Mot de l'auteur : Le chapitre commençant à dépasser les trente pages, je me suis résignée à le couper en deux. Donc voilà, sans attendre plus, je vous mets en ligne la première partie ! C'est forcément plus court que d'habitude, mais j'espère que ça vous plaira en attendant la deuxième partie.

J'aurais aimé avancer plus vite et mettre à profit cette période de confinement imposé – d'ailleurs j'espère que vous allez tous bien ! – mais comme je l'ai marqué sur mon profil, j'ai attrapé cette vilaine saloperie moi-même et alors que j'avais pris un bon départ de course ça m'a un peu coupé les pattes, sur quoi s'est rajouté en plus mon problème de santé récurant. Mais je vous rassure, je vais bien maintenant et j'essaie d'écrire autant que possible sur cette histoire et Chevaucher le Vent.

C'est dans ces moments-là que j'apprécie le plus tous vos gentils messages, ça me rebooste aussitôt, alors merci beaucoup ! Je les lis toujours avec beaucoup d'attention !

Chapitre 3 : La somme de nos erreurs - Partie 1

Cher Drago,

La Bretagne est merveilleuse en aout, tu devrais penser à y faire un séjour à l'occasion. C'est un véritable décor de carte postale avec ses criques, son ciel toujours changeant et ses grands espaces dénués de présences humaines qui, pendant un instant, donne l'impression que tu es la seule personne au monde. Je ne le pensais pas, mais c'est étrangement relaxant d'être juste, tu sais, seule au milieu de nulle part. Cela remet en perspective les choses.

Même si ce n'est certainement pas comme cela que je vais me trouver un riche héritier à épouser.

Ta famille a été adorable de m'héberger, même si le Château de Mortefallaise est loin d'avoir la splendeur et le confort du Manoir Malefoy. Je ne suis plus si étonnée que ton cousin lorgne sur ton héritage. C'est, faute d'autres mots, très médiéval. Poudlard en plus petit et en moins féérique et avec ton Grand Père pour trôner dans la Grande Salle comme si on était encore à l'époque des seigneurs et de leurs serfs. Deux des plus énormes cheminées que j'ai pu voir et une véritable meute de chiens qui trainent autour de vieilles dames occupées à divers travaux de coutures ou de cuisines. C'est une ambiance très spéciale.

Après, c'est certain, le domaine est immense. Ce qui explique pourquoi je passe autant de temps à l'arpenter à pied ou à cheval, parfois accompagnée de ta cousine. Je m'entends très bien avec Ariane et nous nous apprenons respectivement de nouveaux mots anglais et français. Il faut dire que nous nous comprenons bien, sentimentalement parlant. Nous avons toutes les deux commises un jour l'erreur de tomber amoureuses d'un grand et magnifique idiot blond si gay que j'aurais dû le deviner bien plus tôt. Mais, vraiment, c'est mon erreur. Tu avais raison, le fait que nous ayons les même gouts en terme de joueur de quidditch aurait dû me mettre la puce à l'oreille.

Dans une semaine, je pars faire une excursion le long de la Loire et de ses châteaux. Je reprends ensuite le bateau au port de Saint-Nazaire direction du Pays Basque, je t'enverrais surement un hibou de là-bas.

Pendant ce temps-là, je m'attends à ce que tu prennes soin de toi, même si ta situation est difficile et que tu doutes de toi. Tu sais que je suis toujours de ton côté.

Tout mon amour,

Ta Pansy.

Oo0O0oO

Hermione était une lève-tôt. Et une couche-tard. Elle n'avait pas encore résolu l'équation qui lui permettait de rester éveillée avec aussi peu d'heures de repos, mais le café qui gargouillait dans la cafetière y était sûrement pour quelque chose.

Pattenrond fixait l'objet comme s'il s'agissait d'un ennemi personnel, tassé en un bloc sur un bord de la table à manger de la cuisine. A côté, sa maîtresse grignotait distraitement une biscotte nature en lisant le contenu d'un parchemin, tandis que sa brosse à cheveux faisait d'elle-même son chemin dans ses boucles.

D'aucuns diraient que c'était une horrible façon de s'occuper de ses cheveux, mais elle n'avait pas de temps pour ça. Pas le temps non plus pour s'arranger un vrai petit déjeuner ou même un repas en général. Et pas le talent non plus. Ron était plus capable qu'elle dans une cuisine, c'était dire.

Le café brûlant jaillit dans la tasse et son chat fêla avant de déménager d'un bond sur une chaise. D'une main aveugle, Hermione tira à elle une gamelle et y versa des croquettes. La déposant à terre, les yeux toujours fixé sur son papier, elle attrapa l'animal et le serra contre elle affectueusement avant de le laisser tomber devant son petit déjeuner et de récupérer sa tasse.

Elle était consciente d'à quel point sa façon de vivre était inélégante aux yeux de la société sorcière pour une jeune femme n'ayant aucune proposition de mariage.

« Un vrai tue l'amour » avait scandé Hannah en la fixant avec horreur (et apparemment aussi l'esprit plein de bonnes intentions… Mais l'enfer n'en était-il pas pavé ?) la dernière fois qu'elle l'avait rencontrée au Chaudron Baveur après le travail. Et de s'entendre parler de ce que faisaient les autres filles qui étaient entrées au Ministère. A savoir le « triplet serdaigle » Mandy Brucklehurst, Su Li et Morag MacDougal, respectivement au département des accidents et catastrophes magiques pour les deux premières et au département des jeux et sports magiques pour la dernière.

Ah, et elle oubliait la commère et meilleure amie de Hannah, Megan Jones, qui hantait désormais le niveau 6 du Ministère, le département de Percy Weasley aux transports magiques.

C'est-à-dire que Megan était actuellement l'une des stagiaires chargés de surveiller le réseau d'entrée et de sortie des Cheminées du Ministère et qu'à cause de cela, elle voyait et analysait Hermione tous les jours.

Bien sûr, Hermione faisait peut être une fixation. Peut-être que Megan ne faisait pas des rapports journaliers à Hannah au sujet de son manque d'élégance, de grâce et d'attention envers la gente masculine afin de devenir la futur Mrs-quelque-chose comme le faisaient tant d'autres sorcières en manque d'engagement tous les jours.

… Mais dans ce cas-là, Hannah était étrangement bien informée.

Hermione renifla légèrement en passant justement devant Megan qui vérifia son badge et sa baguette avec un petit sourire qui sonnait faux.

-Bonne journée Miss Granger, chantonna-t-elle alors que ses yeux restaient fixés sur les collants bruns qui dépassaient des pans de sa robe de fonction.

Elle se demanda alors si l'autre jeune femme était capable de voir le trou qu'elle avait au-dessus du genou droit – techniquement caché par sa jupe crayon- ou si elle trouvait tout simplement le choix inadéquat ou démodé.

Puis, presque immédiatement, et comme tous les matins, elle se demanda pourquoi elle s'imposait ça. Elle ne fréquentait Hannah que parce que Neville était un bon ami, et après tout ce temps, il fallait juste qu'elle se fasse à l'idée qu'elle ne pourrait jamais être une fille-à-filles. Elle était une fille-à-garçons. A une exception notable et bienheureuse qui lui fit esquisser un sourire dans l'ascenseur.

Susan.

Susan était comme elle. Elle aussi à Poudlard avait trainé avec un groupe de garçon. Elle aussi se fichait de la façon dont étaient arrangés ses cheveux et la façon dont tombaient ses vêtements. Elle ne portait pas de maquillage et ne faisait pas les yeux doux aux célibataires.

