Présentation : Je vous présente une histoire qui mélange les univers de Sherlock BBC et d'Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll (inspirée en partie par les films de Tim Burton). Loin de partir d'une histoire originale, c'est la rencontre des deux univers qui me paraissait être un challenge intéressant. Un peu de l'un, un peu de l'autre, mais réécrit à ma sauce.

On retrouve donc John qui se voit catapulter au pays des merveilles, comme Alice, 150 ans plus tôt. Même si je débute de manière naïve avec un John qui découvre ce monde et rencontre tous les personnages du livre, il m'a fallu revoir toute la trame de l'histoire dans un registre plus mature, qui s'accorderait à l'âge et à la sensibilité de John (ses pensées, ses fantasmes, ses doutes, ses espoirs...), tout en gardant une part de fantasmagorie qui jouera un grand rôle pour la suite.

L'histoire se décomposera en 3 parties :

* Partie 1 : John au pays des merveilles (10 chapitres terminés)

* Partie 2 : De l'autre côté du miroir (en cours d'écriture)

* Partie 3 : Retour au pays des merveilles (en attente)

Genre : Romance / amitié / fantasy / famille / aventure

Rating : M. Dans le doute, je préfère mettre le rating le plus haut. À moins que je ne change d'avis, il n'y aura pas de smut, je compte rester léger dans le lemon.

Situation : L'histoire se situe après la saison 3, mais sans prendre en compte la quatrième. Et il faut juste considérer que John est le petit-ami de Marie et qu'il vit toujours à Baker Street.

Pairings : John/Sherlock ; John/Chapelier (amour / amitié) Personnages OOC même si j'essaie de coller au mieux à leur personnalité.

Disclaimer : Alice aux Pays des Merveilles et la série Sherlock appartiennent à leurs auteurs respectifs. Rien est à moi excepté mon interprétation de l'histoire revue et corrigée par mon cerveau dérangé. lol

Je précise aussi que certaines phrases cultes que j'utilise appartiennent à leurs auteurs respectifs.


News 13/02/2018 : Je suis en train de modifier toute la 1ère partie et ai commencé l'écriture de la 2ème partie. Ça prendra du temps car je compte tout écrire avant de publier et j'écrirais la 3ème dans la foulée. Je consacre 100% de mon temps en écriture sur cette fiction et sur rien d'autres, mais il faudra attendre quelques mois avant que j'en vienne à bout. Donc prenez votre mal en patience et n'hésitez pas à mettre cette histoire en follow pour être averti dès la mise en ligne du prochain chapitre.

A bientôt !

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SEREZ-VOUS ASSEZ FOUS POUR TENTER L'AVENTURE ?


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Au pays de l'impossible où tout devient possible

PARTIE I : John au pays des merveilles

Prologue

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Il était une fois, dans la grande City de Londres, vivait un docteur du nom de John Watson. C'était un homme de taille moyenne d'une quarantaine d'années, travaillant dans une clinique privée où il passait la majeur partie de ses journées, quand il n'était pas chez lui, au 221B Baker Street, à lire un traité de médecine ou un livre policier, au coin d'un feu, au côté de son colocataire qui jouait à merveille une symphonie au violon.

John possédait de grandes qualités : calme, altruiste, courageux et d'une grande gentillesse. Il attirait facilement la sympathie des hommes et l'attention des femmes par son physique avenant et le sourire aux lèvres. Il avait quelques bons amis avec qui il passait du bon temps. Et pourtant, il était très solitaire et n'arrivait pas à s'engager dans une relation durable avec Mary, sa petit-amie. Une certaine tristesse se peignait dans ses yeux, malgré que sa situation lui convenait. Il ne voulait rien changer à sa vie. Pour lui, il avait tout ce dont il avait besoin, alors pourquoi précipiter les choses ?

Lorsqu'il était plus jeune, dans la vingtaine, il était un homme heureux et chanceux : il avait poursuivi son rêve de devenir médecin, et s'était même engagé dans l'armée pour faire son devoir et sauver un maximum de vies. Très serviable pour sa patrie et apprécié de ses camarades, le capitaine Watson avait tout pour être fier de lui, et un bel avenir lui souriait. Il espérait plus tard, de retour au pays, trouver une femme et fonder une famille. Tout semblait aller dans ce sens, s'il patientait encore quelques années.

