Un souffle tremblant, presque timide... Des reniflements humides... Des couinements et des déglutitions étranglées...

Le Virus se mordit légèrement la lèvre inférieure en fouillant la trousse médicale que lui avait confiée le Prof. Bon sang; comment n'avait il pas put se rendre compte plus tôt qu'il s'agissait de sanglots?! Et des sanglots de douleur, qui plus est...

"J-Je suis désolé Stéphane; pardonnez-moi je vais arranger ça!"

Le malware jeta un regard en coin à son comparse- et se sentit frémir. Il n'aimait pas le regarder. Rien à voir avec le personnage; Stéphane Burnes était un homme très calme, absolument adorable, patient, gentil et attentionné... Un peu naïf, peut-être. Mais c'était certainement son seul défaut. Non, le problème venait plutôt de son état physique... Et de l'aura de souffrance et d'agonie qu'il dégageait constamment.

Selon le Prof, qu'il ait survécu aussi longtemps dans son état tenait du miracle. Ils avaient tous vu la vidéo; l'épisode 101 d'SLG où le pauvre Burnes s'était brutalement fait écraser sous le pied 'd'Amanda le Sirène', véritable monstre de plusieurs mètres de haut et de probablement plusieurs tonnes... Et en effet, les chances qu'ils le trouvent vivant en arrivant à Barbados étaient pour ainsi dire inexistantes, d'où leur étonnement de le découvrir non seulement en vie mais également conscient- et la soudaine motivation du Prof pour le ramener au palais de Maître Panda et s'occuper de ses blessures. Le scientifique avait dut pratiquer nombre d'opérations complexes (et douloureuses) sur le pauvre Burnes ne serait-ce que pour s'assurer qu'il reste en vie. Rien ne laissait présager qu'il pourrait un jour se rétablir complètement, et ses blessures le faisaient toujours autant souffrir qu'avant...

Pour commencer, Stéphane Burnes avait reçut de multiples fractures crânienne et la pression avait vraisemblablement endommagé son œil gauche (maintenant violacé et gonflé) qu'il ne parvenait toujours pas à ouvrir. Son nez s'était brisé et tordu, désormais cruellement remit en place par deux plaques de fer. Sa mâchoire elle aussi était fracturé et devait être maintenu fermée afin de pouvoir se resolidifier, ce qui empêchait le pauvre Stéphane de parler. Il s'était fait broyer les vertèbres cervicales d'où le port forcé d'une minerve. Son bras gauche était fracturé à plusieurs endroits tandis que le droit avait été disloqué par le choc. Il avait eut presque toutes les côtes cassées (et avait évité de justesse la perforation pulmonaire) et le bassin en miettes. Et pour parfaire le tableau, bien sûre, ses deux jambes était dans le plâtre- et il paraissait peu probable d'après le Prof qu'il puisse un jour remarcher...

Les doigts du Virus se refermèrent enfin autour ce qu'il cherchait et il poussa un soupir de soulagement. Il extirpa la seringue du sachet, vérifia brièvement qu'elle ne contenait aucune bulle d'air et s'approcha doucement du blessé. Burnes l'observa poser une main sur son bras droit et renifla à nouveau, avant de fermer son œil valide en sentant l'aiguille percer sa peau. Le Virus ne put s'empêcher de ressentir un léger pincement au cœur en le voyant sangloter de plus belle.

"Shh... Stéphane, calmez-vous s'il vous plaît... Je vous promet que ça va passer..."

Il termina d'injecter le produit translucide avant de retirer la seringue et pressa une compresse sur le bras de son vis-à-vis.

"Je vous promets que la morphine va bientôt faire effet, faites moi confiance..."

Il ne savait pas pourquoi il s'était prit d'affection pour cet homme. Ça n'avait pas vraiment de sens, au fond... Peut-être était-ce sa naïveté et sa douceur qui l'avaient touchée, où son attitude calme... Ou alors probablement avait-il eut pitié, en le voyant se faire ainsi malmener à l'écran par Mathieu... Dans tout les cas, il ne voulait plus le voir souffrir.

Il prit la main de Stéphane dans la sienne avec précautions et sourit, compatissant.

"Vous pouvez serrer ma main si ça vous aide. De toutes vos forces."

Comme s'il s'agissait d'une réponse la pression augmenta autour des doigts du malware- mais elle restait étonnamment faible. Il était visiblement à bout de forces, le pauvre... Le programme tendit la main vers le visage de son protégé et essuya doucement les très nombreuses larmes qui y avaient coulées du revers de la manche.

"Vous vous sentez mieux?" demanda-t-il finalement en sentant enfin la pression se desserrer autour de ses doigts.

Pour toute réponse il sentit Stéphane tapoter deux fois de l'index sur sa paume, avant de retirer sa main. 'Oui'. Un sourire soulagé éclaira le visage du malware qui passa lentement la main dans les cheveux bouclés de son homologue.

"Je suis vraiment désolé de ce qui vous arrive... Mais je suis certain que ça ne vas pas durer. Le Prof trouvera bien un moyen de vous remettre sur pieds..."

Il hésita un bref instant, avant de déposer un baisé timide sur le front du blessé.

"En attendant reposez-vous, je vais rester ici si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit."

Stéphane cligna des yeux, visiblement surpris, ce qui fit serrer les dents au programme. Peut-être le baisé était-il de trop...? Il s'apprêta à s'excuser, lorsqu'une lueur pétillante qu'il n'avait jamais vu avant éclaira soudain les yeux bleus de son protégé et qu'un sourire -certes faible mais bien présent- se dessina sur son visage. Burnes serra à nouveau sa main et se risqua même à l'attirer légèrement contre lui malgré son bras blessé, avant de fermer les yeux d'un air apaisé et d'exhaler doucement.
Le Virus sourit, un peu surpris mais satisfait et caressa sa joue du dos de l'index.

"Je vais prendre soin de vous Stéphane, c'est promit..."