Je vous aime :coeur: j'espère que ça vous plaira
-Qu'est-ce que tu fous ?
Il avait immédiatement écarté M. Connard, avec encore la sensation des lèvres sur sa bouche. Chose qu'il n'aurait jamais cru devoir vivre. Peut-être qu'il était en plein rêve ? Non, son imagination ne serait pas capable d'un tel réalisme. Et pourtant, il aurait tant aimé être encore dans son lit. Plutôt que dans cette situation gênante, à dévisager son collègue, qui venait de l'embrasser.
Ce dernier, justement, ne répondait pas. Cependant Jday n'avait pas besoin qu'il parle, les expressions qui passaient sur son visage étaient assez équivoques : de la honte, de la peur, ainsi que des joues rougies. Et ce fut comme un déclic dans sa tête.
Les dernières situations qu'ils avaient vécues, son comportement bizarre, sans parler de ces fameuses photos dans son carton…
-Tu… prononça le barbu avec hésitation. Tu as des sentiments pour moi c'est ça ?
Lui-même avait du mal à croire qu'il venait réellement de poser cette question. Rien que de l'envisager, c'était surréaliste. Le châtain, être amoureux ? De lui, en plus ? Alors qu'il était si hétéro, tant attiré par les filles ! Malgré son sexisme. Pourtant, c'est sans voix que Jday vit son partenaire se décomposer peu à peu après sa question. Jusqu'à revenir dans la chambre, et claquer la porte, une nouvelle fois.
Mais qu'il ne ferma pas. Comme une métaphore de son propre esprit à l'heure actuelle. M. Connard fuyait ses propres sentiments, tout en espérant qu'ils soient réciproques, par un miracle. Et est-ce qu'ils l'étaient ? A vrai dire… il n'en savait rien. Il n'avait jamais vu son ami sous cet angle.
Seulement, sur l'instant, il n'y réfléchit pas plus. Il voulait juste entrer dans cette chambre, et le voir. Simplement pour… pour être là. Et connaitre son état. Ses pas le guidèrent inconsciemment, dans la petite pièce, où il découvrit l'autre homme. Assis par terre, contre le mur, replié contre lui-même.
Jday se sentit aussitôt mal, le cœur plein de culpabilité. C'était sa faute, s'il était comme ça. Et il ne supportait pas cette vision. Il avait envie de se frapper, et de se traiter d'idiot. Mais au lieu de ça, il s'approcha lentement de lui, et s'agenouilla, pour être à sa hauteur. Puis, sans rien dire, le prit dans ses bras.
Une certaine agitation de sa part lui indiqua que son camarade était surprit. Mais il ne protesta pas, au contraire, et se serra un peu plus contre lui. Étrangement ça ne le dérangeait pas, Jday ne trouvait pas ça si… bizarre. Le fait qu'il apprécie, si. Il ne savait plus vraiment quoi penser.
-Tu sais c'est gentil mais... finit-il par faire. Je t'apprécie beaucoup c'est juste que...
La tête châtain aux reflets roux se releva alors vers lui, et yeux deux bleus aux nuances de gris apparurent entre ses mèches de cheveux. Son regard se plongeant dans le sien, et Jday crut s'y perdre un instant. Tout comme ses mots, qui restaient au fond de sa gorge, alors qu'il remarquait que leur visage n'était qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.
-je... ne...
L'autre homme continuait de le fixer, et leva le bras, pour passer une main sur sa joue, déjà très rougie. Son cœur s'emballa au contact, sans qu'il en comprenne la raison. Ou sans vouloir comprendre.
-ressens pas...
Il ne termina jamais sa phrase, puisque M. Connard combla le reste de vide entre eux, en l'attirant contre lui. Et leurs lèvres se scellèrent dans un baiser, pour la deuxième fois. Mais sans la surprise, JDay ne le repoussa pas, et se laissa même faire. Et le sentant sans doute, le châtain dû le comprendre comme un encouragement, puisqu'il passa ses bras autour de son cou.
Les yeux fermés, il oubliait presque qui l'embrassait. Sans doute parce que le trop plein de sensations envahissant son propre corps l'empêchait d'avoir une pensée cohérente. A la fois chaud, frissonnant, avec une sensation de papillons dans le ventre, il aurait pu se croire revenu à l'adolescence. A l'époque de son premier amour.
