Disclaimer : Harry Potter, qu'on ne devrait même plus présenter, appartient à J.K. Rowling. Et moi, à mes heures perdues, j'écris des fanfictions sur cet univers.
Un courrier (presque) inattendu.
Lily Luna Potter était connue. Et pas uniquement parce qu'elle était la fille du célèbre Harry Potter. En fait, la célébrité qu'elle avait acquise à Poudlard n'avait rien à voir avec son père. Enfin, en partie, si. Mais c'était aussi en partie grâce à sa mère, dans ce cas-là. Elle n'était pas connue uniquement pour ce qu'avaient fait ses parents. Elle l'était pour ce qu'elle-même faisait, depuis quelques années.
Lily Luna Potter était une joueuse de Quidditch douée. Et pas qu'un peu, loin s'en faut. Elle était très douée. C'était inné, c'était certain, mais elle avait aussi développé son don. Parce qu'elle aimait ça, parce que ses deux frères et ses parents avaient activement participé à cette évolution de ses capacités, faisant abstraction de la modestie parfois agaçante de Lily, qui avait tendance à parler de chance et de hasard lorsqu'on lui disait qu'elle avait admirablement bien joué – mais son père avant elle avait déjà eu cette fâcheuse habitude de parler de chance au lieu d'accepter ses aptitudes, alors Lily était pardonnée de cette modestie qu'on disait héréditaire.
Oui, Lily était douée, et c'était pour cela qu'elle était connue. Outre ses prouesses au Quidditch, elle avait des notes excellentes – ses BUSE avaient donné des résultats Optimaux – et elle était appréciée bien plus qu'elle n'était détestée. À bien y réfléchir, pas grand monde ne la détestait réellement. Tout au plus la trouvait-on légèrement agaçante, et bien trop modeste. Mais jamais encore quelqu'un n'avait avoué détester Lily Luna Potter. Ce n'était pas des mots qui s'assemblaient. Jamais.
Mais comme il ne fallait jamais dire jamais, rien n'était encore joué.
…
Lily rajusta son sac sur son épaule après avoir payé le Magicobus et salué le contrôleur d'un grand sourire, qui s'effaça pour laisser place à une grimace sitôt qu'elle le dépassa. Elle détestait ce moyen de transport.
Faisant abstraction des regards qu'on lui lançait en la reconnaissant comme étant la fille de Harry Potter, elle s'accrocha tant bien que mal à la première barre de métal qui se présenta à elle, et ferma les yeux, même si elle savait que cela ne changerait pas grand-chose. En fait, ça ne changeait même rien du tout. Elle finirait par se sentir mal, avoir des nausées, et supplier Merlin de faire cesser aussi vite que possible ce trajet, même en ayant fermé les yeux.
Pourquoi est-ce qu'elle n'était pas encore majeure, et donc pas autorisée à transplaner ?
Non, meilleure question.
Pourquoi est-ce qu'elle ne pouvait pas utiliser son balai pour se déplacer ? Fichu Code International du Secret Magique. Même si elle était entièrement d'accord avec ce Code, et même si elle lui trouvait un intérêt inégalé, elle devait reconnaître qu'elle le bafouerait volontiers à chaque fois qu'elle devait faire un déplacement. Malheureusement, comme aujourd'hui encore elle n'allait pas enfreindre la loi, elle n'avait plus qu'à prendre son mal en patience.
Le seul avantage qu'elle avait trouvé jusqu'à présent au Magicobus, c'est qu'il la menait directement devant l'allée menant à la maison des Potter, en un seul morceau, ce qui n'était pas toujours le cas lors d'un transplanage. Et en balai, le risque de voir sa route déviée était toujours présent.
Mais quand même, songea-t-elle en descendant du Magicobus, non loin de la New Forest, en tentant de ne pas songer à son envie de rendre la barquette de fruits qu'elle avait mangée sur le Chemin de Traverse, de tous les moyens de transport que possédaient les Sorciers, les seuls qui étaient autorisés étaient aussi les plus désagréables. Parce que transplaner n'était pas sans risque, et utiliser un Portoloin ou le réseau de Cheminées exigeait un certain nombre de conditions pas toujours faciles à remplir.
