Aussi cruel que ça puisse paraître on a tous un ami moins bien que nous et qui nous permet de nous dire "je suis mieux que lui". Mon ami comme ça c'est Armin (Cessez ces cris d'indignation, on le fait tous)

Mais voilà, je me suis demandé pourquoi (oui hein, pourquoi ?) Jean préfère Armin. Et lors d'une illumination divine (ou pendant que je faisais semblant de faire mes devoirs), j'ai eu la réponse. Je me prélassais (au début je voulais vraiment faire mes devoirs) tranquillement dans mon lit, en équilibre précaire comme d'habitude, tentant d'oublier mon muscle le plus téméraire qui s'enhardissait à l'idée d'une séance de pratique à l'horizontal avec Jean, le tout attendant la visite de mes meilleurs amis (oui, je vous sens perdre le fil, mais là, je raconte juste comment j'en suis venu à ne plus être con)(laissez tomber, je le suis toujours) Et là, j'ai la réponse.

Armin fait de l'haltérophilie depuis ses onze ans, et si jusqu'alors on voyait pas en quoi ça allait lui servir dans la vie (à part à monter un pack d'eau sur les quatre étages qui mène à l'appartement de son grand-père), maintenant, dans les vestiaires pour aller en sport, c'est un silence religieux qui s'installe devant la sainte vision des Seigneurs abdos.

Je vais arrêter le chocolat. (oui, je complexe, arrêtez de rire)(puis j'aime pas le chocolat, je vais plutôt arrêter les frites)(j'aime pas les frites non plus en fait.)(je vais arrêter les pommes.)

Armin fait une tête de moins que moi. Dieu a du s'en vouloir de lui infliger ça car, maman, papa je vous déteste, il lui a offert ce dont toutes mes personnalités rêvent (oubliez que je viens d'avouer que je suis schizophrène), et non, je ne parle pas de cerveau.

Aussi, on ne m'en voudra pas si je continue de pleurer mon désespoir dans mon oreiller. Dieu m'en veut, c'est certain, il ne m'aime pas et ne m'aimera jamais.

Je vais noyer mon chagrin dans l'alco- les dragibus (je reste raisonnable malgré les épreuves que j'endure).

Toujours est-il que je déteste Armin. (non, c'est pas sincère, c'est juste qu'en ce moment je fais une fausse dépression parce qu'il est neuf heures et que j'ai la flemme d'attendre treize heures qu'il arrive avec Mikasa.)

DIIING DOOONG. (c'est pour romantiser, en vrai, ma sonnette fais quelque chose comme 'TITIDODIDOUDING')

Ok. quel genre de personne peut bien venir sonner à la porte un dimanche matin. (à part un témoin de Jéhovah ?)

Attendez.(nan mais continuez de me suivre vers la porte.) Pourquoi je suis déjà réveillé ? (tiens, c'est vrai ça.) C'est dimanche, dimanche c'est dodo. (Ah, oui, mon père qui a foutu un bordel monstre en se levant à sept heure...) Bref, on s'en fout. (Oui, actuellement je me tiens très fortement à la rampe d'escalier parce que j'en ai marre de tomber. Non, je n'ai pas peur que mon cheval en peluche me pousse lorsque j'ai le dos tourné. J'arrêterais peut-être de regarder derrière moi quand ledit cheval en peluche ne sera plus de ce monde.)

Quand on parle de cheval.

Devinez qui est l'idiot qui vient sonner chez moi un dimanche matin (oui, j'appuie ce point, ça me paraît important.)

Jean-bon. (Ok Sentule, c'est de pire en pire ces derniers temps. Quel genre de traumatisme as-tu vécu pour faire ce genre de blague ? Non, le fait de vivre dans ma tête n'est pas une raison suffisante.)

-Yo.

L'est marrant le Jean, (et j'avais jamais capter qu'il était aussi grand, il fait au moins deux, ok cinq, centimètres de plus que moi. Pourquoi lui il a le droit d'être grand et moi pas ? J'étais sûrement un tueur en série dans une autre vie.) mais on vient pas déranger les gens qui se morfondent dans leur lit un dimanche matin.

Quoi ? Si on peu ? Pourquoi j'apprends ça que maintenant moi ?

-Je me doute que je suis extrêmement beau et que tu aimes me regarder, mais, au cas où tu n'aurais pas remarqué, il pleut et la moindre des politesses serait de m'inviter à entrer.

