La femme de mon frère

Résumé : Emmett, trente-deux ans, jeune retraité d'une équipe de baseball rentre dans son Tennessee natal avec son épouse, Bella, tout juste vingt ans. Toute sa famille accueille cette nouvelle avec bienveillance sauf Edward, le cadet, qui a vite des doutes sur l'amour de cette Bella envers son frère.

J'ai lu plusieurs histoires où Bella doit être protégée par Edward, prétendre être sa copine ou sa femme, ou ne rien prétendre mais en tout cas, ils succombent à la tentation et ça m'a plu. Alors comme ce thème est récurrent, j'ai décidé d'écrire ma version.


PDV Edward

« Passe à la maison, il y a une surprise ! » s'exclama ma mère et je dus reculer le téléphone de mon oreille pour ne pas finir sourd.

« Ok... euh je finis à... »

« Non ! Ton père aussi rentre maintenant, rejoins-le ! »

J'avais beau avoir tout juste trente ans et vivre seul depuis douze ans, j'avais peur de ma mère quand elle prenait cette grosse voix. Mon père m'attendait déjà à l'accueil de l'hôpital de Pigeon Forge où nous travaillions tous deux, il n'en savait pas plus que moi à propos de cette surprise. Sur le chemin, nous passions au magasin de ma sœur Alice, situé à l'entrée du parc Dollywood, qui était plus excitée qu'intriguée par la surprise.

En moins de dix minutes, nous étions arrivés chez mes parents à Gatlinburg, une grosse jeep garée devant, cela ne pouvait signifier qu'une chose, Emmett était retour. Il était notre ainé, il venait de prendre sa retraite du baseball, en soit sa présence n'était pas surprenante et ma mère avait même fait pression sur lui pour qu'il vienne nous rendre visite plus tôt.

Mon père ouvrit la marche, nous allâmes dans le salon et y découvrîmes notre frère et presque cachée derrière lui une jeune femme brune aux grand yeux chocolat. Elle était d'une beauté simple et pure avec sa peau pâle et sans défauts, son corps élancé, son visage en forme de cœur, encadré de grosses boucles brunes. Elle était magnifique et pas du tout le genre de mon frère... c'était une amie sans doute, ou encore une jeune droguée qu'il avait sauvée.

Après le lycée, Emmett s'était fait de l'argent en conduisant des ambulances la nuit, je savais qu'il s'était passé quelque chose qui l'avait bouleversé. Mon père m'avait raconté simplement qu'Emmett avait été témoin d'une overdose. Ensuite, il avait aidé une association qui recueillait les jeunes qui étaient tombés dans la drogue et les fugueurs. Je révisai aussitôt mon jugement, cette jeune femme n'avait pas l'air d'une droguée, je m'y connaissais.

Emmett avait été mon modèle durant toute mon enfance, le meilleur grand-frère, un confident, un protecteur et un vrai clown. Quand il avait quitté le Tennessee pour l'Arizona, j'avais juste pensé qu'il avait besoin d'un peu d'air mais avec les années, il s'était réellement éloigné de nous. Il avait voulu devenir médecin, puis avait quitté ses études et avait poursuivi sa passion pour le baseball.

J'avais choisi aussi la médecine pour suivre non seulement l'exemple de mon père mais aussi pour me prouver que je pouvais réussir là où mon frère avait échoué. Il le savait et m'avait soutenu sans m'en tenir rigueur.

Ma mère était émue, ses yeux brillaient de joie et elle alla débusquer la jeune femme pour que nous puissions la voir. Puis elle donna un coup de coude dans le ventre de mon frère qui siffla. La jeune femme se mordait la lèvre, nerveuse et intimidée. Emmett passa un bras autour des épaules et ils se sourirent.

« Alice, Edward... voici Bella, ma femme. » nous annonça-t-il.

_oOo_

Le dîner, excellent comme toujours, fut consacré à bombarder de questions Bella. Ma mère et Alice, dans les rôles d'inspectrices, la laissèrent à peine manger.

« Où vous êtes vous rencontrés ? »

« Après un match, répondit mon frère. Bella est une fan de baseball mais elle supporte les Diamondbacks... On a failli s'étrangler au premier rendez-vous ! »

La tablée rit de cette anecdote et moi le premier, je pouvais imaginer la scène. Mon frère ne plaisantait pas avec le baseball et Bella non plus apparemment. La suite mit dans l'embarras ma belle-sœur.

« Bella a du arrêter ses études pour raisons personnelles, je compte sur vous pour ne pas la presser de question sur sa famille. » nous prévint Emmett.

« Je ne... » tenta-t-elle.

« Non, ne te force pas. » lui souffla-t-il.

Quelque chose sonnait faux dans leur échange.

« J'ai perdu mes parents, je n'en suis pas encore remise je crois. C'est aussi pour ça que je voulais tant venir ici, oublier Phoenix et recommencer. » nous confia-t-elle, la voix soudain plus grave.

Mon frère lui sourit tendrement, un peu comme il le faisait souvent quand plus jeunes, Alice s'entêtait à lui créer des vêtements et que ça n'allait jamais.

« Quels sont tes loisirs, Bella ? » lui demanda ma mère.

« J'aime beaucoup lire, j'aimerais devenir professeur de littérature. »

« C'est une fan d'Harry Potter ! » intervint mon frère joyeusement.

Bella se mit à rougir de plus belle, et il ne fut pas difficile de comprendre pourquoi mon frère eut un sursaut et se massa la jambe en rigolant.

_oOo_

Le lendemain au petit-déjeuner, Bella était déjà dans la cuisine. J'avais du réinvestir ma chambre d'adolescent puisque Emmett m'avait mis au défi la veille de boire de la téquila.

« Bonjour Edward. » m'accueillit-elle.

« Bonjour Bella, bien dormi ? »

« Non, ton frère ronfle tellement, je suis étonnée que vous y arriviez ! »

« Tu n'as pas encore l'habitude ? » m'étonnai-je.

« Euh si... en fait j'ai oublié mes boule-quiès. »

« Ma mère en a, tu devrais lui demander. »

« Merci. »

Elle tourna sa cuillère dans sa tasse de café fumant, le regard fixé sur une poignée de placard, sa lèvre inférieure coincée entre ses dents. Je ne compris pas pourquoi mais je me senti obligé de lui faire la conversation.

« Super match hier, hein ? »

« Oui... »

« Je ne suis pas les championnats. Les Diamondbacks sont bien classés ? »

« Oui... »

Ce ton monocorde trahissait un malaise, comme si je lui posais des questions auxquelles elle n'avait pas les réponses. S'y connaissait-elle vraiment en baseball. En tout cas elle ne pouvait pas détester puisque c'était la passion d'Emmett.

« Ils jouent en nationale ? »

« Oui... »

Ma mère arriva alors et Bella en parut soulagée. Quelque chose clochait mais je n'eus pas le temps de me poser plus de questions. J'allais être en retard à l'hôpital si je continuais ainsi. J'embrassai ma mère et dis au revoir à Bella.

Le soir, je remarquai que ma belle-soeur était un peu plus à l'aise chez mes parents. Elle portait une longue robe bleue nuit, bien trop habillée pour un diner familial. Ma mère me glissa qu'Alice avait réquisitionné Bella pour une séance de relooking.

« Tu aimes ? » me demanda Alice en forçant Bella à faire un tour sur elle-même.

« C'est très joli. » parvins-je à articuler.

Bella était splendide, son corps mince mis en valeur par le tissu, sa peau diaphane scintillait presque sous les éclairages du salon.

« Bonne journée ? » me questionna ma mère.

« Très bonne. »

Ce soir-là fut un nouveau supplice. Pourquoi ne pouvais-je pas me réjouir pour mon frère ? Pourquoi étais-je... jaloux ? Jaloux de lui, c'était ridicule et dangereux. Je devais m'éloigner quelques temps de Bella, éviter de la voir, de la croiser, de penser à elle.

_oOo_

Ma bonne résolution ne tint pas deux jours. Sous la pression familiale, je dus servir de chauffeur aux jeunes mariés dans leur quête d'un nid douillet. Mon frère était tellement différent avec sa femme, comme si elle était faite d'un verre fragile, ou qu'à tout moment, on allait tirer sur elle. Je le trouvais carrément niais et je ne le reconnaissais pas. Il était extrêmement prévenant, tendre, complice avec Bella alors qu'elle n'était pas aussi encline à manifester son amour.

Nous fîmes une pause déjeuner dans l'un des rares restaurants de la ville et à peine cinq minutes après s'être installés, une voix de velours nous interrompt.