Comme elle savait que repenser à son voyage en Magicobus ne ferait rien d'autre que lui donner encore plus de vertiges et l'envie de vomir, Lily décida d'occulter cet affreux moment qu'elle venait de passer en songeant à la journée qui venait de s'écouler. Elle avait rejoint une amie et camarade de Gryffondor, et elles avaient passé leur journée sur le Chemin de Traverse, comme presque toujours lorsqu'elles se voyaient. Elles avaient passé l'âge où elles voulaient rester à la maison de l'une ou de l'autre, et préféraient, en tant qu'adolescentes de seize ans, flâner là où régnait une animation permanente, et où se trouvaient les magasins.
L'amie qu'elle avait vue aujourd'hui, Meredith Events, était ce qui se rapprochait le plus d'une meilleure amie pour Lily. Elles étaient devenues amies lors de leur première année à Poudlard, au cours de leur première semaine, et elles l'étaient toujours depuis ce temps. Bien sûr, parfois, elles se disputaient. Mais qui ne se disputait pas ? Personne. Aujourd'hui, cependant, elles n'avaient pas eu un mot plus haut que l'autre. Elles avaient organisé une sortie pour se voir une dernière fois avant la rentrée à Poudlard. Meredith partait pour les prochaines semaines avec ses parents, et elles ne se verraient plus avant le premier septembre. Meredith ayant rejoint Lily après que sa lettre de Poudlard soit arrivée ce matin, elle avait voulu faire ses achats de fournitures scolaires avant de partir en vacances, afin de ne pas devoir les faire au dernier moment, en rentrant de vacances, la veille de la rentrée. Lily, elle, aurait le plaisir d'ouvrir sa lettre en arrivant chez elle. Ce matin, elle était partie tôt avec son père, qui avait une réunion avant huit heures avec le Ministre de la Magie et des chefs des Bureaux des Aurors d'autres pays. Ils étaient partis si tôt que même les hiboux distribuant les journaux n'étaient pas encore venus déposer ceux que recevait la famille Potter.
Ne pas avoir fait ses courses en même temps que son amie ne dérangeait pas Lily. Cela lui redonnerait l'occasion de passer une journée sur le Chemin de Traverse pour y faire les boutiques. Et cette fois, elle pourrait passer plus de temps dans la boutique de Quidditch. Si elle était seule, elle ne se gênait pas pour y passer des heures. Elle ne se lassait jamais d'être au milieu de balais, des cirages et de tout ce qui avait trait au sport préféré des sorciers.
Contournant une zone critique de leur jardin, où se terraient des Gnomes particulièrement tenaces que son fléreur, Didi, se faisait une joie de chasser, Lily releva les yeux pour mieux voir où elle se dirigeait. En avançant dans l'allée, elle réalisa alors que la maison, qui aurait dû être fermée (elle était la seule personne à rentrer aussi tôt, son père ne rentrant jamais avant dix-huit heures, et sa mère ayant une réunion avec d'autres journalistes sportifs) était en réalité grande ouverte. Toutes les portes et les fenêtres étaient béantes. Certaines claquaient à cause des courants d'air, mais se rouvraient magiquement – si un sorcier avait donné l'ordre qu'elles soient ouvertes, alors elles le seraient.
Au lieu de s'en inquiéter et de s'armer de sa baguette, Lily sourit doucement en secouant la tête, et prit tout son temps pour rejoindre la maison. Elle fit même un détour pour décrocher une pomme d'un arbre fruitier du jardin, et croqua dedans, avant de grimper les premières marches du perron.
Il y avait une personne, chez les Potter, qui ne fermait jamais les portes (depuis toujours, il avait peur du noir et des espaces clos), et cette personne s'appelait Albus Severus Potter, l'un des deux frères de Lily. C'est pour cela que Lily n'était pas inquiète de voir la maison dans un tel état. Cela voulait simplement dire que son frère était présent.