Mais un jour, la chance tourna. À la guerre d'Afghanistan, il fut blessé à l'épaule par une balle ennemie qui changea dramatiquement son avenir. On le réforma de l'armée, sans préavis. Sa carrière militaire était terminée.

Quand il rentra en Angleterre, il se retrouva seul, sans famille (hormis une sœur alcoolique dont il avait très peu d'attache), sans amis (car il ne souhaitait pas se montrer à eux dans son état), sans travail (et pas en état d'exercer)… Il vécut dans un hôtel minable avec une très faible pension d'invalidité et de retraite de l'armée pour tout revenu. Ses rêves étaient anéantis. Pour lui, sa vie était définitivement terminée sans espoirs de retrouver ce qu'il avait perdu. Il était devenu triste, amère et en colère contre le destin qui lui avait tout ravi d'un claquement de doigts. Rien n'aurait présagé que sa vie prendrait un tout autre chemin...

… Jusqu'au jour où il rencontra ce détective consultant qui changea son monde du tout au tout. Le jeune homme blond, alors tout juste âgé d'une trentaine d'années, s'était tout de suite senti attiré par le magnétisme de cet homme, grand et aux cheveux noirs bouclés et à la voix de baryton qui le laissait suspendu à ses lèvres tellement il adorait l'entendre débiter ses déductions à son sujet. Comme entrée en matière, il avait mis la barre haute pour impressionner le nouveau venu, et John fut intrigué par ce drôle d'oiseau, au prénom improbable, et conquis par sa personnalité atypique. Ce fut tout naturel qu'il emménagea avec lui et fit de leur appartement commun, son nouveau foyer.

Par la suite, il suivit le formidable Sherlock Holmes dans toutes ses aventures, et écrivit ses récits sur son Blog pour que tout le monde puisse connaître la grandeur de cet homme admirable. Envers et contre tous ! Car l'homme n'était pas d'une nature sociable (auto-proclamé sociopathe de haut niveau, ce qui n'était pas peu dire !) et encore moins facile à vivre pour tous ceux qui le côtoyaient, que ce soit l'inspecteur Lestrade et son équipe, les clients ou son frère Mycroft, que lui-même. Mais John s'en fichait. Il avait appris à vivre avec son caractère changeant. Il était pour lui le sauveur qui lui donnait, chaque jour, une raison de vivre. Et il était même prêt à tuer pour le protéger et le garder auprès de lui.

Seulement, voilà ! Ce bonheur ne pouvait pas durer éternellement et le destin lui arracha brutalement ce qu'il avait de plus précieux : son seul ami. Son meilleur ami. John resta, presque deux ans, prostré et dépressif sans arriver à remonter la pente, jusqu'au jour où il rencontra Mary Morstan qui lui rendit le sourire et un peu de joie de vivre. Elle avait un petit quelque chose en plus qui lui rappelait Sherlock et il savait qu'à ses côtés, il pourrait enfin tourner la page. Pourtant, il n'était pas totalement heureux. Son cœur brisé n'arrivait pas complètement à oublier son ami. Un part de lui n'arrivait pas à faire le deuil de sa mort.

Mais le destin n'avait pas fini de lui jouer des tours, et dans un concours de circonstance totalement incongru, Sherlock réapparut devant lui de la plus stupide des façons, ne prenant aucun cas de la réaction qu'il pouvait générer en John. Celui-ci furieux de son mensonge, lui fit regretter de ne pas être mort. Le détective n'en menait pas large, mais avait bien compris le message : John ne lui pardonnerait jamais son mensonge et son absence.

Sherlock, ne voulant pas perdre son seul ami, l'entraîna dans une périlleuse affaire où John finit par lui pardonner son absence en lui avouant ce qu'il avait sur le cœur. Enfin pas tout. Juste ce qu'il faut. Le reste pouvait attendre. Tout ce qu'il voulait, était un miracle pour que Sherlock lui soit rendu. Et le miracle s'était accompli. Il ne lui en voulait plus. Enfin, juste encore un peu. Et il n'oublierait pas de le lui rappeler s'il continuait à ne pas lui faire confiance.

Depuis lors, John reprit sa place auprès de Sherlock tout en gardant un profond secret au fond de lui. Un secret qui le rongeait chaque jour de sa vie depuis son retour et que personne, pas même Sherlock, n'en découvrit l'existence.