« Bonjour Emmett ! »

Rosalie Hale et ancienne petite-amie d'Emmett. Je la détestais, comme toute ma famille.

« Rosalie... » grognai-je, redoutant déjà une scène.

Elle m'ignora ainsi que Bella, son regard était fixé sur mon frère.

« Tu vas bien ? lui demanda-t-elle. Tu es de retour à ce qu'il paraît. »

« Oui, ma femme et moi avons décidé de passer un peu de temps en famille. On parlait justement de se chercher une maison en ville, j'ai vu que la maison Rochester est toujours à vendre. »

Rosalie pâlit, son regard bleu se durcit puis se porta sur Bella, je voulus aussitôt la protéger, Emmett le fit en toute logique.

« À un de ces jours. » lui dit calmement mon frère tout en posant avec possessivité son bras autour des épaules de sa femme.

Cette dernière posa sa main sur sa joue, il y avait du secret dans leur regard. C'était presque intime et je m'en voulus de les observer une fois de plus.

_oOo_

Le lendemain, Rosalie croisa de nouveau Emmett au bureau de poste alors qu'il était encore avec Bella et lors du dîner, ma belle-soeur nous raconta la confrontation.

« Elle me fusillait du regard, c'était terrifiant. On ne faisait rien ! On rigolait à cause du prénom de l'employée, Rosalie nous a carrément interrompu et elle a dit à Emmett qu'il l'avait trahie et elle m'a traitée de sangsue et de bimbo ! A croire qu'elle ne s'est jamais regardée dans le miroir ! »

« Ma pauvre ! compatit ma mère. Nous savons tous que Rosalie Hale a un caractère bien trempé, mais je ne me doutais pas qu'elle oserait faire une scène en public. »

« Oui et puis ça remonte au lycée ! » enchaina Alice.

« Elle est folle... » conclut Bella en haussant les épaules.

Un regard glissé vers mon frère et je réalisai que sa femme ne savait rien de ce qu'il s'était passé entre lui et Rosalie. Il resta silencieux, je ne fus pas le seul à en être étonné mais je savais ce qu'il devait se dire.

Il ne se passa pas un jour où Bella ne croisait pas Rosalie et fur et à mesure des jours, cette dernière devint plus civilisée. Le lundi suivant, Rosalie me fit appeler à l'accueil de l'hôpital.

« J'ai à te parler. » annonça-t-elle sans préambule.

« Je n'ai plus rien à te dire. »

« Oh ! Arrête un peu avec tes grands airs, c'est du passé. » souffla-t-elle, exaspérée.

« Rosalie, je ne vois pas de quoi nous pourrions parler toi et moi. »

« De cette Bella ! »

Sa voix avait claquée, oubliée la discrétion, la femme de mon frère avait réellement réussi à faire sortir Rosalie de ses gonds. Mon sang ne fit qu'un tour, si je pouvais empêcher cette vipère de nuire à ma belle-soeur, je devais au moins savoir ce que Rosalie avait derrière la tête.

« Allons dans mon bureau. »

Elle me suivit et ne râla pas quand je lui fis prendre les escaliers au lieu de l'ascenseur. Je ne voulais pas qu'on me voie avec elle, les rumeurs auraient repris.

« Cette Bella n'est pas faite pour Emmett. » attaqua-t-elle après que j'eus fermé la porte de mon bureau.

« Qu'est-ce qui te fait dire ça ? » ricanai-je.

Évidemment qu'elle était jalouse...

« Elle est différente de lui, c'est une souris, elle est terne et ... »

« Qu'est-ce que tu attends de moi ? » la coupai-je, agacé par les mots qu'elle venait d'avoir pour ma belle-soeur.

« J'ai besoin de ton aide, je veux parler seule à seul avec Emmett. »

« Pourquoi ? »

« Pour qu'il comprenne que cette... fille n'est pas pour lui. »

« Et qu'il te choisisse ? » raillai-je.

« Je sais que j'ai aussi des torts mais... »

Je levai ma main pour la faire taire, je n'avais pas envie de reparler de tout ça.

« Je ne t'aiderai pas Rosalie. Tu as brisé le cœur de mon frère en partant pour New York. Tu es devenue mannequin mais au final, ça n'a pas marché pour toi et on sait tous que c'est parce que tu te l'es jouée garce. Emmett a enfin rencontré une femme superbe, belle, intelligente, drôle et généreuse. Il l'aime et est heureux avec elle ! Je refuse d'entrer dans tes manigances et je te préviens que tu n'as pas intérêt à leur poser problème. Ils veulent s'installer ici. »

« Il ne l'aime pas ! Je l'ai vu à la façon qu'il a de la regarder. » contra-t-elle, sourde à mes menaces.

« Cesse de les harceler. Je ne te laisserai pas t'en prendre à elle ! »

« Mais tu es... fou d'elle ! De cette Bella ! » s'écria-t-elle en me pointant du doigt.

« Tu délires ! » m'offusquai-je.

« Je t'ai vu, ce jour-là au restaurant. Tu l'as regardée comme si elle était la huitième merveille du monde. Et si tu la regardes aussi souvent, tu as du remarquer qu'elle et Emmett ne sont pas faits l'un pour l'autre. »

« Comment pourrais-je juger ? »

« Edward, je sais que j'ai déconné, je suis tellement désolée... Mais ce qui est fait est fait et j'ai beaucoup changé. »

« Ça n'est pas à moi que tu devrais dire ça et de toute façon c'est trop tard. Il est marié. » lui rappelai-je avec un plaisir mesquin.

« Il y a quelque chose qui cloche, et je le découvrirai. Au fait, les deux réceptionnistes ont mis ta photo en fond d'écran. »

Elle sortit de mon bureau en balançant avec naturel ses hanches, mais je savais que chez Rosalie Hale, tout était calculé.

_oOo_

Le lendemain Emmett me prévint par téléphone qu'il était en route pour les urgences, Bella s'était blessée. Je me précipitai à l'accueil, refilant au passage mon patient à un interne. Ils arrivèrent quelques minutes plus tard, Emmett portait Bella qui était plus pâle que d'habitude.

« Elle fait un malaise vagal, ça lui arrive toujours quand elle sent du sang. »

« Ok, allonge-la. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

« Alice a voulu lui faire une robe, et Bella a trébuché, elle est tombée sur des ciseaux, elle s'est tordue la cheville et s'est enfoncée les ciseaux dans la cuisse. Je crois bien que l'artère est touchée. »

« On monte ! »

Emmett avait raison, l'artère était touchée, chaque seconde était précieuse. Mon père, le docteur Jenks et moi opérâmes Bella sur le champ, pour la première fois de ma carrière, je ne cessais de prier tandis que la femme de mon frère était sur la table d'opération. Elle aurait pu se vider de son sang, elle aurait pu mourir, maugréai-je aussi, refusant de penser à ce que j'aurais ressenti si elle avait succombé à sa blessure. Je devais me focaliser sur mon frère, il était le plus inquiet de nous tous.

_oOo_

Je restai avec Emmett en salle de réveil, surveillant les fonctions vitales de Bella avec angoisse bien que l'opération ait été un succès. Elle quelques précautions à prendre pour la bonne cicatrisation et pourrait marcher dans une semaine. Tour irait bien, répétai-je à mon frère, tentant clairement de me rassurer moi-même.

« Alice doit s'en vouloir. » lui dis-je plus tard dans la nuit, quand pour la vingtième fois son téléphone vibra dans sa poche.

« Tu n'imagines même pas. Elle ne m'a pas écoutée, je lui avais dit de laisser Bella tranquille ! Tu crois qu'elle m'a écouté ? Je n'arrive pas à croire qu'elle a failli y rester. J'ai échoué… j'ai échoué… »

Je tapai fraternellement l'épaule de mon frère mais rien ne réussirait à lui rendre un peu de bonne humeur. Il fallait attendre que sa femme se réveille et lui prouve qu'elle irait bien, ce qui se produisit vers cinq heures du matin. Quand elle avait ouvert ses grands yeux de chocolat fondu, mon cœur reprit sa cadence habituelle.

Bella s'excusa d'avoir été maladroite ! Elle insista auprès d'Emmett pour qu'il aille se reposer, et il refusa tout net. Entre eux, la tension fut palpable, j'avais rarement vu mon frère si obstiné. Finalement, Bella tourna sa tête vers moi et me demanda de l'aider.

« Trouve-lui un lit au moins. » soupira-t-elle quelques minutes plus tard, perdante.