-Pourquoi je dois t'inviter ? T'es un vampire ?

Oui, moi aussi je me demande comment j'en suis arrivé à cette conclusion (Fut un temps ou Mikasa m'obligeait à regarder Vampires Diaries avec elle). Et pourquoi il parle bien tout d'un coup le Kristein ? (d'ailleurs, pourquoi il est réveillé un dimanche à neuf heure ?)

-Euh, non.

-Ok, cool, entre.

Du coup il entre et je n'en profite absolument pas pour mater son cul lorsqu'il passe devant moi. (Pourquoi vous ne me croyez pas ?) On va directement dans la cuisine parce que le salon est zone sinistrée depuis hier soir. Vers minuit, ma mère a décidé qu'elle voulait repeindre le meuble télé et le mur du fond. Même si vous ne savez pas à quoi ressemble notre meuble télé ni de quel mur du fond je parle, je précise juste que c'était une bonne initiative, mais qu'elle aurait pu faire ça un autre jour quand même.

Et puis j'ai faim.

-Tu veux manger quelque chose ?

-Ouais.

En farfouillant dans les placards et en regardant dans le frigo je me rends compte qu'il serait vraiment temps que la fée qui rempli les placards quand ils sont vides viennent remplir les nôtres. (Comment ça il n'y a jamais eu de fée ? Mais qui rempli les placards alors ?)

-Il nous reste des croûtons de pain qu'on met dans la soupe et de la sauce salsa.

C'est moi où on se regarde dans les yeux depuis vachement longtemps ? Pourquoi on se regarde dans les yeux en fait ? On parlait pas de soupe et de Doritos y'a cinq secondes ? Et non je ne faisais pas seul la conversation.

-Vas-y, passe.

Donc finalement on se regarde plus trop et on mange des croûtons de pain trempé dans de la sauce salsa.(C'est que c'est dur à mâcher tout ça.) Un dimanche à neuf heure du matin. (D'ailleurs, qu'est-ce qu'il fait là dans ma cuisine à manger des croûtons de pain à la sauce salsa un dimanche matin ?)

-Pourquoi t'es là ?

-J'ai fugué.

-Tu as fugué...

Il a fugué. En même temps, quand on connaît sa mère, des raisons de fuguer on en trouve à la pelle. (pourtant je ne l'ai rencontré qu'une fois, c'était sans doute la fois de trop.)

-Ce matin ?

-Ouais.

-Nan, je veux dire, un dimanche matin ? Là maintenant ?

-Ben, ouais. Mais t'inquiète, j'ai prévenu ma mère.

-Tu as prévenu ta mère...

-Ouais, pour pas qu'elle m'engueule trop quand je rentrerai.

-Mais tu lui as dit quoi exactement ?

-Ah, ben un truc du genre... « De toute façon, tu veux toujours que je range ma chambre, j'en ai marre, j'me casse. »

-Et c'est tout ?

-Ouais. 'Fin, nan quand j'étais sur la route elle m'a envoyé un message pour savoir ce que je voulais manger ce soir. Puis comme c'est toi qui habite le plus près de chez moi et que j'avais la flemme de marcher, j'ai tenté.

Parfois, il suffit que je discute avec Jean pour me rendre compte que, j'ai beau être con, y'a vraiment des cas désespérés.


-Boooon.

-Booooooon.

On est dans ma chambre (le couloir était trop petit pour qu'on se regarde dans le blanc des yeux sans se sentir opressés.). Parce qu'on s'apprête à faire le genre de chose qui ferait faire un infarctus à ma mère si elle nous voyait. Et, même si elle est chiante parfois, je l'aime ma mère. Puis on a l'air vachement cons, là, avec Jean, à se regarder dans le blanc des yeux.

Avec mon ex, ça coulait de source (Oasis. Placement de produit.), c'était quasiment devenu un réflexe de s'embrasser. Mais là, c'est Jean. C'est trooop bizarre. C'est tout de même la seule fois dans ma vie que j'embrasserai un cheval. (Ne faites pas comme si vous étiez indignés, je vous entends rire.)

-Bon bon bon...

-Bonbonbonbonbon...

-Booooooooooooooooon...

-Faut vraiment qu'on arrête, on l'air encore plus cons.

-Ouais. On... s'assoit ?