Et c'est ainsi que les mois passèrent. Sherlock reprenant ses enquêtes et John passant beaucoup de temps avec Mary, avec qui, des projets à plus longs termes commençaient à fleurir. Il était devenu évident que ces deux ans d'absences avaient laissé une profonde cicatrice dans le cœur de John et qu'il ne souhaitait plus jamais rouvrir la blessure. Il devait donc se détacher de Sherlock pour ne plus souffrir et consacrer sa nouvelle vie avec Mary.

Tout allait dans ce sens, jusqu'à ce que Harry, l'aînée des Watson, décide de débarquer dans sa vie à l'improviste et chamboule cette tranquillité et remette tout en question.

C'est à partir de cet événement que John bascula littéralement dans un autre monde. Mais ça, c'était une bien étrange histoire qui se passait bien loin de la grisaille de Londres et de ses criminels en cavale.

Voici comment tout commença…

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Trop ! C'en était trop ! Le docteur avait beau être indulgent, il y avait des limites à ne pas franchir.

Après Sherlock qui l'abreuvait de commentaires désobligeants, chaque soir quand il rentrait de son travail après de longues journées épuisantes pour pouvoir payer son loyer et acheter de quoi manger tous les jours, parce qu'il ne comprenait pas pourquoi, un homme banal comme lui, travaillait alors que Sa Seigneurie, Le-Sociopathe-De-Haut-Niveau, à l'intelligence supérieure – dont le loyer pouvait lui être soulagé par son très cher frère – n'avait aucune enquête depuis des semaines, voilà maintenant que sa sœur débarquait comme ça, après plus de cinq ans sans nouvelles. Et qu'est-ce qu'elle trouve de mieux à lui dire : « Tu attends quoi pour déclarer ta flamme à Sherlock ? » Non, mais franchement ! N'avait-elle pas encore compris, après tout ce temps, qu'il n'était pas gay et par conséquent nullement intéressé par les hommes. À cette réplique, elle avait rajouté : « Je ne te parle pas des hommes, je te parle de Sherlock ! » Comme si ce détail justifiait une évidence qui devait lui sauter aux yeux.

Il avait beau lui expliquer qu'il comptait demander Mary en mariage, mais sa sœur n'en démordait pas. « Ce n'est pas une femme pour toi ! Elle ne m'inspire pas confiance ! » Car bien sûr, la rencontre des deux femmes avait été plutôt explosive, au point qu'à un moment donné, il s'était posé des questions sur ses goûts en matière de femme. En même temps, toutes ses anciennes conquêtes n'avaient pas tenu une journée face à son irritant colocataire.

Toujours est-il que John ne pouvait plus supporter la présence de qui que ce soit et c'est en claquant la porte qu'il sortit prendre l'air pour évacuer la colère qui grondait au plus profond de lui.

Ce n'était pas la première fois qu'il quittait l'appartement quand il régnait une tension à laquelle John n'arrivait plus à se soustraire, quoi qu'il dise. Avec Sherlock, cela arrivait souvent. Surtout depuis qu'il lui avait parlé de partir s'installer avec Mary.

Il avançait parmi les Londoniens, n'accordant aucun regard à qui que ce soit, trop occupé à ruminer sa discussion qui lui tournait dans la tête. Car oui, les mots de Harry s'étaient profondément infiltrés dans son esprit, venant cogner d'autres plus enfouis et qu'il ne voulait pas voir remonter à la surface. Mais le mal était fait et il devait prendre le temps de les cadenasser à nouveau avant de pouvoir rentrer chez lui. Car personne ne devait savoir ce qu'il cachait. Surtout pas Sherlock !

Après plusieurs minutes à marcher d'un pas décidé, il refit surface en constatant que ses pieds l'avaient amené jusqu'à l'entrée de Regent's Park, sans y avoir réfléchi au préalable. Maintenant qu'il était là, autant en profiter pour s'y promener un peu.

Ce parc avait le don de l'apaiser dans ces moments où il ne supportait plus son entourage. Il trouva un banc libre sous un arbre, une magnifique saule pleureur qui avait dû voir et entendre toutes les vies qui s'attardaient depuis des dizaines d'années à son pied, et s'y installa.

