Auteur : shadowglove (/s/5289300/1/Ealdor)

Traductrice : Aconit

Disclaimer : Ni Merlin ni l'histoire ne sont à moi, je ne suis que la traductrice ^^

Résumé : UA, suite de While You Slept en trois chapitres. Pré-slash. Deux mois après le départ d'Arthur, Merlin recueille un jeune druide de cinq ans et décide d'élever l'enfant. Huit mois plus tard, Arthur revient avec ses chevaliers et Morgana. Merlin réalise qui est Arthur, et Arthur a un plan.

NdT : alors, voilà la suite de While you slept ! Merci à toutes celles qui ont laissé une review sur cet OS : mysty, Slash4ever, PandiPandaYaoi, Cebi, Hinata78, Angelyoru, hasegawa-chwan, nathydemon, Plume de Pluie et BloupBloub ! Vos reviews m'ont fait vraiment plaisir, même si je n'ai pas eu le temps de vous répondre individuellement ;)


Ealdor

Chapitre 1

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Les yeux écarquillés, Merlin releva brutalement la tête. Il était en plein reprisage ; sa mère, qui avait été l'apprentie d'un homme appelé Gaius, à Camelot, quand elle était jeune, était la sage-femme d'Ealdor, et ce qui ressemblait le plus à un médecin dans le petit village. Et, à cause de ça, Merlin se retrouvait à la faire la plupart des tâches ménagères pendant que sa mère s'occupait des malades et des femmes enceintes.

Ses talents pour la cuisine, le nettoyage et la couture lui avaient valu assez de moqueries de la part de Will pour toute sa vie (son meilleur ami lui assurait qu'il ferait une très bonne épouse pour une femme ou un homme, un jour), et cependant Merlin tirait beaucoup d'orgueil dans la qualité de son travail – c'était une des rares choses qu'il pouvait faire sans magie et sans se ridiculiser.

De plus, recoudre les vêtements déchirés l'aidait à apaiser son esprit. C'était une bonne distraction, et, dernièrement, il en avait besoin. Le visage du mystérieux Arthur empêchait Merlin de se concentrer sur quoi que ce soit, et il avait été encore plus empoté que d'habitude.

Pour être honnête, il était plus que frustré. Près de huit mois s'étaient écoulés depuis qu'il avait trouvé le mystérieux homme blessé et qu'il avait fait de son mieux pour le soigner, avant que les camarades d'Arthur – qui qu'ils puissent être – les trouvent et emmènent l'homme blond avec eux.

Merlin n'avait pas cessé de se demander ce qui était arrivé à Arthur.

« J'ai dit, » dit Will en fermant rapidement la porte derrière lui, avant d'aller à la fenêtre et de jeter un coup d'œil prudent dehors, « que le foutu prince de Camelot est dans le village ! » Il ferma les rideaux. « Et même si ni lui ni son escorte ne disent pourquoi ils sont là, j'ai l'impression qu'ils cherchent quelqu'un. »

Merlin se tendit immédiatement et son regard s'aventura vers sa chambre.

Will suivit son regard et fronça les sourcils. « Ça n'aurait pas de sens, pas après six mois, mais ça m'inquiète aussi. »

Merlin se leva et alla vers la petite pièce. Il baissa le regard sur le garçon qui dormait sur la couche, blotti contre le vieil ours en peluche de Merlin. Le garçon était aussi pâle que la nuit, avec des cheveux d'ébène et des yeux d'un feu bleu ; lui aussi, Merlin l'avait trouvé dans la forêt, après avoir sauvé Arthur.

Quand il était tombé sur lui, le garçon était affamé, faible et fiévreux.

Apparemment, il était l'apprenti d'un druide et son maître avait été tué par des bandits. Le garçon avait fui avant l'attaque et avait été laissé à lui-même, à errer dans la forêt avant que Merlin ne le trouve.

Le jeune sorcier avait immédiatement amené l'enfant à sa maison, et après l'avoir nourri et avoir fait couler de l'eau dans sa faible gorge, Merlin l'avait surveillé jusqu'à ce qu'il aille mieux.

