Bonus : Premier jet pour le Chapitre 4 !
Et voici le dit bonus ! Comme je vous l'avais promis lors du chapitre 10, je vous envoi une surprise.
Comme dit dans le titre, il s'agit du premier jet du chapitre 4, après la renaissance de Shin. Dans le chapitre publié, nous le retrouvons avec Dania immédiatement. Mais cette idée ne m'est venue qu'après le live. Ne sachant pas à quel moment elle apparaîtrait, je m'étais réservé plusieurs passage pour leur rencontre. Et évidement...Je n'avais pas prévu que ce soit sur le chapitre 4.
J'avais au départ développer une autre idée, que je vous en ligne ce soir. Qui était ma première version de son après renaissance et sa manière de vivre.
Du coup, elle n'a plus aucun lien avec les épisodes d'aventures qui sont diffusés. Mais j'avais envie de la montrer. (En plus ma correctrice me l'avait conseillé également.)
Sur ce, je vous laisser à votre lecture.
Pleins de bacciolino.
On se retrouve en Décembre pour une autre fanfiction.
(...)
Shinddha est surpris d'entendre une voix dans cet espace aqueux, surtout provenir du dauphin qui vient de le sauver. L'enfant redevient l'adolescent qu'il était avant de mourir et voit la surface être proche. Le dauphin saute hors de l'eau, faisant respirer l'adolescent à pleins poumons, avant de ressentir une vive douleur. Comme s'il respirait l'air pour la première fois de sa vie. Une souffrance intense et désagréable qui l'oblige à pousser le plus puissant cri que son corps peut produire.
Les yeux s'ouvrent non pas sur le soleil, mais la lune. Une nuit noire et une étrange odeur de cendres, de flammes et de fumées. Sans comprendre la raison qui le pousse à agir, Shinddha se relève et voit sa maison en flammes avec à l'intérieur, les cadavres des membres de sa famille. Il est entouré par un cercle de flammes qui viennent se jeter sur lui. Sans pouvoir commander son corps, il aperçoit ses mains se lever au ciel et pousse un terrible hurlement. Des épais nuages noirs s'invitent à cette macabre nuit et déversent une quantité impressionnante d'eau, qui éteint instantanément l'incendie.
Une fois la pluie passée, qui n'a duré que quelques secondes, l'adolescent se sent à la fois vidé et empli d'une énergie nouvelle. Il constate que les blessures de son corps ont disparues. Que ses mains sont redevenues normales. Qu'il peut respirer sans aucune gêne, comme s'il n'a jamais été dans l'incendie. Il regarde la maison en cendres et s'approche doucement. Avec ses nouvelles forces, il tente de dégager les débris pour retrouver les corps de sa famille.
Il sait qu'il ne pourra pas les sauver, ni retrouver des rescapés. Oubliant même le miracle qu'il vient de vivre. Il est en vie. L'apprenti marchand se moque de savoir si un diable ou un dieu est à l'œuvre. Il veut juste délivrer ses proches, sa famille, qu'il a fuis pendant toutes ses années. Et qu'il vient de perdre en un temps plus court. Se blessant les mains par des échardes, les salissant par la suie qui a été produite sur les planches de bois, les larmes aux yeux, Shinddha découvre un premier corps calciné. Au vu de sa grandeur et du collier de coquillage qu'il porte autour du cou, Shinddha comprit qu'il s'agissait de son père, Yuki.
Rapidement, il le retire des décombres et l'éloigne de la maison.
Shinddha reproduit cette opération durant une grande partie de la nuit, retirant des décombres les cadavres de ses frères et sœurs, puis de leur mère. À chaque corps délivré, Shinddha sent son cœur se serrer, les larmes perlant sur ses joues. Une rage montante à chaque découverte et une immense nausée quand il découvre les corps calcinés des deux plus jeunes.
"Ils ne méritaient pas de mourir. Ils n'avaient encore rien découvert de la vie." pense tristement Shinddha en prenant plus de précaution sur ces petits corps.
Comme si ces derniers étaient encore vivants, il les berce, il les pose avec une grande délicatesse, semblable à celle d'une mère envers un nourrisson. Il aurait voulu cacher les corps avec des vêtements, mais il constate, avec peu de surprise, que les siens sont à moitié brûlés et ne peuvent nullement lui servir à les cacher entièrement.
Quand il sort le corps de sa mère portant la magnifique alliance que leur père a créée sur-mesure, Shinddha se sent impuissant et se rappelle du petit être qu'il était. Il se rappelle des bras forts de cette mère qui les a protégés, lui et ses frères et sœurs. Il verse de grands flots de larmes en se rappelant qu'il n'a même pas pu lui soulager des souffrances. Qu'il l'a vue mourir devant ses yeux en priant. En priant pour leur survie.
