Titre : Eclispe lunaire
Pairing : Grimmjow x Ichigo
Rating : M
Disclaimer : Les personnages ne sont pas en ma possession. Ils sont tous à leur créateur Tite Kubo.
Note : Ceci est ma première histoire, j'espère qu'elle vous plaira. Dois-je préciser que compte tenu du rating cela risque d'être un poil sanglant et qu'une relation entre Grimmjow et Ichigo ne peut être platonique ?
Je remercie chaleureusement Trolocat et Angelyoru. Je n'ai malheureusement pas répondu à vos dernières reviews et j'en suis terriblement désolée. Je pense que pas mal de vos questions vont trouvées des réponses dans ce chapitre-ci et celui d'après, bonne lecture.
Chapitre 6
Il entendait des voix parler, chuchoter peut-être, se disputer sûrement. C'était la seule chose qui l'empêchait de sombrer dans l'inconscience à moins qu'il ne soit déjà dans les limbes de son esprit ? Qui pouvait savoir ? Certainement pas lui. Il était dans un drôle d'endroit, sans mur, ni sol ou plafond. Il était dans du vide. Un vide noir emplit de ténèbres. Mais les siennes ou celles d'un autre ? Qu'importe au final, puisqu'il ne se sentait pas si mal. En fait il ne sentait rien. Seules les voix étaient à même de l'atteindre mais c'était étrange, différent des autres fois s'il se concentrait, il pouvait comprendre en partie ce qu'elles disaient. Il tendit l'oreille :
‑ C'est impossible… jamais…
‑… pas d'autre…
‑… choix de… vie… il faut qu'il…
‑ NON !
L'éclat de voix le tira progressivement de la noirceur et petit à petit, il prit conscience de son environnement. Il était allongé sur un futon, un drap léger posé sur lui. Un rayon de lumière jouait sur son visage, trop faible pour venir du soleil. Ses yeux papillonnèrent un instant, soudain dérangé par cet éclat inattendu. Ses paupières se soulevèrent difficilement et se refermèrent presqu'aussitôt. Tout son corps était engourdit, envahit par une immense fatigue. Même l'effort d'ouvrir ses yeux paraissait insurmontable.
Pourtant, à force d'essais, il y parvint. Ce fut comme si son corps avait attendu qu'il y arrive pour se connecter de nouveau au monde à nouveau il voyait, entendait et ressentait les choses. Il était aussi lourd que s'il avait été fait de plomb mais peu à peu, son esprit sortait de sa torpeur et encourageait son corps à faire de même. Il fit plusieurs essais pour se redresser sur ses coudes. Il réussit au bout de la sixième fois.
Il prit un instant, sa tête tournait et il pouvait s'effondrer à tout moment. Il prit une grande inspiration et se concentra sur les bruits étouffés. Les voix étaient à peine perceptibles mais il pouvait poser des visages et des noms sur elles : il y avait son père, sa mère, son grand-père, la prêtresse et le vieux Barragan.
Après un temps à les écouter se disputer à voix basse, Ichigo se leva et marcha difficilement jusqu'à la source du bruit, se tenant aux murs pour ne pas tomber. Les couloirs étaient interminables et il se demanda s'il parviendrait un jour à aller au bout. Quand enfin il y arriva, il pu entendre distinctement ce qui se disait.
‑ Il n'y a pas d'autre solution, disait Yoruichi. Le seul moyen de protéger le village et de lui donner ce qu'elle veut. Le sceau ne tiendra plus longtemps et lorsqu'il cèdera, elle s'en prendra à la barrière protégeant le village.
‑ Si cela arrive nous nous battrons, assura Isshin.
‑ Je crois que vous n'avez pas compris, dit Barragan. Il ne s'agit pas ici d'une éventualité mais d'évènements certains. Elle va briser le sceau. Elle va détruire la barrière. Elle va prendre votre enfant. Mais ce qui est sûr également, c'est que rien ne l'en empêchera vous ne pouvait imaginer sa puissance et son désir de vengeance.