Les villageois, habitués à l'usage de magie grâce à Merlin, avaient cependant eu des doutes concernant l'enfant, Mordred, mais ils avaient fini par adorer le petit garçon qui suivait Merlin comme son ombre, loyalement. La plupart des femmes étaient conquises par l'enfant et le gâtaient quand elles pensaient qu'Hunith ne regardait pas, en lui donnant des portions supplémentaires de nourriture ou des sucreries durant les petites fêtes organisées dans le village.

« Mordred. » Merlin se mit sur les genoux et secoua légèrement le jeune garçon, pour le réveiller.

Mordred ouvrit lentement les yeux, encore endormi, et fit une moue fatiguée. « Merlin ? » L'enfant de cinq ans s'assit dans un bâillement, en se frottant les yeux de son poing.

« Mordred, tu te souviens de ce dont nous avons parlé quand tu es arrivé ici ? » demanda Merlin, les yeux bleus plongés dans ceux de l'enfant. « Sur ce que nous devions faire quand des étrangers venaient ici ? »

Les yeux de Mordred s'écarquillèrent, tout sommeil oublié, et il hocha la tête.

« Eh bien, il y a des gens de Camelot ici, et ils ne doivent pas savoir pour toi ou pour moi, » dit Merlin à l'enfant. « Alors, nous allons jouer au jeu. Tout le village va y jouer, jusqu'à ce que les gens partent, d'accord ? »

Mordred acquiesça, puis leva ses bras avec impatience.

En souriant devant la possessivité extrême de l'enfant, Merlin enroula ses bras autour du petit corps et le souleva, en faisant reposer son léger poids sur sa hanche alors qu'il revenait dans la pièce où Will surveillait, caché derrière les rideaux, ce qu'il se passait à l'extérieur.

Mordred était silencieux, comme à son habitude, la tête contre le torse de Merlin, tout contre son cœur.

Merlin sourit et déposa un baiser sur le haut du crâne de l'enfant.

La première fois que le sorcier avait posé ses yeux sur l'enfant, il avait senti une connexion profonde entre eux, semblable à celle qu'il avait ressentie en prenant soin d'Arthur, et cependant différente. Merlin ressentait le besoin de protéger Mordred comme le ferait un parent, et pendant les six mois durant lesquels l'enfant avait été à sa charge, Merlin en était arrivé à l'aimer de tout son cœur.

« Je le vois, ce foutu prince, » siffla Will en grimaçant. « Une femme vient d'arriver à cheval avec des gardes. Une autre femme attend – l'autre doit être sa servante. Le prince ne semblait pas s'attendre à ce qu'elle se montre. Ils se disputent, là. » Il émit un petit son appréciateur. « Et d'une manière assez spectaculaire, je dois dire. »

« Qu'est-ce que le prince de Camelot fait ici, à Ealdor ? » se demanda Merlin en se rasseyant, sans réveiller Mordred, toujours blotti sur ses genoux. Il reprit son reprisage. Il savait qu'ils étaient dans une situation dangereuse, mais même dans ce cas, ce n'était pas comme si le prince allait venir dans cette maison précise pour chercher l'enfant.

Si c'était vraiment ce que cherchait vraiment le prince.

De toute manière, Ealdor ne faisait pas partie de Camelot, alors même si la rumeur d'un druide et de son apprenti était arrivée à leurs oreilles, ils n'avaient pas d'autorité ici.

En se disant cela, Merlin prit une grande inspiration et continua à repriser, laissant Will espionner les nouveaux venus.

Comme toujours, l'action répétée du reprisage le calma, et il dut transmettre cette paix à Mordred puisque l'enfant sombra dans un sommeil plus profond en s'agrippant à la chemise de Merlin ; il ronfla doucement.