Elle était volontaire, avait son avis et n'hésitait pas à le faire entendre. D'ailleurs elle se disputait souvent avec Harry, même si ce n'était jamais excessif. Un peu comme s'ils caressaient tous les deux leurs divergences d'opinions.

Hermione, elle, aimait à se voir comme un point neutre.

Théodore Nott, dans ces moments, semblait aimer se voir comme un meuble.

Si Hermione voulait bien se reconnaitre une sorte de point de ressemblance avec l'ex serpentard, c'était dans leur désamour pour les conflits. Mais là où elle adorait monologuer de façon interminable et maladroite pour faire valoir son point de vue d'accommodation, Théodore ne laissait rien échapper et en général continuait à travailler comme pour leur faire sentir le poids de l'inutilité de se disputer sur quoique ce soit.

Ce qui ne lui semblait pas très constructif.

Mais au moins, il était travailleur.

Peut-être, trop.

Arrivée à l'entrée de leur bureau, elle le trouva à nouveau en train de s'installer comme s'il s'était arrangé pour calculer à la seconde près le moment où Hermione arriverait et devrait toujours la précéder. Elle avait pourtant changé plusieurs fois son horaire !

Mais non, rien à faire, elle le retrouvait toujours en train de pendre sa robe sur le dossier de sa chaise et de sortir méticuleusement son matériel d'une sacoche pour l'aligner comme un mathématicien sur son coin de table.

Etait-ce une sorte d'injure subtile à son encontre ? Une façon de lui démontrer sa supériorité comme l'avait autrefois fait Drago de façon bien plus tapageuse ? Elle commençait vraiment à le croire.

Inspirant profondément pour prendre sur elle, Hermione entra en essayant de ne rien en laisser paraitre.

-Bonjour Mr Nott, lança t'elle fermement avant de commencer à s'installer tout aussi scrupuleusement.

L'homme en face leva la tête, avec toujours un peu l'air d'un hibou surpris, avant de l'observer attentivement avec un visage indéchiffrable et de lâcher doucement :

-Bonjour Miss Granger.

Il remua légèrement et regarda ailleurs.

Hermione plissa les yeux, avant de se lever pour récupérer un tas de documents dans un coin. Aujourd'hui elle était celle qui s'occupait des renvois de documents mal dirigés. Ce n'était pas une tâche très intéressante, mais ils se la passaient à tour de rôle.

En un mois leur salle de travail n'avait plus rien à voir avec le chantier qu'ils avaient découvert à leur arrivée. Tous les documents avaient trouvés place dans des piles qu'ils traitaient au fur et à mesure, en plus des nouvelles tâches qu'ils recevaient tous les jours. Hermione avait structuré leur fonctionnement dans un système de rotation qui semblait leur convenir à eux 4. Aujourd'hui, Nott et Harry avaient pour tâche de s'occuper du nouveau courrier et des nouvelles demandes, tandis que Susan continuerait l'archivage de tout ce qu'ils avaient trié.

Mais le plus passionnant, c'était quand même de s'occuper des nouveautés.

Hermione regarda d'un œil distrait le premier avion en papier de la journée qui vint se poser docilement dans les mains de Nott et se déplia de lui-même.

L'ancien serpentard se pencha dans la lecture de ce qui semblait être une demande, quand Harry et Susan arrivèrent ensemble, discutant apparemment de façon passionnée au sujet d'un incident magique dans un grand magasin de Londres.

Ce qui signifiait très certainement qu'ils avaient croisés Justin sur leur chemin.

-Salut Hermione ! Salut Théo ! Fit chaleureusement Harry en jetant son sac sur la table.

Le tremblement déséquilibra l'harmonie des plumes des deux déjà installés et ils s'empressèrent de les rajuster d'un geste pratiquement synchrone.

-Hey Harry, tu as l'air de bonne humeur, commenta Hermione.

-Justin nous a raconté une histoire amusante au sujet d'un caniche géant qui a épouvanté tout Harrods et a fait courir agents et oubliators derrière lui. J'espère que je pourrais la raconter en premier à Ron, celle-là.

Susan passa derrière Hermione et lui appuya l'épaule en salut. Cependant elle ne jeta aucun regard à Nott qui lui adressa pourtant, comme chaque matin, une salutation polie.

Et comme toujours chaque matin, le jeune homme prétendit ne rien remarquer et se retourna, monopolisé par Harry qui rapprocha sa chaise de la sienne pour voir le premier courrier du matin.

Le brun était devenu rapidement très amical avec l'autre garçon, à la grande incompréhension d'Hermione.

Pour l'instant elle aimait mettre cela sur la solidarité masculine, parce que, honnêtement, Nott n'avait jamais rien fait pour qu'on veuille devenir son ami, et comme il le lui prouvait chaque matin, il y avait définitivement quelque chose de sournois chez lui.

Et alors qu'elle le fixait inconsciemment, il dut sentir le poids de son regard car il lui jeta à nouveau un coup d'œil avec son air faussement ahuri et elle revint sur ses papiers, mécontente d'avoir été repérée dans son observation.

Non, vraiment, il y avait quelque chose qui clochait.

Hermione se força cependant à se concentrer sur ses enveloppes et ses brouillons de lettres, avant de s'installer auprès de leur unique machine à écrire pour réaliser le premier lot à envoyer.

Du groupe, Susan et elle étaient celles qui tapaient le plus vite, ayant déjà de l'expérience avec l'utilisation de l'appareil. Harry et Nott étaient cependant de véritables spectacles de cirque avec l'engin.

Ainsi qu'un facteur de frustration et de consternation. Parfois Hermione était déconcentrée rien que par les silences trop longs entre deux touches quand Harry cherchait encore une lettre à la façon dont Bébé Teddy essayait de faire rentrer une forme carré dans un emplacement rond.

Heureusement, aujourd'hui, les deux hommes resteraient loin de l'appareil. Un peu de miséricorde dans ce monde.

-Oh, se rappela soudain Hermione - mettant enfin le doigt sur l'humeur joyeuse d'Harry : c'est demain soir les sélections pour le quidditch inter-départements.

Le brun leva un regard pétillant sur elle.

-Ouep, je partirais plus tôt pour l'occasion. Je viendrais plus tôt vendredi pour compenser. J'ai tellement hâte de pouvoir à nouveau jouer en équipe. Enfin, si je suis choisi.

Susan roula les yeux depuis son poste de travail :

-Comme si ça ne pourrait pas être le cas ! Le sanglant attrapeur Harry Potter que seul Cédric a jamais pu battre. Ils seraient complétement stupides de ne pas te choisir.

La mention à Cédric fit pousser des rides sur le front de Harry, mais une sorte de marmonnement, grognement, de Nott fut ce qui détourna son attention et peignit des ombres dans ses yeux.

-Plait-il ? Lâcha Susan d'un ton cassant en épargnant un regard mauvais sur l'ancien serpentard.

Nott se balança un instant à côté de Harry, l'air mal à l'aise.

-Il faisait juste valoir le fait que Winters est aux commandes de la sélection de l'équipe, répondit à sa place Harry d'un ton soigneusement neutre, mais avec son expression fermée qu'il réservait désormais aux altercations avec Susan.

Hermione se demanda si elle était la seule à remarquer la main qu'Harry avait posée en signe de réconfort sur le bras droit de Nott. Elle, en tout cas, ne voyait que ça, mais c'était peut-être parce qu'elle avait passé une partie de sa préadolescence à analyser le vide de sécurité autour de son ami et à apprécier chacune des touches qu'il lui adressait comme le privilège que c'était.