Trois heures plus tard, fraîchement douché et caféiné, je pénétrai dans la chambre où avait été installée Bella. Emmett dormait sur le fauteuil à côté d'elle. Bella me sourit, comme soulagée, quand elle me vit.

« Tout va bien ? »

« Oui. » souffla-t-elle pour ne pas réveiller mon frère.

_oOo_

C'était terrible de ma part mais j'avais envie de garder Bella hospitalisée le plus longtemps possible. J'avais une excuse pour venir la voir à n'importe quel moment de la journée et au bout de deux jours, elle et moi avions sympathisé. Je me sentis terriblement coupable la troisième nuit quand Bella fut prise d'un fièvre inquiétante.

« Qu'est-ce que vous avez foutu ?! » s'énerva Emmett.

« C'est imprévisible. » me défendis-je.

Je préférai ne plus l'écouter ensuite, je me concentrai sur Bella. Les médicaments allaient faire effet en quelques heures, il fallait attendre, plus facile à dire qu'à faire.

Bella se réveilla de cette fièvre au matin, et comme après son réveil de l'opération, elle s'excusa auprès de son mari pour le souci qu'elle avait causé. Elle était sincère, c'était indéniable, elle parlait comme si elle se sentait être une charge pour lui.

« Je dois téléphoner, c'est important, annonça Emmett ensuite. Tu peux rester avec elle ? » me demanda-t-il.

« Bien sur. »

« Même si tu es bipé ? » insista mon frère.

« Emmett, il ne va rien lui arriver si elle est seule quelques minutes. » soupirai-je.

« S'il te plait. »

« Ok… »

Bella rigola tout bas, Emmett la regarda surpris et inquiet.

« Elle ne sera pas très cohérente ces prochaines heures, un effet secondaire des médicaments. Ne t'inquiète pas. Je reste avec elle. »

Bella rigolait sans s'arrêter, ce que je trouvais étrange et même inquiétant. Quand son mari disparut, elle poussa un gros ouf.

« Enfin, il est parti ! »

« Pourquoi tu dis ça, Bella ? »

« Il me stresse, il est tellement inquiet pour moi. J'étouffe avec lui. »

« Tu as eu beaucoup de chance, il a eu très peur. Nous avons tous eu très peur. » lui révélai-je doucement.

Elle me dévisagea, elle n'avait pas du tout conscience de l'effet qu'elle me faisait et maintenant que nous étions seuls, je ressentais cette attirance d'autant plus. Je m'approchai d'elle, me retins de caresser son beau visage mais pas de lui prendre la main.

« Pourquoi Emmett a dit que tu caches ton homosexualité ? Ta famille a l'air très ouverte. » déclara-t-elle.

« Quand a-t-il dit ça ?! » m'énervai-je aussitôt contre mon frère.

Qu'avait-il bien pu raconter à sa femme sur moi ?

« Le soir où je vous ai tous rencontrés. »

« Je ne suis pas homosexuel. » rectifiai-je sèchement."

« Alors pourquoi tu es toujours célibataire ? » voulut-elle savoir, son visage froncé parce qu'elle ne trouvait pas ma situation logique.

« Je ne suis pas du genre à enchaîner les conquêtes. »

« Personne ne t'intéresse ? » s'étonna-t-elle.

« Si. » avouai-je.

Quel pouvoir avait-elle pour me faire parler, pour me rendre fou d'elle alors qu'elle m'était interdite ? Elle était la femme de mon frère bon sang ! Je ne devais jamais l'oublier, pourtant le doute m'empêchait de me tenir loin d'elle. Cela me peinait de l'admettre mais Rosalie Hale avait raison, Bella et Emmett n'étaient pas bien ensemble. Un inconnu leur prendrait pour un frère et une sœur, pour deux amis au mieux, mais pas pour des amants.

« Alors quel est le problème ? » reprit Bella.

« Elle n'est pas pour moi, déclarai-je, sentant ma gorge se serrer. Oublie. »

« Edward, tu es l'homme le plus... beau, sexy même, que j'ai jamais rencontré. Tu es intelligent, plein d'humour, n'importe quelle femme serait folle de ne pas t'aimer. »

« C'est toi qui parles ou les médicaments ? »

« Moi mais c'est grâce aux médicaments, parce que je ne devrais pas te dire ça. »

Elle se mit à rougir, son sourire disparut et à la place, elle se mordait la lèvre et contemplait nos mains liées.

« Et pourquoi pas ? » la questionnai-je à mon tour.

« Parce que je ne peux pas ressentir ça pour le moment. »

Je ne répliquai pas, décontenancé par sa réponse. Elle aurait du me dire autre chose, qu'elle ne me connaissait pas assez, par exemple. Et pourquoi avoir précisé « pour le moment » ? J'en deviendrai dingue, à coup sûr, il me fallait oublier cette discussion et me dire que Bella était encore délirante à cause de la fièvre et du traitement.

_oOo_

Le mois suivant, Bella me hanta de jour comme de nuit. Chaque weekend, je la voyais avec mon frère, je devais assister à leur idylle maritale. À chaque détail dérangeant, j'avais aussi une preuve que ces deux-là étaient proches. Elle ne savait pas grand-chose sur mon frère, il ne lui avait jamais raconté ses exploits de sportifs, ni les nuits passées au bord de l'ambulance. Bella n'avait également aucune idée de ce qu'avait représenté Rosalie Hale pour mon frère.

Les fêtes de Noël approchaient et ma mère et Alice harcelèrent littéralement Emmett pour les aider à trouver des cadeaux qui plairaient à sa femme. Il n'avait pas su les orienter ! Quel mari ignorait ce genre de choses ? J'avais surpris mon frère plus d'une fois avec Rosalie, les fesses à l'air, avec elle, il ne manquait jamais de se donner en spectacle. Avec Bella, il était pudique, trop pudique pour être sincère.

Nous fûmes tous réunis chez mes parents une semaine après Noël pour le Nouvel An, j'en avais assez d'être aussi perturbé et je bus un peu trop. Bella était sublime, malheureusement, dans une longue robe qui dévoilait ses épaules et son dos. J'aurais passé la soirée à bouder dans mon coin si aux douze coups de minuit je n'avais pas vu Emmett embrasser maladroitement sa femme sur le coin de la bouche.

« Tu ne sais pas embrasser ta femme ou tu ne le veux pas ?! » m'écriai-je.

Et avant que quiconque ait eu le temps de dire quelque chose, j'attrapai Bella par la taille et l'embrassai aussi fougueusement que j'en avais envie.

« C'est comme ça qu'on fait, Emmett ! Et pour info, je ne suis pas gay ! »

Je les laissai tous et m'enfuis dans le jardin. L'air frais ne m'aiderait sans doute pas mais au moins, Bella n'était pas là, désirable et inaccessible. Il me resterait le souvenir de ses lèvres douces et chaudes pour me torturer davantage. Ma mère apparut face à moi quelques instants après, les poings sur les hanches.

« Tu vas immédiatement t'excuser auprès de ton frère et de Bella ! » cria-t-elle.

Ma mère me força à me lever et à retourner à l'intérieur de la maison mais au même moment, Emmett et sa femme montaient en voiture. Mon frère me lança un regard curieux et inquiet, pas du tout furieux.

« Emmett ! Attends ! » s'écria ma mère derrière moi.

Il haussa les épaules, comme si il n'y avait rien à faire et démarra. Je n'avais pas osé regarder Bella durant ces quelques secondes.

_oOo_

Mes remords me menèrent la vie dure, je ne revis pas mon frère pendant deux semaines, évitais mes parents et ma sœur tout autant. Il y avait pourtant beaucoup à dire, je devais m'excuser auprès de Bella et d'Emmett. Et avec le temps, la revoir devint ma seule distraction.

Je me remémorais avec délice son corps parfait pressé contre le mien, le goût de ses lèvres qui avaient dansé avec les miennes. Bella ne m'avait pas repoussé, elle n'avait pas subi ce baiser. Les témoins, eux, n'avaient sans doute pas remarqué. Étais-je à ce point désespéré pour imaginer qu'elle avait répondu à mon baiser, qu'elle l'avait même aimé ?

Le seul problème était mon frère, je me sentais tellement coupable. Si j'avais d'abord cru que mon attirance pour Bella n'était du qu'à ma perpétuelle jalousie envers Emmett, j'avais revu mon diagnostic. Cela n'avait rien à voir avec mon frère, si elle ne l'avait pas épousé lui mais un autre, je l'aurais tout autant voulue. Si elle n'était pas mariée, je serais déjà à ses pieds.

