note : Je sais qu'un sacré paquet d'entre vous ont aimé cette histoire et je ne pourrais jamais assez vous en remercier. Si je suis allée jusque là, c'est uniquement grâce à vous car cette histoire était vraiment toute petite quand je vous l'ai proposé. C'était un projet de vous proposer un texte inachevé et de voir, jusqu'où vous m'amèneriez et ça a été une expérience vraiment géniale pour moi. A tel point que je me tâte toujours à recommencer !
C'était important pour moi de vous proposer une fin, un peu coûte que coûte et vous avez été nombreux à me dire que ... ben ... c'était pas une fin et qu'une suite serait la bienvenue. Un épilogue. Un mot de plus. En savoir plus. Je ne suis pas sûre que ce qui suit vous suffira, mais j'espère que ça aidera au moins un peu. Y'a des choses qui resteront ouvertes, car ... c'est peut-être pas plus mal ainsi.
PS : à chaque review me réclamant une suite, j'ai essayé de bosser sur ce texte et aujourd'hui, ça a été la review de Sesyl qui m'a poussé à le réouvrir, à le retoucher un peu, à retravailler des bouts et finalement à me dire : ok, ça vaut peut-être la peine de le publier. Tu vois tout peut arriver ! :)
J'espère qu'il vous plaira.
Les bruits du parquet
Le parquet n'était jamais silencieux. Il l'avait été, longtemps, sans doute trop, mais à présent, il chantait. Il chantait les personnes qui le foulaient du pied. Il chantait les petits genoux et les paumes qui le frappaient en cadence alors que bébé gambadait. C'était devenue une musique habituelle dans cette maison autrefois austère.
De temps en temps pourtant, l'ambiance se faisait plus froide. Plus électrique. Par exemple, quand Monsieur Harry Potter arrivait, en territoire conquis, et qu'il s'heurtait à la tranquille froideur de l'époux de son parrain. L'époux de son parrain … C'était ainsi qu'il le nommait quand il désirait rester poli, depuis que Sirius lui avait demandé de ne plus l'appeler « Malfoy ».
Souvent, Harry se disait que Draco avait gagné. Il s'était fait une place dans cette maison et dans le cœur de chacun. Assez pour que Ron intervienne en sa faveur et fasse preuve de compassion envers lui. Comme si ce que vivait Charlie aux mains d'un mangemort pouvait être similaire à la vie de Draco … Comme si Sirius avait été un bourreau ! Lui savait bien que ce n'était pas le cas … Il avait juste appliqué le traitement que l'on réserve aux putes, aux mangemorts en herbe et aux Serpentard. Draco avait même l'honneur d'accumuler les trois ! Alors, pour sûr, Sirius avait vraiment été généreux … Sirius avait tout simplement était juste ! Il l'avait traitait correctement.
Enfin ça, c'était avant Eridan … car depuis que le bébé était né, Sirius était différent. Comme s'il avait été touché par le souffrance de Draco, chose qui n'avait visiblement pas effleuré Harry, trop jaloux ou peut-être simplemnt trop anxieux à l'idée même de perdre sa seule famille.
Chaque confrontation entre eux se passait mal. Harry venait, rentrait ici comme si c'était chez lui parce qu'après tout, c'était effectivement chez lui et il comptait bien que Draco se pousse à son passage. Draco le faisait, mais il protégeait Eridan. La petite fille était ce qu'il y avait de plus sacré à ses yeux et il n'hésitait pas à dégainer sa baguette pour la défendre. Pas que ce soit réellement nécessaire, mais il le faisait quand même.
Ce jour-là n'y fit pas exception, les tensions étaient si palpables que Sirius lui-même se sentait mal à l'aise. Draco refusait de reculer ou de céder et Harry s'énervait. Il ne demandait pas grand-chose après tout … Juste à pouvoir s'occuper d'Eridan un moment sans l'avoir sur le dos à observer le moindre de ses gestes avant de lui reprendre l'enfant à la moindre ouverture.
Harry aimait bien la petite fille. Il tentait d'oublier qui l'avait conçue, qui était la mère, et Eridan devenait juste la fille de Sirius. Un nouveau membre de sa famille à lui. Il aimait l'idée que son petit cercle familial s'agrandisse.