-Quel problème à nouveau avec le Directeur Winters ?! Souffla Susan, exaspérée.

Nott semblait avoir compris d'emblée le malaise qu'il y avait avec Winters, avec sa monstrueuse cervelle de serpentard sournois et calculateur, alors c'était comme s'il était entré dans le petit club exclusif qu'aurait dû former Hermione avec Harry. Sans qu'il y ait eu d'explications ou de narration des évènements.

Et donc Susan, légitimement, se sentait mise à l'écart. Et le souci majeur dans l'histoire était qu'elle aimait beaucoup l'homme, comme en fait BEAUCOUP d'autres personnes.

Robert Winters était une personnalité charismatique, courageuse, volontaire et c'était un ancien POUFSOUFFLE.

Qui pourrait détester un Poufsouffle ?

« Je le fais. » S'était contenté de répondre Harry quand ils en avaient parlé. « Cédric me sortait par les yeux et Zacharias Smith m'insupporte toujours autant. »

Hermione s'était alors dit qu'elle n'aurait pas dû aborder ce sujet après leur rencontre avec Smith dans l'ascenseur du Ministère. L'idiot avait été embauché à la coopération internationale et n'hésitait pas à le chanter sur tous les tons, même si, secrètement, Hermione était persuadé qu'il échouerait au terme de son stage car il était la dernière personne à pouvoir travailler dans les relations sociales ou diplomatiques.

-Harry, si Winters est intelligent, il te choisira pour jouer dans son équipe, répliqua Hermione pour mettre fin au débat et elle tapa violemment sur son clavier les derniers mots de sa lettre pour appuyer sa déclaration.

Susan approuva d'un fredonnement et d'un grand mouvement de tête approbateur, et Hermione le lui rendit, toute heureuse de l'appréciation d'une de ses pairs.

Mais alors -alors !- la voix douce et plate de Nott vint bien évidemment s'opposer à ses efforts de calmer Harry et à instaurer de l'harmonie dans ce bureau.

-Ce n'est pas une question d'intelligence, c'est une question de politique.

Hermione se retourna brusquement vers lui, tout en cheveux ébouriffés, et elle le fixa en espérant pouvoir le faire taire. Cela marcha, bien sûr, comme elle l'avait dit, Théodore Nott n'était PAS un combatif, et son visage disparut derrière un dossier.

Pas celui de Harry, malheureusement, qui la regardait à présent comme si elle venait de donner un coup de pied à un bébé croup.

« J'essaie de te soutenir » mima-t-elle avec ses lèvres, indignée.

Il secoua la tête avec désapprobation pour toute réponse avant de se reconcentrer lui aussi sur le travail.

Hermione n'eut pas d'autres choix que de revenir elle aussi sur son courrier, maudissant en son fort intérieur le bizarre béguin de Harry pour Nott.

Oo0O0oO

La pause de 17h était un moment qu'Harry attendait tous les jours. Il y avait quelque chose de presque sacré – héritage du tea time sans doute- que les gens du bureau des Aurors observaient. C'était l'heure où il était sûr d'attraper Ron dans la grande salle de détente.

Et, accessoirement, Dean, aussi.

Harry n'avait pas vraiment résolu son problème de possessivité envers Ron vis-à-vis de Dean. Pas depuis leur dispute de l'année dernière. Et encore moins depuis que Dean était devenu « l'autre à entrer au quartier des Aurors ». Il vivait avec comme il le ferait d'une maladie désagréable mais non mortelle.

En essayant de ne pas penser à l'époque où il détestait Dean parce qu'il sortait avec Ginny.

C'était moche parce que c'était un mec génial quand il ne marchait pas sur les plates-bandes d'Harry. Doux, compréhensif, créatif, large d'esprit… Vraiment, Harry aurait dû continuer de pouvoir l'apprécier comme il l'avait fait jusqu'à l'âge de seize ans.

-Oh, Dean… Lâcha-t-il quand il s'aperçut qu'il venait de couper une grande discussion en saluant Ron.

Ce dernier se tourna, brillant, vers Harry :

-On parlait des sélections au quidditch, Dean s'est lui aussi inscrit !

Harry ne put s'empêcher de regarder de haut en bas son ancien camarade en priant pour ne pas avoir l'air dédaigneux.

-Il l'a fait, hein…

Il fallait qu'il trouve un peu d'enthousiasme. Il gardait un sentiment amère de la fois où Dean avait remplacé Katie Bell en tant que poursuiveur, à cause de ce qui était arrivée à sa pauvre équipière (merci Drago…) , mais aussi parce que jusqu'ici Dean n'avait jamais montré le moindre intérêt à intégrer l'équipe en cinq ans. Bien sûr, le fait que Ginny ait été dans l'équipe n'avait rien à voir…

-Ca va être cool si on est choisi tous les deux, continua Ron en donnant du poing à Dean qui répondit avec un grand sourire.

Une vague glacée a dû s'abattre sur Harry car il eut l'impression d'être essoré physiquement et mentalement.

-Tous les trois, tu veux dire ? Rectifia-t-il en se retenant de se jeter entre les deux.

Ron le regarda bizarrement, un truc qu'il faisait maintenant depuis le début de sa formation, comme s'il essayait de le décortiquer visuellement.

-Je me suis inscris aussi, ajouta Harry même si ça aurait dû être inutile. Attends, tu penses bien que j'allais participer au quidditch inter service !?

-Mais… Fit Ron en jetant des coups d'œil à Dean qui faisait la grimace. Tu sais que c'est un truc pour les aurors et la brigade ? Pas pour…

Le gryffondor en Harry eut envie de bondir et de rugir sur l'affirmation pour faire cracher à Ron la suite de sa phrase. Mais par chance, il avait gagné durant la guerre cette chose qu'était le sang-froid.

-Quidditch inter-SERVICE, siffla t'il, une équipe pour chaque département, et aux dernières nouvelles, JE fais partie de CE département.

-Ouais, mais…

-Mais RIEN. Je vais voler demain pour la place d'attrapeur.

Maintenant Ron le dévisageait avec une sorte de lueur de commisération qui n'était guère une amélioration. Il lui fit signe de le suivre à l'écart et Harry chercha désespérément Fay dans la foule.

Parce que Fay avait toujours été une merveilleuse alliée en tant que petite amie de Ron, faisant ravaler sa merde à ce dernier quand il pensait que c'était une bonne idée de la partager. Malheureusement il n'y avait aucune trace d'elle et Harry allait devoir y passer.

-Harry, je suis pas sûr que ce soit une bonne idée tu sais…

-Bon sang, depuis quand le quidditch n'est pas une bonne idée ?!

-Non, je veux dire, que tu te singularise une fois de plus…

-Parce que tu trouves que je me singularise ?! S'étouffa Harry, scandalisé.

Ron le fixa comme s'il était inutilement obtus.

-Tu sais très bien que tu seras le seul de ton côté du bâtiment à te présenter. En plus c'est bien plus qu'un jeu entre les services pour nous, c'est pour souder les équipes de terrain. C'est pour ça que c'est un truc des aurors et de la Brigade. Si tu viens, tu vas juste… Perturber le processus. Laisse quelqu'un d'autre avoir la place d'attrapeur. Et si tu veux à ce point jouer au quidditch, on aura qu'à jouer ensemble tous les deux à l'occasion.

Harry ne savait tout simplement pas quoi répondre, en fait il y avait trop d'options, jonglant entre lui jeter quelque chose à la figure ou l'attraper et le tirer jusqu'à Hermione pour le défier d'oser redire ça devant elle.