- Al, dit tranquillement Lily en entrant dans la maison, ce n'est pas un moulin, ferme quelques portes ou fenêtres, par Merlin !
- Tu parles comme maman ! se plaignit son frère.
La voix provenant de la cuisine, Lily s'y dirigea naturellement, tout en fronçant les sourcils en se souvenant d'un détail. Son frère n'aurait pas dû être là. D'accord, il vivait encore ici, mais il était parti en vacances avec son meilleur ami, pour faire du camping, et il n'aurait pas dû rentrer avant deux semaines. Tout en mordant à nouveau dans sa pomme, Lily recalcula les dates, une fois, deux fois, trois fois. Le résultat était toujours le même, et Albus n'aurait pas dû se trouver là. Elle termina sa pomme, la jeta, refit le calcul et comprit qu'elle ne se trompait pas.
C'était bien Albus dans la cuisine, assis et lisant une lettre qui l'intéressait particulièrement, à tel point qu'il ne leva même pas les yeux vers sa sœur lorsqu'elle entra dans la pièce.
- T'es pas censé être en vacances ? s'étonna-t-elle.
Si elle avait espéré voir son frère la regarder une fois qu'elle lui aurait parlé, elle dut revoir à la baisse ses espérances. Sa question n'arracha aucune réaction à Albus, et elle n'eut la certitude qu'il l'avait entendue que lorsqu'il se décida à lui répondre, après deux minutes de silence, que Lily passa debout, les bras croisés, en attendant que son frère donne un signe de vie.
- J'en avais marre d'entendre Scorpius se plaindre, soupira finalement Albus. Même dans son sommeil ! Et Rose par-ci, et Rose par-là… Sérieusement, ces deux-là… J'en peux plus. S'ils ne voulaient pas que ça fasse un raffut pas possible, ils n'avaient qu'à le dire avant aux parents, plutôt que de les mettre devant le fait accompli. Tu m'étonnes que Ron et le père de Scorpius aient vu rouge en les voyant main dans la main… Ils croyaient tous les deux qu'ils sortaient avec quelqu'un d'autre ! Mes oreilles sifflent encore, après la rage de Ron. Rage disproportionnée, mais équivalente à celle du père de Scorpius. C'était magnifique, tout le quai a pu en profiter, ironisa Albus.
- Tu ne réponds pas à ma question, grimaça Lily, qui se rappelait aussi bien que lui de ce qui s'était produit sur le quai 9 ¾.
Les personnes présentes n'étaient pas prêtes d'oublier la réaction de Ronald Weasley et Drago Malefoy en réalisant que leur progéniture ne sortait pas avec la personne à laquelle ils s'attendaient. Et qu'elle sortait avec l'enfant d'une personne qu'ils avaient pris soin de détester durant pas moins de sept années, et même un peu plus. Ils avaient tellement crié, tempêté, pesté que le seul moyen qu'avaient trouvé Rose et Scorpius de les calmer, après trois jours à vivre avec des pères dont la rage ne faiblissait pas, était de leur dire qu'ils acceptaient de rompre, afin d'éviter des ulcères à tout le monde. Ils s'étaient dit que cela ne serait pas trop difficile à vivre – apparemment, selon les paroles d'Albus, ils avaient tort. D'ailleurs, pour autant que le sache Lily, la situation n'était pas non plus facile pour Rose. Elle l'avait vue une semaine plus tôt, et ce qui l'avait le plus marqué, c'était les yeux rouges et bouffis de Rose, qu'elle expliquait être la cause d'une allergie – alors que jusqu'à présent, Rose n'avait jamais été allergique à rien, et ça, Lily le savait très bien.
Comme son frère ne répondait pas, Lily s'approcha et tapa du poing sur la table, pour attirer à nouveau son attention. Albus était pourtant une personne attentive , capable de diviser son attention sur plusieurs conversations à la fois, mais, parfois, il était tout simplement trop absorbé par ce qu'il faisait pour réellement prêter garde à ce qui l'entourait.