Si seulement ils paraissaient amoureux l'un de l'autre, me disais-je pour justifier mes sentiments. Non, ils n'avaient rien d'un couple, à part un certificat de mariage et des alliances, et ils agissaient comme des amis.

J'étais perdu, il n'y avait pas de retour en arrière possible. Je savais les conséquences dramatiques qu'auraient mes paroles mais je devais savoir une fois pour toute si Bella ressentait aussi quelques pour moi. Ma famille s'en remettrait, Emmett me pardonnerait peut-être.

Avant d'agir, je devais me préparer à l'éventualité d'avoir tort et de devoir tout simplement partir d'ici pour ne plus causer de problème à mon frère. Si j'avais raison… bon sang si j'avais raison, je partirais aussi sans doute, mais avec elle.

Après m'être réveillé d'un rêve incroyable où Bella m'épousait, je passai l'action. Je clopinai dans ma chambre, enfilant rapidement mon pantalon et un tshirt puis débusquai mon téléphone portable.

« Emmett, je voudrais te parler. Je peux passer ce soir chez toi, après ma garde ? » lui dis-je après qu'il ait décroché.

« Pas ce soir, frérot. J'ai- »

« C'est important. » insistai-je.

« Demain, ok ? »

« Ok. »

Je conduisis trop vite ce soir-là jusqu'à la maison d'Emmett et de Bella. Si mon frère était là, il n'aurait pas le choix que d'écouter mes excuses pour le baiser. Si il n'était pas là mais Bella oui, elle n'aurait pas le choix que d'écouter ma déclaration d'amour.

La maison était plongée dans l'obscurité, il n'était pourtant que vingt-deux heures, or je connaissais les habitudes de mon frère. Bella pouvait-elle être déjà endormie et seule ? Je fus surpris par le portail électrique et l'interphone, les gens d'ici vivaient sans avoir peur d'être cambriolés. Personne ne répondit à l'interphone, après cinq minutes, je téléphonai à Emmett pour en avoir le cœur net. Il décrocha et soupira sur le champ.

« Je t'ai dit que j'étais occupé ce soir. »

« Tu es sorti avec Bella ? »

« Non, elle est à la maison. Écoute frérot, je ne peux pas parler là. On se voit demain. »

« Excuse-moi de t'avoir dérangé. » répliquai-je, très satisfait.

J'escaladai le portail et courus jusqu'à la porte mais là encore, je n'eus aucune réponse. Je contournai la maison et tentai cette fois-ci la porte de la cuisine qui donnait sur la cour et l'allée du garage. Elle ne céda pas aussi je tentai d'ouvrir une fenêtre. Alors qu'allongé sur le sol je poussai sur la fenêtre de la cave, je sentis quelque chose de froid contre mon crâne.

« Pas de gestes brusques ! » gronda Bella.

Je me retournai lentement, et découvris Bella en débardeur et short court, un gros calibre en main.

« Edward ! Mais qu'est-ce que tu fiches ici ?! »

« Je voulais te parler. »

Elle éloigna l'arme de ma tête et je pus me redresser. Je frottai mon pantalon pour gagner un peu de temps.

« J'ai failli avoir une crise cardiaque ! continua Bella. J'aurais pu tirer sur toi ! Tu imagines ?! »

« Désolé. »

Le téléphone de Bella se mit à sonner, elle l'avait coincé dans l'élastique de son sous-vêtement.

« Emmett, tu ne devineras jamais… Non, tout va bien, rassure-toi. L'alarme m'a réveillée. Oui j'ai fait ce qu'on a dit. Oh ! Non, écoute, c'est ton frère. Il est ici. »

Elle me tendit l'appareil et remonta les marches du perron.

« Qu'est-ce qui t'a pris Edward ?! » m'engueula mon frère.

« J'ai cru que tu m'avais menti et que tu m'évitais. » inventai-je.

« Rentre chez toi, je t'ai dit qu'on se verrait demain. »

« Ok salut ! »

« Attends, passe-moi Bel- »

Je raccrochai et éteignis carrément le téléphone. Il croirait que la batterie avait lâché.

« Il m'a demandé de rester avec toi, histoire que tu te sentes en sécurité. » lançai-je en suivant Bella chez elle.

« Ah bon ? »

« Oui, il s'excuse mais il devait partir. »

« Tu veux un café ? » me proposa-t-elle.

« Oui, merci. Je sors d'une garde de dix heures, je suis épuisé. »

« Tu n'as pas à rester, me dit-elle, soucieuse. Va te reposer. Et puis tu as vu, je suis armée. »

« Oui, j'ai vu… impressionnant d'ailleurs. »

« Un cadeau de mon père. »

« Tu es pleine de suprises. »

J'allai m'asseoir au milieu du canapé puis tapotai la place à ma droite, elle ne pourrait du coup pas être loin de moi.

« Alors ? Comment tu vas ? » me questionna-t-elle en tirant nerveusement sur son short.

« Et toi ? » éludai-je.

« Ça va. »

« Emmett te comble toujours autant ? »

Elle se mit à rougir et j'en eus la nausée. J'avais mal choisi mes mots.

« Il est adorable. » se contenta-t-elle de dire.

« Isabella, je te dois des excuses pour ce qu'il s'est passé au réveillon du jour de l'an. »

Elle se tendit encore plus à ces mots, ce qui me donna un peu d'espoir furent ses joues virant au cramoisi.

« Oh ! Euh… Non ça n'est pas grave. Emmett m'a dit que tu tenais mal l'alcool. »

« Sache que je ne m'excuse pas de t'avoir embrassée. » lâchai-je.

Je pris sa main dans les miennes et y déposai un baiser léger.

« Je… ne… comprends pas. » balbutia-t-elle.

« Je m'excuse de l'avoir fait devant ma famille, mais ce baiser a été le meilleur de toute ma vie. J'en avais envie, tu n'imagines pas comme j'en avais envie. »

Bella ne se recula pas quand j'approchai mes lèvres des siennes.

« J'en ai toujours envie. » ajoutai-je tout bas contre sa bouche.

« On ne doit pas. » protesta-t-elle faiblement.

Je l'embrassai enfin, recréant la magie de notre premier baiser. Mon corps entier réagit avec force, je forçai donc Bella à venir sur mes cuisses. Elle s'enhardit autant que moi, nos mains agrippèrent l'autre, ébouriffèrent nos cheveux, explorèrent nos corps jusqu'à ce qu'à bout de souffle, nos bouches se séparèrent.

« Tu n'es pas faite pour lui. » assénai-je en plongeant mes yeux dans les siens.

« Edward… Je ne peux pas. »

« Bien sur que si, je sais que tu es attirée par moi, et j'ai des sentiments pour toi. J'adore mon frère mais même lui n'est pas heureux avec toi. Votre couple n'a aucun sens. Il ne te connaît pas aussi bien qu'il le prétend, et c'est pareil pour toi. »

« Tu nous as étudiés à la loupe. » railla-t-elle en reprenant sa place sur le canapé, échappant à mes bras.

« Appelle ça le coup de foudre, l'amour au premier regard, peu importe, mais je sais que tu es celle que j'ai toujours voulue, que j'ai attendue toute ma vie. »

« Et tu n'as aucun scrupule ? »

« Bien sur, confirmai-je, mais tu es plus importante que n'importe qui. »

« Ta famille… On ne peut pas leur faire ça. »

« Ne pense qu'à toi, Bella. » l'encourageai-je, la sentant prête à céder.

« C'est impossible. » décida-t-elle pourtant.

Je me levai d'un bond, fou de rage et blessé, et entamai une série d'aller retour dans le salon. Ne comprenait-elle donc pas mes sentiments, était-elle masochiste pour vouloir rester avec un homme qui n'était pas pour elle ?

« Tu me caches quelque chose, Bella. Quelque chose qui t'empêche de partir avec moi. »

« Oui. »

« Aimes-tu mon frère ? »

« Non. » répondit-elle sans hésitation.

Elle tendit les mains vers moi et ma colère s'évapora aussitôt. Je me mis à ses pieds, pris son beau visage entre mes mains et l'embrassai tendrement.

« M'aimes-tu ? »

Elle hocha la tête en se mordant la lèvre.

« Je t'aime, Bella. Ne nous condamne pas à être l'un sans l'autre. »

« Je ne peux vraiment pas, pas maintenant. » s'entêta-t-elle.

« Je peux t'aider ! »

« Non ! Surtout pas… Je fais ça pour nous, Edward. Sois patient. »

« Je ne peux pas, Bella. Pas en sachant que tu m'aimes et que tu restes avec lui ! »

Elle resta silencieuse, débattant intérieurement, et je continuai à la supplier pour la faire craquer.

