On m'a demandé s'il y aurait un pov Levi et j'avoue que ce n'était pas prévu au départ, mais que l'idée m'a bien plu.

Voilà voilà.

Foutu gosse. Tu m'as bien eu. J'ai l'air stupide, seul dans ma chambre d'hôtel à t'attendre alors que je sais pertinemment que tu ne viendras pas. Je t'ai perdu, à force de jouer avec toi. Cela avait été un jeu pour toi aussi, au départ, mais là, tu me laisses seul dans ce grand lit qui ne semble plus si accueillant maintenant que tu n'y es plus. Je n'ai plus besoin de garder ce masque d'indifférence et laisse un gémissement plaintif sortir d'entre mes lèvres. Pour être complètement honnête, je préférais lorsque c'était toi qui gémissais.

Je ne vais pas aller te chercher, tu le sais. En d'autres circonstances, j'y aurais peut-être réfléchi mais là, ça paraîtrait absurde de te courir après. Ça n'étais pas sensé se passer comme ça. J'aurais dû être celui qui arrêterais tout, pas toi. Encore une fois, tu me prends de court, tu me manipules complètement. Je te laissais croire que j'avais le contrôle parce que je ne voulais pas passer pour une faible victime de tes putain de beaux yeux. J'étais dépendant de toi, même si j'essayais de paraître détaché. Je me demande comment tu pouvais penser que tu n'avais aucune influence sur moi, que tu n'étais qu'une simple passade. Je sais que j'aurais dû te laisser partir avant, mais j'en étais incapable. C'est pour ça que je n'avais rien pu te répondre lorsque tu m'avais avoué tes sentiments. Tous les mots que je voulais te dire restaient bloqués dans ma gorge. Je ne pouvais pas les laisser sortir, tu le savais, mais j'en brûlais d'envie. Alors cette nuit là, j'avais essayé de te faire comprendre tout ce que tu me faisait sentir.

Ce n'était pas possible entre nous. Je l'ai toujours dit, mais tu ne m'écoutais jamais. C'était une des choses que j'aimais chez toi. Tu étais tellement libre, jeune et pourtant tu revenais vers moi à chaque fois. Tu me faisais découvrir une nouvelle part de moi-même. Une part plus sauvage, plus inconsciente. J'oubliais absolument tout quand on se voyait, je laissais mes soucis à la maison, dont la femme qui partageait ma vie depuis des années maintenant. Je ne vivais pas la vie dont je rêvais, mais ça ne m'avait jamais dérangé jusqu'à ce que je te rencontre. Je m'étais habitué à ne pas être pleinement satisfait, cependant, je ne m'en plaignais pas. Il a fallu que tu arrives pour tout chambouler. Je t'ai laissé faire. Je t'ai laissé faire parce que ça me faisait tellement de bien, de me laisser emporter par tes caprices.

Certaines fois, je me plaisais à nous imaginer ensemble, dans une autre vie. Je me rends maintenant à quel point c'était ridicule. Nous n'étions pas un couple, loin de là. Tu étais un coups d'un soir qui dura plus longtemps. Rien de plus. Du moins, j'essayais de m'en convaincre. Nous avions des vies tellement différentes. Et pourtant, ça ne m'empêchait pas d'avoir envie de partager la tienne. Je te murmurais souvent ces mots, lorsque je te regardais dormir dans mes bras. Dans ces moments là, j'étais à la fois heureux et effrayé. Heureux de te voir si paisible et effrayé par ce que je te faisais. Je savais que nous ne pourrions pas être ensemble, mais je n'arrivais pas à te repousser. Je ne pouvais pas t'embarquer dans le bordel qu'était ma vie et surtout, je ne voulais pas te faire vivre avec moi.

