Bonjour/bonsoir ^^ ça fait longtemps, et je pensais pas revenir avec une telle histoire x') Évidemment, les personnes citées ne m'appartiennent pas, je ne me fais que m'inspirer de l'image publique laisser dans leur émission.
Je vous laisse profiter :)
C'était un jeune homme aux cheveux jais bouclés, un bonnet sur la tête, et un simple t-shirt sur les épaules qui se tenait devant cette porte depuis quelques minutes déjà. Sans bouger, avec seulement le poing levé, hésitant à frapper. Sur le chemin, pourtant, il avait été pressé d'arriver ici, le plus vite possible. Traversant la petite ville à toute allure, courant même dans les escaliers en pensant à tout ce qu'il allait dire.
Et maintenant, il était là, à se demander ce qu'il faisait. Tout ça paraissait un peu trop extrême. Est-ce qu'il s'inquiétait vraiment pour ce mec ? Un mec qui n'était même pas capable de répondre à ses appels. Ou de juste taper des SMSs.
Cela arrivait parfois qu'ils ne se donnent pas de nouvelles, après tout, ils avaient chacun une vie de leur côté. Mais jamais aussi longtemps. 2 semaines de silence ! 2 semaines ! Ils avaient quand même une émission à faire ! Et si son compare n'en voulait plus, il n'avait qu'à le dire. Le laisser en plan comme ça c'était juste… débile.
Mais il ne s'appelait pas « Monsieur Connard » pour rien, n'est-ce pas ?
Ou peut-être qu'il lui était vraiment arrivé quelque chose. Ça ne serait même pas étonnant. Avec son lot de blagueuses douteuses, Jday comprendrait qu'un inconnu l'ait juste prit pour un « gros connard raciste homophobe sexiste ». Et… l'ait tué froidement. Ce con pouvait être particulièrement agaçant, lui-même avait souvent eu envie de l'assassiner pour qu'il se taise.
Cependant, pour se calmer, il se répétait que son collègue avait juste un mauvais humour. Il ne pouvait pas penser ce qu'il disait, il devait forcément avoir un bon fond. Ou ils ne seraient pas potes.
Puisqu'ils étaient biens potes, non ? Ils s'amusaient et passaient du temps ensemble, lorsqu'ils travaillaient en tout cas. Il aimait écrire, et tourner ces vidéos avec lui. Et si au début l'émission n'était que la sienne, au fil du temps, c'était devenu la leur. A eux deux.
Jday avait donc besoin de lui. Pour les vidéos, oui. Rien d'autre. Ce n'est pas comme si ce type pouvait lui manquer.
Il soupira et frappa enfin à la porte. Il attendit un instant, et au moment où il se dit qu'il ne devait avoir personne, l'entrée s'ouvrit. Sur un homme du même âge que lui, aux cheveux bruns attachés, et dans un look similaire au sien. Il ne portait pas ses fameuses lunettes de soleil, Jday avait peu l'habitude d'apercevoir ses yeux bleus/verts.
-Tiens salut du con, furent les premiers mots que prononça ce monsieur connard, qu'est-ce que tu fous là ?
Il leva les yeux au ciel et se retint de soupir. A chaque fois c'était pareil, dès qu'il ouvrait la bouche, Jday fixait le plafond en serrant les lèvres. Il avait dit qu'ils étaient potes, vraiment ?
-Bon mec, ignora-t-il, si je suis venu, c'est que tu donnes pas de nouvelles. Tu sais plus répondre à un téléphone ou quoi ?
-J'étais malade, prétexta-t-il.
Le le défia du regard, comme une menace, s'il osait le contredire ou poser des questions. Son mensonge se voyait à des kilomètres, mais Jday ne préférait pas savoir ce qu'il voulait cacher. Ce n'était pas ses affaires, et le connaissant, ça devait être sûrement un truc très limite et de mauvais goût.
Parce que l'imaginer malade et faible, cloué au lit, ça relevait de la science-fiction. Jday aurait presque payé pour voir ça. Mais pour autant, ça ne l'empêchait pas d'envoyer un texto !
