre racine, bien profondément, entre les tripes et le cœur.

Assez de temps pour prendre contact avec Ingram qui possède la Mustang que j'ai réparé de mes propres mains avec mon équipe, avec Pete. La sueur et le sang coulés vont finalement servir à quelque chose.

Je sais que mon esprit est rongé par une colère froide. Une fois dehors, Benny me donne une accolade mais c'est à peine si j'en sens la chaleur, le monde a perdu ses couleurs, le premier burger que j'avale a un goût de cendre. Une seule pensée me dévore: récupérer la Mustang, obtenir un free pass pour la course du De Leon et retourner la bagnole de Dino comme il a retourné celle de Pete. Appuyer sur l'accélérateur et ne pas faire demi-tour, pas un regard dans le rétro, juste le rugissement du moteur et la sensation d'avoir vengé Pete dans les veines.

C'est mon plan.

Ça ne veut pas dire que c'est la bonne chose à faire.

Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre ?

...

Comme tous les plans bien défini, il faut qu'il y ait des imprévus. J'ai tout prévu, une marge de temps pour les débordements, des pièces de rechanges, de la musique, de la nourriture pour le voyage, des bouteilles d'eau vides pour les envies pressantes.

- Ingram ne va pas laisser un ex-détenus sous liberté conditionnelle seul... avec sa voiture.

Mais Julia, l'emmerdeuse british à la langue bien pendue ? Non, elle, je l'avais pas prévu.

Du tout.

...

Dans la voiture, en route pour la Californie, Julia essaye de parler, je suis froid. Glacial.

Je veux qu'elle dégage et avec l'aide de Benny, ça pourrait marcher. Il survole la ville avec le Cessna et me donne les itinéraires les plus risqués, me fait faire des figures dangereuses, j'évite de justesse plusieurs véhicules, la Mustang effleure une ou deux fois la catastrophe, je suis mort de rire. Bordel, ce que la route m'avait manqué. Julia hurle de terreur, me crie dessus, écorche mon nom avec son accent british, transforme "Tobey" en quelque chose qui ressemble à "Taobi !".

Et après mon petit show, elle me lance un coup d'œil, de la déception pleins les pupilles.

- Si tu penses que conduire comme un dingue va me faire déguerpir, tu te trompes.

Elle n'a pas l'intention de partir.

Je reste planqué derrière mes lunettes de soleil, le bitume s'étend devant moi à perte de vue. Mes yeux dévient sur mon poignet droit, là où je te garde, caché à la vue du monde mais pas à la mienne. Mes paupières se ferment une demi-seconde et je secoue la tête. Malgré toute ma détermination, les souvenirs remontent.

C'est à l'époque où on avait encore des clients et où mon père était encore en vie mais trop occupé à signer de la paperasse pour se salir les mains. Pete est assis sur le capot d'une voiture, il s'essuie les doigts sur un chiffon pas tout à fait propre, il a une trace de cambouis sur la tempe et sur le menton, quelques blessures sur les mains. C'est le métier qui rentre.

Je balance une clef dans la caisse à outils, elle rebondit et glisse en dessous d'une caisse. Un soupir agacé m'échappe, je rampe pour la récupérer mais je me cogne en voulant me redresser. Pete se marre nerveusement tandis que je jette la clef dans la caisse, mon humeur tangue, entre exaspération, colère, tristesse, dégoût...

Pete me lance une moue contrite:

- Désolé...

- T'y es pour rien, bonhomme.

Il me donne une tape affectueuse dans le dos, toujours aussi penaud. Je me perche sur le capot de sa Chevrolet Camaro 396, à coté de lui, et m'allonge, épuisé. Il m'imite et je sens son regard sur moi, attentif. Un sourire taquine mes lèvres, je le pousse d'une épaule contre la sienne:

- Sérieusement, mec. Arrête de me regarder comme ça, c'est flippant.

- Je pensais pas que ma soeur ferait un truc pareil. Honnêtement, soupire Pete.

Une chape de plomb me tombe sur l'estomac. J'essaye de ne pas penser à la façon dont Anita m'a trompé. Avec mon concurrent direct de Brewster Motors en plus, Dino. Pete continue:

- Je sais pas ce qu'elle lui trouve.

- Il a les plus belles voitures de tout Mount Kisco, je plaisante.

- Pour compenser son micro-pénis, à tous les coups !