Que connaissais-tu de moi ? Absolument rien. Alors, comment pouvais-tu affirmer avoir des sentiments envers moi ? Pourquoi voulais-tu obtenir de moi plus que je pouvais te donner ? Pourquoi restais-tu avec un homme marié, alors que tu pouvais vivre toutes tes romances de jeunesse ? Toutes ces questions resteront sans réponses, maintenant que tu es parti. Sale gosse prétentieux, qui t'a permis de me quitter comme ça, sans rien dire ? Tu n'as pas le droit de me laisser. Je le refuse. J'étais tellement sûr que je serai celui qui mettrait fin à notre relation, que je ne m'était pas préparé à ce scénario. Et maintenant, je suis là à me lamenter sur le fantôme d'un gamin qui avait pris plus de place dans ma vie que ce que j'aurais voulu. Je ferme les yeux et m'imagine que tu es là, que tu vas ouvrir la porte dans un instant et que tout ça n'est que le fruit de ma conscience me criant que ce que nous faisons est mal.

En fait, je n'avais jamais vraiment fait attention à ce que tu pouvais ressentir. J'étais trop absorbé par mes propres questionnements pour me soucier de toi. Je savais que j'étais un égoïste mais là, je m'épate moi-même. Jamais je ne me suis demandé si tu étais bien avec moi, si ce que nous vivions te plaisait. En y pensant, je me rends compte qu'il était impossible que tu aimes ça. Je te voyais lorsque j'en avais envie, je te quittais le matin en te laissant seul. Tu devais trouver humiliant que je te force à me voir dans une chambre d'hôtel alors que tu rêvais certainement d'être dans mon propre lit. Tu subissais tout ça juste dans l'espoir de me voir. Tu n'as jamais rien dit, tu me laissais faire et moi, je pensais que mon comportement était normal. Je me sens encore plus mal maintenant, mais ça ne sert plus à rien. Tu ne reviendras pas parce que je me suis rendu compte de mes erreurs. C'est trop tard. J'aurais dû m'en douter, je ne peux pas toujours avoir ce que je veux. Je ne pouvais pas t'utiliser comme ça et espérer que tu ne t'en lasses pas.

Je me demande ce qui est advenu au beau garçon que j'avais rencontré un soir dans un bar. Tu semblais si rayonnant, rien avoir avec le jeune homme que tu es devenu après mon passage. Je ne pourrais jamais effacer de ma mémoire l'image des tes yeux remplis de larmes. Eux qui étaient si brillants et emplis de vie normalement, je me sentais tellement coupable d'être la source de ton chagrin. Je n'avais pas prévu que cette relation continue et évolue à ce point. Je ne voulais pas te blesser, mais c'était inévitable. Même si je t'avais laissé entrer dans ma vie, tu serais parti déçu et très certainement dégoûté des relations amoureuses. Tu ne pouvais rien tirer de bien de cette relation. Je t'avais averti pourtant, mais tu n'en faisais qu'à ta tête. Tu imaginais peut-être pouvoir gérer la situation, mais tu étais aussi impuissant que moi au final. Nous étions les deux victimes de nos propres folies, mais nous nous convainquions que nous étions heureux, parce qu'il était trop dur la vérité en face et se rendre compte que nous n'avions rien à faire ensemble.

Tu m'avais tout de suite attiré. Ma mauvaise humeur due à la musique trop forte de ce bar miteux, aux gens excités et bruyants et à l'alcool bon marché qui me brûlait la gorge s'évapora à l'instant où je t'aperçus. Tu étais avec tes amis, riant aux éclats et moi, je ne répondais plus de rien. Tu avais tourné la tête dans ma direction et nos regards s'étaient accrochés quelques secondes seulement, mais ça avait été suffisant pour me conquérir. Dans un élan d'audace, je t'avais payé un verre, juste pour voir ce que tu ferais. Je ne pensais vraiment pas que tu viendrais me voir avec un grand sourire pour me parler. Après quelques minutes ou quelques heures, je t'avais proposé de continuer la soirée dans un hôtel et tu avais évidemment accepté. À ce moment là, j'avais trop d'alcool dans le sang pour me soucier des conséquences. Nous avions effectivement fini notre nuit à l'hôtel, comme toutes nos nuits par la suite. Cela avait été mémorable, assez pour que je prenne ton numéro et te rappelle quelques jours plus tard, alors que je m'ennuyais. Là encore, je pensais que tu ne te rappellerais même plus de qui j'étais et, même si cela aurait blessé mon égo, je ne t'en aurais pas voulu. Néanmoins, tu te souvenais de moi et dis même avec une certaine candeur que tu attendais mon appel. Je te donnais rendez-vous et ce qui suivit était beaucoup moins innocent.