L'œillade que le vieil homme jeta à Masaki en disant ses mots la fit trembler des pieds à la tête. Isshin se plaça devant sa femme et fit barrage entre elle et le vieil homme. Barragan n'était plus tout jeune mais ses capacités n'en étaient pas diminuées. Il se détourna rapidement du couple et posa ses yeux sur le chef du village.
‑ Tu as choisis de sauver une vie, il y a de ça des années et cela nous a menés jusqu'ici. Tu es chef, pour chaque décision il y a des conséquences et les voici aujourd'hui à ta porte tu dois assumer tes paroles, assumer tes actes et assumer tes choix.
‑ Tu me demande ni plus, ni moins, de sacrifier mon petit fils. Comment penses-tu que je puisse te répondre par l'affirmative ? Il m'est impossible d'ordonner son exécution, tout comme il m'a été impossible de livrer ma fille à cette créature !
Le dernier mot avait été craché comme s'il était sale. Ichigo regarda son grand-père avec attention et vit toute la douleur du monde se refléter dans ses yeux. Lui, si grand et si fort, était fatigué, le poids des années et de toutes ses décisions l'écrasait.
‑ On ne peut pas faire ça… No-nous ne le ferons pas !
Isshin continua de crier qu'il ne laisserait rien arriver à son fils, tout en serrant sa femme dans ses bras. Elle était en pleurs mais aucun son n'était plus sorti de sa bouche depuis que Barragan lui avait jeté la faute. Elle était coupable et par deux fois. Tout ce qu'elle aurait pu dire pour défendre son enfant serait tombé dans l'oreille d'un sourd. Mieux valait pour elle mais surtout pour son fils qu'elle se taise et laisse son mari et son père défendre la chair de sa chair.
Ichigo s'était figé, choqué par ce qu'il venait d'entendre. Ce n'était pas possible, ils ne pouvaient pas être entrain de débattre pour savoir s'il devait mourir ou non. C'était sa famille, Yoruichi avait aidé sa mère à le mettre au monde et Barragan… Il y avait quelque chose entre cet homme et lui, quelque chose de fort et d'indescriptible qu'il ne pouvait pas nommer. Il était effondré de savoir qu'il n'hésiterait pas à le tuer. Les larmes glissèrent silencieusement sur son visage, et il détourna la tête, ne supportant plus d'assister à tout cela.
Pourtant ce fut plus fort que lui, il lança un dernier coup d'œil à la salle et son regard accrocha celui de Barragan. Personne d'autre ne l'avait remarqué, Yoruichi continuait de parler mais Ichigo ne lui prêtait aucune attention. Barragan lui répondit comme il l'avait fait jusqu'à présent mais à aucun moment son regard ne quitta le garçon et tout le temps de l'échange visuel il se sentit bien, en sécurité, protégé et aimé. C'était n'importe quoi Barragan proposait de le tuer, comment diable pouvait-il ressentir tout cela ?
Ichigo prit ses jambes à son cou et fui ce lieu aussi vite et discrètement que possible. Il remarqua à peine qu'il sortait d'une des parties réservées à l'usage de la prêtresse et de son aide, pas plus qu'au fait qu'il faisait nuit et que rien de bon ne lui arrivait généralement, à ce moment là.
Il couru sans s'arrêter, ne sachant où aller. Il ne voulait pas rentrer chez lui il devenait nauséeux rien que d'y penser et il ne pouvait pas non plus dormir à la belle étoile. Sa course continua un bon moment avant qu'il ne s'arrête devant la maison de Kensei. Ichigo se sentait honteux de venir ici pour demander de l'aide alors qu'il avait tout fait pour tenir ses amis à distances. Il resta hésitant devant la porte en bois, se demandant encore et encore ce qu'il devait faire ou dire, avant de finalement rebrousser chemin.