- Hein ? s'étonna Albus en levant les yeux. Ah, oui, pardon. Donc, je suis là parce que j'ai reçu un hibou, ce matin. Tu connais le petit magasin de chaudrons, sur le Chemin de Traverse ? Celui que j'adore ? Et dont j'ai vu le patron il y a quelques semaines, pour discuter avec lui de son travail, de la qualité de ses chaudrons, des importations qu'il faisait, et de l'atelier qu'il a en arrière-boutique pour faire des réparations ?
Lily hocha la tête.
- Eh bah, ils viennent de m'engager.
Et Albus se replongea dans la lecture de la lettre qu'il tenait toujours en main.
Lily soupira. Elle avait certainement mal entendu. Albus ne pouvait pas avoir fait ça.
- Redis-moi ça ?
- Ils viennent de m'engager.
Abandonnant cette bataille tant qu'elle n'aurait pas une boisson chaude pour se donner du courage, Lily se tourna vers les placards, qui renfermaient les préparations destinées à Albus, Lily et James, tous les trois ayant des goûts particuliers en termes de boissons.
- Oh, tu me prépares un cappuccino ? demanda Albus aussitôt qu'il comprit ce que comptait faire Lily.
- Je croyais que je ne savais pas les faire, bougonna Lily tout en prenant tout de même de quoi préparer quelque chose pour son frère aussi. Al, qu'est-ce que tu veux dire par « ils viennent de m'engager » ? reprit-elle aussitôt qu'elle eût mis l'eau à bouillir et sortit deux tasses.
- Que j'abandonne l'année de formation pour la construction et réparation de chaudrons. De toute façon, je sais déjà tout sur le sujet. Donc pas besoin. Je vais en vendre, et en réparer. Bref, je rentre dans la vie active. Génial, non ?
Lily ferma brièvement les yeux et inspira profondément, le temps que soient prêtes les deux boissons. Non, elle ne trouvait pas ça génial du tout, et elle avait une vague idée d'autres personnes qui ne trouveraient pas ça génial non plus. Leurs parents.
Elle se laissa une petite minute de répit en versant l'eau chaude dans les tasses. À présent pleines d'une boisson fumante, elle les prit et alla s'installer en face d'Albus. Il prit la tasse qu'elle lui tendit, la remercia d'un signe de tête puis trempa ses lèvres dans le cappuccino, savourant apparemment le goût. Puis, il fixa longuement Lily, qui détourna le regard. Albus avait les mêmes yeux que leur père, et lorsqu'elle le regardait ainsi, Lily n'arrivait pas à dissocier Albus de Harry, et donc reprocher à son frère des décisions bien trop souvent irréfléchies, bien trop souvent prises sans songer aux conséquences. Or, elle devait rester concentrée aujourd'hui. Ne pas penser à Albus qui avait le même regard sage que Harry, parce qu'au contraire de leur père, il ne l'était pas du tout. Elle n'avait aucun moyen de le faire revenir sur sa décision, elle en avait pleinement conscience, mais elle pouvait peut-être réussir à le raisonner. Un peu.
- Et pourquoi est-ce que tu es encore ici, dans ce cas-là ? soupira-t-elle. Si papa et maman te voient, ils vont te demander ce que tu fais ici. Et si tu réponds ce que tu viens de m'annoncer, je suis certaine qu'ils ne vont pas être très contents.
Albus grommela quelques mots dans sa barbe absente, avant de lever des yeux fiers vers sa petite sœur. Refusant de se laisser amadouer, Lily lui adressa un regard éloquent. Il avait intérêt à s'expliquer, et vite. Albus, sous l'insistance de sa sœur, perdit un peu de sa prestance. Il passa une main dans ses cheveux désordonnés et indomptables, et les désordonna encore plus. Lui et Lily avaient tous les deux hérité des cheveux de Harry – tout peigne ou brosse qui s'y aventurait finissait brisé.
