Hey hey heeey !

Comme toujours (vous commencez à avoir l'habitude, nan?) je suis dééééésolé du retard ! Mais bon, j'veux dire, j'ai jamais tenu mes deadlines de toute la fic, alors j'allais pas le faire juste pour l'épilogue :') Bref, sorry!

Ça y est les gars. On y est. L'épilogue. THOOL se termine ici. Je tiens à vous remercier du fond du coeur pour toutes vos reviews, vos encouragements, les faves et les follow. Vous êtes les meilleurs!

Sur ce, je vous souhaite une dernière bonne lecture pour cette fic !


EPILOGUE — "The world can be (ours) if you let your heart believe in ever after"

C'était un mardi matin, un jour de vacances d'hiver. Il avait neigé la veille, et il devait sûrement faire un froid glacial à l'extérieur. On avait annoncé des températures négatives pour la semaine, ce qui n'était pas spécialement fréquent à Tokyo. Mais Oikawa, ce matin-là, ne se préoccupait pas du froid le moins du monde. La chambre était chauffée, et il était emmitouflé dans une épaisse couette, blotti tout contre le corps d'Iwaizumi. C'était les vacances alors il n'avait pas à se préoccuper de quitter le confort du lit pour aller en cours ; il pouvait profiter de sa grasse matinée en paix.

Enfin, cela aurait pu être le cas sans un facteur extérieur.

Bercé dans les limbes du sommeil, il n'entendit pas la porte de la chambre s'ouvrir dans un léger craquement ni des pas feutrés s'approcher du lit. Il y eut une seconde de silence total, avant que tout à coup...

"Debouuuut !"

... Un grand cri ne résonne dans la pièce alors qu'un poids s'abattait sur lui, l'arrachant de la plus brutale des manières qui soit des bras de Morphée. Il ouvrit grands les yeux d'un coup, lâchant un glapissement de surprise, et une seconde de battement lui fut nécessaire avant qu'il ne comprenne ce qui lui arrivait soudain.

Il baissa les yeux vers le poids toujours bien présent sur ses jambes pour rencontrer le visage orné d'un large sourire fier de son neveu. Il fronça les sourcils.

"Takeru ?" Et il grogna en tirant la couverture au-dessus de sa tête. "Laisse-moi dormir..."

"Maman a dit que vous deviez vous lever," répondit le garçon en s'asseyant en tailleur au pied du matelas.

"Maman a pas à me dire ce que je dois faire chez moi," marmonna Tooru sans émerger de la couette.

"Ta soeur est en vacances ici pour te voir, tu vas pas dormir toute la journée," fit remarquer une voix pleine de sommeil à côté de lui. Iwaizumi avait été réveillé par l'entrée bruyante de Takeru lui aussi.

"P't'être bien que si."

"Allez Tooru ! Si tu te lèves pas, je vais manger tes pancakes," menaça Takeru.

"Il y a des pancakes ?" demanda Iwaizumi, "Cool !"

Oikawa sentit la couverture être relevée à côté de lui, et le corps d'Hajime se décoller du sien pour sortir du lit. Il grogna encore avec mauvaise humeur. Il n'aimait pas qu'on le réveille brutalement comme ça.

"Tu viens Takeru ? Laisse-le dormir s'il le veut tellement. Moi, je meurs de faim !"

"Ouais ! Tant pis pour toi Tooru !"

Il entendit leurs pas s'éloigner et la porte de la chambre se refermer. Il resta immobile encore une minute avant se se décider à sortir la tête de la couette en soupirant.

Tomoe et Takeru étaient arrivés le dimanche en fin d'après-midi. Il était prévu depuis un long moment déjà qu'ils viennent passer Noël à Tokyo, dans l'appartement que Tooru partageait avec Hajime. L'ancien capitaine avait déménagé chez son petit ami presque un an auparavant, et tant mieux parce que c'était plus grand et beaucoup plus pratique pour recevoir des gens.