Il n'eut pas fait cinq pas que la porte s'ouvrit sur un homme costaud, la trentaine, au regard soucieux, qui lui fit signe d'entrer. Ce fut sans un mot et les yeux baissés sur ses getas qu'Ichigo obéit.
La maison n'était pas grande. Une pièce à vivre, une salle d'eau minimaliste et une petite chambre d'où sortait Shûhei, les yeux bouffis de sommeil. Quand ce dernier vit Ichigo dans son salon, il se jeta sur lui et le serra aussi fort qu'il lui était possible. Les larmes montaient aux yeux des garçons qui resserrèrent leur étreinte.
Shûhei s'était terriblement inquiété. Après la disparition de la créature, lui avait fallu un moment avant d'aller chercher de l'aide. Il avait pu trouver le père d'Uryû assez vite et il avait seulement pu lui dire de courir au puits qu'il s'était évanoui dans ses bras. Les deux garçons avaient ensuite étaient emmenés au temple dans deux pièce séparées et dès que Shûhei s'était réveillé, son cousin qui était venu le chercher, et lui avaient été congédiés par la prêtresse. Personne ne lui avait dit si Ichigo s'était réveillé, s'il allait bien ni quoi que ce soit d'autre. Il était resté dans l'ignorance la plus totale et malgré les mots rassurant de Kensei, il avait eu des difficultés à se calmer.
Mais maintenant qu'il le tenait contre lui, il sentait un poids s'en aller de ses épaules. Ichigo n'était pas mort, ni malade, il avait tous ses membres et paraissait en assez bonne santé. Shûhei savait que s'il était ici cette nuit, seul malgré les risques liés à sa maladie, c'était qu'il devait avoir une bonne raison. Jamais encore il n'avait prit de tels risques.
Les deux garçons s'allongèrent dans le lit, toujours étroitement enlacés. Kensei était parti au temple rassurer les parents d'Ichigo que celui-ci dormait chez lui ils étaient donc seuls. Ichigo en profita pour tout avouer à son ami : de ses rencontres nocturnes avec Hiro, aux révélations de ce soir, en passant par toutes ces choses inexplicables qui lui étaient arrivées. Il n'omit aucun détail, racontant tout ce dont il se rappelait et tout ce qu'il avait ressentit à ces moments là.
Shûhei se demanda comment ils avaient pu en arriver là. Ils avaient toujours étaient très proche et même si une certaine distance s'était installé entre eux, il n'imaginait pas que ce qu'Ichigo lui avait caché soit si gros. Cependant il ne pouvait pas lui en vouloir, après tout si son presque frère avait voulu le tenir éloigné c'était pour le protéger. Ichigo avait eut peur qu'Hiro ne s'en prenne à ses proches s'il osait avouer à quelqu'un ce qu'il se passait une fois la nuit tombée.
Shûhei lui raconta à son tour ce qu'il s'était passé ce matin au puits. Ichigo n'imaginait même pas que quelqu'un ait pu assister à ce qu'il se passait entre Hiro et lui, d'autant plus que Shûhei était encore en vie. Ce dernier ne lui cacha pas que la créature avait failli le tuer mais que par il ne savait quel miracle il avait été épargné.
Les garçons parlèrent encore et encore, jusqu'au retour de Kensei. Ce dernier une fois rentré, fit un sourire encourageant à Ichigo qui compris le message : il pouvait dormir là cette nuit, l'homme avait dissuadé quiconque voudrait le voir. Rassuré de pouvoir passer une nuit tranquille, Ichigo s'endormit comme une masse, bercé par la caresse de Shûhei dans ses cheveux.
Kensei vint les rejoindre dans le lit et se colla tout contre le dos de son cousin. Il avait compris que les deux garçons s'étaient expliqués, mais en voyant le regard toujours aussi inquiet de Shûhei, il savait que quoi que puisse vivre Ichigo ce n'était pas une chose qu'ils pourraient ignorer, ni Shûhei, ni lui.