- Déjà, je te rappelle que James aussi a abandonné son année d'études, à la sortie de Poudlard.
- Je te rappelle que James est parti faire le tour du monde pour oublier la mort d'Astrid, souffla Lily. Et il a fait son année en revenant. Il a pu faire son stage là où il avait trouvé l'année précédente, tout en suivant son année d'études, et sans trop penser à elle. Ne te sers pas de lui pour justifier ce que tu fais, c'est totalement différent et tu le sais.
Albus grimaça. La petite amie de leur grand frère, James, était décédée peu après le début des vacances, alors qu'ils allaient tous les deux débuter leurs études après Poudlard. James avait été anéanti, et avait dit qu'il souhaitait partir faire un tour du monde pour se changer les idées, pour s'éloigner de ce pays qui lui rappelait sans cesse Astrid. Quand il était revenu, il paraissait aller mieux, mais ce n'était qu'une illusion, Albus et Lily le savaient très bien. James allait mieux quelques minutes, quelques heures, parfois quelques jours, dans le meilleur des cas, mais cela ne durait jamais, et ensuite, il se laissait sombrer dans une nouvelle mélancolie. C'était pour cela que jamais personne n'avait pu oublier Astrid. Tous voyaient James être un jeune homme triste, et tout le monde se souvenait qu'Astrid Smith était la cause de cette tristesse.
Comme Albus et Lily, en cet instant précis.
- Ouais, je me doutais que tu dirais un truc comme ça. Du coup, on est d'accord sur le fait que ce ne soit pas une bonne idée de leur annoncer ça de cette façon. Mais ça tombe bien, parce que j'ai pensé à une façon de leur dire qui est plus adaptée !
- Dis-moi tout, je suis curieuse de t'entendre m'expliquer comment tu vas fuir la colère de maman une fois qu'elle t'aura entendu, se moqua Lily.
- En fait, tu vas m'aider pour ça, répondit Albus, un sourire étirant ses lèvres.
Lily réussit difficilement à ne pas éclater de rire.
- C'est beau de rêver.
Albus haussa les sourcils moqueusement, et reposa enfin la lettre qu'il lisait lorsque sa sœur était rentrée. Ses yeux attirés par le mouvement d'Albus se posèrent immédiatement sur l'en-tête, et Lily constata que cette lettre n'était absolument pas destinée à son frère. En réalité, elle était pour elle. Car, qui d'autre qu'elle recevait encore des lettres de Poudlard ? La dernière reçue par Albus était celle des résultats de ses ASPIC, et elle datait de plusieurs semaines. Elle était arrivée le même jour que celle annonçant à Lily ses résultats de BUSE. Non, il n'y avait aucune raison qu'Albus reçoive une lettre de Poudlard.
Ce qui voulait dire que cette lettre était pour Lily, qu'Albus avait lu le courrier de sa sœur. Encore.
- Eh bien, vois-tu, à un moment donné du repas, j'annoncerai donc à papa et maman pourquoi je suis ici ce soir. Et avant qu'ils n'aient le temps de s'énerver, de me rappeler que je voulais absolument faire cette formation, et tous ces arguments qui étaient convaincants il y a quelques semaines et qui ne le sont plus aujourd'hui, je leur annoncerai que leur fille chérie et adorée a été nommée capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor. Et alors là, ils oublieront tout pour te féliciter…, dit tranquillement Albus en ouvrant sa paume vers Lily, et en lui montrant le badge brillant qui y reposait. Ensuite, quand le sujet reviendra à mon nouveau travail, tu diras que tu me soutiens. Parce que tu m'adores, tout simplement, et aussi parce que si tu ne fais pas ça, je vais demander à tous les cousins d'organiser une fête en l'honneur de ta nomination, et on sait tous les deux que tu n'as aucune envie d'être au centre d'une telle fête, capitaine, termina son frère en insistant sur le dernier mot.