Je ris et secoue la tête, un poids s'enlève de mes épaules. Pete se tourne vers moi, ses lèvres étirées en un sourire mais ses yeux inquiets:

- Il essaye de te faire tourner en bourrique. Si elle est assez bête pour tomber dans le panneau, c'est son problème mais elle va vite le regretter. T'es meilleur pilote que lui. Le meilleur même.

- Aaaww, Pete, je vais rougir !

Je pique ses cotes de mon index et éclate de rire lorsqu'il tombe sur les fesses à force de gigoter dans tous les sens. Je reste allongé sur le capot, il finit par réapparaitre et me bouscule gentiment.

- Vois le bon coté des choses: tu m'as toujours.

Je fronce les sourcils mais il a l'air sérieux.

- Anita m'a dit que vous déménagiez à Manhattan.

- Comme si ça allait arriver, répond t-il en reniflant avec dédain. Je reste ici, je me suis déjà arrangé avec mon vieux. On se débarrasse pas de moi comme ça, Tob', j'espère que t'es pas trop déçu.

Un vrai sourire étire mes lèvres pour la première fois depuis un mois.

- Je m'en remettrai.

La sonnerie de mon portable me remet les idées en place, il fait noir, j'ai passé toute l'après-midi dans un état second. Beast m'appelle, je décroche.

- Pete aurait adoré ce voyage.

Une aiguille de plus dans ma poitrine. Mes lèvres s'entrouvrent, je parle sans vraiment savoir ce que je dis. Tout ce que je pense c'est que : ouais, il aurait adoré ça, il aurait bondi partout comme un gamin avant de me sauter dessus comme il le faisait parfois avant de hurler "Le De Leon, Tob ! Le De Leon !". Petey. Il me manque. Je raccroche. Julia remue, tourne la tête vers moi avec hésitation:

- Je suis désolée pour Pete.

Est-ce qu'ils se sont passés le mot ? Ça fait mal, arrêtez de prononcer son nom. Mes pensées dérivent vers Dino. C'est plus facile. De haïr Dino. Mes mâchoires se crispent, la colère remplace l'abattement et le vide:

- Il l'a laissé là. C'est ce que je ne peux pas pardonner.

Un éclair de compréhension passe dans les yeux de Julia. Elle comprend enfin pourquoi j'ai proposé ce marché à Ingram, son patron. Emprunter la Mustang pour faire la De Leon contre la moitié des gains si je remporte la course.

C'est pas une question de fric.

C'est une question de vengeance.

Pour Pete.

...

On va chercher Finn.

Beast le convainc de laisser tomber sa boite d'informatique pour rejoindre la bande, direction Californie.

Benny pique l'hélicoptère d'une chaine de télévision pour nous filmer pendant qu'on échappe aux flics au péril de nos vies, il s'éclate comme un fou, ça me réchauffe le cœur de le voir s'amuser. Je ne peux pas m'empêcher de flirter avec Julia, c'est une seconde nature chez moi, de flirter avec le danger.

Leurs présences commencent à atténuer le froid, le problème, c'est que je ne suis pas sûr d'avoir envie de le lâcher.

...

Julia sourit, je la vois sourire du coin de l'œil, malicieusement.

Elle est belle quand elle sourit.

Elle l'est encore plus quand elle se moque de mon jargon de mécano.

Encore plus quand je me moque de son jargon de fashionista.

Mais quand elle ouvre la fenêtre, se met à cheval sur la portière pour aider Finn à remplir le réservoir alors que la Mustang roule à 128km/h et qu'on est toujours sur l'autoroute, elle devient dangereusement sexy.

...

Benny charge les vidéos et j'envoie les miennes à l'organisateur du De Leon: Monarch, objectif: obtenir un free pass pour la course.

La Mustang va piquer son intérêt, il la voudra dans sa course, c'est une véritable légende sur roues. Les vidéos de mes manœuvres sont censés le ferrer, lui donner une bonne raison de nous envoyer une invitation.

Et intrigué, il l'est. Ses paroles s'élèvent de la radio, des exclamations surprises et pleines de respect, d'excitation. Puis Dino appelle Monarch, passe en ligne et pisse sur mon honneur, trahi encore une fois la mémoire de Pete en m'accusant du meurtre.

Dans le même temps, il met nos têtes à prix pour nous stopper.