L'homme encercla le corps gracile de son cousin de ses puissants bras et enterra son visage dans son cou, déposant de tendres baisers papillons sur la peau à sa portée. Ils étaient devenus très fusionnels depuis que les parents du plus jeune avaient été tués par le Yokaï. Shûhei n'avait aucun souvenir de ses parents, il avait été confié il y a plus de onze ans à son cousin, à l'époque adolescent et depuis il ne vivait que pour l'homme. Il voulait le rendre fier et heureux : c'était sa seule aspiration.
Lorsque le sommeil fut sur le point de l'emporter, Shûhei se tourna et effleura les lèvres de Kensei des siennes. Un simple contact pour se souhaiter la bonne nuit, pour remercier l'autre d'être toujours à ses côtés, pour simplement se montrer leur affection. Kensei y répondit tendrement et ils s'endormirent tel des poupées matriochkas : Ichigo dans les bras de Shûhei et celui-ci dans les bras de son cousin.
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Pendant plus d'une semaine, Ichigo resta chez Shûhei. Il refusait de sortir et préférait aider son ami à tenir la maison. C'était la seule chose qu'il se sentait capable de faire. Il s'était renfermé sur lui et n'adressait plus la parole qu'à son ami et seulement lorsqu'ils étaient seuls. Plus rien d'étrange ne lui était arrivé et même s'il aurait aimé que ce soit définitif, Ichigo savait que lorsque les phénomènes recommenceraient ils seraient plus nombreux et plus violents qu'avant. Il espérait simplement que Shûhei et Kensei ne serait pas dans les parages quand cela arriverait.
‑ Ichi, il faut que tu sortes un peu. Ce n'est pas bon que tu reste enfermé à la maison. Aller viens, il faut aller tirer de l'eau au puits et avec une paire de bras supplémentaire nous irons plus vite.
Shûhei avait un si grand sourire quand il lui dit ces mots qu'Ichigo ne se sentit pas l'âme de refuser. Il soupira mais hocha la tête et suivit son ami jusqu'au centre du village. Sur le chemin le menant au puits, tous les regards se tournèrent sur lui dans un silence assourdissant. Ichigo prit sur lui pour ne rien laisser paraître mais toute cette attention le rendait mal à l'aise et il avait hâte de se cacher des curieux. Bien sûr dès qu'il fut suffisamment éloigné, les badauds se regroupèrent et les discussions à propos du comportement étrange du jeune garçon allèrent bon train.
Personne ne savait ce qu'il s'était passé mais tous avait pu constater le mutisme d'Ichigo et son comportement froid envers ses proches. Chacun y allait de son commentaire, faisant hypothèse sur hypothèse pour tenter de comprendre la situation, mais personne ne pouvait imaginer ce qu'il s'était réellement passé.
Cela ne s'arrangea pas une fois au cœur du village, endroit où l'agitation était habituellement à son apogée. Là, tout était trop silencieux et le poids des regards se faisait de plus en plus lourd. Ichigo étouffait, il ne supportait plus toute cette attention. Il voulait s'enfuir et se terrer dans un trou oublié où personne ne viendrait le chercher. Un coup d'œil à Shûhei et il su que son ami le comprenait.
‑ Je vais faire un tour, j'ai besoin d'être seul, murmura le rouquin.
‑ Ok mais rentre à la maison si ça va pas, lui répondit-il sur le même ton.
‑ Ne t'en fait pas, je reviendrais t'aider à porter les seaux.
Les deux amis échangèrent un sourire et Ichigo parti au gré de son envie. Il laissa ses pas le guider et son esprit se vida petit à petit. Il ne voulait plus penser à ses soucis. Il en avait marre de ruminer tous ses tracas depuis une semaine. Sans s'en rendre compte, il retourna au vieux puits. Il resta un long moment à se demander quoi faire.
Au final il s'approcha prudemment, surveillant les alentours au cas où quelque chose indiquerait un danger. Quand il fut à l'endroit exact où il se tenait il y a sept jours, il se sentit sur le point de pleurer. Il fit de son mieux, malheureusement ce ne fut pas suffisant. Il se laissa choir, recroquevillé sur lui-même et les larmes ruisselèrent librement sur son visage.