Je ne t'avais pas tout suite révélé que j'étais pris par une autre personne, je n'avais pas prévu de te revoir après tout. Seulement, nos rencontres devenaient de plus en plus fréquentes et je ne pouvais pas le retenir plus longtemps. Je devais être clair dès le début et ne pas te donner trop d'espoir. Je ne voulais pas te blesser et te faire croire que nous aurions pu être ensemble. Cependant, j'ai quand même fini par te blesser. Je ne te méritais absolument pas, car quoique je fasse, je te faisais du mal et j'étais dans l'incapacité de te réconforter comme tu l'aurais souhaité. Si tu savais comme je mourrais d'envie de te prendre dans mes bras et de t'embrasser jusqu'à ce que tu oublies toutes tes peines. Je voulais te prendre avec moi dans mon lit pour te tenir contre moi jusqu'à ce que tu t'endormes. J'ai l'impression d'être un vieux gâteux romantique comme ça, mais c'était peut-être ce que j'étais devenu. Du coup, quand je rentrais chez moi le soir, l'idée même de toucher une autre personne que toi me répugnait. Je n'avais jamais été très affectueux mais là, je ne lançais même plus un regard à ma femme. La pauvre, elle a dû souffrir elle aussi. Ce n'était pas de sa faute, elle n'avait rien demandé et moi je lui brisais le cœur un peu plus à chaque fois. Tu vois gamin, je ne voulais pas que tu finisses comme elle. Je ne voulais pas vous blesser et je l'ai quand même fait. C'est pour ça que je refusais de te laisser entrer dans ma vie, je ne voulais pas te briser plus que je tu l'étais déjà.

Je suis interrompu dans mes pensées par quelque chose d'inattendu. Je ressens une drôle de sensation contre ma joue. Je lève la main pour la toucher et je soupire lorsque mes doigts s'humidifient légèrement. Il ne manquait plus que ça, que je pleure à cause de mes conneries. Je m'en veux d'être aussi faible, je dois me reprendre, car ton départ devrait me laisser indifférent. Cependant, c'est tout sauf le cas. Je ne comprends plus ce qui m'arrive, je ne sais plus quoi faire. Mon cœur me crie de sortir dans la rue et de te chercher pendant des jours s'il le faut tandis que ma raison me sermonne en me disant que c'est ce que je mérite et que je devais m'y attendre. Je décide d'écouter cette dernière, parce que malgré l'envie de te retrouver, je refuse de te faire encore plus de mal. J'essaye de me convaincre que c'est la meilleure chose qu'il puisse t'arriver, mais en bon égoïste que je suis, ce n'est pas suffisant. J'ai besoin de toi, est-ce que c'est si dur à comprendre ? Qu'est-ce que je dois faire pour que tu restes ? En fait, je sais très bien ce que j'ai à faire, mais je ne peux pas me résoudre à tout abandonner pour toi. Non pas que tu ne comptes pas, mais je ne veux pas te précipiter là-dedans.

Je prends une bonne respiration et passe la main dans mes cheveux afin de faire baisser les battements de mon cœur, en vain. Je vais rester dans la chambre, même si ça me fait mal, car c'était là où l'on se voyait tout le temps. Je mérite de souffrir un peu après tout, ce n'est probablement rien par rapport à ce que je t'ai fait vivre. J'essaye de te penser à autre chose que toi mais c'est peine perdue. Je n'arrive pas encore à réaliser que tu n'es plus là. Le lit me semble trop froid, trop grand et la chambre trop silencieuse. Je ne peux plus le supporter et décide de finalement m'en aller et de te laisser partir en même temps. J'ouvre la porte avant de me retourner sur les vestiges de nos nuits ensemble et de toutes ces choses que l'on a partagé en silence. Enfin, je m'en vais.

Tu vas me manquer, gamin.