Sa survie. Il ressent une grande solitude, une profonde détresse, un grand traumatisme.
Il se répète dans sa tête : "Je suis le seul survivant. Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas eux ?"
À cette question, personne ne peut répondre. S'il le pouvait, il aurait maudit le ciel de lui faire subir une telle épreuve. Pire que l'enfer qu'il imagine. Il préférait mourir avec le reste de sa famille. Bien qu'il ait choisi par lui-même son départ pour le voyage, il savait qu'il pourrait revenir. Que ce n'est pas un départ définitif. À présent, il n'y a plus rien. Plus de foyer qui l'attend. Plus de famille dans laquelle se reposer quand on a un coup de blues ou des ennuis. Tout est réduit en cendres.
Avec le plus profond respect pour les traditions ancestrales, Shinddha attrapa le bout métallique d'une pelle qui a survécu à l'incendie. Il regarde aux alentours et personne n'est sorti, alerté par l'odeur ou par son hurlement. À croire que le village a été déserté, ou pire encore, que tous sont coupables de ce crime. À ce moment précis, Shinddha ne se décide pas sur ses hypothèses, préférant de loin enterrer convenablement ses proches dans la terre qu'ils ont aimée, travaillée et cultivée. Avec ses forces et cette demi-pelle, il creuse un caveau familial, où il entrepose l'ensemble des corps de sa famille.
Au détour de cet immense champ qui a été le leur avant l'incendie, l'adolescent trouve une grande pierre. Prenant beaucoup de temps, il traîne le rocher pour couvrir le caveau rempli de terre afin d'empêcher les charognards, les loups et les oiseaux de se nourrir de leurs corps. Leurs cadavres doivent ne rester accessibles qu'à la terre et non aux créatures de la forêt et de l'air.
Rapidement, il confectionne avec des morceaux de planches calcinées et quelques clous brulés un panneau où il écrit avec un morceau de roche :
"Ici repose la famille Kory."
Il plante la dite croix devant la roche pour indiquer que la famille est éteinte. Pour qu'une fois les habitants réveillés, ils constatent avec effroi de ce qu'il s'est passé durant la nuit. Qu'une ombre de remord plane dans leur tête.
Shinddha ne veut pas que les habitants découvrent qu'il est encore en vie. Il n'écrit aucun nom sur la croix, ni la pierre, laissant l'ombre du doute s'insinuer au creux des esprits des habitants.
Pendant quelques minutes, l'adolescent se met à genoux et se met à prier, non pas pour sa résurrection, dont il ne comprend pas le sens, mais pour le repos éternel de toute sa famille. Il espère que tous ont rejoint l'éden et qu'ils vivent heureux ensemble là-bas.
Les larmes coulent alors qu'il répète le geste que sa mère a fait avant de périr dans les flammes.
Pendant un court instant, Shinddha est en paix avec lui-même, avec la nature et avec le repos éternel de ses proches. Oui, un court instant. Car rapidement, Shinddha sent au fond de lui, en plus de cette puissance incroyable, une envie sombre et riche de force et d'enseignement.
Qui donne un goût amer dans la bouche, ne donne plus envie de vivre, mais de survivre. Il a envie de connaître et découvrir qui a manigancé un tel meurtre. Il est impossible que son père, si rigoureux et tellement à cheval sur l'ensemble des règles, ait pu laisser un tison venir brûler la maison. Il sait parfaitement que cet élément est incontrôlable.
Shinddha sait également que sa mère n'aurait jamais osé s'endormir sans s'assurer que rien ne peut menacer sa petite famille. Elle était trop proche de ses enfants, de son mari, pour laisser un quelconque accident venir tout mettre en fumée.
Impossible. Cela vient forcément de quelqu'un d'autre. Shinddha se rappelle aussi des nombreuses fois où son père était vigilant à excès. Avait-il un secret qu'il n'a jamais révélé ni à sa femme, ni à ses enfants ? Un secret qui valait le coup de les tuer ? Si ce secret peut être découvert, Shinddha doit l'acquérir pour comprendre la raison de leur assassinat. Et du sien, puisqu'il a bien senti la vie s'évanouir en lui, avant de faire cet étrange rêve, ayant récupéré toute sa santé.
"Le village doit savoir." souffle Shinddha en se dirigeant dans la forêt non loin du village. Le jeune garçon a perdu toute envie de voyage pour le moment. Son corps et son cœur n'exigent que la vengeance et les réponses à ses questions. L'adolescent se met en tête d'observer, de veiller sur les villageois, ou plutôt de les épier en les observant de loin. Il doit écouter toutes les conversations sur cet accident de leurs bouches. Il doit apprendre et découvrir ce qu'il s'est passé en réalité. Qui a eu raison de leur vie.