- Eloigne-toi d'elle.
- Fous moi la paix.
Harry ravala le Malfoy qui lui brulait les lèvres. En le crachant, il aurait pourtant pu extérioriser une bonne partie de sa haine.
- Tu seras tranquille, dès que tu seras loin d'elle.
Le bébé regarda les adultes, sans comprendre pourquoi le ton était en train de monter. La situation l'inquiétait. Elle se tourna vers son père et rampa vaillamment vers lui. Papa protège de tout ! Draco récupéra sa fille dans ses bras avant de s'éloigner d'un pas lent, comme s'il n'était pas inquiet, comme s'il n'avait pas envie de partir en courant. La vérité, c'est qu'il n'aurait pas su où aller. Sirius aimait leur enfant. Et lui-même était marié à cet homme et respectait trop leurs coutumes pour imaginer partir réellement. Alors il marchait de ce pas égal vers l'une des rares personnes apte à calmer Harry.
Au fil des mois, il s'était fait bien des alliés inattendus. Si on lui avait dit pendant sa scolarité qu'il finirait par chercher à retrouver Ron autour d'un plateau d'échec, pour retrouver un peu de calme, il aurait surement rit.
Ron n'était pas vraiment un allié, mais il compatissait. Un sentiment des plus désagréables à supporter aux yeux du jeune père, mais il savait profiter de ce qu'on lui offrait. En l'aidant, Ron devait avoir l'impression de se racheter. Il croyait que son frère et lui vivaient la même chose … et tentait d'alléger ses peines. Ron se trompait. Etre marié à une personne respectant réellement les coutumes était un milliard de fois plus simple. Un Sang-Pur digne de ce nom n'aurait jamais laissé Harry s'approcher de leur fille contre son avis. Draco ne le lui dirait pas néanmoins car ce n'était que pure spéculation et les faux espoirs peuvent faire mal.
- Harry t'embête encore ?, chuchota Ron.
Draco s'assit en face de lui, devant le plateau, sa fille sur un genou. Elle était horriblement sage. Sans doute trop, mais elle avait tendance à copier le calme de son père. Elle aimait bien aussi, son autre père, Sirius, mais avec lui, elle criait beaucoup et s'amusait énormément. Lorsqu'elle avait envie d'un câlin ou de se sentir en sécurité, elle rampait jusqu'à Draco. Sirius trouvait ça triste, mais il ne savait pas vraiment comment faire. Depuis sa naissance, il faisait tout pour se rapprocher d'eux, mais il avait peut-être déjà commis trop d'injustice. Il avait peut-être été trop violent, trop de fois.
- Cela te convient si je prends les blancs ?, demanda Draco sans répondre à la question précédente, tant la réponse était évidente.
Ron hocha de la tête. Il préférait lui-même ouvrir la partie avec cette couleur et savait que Draco préférait voir cette ouverture et jouer en noir … Seulement, si Harry venait et il viendrait, il ferait à nouveau des commentaires. Ce n'était pas grand-chose, mais Draco tentait de diminuer ces situations dès que Sirius se trouvait assez près pour entendre. Il craignait que Sirius ne finisse par vraiment écouter Harry. Qu'il finisse par le croire et que la situation ne rebascule pour le replonger en enfer.
Ron observa le premier coup et les claquements s'enchainèrent sur le plateau alors que les pièces se retournaient les unes sur les autres pour se détruire avec fracas.
- Sirius a parlé de faire du Quidditch ce soir., murmura Ron.
- D'accord.
- Il serait heureux que tu acceptes de venir.
Draco leva la tête sans comprendre. Il devait s'occuper d'Eridan, il n'était pas question de la gardait dehors durant plusieurs heures, surtout après le coucher du soleil, dans le froid …
- Il aimerait que tu joues.
- Mais … qui ?
