Salut tout le monde !
Aujourd'hui, dernière partie de cette histoire. Personnellement, je pense que c'est la moins bien réussit de toutes, mais il est toujours dur de conclure une histoire, même aussi brève. /!\ ATTENTION /!\ Mention d'un couple slash (Très secondaire, à peine un paragraphe, mais homophobes s'abstenir !)
Merci à Aliena Wyvern, Erikadu19, KiraMB, Surene-T et Sally-of-middle-earth pour leur review.
Réponse à KiraMB : La drogue était... trop facile d'une certaine manière. Surprendre autant que possible, n'est ce pas ? Effectivement partie décès. Après, je ne suis pas sûre que ton hypothèse colle totalement.
Enjoy !
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C'est ma maison quelques amis
Le bonheur il me semble
Un horizon qui s'éclaircit
Un amour dans ma chambre
J'ai là sur le front des nouveaux traits
Tous les mois de septembre
Et un prénom qui va manquer
Sur le bout de ma langue
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PART IV
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-« Bouge Kili, reste pas planté là ! » s'exclama joyeusement son cousin Gimli, de près de douze ans son cadet. « On dirait un zombie… pas frais ! »
Se faisant, il le bouscula accidentellement et éclaboussa par la même occasion le soda qu'il tenait à la main sur sa chemise d'un blanc immaculé.Au moins, ça aurait eu le mérite de le sortir de ses pensées morbides. Il est vrai que son passé n'était pas des plus reluisant, au contraire. Et si aujourd'hui il avait réussit à tourner la page, n'en demeurait pas moins une cicatrice. Vestige d'une plaie qui ne s'efface jamais tout à fait, mais qui à chaque jour qui passe se fait moins visible.
De nombreuses années s'étaient écoulées depuis ce fameux jour où tout avait basculé. Dix très exactement. Ce jour maudit, qui encore aujourd'hui le réveillait la nuit, haletant, en proie à de violents cauchemars. Ce jour-là, il avait été admis à l'hôpital en urgence, dans un état critique. Sa famille avait été prévenue évidemment, et tous avaient accourus. Et pendant de longues heures ils étaient restés à son chevet, attendant un geste, un signe, un simple mot. Une explication aussi. Car devant l'état dans lequel se trouvait Kili, Elrond avait été obligé d'informer ses proches de la raison de son état. A travers son inconscience, il avait entendu les sanglots de sa mère. Il avait sentit la main de son oncle, serrant fermement la sienne. Et puis il y avait eu Fili. Fili qui se fustigeait de n'avoir rien vu, Fili qui pleurait déjà son frère pas encore mort, Fili qui frappait les murs, jusqu'à sang.
A son réveil, ses premiers mots avaient été pour son frère. Pas ta faute. Trois mots, trop petits mots, les seuls qu'il avait été capables de prononcer avant de replonger dans l'inconscience. Quand il reprit connaissance, et cette fois-ci pour de bon, il apprit par sa mère que son frère était partit de l'hôpital il y a plusieurs heures, et qu'il n'était pas revenu. Kili ne le revit pas pendant une semaine, toute la durée de son hospitalisation. Pourtant, quand il sortit de l'hôpital, Fili était là. Il ne dit pas un mot ceci dit, se contentant de servir de chauffeur à son cadet. Il le déposa à la grande demeure familiale, comme il en avait été décidé préalablement, puis l'abandonna sur le perron entre les mains attentives de leur mère. Toujours sans rien dire.
Kili resta à la maison pendant des jours entiers, couvés attentivement par sa mère et par son oncle. Mais si leur silence à propos de ce qui s'était passé ne lui faisait rien, ce n'était pas le cas pour celui de Fili, dont l'absence le blessait encore plus surement que les mots. Une autre semaine passa finalement, entre vive angoisse, culpabilité et état comateux dû aux antalgiques. Dis dû se résoudre à laisser partir son fils pour qu'il rentre chez lui, se rassurant néanmoins à l'idée que son autre fils serait là pour veiller sur lui.
