Les occupants de 12 Square Grimmauld étaient clairement divisés en plusieurs groupes. Certains étaient de purs membres de l'Ordre du Phénix, fidèles d'Albus Dumbledore. D'autres étaient plutôt à l'opposé, du côté des Jumeaux Potter, Harry et Iris. Et il y avait ceux au centre, ni d'un côté, ni de l'autre. C'était plutôt une question de génération. Certes les plus jeunes, ceux qui avaient récemment été étudiants à Poudlard, ou qui l'étaient encore, avaient étudié sous l'œil bienveillant de Dumbledore. Mais les actions qu'il avait mené afin de tester Harry et Iris, avaient crée cette tension. Il avait poussé les jumeaux dans la lumière, comme chefs éventuels et ils avaient suivi le mouvement. Ils avaient été des guides pour leurs proches, ramenant de plus en plus de monde au fil des ans à leurs côtés. Les plus jeunes avaient plus confiance en Harry et Iris, plutôt qu'en Dumbledore.

Les adultes quand à eux, avaient pour la plupart fait parti de l'Ordre du Phénix lors de la première guerre. Ou en tout cas ils avaient plus confiance en Dumbledore, un sorcier adulte et capable, plutôt qu'en deux jeunes sorciers qui n'étaient pas encore majeurs. Ce qui était plutôt compréhensible en y réfléchissant.

Il y avait cependant un groupe d'adulte, assez petit, qui se posaient des questions. Conscients que Dumbledore n'avait pas toujours raison, et qu'il avait donné une mission aux jumeaux Potter. Ils voulaient les aider, les soutenir et surtout savoir ce qu'ils prévoyaient de faire quand à la guerre. Parce qu'ils avaient pu entendre des brides de conversations faisant mention d'idées pour la guerre. Pas assez pour avoir une idée entière de la situation, mais assez pour savoir qu'ils comptaient se battre et qu'ils avaient des idées.

Sirius, Remus, Kingsley, Bill et Charlie composaient ce groupe.

Ils voulaient comprendre ce qui se passait. Ce qui avait crée la tension entre Dumbledore et les jeunes, parce qu'il y en avait une, c'était évident. Le directeur semblait même savoir qu'il était en tort, vu qu'il ne cherchait pas à obtenir une rencontre avec les jeunes. Il n'insistait plus depuis le premier refus. Enfin, il n'insistait plus auprès des jeunes. Le reste du groupe, c'était une autre histoire. L'Ordre avait été chargé de surveiller les quatre jeunes particulièrement, afin de rapporter ce qui se passait. Une chose nettement plus difficile que prévu vu qu'ils semblaient être capable de disparaître pendant plusieurs heures d'affilée.

Ils avaient diverses raisons pour vouloir se ranger du côté des jeunes. Pour Bill et Charlie, c'était la famille. Leurs frères et soeurs étaient du côté des jumeaux Potter, enfin en dehors de Percy qui restait à l'écart de la famille. Ils voulaient être là pour les plus jeunes, les soutenir, les protéger aussi.

Pour Remus et Sirius, les deux hommes voulaient être là pour les enfants de leurs meilleurs amis, ce qui leur restaient de James et Lily. Ils avaient fait beaucoup d'erreur quand au sujet d'Iris et Harry, mais ils voulaient se rattraper et les protéger. Sirius était d'autant plus déterminé qu'il avait failli mourir à la fin de la cinquième année des jumeaux Potter, lorsqu'il avait été protégé dans cette voile du Département des Mystères. Les gens l'avaient cru morts, enfin jusqu'à ce que les Langue-de-Plomb, à la demande de Rufus Scrimgeour, avaient réussi à le sortir de cette prison grise et vide.

Le Ministre de la Magie avait sans nul doute, cherché à obtenir des points auprès des jumeaux Potter, afin qu'ils soutiennent publiquement les actions du Ministère. Cependant les choses ne s'étaient pas passées comme il l'avait imaginé, les jeunes avaient été reconnaissant, mais ils n'avaient pas pour autant oublié les actions de Fudge et d'Ombrage. Ou la campagne que le Ministère avait menée contre eux alors qu'ils avaient à peine quinze ans et après qu'ils avaient vu un ami mourir sous leurs yeux.