Ils avaient emménagé ensemble seulement quelques mois après s'être remis ensemble. Ils avaient voulu le faire le plus rapidement possible dans l'optique de rattraper le temps perdu et de reprendre leur vie où ils l'avaient laissée, puisqu'ils s'étaient dit lorsqu'ils étaient encore au lycée, que dès qu'ils le pourraient, ils emménageraient ensemble.

Quand ils s'étaient remis ensemble vers la fin de l'été, ça avait été très bizarre entre eux pendant un petit moment. Cela avait été comme retrouver un vieil ami qu'on aurait perdu de vue pendant des années. Finalement, ils n'avaient pas été très intimes pendant la première semaine. Ils avaient surtout beaucoup parlé. De ce qui était arrivé dans leurs vies respectives pendant le temps où ils avaient été séparés et ce genre de choses.

Oikawa avait demandé comment allait Iwaizumi après son accident, il lui avait répondu qu'il allait bien, mais que parfois, sa hanche le lançait encore. Et comme il avait vu la culpabilité et la tristesse dans les yeux de Tooru, il l'avait embrassé et avait changé de sujet. Il ne voulait pas vraiment ressasser tout ça.

Et puis petit à petit, ça avait été comme tomber amoureux une seconde fois. Ils avaient eu des rendez-vous amoureux, ils s'étaient offert des petits cadeaux, une fois, Oikawa avait même ramené des fleurs à Iwaizumi, même s'ils trouvaient tous les deux ça un peu ringard pour une quelconque raison. Ils s'étaient redécouverts l'un l'autre, et ça avait été comme revivre, comme se réveiller après un long sommeil, comme retrouver des sensations après avoir été longtemps engourdi.

Ça les avait rendus très heureux.

Les parents d'Iwaizumi n'en savaient rien. Lorsqu'ils appelaient pour prendre des nouvelles de leur fils, ce dernier s'arrangeait pour leur parler le moins longtemps possible, ou bien il ne répondait pas du tout. C'était un peu triste, mais il considérait ne plus avoir de parents, et ne voulait vraiment plus rien avoir à faire avec eux. Mais tant qu'il était mineur, il ne pouvait rien y faire. C'était le cas jusqu'au 10 juin de cette année-là, où il avait fêté ses 20 ans.

Dès ce moment-là, il avait ignoré tous leurs appels, et pour qu'ils ne débarquent pas chez eux parce qu'ils se seraient inquiétés, il leur envoyait de temps à autre un court mail pour dire qu'il allait bien. Ils savaient où ils habitaient après tout, et ils ne pouvaient pas encore se permettre de prendre un autre appartement, alors il fallait qu'ils assurent leurs arrières.

Cela faisait six mois maintenant, et ils n'avaient pas eu de problèmes de ce côté-là. Et ils étaient toujours heureux.

Vivre ensemble était une expérience qu'ils vivaient comme un drôle de rêve. C'était doux et agréable, et puis c'était aussi un peu agaçant parfois, il fallait l'admettre (comme par exemple lorsqu'Oikawa "oubliait" de faire la vaisselle, ou bien quand Iwaizumi laissait traîner ses affaires n'importe où et que l'on retrouvait une cuillère dans la salle de bain ou un cahier de cours dans les toilettes.)

Ils se disputaient aussi. C'était normal, et avec leurs deux personnalités, c'était même le contraire qui aurait été surprenant. Mais malgré tous les différends, partager le même toit était quelque chose de merveilleux. Cuisiner ensemble et parfois se perdre dans une bataille de condiments, se blottir devant la télé, et se coucher dans le même lit. Ne plus avoir à dire au revoir, seulement bonne nuit, et savoir qu'ils se réveilleraient l'un à côté de l'autre au matin. Dire 'notre appartement', 'notre salon', 'notre lit'. C'était autant de petites choses qui faisaient leur bonheur.

Oikawa sourit en pensant à leur vie de maintenant, et il pensa qu'il n'aurait pas pu demander plus, car il avait déjà tout. Il avait retrouvé la personne qu'il aimait. Il avait bataillé pour lui, et ils partageaient leurs vies. C'était ce qu'il aurait pu souhaiter de meilleur.