Mais quand Kili passa la porte de l'appartement qu'il partageait avec son frère, il fut confronté au noir et au silence. Rien ni personne ne l'attendait. Il entra, incertain. Pas un bruit. L'appartement n'avait pas changé depuis qu'il y était venu la dernière fois, juste avant son hospitalisation, soit près de deux semaines plus tôt. A croire que Fili n'y avait pas mis les pieds depuis. Fili. Inquiet pour son frère ainé, mais résolut à l'attendre, Kili déposa son sac dans l'entrée et gagnant la cuisine, alla machinalement se chercher une bière dans le frigo. Ce ne fut qu'une fois qu'il eut la bouteille de verre entre les mains qu'il se rendit pleinement compte de ce qu'il faisait. De ce qu'il avait fait pendant si longtemps. Trop longtemps. Boire. Boire, et encore boire. Poussant à hurlement de pure démence, il jeta violemment la bouteille contre le mur, où elle se brisa en une pluie de minuscules éclats. L'un d'eux rebondit sur un meuble et égratigna sa joue, mais il ignora le sang qui coulait sur sa peau. Une à une, il vida toutes les bouteilles d'alcool que contenait l'appart dans l'évier, regardant cognac et vodka disparaitre dans le siphon sans état d'âme. Puis, il alla dans sa chambre, jeta quelques affaires personnelles dans un grand sac de sport. Fouillant dans ses documents personnels, il retrouva un papier que lui avait donné Elrond plusieurs mois plus tôt. Ça semblait être dans une autre vie… Puis, sans un regard un arrière, il quitta l'appartement, pour bien plus longtemps qu'il ne le pensait.
Quand Fili rentra chez eux, tard dans la nuit, il fut surpris, et assez inquiet de ne pas voir son petit frère. Il n'était pas dans sa chambre, pas plus que dans la cuisine. En revanche, il fut atterré en y trouvant les cadavres de bouteilles qui s'y étalaient. De plus en plus angoissé, il gagna le salon, et remarqua alors pour la première fois un dépliant posé sur la table basse. Il le saisit d'une main tremblante. Sur le papier bleu s'étalaient en lettres d'un blanc éclatant « Centre de désintoxication ».
Kili resta près d'un an au centre. Le sevrage fut difficile, plus encore qu'il ne le pensait. Mais il ne céda pas, et tint fermement sa résolution : celle de s'offrir une deuxième chance, après avoir pitoyablement gâché la première. Mais heureusement, il avait le soutien incontestable et inconditionnel de sa famille et de ses proches. Lettres, coups de fils, visites, tous étaient là pour lui. Y compris Fili. Surtout Fili d'ailleurs. Fili qui s'en était voulu de n'avoir rien vu, de ne pas avoir été là pour le soutenir, de l'avoir abandonné quand il avait eu le plus besoin de lui. Mais Kili n'était pas rancunier envers son frère. Alors quand il sortit finalement du centre, Fili l'accueillit à bras ouverts, le sourire éblouissant et les yeux brillants de larmes qu'il ne contenait que difficilement. Et tous deux emménagèrent de nouveau dans leur appartement. Comme si rien ne s'était passé. Mais malheureusement, qu'importe combien ils se voilaient la face, tout avait changé. A commencer par eux.
-« Parrain, ze peux aller voir tatie si t'eu plait ? Ze veux aller voir le bébé ! »
Une nouvelle fois interrompu dans ses pensées, Kili se tourna vers son filleul de tout juste deux ans qui s'accrochait à sa jambe. S'accroupissant à son niveau, il le serra doucement dans ses bras, le petit garçon se nichant immédiatement contre lui.