-Tu te rends compte à quel point ce que tu dis est injuste ? Fit-il à la place en se sentant trahi.

-Eh, c'est juste un jeu Harry, et puis t'a fait ton choix, alors assumes, OK ?

Harry inspira profondément, réalisant que tout ça figurait un peu comme une punition méritée aux yeux de Ron. Tout ça parce qu'il n'était pas entré dans la formation d'Auror avec lui…

-Et maintenant tu me prends de haut… Souffla-t-il.

-Pour une fois que c'est pas l'inverse… Laissa échapper le roux dans un marmonnement.

Cela pétrifia Harry sur place.

-Pardon ?

Ron regarda au-dessus de son épaule, le regard vide, puis claqua une main sur son bras comme si de rien n'était.

-Bon écoute Harry, j'ai pas le temps de discuter là, faut déjà que je reparte. Mais sérieux, ne viens pas demain. Conseil amical.

Il ne laissa même pas le temps à Harry de répondre et s'éclipsa avec un air pressé et important.

Laissant son ami complétement estomaqué.

Et si ça ce n'était pas une preuve que le quartier des aurors et de la brigade de police se torchaient le cul avec la notion de justice…

Il ne savait pas encore COMMENT il allait le faire, mais Harry ne mourrait pas avant d'avoir littéralement reconstruit ces deux services en leur inculquant une bonne dose de modestie.

Quand il revint dans leur bureau, il savait qu'il n'avait pas décoléré car Susan s'empressa de se mettre hors de son chemin, Théodore le regarda avec inquiétude et Hermione lui demanda :

-Eh bien quoi ? Ron avait déjà entendu l'histoire du caniche géant dans le supermarché ?

Harry inspira profondément, ayant complètement zappé cette histoire de chien.

-Ron me conseille amicalement de ne pas me présenter aux sélections demain pour ne pas me singulariser et ne pas être dans le passage durant leur petits rituels secrets de ridicules sorciers hautement plus importants que les simples grattes papiers coincés à leurs bureaux qui se tapent toutes leurs merdes de paperasses !

Les derniers mots il les a hurlé en se levant à nouveau de sa chaise et en l'envoyant valdinguer d'un coup de pied.

-PUTAIN !

Hermione le regardait avec des yeux écarquillés et ouvrit légèrement la bouche.

-ET NON, je n'extrapole même pas beaucoup ce qu'il m'a dit ! Se défendit immédiatement Harry en regrettant les anciennes piles de papiers à l'abandon qu'il aurait pu envoyer voler dans tous les sens.

-C'était mal de sa part alors, se contenta-t-elle de dire très doucement.

Elle avait perdu ses propres liens avec Ron et elle savait à quel point Harry se battait pour garder les siens.

-Qu'est-ce que tu vas faire ? Continua-t-elle alors qu'il tentait de récupérer son calme pour ne pas faire bruler la pièce.

-Merde à lui, je vais quand même y aller !

-Ca va mal se terminer, marmonna pour elle-même son amie en retournant à son travail.

Harry fronça les sourcils : il n'allait pas juste baisser la tête et se laisser rabaisser, lui, mais aussi leurs bureaux, comme ça. Le désespoir suivit presque aussitôt alors que la colère tombait, quand il réalisait comment quelque chose qui l'avait tenu en joie pendant plusieurs semaines devenait tout d'un coup une confrontation désagréable.

Il aurait dû avoir le soutien de Ron.

Deux doigts le touchèrent doucement sur le côté et il releva la tête pour trouver Théodore qui l'attendait simplement.

-Allons-nous apporter ces dossiers au juge Brodham ?

Harry savait reconnaitre une diversion quand il en voyait une.

-Oui, allons-y.

Il fut reconnaissant quand son compagnon n'aborda aucunement le sujet durant tout le reste de la journée.

Oo0O0oO

Cependant, quand Harry rentra à la maison ce jour-là, une autre sorte d'épreuve l'attendait.

En effet, Narcissa était installée dans le petit salon, Evangeline rebondissant sur une de ses cuisses tout en babillant avec contentement, tandis que Drago, sur le fauteuil qui était lentement et surement en train de devenir son préféré (celui rembourré de velours marron avec des licornes dorées dessus) parlait en cochant des choses sur un parchemin.

-Est-ce que j'interromps quelque chose ? Demanda Harry en posant ses dossiers sur une des dessertes.

Les deux adultes se tournèrent vers lui, avec un sourire gracieux de la part de sa belle-mère, et une expression satisfaite de la part de son époux.

-Tu rentres plus tôt que d'habitude, fit ce dernier en se levant.

-Je ne savais pas qu'il y avait quelque chose de prévu, continua Harry alors que Narcissa venait l'embrasser et lui passer sa fille. Est-ce que Lucius est là aussi ?

-Non, c'est une petite chose informelle avec Drago, affirma la blonde. Quelques préparatifs pour la Garden Party au Manoir.

Harry colla un baiser sur la joue rebondie d'Evangeline qui poussa une exclamation de joie en battant des bras. Elle sentait la compote de pomme et le parfum de sa grand-mère. Harry se demanda si c'était elle qui l'avait nourrie.

-La Garden Party ? Interrogea-t-il distraitement.

-LA Garden Party, répéta Drago d'un ton sans appel.

Ce ton présageait qu'il était en train de le fixer comme un rapace ainsi Harry se détacha de la contemplation de sa fille.

Il était bel et bien en train de le faire.

-Tu m'en as parlé, comprit alors Harry.

Drago serra les lèvres, puis se rassit sur son siège en se penchant en avant, arborant l'air de quelqu'un qui réunit toute sa patience.

-Je l'ai fait. Et ceci est juste la preuve que tu ne m'écoutes pas quand je parle.

Narcissa sembla tout d'un coup se sentir en trop et repartit elle aussi s'asseoir légèrement hors de la trajectoire des deux jeunes hommes.

-Tu as dû le faire pendant que je travaillais…

-Evidemment, comme toujours en ce moment. Il n'y a jamais de moment où tu n'es pas penché sur un dossier à faire je ne sais quoi. Alors je ne peux te parler que pendant ces moments-là.

-Je t'ai dit que j'aurais plus de temps pendant les prochains week-ends. On est encore en train de s'organiser. Et puis… De toute façon, je ne suis pas sûr que je t'aurais écouté quand même, ça m'intéresse pas toutes tes histoires de fêtes. Pourquoi tu n'irais pas plutôt en parler à Blaise ?

-Peut-être parce que Blaise est là pour les vivre avec moi et que j'ai juste envie de partager ça avec toi ? Mais bon, c'est complétement fou comme idée je suppose, penser que tu pourrais t'intéresser un instant à ma vie…

Harry leva les yeux sur le plafond comme s'il pouvait y avoir des réponses inscrites dessus, avant de se masser les tempes avec sa main libre. Sa dispute avec Ron l'avait déjà trop vidé pour qu'il puisse en supporter une avec Drago. Au contraire il aurait juste voulu se faufiler contre lui et prendre quelques morceaux de douceur contre ses lèvres. Est-ce que ça n'aurait pas dû être ça une maison ? Un havre de paix où se réfugier après une journée merdique ?

-Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Je suis désolé. J'ai eu une mauvaise journée et ne nous disputons pas devant Evy et ta mère s'il te plait.