-Je peux pas faire les analyses de pub sans toi, lui dit-il, et la dernière vidéo commence à dater, les gens vont s'impatienter.
-T'as qu'à faire des analyses de clip, et ces cons fermeront leur gueule.
Jday grimaça, d'un air particulièrement blasé. Visiblement, il n'avait pas changé.
-Tu fais chier, souffla-t-il en se retenant de s'arracher les cheveux, tu sais que j'ai besoin de toi.
-ça m'étonne pas, sans-moi ton émission ça serait de la merde.
Il se moquait ouvertement, ce qui n'était pas très surprenant de sa part. Cependant, Jday savait bien qu'ils adoraient tous les deux faire ces vidéos, mais l'autre homme, étrangement, n'avait pas l'air de vouloir l'admettre. En fait, il n'admettait jamais rien. Quel que soit la situation, ce dernier était toujours sur la défensive, ou l'humour.
Il ne l'avait jamais vu exprimer des sentiments… sans doute que pour lui, c'était un « truc de gonzesse ». Mais le présentateur des analyses de pub/clip avait appris à voir au-delà de ça, et à le comprendre. Il pouvait parfaitement traduire les piques de ce monsieur « connard ». Et dans ce cas précis, son compare voulait dire que l'émission lui manquait.
Ou peut-être que Jday avait totalement tort, et qu'il le pensait vraiment. Ce qui en ferait vraiment un connard, comme il y en avait beaucoup. Beaucoup peu intéressants, tristes, et souvent seuls. Mais lui n'était pas comme eux.
Non ?
-Je peux rentrer ? finit-il par faire.
En réponse son interlocuteur haussa les épaules, l'air de dire « pourquoi pas » et ouvrit la porte en grand. Il la referma derrière lui, et Jday observa l'antre de . Qu'il connaissait déjà, pour être venu plusieurs fois.
C'était un petit appartement à quatre pièces, au 2ème étage d'un immeuble. L'entrée donnait directement sur le salon, qui lui-même permettait d'accéder à la cuisine, la salle de bain, et à la chambre. Dernière pièce dans laquelle il n'était jamais allé, et personnellement, il préférait que ça reste ainsi. Jday n'osait pas imaginer ce qu'il pouvait bien se trouver dans cette pièce. Hormis le lit.
Il s'assit nonchalamment dans ce canapé dont il gardait beaucoup de souvenirs. La plupart quand ils devaient s'occuper de l'écriture d'un épisode. Ils partageaient leurs idées en discutant. Ils prenaient des notes, débattaient de quoi garder ou non. Ils finissaient même par rire très fort parfois !
C'était un quotidien qu'il appréciait, changeant totalement de son travail d'avant. L'époque pas si lointaine où Jday écrivait ses épisodes seuls. Bien sûr, il avait quelques amis pour participer, parfois, mais ce n'était pas pareil, pas un duo.
Et c'est ce qu'ils étaient, qu'ils le nient ou non, un duo. Deux personnes sur le même projet, avec le même objectif. Plus agréable que de travailler seul, même si c'était aussi, inévitablement, source de conflit. Ce qui n'avait rien d'étonnant, puisqu'ils étaient des véritables opposés.
Jday n'avait pas vraiment besoin de le préciser d'ailleurs, tant ça se voyait. A leurs gestes, leur façon de parler, de fonctionner. Rien ne semblait les réunir, et pourtant… ils étaient biens tous les deux-là, assis sur le même canapé.
-Tu veux une bière ? proposa-t-il.
L'autre homme s'était levé, et attendait une réponse. Mais c'en était tellement « poli » que Jday en restait un peu trop surpris. Il aurait presque cru être devant une autre personne.
-Quoi ? s'agaça . T'en veux une putain ou pas ?
Là, il le reconnaissait plus.
-Si, si, se reprit Jday.
Et son partenaire de vidéos disparut dans la cuisine. Mais quand ce dernier revint, un silence gênant s'installa aussitôt. Il ignorait d'où venait cette sensation de mal à l'aise, mais elle ne dura pas très longtemps. Sans doute aidé par le léger alcool rejoignant leurs veines, ils se détendirent, et commencèrent une conversation. Sur internet, évidemment.