Sur ces belles pensées, il se décida à sortir du lit. Il avait un peu faim, et il n'allait certainement pas laisser Takeru et Hajime manger ses pancakes ! Il jeta un oeil dehors par la fenêtre. Le ciel était d'un bleu glacial, hivernal, mais un large soleil y brillait. Aujourd'hui serait sans doute une bonne journée.

"Ah, Tooru, enfin levé !" lança Tomoe lorsqu'elle le vit entrer dans la cuisine en traînant des pieds.

"J'ai déjà mangé tous tes pancakes !" chantonna Takeru, visiblement très fier de lui, et sa mère lui donna une petite tape sur l'épaule en gloussant.

"Tant pis," bâilla Tooru, et il s'approcha de la table pour se laisser tomber sur la chaise à côté d'Iwaizumi. "Iwa-chan va partager les siens avec moi."

"Alors là, tu peux toujours courir," répondit Hajime avant de boire une gorgée de café.

"Hmmm tu es trop méchant Iwa-chan..." Il laissa sa tête reposer sur l'épaule de son petit ami, les yeux fermés.

"Tu finis ta nuit ?" demanda Iwa. Oikawa hocha vaguement la tête, et cela tira un sourire attendri à l'autre garçon qui, ne se formalisant pas d'être utilisé comme un oreiller, continua de siroter son café.

"Alors, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?" demanda Tomoe, assise de l'autre côté de la table, son fils sur les jambes.

"Il y a un endroit que vous voulez visiter en particulier ?"

"Fait trop froid pour sortir..." marmonna Oikawa, toujours sans daigner ouvrir les yeux ou se redresser.

"Si t'es pas content, on sortira sans toi," répliqua Iwaizumi.

"Il y a le marché des hago'ita en ce moment, non ?" demanda Tomoe.

"Je crois que c'est bientôt fini."

"On pourrait y aller aujourd'hui, non ? On en profitera pour voir le temple."

"Ouais, ça m'a l'air bien," acquiesça Hajime. "Tooru ?"

"Ça me va."

"Takeru ?"

"Je viens que si on m'achète un souvenir au temple."

"Dis donc !" gronda sa mère en fronçant les sourcils, "Depuis quand tu fais du chantage ?"

"Il le fait toujours quand il est avec Iwa-chan," intervint Tooru en se redressant enfin. "Je le sais, je suis témoin."

Il lança un regard taquin à son neveu qui lui tira la langue en retour. Tomoe et Iwaizumi échangèrent un regard en déplorant en silence l'immaturité dont pouvait parfois faire preuve Tooru.

"Ok, c'est décidé alors," conclut Tomoe, et elle se leva, forçant son fils à en faire de même, pour débarrasser la table.

Hajime se leva à son tour pour l'aider, pendant que Tooru, qui était arrivé après tout le monde, commençait à peine son petit déjeuner. Pendant qu'il mâchait paresseusement les pancakes que sa soeur lui avait gardés, il suivait son petit ami des yeux.

Il avait toujours aimé le regarder lorsqu'il faisait des tâches domestiques, parce que c'était des choses qu'on faisait chez soi. C'était ce qu'il faisait chez eux. C'était une preuve un peu bête à noter qu'ils vivaient ensemble. Et le fait que cela arrive souvent était aussi la preuve qu'Iwa était celui des deux qui s'occupait le plus de leur appartement, ce qui valait souvent à Tooru de se faire gronder. Parce que, en citant Hajime : "Je suis ni ta mère, ni ta bonniche !"

Cela avait plutôt tendance à amuser Oikawa, qui répondait souvent à ça qu'il adorerait voir Iwaizumi en tenue de soubrette. Réflexion qui occasionnait, dans la plupart des cas, un certain rougissement chez le concerné qui répondait que jamais il ne lui ferait porter de tel accoutrement.

Et Oikawa riait.