-« Estel, je te l'ai déjà dit. Tu sais que tata est fatiguée à cause du bébé, alors il ne faut pas la déranger quand elle dort. »
-« Mais moi ze veux voir Ladir ! »
-« Eldarion ! » s'exclama tout à coup une voix de femme. « Arrêtes d'embêter tonton Kili. Lui aussi est fatigué ! »
-« Mais man… »
Coupant court aux jérémiades de son fils, Arwen vint saisir le petit garçonnet dans ses bras puis, souriant à Kili, rejoignit son mari qui discutait avec ses deux beaux-frères. Contemplant un moment le quatuor que formaient Arwen, Aragorn et les deux jumeaux Elrohir et Elladan, Kili songea un instant que tout ça avait été une drôle d'histoire. Il avait coupé le contact avec Aragorn il y a de nombreuses années de cela, lors du déménagement qui avait suivit le divorce. Il avait changé de ville, perdu de vue ses amis. Mais il en avait gagné d'autres. Parmi eux, Elrohir, Elladan et Arwen, ses nouveaux voisins, d'approximativement le même âge que Fili et lui. La jeune femme, une fois adulte, avait fait des études de danse et avait été engagée sur les plus grande tournées. Parmi elles, celle du dernier chanteur en vogue, Elessar, qui s'était avéré n'être nul autre qu'Aragorn. Le seul de leur ancien groupe Arkenstone qui avait continué dans la musique. Ses deux amis, l'ancien et la nouvelle, avaient immédiatement sympathisé, puis s'étaient mis en couple. Ils s'étaient mariés il y a plus de cinq ans maintenant, et avaient finalement eu un enfant, Eldarion, un adorable petit garçon dont il était le parrain. Bref, ils avaient eu la vie qu'il avait toujours voulue. Et que lui aussi avait à présent.
Regardant autour de lui, Kili eu un sourire ému en voyant les gens autour de lui. Proches, amis, famille, belle-famille. Tous réunis autour de lui. Tous avaient répondu présent, et avaient fait le déplacement pour l'occasion. Même son oncle Frerin et sa tante Emilianne, qui vivaient à présent aux Etats-Unis et qui étaient venus avec leur fils Dain, son cousin. Il ne les avaient pas vus depuis six mois. Six foutus mois. Six mois depuis... Mais peu importe... Le couple discutait actuellement avec sa mère et son tout récent mari, Dwalin. Kili adorait ce dernier. Au moins autant qu'il avait pu détester son père, ce qui n'était pas peu dire ! Dwalin était le chef de la sécurité pour Erebor tech, l'entreprise de son oncle. Dis l'avait rencontré un jour qu'elle venait rendre visite à Thorin, près de sept ans plus tôt. Ça c'était passé exactement comme dans les films à l'eau de rose. Un regard, un coup de foudre, et ils ne s'étaient plus quittés. Fili et Kili s'étaient un temps méfiés de ce grand mec baraqué, tatoué de partout et avec des piercings. Sans compter la grosse moto chromée et son stupide clébard, Smaug, un Rottweiler. Bref, pas le genre de mec qui inspirait de suite la confiance. Mais ils n'avaient pu qu'admettre qu'il rendait leur mère heureuse, et c'était tout ce qu'ils demandaient. Et puis, ça avait été bien plus drôle de se taire et de regarder leur oncle menacer d'émasculer Dwalin avec une petite cuillère si celui-ci osait faire souffrir sa petite sœur chérie.
Enfin, quelques mois plus tard, Dwalin avait pu se venger. Et il ne s'en était pas privé, loin de là. Son frère ainé, Balin, travaillait comme professeur d'histoire à Fondcombes, l'université de la ville. Mais Balin avait un collègue qui était également son meilleur ami, un charmant jeune homme prénommé Bilbo Baggins, et accessoirement professeur de littérature. Alors quand Balin eu la mauvaise idée de réunir pour un repas « entre hommes » son frère, Bilbo et Thorin, et que ce dernier se mit à faire du gringue au blond, Dwalin avait vu rouge. Pas touche. Les amis, c'est sacré. Thorin avait été incapable de bouger le bras droit pendant une semaine, écrabouillé avec une délectation évidente par Dwalin – faisant bien rire au passage ses deux neveux –. Mais Thorin s'était entêté, obstiné comme toujours, et avait demandé un rencard à Bilbo. Et à la plus grande surprise de tous, Bilbo avait accepté avec un grand sourire aux lèvres. Deux mois plus tard, ils sortaient officiellement ensembles. Moins de cinq mois après, Bilbo emménageait chez Thorin. Ça faisait maintenant six ans qu'ils étaient ensembles, et heureux comme au premier jour.