Il hoche la tête en tordant sa bouche dans une moue qui veut dire « merde mais qu'est-ce que je fais ? » (Oui c'est vrai, qu'est-ce qu'on fait ?) Il fait toujours des tas de trucs bizarre avec sa bouche. Parfois, en cours, il suce le bout de ses stylos aussi (Hahum). Et après on me traite de pervers. Bref, on s'assoit sur le bout du lit, lui a un mètre de moi (histoire qu'on reste en équilibre.). Ok. Il flippe. Il va se pisser dessus. Mais je vais pas le bouffer non plus (ou juste un peu.). Je me rapproche en mode discret ou pas ? (ouais, ou pas, j'ai la flemme d'être discret)

-Je vais te rouler une pelle, ok ?

-Je crois...

-T'as le droit de toucher tout ce qui se trouve au dessus de ma ceinture.

J'ai pas de ceinture, je suis encore en pyjamas, mais Jean n'est pas du genre à faire remarquer ce genre de détails.

-T'as pas de ceintu-

Jean est un enfoiré. Point.

-Ok. Juste, fais un effort quoi, je fais ça pour toi.

C'est dans ces moments là que je me dit que je suis un vrai pote. (non, je ne profite pas de Jean, non, je ne souille pas son innocence, non, ceci n'est pas de l'auto persuasion.)

Bon, pour la pelle, on repassera. Il a sa bouche collée contre la mienne et il se passe absolument rien. L'est pas doué c'lui là.

Je vais lui frapper le front.

-Aïe ! Espèce de ! Pourquoi t'as-

-Juste, t'as jamais embrassé ou quoi ? C'est quoi ton délire de la boite de pandore ?

Il rougit. Fort.

Est-ce que je me moque de lui ou je le prends en pitié avec sa lèvriginité ? (oui, moi aussi je pense qu'il faut que j'arrête de regarder la télé.)

-C'est vraiment ton premier baiser ?

-Bah, on s'embrassait avec Ymir sous le toboggan dans la cours en maternelle quand on jouait au papa et à la maman.

Chouette.


Je sais pas comment, mais après avoir réussi à lui faire ouvrir la bouche et avoir rendu notre entraînement buccale plus intéressant, Jean à réussi à me retirer mon t-shirt. Ça fait une heure qu'on se lèche les amygdales et je suis sûr qu'y a pas qu'avec Armin qu'il a hâte de recommencer.

On a décidé d'arrêter quand il s'est retrouvé allongé sur moi (en mode super couverture). On aurait pu continuer mais c'était comme si Dieu nous envoyait un message en nous faisant tomber du lit. (Je vous ai déjà parlé de mon lit et du con qu a trouvé ça intelligent de le faire tenir sur une barre seulement ? Ben, là, on était tous les deux à droite et là BOUM ! Voilà)

Du coup, il fouille dans mes affaires en faisant semblant de s'intéresser à mes mangas pendant que je parle tout seul (je lui parle de la reproduction des rhinocéros), parfois il hoche la tête aussi.

-Eren...

Là, il fixe la fenêtre comme si le clown de saw allait venir le tuer.

Ce qui est peut-être le cas, je ne connais pas les ambitions de ce clown.

-Quoi ?

-Y'a un type bizarre qui me fait un grand sourire et agite sa main depuis la fenêtre d'en face...

-Il a beaucoup de dents ?

-Bah, ouais, plutôt.

-Ah, c'est Marco, t'en fais pas.

Je m'avance vers la fenêtre et l'ouvre pour dire bonjour à Marco.

Pendant que je beugle des banalité pour que mon voisin m'entende (on se communique la nouvelle cachette du doudou éléphant de Hugo, la poubelle des toilettes), Jean trouve judicieux d'aller se planquer dans les toilettes. Ma mère en profite pour venir voir ce qu'il se passe.

-Pourquoi tu crie comme ça ?

-Je parle à Marco, regarde.

Du coup, elle regarde à la fenêtre et quand elle voit Marco, elle se met aussi à beugler des banalités pour le saluer et savoir comment va la vie tout ça tout ça avec Victor et Hugo. (Bien si, en croit les hurlements et pleurs qu'on peut entendre jusqu'ici. Apparemment, il reste que des BN mais Hugo veut des Spéculos ou « lulosshe » comme son âge le lui fait dire.)

