Senteurs

Encens. L'air en était imprégné, une senteur douce qui lui faisait tourner la tête. L'appartement était calme, il s'y avançait lentement, se délectant de la délicieuse odeur qui embaumait la pièce. Le bâtonnet brûlait dans une écuelle sur la table. Une fumée grise s'en échappait tranquillement.

Tout était silencieux, pourtant, il sentait l'odeur de l'eau chaude dans la salle de bain. Elle se baignait. Il percevait chaque goutte remué par la blonde. Il la voyait presque, il pouvait distinguer chaque fleur de son shampooing et de ses parfums soigneusement rangés dans leurs flacons. Il sentait même l'odeur des vitres.

Il s'assit sur le lit rose et embaumé de son odeur, tout semblait flotter. Le lit, le bureau, la chaise et même la cheminé ondulaient sur le parquet. Peut-être sur l'eau, il ne savait plus. Il voyait la chambre tout entière tanguer et dessiner des paysages verts. Florissant de mille et une fleurs aux couleurs innombrables.

Il s'approcha du poêle qui brûlait fermement en cette fin d'automne, la chaleur était douce, invisible caresse. Cela s'enveloppait autour de lui et le délaissait peu après. Le bois parvint à ses narines, la forêt se prolongeait devant lui, les passants se baladaient en observant le calme impassible du bois.

Il s'assit sur le bureau et regarda longuement la lettre, non-rangée, qui attendait qu'on la lise sur la table, le papier était neuf. Il pouvait le savoir à la fraîcheur qui s'en échappait, l'encre, neuve ou pas, dégageait une odeur reconnaissable. Elle lisait beaucoup, devait passer son temps dans les bibliothèques ou librairies, en sentant l'encre et le papier.

Un bruit le rappela à l'ordre, elle était derrière lui. La blonde parlait d'un air désespéré sans qu'il n'y comprenne un mot. Son odeur captait toute son attention.

Fraise, menthe, citron, grenadine, monoi et puis derrière tout ça se cachait quelque chose sur lequel on ne pouvait pas mettre de mots, une senteur qui n'appartenait qu'à elle. Elle la cachait avec ces multiples produits mais il la percevait quand même.

C'était doux, gourmand et voluptueux à la fois, quelque chose qui l'enveloppait et le caressait avec toute la bienveillance du monde. Il se perdait dans cette infinité de facettes comme si c'était un rêve. Il s'approcha doucement et la vit se stopper dans son monologue pour l'observer, il ne commandait plus ses pieds, il avançait sans faire vraiment attention à elle.

Son yeux ne voyaient plus rien, seul son odorat commandait, le guidait vers elle.

Elle s'assit sur la chaise et jeta un regard interrogateur sur son meilleur ami qui la fixait sans la voir. Elle pouvait sentir qu'il s'approchait sans qu'elle ne puisse faire un geste. Il posa un genou à terre devant elle. Les joues de la jeune fille se teintèrent de rose. Il effleura son cou d'une main.

Surprise, elle se leva brusquement, il recula. Elle le regarda longuement sans comprendre ses intentions. Il se mit sur ses deux jambes et plongea ses yeux dans les siens apeurés. Sa main passa sur l'épaule de la blonde, elle resta figée. Il fourra sa tête rose dans son cou blanc. Elle était confuse, perdue.

Lui, ne pensait à rien, il se contentait de respirer son odeur si délicieuse, sa tête était vide. Il inspirait chaque parcelle de sa senteur.