« Ok, céda-t-elle enfin. Mais tu dois jurer de n'en parler à personne. Je sais qu'Emmett vous fait à tous confiance mais on ne veut pas vous mettre en danger. »

Quoi ? Elle allait me sortir qu'elle était en danger de mort ou bien qu'elle était la fille d'un mafieux, ou encore la maitresse du président ?

« J'écoute. » m'impatientai-je.

« Je ne m'appelle pas Bella, mon vrai nom est Marie Swan. »

Flashback / Deux mois plus tôt

PDV Bella / Marie

« Marie, le procès va se finir dans deux jours, à l'annonce du verdict, tu devras déjà être loin. Que ce salop de Hunter soit relâché ou condamné, il voudra te faire payer pour ton témoignage contre lui. »

« Ok... » soufflai-je, sentant mon cœur battre trop vite.

L'agent Cullen se posta face à moi, le visage grave mais confiant. Il m'était difficile de le prendre au sérieux parfois, je me souvenais de toutes ces soirées où il faisait le pitre, buvait ou jouait au séducteur... Une fois, je l'avais même raccompagné chez lui tellement il avait forcé sur la vodka. Et pourtant c'était un flic, enfin un agent du FBI, et sa couverture était son statut de vedette de baseball à la retraite puisqu'il venait de finir la saison en faisant gagner son équipe, les Sox de Phoenix.

« Tu vas venir avec moi. »

« Où ? » m'inquiétai-je.

« Là où j'ai grandi. Dans un petit coin de paradis du Tennessee. »

« Mais... comment va-t-on faire ? Et mon père ? »

« Il se doute déjà de ce qu'il va se passer, c'est un flic lui aussi, ne l'oublie pas. »

« Ok, dis-moi tout. »

« Demain, dès que tu auras témoigné, je t'emmène. Ta nouvelle identité est Bella Cullen née Stewart. »

« Je dois changer de nom aussi ?! »

« Ça n'est pas tout. On va se faire passer pour des jeunes mariés. »

« Mais tu es célèbre ! »

« Pas tant que ça, ne t'inquiète pas. Gatlinburg est un trou, personne ne viendra. Et puis j'ai annoncé ma retraite, donc ça tombe à pic. »

« Emmett Cullen, trente-deux ans et célibataire, Casanova et joueur de baseball... j'aurais pu tomber plus mal... » ironisai-je.

« Exactement. Mais pour brouiller les pistes, on va se marier à New York. »

« Attends... tu veux dire qu'on va réellement être marié ? »

« Ouais ! C'est une super couverture ! »

« Vous pouvez pas bidouiller un truc ? me plaignis-je. Je suis contre le mariage ! »

« Marie Swan peut-être mais pas Bella Stewart ! »

« Pourquoi Bella ? »

« C'est ton deuxième prénom. » tenta-t-il et je savais qu'il mentait, mon deuxième prénom était Renée.

« Emmett ! » m'écriai-je.

« Ok, j'ai du pirater ton téléphone et ton ordinateur... C'est plutôt cochon ce que tu écris ! »

« Tu as osé ! C'est illégal ! » tempêtai-je, un peu honteuse aussi.

« T'inquiète, j'en ai parlé à personne. D'ailleurs, j'ai transféré moi-même tous tes écrits érotiques sur un nouvel ordinateur, comme ça tu pourras continuer. Qui sait si le Tennessee ne va pas t'inspirer davantage. Au fait c'est lequel Cédric Diggory ? Le roux ? »

« Non. » répliquai-je en serrant les dents, énervée et honteuse.

_oOo_

Depuis la sortie du tribunal, j'avais abandonné ma chevelure blonde pour revenir à ma couleur naturelle, un brun banal et je ne portais plus mes lunettes. Emmett m'avait aussi convaincue d'abandonner mes tshirts extra larges et mes jeans. L'agence m'avait fournie une nouvelle garde-robe, en se trompant d'une taille selon moi, c'était trop moulant mais mon nouveau mari m'avait dit que ça m'allait mieux.

« Et puis James va chercher une blondinette mal fagotée, s'il te croise, il ne va pas te reconnaître ! » argua-t-il.

« Regarde la route Emmett. »

Une minute plus tard pourtant, je le relançai.

« Et le mariage ne va pas intéresser la presse ? »

« C'est pour ça qu'on va se marier à New-York, j'suis pas célèbre là-bas. Garrett va faire en sorte d'étouffer tout ça de toute façon. »

Pour la énième fois, je le dévisageais pour comprendre comment cet homme avait pu tromper aussi longtemps tout le monde. Il avait passé des soirées avec Phil et ma mère en dévorant ce que je cuisinais, en buvant bière sur bière, en faisant rougir ma mère en racontant des blagues grivoises.

« J'aurais aimé retourner dire au revoir à mon père. »

« Écoute Bella, on en a pour au moins six mois mais moi je pense que ça va durer plus longtemps. Je ne dis pas que jamais plus tu ne pourras retourner à Phoenix, juste que tu vas devoir être patiente. Notre priorité à tous les deux désormais est de te garder en vie. On va s'en sortir, ok ? »

Je hochai la tête, des larmes plein les yeux.

« Tu es jeune, dans quelques années, tu pourras refaire ta vie. Je sais que ça craint d'être mariée à vingt ans mais c'est comme ça. Il faut que je sois en permanence avec toi, la meilleure excuse est d'être marié à toi, tu ne penses pas ? »

Il me prit la main, comme il l'avait souvent fait depuis six mois, quand James Hunter avait assassiné ma mère et mon beau-père un an plus tôt. J'avais assisté à la scène et avais du restée cachée alors que le sang de Renée et Phil coulait jusqu'à moi.

« Si... C'est juste que… J'ai peur... Et je ne veux pas que tu sois en danger à cause de moi... et ta famille...» pleurai-je à chaudes larmes.

Mon père était venu me chercher pour me cacher à Forks, hélas, James avait envoyé deux de ses hommes et j'avais été vite découverte. Mon père avait été touché par balles, heureusement sans gravité. Ensuite, Emmett avait fait sa réapparition dans ma vie, il m'avait expliqué que je devais restée cachée jusqu'au jugement. Il m'avait aussi appris pourquoi il avait passé autant de temps chez nous. Phil était l'entraineur des Sox, une équipe de seconde ligue, il avait dealé des amphétamines au sein de son équipe puis il était passé à des substances plus dures et James l'avait pris sous son contrôle.

Du jour au lendemain, Phil nous avait fait déménagé dans une grande maison, il m'avait offert une décapotable, ma mère avait cessé de travailler... la vie avait été plus douce, mais à quel prix. Quand un des joueurs avait fait une overdose et en était mort, Phil avait décidé de se retirer du business, mais James Hunter ne l'avait pas accepté. Phil avait alors contacté le FBI et Emmett avait débarqué pour enquêter tout en intégrant l'équipe. Après un match, James tuait ma mère et Phil.

J'avais été aux toilettes et eux m'attendaient dans leur voiture. James les avait fait sortir puis mettre à genou, j'étais arrivée sur le parking à ce moment-là et en entendant Phil supplier James de laisser ma mère partir, je m'étais aussitôt couchée sous une voiture. La seule chose que je voulais était de rejoindre ma mère, c'était stupide mais plus fort que moi. J'avais rampé en serrant les dents pour ne pas être entendue. Lorsqu'enfin j'étais arrivée près de la voiture de Phil, James leur avait fiché une balle dans le cœur. Ma mère s'était effondrée sous mes yeux, elle m'avait vue et avait souri. Cette image me hanterait à jamais, j'en faisais des cauchemars chaque nuit.

_oOo_

La rencontre avec mes beaux-parents s'était très bien passée, toute la famille Cullen m'accueillit chaleureusement. Esmé et Carlisle ne me prêtèrent pas les pires intentions, après tout, Emmett avait amassé une petite fortune en menant un train de vie simple durant ses années à jouer au base-ball et à travailler pour le FBI.

Alice m'avait littéralement accaparée les premières semaines, Emmett m'avait encouragé à devenir amie avec elle. Un jour, quand je serais enfin débarrassée de la menace de James Hunter, Emmett et moi avouerions à sa famille notre supercherie et mon mari de pacotille m'avait promis que les Cullen ne m'en voudrait pas.

Emmett était séduisant mais je le voyais comme un grand-frère et sa mission passait avant tout. Il n'y avait jamais eu d'ambiguïtés entre nous, malgré ses blagues souvent cochonnes. Il savait tout de moi, trop, de ma biographie officielle à ma passion pour les fanfictions d'Harry Potter. Il avait même lu les fictions que j'avais écrites pour mon seul plaisir.