-Bonjour madame Jeager.

Ah, Jean est revenu, ma mère lance le regard « puis-je savoir ce que fais ce jeune homme dans ta chambre un dimanche matin et qui il est ? » (surtout ce qu'il fait dans ma chambre, elle doit se fiche de qui il est.)

Comme j'aime bien embêter ma mère, je lui dit que c'est mon petit ami et qu'il restera déjeuner.

Elle sort en titubant alors qu'elle prend conscience que j'ai un petit ami (ledit petit-ami m fait le regard « tu vas mourir dans d'atroce souffrances »), qui est devant elle et qui existe pour du vrai pas comme celui que j'avais en maternelle quand elle trouvait ça mignon que je m'invente un ami imaginaire qui m'apprend à faire des bisous. Puis Jean me frappe à l'épaule en me demandant pourquoi je raconte des conneries.

Après une heure de parlementation (même si ce mot n'existe que dans ma tête), de persuasion (dans la tranche de la lettre 'P' du dictionnaire) et de regard de chien battu, j'arrive à le faire céder.

Je l'entends même marmonner un « petit ami mon cul oui » quand je lui vole les saucisses de sa carbo' dans son assiette à midi.

J'aime pas les lardons, mes parents s'adaptent.

-Oh, Eren, Sophie a appelé, elle demande si on passe Haloween avec eux cette année. Ton père avait déjà prévu de m'emmener, tu veux venir ?

Faut pas s'y fier, au grand sourire de ma mère, elle déteste Sophie.

En fait, c'est une histoire compliquée, mais je suis sûr que vous voulez la connaître alors je vais la raconter.

Hahum.

Mon père est né à Paris, il a fait ses études de médecine là-bas (ça doit être les vapeurs de polutions qui l'ont rendu plus intelligent), il avait dix neuf ans quand il a rencontré Sophie, belle grande blonde avec l'ambition de devenir dentiste (même si je ne vois pas quel genre de personne peut bien se réveiller un matin en se disant « j'ai l'ambition de devenir dentiste », concrètement, les dents, c'est pas ce qui a de plus excitant). Ça a été le coup de foudre (ou de klaxonne dans les bouchons), résultat, un an plus tard, elle accouchait de Thomas, mon demi-frère, et le mariage était repoussé. Dix ans, un mariage et cinq gosses plus tard, l'amour avait pris un billet pour Singapour et Sophie reprenait ses études. Le divorce s'était fait à l'amiable, et la dépression de mon père dans le Nord. Il avait trouvé une place à Lille. Keith, un collègue de mon père l'avait emmené dans le restaurant d'un ami après une visite de la ville, et là, boum ! Il percute la serveuse, coup de foudre (encore). Ils ont treize ans d'écarts (treize centimètres de différence) et ils viennent à peine de se rencontrer qu'elle tombe enceinte. Neuf mois plus tard, je naissais. Elle est pas belle le vie ?

Sinon, j'ai la chance de passer tout mes Noël dans l'ambiance électrique qu'imposent ma mère et Sophie. Et j'ai envie d'arracher les yeux de la moitié de mes demi frères. Nan, pas de filles, c'est pas dans les gènes des Jeager parait-il.

-Bah, justement, je voulais t'en parler. (Je pointe vers elle ma fourchette pour avoir l'air convaincu par ce que je raconte.) Haloween c'est une fête importante et j'avais prévu certaines chôôses (là, haussement de sourcils suggestif) avec une certaine personne (là, regard très peu discret en direction de Jean)...

-Ok. C'est bon, j'ai compris.

Je ménagerai ma mère le jour où elle arrêtera de soudoyer Mikasa pour qu'elle me fasse devenir hétéro. Même s'il faut pour cela que Jean s'étouffe avec ses coquillettes et que ma mère manque de combustionner. (Même si le verbe combustionner n'existe pas.)


-Oh ! Salut Jean !

Je pourrais passer des heures à rire de l'expression d'horreur absolue mêlée à celle de béatitude complète qu'a eu Jean en ouvrant la porte de ma chambre pour tomber sur Armin. (Il ne lui est pas vraiment tombé dessus, mais ça aurait pu si Jean avait été ma peluche cheval qui est tombé sur Armin quand celui-ci s'était installé sous mon étagère.)