Il resta si longtemps prostré au sol que Shûhei devait déjà être rentré depuis un bon moment. C'est avec stupeur qu'il sentit un poids s'abattre chaleureusement sur ses épaules. Des bras puissant l'enlacèrent et il se coula dans l'étreinte réconfortante.
‑ Là, mon enfant, là. Laisse toi aller.
Ichigo pleura de plus belle. Il étouffa ses cris contre l'épaule de l'homme qui lui caressait affectueusement les cheveux.
‑ Maître Barragan…
Ichigo ne comprenait pas pourquoi c'était le vieil homme qui l'avait trouvé et pourquoi ses bras étaient si bons autour de lui. Cependant il ne s'attarda pas longtemps sur la question, préférant laisser libre cour à ses émotions.
Bien qu'étant âgé, Barragan conservait toute la force de sa jeunesse. Il passa un bras sous les aisselles du gamin et un autre sous ses genoux et le souleva sans effort. Sur le chemin menant à sa bâtisse, ils ne croisèrent qu'Uryû et d'un simple regard le vieil homme le découragea de s'approcher. En arrivant chez lui, Barragan déposa sa charge sur son futon. Il le laissa s'installer sous la couverture et lui apporta de quoi faire du thé.
‑ C'est moi qui devrais vous servir.
Le nez rouges et les yeux gonflés de larmes, le rouquin tenta de sourire à son maître mais son ébauche ne parvint pas à convaincre l'homme de le laisser servir à sa place. Sans un mot, il retourna à sa tâche et tendit une tasse fumante au jeune garçon. Celui-ci la prit timidement, appréciant la chaleur réconfortante de la porcelaine et l'arôme des plantes. Barragan vint le rejoindre et s'assit derrière Ichigo de façon à l'avoir entre ses jambes. Il se servit également et caressa tendrement les cheveux du jeune homme pendant qu'ils buvaient tranquillement leur thé.
L'instant s'étira et les esprits s'apaisèrent. Ichigo finit par s'adosser contre le l'homme derrière lui. Il se sentait bien, comme dans un cocon chaud et douillet. C'était un sentiment qu'il semblait n'avoir jamais connu. Avec sa maladie et toutes ces choses étranges qui lui arrivaient depuis qu'il était né, pas un seul instant il s'était senti en totale sécurité. Il regardait toujours par-dessus son épaule, guettant les dangers qui rôdaient autour de lui. Mais pas là, pas maintenant. Il était bien, détendu et il aurait voulu que cela ne s'arrête jamais. Pourtant il ne tint plus ses questions devaient trouver des réponses ou il risquait de sombrer dans la folie.
‑ Pourquoi ?
Barragan soupira longuement et prit des mains du jeune homme sa tasse. Il la posa avec la sienne sur une table basse non loin d'eux et reprit ses caresses sur le crâne du rouquin. Que dire à un jeune homme qui pensait qu'il l'avait condamné ?
‑ Il y a de cela bientôt trente ans, ta mère à commis un tabou : elle s'est emparée du bien le précieux que gardait le Yokaï. Depuis il ne pense qu'à retrouver ce qui est sien.
‑ Je ne comprends pas, pourquoi s'en prendre à moi ? Je n'ai rien qui puisse l'intéresser.
La voix d'Ichigo se faisait faible et le pauvre enfant était complètement désemparé.
‑ Est-ce qu'il fait cela pour se venger ?
Barragan soupira fort. Pour la première fois de sa vie, il perdait sa légendaire assurance et cherchait ses mots tel un jouvenceau.
‑ Non, parvint à répondre le vieil homme. Tout ce qu'il veut c'est récupérer son bien et malheureusement, tu en es devenu le propriétaire involontaire.
‑ Donc tout ce que j'ai à faire c'est de trouver un moyen de le lui rendre.