Au fond, ils menaient une vie plutôt amusante. Ils étaient tous les deux presque certains que l'on pouvait parler de relation saine. Ils se disputaient, riaient ensemble, s'amusaient comme des enfants et parfois conversaient comme des adultes, ils se comprenaient, partageaient beaucoup de choses (mais respectaient que l'autre garde une part d'intimité).

Ils aimaient beaucoup leur vie actuelle.

Des coups résonnèrent dans l'appartement, attirant l'attention de tout le monde. On frappait à la porte. Avant qu'Iwaizumi ne puisse faire deux pas pour aller ouvrir, Takeru lui passa devant, se précipitant jusqu'à la porte en une seconde, et l'ouvrant en grand à la volée.

"Takeru ! l'appela Tomoe en le suivant dans le couloir, "N'ouvre pas la porte comme ça, surtout alors que tu n'es pas —" Elle se coupa elle-même dans sa phrase alors qu'elle se figeait dans le couloir.

Iwaizumi déboula à son tour, et son visage blêmit d'un coup. Il se figea aussi, tous les muscles tétanisés par une soudaine bouffée de terreur alors que dans l'entrebâillement de la porte se tenaient ses parents.

Un silence bizarre flotta pendant un instant. Ils échangèrent des regards, personne ne semblait trop comprendre ce qui était en train d'arriver. Il fallait dire que personne ne s'attendait à cela. Et qui aurait pu deviner que cela arriverait ? Que ses parents décideraient de lui faire une visite surprise au moment même où Tomoe et Takeru seraient là.

"Takeru, va dans la chambre."

La voix de Tomoe sonna nerveusement dans le silence, alors qu'elle poussait légèrement son fils en direction de l'autre bout du couloir. Le garçon tenta de résister un peu par curiosité, mais il finit par obéir, comprenant bien que les choses risquaient de mal se passer.

"Hajime," parla à son tour le père d'Iwaizumi. Il employa un ton plutôt calme, mais l'on pouvait voir dans son regard qu'il avait l'air en colère. "Tu peux nous expliquer ?"

"Qu'est-ce que vous faites ici ?" aboya à son tour sa mère à l'attention de Tomoe. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais fut interrompue.

"Parle-lui autrement." Iwaizumi s'était décalé pour faire barrière de son corps entre ses parents et la jeune femme. Il avait le regard dur, la mine sombre. Il avait l'air énervé, et le fait qu'il prenne la défense de Tomoe sembla outrer sa mère.

"Hajime, explique-nous. Pourquoi la soeur d'Oikawa-kun est-elle chez toi avec son fils ?"

C'est ce moment-là que choisit Tooru pour pénétrer à son tour dans le couloir. Il avait tout entendu depuis la cuisine. Il aurait pu rester caché et laisser Iwaizumi gérer la situation, le laisser trouver une excuse quelconque, mais à quoi bon. Il était peu probable qu'une excuse aurait fonctionné. Les probabilités que cette situation se présente étaient incroyablement faibles, et pourtant, c'était arrivé. C'était peut-être un signe. Peut-être qu'il était temps de laisser éclater la vérité.

Ils étaient ensemble. Ils vivaient ensemble. Ils s'aimaient. Et ils se foutaient désormais de leur accord.

Les yeux de Madame Iwaizumi s'élargirent quand elle vit Tooru.

"Qu'est-ce que tu fais là toi aussi !?" Sa voix était tremblante, montait dans des aigus anormaux et désagréables. Elle avait l'air au bord de l'hystérie.

Tooru vint se placer près d'Hajime qui lui adressa un petit regard en coin. Ils échangèrent un regard entendu, et ils joignirent leurs mains.

"Avant que vous ne posiez la question : c'est exactement ce que vous croyez," dit Iwaizumi, fièrement, presque arrogant, en levant le menton.

