Longtemps après, petit coin de paradis loin des ennuis
Deux hommes marchent lentement le long du rivage, profitant d'un repos bien mérité après une dure journée de travail en mer. Dans quelques instants ils rejoindront les autres membres de l'équipage à leur pub habituel, près du port de ce petit village côtier, mais pour l'instant ils se laissent bercer par la brise marine qui leur vient du large et le chant des mouettes au-dessus d'eux, parlant de tout et de rien. A leur gauche les vagues s'échouent à leurs pieds en léchant doucement le sable tandis qu'à leur droite se dresse une falaise érodée par le ressac, fièrement trônée par un ancien phare, inoccupé mais toujours entretenu. C'est à propos de ce phare que discutent les deux marins, ou plus précisément sur l'homme qui y loge depuis maintenant plusieurs semaines. L'inconnu était arrivé dans ce petit havre de paix le mois précédent et avait obtenu l'autorisation d'habiter le fanal la durée de son séjour. Depuis il semblait attendre. Quoi, les habitants l'ignoraient, personnes n'ayant encore osé le demander à cet homme taciturne.
-Tu sais, commença le plus âgé des deux promeneurs à l'attention de son cadet, il y a une vieille légende sur ce phare.
-Vraiment ? Je ne dois pas habiter ici depuis assez longtemps alors. Racontez la moi s'il vous plait capitaine.
Le vieux ne se fit pas prier, enchanté d'avoir un public attentif.
-Selon ma grand-mère, qui elle-même le tiens de quelques ancêtre, ce lieu est l'endroit de rendez-vous des âmes sœurs. Elle me racontait lorsque j'étais encore qu'un p'tiot, que de temps en temps, toutes les trois générations d'après son père, une personne venait s'installer au somment de cette falaise et ne repartait qu'après avoir était rejointe par sa moitié. Certaine fois elle ne resterait que quelques jours, d'autres elle attendrait pendant des années, toujours avec cette même patience. Qui sais, peut-être que cet homme là-haut fait partit de ces gens et attend lui aussi son âme sœur.
-Un homme comme lui ?! releva le plus jeune, ironique.
-Tu sors ben avec la Juliette toi…
En regagnant le pub ce soir-là, les deux marins croisèrent un jeune homme brun au regard d'un vert époustouflant qui leur demanda si le phare était actuellement occupé. A la réponse affirmative qu'ils lui donnèrent, les deux hommes le virent avec surprise pousser un petit cri de joie et se précipiter en direction de la falaise en criant un nom qu'ils ne comprirent pas. Le capitaine jeta un regard narquois à son matelot qui restait bouche bée et le tira à l'intérieur du bar, car les retrouvailles d'amoureux n'ont pas besoins de public.
FIN