Le regard de Barragan sembla s'éteindre. Il tourna la tête, n'osant affronter le regard plein d'espoir que lui lançait l'adolescent. Seulement il n'a jamais eu pour habitude de fuir ce qu'il ne voulait pas affronter. D'une pression plus forte sur le crâne de l'adolescent, il l'attira contre lui et le serra de toutes ses forces, lui transmettant toute l'affection qu'il avait pour lui.
‑ Je suis tellement désolé, Ichigo. Malheureusement les choses ne sont pas aussi simples.
‑ C'est pour cela que vous vouliez me tuer ?
Les mots frappèrent l'homme en plein cœur. Il pouvait paraître monstrueux d'avoir proposé cette solution mais en toute objectivité il n'y avait pas de meilleure chose à faire. Qu'importe s'il était perçut comme un homme froid et cruel aux yeux des villageois. Mais face à ces yeux d'ambre il se devait d'exposer son point de vue, de lui expliquer ce qu'il voulait réellement car il refusait que son protégé le voie de cette façon. Il était sûr qu'Ichigo serait du même avis que lui si quelqu'un prenait le temps de lui expliquer clairement les choses.
‑ Je ne veux pas te tuer, oh non, jamais ! Je suis conscient de ne pas être suffisamment démonstratif avec les personnes qui me sont chères, mais sache que j'ai énormément de tendresse à ton égard. J'ai conscience que ce que j'ai dis ce jour là, au temple, était dur à entendre.
Ichigo eu du mal à déglutir. Il se sentait nauséeux à l'évocation de ce jour d'une part à cause des évènements du puits et d'autre part parce que la discussion qu'il avait surpris entre ses proches l'avait profondément abattu. Il resta pourtant silencieux, écoutant attentivement ce que son mentor avait lui dire.
‑ Depuis des siècles, le Yokaï habitant cette forêt s'en prend aux villageois. A son arrivée, les hommes n'avaient aucun moyen de se défendre et la Bête prenait un malin plaisir à tuer, laissant les hommes fonder une famille et transmettre leur fardeau à leurs enfants. Eux-mêmes se feraient tuer lorsqu'à leur tour ils auraient une famille. Ce fut un cercle sans fin pendant de nombreux siècles. Cependant un jour, sans qu'il y ait de raison, les massacres ont cessé au sein du village. Personne n'a jamais su pourquoi, du moins jusqu'à ce que Yoruichi trouve par pur hasard ce qui avait mis un terme aux tueries.
Le vieil homme fit une pause dans son récit. Ichigo en avait bien besoin la gorge nouée par le récit des heures sombres de leur histoire, il devait prendre du temps pour enregistrer tout ce qui venait de lui être dit. Toute cette partie n'était pas beaucoup évoquée par les adultes : ils se contentaient de leur rabâcher que la forêt était interdite d'accès, que c'était extrêmement dangereux et la terreur exultant d'eux suffisait à dissuader les plus téméraires d'y mettre un pied.
Il resserra son étreinte autour de l'adolescent et l'embrassa de longs instants sur le front. Il voulait le rassurer et lui apporter un peu de force pour ce qu'il allait lui annoncer par la suite. La chaleur du corps contre le sien fit du bien à Ichigo et il se blottit tout contre l'homme lorsque celui-ci reprit son récit.
‑ Le Yokaï était devenu le gardien d'une perle sacrée offerte par les dieux pour apaiser sa colère. Yoruichi a pensée qu'en créant une barrière protectrice autour du village et en la liant à la magie de la perle, alors le démon ne pourrait plus jamais s'en prendre aux villageois s'il sombrait de nouveau dans une folie meurtrière. Malheureusement la magie de la perle était bien trop pure et trop complexe, même pour Yoruichi.
‑ Mais alors pourquoi ne peut-il pas nous attaquer ? Pourquoi ne vient-il pas récupérer sa perle si rien ne l'en empêche ?