Les choses avaient bien changé depuis que, deux ans auparavant, sa mère les avait surpris en train de s'embrasser dans sa chambre. À l'époque, ils étaient encore des enfants qui avaient eu à faire face à la plus grande crise de leurs courtes vies en étant encore mineurs et forcés, plus ou moins, d'obéir bêtement à leurs parents. Aujourd'hui, c'était différent.

Ils n'étaient plus des adolescents un peu fragiles qui n'avaient pas su gérer les problèmes qui leur étaient tombés dessus, et qui avaient dû se plier à leur triste sort, même s'ils avaient essayé d'aller à son encontre.

Aujourd'hui, ils avaient grandi. Ils avaient mûri. Ils avaient appris. Maintenant, ils étaient adultes, et ils n'accepteraient plus de se laisser dicter leur conduite. Ils ne se laisseraient plus diriger arbitrairement par des personnes qui voulaient faire d'eux ce qu'ils n'étaient pas.

À l'époque, ils avaient souffert, pleuré, avaient failli céder au désespoir. Aujourd'hui, ils se tenaient grands et beaux et fiers. Fiers de ce qu'ils étaient et du chemin parcouru.

Même si cela semblait ne pas enchanter les deux adultes face à eux.

"Oikawa-kun, tu nous avais fait une promesse !"

"Il m'en a fait une bien avant," répliqua Hajime du tac au tac, et du même ton assuré et digne.

"Oh, alors il n'est capable d'en garder aucune ?"

"Ce n'est pas ça. Il sait garder celle qui est la plus importante."

Un nouveau silence tomba pendant que les parents d'Hajime cherchaient des arguments pour répondre à ça. Leur fils s'autorisa à savourer en silence le fait qu'il avait réussi à leur faire perdre leurs mots avec sa répartie.

"Ecoutez," parla alors Oikawa. Il était calme et humble contrairement à son petit ami. "Je suis désolé de ne pas pouvoir tenir la promesse que je vous ai faite. Et je suis désolé que vous ne puissiez pas accepter qu'Iwa-chan et moi on soit amoureux. Mais votre fils est majeur maintenant. Vous n'avez plus d'emprise sur sa vie."

"Est-ce que c'est pour cette raison que tu ignores toujours nos appels et nos messages ?" demanda son père. Iwaizumi hocha la tête.

"Depuis combien de temps est-ce que vous avez recommencé à vous voir ?"

"Plus d'un an."

"Je vois." L'homme hocha la tête, semblant résigné. Sa femme lui lança un regard choqué.

"Chéri, ne me dis pas que tu vas accepter ça !" s'écria-t-elle avec rage. "On ne peut pas laisser faire ça ! Pense à l'avenir de notre fils !"

"Merci, mais je peux penser à mon avenir moi-même."

"Tais-toi Hajime, tu ne sais pas ce que tu dis !" La femme avait presque les larmes aux yeux. "Ce n'est pas normal. Si vous faites ça, vous serez toujours rejetés. Est-ce que c'est ce que tu veux ? Vivre en marge de la société comme un paria !"

"Si c'est le prix à payer, je l'accepte. Et puis le monde change. Bientôt c'est vous qui vous sentirez idiots pour être resté si fermés d'esprit. J'en suis sûr."

"Oh, n'en sois pas si certain," répliqua sa mère comme une menace. "Comme si on pouvait accepter sans rien dire ce genre de relations déviantes !"

"Chérie," l'arrêta soudain son mari. "Laisse tomber, ça ne sert à rien."

"Mais — !"

"Ils ont raison," tempéra-t-il. "Hajime est adulte maintenant, on ne peut pas le forcer."

"Mais enfin c'est ridicule ! Ce petit caprice d'enfant a assez duré. Comme tu l'as dit, il est adulte alors il devrait grandir et comprendre que ça ne peut pas continuer !"

Le ton avait commencé à aller crescendo, et l'ambiance s'était faite lourde, électrique, désagréable. Cela rappela à Tooru la fois où les parents d'Hajime étaient venus chez eux pour dire au revoir (et cela avait été bien hypocrite de leur part) lorsqu'ils avaient déménagé.