Il observa quelques coureurs faisant leur jogging quotidien en ce dimanche ensoleillé. L'air était encore suffisamment doux pour un mois de septembre – heureusement d'ailleurs, car il n'avait pas pris sa veste en partant. Il était vêtu d'un jean bleu, de baskets noirs et d'un pull noir et blanc rayé. Malgré cela, il se sentait bien et inspira profondément l'air à plein poumon. Quelques mères de famille, dirigeant des poussettes, avançaient doucement tout en discutant entre elles, tandis que leurs enfants piaillaient entre eux.

L'ambiance calme et paisible lui fit un bien fou. Les yeux fermés, il laissa cette quiétude le pénétrer et l'envahir de son doux réconfort. Sa tension diminua et petit à petit, il parvint à oublier sa dispute et à refermer dans sa boite à rêves impossibles, comme il aime à l'appeler, une sorte de palais mental à lui, mais qui contenait tous ses secrets, ses petites choses qu'il convoitait en silence et qu'il n'espérait jamais voir se réaliser un jour, comme par exemple son engagement dans l'armée. Il savait qu'il n'y retournerait jamais, pourtant, une part de lui espérait qu'un jour, peut-être, on puisse le rappeler. Il y avait bien d'autres choses qu'il gardait au fond de lui, mais il préférait ne jamais les déterrer, ne jamais y penser, car on ne peut pas espérer l'impossible, au risque de perdre ce que l'on avait déjà.

John étira son cou douloureux dû à de longues heures d'écriture sur son blog pour raconter la dernière enquête qu'ils avaient eue le mois précédent : L'affaire du collier ensorcelé. Il tournait son buste de droite à gauche, faisant craquer ses vertèbres pour se soulager de la tension dans son dos quand il distingua quelque chose à trois heures de sa position.

À cinquante mètres de lui, John fixa la chose la plus improbable qu'il n'ait jamais vue de toute sa vie : il vit sortir d'un fourré un curieux animal mesurant environ soixante centimètres – un peu plus si on comptait les longues oreilles – qui, non seulement marchait sur deux pattes, mais de surcroît, portait un gilet bleu et une montre à gousset à la main.

Il cligna plusieurs fois ses paupières pour faire disparaître cette image de la tête. Hélas ! lorsqu'il les rouvrit, il ne put que constater que son hallucination était toujours là et comble de tout, le lapin consulta sa montre et s'exclama d'une voix paniquée :

— Je suis en r'tard, en r'tard, en r'taaaaaaaard !

Le lapin prit la poudre d'escampette et courut entre les arbres.

John se leva et – regardant autour de lui pour voir si d'autres personnes avaient vu la même chose que lui, constatant qu'il était seul – se lança à la poursuite de ce drôle de spécimen parlant.

John conservait au fond de lui une curiosité infantile et naïve qui datait de sa prime jeunesse et, parce qu'il trouvait sa vie d'adulte suffisamment morne et ennuyante, se décida à céder à cette envie de découvrir quelque chose d'irréel, même si au fond, ce lapin était peut-être un simple automate ou un canular à l'intention de personnes crédules telles que lui, mais au fond, ça lui permettait d'y ajouter un peu de rêve un temps. Et puis, Sherlock lui avait suffisamment fait découvrir son monde pour en adopter ses préceptes.

L'animal se trouvait à cinq mètres de lui. Il s'était arrêté, semblant chercher son chemin. John se cacha derrière le tronc d'un arbre et observait ce que faisait ce lapin tout blanc.

« Un géant blanc aux yeux rouges, il me semble, si je m'en réfère à sa taille. Un peu trop vrai pour n'être qu'une simple marionnette », songea-t-il.

Il lui revint en mémoire une citation que Sherlock lui avait souvent dite au cours de ses enquêtes : « quand on a éliminé l'impossible, quoiqu'il reste, aussi improbable que ce soit, cela doit être la Vérité. »

Une flamme s'alluma au fond de ses yeux. John venait de trouver l'impossible et pour prouver à son colocataire qu'il n'était pas fou, s'il voulait lui raconter ce qu'il avait vu, se mit dans l'idée de capturer ce lapin.

Mais en sortant de ses pensées, il se rendit compte que sa preuve venait de filer une nouvelle fois. Il sortit de sa cachette et chercha autour de lui.

— Petit, petit, viens là mon lapin, dit-il d'une voix légère et douce pour ne pas l'effrayer.