J'avais du apprendre beaucoup sur lui mais il me cachait encore la raison pour laquelle son ancienne petite-amie me détestait autant. Alice et Esmé m'avaient dit en confidence que le couple avait rompu après le lycée, et que Rosalie était revenue à Galtinburg trois ans plus tard, seule.

Et il y avait Edward… Il était le plus réservé de la famille mais tout aussi aimable avec moi. Il ne me fallut pas très longtemps pour même tomber sous son charme. Qu'il fût encore célibataire dépassait l'entendement. Même moi, la plus timide des femmes, j'aurais tenté ma chance avec lui. Edward avait tout pour plaire, la tête sur les épaules, généreux, attentionné, drôle, et physiquement… je le comparais en permanence à un dieu grec. Le soir de la Saint-Sylvestre, il m'avait embrassée, exauçant mon vœu le plus coupable.

Je m'étais promis de ne jamais poser de problème à Emmett ou à sa famille. Je suivais scrupuleusement toutes les règles de sécurité d'Emmett, je restais enfermée dès qu'il devait s'absenter pour son travail, j'avais appris à me servir d'une arme et chaque jour, il m'apprenait le krav maga (je n'étais pas douée mais les progrès commençaient à se voir).

Tomber amoureuse n'était pas dans mon programme.

Je n'avais pas deviné les doutes d'Edward sur ma relation avec son frère. J'avais aussi du mal à croire en son amour mais ma vie était si triste depuis un an, j'avais besoin d'un peu de bonheur.

PDV Edward

« Il a tué ta mère sous tes yeux ? » ne pus-je m'empêcher de dire.

Bella hocha la tête, ses beaux yeux vite noyés de larmes. Son récit m'avait brisé le cœur parce qu'elle avait tout perdu, il m'avait mis en colère contre ce Hunter, il m'avait noué la gorge aussi en pensant à la bravoure de mon frère.

Je serrai Bella dans mes bras, la berçai aussi longtemps qu'elle pleura. Elle s'endormit ensuite et je n'avais pas l'intention de m'éloigner d'elle. Désormais que je savais la vérité, je n'avais plus à cacher mon amour pour elle et je ferais tout pour aider mon frère dans sa mission.

Emmett me réveilla en m'aspergeant le visage d'eau froide. Il n'y avait que lui pour posséder encore à trente-trois ans un pistolet à eau.

« Rentre chez toi, Edward. »

« Il faut qu'on discute. » refusai-je.

Je me dégageai en douceur des bras de Bella et l'allongeai sur le canapé. Mon frère me suivit à la cuisine, il sortit d'un placard une bouteille de whisky, et d'un autre deux verres, qu'il remplit à moitié.

« Je t'écoute, Eddy. »

« J'aime Bella. »

« Je sais. »

« Et elle m'aime. »

« Je sais. »

Je le questionnai du regard.

« Je te connais par cœur et tu es tellement bizarre depuis ta rencontre avec Bella, jamais je n'ai t'ai vu ainsi. Et puis tu l'as embrassé au jour de l'an, bon sang, c'était passionnel. Mais tu ne peux pas être avec elle, frérot. Désolé. »

Il me tapa légèrement l'épaule puis avala son verre d'une gorgée. Je soupirai, cherchant désespérément un moyen de le convaincre du contraire. Emmett ne jouait déjà plus au mari amoureux, il ne m'en voulait pas d'être tombé amoureux de sa femme. Avait-il deviné les aveux que Bella m'avait faits ?

« C'est une histoire de fou. » lâchai-je seulement.

« Ouais. »

Il me jaugea une minute puis claqua son verre sur le comptoir, un miracle qu'il ne l'ait pas brisé.

« Et tu vas continuer encore longtemps ? » continuai-je.

« Je ne voulais pas être joueur professionnel… À l'université, j'ai participé à une enquête sur des pots-de-vin et de smatchs truqués. Ça m'a plu et j'ai été bon. Le FBI m'a recruté avec la condition que je garde le base-ball comme couverture. Ça va faire douze ans. » se confia Emmett.

« Et Bella, enfin Marie, qu'est-ce qui va se passer pour elle ? »

« Une fois la menace éliminée, elle reprendra sa vie. »

« Et quelle est la menace exactement ? » l'interrogeai-je.

« Le salaud qui a tué sa famille n'est heureusement pas un trafiquant de grande envergure. Il a tenté de tuer Marie avant le procès, il avait réussi à s'évader de la prison, le temps qu'on le rattrape, il était à Forks, où vit le père de Marie. On l'a bouclé en prison de haute sécurité mais il a deux complices encore en liberté, sa petite-amie et un associé qui savent ce qu'ils doivent faire. On n'arrive pas à les retrouver. »

« Pourquoi rester aux Etats-Unis ? »

« Le bureau n'accorde pas une grande importance à Marie. C'est difficile à comprendre mais l'enjeu ici n'est que sa vie et les moyens pour la protéger sont réduits au minimum. »

« C'est injuste ! » m'offusquai-je.

« Edward, assez parlé de ça. Marie est une jeune femme qui a vécu des choses terribles, je ne veux pas que tu joues avec elle, si tu- »

« Je l'aime vraiment ! » me défendis-je.

« Tu n'auras pas du savoir. Tu ne dois jamais divulguer ce que tu as appris. Les parents non plus ne doivent rien savoir. Je risque mon job et surtout la sécurité de Marie, si quelqu'un- »

Nous courûmes ensemble jusqu'au salon. Bella venait de tomber du canapé, ça n'était pas difficile à deviner au bruit de sa chute et au juron qu'elle laissa échapper. Elle se figea en nous découvrant sur le seuil du salon.

« Bonjour. » marmonna-t-elle, adorable.

« Marie, tu n'aurais pas du lui dire. » attaqua Emmett.

« Je suis désolée. »

« On était d'accord, continua mon frère en la rejoignant au milieu de la pièce, tu ne devais rien dire, tenir ton rôle. Tu viens de mettre mon petit frère en danger. »

« Emmett, Edward ne dira rien à personne. » promit-elle, en se calant devant moi, comme pour me protéger.

« Ça ne change pas le problème. Il est amoureux de toi, il va compromettre notre couverture parce que je me doute qu'il ne pourra pas ne pas être avec toi. »

« Je veux être là pour elle. » confirmai-je en prenant Bella dans mes bras.

« On va partir. Dans deux jours. » annonça mon frère.

« Non ! » m'écriai-je en même temps que Bella.

« Je ne peux pas mettre ma famille en danger, rétorqua Emmett perdant un peu de son calme. On va partir avant que ça ne dégénère ici. Edward rentre chez toi, tu dois être fatigué et tu travailles sans doute aujourd'hui. »

« Je ne te laisserai pas me la prendre. » grondai-je.

« Sa vie dépend de notre prudence à tous les trois. Je t'appelle plus tard, mais préparez-vous les tourtereaux, vous n'allez pas vous revoir pendant un long moment. » trancha Emmett.

_oOo_

« Une sorte de lune de miel, ma femme pense que c'est très romantique. » rigola mon père en discutant avec le docteur Jenks.

« Et vous, Edward, toujours pas de mariage en vue ? » me questionna le médecin.

« Non. Si vous voulez bien m'excuser. »

Je m'échappai de la salle de repos et retournai à mon bureau, le cœur lourd. Emmett et Bella partaient demain, officiellement en croisière dans les Caraïbes, en réalité, j'ignorais où ils iraient. J'étais désespéré à l'idée de ne plus la revoir, ni lui parler. J'avais compris que sa sécurité en dépendait et Emmett avait d'ailleurs dit que c'était leur plan initial que de ne pas rester au même endroit trop longtemps.

On frappa à ma porte, je me levai et ouvris, pas si surpris que de voir Rosalie sur le seuil.

« Est-ce vrai ? » me demanda-t-elle d'emblée.

« Reformule ta question. »

« Ils partent ? »

« Oui. En croisière. »

« Je ne comprends pas. »

« Quoique tu manigances, ça ne fonctionnera pas. Emmett est marié et heureux. »

Face à elle, je voulais bien répandre ces mensonges, elle avait rendu malheureux mon frère et ça n'était que justice qu'il ne tombe pas dans ses filets.

« Je dois le voir. » décida-t-elle en se retournant déjà.

Je la rattrapai par la manche, elle tenta de cacher le masque de tristesse sur son visage mais ses yeux luisants la trahissaient.