Si lui et Hajime avaient grandi et évolué depuis, eux ne semblaient pas avoir changé. Ils étaient toujours aussi bornés, enfermés dans leurs idées dépassées. Quoique cela semblait surtout vrai pour la mère d'Iwa.

"Vous ne me ferez pas changer," insista encore leur fils. "Et si ça ne vous convient pas, vous n'avez qu'à partir. Je ne comptais pas vous revoir de toute façon."

Ses mots résonnèrent comme des coups de masse, laissant un froid.

"Mais nous sommes tes parents !" répliqua sa mère, fortement, en faisant un pas en avant, mais son époux la saisit par les épaules pour la retenir. Personne d'autre ne bougea. "Nous sommes des adultes, nous connaissons le monde mieux que toi. Écoute-nous !"

Iwa secoua la tête avec lassitude.

"À mes yeux, vous n'êtes plus rien."

"Hajime, ta mère ne te ment pas," tenta son père sans relever ses dernières paroles. "Si nous avons voulu te séparer d'Oikawa-kun, c'était pour ton propre bien."

"Ce n'est pas à vous de décider de ce qui est bien pour moi !" s'emporta Iwa, et il cria soudain si fort que tout le monde tressaillit. Oikawa raffermit sa prise sur sa main dans une tentative de le calmer. S'enflammer ne servirait à rien. De toute façon, essayer de raisonner avec les gens comme ça, c'était un peu comme parler à un mur. Et s'énerver ne changeait rien à ça.

Son père soupira et il se passa une main dans les cheveux. Il avait tout à coup l'air d'avoir pris dix années. La fatigue se lisait sur son visage.

"Très bien," dit-il. "On va repartir dans ce cas."

"Ouais, faites ça."

"Hajime —," insista encore sa mère.

"Il a fait son choix," l'arrêta son mari.

Il se tourna ensuite vers son fils, l'air dur et sérieux. À côté de lui, sa femme semblait nerveuse, comme si elle voulait dire quelque chose, mais qu'elle ne parvenait pas à trouver les mots justes.

"On ne peut pas approuver ta décision," déclara l'homme. "Pas encore. Mais on ne peut plus te forcer à quoi que ce soit. Alors au moins, fais en sorte de ne pas avoir à regretter ton choix."

"Je ne le regretterai pas."

"Bien. On y va alors."

Il prit le bras de sa femme pour doucement la tirer à sa suite. Elle se laissa faire après une seconde d'hésitation. Elle garda un instant le regard fixé sur son fils, et elle semblait toujours vouloir prononcer des mots qui restèrent bloqués. Peut-être un 'je t'aime' ou un 'prend soin de toi', parce que c'était quand même son enfant qu'elle laissait là. Mais elle ne parla pas au final, et ils partirent sans une parole de plus.

Dans l'appartement, Tomoe, Hajime et Tooru ne bougèrent pas. Au bout d'une grosse minute de silence immobile, c'est Tomoe qui bougea la première, et elle referma la porte d'entrée. Son mouvement sembla remettre le monde en marche, et Iwaizumi laissa ses jambes se dérober sous lui. Il faillit tomber, mais Oikawa eut le reflex de le rattraper à temps. Il serra contre lui le corps tremblant de son petit ami.

"Est-ce que ça va, Iwa-chan ?" demanda-t-il doucement.

L'intéressé ne répondit pas. Il enfouit son visage dans le torse de Tooru et resta comme ça un instant. Silencieux. Tremblotant. Il avait maintenu sa façade de détermination fière devant ses parents, mais au fond, et Oikawa s'en douter, cela avait été très éprouvant pour lui. Il échangea un regard avec sa soeur. Takeru ressortit de la chambre.

C'était bizarre. C'était un peu irréel. La scène s'était déroulée tellement vite qu'ils avaient à peine eu le temps de penser. Et maintenant, c'était fini. Les parents d'Hajime étaient repartis. Ils étaient au courant. Et voilà. C'était tout. Ils savaient, mais ils n'acceptaient toujours pas, alors ils étaient repartis.