Il le trouva à quelques pas près d'un fourré particulièrement dense. Alors qu'il s'avançait, lentement, à pas feutrés, pour ne pas se faire repérer trop tôt, et lui mettre la main dessus, le lapin sauta en travers du feuillage, que John suivit, espérant le choper avant qu'il ne s'enfuit à nouveau.

Au lieu de rencontrer le sol dur, il tomba dans un trou. Un trou profond… Un trou très profond… Sombre et sans fin.

Il eut la peur de sa vie, croyant tomber dans un ancien puits désaffecté qui lui briserait le cou à coup sûr. Il poussa un cri en fermant le yeux.

Après quelques instants, la peur se dissipa et il rouvrit les yeux. C'était une expression de parfaite hébétude qui s'affichait désormais sur son visage. Il descendait, doucement, comme s'il volait dans une semi-apesanteur l'amenant toujours plus bas. Il n'arrivait pas à penser correctement et se contenta d'essayer de voir quelque chose dans le noir infini. Le lapin avait disparu et pour le moment, il ne put ni distinguer le sol, ni l'entrée du trou, par où il était passé.

Soudain, des zones s'éclairèrent sur les parois arrondies, à son niveau. Il voyait des jouets d'enfant qui lui rappelaient vaguement ceux qu'il possédait étant gamin. La nostalgie le prit quand des souvenirs remontèrent à la surface. C'était une période heureuse avec ses parents et sa sœur. Sa famille était encore unie. Une période révolue, désormais.

Alors qu'il descendait toujours, la lumière s'éteignit au-dessus de lui pour qu'une autre source lumineuse s'allume un peu plus bas.

Des armes. Une tenue militaire. Des photos de camarades dont certains n'étaient plus de ce monde. Les yeux de John se brouillèrent quelque peu. L'armée l'avait profondément marqué dans son esprit et dans sa chair. Une période de son ancienne vie qu'il tentait d'oublier, toujours aussi vive par ses cauchemars récurrents. Et pourtant, paradoxalement, elle lui manquait. Il s'essuya les yeux d'un revers de main, et après un bref signe de tête digne du soldat qu'il était, l'apparition s'estompa.

Toujours plus bas, des livres apparurent. Beaucoup de livres. John aimait lire et écrire. Encore plus depuis qu'il connaissait Sherlock. Il avait même envisagé une carrière d'écrivain si un jour il cessait de pratiquer la médecine... Il prit l'un d'eux en mains, surpris qu'il puisse toucher une illusion, et lut sur la couverture : Voyage au centre de la terre. Il avait lu plusieurs fois ce roman de Jules Verne qui l'avait tant passionné étant gamin. Il était une source d'inspiration qui l'avait motivé à prendre la plume lui aussi. Il le lâcha et celui-ci reprit sa place initiale avant de sombrer dans le noir. Après un petit moment, il aperçut de la lumière sous lui et distingua enfin le sol.

« Et me voici au centre de la terre ! »

Il se redressa et posa ses pieds sur le sol en terre, comme s'il venait juste de faire un pas.

Il se trouvait à présent dans une pièce circulaire dont les murs étaient recouverts de tentures bordeaux. À première vue, aucune sortie ne lui permettait de quitter cet endroit. Il s'approcha d'un des rideaux et l'écarta du mur. Il découvrit une porte. Il tourna la poignée, mais elle était fermée à clé. Il fit le tour de la pièce et découvrit d'autres portes, toutes fermées. Il testa la résistance de chacune d'elles, mais le bois utilisé semblait en chêne massif et elles restèrent désespérément closes.

— Je ne vais pas rester coincé ici, tout de même ! maugréa-t-il.

Il chercha son portable dans sa poche, mais ne l'y trouva pas.

— C'est pas vrai ! Je l'ai oublié sur la table de la cuisine ! Je fais quoi moi maintenant ? se désespéra-t-il.

Tout à son agacement, il ne vit pas tout de suite le lapin blanc passer à côté de lui et se faufiler derrière un rideau. John le remarqua au dernier moment en ce précipitant à sa suite. En tirant le rideau, le lapin n'était plus là, mais il trouva une toute petite porte, pas plus haut que cinq pommes. Fermée.

