Disclaimer :

SLG, son concept et ses personnages appartiennent à Mathieu Sommet. Si cette fiction le gêne je m'engage à la retirer du site.

Merci aussi à Siffly, le poulpe atrocement pipou qui s'est occupé de la bêta de cet OS.

Notes :

Il est 23h30 et je crois que là, je peux résolument affirmer que ce sera mon dernier écrit posté de 2015.

Je voulais juste vous dire merci de m'avoir suivie pendant cette fin d'année, et je souhaite à tous une année 2016 en or. La bise.

(mais oh, le nouvel an c'est pas une excuse pour pas laisser de review hein :keur: )

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– LE PIRE –

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« Crois-moi, je l'ai connu dans ses pires moments. »

Au moment où il prononce ces mots, Mathieu ne se rend pas compte de leur importance. Pourtant, lorsqu'un peu plus tard il se retrouve dans cette cuisine trop normale, trop blanche, trop propre, ses mots lui reviennent comme un boomerang — violent contrecoup, pour lui qui vacille. Pourtant son visage reste de marbre, reflète au pire sa grandissante incompréhension mais rien de plus, et surtout pas ce pincement au cœur, surtout pas ce petit quelque chose qui lui pique le nez.

En y réfléchissant, il ne l'a connu que dans ses pires moments. Le Patron est un pire moment à lui tout seul. Lorsqu'il rentrait de ses bordels tard le soir, puant le whisky et la coke parfois, du sang sous les ongles, qu'il s'appuyait contre le mur de l'entrée en se mettant à rire — son rire rauque qui, se rend compte Mathieu, lui a un peu manqué. « Ah putain gamin, tu sais pas c'que tu rates. C'est délicieux d'être vivant. »

Mathieu avait toujours eu pour lui une certaine admiration, malsaine et fascinée. Et une petite pointe d'ego aussi — c'est moi qui ait créé cet Invincible, c'est à moi qu'il est loyal. Car le Patron ne s'attachait jamais vraiment nulle part, mais c'était dans son salon qu'il rentrait tous les soirs, c'était à lui qu'il faisait ces sourires si inquiétants parfois. Ce sang qu'il étalait sur le mur quand il s'y adossait, ces nuits-là (ou ces matins-là, Mathieu ne sait plus, ce n'est pas important), c'était des vies volées qu'il ramenait chez eux. Mathieu était dépendant de ça, sous perfusion de cette vie, ce frisson jouissif que faisait courir l'homme en noir dans sa colonne. Lui qui avait apporté ses ténèbres affriolantes dans sa morne vie. Mathieu était trop normal, un peu creux, et il vivait par procuration — c'était peu, mais il n'était pas prêt à y renoncer pour autant.

Le Patron avait raison : c'était délicieux d'être vivant.

Mathieu l'a connu dans ses pires moments. Il se rend compte aujourd'hui que c'est ça qui lui plait. Alors lorsqu'il se retrouve dans cette cuisine trop normale, trop blanche, beaucoup trop propre, ses propres mots lui reviennent comme un boomerang. Il les veut à nouveau, ces pires instants, il veut se sentir trembler sous l'adrénaline, entendre ce rire rauque qui lui a manqué un peu. (Trop.) Même si c'est dangereux et qu'il n'en a que trop conscience. Et il cache sa désillusion, ce pincement au cœur qui pique le nez et les yeux.

Alors juste avant de prendre la parole — l'Autre, de dos, ne l'a toujours pas remarqué — il plante ses pieds dans le sol pour s'empêcher de vaciller. Il plante ses yeux sur lui pour s'empêcher d'abandonner. Il plante les ténèbres dans son cœur d'un coup de marteau décidé. Et il ouvre la bouche.

Si la vie doit avoir le goût de whisky et de sang, ça lui va.