Petits secrets.
Résumé : Tout avait commencé par un petit geste anodin, presque innocent… Mais cela s'était rapidement transformé en un jeu entre elles… addictif, vital et pourtant, terriblement dangereux où chaque règle avait son importance pour l'équilibre qu'elle était parvenu à instaurer dans leur relation. SwanQueen !
Chapitre 1
Les règles (POV Emma)
C'était il y a deux semaines… Je crois que je pourrais raconter cette journée en détail comme si c'était hier. En vérité, le premier pas avait été accidentel. Enfin. Premier pas… Si on pouvait appeler ça ainsi.
Pourtant, tout avait bien commencé. Ma mère m'avait invité ainsi qu'Henry et Regina à diner. Ma mère aime faire ce genre de choses : rassembler les gens. Je ne sais pas trop pourquoi.
Le repas avait été quelque peu… étrange. Regina avait du mal à parvenir à diner cordialement avec Snow, la situation étant toujours aussi compliquée entre elles, même si elles essayaient chacune de faire un effort. Il me semble même avoir aperçu Regina secoué de la tête, probablement pour s'empêcher d'envoyer une énième pique à ma mère.
En tout cas, l'intention de ce repas était louable certes, mais le résultat était clairement bancal. L'ambiance était tendue. Presque personne hormis moi et Henry n'osait parler ou raconter quoique ce soit. Ce n'était pas une chose que l'on avait coutume de faire dans notre famille si atypique… Parler de soi, parler de son quotidien, sans pudeur. Même Henry dont l'innocence de l'enfance commençait à disparaître ne se livrait plus aussi facilement qu'avant. Les relations entre chaque membre de cette famille étaient hors normes.
Surtout entre Regina et moi en vérité. Je ne saurais dire pourquoi, mais nous n'avons que rarement eut une conversation normale, entre personnes civilisées. Il fallait toujours qu'on se taquine, plus ou moins fort. On se renvoie sans cesse la balle, un peu comme un match de ping-pong qui aurait commencé il y a quelques années et qui n'aurait jamais cessé.
C'était bizarre, mais j'aimais ça. J'aimais avoir le pouvoir de dire ce qui me passait par la tête à cette femme, sans limites, sans les murs moraux que l'on érige habituellement en société. Regina était la seule personne dans cette ville, dans ce pays, dans ce monde à qui je pouvais me permettre de tout dire et surtout de cette façon-là. Je suppose que c'est une façon pour nous deux de nous… décharger de toute cette tension. Car, de la tension, il y en avait toujours eu. Elle avait été tout d'abord due à une haine aveugle, puis à une certaine ignorance mêlée à la curiosité de connaître l'autre sans le montrer. Cela avait amené un certain climat dans notre relation, qui n'avait jamais réellement changée.
Pour participer à nos joutes verbales, à ce jeu s'étant instauré depuis le début entre nous, il fallait en connaître les règles.
Car oui, nous avions des règles. Nous n'en avons jamais parlé bien sûr. C'était juste… à la fois terriblement implicite, et d'une évidence que seules nous deux pouvions comprendre.
Déjà, il fallait toujours répondre. En toutes circonstances. Quoique l'autre nous ait dit, il fallait, soit répondre, soit fuir.
Règle numéro un.
Puis, il ne fallait jamais parler des morts. Donc, il était hors de question d'évoquer Neal, Cora et encore moins Daniel.
Règle numéro deux.
Enfin, ce n'était pas la peine de se sentir coupable, ou gênée entre nous pour quoique ce soit… Ou alors il fallait le cacher.
Règle numéro trois.
Notre relation était exclusive. C'était comme ça. Un jour, j'avais essayé d'envoyer une pique à Ruby. En plus de m'attirer la foudre par Regina qui m'avait clairement fait comprendre que c'était inconvenu, Ruby s'était vexée. J'ai seulement compris, après cette histoire, que seule Regina et moi pouvions entretenir ça… Cette flamme. Cette relation que l'on pouvait presque qualifier d'amour vache.
Règle numéro quatre.
On ne parle jamais de nos sentiments l'une envers l'autre, quel qu'il soit. Et on ne montre rien.
Règle numéro cinq.
« Henry, peux-tu me passer le pichet d'eau s'il te plait ? Avait demandé d'une voix douce et posée Regina. »
Je me trouvais en face d'elle et avait accédé à sa requête avant notre fils. Seulement, lorsque j'avais repris une posture correcte sur ma chaine, mon pied avait frôlé la jambe de la brune. Mon pied, nu, que j'avais débarrassé de ces horribles talons aiguilles discrètement sous la table venait de frôler réellement le mollet de madame le maire.
Je me souviens encore de la sensation agréable de sa peau chaude, de ses collants noirs ripant sur mon pied, du frisson qui m'avait parcouru, mais aussi de la gêne que je tentais désespérément de cacher.
« Règle numéro trois »…
Mince, quelle était la règle numéro six déjà ? Oh oui, bien sûr. Jamais de contact physique. Jamais. Sauf en cas d'extrême urgence.
Je me maudissais tout en versant le liquide dans le verre de sa Majesté. Personne n'aurait pu détecter mon trouble… Personne sauf Regina. J'étais sûre, persuadée qu'elle savait. Oh oui, elle savait qu'elle m'avait troublée, que ce contact involontaire avait déclenché en moi un volcan de sentiments, de sensations et d'interrogations indescriptibles. Et elle s'en délectait. D'ailleurs, si elle pensait réellement que je ne voyais pas son petit manège quand j'avais le dos tourné et qu'elle me matait les fesses, elle se trompait lourdement. D'ailleurs, est-ce que j'étais en train de rêver où elle ne se gênait pas pour fixer mon décolleté en ce moment même ? Je tentais désespérément de fuir son regard perçant.
Je ne savais pas encore comment ni pourquoi, mais elle avait ce don de parvenir à me mettre à nue, à décrire chaque parcelle, chaque centimètre de mon âme, de la sonder, de découvrir les recoins les plus reculés de mes sentiments refoulés en un regard.
A vrai dire, moi aussi, je pouvais le faire… Et heureusement. Sur ce point, nous étions à égalité. Je connaissais Regina plus qu'elle-même probablement. Je savais comment aborder un sujet ou un autre, de quelle façon m'y prendre, je savais quand elle était blessée, quand elle était heureuse, quand elle cachait quelque chose, quand elle était sincère ou pas, quand elle avait peur. Je savais tout d'elle.
Pourtant, en cet instant, je ne voyais rien.
Qu'est-ce que cette entorse à la règle numéro six avait provoqué en elle ? Etait-elle troublée autant que moi, gênée ou n'avait-elle peut-être même pas relevé ? Non. Elle s'en était forcément rendu compte.
Pourtant, son attitude n'avait pas changé depuis ces dernières secondes. Elles continuaient à alterner son regard entre son assiette et son fils qui mangeait aussi salement que j'aurais pu le faire en temps normal.
« Regina, comment est-ce que ça va avec Robin ? Demanda Snow tout en souriant.
_ Ça va. Répondit simplement Regina en adressant un faux sourire à ma mère. »
Ce sourire était faux, je le savais. Ça n'allait pas.
Il fallait que je lui en parle. J'étais en train d'élaborer un stratagème afin d'aborder le sujet avec elle, seule à seule, lorsqu'un détail me sortit de mes songes et me fit sursauter.
Un détail qui avait à présent toute son importance dans le fil de mes pensées.