Ouais, finalement, Jean est resté après manger pour que je m'entraîne à le battre à mortal combat. (Vainement, malheureusement.) Il a gagné les treize parties. Mais je crois que j'ai oublié de le prévenir qu'Armin et Mikasa devaient venir. (Ça m'était sorti de la tête aussi.)

-Qu'est-ce que tu fais là ?

Je ne sais pas si je dois me sentir viser par le regard apeuré de Jean et venir à son secours...

Bon, ok.

-Il a fugué.

-Mais j'ai prévenu ma mère, ne t'inquiète pas.

-Ouf, ça me rassure.

C'est à ce moment que je me demande lequel est le plus idiot des deux. (Armin est censé être un génie. Mais apparemment on ne peut pas avoir un esprit logique et être bon en maths.)

-Oui, mais pourquoi chez Eren ?

Bonne question.

-Parce que c'était le plus proche de chez moi.

Après on s'installe tous en cercle sur le sol de ma chambre en mettant Jean au courant de notre intention de teindre les cheveux d'Armin en vert. Il a pas l'air super emballé par l'idée mais est d'accord pour nous aider. Il est toujours partant quand il s'agit de faire une connerie. (surtout quand il s'agit de faire une connerie. A se demander quel âge il a. Eh, ne me regardez pas comme ça, moi je suis extrêmement mature. Ou presque.)

Embrasser Jean (Par surprise, certes. Mais ça a pas semblé le déranger plus que ça.) semblait être une bonne manière de leur faire comprendre qu'on était vraiment ensemble, que c'était pas juste une blague, et Armin s'est mit à rire en disant qu'il le savait, que ça crevait les yeux qu'on s'aimait et tout le bordel. Je sais pas trop ce qu'il a fumé, mais je veux bien qu'il me donne le numéro de son dealer. Mikasa a un peu essayé d'appeler le Samu pour voir si j'allais parfaitement bien, ensuite elle a proposé à Jean de toucher sa poitrine pour voir s'il n'était pas juste sous l'effet d'une quelconque drogue que je lui aurait fait ingurgiter.

La confiance règne.


Regard perplexe de ma mère.

-On peut tout t'expliquer.

Haussement de sourcil dubitatif.

-Vraiment.

Quand elle se retourne et ferme la porte, je comprends que même avec toutes les explications vraiment approximativement crédibles du monde, mon adorable maman restera traumatisée à vie. (J'avais la main sur les fesses de Jean quand elle a ouvert.)

Honnêtement, quand on voit la couleur sur la boite, on pense que c'est discret (Et là, à ceux qui se disent « du vert ? discret ? » je dirai : absolument.). Mais je pense que la réaction de Armin face au miroir est plus ou moins légitime. (Il pleure je crois. Et pas de joie.)

-C'est indubitablement et horriblement moche.

Jean hoche à mes paroles pleines de sagesse.

Il se peut que la salle de bain ne ressemble plus à rien. Mais quand j'ai cassé la douchette (vous savez, y'a le gros pommeau et la douchette, ben celle là) en la balançant sur Jean (parce que j'avais besoin de le frapper après qu'il m'aie insulté de "eau osmosée") et que la dite douchette se retrouva eau contre mur, je me suis dit que j'aurais du attendre d'avoir fini de rincer les cheveux d'Armin.

Et, concrètement, qui est l'imbécile (pas moi, non) qui a cru qu'il était possible de faire tenir quatre adolescent dans une pièce de cinq mètre carré à tout casser sans qu'il n'y ai de la casse ? (je reste persuadé que le miroir est tombé parce qu'il a eu peur des cheveux d'Armin).

Mikasa prend des photos (pour que plus tard, on se souvienne de notre stupidité adolescente) et Jean essaye de réparer le sèche serviette. (Il ira pas loin avec le sèche cheveux comme marteau.)

Et je ne suis absolument pas trempé. Non, pas moi. Mais le sol oui.


Armin et Mikasa sont repartis vers dix huit heure, après m'avoir à leur tour ridiculisé. Sur Mario Kart cette fois. Et Jean est resté. Parce que pour le goûter son père a fait des crêpes. Et quand son père fait des crêpes, vaut mieux être à l'abri. (Ces choses sont capables de te casser une dent. Jean m'a montré une de ses molaires qui a littéralement fuit hors de sa bouche quand une des merveilles culinaire de son père a tenté de l'étouffer.)