Ils avaient émis un commentaire positif sur les actions et la compétence de Rufus Scrimgeour, mais ça n'était pas allé plus loin.

Sirius avait donc retrouvé sa vie, après des excuses publiques de la part du Ministre, reconnaissant son innocence; lui rendant ainsi sa liberté. Cependant il y avait une certaine distance entre lui et les jumeaux, c'était clair. Ils étaient heureux de le voir, mais ils ne se confiaient pas à lui. Les huit mois de séparation où ils l'avaient cru mort avait clairement eu un effet.

Néanmoins Sirius et Remus voulaient être là pour les jeunes, les soutenir, recevoir leurs confidences, participer à leurs plans. Ils voulaient une nouvelle chance de faire partie de leurs vies.

De son côté Kinsgley Shackelbot voyait les choses d'une manière simple, il n'avait pas fait partie de l'Ordre pour la première guerre, ayant été trop jeune à l'époque, il avait treize ans lorsque Voldemort avait disparu. Il avait du respect pour Dumbledore, c'était pour ça, et pour le fait qu'il voulait vraiment aider à mettre fin à cette guerre qu'il avait choisi de rejoindre l'Ordre. Néanmoins ce n'était pas ce à quoi il s'était attendu, l'Ordre ne faisait que peu de choses pour contrer Voldemort. A ses yeux, les plus actifs étaient les jeunes, il voulait donc les aider.

Les cinq sorciers arpentaient depuis un moment les divers couloirs de la maison des Black, qui était nettement plus grande que ce à quoi on pourrait s'attendre, même en étant un sorcier et au courant de la magie concernant les espaces. Il y avait des passages secrets, des étages qu'ils avaient découverts... Néanmoins aucune trace des jeunes. Sirius avait même essayé son flair sous sa forme animagus, mais en vain. Jusqu'à ce que finalement ils atteignent une partie de la maison, étrangement propre et rangée, où ils purent entendre des voix. Elles venaient d'une pièce qui était clairement une petite bibliothèque.

Une bibliothèque que Sirius n'avait jamais vu.

Échangeant des regards surpris, mais aussi satisfaits, les cinq hommes s'avancèrent en faisant attention à ne pas faire de bruit. Ils ne voulaient pas alerter les jeunes, ce serait le meilleur moyen pour obtenir des informations sur leurs projets.

"Je suis sûre qu'il en a laissé un à l'orphelinat." disait Hermione, d'une voix agacée.

"Moi je te dis que non Mione. Il n'aurait pas voulu un objet d'une telle importance dans le monde moldu. Encore moins dans un endroit comme ça. C'était l'endroit où il était forcé d'aller chaque été." rétorqua sur le même ton Iris.

"Mais comment peux-tu en être aussi sure ? C'est un risque énorme de ne pas y aller. Imagine qu'il y en ait un." contra la sorcière aux cheveux bruns frisés.

"Je le sais parce qu'il est hors de question que je remette un jour, un pied chez les Dursley. Là dessus, Harry et moi sommes similaires à Voldy. Quoique pas forcément pour les mêmes raisons. Jedusor déteste les moldus, il se pense supérieur à eux et ne voudrait jamais créer le moindre lien avec eux." répondit la sorcière aux cheveux ébènes. "Surtout que ce serait plus délicat à protéger. Tu sais bien qu'il est plus facile de renforcer des protections, plutôt que d'en créer des nouvelles. L'orphelinat en plus était un lieu fréquenté, il y aurait eu le risque que quelqu'un le trouve, vu que je ne crois pas qu'il y ait eu beaucoup de cachettes. C'était trop dangereux pour lui."