« Ils sont toujours en train de se disputer ! » Une demi-heure plus tard, Will n'était plus qu'amusé en regardant ouvertement le prince et la femme se disputer sur dieu seul savait quel sujet. « Je pense que j'aime cette femme – noble ou pas. Quiconque parle de cette façon à un prince est un dieu dans mon esprit. »

Merlin pouffa de rire et secoua la tête. Il pouvait comprendre le ressentiment de Will contre les nobles, mais c'était parfois un peu énervant, ou amusant – ça dépendait du contexte. « Alors, comment ça se passe avec Libya ? »

En arrachant son regard de la fenêtre, Will ferma les rideaux et se retourna vers Merlin. Il souriait avec gêne et parvenait même à rougir un peu. Il avait un faible pour la fille du fermier Gareth depuis qu'il savait marcher, et ce n'était que récemment que la fille avait réalisé qu'il existait et lui avait permis de la courtiser. « Elle m'a embrassé la nuit dernière, quand on a fait le mur ensemble pour aller regarder les étoiles. »

Merlin sourit, heureux pour son ami. « Ne fais rien qui forcerait son père à te pourchasser avec sa fourche. »

Will frissonna. « C'est vraiment perturbant, non, qu'il aime autant sa fourche ? »

Merlin hocha la tête.

Le brun retourna à la fenêtre, puis fit un bond en arrière. « Ta mère est en train de lui indiquer le chemin, putain ! »

Merlin laissa tomber son reprisage et se leva brutalement, mais pas assez, étrangement, pour que le geste brusque réveille Mordred. « À quoi est-ce qu'elle pense ? »

« Je ne sais pas, mon vieux. » Will semblait aussi hors de lui. « Partons par la porte de derrière ! »

Merlin acquiesça et les deux hommes se ruèrent hors de la maison, ralentissant leur pas pour essayer de rester inaperçus une fois dehors. La dernière chose qu'ils voulaient, c'était attirer l'attention.

En bougeant le léger poids de Mordred dans ses bras de façon à ce que la joue de l'enfant repose contre son épaule, Merlin essaya de se calmer et de se rappeler qu'il ne devait pas que penser à la sécurité du village ou de sa mère, ou même de lui-même. Il devait aussi s'occuper de Mordred.

« Je pense que nous pouvons aller au petit lagon caché dans la forêt, » décida Will d'une voix assourdie, en regardant autour d'eux avec suspicion. « Prends de la nourriture, comme si nous ne faisions qu'un pique-nique. Quand nous serons de retour, ces foutus nobles auront foutu le camp. »

Merlin aimait ce plan.

De cette façon, lui et Mordred pourraient sortir du village et…

« Vous ! »

Il se retourna et se figea, sous le choc. La femme qui les suivait était d'une beauté féroce et une détermination profonde illuminait ses yeux bleus perçants. À ses côtés se tenait une jolie fille à la peau sombre qui portait une robe jaune et simple.

Son cœur tomba dans sa poitrine.

Ça ne pouvait être que la noble dame dont Will lui avait parlé.

La femme à la robe fluide s'arrêta devant lui, les yeux fixés sur lui ; et elle le regarda de haut en bas avant de sourire, et c'était magnifique. « Tu es Merlin. »

Les yeux de Merlin s'écarquillèrent sous le choc.

Comment connaissait-elle son nom ?

Son sourire était triomphant lorsqu'elle se tourna vers la femme qui l'accompagnait. « Il va être si furieux que je l'ai trouvé en premier ! »

La femme à la peau sombre se contenta de sourire et de secouer la tête, amusée.

La noble retourna alors son attention vers Merlin. « Je suis Dame Morgana, la pupille du roi Uther de Camelot, et voici ma servante, Gwen. » Son sourire devint conspirateur. « Je voulais te rencontrer depuis très longtemps, Merlin. »

Confus, Merlin se demanda comment la femme pouvait le connaître et pourquoi elle voudrait le rencontrer lui, puis il lui offrit un faible sourire. « C'est un honneur, ma dame. » Il hésita un instant avant de se rapprocher de Will, qui regardait Morgana et Gwen avec un air que Libya n'aurait pas apprécié. « Voici mon meilleur ami, Will. »

Will inclina la tête.

Les dames sourirent.

Le regard de Morgana se posa sur Mordred, amusé. « Je ne savais pas que tu avais un frère. » Elle se tourna vers Gwen et sourit de toutes ses dents. « Je le bats encore, ce sale gamin incompétent. Quand il nous trouvera, j'en saurais plus sur Merlin que lui. C'est tellement amusant ! Je ne peux pas attendre de voir l'expression qu'il arborera. Il va devenir tout rouge, je le sais ! »

« Ma dame... » La voix de Gwen contenait un avertissement exaspéré mais mêlé de rire.