Narcissa éventa sa main devant elle comme pour dire de ne pas faire attention à elle, mais elle ajouta :

-Il y a de bonnes disputes et des mauvaises. Tu ne pourras pas les éviter Harry, mais (et elle se tourna vers Drago) parfois il faut choisir ses moments. Offre un repos à ce garçon ce soir, c'est vrai qu'il a l'air tourmenté.

Son fils soupira en hochant la tête, mais il épargna quand même un éclat de regard brulant à Harry lui disant qu'ils n'en avaient pas terminés là.

-Bref, le 9 septembre, la dernière fête de la Saison aura lieu au Manoir. C'est un moment important pour mes parents puisque c'est un peu leur réintégration officielle dans la bonne société, outre notre mariage, c'est ça qui va vraiment marquer les esprits pour tout le reste de l'Année, jusqu'à la Saison prochaine. Et, c'est aussi le jour où Lord Craven va faire sa demande de fiançailles à Daphnée.

-Daphnée ? Demanda Harry parce qu'il avait l'impression qu'il devait savoir qui c'était.

-Oui, DAPHNEE, répéta Drago et pour la deuxième fois de la journée on le regarda comme s'il faisait exprès d'être pénible. Même année que nous à Poudlard. Serpentard. Daphnée Greengrass. Grande amie de Blaise et de Granger aussi si j'ai bien compris. Blonde. Yeux bleus. Très jolie fille.

Finalement une image voulut bien se faire dans son esprit.

-Ah ! La Daphnée de Hermione.

Drago le regardait comme s'il n'arrivait pas à y croire.

-Je suis heureux d'avoir été ton rival parce qu'au sinon j'aurais fait partie de la masse de personne que tu n'as jamais calculé !

Harry leva les yeux pour seule réponse avant de continuer :

-Et tout ça me concerne parce que… ?

-Tu vas venir.

-Je ne… Commença Harry avec une amorce de signe de négation, vite coupé par Drago.

-Tu VAS venir. Tu VAS danser ET tu VAS t'amuser, ordonna ce dernier. Imagine un peu ce que diront les gens si leur propre beau-fils célèbre ne se présente pas aux festivités ? Veux-tu que mes parents – qui sont désormais aussi TES parents – deviennent un sujet de plaisanterie pour toute l'année à venir ?

Harry jeta un coup d'œil à Narcissa qui faisait mine d'observer un vase et de ne pas être concerné par la discussion.

-Non, bien sûr que non, souffla-t-il avec défaite en enfouissant le bas de son visage dans les courtes boucles noirs d'Evangeline.

Drago poussa un léger soupir, l'air aussi vaincu que lui, avant de se lever et de le rejoindre en quelques mouvements gracieux, entourant sa silhouette de ses bras et poussant sa tête contre la sienne en contact. Harry ferma les yeux de contentement, appréciant l'aura de magie familière qui caressait la sienne et le parfum délicat qui émanait du cou de Drago.

Cela calma presque aussitôt les picotements qui venaient de son poignet, là où la marque de leur serment lui indiquait qu'il avait encore blessé son époux.

Il rouvrit les yeux et les leva vers les iris argents qui le sondaient avec un mélange d'inquiétude et de gravité. Harry balaya sa joue d'une caresse du pouce comme s'il pouvait l'effacer avant d'avancer son visage pour poser un baiser sur ses lèvres.

Quand il se retira il sourit car Drago accompagna le mouvement et leur arracha un autre baiser.

Cela suffisait à Harry pour réaliser à quel point il avait besoin de ces moments, les seuls où le temps semblait ralentir, où toutes les occupations et les soucis étaient repoussés, les seuls moments où il ne se sentait pas constamment remplis d'une énergie débordante avec son esprit courant au galop pour une chose ou une autre. Drago avait ce drôle de don sur lui, vraiment, parfois il le rendait combatif et idiot, et l'instant d'après il devenait ce monument de calme et de contemplation sur lequel Harry pouvait se reposer.

Il pouvait poser un instant sa misère au sujet de Ron, Dean, Susan, l'insupportable Smith et le dangereux Winters. Mais il n'en parlait pas. Il ne voulait pas ennuyer Drago avec ses petits soucis au Ministère. Il n'avait pas besoin d'être inquiet au sujet d'Harry se rendant aux sélections de Quidditch, et ne ferait que se réjouir et se moquer de Ron s'il lui parlait de leur « dispute ».

Le rôle d'Harry en tant qu'époux était de protéger sa famille et de faire en sorte que Drago et Evangeline soient heureux… Même si ça signifiait danser. Il supposait qu'il n'y aurait pas de mal à laisser quelques dossiers de côté le temps de participer à cette Garden Party.

-Je vais raccompagner Mère à la Cheminée, fit Drago en s'éloignant doucement de lui avant de regarder Narcissa qui s'était détournée pour observer le paysage à travers les fenêtres et leur laisser un peu d'intimité : A moins que tu ne veuilles diner avec nous ?

-C'est adorable de ta part chéri, mais je vais rejoindre ton père. Il ne l'avouera jamais, mais je sais qu'il déteste manger seul.

Harry cacha un sourire narquois à l'image d'un Lucius boudant devant son assiette mais son attention fut réquisitionnée par Evangeline qui babilla des syllabes en tirant sur ses vêtements, le regardant d'en bas avec son regard gris sérieux.

-Papa, appuya-elle au terme de sa discussion incompréhensible avec une nouvelle secousse sur sa chemise.

-Oui oui, tu veux ton biberon pas vrai ?

Le mot magique alluma une exclamation de joie et un battement de pieds et de jambes qui obligea Harry à la maintenir dans ses deux bras de risque qu'elle lui échappe à force de gesticulations.

Récupérant le biberon avec l'aide toujours inestimable de Mrs Wallace, Harry se calla sur un fauteuil avec sa fille au creux du bras, la laissant boire pratiquement sans aide en ramassant parfois avec douceur le surplus sur ses joues et son menton d'un tamponnement de bavoir.

Au bout d'un moment il sentit en plus le regard caressant de Drago qui était revenu du vestibule et qui vint silencieusement s'asseoir sur l'un des accoudoirs pour mieux les observer comme s'il ne pouvait pas se lasser de ce spectacle.

La Magie de Maison ronronna de plaisir en accord, adoucissant les lumières du salon et fermant les rideaux pour leur créer un cocon chaleureux.

Pour ce soir, en tout cas, tout irait bien.

Oo0O0oO

Ginny refit une dernière fois la vérification de son balai, contrôlant d'un œil critique chaque brindille formant la queue de son Etoile Filante et sentant chaque sortilège intégré au bois pour s'assurer qu'ils tenaient. Sa dernière révision datait de deux mois, ce qui était peu, mais elle l'avait plus utilisé durant la saison des sélections qu'en une année entière à Poudlard.

Globalement satisfaite, elle le rangea soigneusement dans sa housse, puis l'attrapa ainsi que son sac pour dégringoler les escaliers du Terrier jusqu'au salon où flottait une délicieuse odeur de pain grillé et de café.

Son père et Ron mangeaient en silence, moyennement réveillé, tandis que le siffloti joyeux de sa mère leur arrivait depuis le potager.

-Salut, fit-elle en attrapant rapidement un toast et un fruit.

A chaque fois le petit déjeuner était une épreuve : elle était trop nerveuse pour manger, elle avait peur de se sentir lourde ou même de vomir lors d'une figure mais elle avait besoin d'énergie pour être au mieux.

Son père salua sa décision d'un sourire encourageant.

-Levée tôt, commenta-t-il ensuite.