- Tu devrais appeler Monarch, te défendre, crache Julia.

- Tout le monde connait mon histoire.

Elle m'ignore et appelle Monarch, me défend, met le doigt sur les incohérences de mon comportement. Pourquoi briser ma liberté conditionnelle alors que j'ai fait mes deux ans de taule si ce n'est pour réparer un tort ? Si ce n'est pour rendre justice à Pete en confrontant Dino à ses actes ? Quand elle raccroche, Monarch est convaincu mais sur la réserve.

Une invitation pour le De Léon arrive sur la console centrale, on est dans la course.

- Merci, je souffle.

- De rien, répond t-elle avec assurance, certaine d'avoir fait la bonne chose.

Je l'envie.

...

On s'arrête pour mettre de l'essence.

Julia va à la station service pour échanger ses talons contre des chaussures plus confortables et sûrement se rafraichir. J'ai besoin d'une douche mais on n'a pas vraiment le temps.

Un flic se pointe, je passe inaperçu grâce au pick up garé juste devant la Mustang.

Julia ne passe pas inaperçue.

Quand je l'appelle, je l'entends dire au flic que "bien sur que non, je ne suis pas dans la Mustang grise qu'on voit à sur les écrans de surveillance ! Mustang ? Comme les chevaux ?" avant de courir s'enfermer dans une chambre à l'étage pour lui échapper lorsqu'il demande à ce qu'elle l'accompagne jusqu'à sa bagnole. Que je suis entrain de trafiquer.

Perchée sur le toit comme une chouette terrifiée, elle refuse de sauter, elle a peur, je sens ma poitrine se serrer. Pas moyen que je la laisse ici, alors que le flic va débouler. Quand elle atterrit dans mes bras deux minutes plus tard, elle est aussi choquée que moi. Ce n'est pas qu'elle m'ait fait confiance au final.

Elle a glissé.

Mais le résultat est le même: je suis là pour là rattraper.

On se barre en vitesse, Julia frissonne un peu de partout, à cause de l'adrénaline. Je lui avoue qu'elle m'a impressionné. L'image de la british coincée a quitté mon esprit depuis longtemps, remplacée par cette fille courageuse et un peu frappa-dingue assise à la place du co-pilote. Le sourire tremblant de Julia me fait sourire.

Je lui propose de prendre le volant, je suis crevé et elle n'a jamais conduit la Mustang à cette vitesse. Pas d'arrêt pour lui laisser la main, elle glisse de mon coté, remplace mon pied sur la pédale, mes mains sur le volant, glisse sur moi. Mes bras la stabilisent sur le siège, sa chaleur m'envahis, son odeur m'emplit les poumons.

Un sentiment qui m'avait quitté depuis la mort de Pete refait surface et c'est aussi familier que douloureux. De la tendresse.

J'ai l'impression de le trahir.

- C'est bon ? Tu l'as en main ?

- Ouiii !

- Bien !

Je répète le mot à l'infini alors que je passe à la place passager, amusé malgré moi par les étincelles dans ses yeux et par sa façon de tenir le volant, comme si elle avait de l'or entre les doigts, émerveillée. La sensation ne s'en va pas. Pire: elle s'installe. Je reste éveillé un moment, le temps de m'assurer qu'elle ait bien la situation en main, avant de poser ma tête contre mon bras replié contre la vitre.

Mon rêve n'en est pas un, c'est encore un souvenir.

Beast et Finn sont entrain de réparer l'Impala qu'un gars leur a apporté hier en les menaçant de les castrer s'ils faisaient mal à son bébé. Benny est de sortie avec son Cessna. Je suis seul, mon père s'est enfermé dans son bureau il y a deux minutes pour passer un coup de fil important.

Pete débarque alors qu'il était censé se reposer. La course d'hier a été intense, l'agacement monte dans ma poitrine parce que je lui ai ordonné d'aller se coucher.

- Petey ! Demi-tour, bonhomme, tu dors debout.

Il secoue la tête et c'est à ce moment là que je remarque à quel point il est pâle. Inquiet, je m'approche et je pose une main sur son épaule, il s'écroule contre moi. Ses bras s'enroulent autour de ma taille et il me serre au point de faire craquer mon dos.

- Wow ! Est-ce que ça va ?