Au petit matin, le jeune garçon est déjà en place et observe en silence les divers villageois qui se sont éveillés et venus voir l'accident. Il voit beaucoup de femmes pleurant, des hommes pestant contre les flammes, jurant qu'il s'agissait d'un accident. À cette réponse, Shinddha aurait voulu sauter de sa cachette pour leur faire comprendre son point de vue. Au fond de lui, il sait qu'il doit attendre le bon moment. Il lui faut des aveux, savoir qui est dans le coup. Qui sont les auteurs de ce drame.
Pendant plusieurs jours, le jeune homme ne se nourrit que de quelques provisions qu'il vole de temps à autres dans les magasins et les habitations pendant la nuit. Il n'a plus aucun repère. Il vole aussi bien aux pauvres qu'aux riches. Pour lui, tous les habitants sont coupables d'un crime. Celui de ne pas être sorti les sauver, lui et sa famille. Ils devaient tous cacher quelque chose.
En effet, le jeune garçon apprend en quelques semaines plus qu'il n'a imaginé. Il a découvert que pas mal d'hommes sont infidèles à leur femmes et enfants. Parfois, ils paient les femmes les plus pauvres, leur faisant des enfants orphelins en échange de nuits torrides. D'autres fois, des femmes médisent et demander à des personnes malveillantes de créer de fausses rumeurs ou de produire de fausses preuves pour les emprisonner. Il voit même certaines personnes en empoisonnant d'autres. Personne n'est blanc comme neige. Tous sont coupables. Même les enfants. Ces derniers s'amusent à blesser les animaux des fermiers, avant d'accuser un plus faible qu'eux. Ou maltraitant les leurs en les cachant dans un recoin où personne ne viendra les chercher.
À tout moment, Shinddha pourrait les aider, éviter à certaines personnes de mourir. Au plus profond de lui, il n'y a plus de lueur d'espoir. Il ne désire que la vengeance. Il aurait même voulu tous les tuer en un coup. Malheureusement, il ne trouve toujours pas l'information qu'il souhaite.
Jusqu'à ce fameux jour, en début de printemps. Un riche visiteur entre dans la ville. Un intendant d'une grande cité qui désire améliorer son entente avec d'autres inquisiteurs voisins. Pour cela, il a acheté le terrain de ses parents, malgré les rumeurs des habitants qui indiquent que le lieu est hanté et que rien ne poussera tant que les âmes de la famille ne seront pas apaisées.
Shinddha surveille plus en détail cet homme, richement vêtu, qui observe la pierre tombale de fortune que l'adolescent a construite. Devant tout le monde, l'intendant exprime sa tristesse et indique qu'il va créer un monument pour ces personnes tout en faisant qu'il reste en toute discrétion pour que quiconque ne viennent les déranger.
Le peuple acclame leur bienfaiteur, pensant que cela calmerait les esprits qui peuvent hanter le lieu et acceptent la condition. Seulement, une âme surveille l'endroit avec beaucoup de vigueur.
Alors que les travaux commencent, l'inquisiteur place de grands buissons pour cacher le lieu de culte. Au début, Shinddha laisse passer cela, pensant en effet que la tombe sera protégée. Mais n'étant pas sûr, il continue à observer tout en faisant attention à ne pas se faire remarquer. Il a un peu appris à se fondre dans la nature, ne s'habillant que de feuillage et de branchages. Puis un jour, le crime le plus horrible apparaît devant ses yeux.
L'intendant, qui a clamé les paroles des habitants, qui a clamé qu'il priait tous les jours ces morts, commit le plus gros crime aux yeux de l'adolescent qui le prend pour cible.
Devant ses yeux médusés, l'enfant entend l'intendant ordonnant de déposer tous les déchets, les corps ou autres éléments dont il ne veut plus sur la pierre tombale. Car les humains qui y reposent sont des déchets sur sa route. Qu'il régnerait un jour sur ce monde et qu'il est heureux que les bandits qu'il a rencontrés lui aient offert la chance de les éliminer pour acquérir ce terrain. Il a dû payer une fortune à ces tueurs sanguinaires, mais au moins, leur travail est propre, en toute discrétion, aucun survivant et lui récolte la gloire. Il a fait passer cela pour un accident et même s'il ne connaît pas la famille qui a vécu à l'intérieur, il a appris que les tueurs ont un compte à régler avec cet homme et sa famille.
La rage prend le dessus sur l'humanité de l'adolescent qui prévoit son plan afin d'assassiner cet intendant, d'une douleur encore plus terrible que ses parents n'ont subi.
Un crime doit être commis. Un crime de vengeance, car il a trouvé un maillon de la chaîne. L'espoir de trouver enfin les assassins et de leur régler une fois pour toute leur compte.
Les yeux cristallins sont devenus noirs et fixés sur l'intendant, comme un prédateur envers sa proie.
(...)