Lily ouvrit de grands yeux. Elle passa de la lettre, posée sur la table, au badge, dans la main de son frère. Et puis, rapidement et avec les réflexes qui rappelaient à tous qu'elle était une excellente joueuse de Quidditch et une attrapeuse hors-pair, elle s'approcha de la table, prit la lettre d'une main et faucha le badge de l'autre. Frénétiquement, elle lut la lettre, et vérifia que le badge était bien authentique. Albus aurait, après tout, tout à fait pu lui faire une farce. Mais quand elle réalisa que ce n'était pas une farce, elle dut se rendre à l'évidence.
Elle était la nouvelle capitaine de l'équipe de Gryffondor. Rien que ça.
- Bon, entre nous, cette nouvelle n'étonne personne, soupira dramatiquement Albus. Après que tu n'aies eu que des Optimaux à tes BUSE, la seule façon qu'il te restait de nous rappeler ta supériorité était d'être nommée capitaine. Lily l'élève parfaite. Ah, c'est vrai, maintenant, on t'appelle Potter l'Éclair.
Lily ne releva pas le ton moqueur de son frère. Il avait toujours trouvé que ce surnom était trop facile à donner à Lily. Elle se contenta de repousser ses lunettes sur son nez et de réfléchir à ce qu'elle venait d'apprendre.
Elle avait été nommée capitaine. Elle n'en revenait pas. Non pas que le choix la surprenne réellement mais, tout de même, elle ne s'y attendait pas. Elle aurait cru qu'un élève de septième année serait nommé, plutôt qu'elle, et qu'elle obtiendrait cette reconnaissance l'année suivante. Après tout, il y avait deux élèves de septième année dans l'équipe, et les plus âgés étaient souvent choisis en priorité pour le poste.
Elle regarda une nouvelle fois le badge dans le creux de sa main, et ressentit une immense fierté à savoir qu'il serait épinglé sur sa poitrine dès la rentrée. Sur le fond rouge du badge se détachaient les lettres dorées formant le mot « capitaine ». Elle sourit un peu idiotement, ce que son frère lui fit immédiatement remarquer.
Ah, oui. Albus. Il était toujours là. Lily en avait presque oublié sa présence. Avant de se réjouir entièrement de cette nomination, Lily avait quelques détails à régler.
Elle se composa un air sérieux, et releva les yeux vers Albus. Il était temps de passer aux choses sérieuses, et de se lancer dans des négociations fraternelles.
- Comment est-ce que tu vas me payer, Al ?
- Te payer ?
Albus savait très bien feindre l'incompréhension, et beaucoup de personnes se laissaient prendre à ses airs innocents. Mais Lily vivait avec lui depuis toujours. C'était Albus qui l'avait mise sur son premier balai, avec James. C'était Albus qui lui avait appris l'art de la manipulation. Albus qui avait su lui montrer comment faire croire qu'on ne savait rien d'une affaire, alors qu'on en était l'instigateur.
En somme, si les airs d'Albus pouvaient tromper encore quelques personnes, jamais encore ils n'avaient trompé Lily. Elle savait que lorsqu'Albus prenait une telle expression, c'est qu'il était en tort et qu'il espérait que personne ne s'en rendrait compte. Dommage pour lui, Lily le connaissait trop bien.
- Eh bien, tout d'abord, tu as lu mon courrier, une fois encore. Alors que les parents t'ont interdit de le faire depuis… des années. Sans oublier que je déteste ça…
Albus lisait le courrier de sa sœur quand ça lui chantait, et ce depuis qu'elle avait quatorze ans. À l'époque, c'était pour s'assurer qu'aucun garçon n'écrivait des mots doux à Lily. Depuis, c'était une sale habitude que Lily endiguait comme elle le pouvait. Malheureusement, elle ne réussissait jamais à la vaincre totalement. C'était une habitude qui était aussi tenace qu'un Gnome était têtu, en revenant inlassablement dans le même jardin. Elle avait cru que James ramènerait Albus à la raison, en revenant de son tour du monde, mais il avait trouvé l'initiative formidable, et n'hésitait pas à l'aider dans sa tâche. Lily avait donc deux frères fouineurs, et dès qu'elle le pouvait, elle leur faisait payer ce non-respect de sa vie privée.