Ensuite il a commencé à se morfondre "Armin ne m'aimera jamais blablabla", "Armin est un idiot blablabla", "De toute façon je peux trouver beaucoup mieux blablabla" (n'oublions pas que son actuel petit-ami, même s'il s'en fiche un peu, aimerait qu'on respecte son statu de petit-ami), "En plus il ressemble à un extra-terrestre blablabla"...

J'ai pas eu le cœur de lui dire que, techniquement, Mars n'était pas sur Terre elle peut être considérée comme extra-terrestre et que si on considère cet exemple, je ne trouve pas de particulière ressemblance entre une planète connue pour être rouge et un être humain. Il voulait sans doute dire alien puisque selon les films américain, les aliens sont de petits bonhommes vert ou gris, demandez à google image. (A la limite, il aurait pu se contenter de dire qu'Armin est étrange.)

Quand ma mère est rentrée des courses elle nous a regardé discuter en plissant les yeux, comme si elle attendait que Jean s'en aille pour me remonter les bretelles (Même si je n'ai même pas de ceinture). A quel propos ? Bonne question.

Du coup j'ai proposé à Jean de dîner avec nous. Malheureusement il a refusé. Ouais, ce soir son père fait des pâtes, et s'il arrive à rater des crêpes, pour les pâtes, il est pro.

Quand j'ai refermé la porte derrière lui, je me suis retourné vers ma mère avec mon expression "je suis l'enfant le plus adorable du monde" puis je me suis souvenu que depuis que « mes choses d'en bas » sécrètent des hormones, si je ne me rase pas tout les trois jours, j'ai un début étrange de pilosité faciale informe et affreuse qui rend ma bouille "je suis l'enfant le plus adorable du monde" tout simplement ridicule.

-Un petit- ami ?

J'ai remarquer que si je hoche vigoureusement la tête, ma mère a tendance a secouer vigoureusement la tête (essayez, ça marche à tout les coups), comme quand j'étais petit et que j'étais persuadé qu'après le 'g' il y avait le 'p' dans l'alphabet. (Et je l'ai été jusqu'à mon entrée en primaire, c'est pour dire à quel point j'étais buté.)

-Depuis ?

Apparemment rajouter le 'quand' était bien trop compliqué.

-Dix heure douze je dirais.

Quand elle se met à secouer vigoureusement la tête pour déplorer ma réponse, je hoche vigoureusement la mienne, pour m'amuser.

Puis elle soupire.

-Ça va durer longtemps ?

Je hausse les épaules. Elle dit ça comme si le fait que j'ai un petit-ami soit un genre de blague pas drôle. Je sais pas si je dois me vexer.

-Sans doute jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'Armin n'est pas gay.

Elle pince les lèvres en même temps qu'elle ouvre un paquet de chips. Poulet, j'aime pas. Je suis sûr qu'elle a fait exprès pour avoir un paquet à elle toute seule.

-Si jamais vous...

Elle me regarde bizarrement.

-Vous faites...

Je sais de quoi elle veut parler, mais je m'amuse alors je ne lui mâcherait pas le travail.

-Tu sais...

-Non.

-Mais si, ces choses que les gens comme vous font...

-Tu veux dire les êtres humains ?

Si j'avais été hétéro, la discussion sur le sexe serait intervenue quand j'avais onze ans et ça aurait été mon père, le médecin que rien n'embarrasse, qui s'y serait collé. Juste gênant pour moi et amusant pour lui.

Je préfère de loin cette situation. Gênant pour ma mère, amusant pour moi.

-Oui, enfin, tu sais, les gay c'est pas pareil...

Je prends un faux air indigné. (Oui, je suis très peu crédible.)

-Maman, est-ce que tu essaye de me parler de relations sexuelles ?

Elle semble paniquer et quand son regard arrête de passer du micro-onde au grille pain, elle choisie la solution de facilité (: La phrase bateau.).

-Juste, protégez-vous d'accord ?

Je lèves les yeux au ciel.

-Maman, la télé me l'a déjà dit ça, et tu sais très bien que j'écoute toujours la télé.

C'est à son tour de lever les yeux.

Pour changer de sujet, elle me propose des chips. Mais il est dix neuf heure, on est dimanche et je suis debout depuis sept heure.

Je préfère aller me coucher.

Pa' m'a promis un gratin de courgette demain soir.