Les filles échangèrent un sourire tendre.

Will et Merlin en furent surpris. Ils avaient entendu parler de la relation quasi maître/chien qu'avaient les nobles et leurs serviteurs, et c'était stupéfiant de voir l'affection sincère entre ces femmes.

« Comment s'appelle ton frère ? » dit Morgana en revenant à Merlin.

« Ce n'est pas mon frère. » Merlin serra plus fort Mordred sur son cœur battant. C'était là, maintenant ou jamais. « C'est mon fils, Mordred. »

Les sourires disparurent des visages de Morgana et de Gwen et elles échangèrent un regard indescriptible avant que Morgana ne se tourne vers Merlin. « Tu… tu es marié ? »

« Tu as l'air si jeune pour avoir un enfant ! » haleta Gwen avant de rougir. « Pas que je dise que tu ne devrais pas l'avoir ! C'est un garçon magnifique ! Et vous vous ressemblez tellement ! Et je ne dis pas que tu es magnifique parce que c'est un terme féminin ! Ni que ton fils est féminin ! Je... je veux dire… je ne veux pas dire… c'est juste que… ! » Elle s'arrêta et mordit sa lèvre inférieure avec un air sincèrement troublé.

Tout comme Morgana.

Ça commençait à énerver Merlin.

« Oui, eh bien, c'est la passion de la jeunesse. » Will s'avança, plaça un bras autour des épaules de Merlin et sourit aux femmes. « Maintenant, si vous voulez bien nous excuser, mesdames. Je dois rendre visite à une belle jeune fille et Merlin et Mordred doivent aller quelque part. »

Les deux femmes échangèrent un regard presque paniqué alors que Merlin et Will commençaient à s'éloigner, Will laissant tomber son bras des épaules de son ami.

« Oh, mon dieu, » murmura Gwen.

« Je ne sais pas si je dois être amusée ou horrifiée par le tour inattendu que prennent les événements, » chuchota Morgana.

Merlin, qui se demandait à quoi elles faisaient allusion, secoua la tête et continua d'avancer, seulement pour se retrouver nez-à-nez avec la dernière personne à laquelle il se serait attendu.

Arthur.

Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'il fixait le beau visage de l'homme dont il avait sauvé la vie et dont il s'était occupé, huit mois plus tôt. Merlin n'aurait jamais pensé le revoir, et maintenant, maintenant il était en face de lui, avec, sur le visage, une expression d'impatience et d'irritation mêlées.

« Merlin. » Il sourit ; il paraissait encore plus grand maintenant qu'il avait le dos droit, une épée accrochée à sa ceinture autour de ses hanches étroites. Il portait une cotte de mailles et le symbole de Camelot.

Le ventre de Merlin se serra lorsqu'il réalisa qu'Arthur devait faire partie des chevaliers de Camelot. C'était logique qu'il soit soudainement là. Il devait être venu pour escorter et protéger le prince.

« A...A...Arthur, » balbutia Merlin en resserrant son étreinte sur Mordred. « C'est une surprise de vous revoir. Je… Vous allez l'air d'aller bien et d'être en bonne santé. »

Gwen avait tort.

'Magnifique' pouvait être utilisé pour décrire un homme. 'Beau' était trop rude pour décrire le physique d'Arthur, mais 'magnifique' le décrivait parfaitement. Et maintenant qu'il n'avait plus ces bosses et ces coupures et ces bleus et cette peau pâle dus aux coups qu'il avait reçus, Arthur était la chose la plus magnifique qu'il avait jamais vue.

Même Morgana n'arrivait qu'en seconde place derrière lui.

Will se tendit à côté de Merlin. « Quoi, tu le connais ? »

Merlin se tourna vers son ami et hocha la tête. Il se demanda pourquoi Will semblait être sur le point d'avoir une attaque ou de se mettre à genoux. « On s'est rencontré... » Il s'arrêta en se demandant comment présenter les choses. « Dans la forêt, il y a quelques mois. »

« Pourquoi est-ce que je n'ai pas entendu parler de ça ? » Les yeux de Will se plissèrent alors que son regard oscillait entre un Merlin confus et nerveux et un Arthur parfaitement contrarié.