— Eh ben voyons ! Le contraire m'aurait étonné ! s'exclama-t-il. Et puis songea : « De toute façon, je suis trop grand pour passer par là. »

Il s'appuya contre le mur et ses yeux se portèrent sur une petite table circulaire en verre qu'il n'avait pas remarqué jusqu'à présent. Il y découvrit une petite clé qu'il prit.

— Vu sa taille, elle doit ouvrir la mini porte, ironisa-t-il.

Curieux de voir ce qu'il y avait derrière cette dernière, il se mit à genoux et ouvrit la porte. Il se baissa et découvrit un très beau jardin.

— Bon, ça me fait une belle jambe, mais comment je fais pour m'y rendre ?

Son regard se porta à nouveau sur la table et découvrit un muffin au chocolat devant lequel un écriteau indiquait : Mange-moi. Il posa la clé et prit le gâteau. Son ventre criait famine et ne se posant pas trop de questions, le mangea. Il se mit tout à coup à rétrécir jusqu'à atteindre la taille de trois pommes. Il était éberlué. Ce qui venait de se passer était totalement surréaliste. Impossible.

— Aussi ouvert soit-il, Sherlock ne me croira jamais.

Il avança vers la porte et comble de malchance, celle-ci était à nouveau fermée.

Il tourna sur lui-même, avec une tête de déterrer, les sourcils froncés, et observa la clé visible à travers la table. Il souffla et évita tout commentaire sur son manque de discernement. En même temps, comment pouvait-il savoir qu'il allait rétrécir en mangeant un gâteau ? Il essaya d'escalader le pied de la table, mais trop glissante, il retomba sur le sol.

— Il faudrait que je grandisse un peu pour l'attraper.

Et comme si un être invisible l'avait entendu, en baissant la tête, il trouva au sol une petite fiole dont l'étiquette indiquait : Bois-moi. John se pinça l'arrête du nez devant ces choses qui apparaissaient selon ses désirs. Il commençait réellement à douter d'être éveillé.

— Bon, j'imagine que ça va me faire grandir, mais après, comment je fais pour rapetisser à nouveau ?

Finalement, il but le contenu et advienne que pourra. Il grandit donc, un peu, beaucoup, trop. Sa taille s'était multipliée par trois par rapport à la normale.

— OK, je ne m'attendais pas du tout à ça !

Il prit la petite clé qu'il garda dans sa main et murmura en fermant les yeux :

— Je veux rapetisser, je veux rapetisser !

Il ouvrit un œil et découvrit un nouveau muffin sur la table.

— Eh ben voilà ! Suffisait juste de demander !

Il prit le gâteau et l'engloutit. Il reprit à nouveau sa petite taille.

Préférant ne pas tergiverser trop longtemps sur ce qui venait de se passer, parce que de toute évidence, il devait être en train de rêver, il s'avança vers la porte qu'il ouvrit.

Quand il en franchit le seuil, il n'en croyait pas ses yeux. Ce qu'il vit ne pouvait pas être vrai et pourtant…

Il se pinça : « Aïe ! »

D'accord, il ne rêvait pas. Devant lui, s'étendaient des allées de haie montant très haut et traçant des chemins sinueux qui semblaient se perdre à perte de vue. De nombreux massifs de fleurs parsemaient un peu partout leurs couleurs chatoyantes et embaumant l'air d'un parfum délicat et suave. Des arbres s'élevaient çà et là du jardin, donnant des espaces ombragés dans ce décor qu'illuminaient un soleil généreux et un beau ciel bleu traversé par un arc-en-ciel. Le temps était doux et agréable. Il ne reconnaissait pas ce parc et il était certain de n'y avoir jamais mis les pieds auparavant.

Mais en dehors du côté paisible d'un tel endroit, il vit ce qui clochait : les fleurs géantes avaient un visage et semblaient chanter au soleil qui leur répondit avec un grand sourire ; les arbres discutaient avec les corbeaux qui leur répondaient de leur voix de majordome ; des petites pierres que comptait le chemin, roulaient sur elles-mêmes pour avancer en fil indienne.

John tourna à trois cent quatre-vingts degrés sur lui-même pour embrasser l'ensemble du lieu, notant au passage que la porte avait disparu du paysage, qu'il était minuscule au milieu de cette vaste nature aux proportions démesurées et c'était avec les yeux écarquillés et la bouche grande ouverte qu'il réalisait la situation dans laquelle il se trouvait.

— Bon sang, mais où suis-je tombé ?!