Ils ne parlaient jamais de choses privées ou intimes, ce n'était pas leur genre, ni de l'un ni de l'autre. Habituellement. Mais un « détail » intriguait un peu trop Jday pour qu'il n'aborde pas le sujet.
-Hé sinon sérieux, dit-il l'air naturel, qu'est-ce tu as fait pendant ces 2 semaines ? Me redis pas « malade », je te croirais pas mec.
fit une grimace, visiblement ça ne lui plaisait pas vraiment, cette question.
-Qu'est-ce que ça peut te foutre ? répliqua-t-il d'un ton agressif.
-oh c'est bon calme toi ! se défendit Jday en levant les bras comme pour s'innocenter. Je demande, juste. Je suis curieux de savoir ce qu'il peut être plus important que nos analyses de pub.
Il reçut en réponse… un rire. Un rire moqueur, typique de son voisin de canapé.
-Tout, si ça me permet de pas à voir ta sale gueule.
Il ne soupira pas. Il ne leva pas les yeux au ciel. Non, Jday le regarda, simplement, en silence. Et nota plusieurs choses qu'il avait l'impression de voir pour la première fois : évitait son regard, et semblait fixer le mur devant lui. Sa bière toujours à la main, il la buvait à intervalle régulière, et baissait parfois les yeux.
Comme s'il réfléchissait à quelque chose, son visage sans aucune expression. Pas neutre, mais juste… triste. Jday fronça les sourcils, pas sûr d'avoir « bien vu » et posa sa bière sur la table basse. Pour poser une question, de deux mots :
-ça va ?
le dévisagea comme s'il venait de lui annoncer que des ours polaires vivaient sur la lune. Ou quelque chose dans ce genre. Dans une autre situation, ça l'aurait sûrement fait rire d'ailleurs.
-Tu sais mec si ça va pas, insista-t-il, tu peux me le dire.
-On est des meufs maintenant ?
Evidemment. Il fallait qu'il réagisse comme ça.
-Putain mais tu peux pas être sérieux 2 minutes ? s'énerva Jday. Pourquoi tu veux jamais te confier ? On est potes non ?
-Non. On est pas potes.
Son ton n'était plus à la blague, et n'en fut que blessant. Jday s'étonnait lui-même que ça lui fasse mal.
-C'est pas drôle.
-Je rigole pas. On fait juste des vidéos ensemble, j'en ai rien à foutre de ta vie, et toi non plus.
-Et si j'en avais quelque chose à foutre ?
Il rit. Encore. Comme si c'était parfaitement ridicule. Comme si rien que le fait d'imaginer que lui, Jday, ait de l'intérêt à son égard soit idiot. Débile. Absurde. Et ce n'était pas juste à lui qu'il riait, mais à l'idée qu'une amitié entre eux puisse exister.
Pourtant, lui, il l'avait imaginé. Vraiment. Qu'ils étaient potes. De bons camarades, s'amusant ensemble. Mais ils ne l'avaient jamais été, et Jday ne le réalisait que maintenant. Ils étaient des collègues, tout au plus.
Et Jday l'avait apprécié, sincèrement. Ne s'arrêtant pas à son humour douteux, persuadé qu'il y avait autre chose, derrière. Mais finalement, n'était pas qu'un surnom.
Alors à quoi bon ? à quoi bon se forcer à travailler avec quelqu'un qui ne l'aimait même pas ? Il avait d'autres proches, de vrais amis.
-Tu sais quoi ? déclara brusquement Jday en se levant. J'ai peut-être pas besoin d'un connard pour faire des analyses de pub.
-Très bien, réagit l'autre homme d'un air méprisant, j'ai pas besoin de toi
Et même sans se retourner, Jday se dirigea vers l'entrée, et ignora le cri derrière lui qui faisait « J'ai besoin de personne ! ». Ce n'était plus important. Il ne reviendrait pas.
En sortant, il claqua la porte après lui. Et sur leur amitié inexistante.