- Il va te proposer de la laisser à ma mère…
Draco grimaça, c'était le genre de situation hautement délicate à ses yeux. Il détestait laisser Eridan à qui que ce soit, mais il savait aussi que si Sirius lui proposait de venir jouer ou au moins y penser, c'était dans le but de les rapprocher. De devenir ce couple qu'ils étaient déjà censés être. Il remercia Ron de l'avoir prévenu, tout en soupçonnant son mari d'en avoir parlé devant lui uniquement pour qu'il l'informe … pour lui laisser un temps de réflexion et de préparation. C'était le genre de détails auxquels Sirius faisait de plus en plus attention. A croire qu'il n'était pas totalement hermétique aux manières des Serpentards. Ron reprit tout en bougeant une pièce :
- Mais je crois que McGo pourrait venir … Il le lui a demandé « au cas où ».
Ca aussi, c'était l'une des attentions assez nouvelle de Sirius, lui offrir le droit de dire non et plusieurs possibilités. Draco aurait pu trouver ça adorable, peut-être aurait-il dû, mais la situation était toujours compliquée de son point de vue. Il murmura :
- Echec.
Ron releva la tête, observa le plateau et eut un petit sourire. Draco le mettait de plus en plus souvent en difficulté. Ce n'était pas désagréable ! Il n'aurait jamais cru apprendre à aimer ces moments passés ensemble. Il observa Eridan, elle était en train de s'endormir sur les genoux de son père. Elle était adorable.
Il continua de jouer un moment, Harry arriva, comme toujours pour lancer des regards noirs au Serpentard et un sourire apparu sur ses lèvres en voyant Draco perdre la partie. Ron lui fit un sourire aussi, un sourire mi-compatissant, mi-encourageant. Draco finirait par le battre au rythme où il allait.
Quelques minutes plus tard, Sirius lui demandait de venir jouer. Draco n'avait pas envie pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il fallait qu'il confie Eridan. Durant tous ces mois il avait travaillé durement pour réparer l'attachement avec son propre enfant … Quand il avait compris que cette petite fille était vraiment sa fille, que son bébé n'était pas mort, il s'était senti tellement bien … Mais il avait vite dû admettre que cela ne suffisait absolument pas. Il parvenait à la regarder et à la frôler du bout des doigts, mais tout son corps semblait la rejeter. Un peu comme si chaque fibre de lui-même n'avait pas encore accepter ce merveilleux bonheur. Son corps lui hurlait que ce n'était qu'une illusion et au plus le temps passait, au plus il devait admettre que non. Pour une fois, la réalité était juste parfaite.
A plusieurs reprises, Sirius lui avait proposé de voir ses parents. Il semblait croire que ça l'aiderait à « aller mieux », mais Draco refusait. Il ne voulait pas leur montrer ça. Il ne voulait pas leur montrer à quel point il était faible et pathétique. La vérité, c'est qu'il avait honte. Honte de ne pas avoir su faire un meilleur cocon. Honte de ne pas avoir été capable de mieux la porter, plus longtemps au sein de son propre ventre. Honte d'éprouver des difficultés avec elle. Quel genre de parent a du mal à toucher son enfant ? Quel genre de parent ne le reconnaît pas instinctivement ? Il avait l'impression d'être un moins que rien.
Il avait fallu du temps pour qu'il la prenne plus volontiers dans ses bras, pour lui faire des câlins, pour se faire aimer d'elle aussi … et maintenant qu'il y parvenait à peu près normalement, la laisser le terrifiait.
Une autre raison qui l'amenait à ne pas avoir envie d'y aller été les joueurs. Sirius avait intégré une petite équipe locale, qui jouait en amateur, pour le plaisir. Draco ne les connaissait pas et il n'avait pas vraiment envie de les connaître. Il ne se dépatouiller pas encore de tous les membres de l'Ordre sans parler d'Harry et de tous ses amis … Ajouter de nouvelles têtes au paysage n'était pas pour lui plaire. Ca faisait vraiment beaucoup trop de monde pour lui.
Et en plus qui disait Quiditch, disait : jouer avec Harry ou contre lui. Il ne savait pas bien ce qui était le pire. Il se doutait qu'ils se disputeraient le rôle d'Attrapeur dans l'équipe de Sirius. Draco ne voulait vraiment pas se retrouver dans l'équipe adverse, dans le rôle de « l'ennemi ».
Pourtant, cachant habillement ses craintes, il fit un petit sourire et chuchota presque, tant sa voix était nouée :
- J'en serai ravi. Pensez-vous que Madame McGonagall serait d'accord pour garder Eridan le temps d'une soirée ?