Sauf que ce n'était pas le cas.
Et son cerveau lui rappela que cette autre bouche appartenait à un certain connard. Sa raison mettant aussitôt fin au baiser.
-Je... réussit-il à dire sans oser le regarder. Il faut que je réfléchisse.
Il passa une main derrière sa nuque, gêné à son tour. Et ses jambes se pressèrent de le relever, pour se diriger vers la porte. Prêt à partir. Mais, devant la fameuse sortie, il eut « mauvaise » idée de tourner la tête, pour le voir une dernière fois.
Et il le vit, de nouveau, assis par terre, sauf que M. Connard le regardait. L'air abandonné, perdu et le visage profondément triste. Il se sentit mal, encore. Il ne pouvait… juste pas. Il devait forcément le faire exprès !
-Arrête de faire cette tête !
-Je fais rien du tout mec, se défendit-il, avec une voix plus faible que d'habitude.
Il grimaça, c'était comme si son cœur se déchirait lentement. Pourquoi avait-il l'impression d'être en face d'un chaton démuni qu'il devait absolument protéger ? Bordel c'était M. Connard ! Son collègue cynique et froid sans aucune pitié. Il… il n'était pas…
-Jérémy ? s'inquiéta-t-il timidement.
A l'entente de son prénom, Jday fondit totalement, et toute logique l'abandonna totalement. Uniquement guidé par ses impulsions, il retourna près de lui, et le reprit dans ses bras. En le serrant si fort que le châtain dû faire des grandes gestes pour l'arrêter, sous la peine d'étouffer.
-Je veux que tu ailles bien, déclara le barbu sans plus aucune barrière mentale, et que tu souris, que tu rigoles et… et putain mec même tes blagues de merde me manquent.
Il sentit une main sur son visage, qui sécha ses larmes –il n'avait même pas remarqué qu'il pleurait !- et l'écarta. Pour être face à face, devant des yeux bleus et un sourire.
-T'es vraiment con Jday, lui dit alors d'un air malicieux, c'est toi qui me fais sentir bien.
Il fit des yeux ronds, faisant rire l'autre homme, qui lui offrit un court baiser. Sur la bouche. Et se releva, l'air de rien. Son collègue avait subitement retrouvé sa joie de vivre, et l'observait de haut, au premier sens du terme. Et avec un de ces fameux sourires sadiques, d'enfant content d'avoir trouvé une blague.
-Et t'as pas intérêt à en parler, j'voudrais pas qu'on sache que j'ai roulé une galoche à un mec aussi moche.
Toujours assis, Jday ne tiqua pas à la moquerie non, justement, il sourit. Il retrouvait son camarade de jeu, celui qu'il aimait tant, sans le dire.
-Mais tu embrasses bien, complimenta l'autre homme en sortant.
-Je... quoi ?
JDay devint rouge, avec l'envie de se cacher. En fait, non, il le détestait. Vraiment. Tout ça allait être encore pire maintenant qu'ils… étaient ensemble ? Ensemble ? Est-ce qu'il venait tout juste de se mettre en couple avec ?
-Julien attends ! l'appela-t-il en réalisant.
Il se leva précipitamment, ne fermant pas la porte derrière lui. Ce qui n'arriva plus jamais, de toute façon. Puisque celle-ci, à partir de ce jour, resta ouverte. Sauf en quelques occasions, qui ne regardaient qu'eux.
.
Ce jour-là, les deux compares étaient en plein tournage. Le plus barbu devant la caméra, à répéter un monologue appris par cœur, et le moins barbu derrière celle-ci, à suivre ses paroles. De son air habituellement neutre, se retenant visiblement de faire comme une remarque cynique. Dans un décor de verdure, comme ils avaient pris l'habitude.
En apparence, les choses n'avaient pas vraiment changé entre eux. Non, ils continuaient l'un comme l'autre à s'insulter allègrement, en enchaînant les moqueries. Julien se demandait même parfois s'il n'avait pas rêvé, le lendemain de cette fameuse cuite. Ce matin où il avait dû avoir contre sa volonté ces sentiments qui pesaient sur son cœur.