-Oui, comme ça je peux savoir ce que subit Ronnironchon quand il se lamente d'être le seul à devoir être plaint vraiment parce que sa si importante formation d'Auror l'oblige à se lever à six heure et demi du matin.

-Gnagnagna, grogna Ron en plissant le nez et en frottant nerveusement sa tenue d'entrainement, un jogging et un pull frappé du blason de l'école des Aurors.

Ginny avait, elle, un ensemble d'entrainement de quidditch qui incluait beaucoup plus de pièces comme la sur-robe noire près du corps retenue par une ceinture à la taille qui serait complétée de ses protections en cuir et en bois qu'elle enfilerait avant d'entrer sur le terrain.

-Au fait, j'ai la sélection de quidditch en fin d'après-midi, fit Ron avec un air agité et le nez plongé dans sa tasse de café comme pour ne pas croiser son regard. Dean participe aussi. Tu veux venir nous regarder ?

Ginny leva un sourcil moqueur et lâcha avec un peu de dédain :

-Oh oui, du quidditch ministériel. Passionnant. La dernière fois que j'en ai vu, c'était quand Papa nous a trainé quand j'avais 9 ans, voir le match « département des mystères contre département des transports magiques » et je revois toujours le gros Sam Pewter faire tomber constamment le souaffle car il avait peur de lâcher le balai des deux mains, et aussi crier comme une petite fille à chaque fois qu'un cognard entrait dans son champ de vision ! On s'attendrait à mieux de la part de quelqu'un qui bosse dans le contrôle des voyages en balais.

-Pauvre Sam… Soupira presque silencieusement son père, plein d'empathie.

-Oh allez, la contra presque aussitôt Ron avec le haut des joues un peu rouge, on est une meilleur génération. Ça va être de véritables matchs épiques !

-Mais oui c'est ça…

-Dean et moi feront partie de l'équipe !

Elle se retint de rouler les yeux. Ron n'était pas mauvais, et parfois il était même bon, mais ça ne valait certainement pas un niveau de match professionnel. Quant à Dean… Dean était un sportif amical, il aimait jouer avec des potes, s'amuser et rentrer ensuite boire de la bierraubeurre pour commenter les vrais athlètes. Il ne gérait pas bien la compétition, et ce, dans tous les domaines. Ginny avait pu le découvrir en sortant avec lui. Il y avait une part d'insécurité qu'il cachait derrière ses sourires doux et derrière l'exubérance de Seamus.

Ginny, elle, était une compétitrice, et elle aimait rentrer dans un peu de conflit. C'était une chose qui avait manqué à Dean mais qu'elle avait trouvé chez Harry et Blaise. Bien sur, Harry avait sa propre insécurité personnelle qui avait rendu le conflit parfois venimeux et malsain. Mais avec Blaise, elle n'avait pas ce problème-là. La confiance de Blaise était au-delà de tout ce qu'elle avait connu au point qu'il était impossible de le déstabiliser.

Elle le voulait pourtant. Elle voulait trouver une faiblesse à exploiter pour pouvoir avoir une prise quelque part sur lui et le garder.

Se secouant de ses pensées, elle émit un son ironique.

-Oui. Dean et toi. Dean ton grand nouveau meilleur ami.

Et là, elle avait déstabilisé son frère – mais ce n'était pas vraiment un exploit. Il fit la moue et tenta de bégayer des choses.

-Dean n'est pas…

Elle le coupa aussitôt en tapotant son menton d'un doigt, faussement pensive :

-Je me demande qui est le nouveau grand meilleur ami de Harry ?

Ron émit un son agressif en la foudroyant du regard et elle se contenta d'hausser les épaules avec un air angélique. Tourmenter Ron était toujours thérapeutique et elle se sentait déjà moins stressée.

-Bon c'est pas tout, mais j'ai une VRAIE sélection qui m'attend, moi ! Annonça-t-elle en se levant de table et en passant la bandoulière du fourreau de son balai en travers du torse.

-Bonne chance ma chérie, fit son père en caressant son épaule alors qu'elle passait à côté de lui pour rejoindre la Cheminée.

Elle cueillait une poignée de poudre de cheminette quand Ron revint à l'attaque :

-Tu viendras quand même ? Je sais que ça ferait plaisir à quelqu'un…

Hu… Dean, conclut intérieurement Ginny en le toisant avec suspicion. Elle n'avait certainement pas envie d'encourager une reflambée des sentiments de son ex, ni de jouer le jeu de son frère qui voulait par-dessus tout qu'elle rompe avec Blaise.

-On n'allume pas du feu avec des cendres, Ron, se contenta t'elle de dire avant de jeter la poudre dans les flammes et de disparaitre en donnant le nom d'une taverne de Flaquemare.

Elle ressortit de l'autre côté en découvrant la même ambiance de petit déjeuner. L'établissement devait apparemment servir aussi de bed and breakfast puisque plusieurs sorciers étaient assis à de solides tables en bois, discutant calmement ou lisant la Gazette qui venait d'arriver. Ils ignorèrent Ginny qui épousseta sa tenue et un balai vint aussitôt danser autour de ses pieds pour écarter les cendres tombées.

Elle pêcha ensuite sa montre dans sa poche pour voir si elle était en retard mais alors un homme se leva de sa place et lui fit un signe ainsi qu'un sourire.

-Olivier ! Le salua chaleureusement Ginny, réellement heureuse de le revoir. Ou peut-être que je ferais mieux de t'appeler Gardien Dubois ?

-Tout dépend de ce qu'il se passera dans les heures à suivre, plaisanta Olivier en lui serrant l'avant-bras fraternellement.

Il était toujours l'homme solide et confiant qu'elle avait revu pendant la Bataille de Poudlard, ainsi que ce gryffondor ainé qui était toujours prêt à l'aider ses premières années à l'école. Cela la mettait déjà bien plus à l'aise que lors des derniers essais avec des sélectionneurs, des entraineurs et des capitaines qui prêtaient à peine attention à elle.

-Veux-tu un petit déjeuner ou.. ? Demanda Olivier avec un geste évasif.

-Je préfèrerai qu'on y aille de suite, offrit Ginny avec un sourire crispé.

Il comprit d'un hochement de tête puisqu'il ramassa son dernier toast et posa une mornille sur le bar pour la tenancière qui approuva sans cesser de laver des tasses.

-Je pense que tu connais l'histoire, commença Olivier alors qu'ils marchaient à présent dans les rues calmes du village sorcier.

Il faisait encore bon, mais le ciel bleu promettait un soleil qui ne tarderait pas à frapper impitoyablement.

-Tu veux dire… Au sujet de Wilda Griffiths ? Fit Ginny, pas certaine de pouvoir mentionner l'incident.

Le club de Flaquemare l'avait débauchée aux Harpies pour 1000 Gallions, et cela n'avait pas plu à ces dernières. La capitaine l'avait même menacée de mort… Lors du match contre ses anciennes équipières, la joueuse a « mystérieusement » disparue, provoquant une émeute dans le stade. Le 1er remplaçant avait joué le reste des matchs de la saison, mais il n'était clairement pas aussi bon.

-Ouais, on cherche quelqu'un pour son poste. Quelqu'un qui ne nous coutera pas autant cette fois. Le club n'a pas le budget pour faire deux acquisitions de joueurs professionnel en si peu de temps. Je te préviens, notre entraineur, Deverill, est un peu sur les dents. Mais il n'aime pas vraiment Jacob, l'ancien 1er remplaçant, donc je pense que ça pourrait jouer en ta faveur.