« Rosalie, laisse-les tranquille. Il est temps que tu tournes la page. »

« Facile à dire. Je n'ai jamais cessé de l'aimer, tu comprends ? » murmura-t-elle, rageuse.

« Et il ne t'aime pas. »

« Il te l'a dit ? »

« Enfin Rosalie, il en a épousé une autre. Si il t'aimait, il ne serait pas resté sans te contacter toutes ces années.

Une grand sourire naquit sur ses lèvres, l'espoir que j'avais fait naître dans son regard me décontenança.

« Quoi ? »

« Il m'aime ! Merci Edward ! Maintenant, je sais qu'il m'aime. »

« Quoi ?! » répétai-je, plus ahuri.

Elle courut et dans sa hâte bouscula une jeune femme rousse qui lui décocha un regard mauvais. Je m'enfermai de nouveau dans mon bureau et téléphonai aussitôt à mon frère. Je tombai sur la messagerie, je le prévins que Rosalie tenterait de le contacter et qu'elle semblait convaincue qu'il l'aimait toujours.

La fin de ma journée fut un véritable calvaire, j'avais hâte de retourner chez Emmett et passer ma dernière soirée avec Bella, mon frère m'avait promis de nous laisser un peu d'intimité. Je dépassai quelque peu les limitations de vitesse jusqu'à la maison d'Emmett. Le portail s'ouvrit avant que j'aie besoin de sonner à l'interphone. Alors que je me garai devant la maison, mon téléphone sonna.

« Edward, tu es avec Bella ? » me questionna Emmett, la voix tendue.

« Je me gare devant chez toi. »

« Elle y est ? »

« Je suppose… le portail s'est ouvert. Où es-tu ? » le pressai-je, de plus en plus inquiet.

« Bella devait m'attendre chez les parents mais elle m'a envoyé un message pour me dire que tu la ramenais chez nous. »

« Non ! Ça n'était pas prévu ! »

« Fonce, sois prudent. »

La maison était plongée dans l'obscurité, la porte d'entrée non verrouillée, quelque chose n'allait pas du tout. Un bruit à ma gauche me fit sursauter, hélas je ne réagis pas à temps et un homme me ceintura. L'instant d'après, je reçus un coup sur la tête.

_oOo_

« Edward, tu vas bien ? » sanglota Bella à ma droite.

J'avais peine à y voir, nous étions dans une grande pièce avec une seule fenêtre brisée, la nuit était noire et glaciale, la seule lumière venait de dessous de la porte.

« Il ne saigne plus. » ajouta une autre femme à ma gauche.

« Rosalie ! Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? » m'alarmai-je.

Mes poignets menottés dans le dos, mes chevilles liées par une corde, j'étais comme Rosalie et Bella assis par terre au pied d'un mur brut et froid, attaché par le cou à un gros anneau de fer.

« Edward, ne fait pas trop de bruit. » me supplia Bella.

Elle posa sa tête sur mon épaule et continua de pleurer, répétant tout bas que tout était de sa faute.

« Tu sais où nous sommes. » me souffla Rosalie.

« Non. »

« Regarde et écoute bien. »

Étouffé, le bruit d'une cascade, l'anneau au-dessus de nos têtes m'était également familier.

« Les chutes Baskins Creek. La maison des Miller. » réalisai-je enfin.

« Vous êtes déjà venus ici ? » murmura Bella en reniflant.

« Tous ceux qui ont grandi dans cette ville connaisse cet endroit, expliquai-je. C'est une maison délabrée au bord des chutes d'eau. On y accède seulement à pied, en bateau ou à cheval. Comment sommes-nous arrivés ici ? »

« Tout est de ma faute… » reprit Bella.

« Elle ne se tait donc jamais ! » pesta Rosalie.

« Mais qu'est-ce que tu fais là, au fait ? » l'apostrophai-je sèchement.

« J'étais venue voir Emmett, le portail s'est ouvert tout seul, à l'intérieur de la maison il y avait un homme afro américain et une femme rousse. Il m'ont demandé qui j'étais, j'ai alors voulu partir mais ils avaient des armes. J'étais avec eux quand Bella est arrivée, deux heures après. Elle a cru qu'Emmett l'y attendait. Et à peine dix minutes plus tard, tu es arrivé. Il doit être une heure du matin, maintenant. Ils n'ont pas parlé, je ne sais rien de plus. »

« Sont-ils les complices de James Hunter ? » demandai-je à Bella.

Elle fit oui de la tête.

« Je crois en tout cas, nuança-t-elle. Ils ont désactivé l'alarme de la maison et ont trouvé les armes qu'Emmett et moi gardions cachées. »

« Alors c'est vraiment de sa faute. » railla Rosalie.

Je lui donnai un coup d'épaule, ça n'était pas le moment de blâmer Bella.

« Emmett va nous retrouver, souffla Bella. Et ils le savent. Ils veulent se venger de lui aussi. »

Rosalie jura et finit par exploser en sanglots. La porte s'ouvrit brusquement peu après et une femme rousse entra. Je l'avais déjà vue, j'en étais persuadé, pas plus tard que le matin-même, à l'hôpital.

« Roméo s'est réveillé ! s'enthousiasma-t-elle méchamment. On va pouvoir passer aux choses sérieuses. »

« Vous ne gagnerez pas. »

« Tu nous sous-estimes. »

« Laissez Rosalie et Bella partir, elles n'ont rien à voir avec Emmett. » bluffai-je.

La femme ne daigna pas me répondre, un homme entra à son tour et me toisa.

« Le petit frère ? » me demanda-t-il.

« Oui. Laissez Bella et Rosalie partir. » insistai-je.

« Je ne crois pas qu'aucun de vous en sortira vivant. » ricana-t-il.

Il laissa la femme sortir avant lui, puis il nous adressa un sourire machiavélique et claqua la porte. Le verrou tiré, Bella et Rosalie pleurèrent à nouveau.

Le temps s'étira, nous entendîmes nos ravisseurs rire et comploter le reste de la nuit. Ils manquaient tous deux de prudence, ou bien étaient-ils réellement résolus à nous tuer tous les trois. Laurent et Victoria, déduisis-je en les écoutant, allaient toucher une forte somme d'argent en échange de nos vies. Il était clair qu'ils ne tiendraient pas leur parole, ils espéraient donc toucher la rançon et pouvoir s'enfuir au Canada puis en Russie après nous avoir tous les trois tués.

Bella et Rosalie avaient fini par se coller à moi, leurs corps peu à peu vidés de larmes. À l'aube, Bella sembla reprendre pied avec la réalité sans plus sombrer dans la panique.

Les lumières de l'aurore nous réchauffaient quelque peu, frigorifiés et affamés, nous pouvions aussi mourir ainsi si ces criminels nous laissaient pourrir ici. Même Bella, si confiante en les capacités d'Emmett commençait à douter.

Et alors que moi-même je voyais ma fin inévitable, mon frère apparut à la fenêtre. Il l'ouvrit sans un bruit et sauta à l'intérieur, difficilement vu son gabarit. Un doigt sur sa bouche pour nous intimer le silence, il sortit un couteau et coupa les liens de nos chevilles. Les menottes lui donnèrent peu de mal, il était venu équipé.

J'étais vraiment impressionné par Emmett, si mes souvenirs étaient exacts, la fenêtre de cette pièce donnait sur la roche, les chutes d'eau à une dizaine de mètres. Il avait dû escalader pour accéder à la maison de ce côté-là.

« Les renforts sont juste dehors. Vous allez sortir par la fenêtre. » annonça-t-il en détachant son harnais.

Rosalie laissa échapper un sanglot, les nerfs autant à vif que Bella et moi. Emmett se crispa et nous entendîmes une chaise reculer brusquement de l'autre côté de la porte. Nos ravisseurs allaient découvrir Emmett.

« Allez vous asseoir ! » nous intima-t-il en silence.

Au dernier moment, il donna à Bella une arme, petit calibre, qu'elle cacha derrière son dos. Nos regards se croisèrent, le mien étonné et le sien déterminé. La porte s'ouvrit à toute volée, Laurent sur le seuil nous scruta avec méfiance. Il entra finalement dans la pièce et se mit à sourire tout en sortant de son jean un pistolet. Emmett surgit alors, il lui enserra la gorge mais Laurent eut le temps de crier pour alerter Victoria.

Elle pénétra à son tour dans la pièce, elle aussi armée.