-« Kili ! » l'interpella bruyamment son oncle, le faisant sursauter. Encore. « Tu n'aurais pas vu Gimli et Dain par hasard ? Gala et Emmie n'arrivent pas à mettre la main dessus ! »
-« J'ai vu Gimli tout à l'heure. A vrai dire, il m'a à moitié sauté dessus. Je crois me souvenir qu'il est allez voir Oin, mais je n'en sais pas plus. »
Soupirant devant « ce foutu dadais de 23 ans incapable de tenir en place », Gloin se dirigea néanmoins vers Oin, vraisemblablement pour lui poser la même question. Si Kili avait depuis longtemps cessé de parler à son père, qui de toute manière n'avait jamais été là pour lui, il n'avait pas pour autant brisé tous liens avec ses deux oncles, Oin et Gloin. Pour lui, tous deux faisaient parti de la famille, bien plus que son père ne l'avait jamais été. Cela valait également pour Gala, l'épouse de Gloin, et Gimli, qui était l'un de ses cousins préférés –même si à vrai dire, il n'avait que deux cousins, lui et Dain –.
Plus loin dans le fond de la pièce, ses amis Bofur, Bifur, Bombur, Dori, Nori et Ori s'étaient rassemblés autour d'une table, et tentaient visiblement d'initier Gimli et Dain – tiens, les voilà d'ailleurs ! Pas étonnant qu'ils ne les retrouvent plus ! – aux diverses méthodes de triche au poker. Enfin, surtout Nori et Bofur, les quatre autres se contentant d'observer et de prendre des paris.
Contemplant la trentaine de personnes réunies dans la pièce d'un air expectatif, et commençant à trouver le niveau sonore un peu trop élevé, Kili se dirigea vers le fond du salon en direction du couloir desservant le reste du rez-de-chaussée, et se dirigea vers la chambre. Il savait que c'était stupide, mais après tout ce qui s'était passé six mois plus tôt, il avait un besoin perpétuel et maladif de tout savoir et tout contrôler. Vouloir changer ce qu'il n'avait pas pu éviter. Mais pourtant, quand il parvint dans la chambre, tout était en ordre. Rien n'avait bougé. Le baby phone était sur la table de chevet, éteint, son fils dormait à poings fermés dans son berceau, et sa magnifique épouse s'était finalement assoupie, épuisée par l'accouchement encore récent. Délicatement, Kili vint prendre Haldir dans les bras, lui chuchotant à voix basse la comptine que sa propre mère lui chantait quand il était jeune. Cet enfant, ce petit garçon était la concrétisation de tout ce qu'il avait toujours voulu.
Il avait rencontré Tauriel de nombreuses années plus tôt, presque neuf. Après sa sortie du centre de désintoxication, il avait commencé à voir un psychologue, Gandalf, un vieux bonhomme s'habillant toujours en gris. Kili assistait à ses séances hebdomadaires depuis près de quatre mois quand il avait rencontré Tauriel. Cette rencontre l'avait bouleversé. Il la revoyait encore dans cette salle d'attente, ses longs cheveux roux emmêlés, ses yeux rougis par le chagrin et son air dévasté. Il s'était assis à côté d'elle, et tout naturellement lui avait pris la main. Il n'avait pas parlé, et elle non plus. Il n'y avait pas besoin de mots.
Il l'avait revu la semaine suivante. Puis celle d'après, et celle d'encore après. Puis un jour, sur un coup de tête, Kili l'avait attendu à la fin de sa séance avec Gandalf et lui avait proposé d'aller boire un café. Elle avait accepté. Et ce soir là, dans la pénombre d'un bar mal éclairé, il lui avait tout raconté. Son père, sa dépression, son addiction à l'alcool et ses coucheries. Son sevrage, sa maladie qui avait finalement été soignée, et ses rendez-vous chez le psy. Tout, absolument tout, sans rien omettre ni enjoliver. Juste la vérité nue. Et elle en avait fait de même. Elle avait parlé de la mort brutale de sa mère, des suites d'un long cancer. De son père Thranduil, qui n'avait rien trouvé de mieux que de s'enterrer sous le travail pour oublier. De son frère ainé, Legolas, qui pour tenter de faire son deuil s'était tout simplement barré à l'autre bout du pays, et avait rompu tous contact. Elle parla d'elle aussi, de son adoption qu'elle venait subitement d'apprendre, et du fait qu'elle se sentait incomprise, et surtout si seule. Il lui avait dit qu'il était seul aussi. Et elle avait simplement sourit. D'un sourire triste, si semblable au sien.