Ginny voulait s'accrocher à cet espoir alors qu'elle voyait surgir au milieu des toits fantaisistes et des colonnes de cheminées deux drapeaux arborant les rameaux d'or se croisant sous fond bleu marine.

Un bâtiment à un étage qui devait contenir le club gardait deux petits terrains de quidditch sans gradins. L'un des terrains n'avait même qu'un seul ensemble de but – sans doute celui de l'équipe de réserve. Tout autour se trouvait des champs, et au loin un regroupement de maison autour d'un petit château anglais.

Tous deux se dirigèrent directement sur le terrain ne possédant que trois cerceaux de buts. Trois personnes les y attendaient. Le premier était l'entraineur, Ginny le reconnut sans problème pour avoir fait la Une de la Gazette à plusieurs reprises l'année écoulée. C'était un ancien batteur avec la carrure qui va avec, nez plusieurs fois cassé compris. Dans la quarantaine, quelques cheveux gris brillaient dans ses courts cheveux noirs et sa barbe de trois jours.

A côté se trouvait Jacob Whisp qui arborait un visage de pitbull grincheux, lui avait 25 ans, un passé de serdaigle le cheveu blond terne et ne semblait pas DU TOUT ravi de la présence de Ginny.

La dernière personne lui fut présentée comme Glena James, une poursuiveuse qui occupait la place de remplaçante depuis deux ans. Elle, au moins, lui adressa un sourire amical au milieu de son visage parsemé de tâche de rousseur.

Philibert Deverill était un homme efficace et ils ne se perdirent pas en discussion inutile avant de rejoindre les airs. Olivier partit bien évidemment défendre les buts, tandis que Ginny faisait quelques tours de rodage avec ses deux équipiers. Bien évidemment, on ne s'attendait pas à ce qu'elle soit synchrone immédiatement avec les deux autres, mais elle savait que c'était un plus si elle pouvait montrer sa capacité à s'adapter rapidement et sans rechigner.

Il y avait des poursuiveurs qui étaient de vraies divas, refusant de jouer avec certains équipiers. Mais ils étaient généralement payés des milliers. Ginny s'avouerait heureuse si elle pouvait décrocher un contrat de 80 gallions, avec surplus de 30 gallions à chaque match joué et gagné.

Au bout d'un moment, Deverill siffla et leur donna quelques manœuvres de poursuiveurs à réaliser. Il apparut alors rapidement à Ginny que Jacob était une vraie petite merde décidée à lui compliquer la vie.

Il se décalait, refusait de suivre son rythme, lançait le souaffle un poil à côté exprès et il l'obligeait de ce fait à se surpasser en terme d'attention générale. A la fin, elle ne voulait rien de plus que d'attraper la batte de Deverill et lui envoyer le cognard lâché sur le terrain en plein milieu de la figure.

Olivier devait remarquer la façon dont ses yeux crachaient des flammes car il la tapota amicalement sur l'épaule en signe de soutien.

Elle poussa un soupir de soulagement quand l'entraineur siffla l'arrêt du jeu et le retour sur la terre ferme.

Jacob se détourna aussitôt d'eux, désintéressé de ce qu'il allait se passer apparemment et rejoignit une tente qui semblait servir de vestiaire. Ginny ne lui accorda qu'une pensée –peu agréable- ses yeux fixés sur Deverill qui atterrissait près d'elle.

-C'était pas mal du tout Weasley. Je crois qu'on pourrait faire de bonnes choses de toi.

-C'est un compliment venant de lui ! Lança avec humour Olivier derrière son épaule.

-Eh bien… Merci, fit Ginny avec un petit sourire, considérant que c'était de toute façon plus qu'on ne lui avait dit durant les précédentes sélections.

-Je dois bien sûr en discuter avec le propriétaire du club et le reste de l'équipe, mais je suis optimiste. Nous t'enverrons un hibou d'ici une semaine pour te tenir au courant de notre décision et des possibles suites de celle-ci.

Il tira sa main vers elle et elle la lui serra en retour avec reconnaissance et joie.

Ce n'était pas tout à fait ce qu'elle avait souhaité, mais elle ne cracherait pas sur l'opportunité de s'entrainer avec une équipe de la Ligue. Et à présent, elle avait hâte de tout raconter à Blaise et de voir comment il prendrait la nouvelle. S'enorgueillirait-il qu'elle ait suivi son conseil ? Serait-il seulement heureux pour elle ? Ou la soulèverait-il dans ses bras pour l'enlever jusqu'à sa chambre d'hôtel et la récompenser de son bon travail ?

Elle se leva à elle-même les yeux au ciel face à ses fantasmes. Blaise n'était pas du tout quelqu'un d'aussi spontané et démonstratif. On ne l'appelait pas « l'homme de glace » à Poudlard pour rien. Mais faire craquer sa façade était tout ce qu'elle voulait.

-Si tu veux, tu peux te changer dans les vestiaires, proposa Olivier en ramassant quelques gouttes de sa sueur sur son front.

Elle éclata de rire en s'éloignant, n'ayant pas réalisé que se donner à 100% et échapper aux tentatives merdeuses de Jacob de la saboter l'avait laissée dégoulinante dans sa chaude tenue de quidditch. Et maintenant qu'elle n'était plus dans les airs à profiter de la brise, le soleil estival commençait à la cuire doucement et surement.

-Je vais faire ça alors !

Elle se retourna cependant vers lui à mi-parcours et lui adressa un grand sourire :

-Ah, et au fait : merci.

Il s'inclina en une révérence un peu moqueuse avant d'aller rejoindre l'autre poursuiveuse et Ginny continua sa route jusqu'au vestiaire.

L'endroit semblait vide au premier coup d'œil, agréablement dans la pénombre et la fraicheur, et elle commença comme d'habitude par ranger soigneusement son balai dans sa housse, caressant délicatement une dernière fois sa structure en bois et en brindilles comme elle le ferait avec un amant.

Sa robe supérieure de Quidditch était tombée à ses pieds quand une poigne l'agrippa sans douceur et la fit se retourner pour claquer son dos contre un casier. Elle serra les dents pour s'éviter un cri et rouvrit les yeux fermés sur le choc pour fusiller du regard son agresseur, sa main déjà sur l'étui à baguette cousu sur sa ceinture ventrale.

C'était Jacob, bien évidemment.

-Si j'étais toi gamine je ne ferais pas trop l'intéressante. Si tu essaie de me piquer ma place, tu le regretteras !

Il la tapa à nouveau contre le casier avec un geste d'humeur, mais se déroba avant même qu'elle n'ait le temps de sortir sa baguette pour riposter. La prochaine fois, cependant, elle savait qu'elle ne lui laisserait pas le bénéfice du doute.

-Quel connard… Cracha-t-elle doucement dans le vide alors qu'elle se redressait et imaginait déjà les bleus qui devaient fleurir sur son dos.

L'homme qui toutefois serait né pour l'intimider ou la décourager n'était pas encore né et cela ne fit que gonfler sa combativité naturelle. Cela posa cependant, qu'elle le veuille ou non, une ombre sur sa réussite d'aujourd'hui et elle sentait déjà qu'elle n'avait plus autant envie d'en parler.

Oo0O0oO

Ce matin ne fut pas celui qui la verrait arriver avant Maudit Théodore Nott alors Hermione tu son profond soupir et s'installa. De toute façon, elle avait sa petit revanche dans le fait que c'était à Susan et à elle de traiter les nouveaux cas, tandis que l'homme aux cheveux châtains serait la moitié du temps hors de sa vue, coincé dans la pièce d'Archive.

Même si ça signifiait Harry devant la machine à écrire et ça… -argh.