Mes bras se referment automatiquement autour de lui, je passe une main dans ses cheveux pour tenter de repousser sa tête dans l'espoir de voir son visage. Il ne se laisse pas faire, mon anxiété grimpe d'un cran.

- Pete, qu'est-ce qui se passe ?

- Je suis désolé...

- Tu es désolé de quoi ?

Il ne me répond pas. Je fronce les sourcils et essaye de lui tirer les vers du nez mais rien. Il est aussi muet qu'une tombe. Je me résous à ne pas le presser, je le garde contre moi le temps qu'il se reprenne, mort d'inquiétude mais déterminé à le soutenir. Lorsqu'il rentre chez lui, deux heures plus tard, ses yeux sont rouges et ne croisent pas les miens une seule fois.

Dans la nuit, mon père succombe à une crise cardiaque.

Le coup est violent. Aussi soudain qu'inattendu.

Les gars sont là pour moi. Beast et Finn, plus maladroits qu'autre chose face à mon deuil, se contentent d'une tape réconfortante dans le dos, Benny d'une accolade plus longue que d'habitude. Pete... Pete ne me quitte pas. Il me faut trois jours pour comprendre.

- Tu as eut une vision, pas vrai ?

Pete prend une inspiration brusque. Ses yeux évitent les miens. Une boule se forme dans ma gorge, je manque de m'étouffer.

- Tu l'as vu mourir, pourquoi tu m'as rien dit ?

- ... tellement désolé, Tobey, s'étrangle t-il, entre deux sanglots.

- Pourquoi tu m'as rien dit...

Je craque. Pete est là et c'est à mon tour de me serrer contre lui comme si ma vie en dépendait.

...

Quelqu'un cherche à nous faire tomber, compliment de Dino.

Julia détruit une voiture à elle toute seule, elle est totalement folle.

Mais puisque dix minutes plus tard, on se retrouve dans la voiture suspendue à un câble, soulevée par un hélicoptère US ARMY APACHE piloté par Benny, je pense qu'on peut dire que nous le sommes tous autant les uns que les autres.

Malgré son acrophobie, Julia me fait confiance et me regarde dans les yeux lorsque je le lui demande. Pour détourner son attention.

- De quels couleurs sont mes yeux ?

- Ils sont très... bleus ! Répond t-elle, les yeux embués par des larmes de panique.

- Ils sont très bleus ! Bien ! Ils sont beaucoup plus bleus que les tiens !

- Non !

- Si, ils le sont.

- Ils ne le sont pas ! Rétorque t-elle, indignée.

- Si !

- Ils ne sont pas plus bleus !

- Admets-le !

- Les miens sont plus bleus !

J'éclate de rire, l'adrénaline pulse dans mes veines, j'ai envie de l'embrasser. Je ne le fais pas, à la place, je me concentre sur la vue que l'on a du fleuve en contrebas, à plusieurs mètres de là. Julia respire fort. Je pose mes mains sur le tableau de bord, la vue est assez terrifiante. Wow.

- Benny ! Ne nous fais pas tomber !

- Quoi?! S'écrie faiblement Julia.

Je cède presque à la tentation de me pencher pour embrasser ses lèvres entrouvertes, son regard effrayé est hilarant. Je me retiens de rire:

- Je plaisante, je plaisante !

Elle n'a pas l'air de trouver ça drôle.

...

On comble les derniers kilomètres à la hâte, on est à la bourre.

- Tu as 23 minutes de retard, m'annonce Julia.

Je sors de la voiture aussitôt et me précipite à l'intérieur. C'est une sorte de bâtiment où se tienne des conférences, ce n'est pas le lieu de la course, juste le lieu de confirmation. Je monte les escaliers quatre à quatre et tombe nez à nez avec Dino.

Il est surpris. Je suis perdu.

Ma bouche se met à trembler malgré moi, mon poignet me brûle. Une rage mêlée de confusion s'empare de moi, je le dévisage. Il parle mais je ne comprends pas un mot de ce qu'il dit, je ne l'entends pas à travers le bourdonnement dans mes oreilles. Puis mes lèvres s'activent:

- Tu n'as pas fait demi-tour pour lui.

Un sourire cruel étire ses lèvres:

- Je n'étais pas là, tu te souviens ?