Sirius lui offrit un magnifique sourire tout en lui disant qu'elle serait d'accord. Grâce aux informations de Ron, il avait pu proposer le nom qui lui plaisait le plus sans avoir à refuser l'autre. Ron pouvait vraiment être d'une aide précieuse. Même s'il semblait parfois tête en l'air, il anticipait souvent les problèmes.
Peu après que Draco ait confié sa fille à la nourrisse d'un soir, avec un millier de conseil, il tenta une approche douce auprès de son mari.
- Puis-je demander une faveur ?
Sirius hocha de la tête, mal à l'aise. Il craignait toujours ce qu'allait dire Draco. Il avait peur de devenir soupçonneux, à nouveau. Il avait peur de s'énerver, à nouveau. Il avait peur de lui-même …
- J'aimerai jouer dans votre équipe ce soir.
Sirius souffla, comme à chaque fois d'ailleurs. Draco savait glisser des demandes innocentes. Il savait comment l'amadouer. Ça avait pris du temps mais ils se comprenaient de mieux en mieux.
- D'accord !
- J'avoue que je ne sais jouer qu'au poste d'attrapeur …
- Oui, c'est ce que j'avais cru comprendre.
- Mais si vous préférez jouer … avec un autre attrapeur, je prendrai un autre poste. Il ne faudrait juste pas m'en vouloir de mes lacunes.
Le plus âgé compris soudain qu'accepter que Draco soit l'attrapeur de son équipe signifiait le refuser à Harry. Néanmoins, il jouait souvent avec son filleul et c'était la première fois que Draco viendrait. C'était tout un symbole. S'ils parvenaient à jouer ensemble, en équipe, … ce serait un tel pas en avant.
- Non, je suis content que tu viennes. Ce soir, tu joueras avec moi. On tournera peut-être une prochaine fois d'accord ?
Draco n'était pas d'accord mais il fit mollement « oui » du chef. Il refuserait toujours de jouer le rôle de l'ennemi. Il aurait simplement trop peur des conséquences s'il venait à l'endosser.
C'était étrange de se préparer à sortir. C'était étrange de voir Sirius venir déposer quelques affaires pour jouer au Quidditch, à son intention. Draco ne pouvait s'empêcher de penser au dernier match qu'il avait eu l'occasion de voir. La douleur le tiraillait alors et il se sentait si mal … Le chemin parcouru ne lui en parut que plus impressionnant.
Draco s'équipa, descendit embrasser sa fille puis la confia, le cœur lourd, à Minerva pour quelques heures puis enfin, il partit jouer. Bien-sûr Harry était mécontent. En colère même. Sirius le remarqua-t-il ? Il n'en dit rien.
C'est ainsi que pas après pas, ils devinrent une famille aimante, où grandit une petite maraudeuse serpentarde qui arpenterait bientôt les couloirs de Poudlard comme tant d'autres avant elle. En sautillant, elle ferait grincer les parquets du vieux chateau, elle le ferait trembler tout entier en ouvrant des salles secrètes oubliées et un jour elle serait l'une de celle à connaître chacune de ses pierres. En attendant, elle se faufilait habillement sur le sol d'une maison que bien des gens jugeaient sinistre, pour aller fouiller le sac de Minerva qui la récupéra rapidement pour la déposer plus loin, un sourire aux lèvres. Ce petit bout grandirait bien assez vite pour mettre son nez de partout.
Son père serpentard s'inquiéterait toujours pour elle, mais au fil des années, il pourrait le faire depuis une étreinte douce et rassurante. Il n'aurait plus peur des bras de son époux. Sirius aurait sans doute toujours du mal à accepter certaines choses. Des illusions et des blessures enfouies le feraient toujours souffrir mais faire grandir une famille ne le rendrait que plus fort.
Aux yeux de sa petite, il serait un roc, un pilier, un rocher impossible à ébranler. Un jour viendra où il lui apprendra à monter sur un balais et à virevolter dans les airs. Elle deviendrait une superbe animagus, question de tradition maraudeuse, expliquerait Sirius d'un sourire. La vie qui s'ouvrait devant eux n'était pas exempte d'ombres, mais elle serait douce au final, car peu à peu, ils apprendraient le bonheur ensemble.
FIN