(Peut être que Hermione devrait songer à chercher une formule pour enchanter l'appareil afin qu'il tape tout seul sur commande vocale ?)

En tout cas Harry semblait de bien meilleur humeur que lorsqu'il était parti hier en maudissant dans sa barbe toute l'aile droite du bâtiment. Il avait cependant apporté avec lui la housse contenant son Eclair de Feu et un sac de vêtement de rechange, ce qui prouvait qu'il n'avait pas l'intention d'en rester là.

C'était peu de dire qu'Hermione était inquiète pour lui à plusieurs niveaux, et cela lui permit d'ignorer toute la matinée la façon dont il galérait à taper ses lettres. Elle n'aimait pas l'idée qu'il soit dans les environs directs de Winters, mais ça restait une menace d'ordre professionnel, ce qui l'ennuyait bien plus était le comportement de Ron.

« Ron ne devrait plus être ton problème » souffla une petite voix intelligente dans sa tête.

C'était vrai, et elle devait laisser Harry décider de son propre entourage. Elle n'arriverait jamais à faire taire la douleur qu'elle ressentait encore quand elle le voyait, et ce depuis leur rupture, s'il était toujours sous son nez ou dans ses préoccupations.

Elle y pensa sérieusement alors qu'elle se dirigeait vers l'une des Cheminées pour son rendez-vous avec Hannah. Tous les jeudi midi Megan était préposée aux vérifications d'entrée et de sortie, alors elle ne pouvait pas manger avec sa meilleure amie. Hermione avait fini par se proposer par excès de gentillesse et de zèle, ce qui la conduisait en ce moment à la cafeteria de Ste Mangouste où Hannah était apprentie infirmière.

« Jusqu'à mon mariage » précisait-t-elle toujours quand on lui demandait son travail. « Ensuite je veux me consacrer à mon mari, à Long Garden et à nos enfants. ».

La vie semblait si simple à travers les yeux d'Hannah.

Mais aujourd'hui elle semblait un peu déprimée quand Hermione réussit à la trouver à la sortie d'un couloir :

-Neville est parti pour Poudlard hier, annonça-t-elle avec une petite moue triste.

-C'est bon : vous pourrez continuer à vous voir, la rassura Hermione en la trainant jusqu'à la file d'attente aux caisses. Ce n'est plus comme s'il était élève, il a ses soirées et ses week-ends libres.

-Mais il avait l'air SI heureux ! Couina la blonde.

-C'est une bonne chose, non ?

Tout le monde savait à quel point Neville voulait de ce poste d'apprenti auprès du professeur Chourave et il n'était jamais plus content qu'au contact de plantes de toutes sortes. Pour son ASPIC de botanique, il avait créé un rosier chantant si beau et mélodieux que les examinateurs avaient mis vingt minutes à s'en remettre. Hermione aussi, mais pas vraiment pour les mêmes raisons.

-Mais il était plus heureux que je ne l'ai jamais vu. Plus heureux qu'avec tout ce qui concerne notre mariage ! Il n'était même pas triste de me quitter, conclut Hannah avec une petite moue de chien battu.

Hermione lui mit un plateau entre les mains en constatant que les lamentations de son amie ralentissaient toutes la file et que le personnel derrière eux leur faisait les gros yeux.

-Quoi d'étonnant ? Tout ce qui concerne un mariage est stressant. Harry ne voulait qu'une seule chose durant toutes les préparations : que ce soit terminé et derrière lui. Je sais pas, c'est peut être un truc de gars gryffondors. Tu aurais dû te fiancer à un poufsouffle ou un serpentard si tu voulais de la considération pour cet évènement.

-Je ne veux pas d'un poufsouffle ou d'un serpentard, je veux Neville, grinça Hannah.

-Dans ce cas tu prends Neville avec les avantages et les inconvénients. Le premier étant que tu seras toujours en rivalité avec des plantes.

-Tu ne peux pas tout simplement compatir avec moi ? Soupira Hannah alors qu'elles payaient leur repas.

-En quoi cela serait-il constructif ?

-Ce serait constructif pour mon état mental ! Je sais maintenant pourquoi tu n'as même pas cherché à travailler ici ! Compatir et être à l'écoute des patients est le fond de tout le travail des soigneurs.

-Et je paris que tu fais ça très bien, approuva Hermione en se servant une salade au buffet.

-C'est ce que je préfère.

-Crois-moi alors quand je te dis qu'il vaut mieux ne pas trop écouter MES « patients », sous risque de finir dévoré tout cru. Le Ministère ressemble à une jungle où seule la loi du plus fort prédomine.

-C'est un point de vue… Megan dit que ça lui fait penser à une ruche. Tiens, à propos de Megan, elle t'a dit que Cormac t'avait demandé ?

Une sorte de liquide froid sembla glisser sur tout Hermione, lui provoquant un énorme frisson qui la laissa silencieuse d'effroi et de mortification tout à la fois.

-C…Cormac ? Lâcha-t-elle avec difficulté alors qu'elles prenaient place à une table libre.

-Mais oui, voyons ! Cormac McLaggen ! Vous êtes sortis ensemble en sixième année !

Hermione tenta de bégayer une intense négation à tout cela mais Hannah reprit aussitôt :

-Tu sais qu'il travaille lui aussi à ton étage ? Quelle coïncidence incroyable ! Il est en formation Auror !

-Oh mon dieu, il l'est…

Hannah passa outre son ton funèbre et continua avec joie.

-Il t'a vu mais il n'a pas eu le temps de te parler, et quand il a essayé de trouver l'endroit où tu travaillais, pas moyen de mettre la main dessus !

*Merlin merci pour les bureaux planqués en bout de couloir !*

-Enfin, tu dois être incroyablement excitée ! Je veux dire, il est intéressé par toi, c'est un bel homme avec une future carrière incroyablement sexy et avec une famille très en vue au Ministère ! Si tu joues bien tes pièces, tu pourrais être marié d'ici l'année prochaine ! Et on pourrait même avoir des bébés en même temps ! Finit glorieusement la jeune femme en tapant dans ses mains d'impatience avec un gloussement.

A cet instant, Hermione pensa qu'il était approprié de s'évanouir dans la cafeteria de Ste Mangouste.

Et elle ne s'en priva pas.

Le visage étonné d'Hannah se flouta en même temps que sa voix qui disait :

-C'était trop de bonheur pour elle…

A suivre…

Et voilà pour le moment ^^ J'avance encore mes pions lentement, surtout pour Ginny, mais vous ne tarderez pas à voir où je veux en venir et à mon avis , vous allez aimer ça ! Pour Ron… Une personne s'inquiétait de la façon dont il tourne… Eeet bon, cela doit être fait. J'adore Ron, ma vision du garçon s'accroche aux romans où il est tellement plus malin et vif que dans les films. Mais il a ce problème d'estime de lui-même qui ne va pas se régler comme ça. En plus, tous ceux qui ont connu la fracture entre le système scolaire et le monde du travail le savent : les gens, sans qu'on sache comment, changent en cours de route, surtout s'ils sont loin et fréquentent d'autres personnes. J'avais des amitiés incroyables qui sont mortes comme ça.
Mais à mon âge, on sait aussi qu'avec le temps, les gens rechangent – on change soi-même- et ces amitiés peuvent revenir, différentes, mais bonnes quand même.
Harry et Hermione ont eux aussi énormément de travail à faire sur eux même, notamment pour s'ouvrir aux autres. Parce que actuellement, ils sont plus qu'un peu mauvais, hein !