"Je suis d'accord avec Iris, Jedusor a abandonné volontairement la Chambre des Secrets, avec le Basilick, les liens qu'il avait clairement avec Salazar Serpentard. Tout cela pour ne pas retourner à l'orphelinat. Il n'y aurait pas laissé un tel objet." ajouta Harry. "Mais je suis certain qu'il y en a un à Poudlard. Un lieu magique, très protégé, avec un grand nombre de cachettes possibles. Et le côté ironique que Dumbledore protégerai un objet si précieux pour Face-de-Serpent."

"Ne dis pas d'idiotie Harry. Il ne peut pas en avoir laissé un à Poudlard il n'en a pas eu l'occasion. " contra énervée Hermione, qui refusait même d'envisager l'idée.

Les cinq 'espions' se regardèrent interloqués, de quoi parlaient-ils ? Ça semblait très important, et pas uniquement parce qu'ils avaient mentionné le nom de Voldemort. Malheureusement, tellement soulagé de les avoir enfin trouvés, et de pouvoir apprendre quelque chose, ils n'avaient pas fait attention aux sorts qui protégeaient les lieux. Ils ne s'étaient pas attendus à en trouver, non plus.

Tandis qu'ils étaient concentrés sur la conversation des deux sorcières, avec l'intervention d'Harry, ils n'avaient pas remarqué que Ron avait réussi à se glisser dans leurs dos.

"Qu'est ce que vous foutez ici au juste ?" demanda Ron, d'une voix énervée, les faisant tous sursauter, certains plus que d'autre, avec Kinsgley qui avait été le moins affecté extérieurement et Sirius le plus.

"Et bien ..." commença Sirius avant de s'interrompre, cherchant en vain une bonne excuse. Ça avait été la spécialité de James durant leurs années à Poudlard, avec parfois des interventions de Remus, mais là il était clair que son vieil ami ne serait d'aucun secours.

"On aime pas vraiment les mensonges. Alors que diriez-vous de venir vous asseoir avec nous, pour nous expliquer ce qui vous prend d'écouter aux portes." proposa calmement Harry, cependant sa voix détenait une grande froideur, signe qu'il était loin d'être ravi de les trouver là. Vu les mines des deux sorcières, le sentiment d'Harry était partagé.

Penauds, les cinq hommes obéirent, s'installant sur les divers fauteuils installés dans cette pièce. Des fauteuils en excellente condition et très confortables en plus. Rien à voir avec le reste du mobilier de la maison, comment était-ce possible ? Pourquoi cette pièce ne semblait-elle pas avoir subi les dégâts du temps ? Ils pouvaient aussi voir que toutes les notes des jeunes étaient dissimulées. Ils ne pouvaient rien apprendre de leur environnement.

"On veut vous aider." craqua Remus, le premier à céder devant les regards froids et interrogateurs des quatre jeunes. "Vous n'avez pas besoin de tout faire tout seul. On veut être là pour vous, et pas parce que le professeur Dumbledore l'a demandé. On veut être là pour vous, juste pour vous. On sait des choses sur la guerre et on pourrait vous donner un coup de main. A la fin, on se bat pour le même but, la mort de Voldemort. On veut simplement que vous n'ayez pas à tout faire tout seul."

"Être ..." commença Iris, uniquement pour être stoppée par la main de son jumeau sur la sienne. Ils échangèrent un regard, un message avant de se retourner vers les autres. Comme si rien n'était arrivé.

"Iris, Harry je sais que j'ai pas vraiment été le parrain idéal jusque là mais s'il vous plait, laissez moi me rattraper." supplia Sirius, continuant après un moment de silence. Soutenu d'ailleurs par Bill et Charlie, qui observaient leur petit frère.

"Je tiens à vous aider, je suis un bon auror et je peux vous apprendre beaucoup. Vous semblez déterminés et capables, je peux me ranger derrière ça." ajouta Kingsley de sa voix grave.

Après un nouvel échange silencieux, quoique cette fois ça avait été avec les quatre, ils se placèrent un peu en retrait, Hermione allant même jusqu'à lancer silencieusement le sortilège Assurdiato afin de maintenir leur discussion secrète. Stressant d'autant plus les cinq adultes.