Ma colère monte, monte. Il continue de parler, je le plaque contre le mur. Je pense à Pete, déchiré entre son amour pour sa soeur et son amitié pour moi. Pete, qui avait essayé d'être cordial avec Dino au début avant de comprendre à quel point il était mauvais, corrompu. Pete, abattu par le fait que sa soeur soit amoureuse d'un pourri. D'un gars capable de laisser son petit-frère crever pour gagner une stupide course.

Tout mon corps se met à trembler, je ne sais même plus si c'est de rage ou de peine contenue. Je le lâche après quelques paroles dédaigneuses de sa part. Je le remet à sa place et le laisse en plan, j'ai autre chose à faire. Je vais à l'accueil, donne mon nom pour confirmer ma présence à la course du De Leon et descends pour rejoindre Julia.

Mon sang vibre encore de ma confrontation avec Dino, je claque la portière. Elle devine tout de suite qui j'ai croisé et ce qui s'est passé. Je m'accoude à la fenêtre et appuie ma joue contre mon poignet droit. Elle tente de me remonter le moral:

- Tu dois oublier... Lâcher prise.

Mon premier réflexe est de lui hurler dessus. Je ne le fais pas. Je crispe les mâchoires et je me tais, je ne la regarde pas. Ce n'est pas de sa faute si Pete est mort, elle essaye de m'aider. Ses conseils ne sont pas débiles. Mais oublier ? Non. Je ne peux pas. Lâcher prise ? Pas question.

- Je pense... que tu as besoin de sortir de la voiture, d'une douche chaude, d'un bon repaaaas et d'un peu de repoooos...

Son accent et la façon dont elle chantonne le reste me donne le sourire. Je sens le sien sans avoir besoin de la voir. Mes épaules se détendent, la glace qui s'était installé dans mon estomac se met à fondre.

- D'un peu de nourrituuuure..., continue t-elle. Je te réserve une chambre d'hotel.

- Je pense que ce serait mieux si tu restais avec moi ce soir.

Elle me sourit et lève un sourcil. Je me repasse ma phrase en tête et me mords les lèvres.

- Je veux dire... Ce serait plus sûr...

Son sourire s'agrandit, elle penche la tête sur le coté. L'embarras me fait balbutier:

- ... de rester avec moi. Hein ? Ouais.

Elle penche la tête de l'autre coté et me regarde, taquine. Mignonne. Sexy. Tout à la fois. Je ris sans pouvoir m'en empêcher. Bon sang, cette fille.

Je démarre la voiture.

Et c'est là que tout vire au cauchemar. Un camion nous rentre dedans. La Mustang se retourne, fait des tonneaux, je perds le contrôle, les vitres se brisent, ma tête cogne contre le volant, le montant, le siège... Un vrai passage à tabacs. Finalement, la bagnole s'arrête de voltiger dans tous les sens.

...

Je sors Julia de la voiture, elle est inconsciente.

Beast et Finn viennent nous chercher. Je la garde dans mes bras tout le long du trajet.

Ses cheveux blonds tachés de sang, les coupures sur son visage... L'angoisse ne me quitte pas, je la dévisage. Elle regagne conscience par intervalles irréguliers, ses yeux sont perdus, vagues, elle a l'air d'avoir mal, peur. Je murmure des trucs sans queue ni tête du genre "ça va aller, tout va bien aller, on va à l'hôpital, ils vont t'arranger ça en un rien de temps" alors que je n'en sais rien du tout.

Je suis terrifié.

...

Finn reste avec Julia à l'hôpital. J'ai confiance en lui.

Je ne peux rien faire pour elle, elle est entre les mains des médecins, Finn m'appellera dès qu'il en saura plus.

En attendant, il me faut une voiture.

Anita me donne une opportunité que je n'avais jamais espéré avoir.

Elle me donne la preuve que Dino était là le jour où Pete est mort: une Koenigsegg Agera rouge, la troisième voiture.

...

A l'hôpital, Finn est devant la porte.

Je lui donne une tape sur l'épaule et entre dans la chambre.

Au début, je crois que Julia dort. Elle ne dort pas mais elle n'est pas hyper consciente non plus.

Bras cassés, peut-être cotes cassées. Coupures diverses.

Elle a l'air minuscule dans le lit, fragile. Les apparences sont trompeuses.