- Ensuite, qu'est-ce qui te fait croire que je vais dire aux parents que je trouve formidable que tu commences à travailler dès l'année prochaine, plutôt que de faire une année d'études ?
- Bah…
Albus grimaça, et leva les mains vers ses cheveux, les y enfonçant afin d'aggraver le désordre naturel qui y régnait. Lily essaya de ne pas s'attendrir de ce geste. Elle garda un air sévère, et repoussa à nouveau ses lunettes sur le haut de son nez. Ses yeux se rétrécirent, et elle eut le plaisir de voir Albus déglutir, soudainement mal à l'aise.
- Parce que je suis ton grand frère et que tu m'adores ? tenta-t-il.
Lily secoua la lettre.
- Tu as lu mon courrier.
- J'ai acheté plein de fruits. Ceux que tu adores.
- Tu as lu mon courrier…, répéta lentement Lily.
Albus parut désemparé, totalement perdu et impuissant face à la riposte de Lily. Il était clair qu'il avait espéré que sa sœur, abasourdie par la nouvelle, ne penserait pas à de tels détails. Mais, bien sûr, c'était idiot de croire que Lily se laisserait déstabiliser par une telle nouvelle. C'était Albus qui lui avait appris à ne jamais se laisser désarçonner par ce qu'on pouvait lui dire.
- Très bien, abdiqua Albus. Je viendrai avec toi la prochaine fois que tu iras au magasin de Quidditch. Et je ne lis plus ton courrier pour les trois prochains jours.
Lily haussa un sourcil. Les trois prochains jours ? C'était une plaisanterie ! Surtout que si Albus était ici ce soir, il repartirait certainement dès le lendemain retrouver Scorpius, et ce pour encore deux semaines, ce qui signifiait qu'il y avait peu de risques pour qu'il essaie d'ouvrir le courrier de Lily, et de le lire. Ce qu'ils savaient tous les deux. Et ce qu'elle s'empressa de lui rappeler.
- Les trois prochaines semaines, d'accord, mais pas plus ! s'énerva Albus. Et je compte sur toi pour m'appuyer avec les parents, c'est compris ?
- Ce sera un peu plus cher, dans ce cas-là…
- T'es dure, en affaires ! se plaignit Albus.
- C'est parce que tu m'as tout appris, plaisanta Lily avec un grand sourire collé aux lèvres.
Albus soupira, mais hocha la tête, et Lily sut qu'elle venait de convaincre son frère de la laisser choisir le cadeau qu'il lui ferait pour obtenir ses faveurs.
Elle, elle repartit dans la contemplation de sa lettre. Elle posa ses coudes sur la table, et un instant plus tard, son fléreur, Didi, sauta sur ses genoux, malgré l'air réprobateur d'Albus qui tentait de faire croire à qui voulait l'entendre qu'il n'aimait pas l'animal. Mais Lily s'en moqua, et ne fit aucune réflexion, pour une fois. Elle se contenta de passer un doigt sur le badge, d'en admirer l'éclat, de reposer sa lettre et de glisser une main dans la fourrure de son animal de compagnie.
Elle était la nouvelle capitaine de Quidditch de l'équipe de Gryffondor. Beaucoup de choses allaient changer, elle s'en faisait la promesse maintenant qu'elle en avait le pouvoir.
Mais avant de tout chambouler, elle allait profiter de la nouvelle. Et préparer l'annonce de sa nomination. Elle en connaissait un qui avait beau être son concurrent, il allait être aussi content qu'elle d'apprendre qu'elle était capitaine.
Elle réalisa alors qu'Albus était toujours en train de lui parler, sans qu'elle ne l'écoute depuis quelques minutes.