"Charlie et Bill sont doués en Défense, ils peuvent nous aider et en plus on ne sait pas ce qui nous attends comme protection autour des horcruxes. Bill a de l'expérience comme briseur de sort." commença Ron hésitant. Pendant longtemps le plus jeune des garçons Weasley en avait voulu à ses frères, ne sachant pas comment il allait pouvoir se démarquer avec cinq autres qui auraient déjà tout fait. Cependant les années, l'expérience, tout ça l'avait changé. S'il restait encore en lui une certaine jalousie, il avait assez de recul pour réfléchir de manière intelligente et stratégique. "Et puis ce serait plus facile pour Fleur."

Celle qui avait servi de représentant pour Beauxbâtons au tournoi des Trois Sorciers, avait en effet noué une amitié forte avec Iris, et donc avec le reste du groupe au fil des ans. Elle leur donnait toujours un coup de main, que ce soit conseil, livres à étudier, ou rumeurs qu'elle avait entendu. Le tout dans le dos de son mari, vu qu'ils n'avaient pas su si Bill était plus de leur côté, ou du côté du professeur Dumbledore. Ils n'avaient pas su si l'approcher était une bonne idée.

"Et Remus s'y connaît en Défense, de même que Sirius, il était un auror dans la dernière guerre. Kingsley et un des meilleurs aurors actuellement. On aurait beaucoup à apprendre d'eux." continua Hermione. "Moi je suis pour, on aura probablement besoin d'aide et peut être que l'Ordre nous laissera tranquille si eux nous aident. Après il y a le risque qu'ils espionnent pour le compte du directeur, mais peut-être qu'on pourrait leur donner une chance."

"Qu'en penses-tu ?" demanda Harry à sa soeur, après plusieurs minutes de silence, où il avait réfléchi à la suggestion, ainsi qu'aux raisons données par Ron et Hermione. En plus de ce qu'avait dit les cinq sorciers.

"Ron et Hermione n'ont pas tort. On a besoin d'aide, ne serait-ce que pour avoir un regard neuf et pour apprendre de nouvelles techniques afin de nous défendre." soupira Iris. "Ils sont assez âgés pour qu'il y ait une chance qu'ils connaissent RAB aussi. En plus si on refuse, on court le risque qu'ils nous mettent des bâtons dans les roues."

"Des quoi ?" demanda interloqué Ron, peu familier avec les expressions moldues.

"Ce qu'Iris veut dire, c'est qu'il y aurait le risque qu'ils nous ralentissent en se mettant au milieu." expliqua immédiatement Hermione.

"On leur donne une chance alors, c'est unanime ?" demanda pour vérifier Harry, donnant en même temps son opinion sur le sujet.

"Oui." acquiesça Hermione.

"Ça marche pour moi." répondit Ron.

"Pour moi aussi. Mais il y aura des conditions, y compris un vœu de silence. Hors de question que tout ça tombe dans les mains de Dumbledore. Pas après ce qu'il a fait." dit fermement Iris. "Et on sait ce qu'on fait, ils nous aident, mais on a pas besoin de baby-sitter. Ils nous aident, mais ils ne sont pas en charge."

"Ça me va, en plus je suis presque sûr que Sirius aurait pu nous empêcher de sortir vu qu'il est Lord Black et en charge de la maison." commenta Harry.

"Je me charge du contrat. Ils ne pourront faire passer des infos à l'ordre que si nous leur donnons la permission, que nous sommes morts, ou capturés." déclara Hermione en attrapant un parchemin vierge.

Sa phrase la fit pâlir, et les trois autres n'étaient pas vraiment mieux, mais ils savaient tous qu'elle avait raison. C'était la guerre, pas un jeu avec la possibilité de recommencer s'ils rataient un niveau. Sous la tutelle quasi-experte d'Hermione, elle avait l'habitude ce n'était plus son premier contrat, ils eurent vite fait d'établir leurs termes, les non-négociables et les négociables. Ils levèrent ensuite le sort pour présenter le contrat aux cinq hommes installés en face d'eux, leur laissant le lire, Bill fut le premier à s'en saisir. Les négociations étaient lancées.