« Je ne savais pas qu'il devait tout te rapporter, » annonça Arthur d'un ton plutôt acide.

« Eh bien, maintenant vous le savez, Votre Altesse. » Will posa ses mains sur ses hanches d'un air de défi, en crachant le titre comme si c'était une malédiction.

Merlin se tendit soudainement d'horreur alors que ses yeux s'écarquillaient ; il savait qu'il devait avoir l'air d'être au bord de l'évanouissement. « Altesse ? » Son regard alla d'un Will surpris à un Arthur au visage neutre. « Vous êtes le prince de Camelot ? »

« Tu veux dire que tu ne le savais pas ? » Will semblait mourir d'envie de le frapper à l'arrière de sa tête. « Je pensais que tu avais dit que tu l'avais rencontré ! »

« Je ne connaissais que son nom, » se dépêcha de dire Merlin, en tournant son visage horrifié vers son meilleur ami. « Je n'ai appris que son nom ! »

Apaisé maintenant qu'il comprenait mieux la situation, Will ne fit que soupirer et secouer la tête, les bras croisés sur son torse. « Il s'avère juste que tu es allé dans la forêt, que tu as rencontré un foutu prince, et que tu ne l'as même pas réalisé ! »

Arthur fusilla Arthur du regard. « Fais preuve de plus de respect envers un prince, paysan. »

Les yeux de Merlin s'écarquillèrent sous le choc à ces mots.

Will ricana. « Vous n'êtes pas mon prince. Je vous dois que dalle. »

La main d'Arthur se crispa, près de son épée.

Oh, dieux ! Merlin réalisa qu'il était dans une situation dangereuse, entre deux hommes qui semblaient s'énerver rapidement et qui ne demandaient qu'à se battre. Il pouvait comprendre Will, puisque la simple vue d'un noble lui était odieuse, mais qu'est-ce qui arrivait à Arthur pour qu'il soit si près de provoquer Will en duel ?

Mordred gémit et se réveilla dans ses bras. Le jeune garçon s'étira légèrement et frotta ses yeux en baillant avant de poser sa joue contre l'épaule de Merlin et de tourner ses yeux bleus brillants vers Will et Arthur avec une petite moue grognonne, mécontent que les deux hommes l'aient réveillé pendant sa sieste.

Le regard d'Arthur se posa sur Mordred d'un air songeur, comme s'il oubliait Will et son irrespect. Les lèvres d'Arthur se soulevèrent légèrement. « Ton petit frère est ta copie parfaite, Merlin. » Son regard bleu alla de Mordred à Merlin. « Vous avez les mêmes yeux et les mêmes cheveux. »

Plus que jamais, Merlin était heureux de l'histoire que tout le village devait raconter. Si tous disaient que Mordred était le fils de Merlin et d'une fille quelconque qui avait fui vers la ville pour recommencer une nouvelle vie au château, alors il lui serait impossible d'être reconnu et exécuté en tant que druide. Mordred avait été trop jeune pour recevoir le tatouage d'initiation des druides, et ça ne faisait que l'aider à mieux se cacher.

Au départ, le village avait pensé faire d'Hunith la mère, mais l'idée avait vite été écartée. Mordred était un enfant timide et silencieux, et même si tous étaient tombés sous son charme et voulaient le protéger, la seule personne qu'il adorait ouvertement était Merlin. Il était évident que l'enfant ne faisait confiance qu'à celui qui l'avait recueilli et qu'il s'agrippait à lui, silencieusement, avec possessivité.

C'était logique de faire de Merlin le père s'ils voulaient que leur histoire soit crédible.

« Arthur ! » Morgana apparut à ses côtés, le visage calme mais les yeux nerveux.

Gwen était près d'elle ; elle mordait sa lèvre inférieure en regardant alternativement Merlin, Mordred et Arthur.

