Ce petit supplément est né suite à une petite crise de plume, j'espère qu'il vous plaira. Bizoux les Swen's

Épilogue

Lorsque j'étais petite fille, mon père me fit découvrir les contes venus d'ici et d'ailleurs : Grimm, Andersen, Perrault, Shéhérazade, les récits d'Orient, d'Afrique, des indiens d'Amérique et même des Aborigènes, rien ne manquait à son répertoire.

Mais les années scolaires sont arrivées trop tôt, détruisant à chaque leçon un monde imaginaire, ainsi que ses personnages, jusqu'à ce qu'un matin il n'en reste plus que des fables et des légendes. Un temps révolu, une période de la vie à jamais oubliée, du moins c'est ce que je pensais, jusqu'à ce que je le rencontre Lui, l'hurluberlu de la maison de retraite où résidait ma grand-mère à qui je rendais régulièrement visite, accompagnée de ma moitié et de mes enfants.

Un jour, l'illuminé de l'EMS posa cette question à toutes les personnes présentes à la cafétéria :

- Savez-vous comment s'appelle le lutin qui file la paille en or ?

Personne ne semblait vouloir lui répondre, bien que je soupçonne que personne n'avait la réponse, hormis ma fille qui lui lança fièrement :

- Rumpelstilskin.

- Qui te l'a dit ? Qui te l'a dit ? Qui te l'a dit ? Interrogea-t-il en sautillant comme un damné à travers la pièce.

- Ma maman, hurla-t-elle en me désignant du doigt.

Il me dévisagea longuement avant de me poser mille et une questions sur le monde des contes, comme s'il me faisait passer un examen universitaire ou un entretien d'embauche d'une importance capitale.

- Faux, encore faux, s'emporta-t-il en me donnant quelques coups de canne au passage, alors que des infirmiers accoururent pour le maîtriser et lui injecter un puissant sédatif.

Il recommença à chaque fois qu'il nous croisait dans un couloir, me questionnant, s'émerveillant et se lamentant tour à tour du savoir primordial à ses yeux que j'avais su comme mon père transmettre à mes enfants. De temps en temps il corrigeait mes dires, inventant ci et là quelques passages inédits avant de me lancer un jour :

- Voulez-vous connaître un récit qu'aucune personne n'a encore eu la chance d'écrire et qui pourtant correspond à la stricte vérité ?

J'acquiesçai d'un hochement de tête plus pour faire plaisir à mes enfants qu'un quelconque intérêt apporté à ses palabres fantaisistes. Mais mes enfants avaient fini par adopter cet étrange bonhomme et adoraient visiblement les histoires qu'il leur contaient avec beaucoup de talent rhétorique et de persuasion. Voici comment il introduisit ce nouveau récit, qui allait, sans que je ne le sache, changé un peu ma vie :

- Il n'y a encore pas si longtemps existait une ville dans le Maine où tous les personnages de contes de notre enfance étaient piégés entre deux monde, sous l'emprise d'une terrible malédiction que seule une personne pouvait espérer lever…

Il s'avérait être un orateur hors pair, se surpassant dans ce récit plus que dans tous les autres qu'il avait déjà contés, et je retrouvais un peu plus mon âme d'enfant à chaque phrase qu'il prononçait.

- Maintenant répondez à la question et je vous offre ceci, me dit-il une fois arrivé à la fin de son histoire en déposant un petit coffret devant moi.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il la formule à voix haute, trop consciente qu'il testait également ma capacité de déduction. Je réfléchis un instant avant de m'exprimer avec toujours autant d'étoiles dans les yeux :

- Le Ténébreux avait raison, seule la mort pouvait briser la malédiction. Cependant, le cancer est un fléau de notre monde, inexistant dans le monde des contes, aussi ce fléau, ainsi que toutes ses conséquences disparurent instantanément du corps de Regina lorsqu'ils furent transportés là-bas. L'Amour de leurs âmes, une et indivisible, a envoyé une décharge électrique à la dépouille, relançant comme un électrochoc le cœur de la Reine. Le Ténébreux a tenté de contenir la magie dégagée lors du transfert pour rester dans notre monde, mais son orgueil démesuré lui a fait oublier que la dague, elle, retournerait dans son monde d'origine. N'étant plus relié à sa source de pouvoir le Ténébreux perdit instantanément toutes ses facultés, ainsi que sa mémoire en franchissant la frontière.

- Parfait, je constate que les secrets qui régissent les mondes enchantés n'ont plus aucun mystère pour vous, jubila-t-il en m'offrant le coffret dans lequel je découvris un encrier et une magnifique plume de cygne ayant la particularité d'arborer un côté noir et l'autre blanc au réservoir doré.

- Bienvenue dans la famille des auteurs du SwanQueen ou de l'univers des Reines des cygnes si vous préférez, ajouta-t-il au bout de quelques minutes.

Je le regardais longuement, ainsi que la plume extraordinaire qu'il venait de me confier. Écrire des contes modernes mettant en scène un couple unique et merveilleux dont l'histoire d'amour m'avait frappée de plein fouet, et ainsi permettre à d'autres de vibrer à leur contact sur le papier comme sur la toile. Je venais d'être investie d'une mission – disons plutôt un passe-temps - qui m'arracha un énorme sourire.

Puis mon étrange interlocuteur ajouta :

- Si à l'avenir vous devriez croiser un certain Isaac se prétendant l'unique auteur, n'en croyez rien, c'est un imposteur et malheureusement ses adeptes croissent de jour en jour. Les auteurs sont choisis d'après leur capacités à garder l'esprit et le cœur suffisamment ouverts pour savoir déceler l'amour avec un grand A lorsqu'il se manifeste dans votre monde qu'importe l'endroit, la forme et la manière que sa magie aura choisi pour s'exprimer. Alors ne faites pas la même erreur que moi et gardez vos oreilles et les yeux du cœur bienveillants et bien disposés en toutes circonstances !

- Nous le ferons ! Promit mon aînée au nom de toute notre famille.

- Monsieur Gold, le rappelais-je, alors qu'il avait déjà tourné les talons. C'est bien Monsieur Glass qui vous a permis de retrouver votre mémoire, n'est-ce pas ?

- Le premier amendement est une formidable invention de votre monde, puissiez-vous et les générations à venir toujours œuvrer à sa préservation, me répondit-il solennellement

Je pris une nouvelle fois la mesure de la chance que j'avais de vivre dans un pays où cette liberté d'expression m'était garantie, me faisant la promesse à moi-même d'y veiller avec plus d'attention désormais.

- Ce que je comprends pas en revanche c'est pourquoi elles l'ont laissé faire ? Ajoutais-je sincèrement intéressée.

- A vous de me le dire ? Me renvoya-t-il la question en m'adressant un dernier clin d'œil avant de disparaître comme par magie.

Je regardai ma meilleure moitié et notre progéniture avant que nous y répondions tous en chœur :

- Afin que leur histoire perdure et que l'on sache par-delà l'espace et le temps qu'elles vécurent heureuses et à jamais.

FIN

Je m'accorde deux semaines de vacances bien méritées en Bavière où j'aurais la chance de visiter son plus célèbre château ayant inspiré bon nombre de nos contes d'enfance.

A mon retour, j'espère vous emmener pour deux nouvelles aventures : Un Crossover Xena-OUAT, ainsi qu'un autre UA SwanQueen.

A tout bientôt et MERCI pour votre enthousiasme partagé au fur à mesure de mes publications et de vos lectures. Vous êtes les meilleurs! ;)