« Agent Mc Carthy, heureuse de vous revoir. Lâchez-le ! »

Mon frère la nargua et accentua sa prise autour du cou de Laurent qui suffoquait. La complice nous contourna et alla aux côtés de Rosalie. Elle pointa son arme vers la jeune femme et répéta à mon frère de laisser Laurent.

Il suffit d'un simple regard pour qu'Emmett donne le signal à Bella d'attaquer. Celle que j'aimais, qui n'aurait pas fait de mal à une mouche, qui ne pesait pas plus de cinquante cinq kilos toute mouillée, se leva d'un bond et renversa Victoria.

« Va l'aider ! » criai-je à Emmett en me levant à mon tour.

J'allai faire plus que crier si il ne bougeait pas, je ne compris pas son amusement non plus. Je me retournai et vis Bella assise à califourchon sur Victoria, son arme à elle dans la bouche de la rouquine, son bras gauche fermement plaqué sur la gorge de la criminelle.

Les renforts entrèrent avec fracas dans la petite maison, Laurent fut remis à deux agents, quant à Victoria, Bella rechigna à la laisser être arrêtée.

« Bon boulot, Swan. » la félicita Emmett au moment où avec Rosalie, j'étais poussé vers la sortie.

Deux trop longues minutes plus tard, Emmett et Bella émergèrent de la maison, ils échangèrent un regard puis vinrent vers nous. Mon frère se planta devant Rosalie, Bella devant moi. Sous le regard ahuri de Rosalie, Bella m'embrassa et je lui rendis son baiser avec autant de force.

Bella se détacha trop vite et lança un clin d'œil à Rosalie. Emmett se pencha alors vers son ancienne petite-amie et lui déposa un baiser rapide sur les lèvres. Ils s'enlacèrent, elle pleurant et lui la rassurant.

_oOo_

« Je peux entrer ? »

« Bien sur, viens vite ! »

Bella avança dans la chambre d'hôpital que j'occupais depuis trois heures. Ma blessure à la tête, suivit par des heures sans soin, dans le froid, avait inquiétée mon père et il avait réussi à me faire hospitaliser jusqu'au lendemain.

« Tout va bien ? »

« Mieux, répondis-je en tendant mes bras vers elle. Je suis désolé, Bella. »

« Pourquoi donc ? C'est à moi de m'excuser, tu as été en danger à cause de moi. »

Bella se blottit contre moi et gémit tout bas.

« Pardon d'avoir risqué ta vie. » me dit-elle, la voix étranglée.

« Je ne me suis jamais senti autant en sécurité, la taquinai-je. Où as-tu appris à te battre ainsi ? »

Elle rit un instant puis se recula pour me regarder. Son regard humide s'illumina quand je caressais sa joue tendrement.

« Tu croyais sans doute que nous profitions de la vie maritale mais Emmett m'a entraînée quatre heures par jour depuis des mois, m'apprit Bella. Il ne voulait rien laisser au hasard et il a eu raison. »

« Alors c'est fini ? »

« Oui, oui… Je n'arrive pas à y croire. Ça a été horrible mais je suis tellement soulagée et heureuse que ce soit terminé. »

« Moi aussi. Bella, plus rien ne nous empêche d'être ensemble, n'est-ce pas ? »

Mon angoisse à cet instant dépassa celle de la nuit en étant prisonnier de dangereux criminels. Bella ne répondit pas, elle se mordit la lèvre au point de grimacer de douleur.

« Bella, je t'aime, je ne veux pas te perdre. » déclarai-je en la retenant dans mes bras.

« Moi aussi, Edward. Mais je dois reprendre ma vie en mains, je veux commencer avec toi mais pas en étant une autre. »

« Je comprends… En commençant par ton nom ? »

« Je me suis habituée à Bella pour tout te dire. J'ai toujours détesté mon prénom. »

« Qui a choisi Bella ? »

« Emmett ? » répliqua-t-elle, le ton incertain.

« Ah bon ? Tu aurais pu choisir. »

« C'est elle qui l'a choisi ! C'est son pseudo d'auteur de fictions, après effectivement c'est moi qui lui ai attribué. » nous surprit mon frère qui se tenait sur le seuil de la porte de ma chambre.

« Sors d'ici ! » pesta Bella.

« Impossible, chère épouse. Nous devons y aller. »

Après un dernier baiser, Bella suivit Emmett et je ne pus même pas l'en empêcher.

_oOo_

Un mois plus tard

« Tu es sûre que ça ne te dérange pas ? » lui demanda Emmett.

Je pris la main de Bella et l'attirai dans mon appartement.

« Ne t'inquiète pas, on se voit demain chez tes parents. » lança-t-elle juste avant que je ne referme la porte au nez de mon frère.

J'avais passé un mois sans elle, me contentant d'appels téléphoniques souvent trop courts. Emmett avait réussi à épargner mes parents, personne n'avait su que Bella, Rosalie et moi avions été enlevés. Puisqu'ils avaient annoncé un voyage, mon frère et ma petite-amie purent ainsi terminer ce chapitre de la vie de Bella.

Rosalie n'avait pas tardé à les rejoindre, elle avait pris un congé sans soldes et j'appris par Bella que le couple était devenu inséparable. J'avais beau insister auprès de mon frère pour qu'il trouve une histoire pour expliquer à nos parents que Bella n'avait jamais été son épouse, il avait toujours refusé, voulant le faire en personne. Je m'étais de mon côté plongé dans mon travail, enchaînant les gardes et évitant mes parents.

Un mois après avoir dit au revoir à Bella, elle me revenait mais nous étions toujours tenus au secret.

Je ne lui laissai pas le temps d'enlever son manteau, je la plaquai contre le mur et l'embrassai fiévreusement. J'avais imaginé ces retrouvailles des centaines de fois, avec le temps elles avaient tourné à un film pour adultes. Bella ne résista pas quand je la dégageai de son manteau et de son pull. Sa chemise perdit ensuite quelques boutons, par vengeance ou par désir, la mienne subit le même sort.

Une main contre le mur, Bella perchée sur le guéridon de l'entrée, je goûtai enfin à sa peau. En sous-vêtements et moi seulement avec mon pantalon d'hôpital, il ne nous restait qu'un petit pas à franchir.

Perdu dans les brumes du désir et de la passion, je n'entendis que trop tard la porte d'entrée s'ouvrir.

« Edward ! Mais… C'est la femme de ton frère ! » s'écria mon père.

Trop surpris pour réfléchir, je lâchai Bella qui tomba par terre en couinant. Ma mère se tenait derrière mon père, ce dernier lui bloquait délibérément la vue, voulant la protéger de cette scène.

« Qu'est ce que tu as fait ?! » continua mon père furieux.

Bella et moi ouvrîmes la bouche en même temps.

« Papa, je peux tout t'expliquer. »

« Carlisle, ça n'est pas ce que vous croyez ! »

« Je crois pourtant que c'est très clair, m'enguirlanda mon père. Tu embrasses Bella et vous êtes tous les deux à moitié nus ! »

Ma mère poussa un petit cri et contourna mon père. Bella battit en retraite, elle attrapa la pile de vêtements, les siens comme les miens, et courus au salon. Je n'avais jamais été aussi gêné de ma vie, il y avait une preuve supplémentaire à ce « déshonneur » que mon père, par pudeur, n'avait pas cité. J'attrapai une veste et la tins fermement contre mon bassin.

« Comment as-tu faire cela à ton frère ! » continuait de s'indigner mon père.

« Et à leur retour de voyages de noces ! » appuya ma mère.

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« Ne réagis pas comme cela, Edward. » me sermonna Bella.

« Ils ne m'ont même pas écouté ! Il a fallu qu'Emmett leur parle pour qu'ils me croient ! »

Nous étions dans mon lit, le matin même mes parents nous avaient donc surpris et la raison pour laquelle j'étais réellement énervé était que les retrouvailles avec ma petite-amie avaient été retardées.

« Mets-toi à leur place. »

« Non, je garde la mienne. » susurrai-je en me calant entre ses cuisses.

Je me plongeai en elle, oubliant en un instant ma famille qui me rendait fou. Il était si simple d'être heureux avec Bella, c'était évident à mes yeux qu'elle était la femme de ma vie.

« Épouse-moi aujourd'hui. »

« Pourquoi es-tu si pressé ? » hésita-t-elle.

« Parce que plus jamais je ne veux entendre que tu es la femme de mon frère. »


J'espère que cette histoire vous a plu.

Vous aviez toutes bien compris que Bella écrivait des fanfic sur la saga d'Harry Potter et que son personnage fétiche était Cédric Diggory, joué par Robert Pattinson? Bon ok.

Laissez moi une review svp! A bientôt!