Elle est loin d'être fragile. C'est la fille qui a enjambé une portière pour mettre de l'essence dans une voiture roulant à toute vitesse, la fille qui a sauté du toit du deuxième étage pour échapper à un flic, qui a conduit la Mustang par dessus un précipice, qui m'a fait confiance. Qui m'a aidé à replacer des couleurs dans un monde que je ne voyais plus qu'en noir et blanc.

Je me penche vers elle pour qu'elle n'ait pas à parler trop fort et je ne peux m'empêcher de la détailler. Ses pupilles, si bleues, voilées par les anti-douleurs mais toujours aussi vives, intelligentes et malicieuses, ce grain de beauté près de sa bouche, ses lèvres... Elle me sourit, ses paupières vacillent tandis qu'elle murmure quelque chose que je ne saisis pas. Je la fais répéter, attendri.

- C'est pour Pete, dit-elle lentement.

Ses paupières s'ouvrent et ses yeux se plantent dans les miens. Et je sais. Rien qu'avec ce regard, je sais qu'elle a compris, qu'elle a vu clair à travers moi, comme dans un livre ouvert, sans aucun effort apparent. Je souris en ignorant l'émotion qui me serre la gorge, je hoche la tête.

Je me penche plus près et je l'embrasse. Parce qu'elle sait, elle sait et elle est toujours là.

Elle sait et je suis dingue d'elle.

...

Je profite de la chambre d'hôtel que Julia m'a réservé.

C'est une chambre simple, un lit, une table de nuit, un bureau... Je prends une douche chaude, je me change et mange un vrai repas. Je m'assois sur le lit, me lève et me poste à la fenêtre.

Je remonte la manche longue de ma main droite et découvre le tatouage qui s'y cache. Le nom de Pete s'étale en lettre capitale, accompagné du chiffre 396, comme sa voiture.

Je ferme les yeux.

Si je me concentre assez, je peux presque sentir sa respiration à mes cotés, je vois encore ses yeux, sa coiffure à la James Dean et son sourire gigantesque.

- Tobey... Je vois l'eau et le soleil..

Un frisson remonte ma colonne vertébrale. Je ferme plus fort les paupières.

- Demain..., je chuchote.

- ... je vois Tobey regardant un phare. Je te vois, tu gagnes le De Leon !

- Je me fiche du De Leon, Pete.

Je serre les poings, s'il était réellement là, il s'indignerait. C'est sûr.

- Tobey, c'est ma vision ! Tu bats Dino, tu prends sa voiture et tu gagnes !

- Je t'aime, bonhomme, dis-je en un souffle.

Deux ans. Deux ans de prison, ça fait réfléchir. Ça laisse le temps à la haine de se créer une place, à l'envie de vengeance de prendre racine, bien profondément, entre les tripes et le cœur. Et ça permet aux sentiments qui étaient restés enfouis jusque là de se révéler.

- Je te l'ai jamais dit parce que je le savais pas.

Mes yeux me brûlent, le tatouage à mon poignet semble pulser à chaque battement de mon cœur, à vif. Je me force à rire, comme s'il était vraiment là. Mon rire ressemble à un sanglot.

- J'ai rencontré une fille. Elle sait que je suis complétement paumé sans toi mais elle... elle s'en fout, ris-je.

J'essuie mes joues trempées de larmes avec ma manche.

- Elle est barge. Je l'aime bien.

L'épuisement me tombe dessus d'un seul coup.

Deux ans à garder ça pour moi, le fait de le dire à voix haute me donne la sensation de revenir au jour de l'accident. L'eau glacée du fleuve, mes genoux en sang, la fumée qui me brûle les yeux, les mains crispées dans mes cheveux, les joues baignées de larmes et la gorge écorchée d'avoir trop hurlé, à regarder les flammes s'élever vers le ciel, les volutes noires s'échapper de l'habitacle emportant avec elles ce qui reste du garçon dont je suis tombé amoureux sans même m'en apercevoir. Pas avant qu'il ne soit trop tard.

- Tobey... Je vois l'eau et le soleil...

Je souris.

- Demain, je répète.

Je rouvre les yeux et la manche de mon sweat cache le tatouage.

Je dors huit heures d'affilées.

C'est la première fois depuis l'accident que je ne rêve pas de Pete.

...

Je conduis jusqu'au lieu de la course le lendemain, à la surprise générale.

Je descends de la Koenigsegg Agera rouge et je toque à la fenêtre de Dino. Les mâchoires serrées, il l'abaisse.