« Morgana, » gronda Arthur. « Je pensais t'avoir dit de retourner au château avec Gwen. » Il semblait être tout juste capable de garder le contrôle de son humeur. « Ce n'est pas sûr pour deux jeune femmes de.. »

« Oh, je t'en prie, » dit Morgana qui s'approcha de Merlin et le surprit en passant son bras autour du sien. « J'avais juste une conversation agréable avec Merlin et j'aime cet endroit, pas toi, Gwen ? »

« Si, » acquiesça Gwen.

Les yeux d'Arthur se plissèrent avec dureté, fixés sur la prise de Morgana sur Merlin. « Vous avez parlé ensemble ? »

« À l'instant. » Morgana fit un geste vers l'endroit où elle avait parlé avec Merlin. « Je l'ai tout de suite reconnu et je me suis présentée. C'est un jeune homme des plus aimables. »

Mordred fit la moue en voyant la prise de Morgana sur Merlin, mais il la regarda avec curiosité.

Morgana, en sentant son regard, tourna la tête et rencontra ses yeux, et elle sourit à l'enfant.

Mordred cacha à moitié son visage dans la chemise de Merlin, tout en arborant une expression suspicieuse et franchement curieuse.

« Sire, » dit un homme qui s'avança vers eux avant de s'arrêter avec un sourire pour Merlin. « Jeune Merlin, comment vous portez-vous ? »

Merlin se tourna vers le chevalier, le reconnaissant à peine maintenant qu'il portait une cotte de mailles et n'avait ni bleus, ni coupure, ni sang séché sur le visage.

« Je ne me suis pas présenté la dernière fois que nous nous sommes vus. » Le chevalier sourit, amical. « Je suis Sir Galahad, le chef des chevaliers du Prince Arthur. »

Merlin lui sourit.

Il appréciait sincèrement l'autre homme.

« C'est bon de vous revoir, » sourit Merlin. « Voici mon ami, Will, et mon fils, Mordred. » Il rata le regard d'horreur qui apparut sur le visage d'Arthur à ces derniers mots, mais il remarqua le choc sur celui de Galahad.

Le chevalier reprit le contrôle de ses émotions et sourit, hochant la tête avant de se tourner vers Arthur. « Mon seigneur, je dois vous montrer quelque chose. »

Arthur se détourna et s'éloigna à toute vitesse sur ce qui semblait être des jambes flageolantes.

Merlin le regarda partir, inquiet, en se demandant si certaines de ses blessures n'étaient pas parfaitement guéries.

Si c'était le cas, il se sentait coupable, parce que cela signifiait qu'il avait été un mauvais guérisseur et qu'en dépit de ses efforts, il ne s'était pas assez bien occupé des blessures du prince.

Morgana le lâcha et, avec un sourire, elle s'éloigna avec Gwen pour rejoindre Arthur. Les deux filles échangèrent des murmures bas et rapides.

« Eh bien, » dit Will en les regardant partir. « Le plus dur est passé, pas vrai ? Tout ira bien, maintenant ? » Il se gratta la tête. « Je veux dire, ils ont déjà dû acheter des provisions ou prit ce qui les a poussé à s'éloigner de leur route et à venir à Ealdor, non ? »

Merlin serra Mordred plus fort.

Le garçon eut un soupir de satisfaction et cacha son visage dans le cou de Merlin.

« Je veux dire, » continua Will, « Ils vont partir d'une minute à l'autre, non ? »

Merlin ne répondit pas, et il se contenta de regarder dans la direction qu'avaient empruntée les nobles de Camelot.

Il savait qu'ils étaient un danger pour lui et pour Mordred, mais il ne pouvait s'empêcher d'avoir vraiment froid à l'idée qu'Arthur sorte encore de sa vie.


Morgana hésita en regardant Arthur s'occuper de son cheval avec des mouvements brutaux et saccadés. Elle soupira et regarda les chevaliers et les autres, qui évitaient tous le prince, complètement terrifiés et assez intelligents pour savoir que personne de sain d'esprit ne devait approcher Arthur quand il était dans cette humeur.

Et c'était une humeur royale, pour ne rien arranger.