Et pourtant, il avait réussi à les garder secret pendant des mois ! Même pour lui-même. Admettre qu'il aimait cet idiot à « la barbe et aux cheveux dégueulasses » n'avait pas été une chose facile. Niant malgré tous les signes évidents.
Pourquoi Jday ? Il aurait aimé savoir, avoir une réponse claire. Lui il aimait les filles, normalement, il n'avait jamais eu ce genre de penchant. Ne l'envisageant même pas. Avant. Avant ce crétin.
Puis c'était sa faute après tout. Pourquoi avait-il fallu qu'il soit si... sympa ? Les gens n'étaient pas gentils avec lui, pour une bonne raison. La plupart restait à l'image qu'il donnait : un connard. Et ça lui allait. Pas d'ami, pas de stupide attachement sentimental, pas d'obligation sociale. Pas de déception. Oh oui tout allait très bien jusqu'il arrive.
Il ne regrettait pas leur émission en duo, il aimait l'écrire, la tourner. Et si elle avait du succès, c'était bien grâce à lui ! Mais ces séances de travail, à alterner l'appartement de l'un et l'autre, les avaient rapprochés plus qu'il n'aurait voulu. D'une étrange manière, ils se complétaient, et ça lui plaisait. Une amitié n'était pas une si mauvaise chose au final... si elle avait su rester, justement, une amitié.
-Tu m'écoutes Juju ?
M. Connard sursauta, ayant oublié que celui qui hantait ses pensées, était devant lui. Et il espérait sincèrement que le con barbu ne le sache jamais. Qu'est-ce qu'il ferait si ce dernier apprenait qu'au lieu d'être attentif, il pensait à lui ? C'était horriblement... niais.
Attends, il l'avait appelé comment ?
-Nan, je réfléchis à comment te tuer pour avoir oser m'appeler comme ça.
Il tenta de lui lancer un regard noir comme il savait le faire. Mais en croisant ses yeux sombres, il abandonna rapidement. C'était l'une des raisons pourquoi laquelle il portait des lunettes de soleil, peu importe le temps. Ces petits miroirs de l'âme le trahissaient trop facilement.
-T'es mignon quand tu mens, glissa Jday l'air de rien.
Il passa une main sur une de ses joues, sentant que ces dernières commençaient à devenir chaudes. Il le faisait rougir ? Nan. Il n'était pas une gonzesse lui.
-Hé, parut vraiment s'inquiéter l'autre homme, ça va ?
Jday s'était rapproché, l'air innocent, comme s'il ne préparait rien. Sinon, pourquoi devait-il être si proche ?
-Rien ça va, répondit-il évidemment, retourne à ton...
Ce type diabolique le prit de court, sans prévenir et l'interrompit dans sa phrase, tout ça en déposant un bref baiser sur ses lèvres. Figé sur place, le châtain le regarda lui sourire, et retourner à sa place. Devant la caméra. Alors qu'il essayait de se remettre de ce léger contact.
Oh non leurs disputes quotidiennes et leurs joutes verbales n'avaient pas changé, elles restaient les mêmes. Elles se terminaient simplement d'une toute autre manière.
-Je sais que tu m'aimes au fond, lui dit Jday avant de reprendre son texte.
Il leva les yeux au ciel et soupira. Qu'est-ce qu'il pouvait le détester, encore plus maintenant. Il préférait presque cette époque pas si lointaine où le barbu était totalement aveugle. Et qu'il n'arrivait pas à lire en lui comme dans un livre ouvert.
Parce qu'il avait raison. Forcément. Il l'aimait son abruti barbu, et bizarrement, cela semblait être une chose réciproque. Il ne comprenait pas vraiment comment, mais... il s'en fichait un peu, à vrai dire. Ils pouvaient être un couple, tant qu'il n'avait pas à faire la fille.
-Bien sûr que je t'aime du con. Maintenant si tu pouvais accélérer, on se les caille ici.
En réponse, Jday lui fit un signe de la main, toujours avec son sourire débile. M. Connard soupira, tout en se disant qu'il pourrait s'y habituer, à force. Le même quotidien, avec un peu plus de niais.
Sans le dire, il était quand même heureux... que parmi tous les idiots de la terre, ce soit lui qui ait pénétré sa carapace.