- Tu aimes la voiture que j'ai amené ? Parce que je sais que les flics vont l'adorer.

Le voir confus m'apporte de la satisfaction.

- Au fait, je crois que c'est à toi.

Je lui balance la bague de fiançailles que Anita m'a glissé dans la main avant de me glisser à l'oreille "je ne peux pas rester avec celui qui a tué mon frère et m'a menti pendant deux ans". Je retourne à ma bagnole et me glisse derrière le volant. Les battements de mon cœur sont assourdissants, je tire la manche de ma veste vers le bas.

- Vois le bon coté des choses: tu m'as toujours.

Je prends une inspiration et me concentre sur la course.

...

Les concurrents sont évincés au fur et à mesure, à cause des flics, d'une mauvaise manip, d'un temps de réaction trop lents. Je suis patient.

Et ça paye.

En première position, j'attends de voir comment Dino va réagir face à Texas Mike. Et ce que je vois ne devrait pas m'étonner. Il tape l'arrière de son pare-choc et le fait quitter la route en un tonneau. On ne change pas une équipe qui gagne, pas vrai Dino ?

Je fais exprès de perdre du terrain dans le tournant, je le laisse me passer devant.

Je prends une inspiration, me force à ne pas céder à l'urgence. Il ne reste plus beaucoup de bitume avant l'arrivée.

Je peux le battre.

Une ouverture se présente enfin, je me glisse dans la brèche. Je le vois me regarder avec fureur. Il veut m'écraser, me réduire à néant. Je place mon pied au dessus du frein, je le nargue, j'attends. Je suis patient.

Dino finit par faire une erreur, il donne un coup de volant pour me faire faire une sortie de route. J'appuie sur le frein de toutes mes forces. Dino perd le contrôle, rentre dans un buisson, fait des tonneaux.

J'accélère.

Mes yeux s'attardent dans le rétroviseur. Et je me fige, glacé.

Parce que ce n'est pas la voiture de Dino que je vois mais celle de Pete, enflammée, réduite en pièces. J'imagine la peur qui l'a saisi lorsqu'il a compris que rien ni personne ne pourrait le sauver. Mon pied s'abat sur le frein.

Je fais demi-tour.

Je sors Dino de la carcasse de la voiture, je l'appuie contre un poteau en bois et je m'assure qu'il va bien avant de lui coller mon poing dans la gueule.

Pour Pete.

La sirène des flics retentit.

Je remonte en voiture. J'ai une course à gagner.

...

Je m'arrête.

Mes mains se détendent sur le volant et je ferme les yeux une seconde. J'ai gagné le De Leon. J'ai amené à la police la preuve que Dino était coupable, elle est là, je la conduis.

- Descendez de la voiture, les mains en l'air !

J'ouvre la portière, je descends. Quatre bagnoles de flics m'attendent, je lève les mains au ciel et je fais ce qu'on me dit, je m'allonge par terre, les mains au sol. En relevant la tête, la vue qui m'attend me coupe le souffle. Un phare. Blanc, gigantesque. Le soleil... et la mer, à perte de vue.

- Je vois l'eau et le soleil... je vois Tobey, regardant un phare. Je te vois, tu gagnes le De Leon !

Ma gorge se noue, une larme m'échappe.

...

178 jours plus tard, je sors de prison.

Une Mustang rouge vif se profile à l'horizon, elle s'arrête juste devant moi. C'est la copie conforme de la précédente.

La fenêtre s'ouvre, je me penche pour regarder à l'intérieur. Julia est au volant, elle attend que j'entre. Je la regarde avec un sourire au coin des lèvres, elle est magnifique, son t-shirt troué laisse apercevoir des parcelles de peau. J'ai envie de passer mes doigts au travers pour la toucher. Elle perd patience:

- Entre ! Je vais conduire.

Je secoue la tête:

- Je t'ai vu conduire et c'est terrifiant.

La dernière fois, on a fini pendu au bout d'un hélicoptère US ARMY APACHE. Non, merci. Je fais le tour et prends sa place.

Je relève la tête.

Contrairement à ma dernière sortie de prison, le monde semble empli de couleurs.

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Fin

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Voilà les gens !

C'était ma petite fic Need for Speed, j'espère qu'elle vous a plu.

N'hésitez pas à laisser des reviews pour me dire ce que vous en avez pensé ;)