Au fond, tout au fond de lui, sans doute que cela peinait un peu Iwaizumi. Peut-être, peut-être qu'une infime part de lui avait espéré que ses parents l'acceptent enfin tel qu'il était. Mais il était impossible de savoir s'ils se feraient un jour à l'idée de savoir que leur fils était amoureux d'un autre garçon. Et au fond, peut-être qu'il était un peu triste de devoir sortir ses parents de sa vie pour pouvoir rester auprès de l'amour de sa vie.

Oikawa sentit les bras d'Hajime glisser dans son dos pour le serrer.

"Je t'aime." Les mots lui parvinrent faiblement, étouffés. Un sourire léger ourla ses lèvres.

"Je t'aime aussi."

"On a gagné..."

"Oui, on a gagné."

Iwa releva la tête et son regard croisa celui de Tooru. Les promesses d'avenir heureux brillaient dans ses yeux. Ils n'avaient plus peur. Ils ne laisseraient plus personne se mettre en travers de leur route. Plus jamais.


Quelque part, à une autre époque, bien des années après cette histoire, deux hommes étaient assis sur la plage. Le soir tombait, et sur les ondulations de l'eau calme se reflétait le coucher de soleil. Ils étaient seuls sur cette plage, à l'exception d'une mère et ses deux enfants qui jouaient avec un gros chien à vingt mètres d'eux. Leurs éclats de voix étouffées leur parvenaient à peine, portés par le vent.

Ces deux hommes étaient silencieux, leurs regards un peu fatigués dirigés sur l'océan. Sur leurs visages ridés s'épanouissaient de doux sourires. Ils semblaient sereins, chacun profondément satisfait par des pensées qui leur venaient sous la poésie du paysage.

Sans doute pensaient-ils à de beaux moments de leurs vies. Peut-être qu'ils se remémoraient ce jour où, sur cette même plage, ils s'étaient mariés quand ils avaient vingt-trois ans. Cela n'avait pas été un mariage officiel, mais ils avaient échangé des vœux devant leurs amis, et n'avaient jamais quitté les bagues qu'ils avaient portées depuis ce jour-là. Ils se rappelaient probablement de la façon dont Matsukawa et Hanamaki les avaient attrapés juste après la cérémonie pour les jeter à l'eau tout habillés parce que cela portait soi-disant chance, ou bien peut-être se souvenaient-ils du moment où Tomoe avait trébuché sur sa propre robe et avait failli tomber sur la pièce montée (mais Iwaizumi l'avait rattrapée juste à temps).

Peut-être qu'ils pensaient avec nostalgie : "Aah, quelle journée magique ça a été..."

Mais ce n'était pas la seule journée magique qu'ils gardaient en souvenir. Leur vie avait été constellée de tout un tas de ces moments inoubliables. Plus de quarante-cinq ans avaient passé depuis qu'ils s'étaient mariés. Pendant toutes ces années, ils avaient eu l'occasion d'en vivre, des choses incroyables. Ils avaient eu leur lot de belles expériences.

Alors peut-être qu'ils pensaient plutôt : "Aah, quelle belle aventure ça a été, cette vie qu'on a vécue."

"Hajime ?"

"Hm ?"

"Est-ce que tu es heureux ?"

Leurs mains se rencontrèrent tout naturellement dans le sable. Leurs doigts s'effleurèrent avant de s'entrelacer doucement. Tendrement.

"Oui," répondit-il doucement, sincèrement. "Et toi ?"

Ils se regardèrent de leurs yeux un peu fatigués parce que la jeunesse de leurs corps était derrière eux. Leurs corps avaient changé, mais il était certaines choses qui elles avaient demeurées. Ils en avaient entendu des histoires de couples qui se séparaient après des années et des années de vie commune. Mais eux, même après près de cinquante ans de romance, ils s'aimaient toujours autant. C'était une chose qui n'avait pas changé.