En grommelant, Morgana réalisa que tous attendaient qu'elle fasse quelque chose, et elle prit une profonde inspiration avant d'aller voir l'homme qu'elle aimait comme un frère. « Tu sais, j'ai demandé autour de moi aussi subtilement que je le pouvais, et il semble que Merlin n'a pas de femme. »

Elle allait droit au but en sachant que c'était le meilleur moyen pour qu'Arthur ne la coupe pas au milieu d'une phrase et ordonne à un des chevaliers de les ramener à Camelot, elle et Gwen.

Quand Arthur avait disparu pendant son voyage au royaume du Roi Cendred, Morgana avait rêvé de toutes les choses horribles qui lui arrivaient, mais elle avait aussi rêvé de Merlin, de la façon dont il avait pris soin d'Arthur, et c'était la seule chose qui avait permis à Morgana de tenir pendant la disparition d'Arthur.

Elle devait à Merlin la vie de son frère, et Arthur s'était clairement épris de son sauveur, alors quand Camelot avait lancé une invasion sur la Mercie (en punition pour l'attaque de Bayard sur Arthur) et qu'ils avaient gagné, que Bayard avait enfin juré allégeance et que Morgana avait entendu des chevaliers dire qu'Arthur comptait aller à Ealdor pour trouver son sauveur… Elle avait su qu'elle devait aussi venir.

« Il… Il n'est pas marié ? » Arthur lui tournait toujours le dos, mais sa voix se brisa légèrement.

« Non, » soupira Morgana. Son frère était un enfant quand il était question de Merlin. Il avait été à moitié amoureux du jeune homme pendant ses jours d'inconscience, et, pour quelque raison, il avait succombé totalement après son retour à Camelot.

Elle connaissait le plan d'Arthur, et elle savait aussi que c'était une façade pour ce qu'il voulait réellement mais n'osait pas avouer à voix haute.

Et elle voulait être là pour l'aider et s'assurer qu'il obtienne ce qu'il voulait – ce dont il avait besoin pour être heureux.

Et, de toute façon, ça ne serait pas une contrainte. Elle avait vu comment Merlin regardait Arthur.

Il y avait définitivement attirance, même si le paysan ne semblait pas réaliser ce qu'il ressentait.

« Qu'est-ce qui est arrivé à la mère ? » demanda Arthur, en gardant une voix basse.

« Il m'a fallu du temps et de la flatterie pour obtenir cette information pour toi, tu sais, alors sois reconnaissant, » le menaça sa sœur. « Ces gens sont très protecteurs envers Merlin, ils s'inquiètent vraiment pour lui. Mais les quelques personnes avec lesquelles j'ai parlé m'ont dit qu'après avoir eu Mordred, la fille en question a quitté Ealdor pour la cour du Roi Cendred, pour travailler au château. Elle a laissé Mordred, encore bébé, à Merlin qui l'a élevé, et personne n'a entendu parler d'elle après ça. »

Arthur se retourna, les yeux furieux. « Elle les a abandonnés ? »

Morgana hocha la tête ; elle avait ressenti la même colère quand elle avait entendu cette histoire.

Maintenant qu'Arthur était furieux envers la fille pour avoir abandonné son enfant et Merlin, il était moins dangereusement en colère, et semblait même songeur.

Ceux qui les accompagnaient reconnurent cet air et soupirèrent de soulagement, de leur cachette d'où ils n'espionnaient certainement pas.

« Ça pourrait toujours marcher, » annonça enfin Arthur en relevant le regard vers Morgana, un sourire aux lèvres. « Merci. »

Morgana lui sourit tendrement.

C'était pour cela qu'elle était venue avec lui, même s'il le lui avait interdit.

Son garçon idiot avait besoin de toute l'aide qu'il pourrait trouver.

Et à quoi servaient les sœurs si ce n'était à aider leurs frères ?


À suivre...

NdT : Et voilà pour le premier chapitre ! J'espère qu'il vous a plu ^^ Et si c'est le cas, n'hésitez pas à reviewer ;) Je vais essayer de poster la suite la semaine prochaine, mais je ne promets rien puisque j'ai beaucoup de travail en ce moment...