- Et au fait, avec James, on a prévu de t'offrir une chouette, cette année, parce que je ne suis plus à Poudlard et que je ne pourrai plus savoir tout ce qui t'arrive immédiatement. Bref, on veut que tu aies une chouette. Avec James, vous avez ce miroir, mais moi, ça ne me plaît pas d'être obligé de demander le miroir à James. Donc, je veux que tu aies une chouette.
- Tu sais que j'ai seize ans, et plus besoin de vous ? railla Lily en oubliant momentanément ses plans pour annoncer sa nomination.
- Tu auras toujours besoin de nous. Ou, plutôt, on aura toujours besoin de croire que tu as besoin de nous. Bref, ne change pas de sujet ! Tu n'auras plus ton fichu fléreur, mais une chouette. Voilà tout. Et pas de discussions.
- Tu peux toujours rêver pour qu'il n'y ait pas de discussions, grommela Lily entre ses dents. Maintenant, lève-toi, et aide-moi à préparer à manger. Papa et maman vont rentrer, et si rien n'est prêt, je peux t'assurer que même en disant que je suis contente que tu aies trouvé un travail, rien n'y fera, ils ne t'écouteront pas.
Albus soupira, et se leva à la suite de sa sœur. Se rapprochant d'elle, il passa un bras autour de ses épaules, et l'embrassa bruyamment sur la joue.
- C'était pour quoi, ça ? soupira Lily.
- Pour te féliciter pour ton badge, dit-il tranquillement. Tu vas tout déchirer, en tant que capitaine, assura-t-il.
Lily rosit. Elle n'en était pas certaine.
Mais elle allait faire de son mieux.
Note d'auteur.
Bonjour, bonjour à tous ! Approchez, n'ayez pas peur, je vais essayer d'être brève et d'arrêter mes délires complètement loufoques en termes d'écriture, ce que je me dois d'expliquer. Cette histoire est un genre de suite, même si elle peut se lire indépendamment (normalement) de l'histoire de base dont elle découle, parce que les éléments importants seront réexpliqués, comme s'ils n'avaient pas déjà été écrits - normalement, tout du moins. Pour ceux qui sont arrivés ici et qui souhaiteraient savoir de quelle ff découle celle-ci, je vous invite à lire Invisible, que vous trouverez sur mon profil.
Cette histoire est sur Lily Luna Potter, se passe à Poudlard, et... je pense que c'est le plus important que je puisse vous dire à l'heure actuelle. Elle comporte déjà une quinzaine de chapitres, et la moitié est tout juste atteinte, donc nous risquons de nous voir pour un moment durant. Pour ceux qui viennent en cours de route, bienvenue ! Pour ceux qui sont là pour la "suite" d'Invisible, je tiens à vous annoncer que nous allons avoir un registre bieeeeeen plus léger que celui d'Invisible. Promis, pas de morts, de jurons, et tout ça, dès le second chapitre. Et pire ! Il n'y en aura presque pas. Incroyable mais vrai. Enfin. Et les chapitres seront bien plus courts, aussi (comment ça, je ne pouvais pas faire pire ? Ne me mettez pas au défi, je suis capable de le faire, juste pour vous contredire...) Allez, reprenons.
Voici une histoire sur Lily Luna Potter, qui débute alors qu'elle est en 6ème année à Poudlard, et qui se poursuivra jusqu'en 7ème année (pas dit que j'aille jusqu'à la fin de la septième année, la fin pouvant se produire à plusieurs moments de l'histoire, donc on verra bien). Il y aura du Quidditch, des excursions nocturnes, des disputes, des frères envahissants et tristes, et encore plein de choses que je vous laisserai découvrir au fur et à mesure ! Et avant de nous quitter pour nous retrouver la semaine prochaine, sachez que je suis extrêmement critique envers cette histoire, me demandant toujours si j'ai bien fait de prendre cette ligne directive. Alors... je vous laisse le soin d'en juger ! Sur ce, je vous dis à mardi prochain, sans oublier de remercier DelfineNotPadfoot pour la correction de chapitre !