Ils avaient eu leur lot de chagrins et de bonheurs, mais jamais leur affection ne s'était ternie. Et c'était en pensant à cela que, plus que jamais, ils se disaient qu'ils avaient pris la bonne décision, lorsqu'ils étaient jeunes, en voulant se battre pour leur droit de s'aimer.

C'est alors qu'ils avaient une trentaine d'années que les parents d'Hajime avaient tenté de reprendre contact avec leur fils. Ils avaient voulu essayer de comprendre, essayer d'accepter. Au final, rien n'avait jamais été vraiment naturel avec eux lorsqu'ils se rencontraient. Mais peut-être que ça les avait tous un peu apaisés.

Et ils se disaient qu'ils avaient vécu sans regret.

Ils avaient souvent rêvé, souvent pensé quand ils étaient jeunes, chacun de leur côté en secret, ou bien ensemble, que leur vie prendrait ce tournant un jour. Elle n'avait pas été exceptionnellement grandiose, ça n'avait pas été une vie faite de grandes excentricités, de longs voyages ou de ce genre de choses, mais ils n'avaient pas eu besoin de ça.

Ils avaient toujours dit qu'ils voudraient être ensemble pour toujours, vivre ensemble, passer chaque étape de leurs vies ensemble. Ils s'étaient toujours dit que ce serait ça leur bonheur. Ils avaient été heureux des petites joies du quotidien et n'avaient jamais vraiment trouvé leur routine ennuyeuse.

Et alors qu'ils étaient assis là, l'un contre l'autre, tous ridés et vieillis par les années, ils réalisaient que leur bonheur était là. Qu'il avait toujours été là.

L'ombre d'un doux sourire plein de tendresse vint flotter sur les lèvres de Tooru alors qu'il serrait plus fort dans la sienne la main de l'amour de sa vie.

"Moi aussi," dit-il. "Je suis heureux."

Aah, quelle belle vie ils avaient eue, ensemble.


Voilà ! Niais, n'est-ce pas ? Mais j'aime bien !

J'espère que ça vous a plu ! Pas trop déçus de cette fin ? J'espère que non ! Je la trouve mignonne (peut-être un peu trop guimauve pour certains?) Finalement, Iwa et Oikawa finissent heureux et ensemble, si c'est pas beau ça :') Enfin bref.

Waouh. THOOL est finie, ça y est. C'est... super bizarre. J'arrive pas encore trop à réaliser, mais waouh quoi. Ça faisait plus d'un an (depuis mai 2015) que j'écrivais cette fic quand même ! Elle m'aura donné du fil à retordre cette saleté, mais j'ai tenu bon grâce à vous tous ! Alors encore une fois et du fond du coeur : merci. J'ai eu beaucoup de moments de doutes, beaucoups de pannes, beaucoup de problèmes technique pendant l'écriture de cette fic, mais si j'ai pu garder un peu de motivation, c'est grâce à vous les lecteurs, les followers, les favoriseurs, et surtout les reviewers ! Avoir vos avis, c'est juste la plus belle source d'inspiration et de motivation pour nous, alors merci ! Merci d'avoir suivi cette aventure avec moi, merci de vous être intéressés à mon travail, merci de m'avoir soutenu je vous aime !

J'espère que j'aurai encore vos avis sur cet épilogue, sur le chapitre et la fic dans son ensemble. Et j'espère aussi que les timides qui ont lu sans jamais laisser de trace de leur passage me donneront aussi un avis final, ça me ferait vraiment plaisir et ce serait vraiment apprécié ! :D Je pense que j'ai évolué depuis le prologue, mais c'est peut-être juste une impression :')

Bref ! Voilà quoi... je suis pas trop pro en grands discours donc? bah merci encore du fond du coeur et voilà ! Maintenant que THOOL est terminée je vais pouvoir un peu mieux me concentrer sur mes autres fics ça va me faire du bien x) J'espère que je pourrai updater Paint the city with the colors of our hearts plus régulièrement du coup !

Sur ce, baisser de rideau ! Et merci encore !