Pendant un an, ils allèrent prendre leur café chaque semaine, toujours au même endroit, toujours à la même heure. Et un soir, Kili l'avait raccompagné. Deux mois après, il l'avait embrassé, juste sur le seuil de sa porte. Elle avait pleuré, et il avait pleuré avec elle. Elle était détruite, au moins autant que lui. Mais à deux, ils arriveraient à se reconstruire. Ça leur avait pris du temps. Des années en fait. Mais petit à petit, les choses s'étaient arrangées. Ils avaient réussir à bâtir un semblant de vie normale, ensemble. Tauriel avait fait le deuil de sa mère et avait abandonné son poste de secrétaire pour devenir institutrice, comme elle en avait toujours rêvé. Kili quand à lui ne touchait plus à l'alcool et avait reprit son travail au commissariat, accueillit par ses collègues à bras ouverts, à commencer par Dori.
La partie avec la famille avait été plus compliquée. Fili et Legolas – en bon grands frères qui se respectent – s'étaient chacun de leur côté fustigés et reprochés les faiblesses de leurs cadets. Mais une fois qu'ils se furent rencontrés, les deux grandes asperges blondes s'étaient entendues comme larrons de foire. Et ils étaient tout à fait d'accords sur le fait que Tauriel et Kili se faisaient mutuellement du bien. Dis avait immédiatement adopté sa belle-fille, de même que Thorin. Vili quand à lui n'avait même pas eu son mot à dire. En revanche pour Kili, les choses se passèrent un petit peu moins bien. Thranduil, avocat de renom, possédait une telle prestance qu'il était au début difficile pour le brun de se trouver dans la pièce que lui. Mais ce n'était rien comparé à Galadriel, sa sœur, et tante de Tauriel et Legolas. Cette dernière s'était fait un nom dans la profession – toutefois peu reconnue – de voyante. Quand Kili avait croisé son regard bleu glacé pour la première, il avait cru qu'elle lisait son âme. Heureusement, son mari Celeborn avait rapidement détendu l'atmosphère en disant qu'elle faisait cet effet là à tout le monde. Mais de l'eau avait coulée sous les ponts depuis, et il s'entendait à présent à merveille avec sa belle-famille. Heureusement d'ailleurs. Après le mariage, deux ans plus tôt, et la récente naissance d'Haldir, la situation aurait été problématique si ça n'avait pas été le cas.
Pris par ses souvenirs, Kili ne reprit pied avec la réalité qu'en sentant les deux bras de son épouse se refermer autour de lui. Un fin sourire étira ses lèvres minces, sourire qui fut bientôt recouvert par une paire de lèvres.
-« Comment vas-tu ? » demanda-t-il à sa femme à voix basse pour ne pas réveiller le bébé endormit.
-« Toujours fatiguée, mais moins qu'avant, » répondit Tauriel sur le même ton. « Et toi ? Ça va, tu gères la situation ? Parce que c'est la première fois que tout le monde se réunit depuis… »
Elle ne finit pas sa phrase. Il n'y en avait pas besoin. Par habitude, le regard de Kili se déplaça vers le mur d'en face, vers la commode, où trônait en premier plan un cadre photo. Il avait toujours pensé que c'était une des plus réussie. Sur celle-ci, Fili affichait un air radieux et un sourire jusqu'aux oreilles. Kili ne savait plus exactement quand elle avait été prise, surement deux ou trois auparavant. Elle n'en demeurait pas moins l'un des plus beaux souvenirs qu'il gardait de son frère. Il se rappellerait toujours de la tête qu'avait faite le blond quand Kili lui avait annoncé qu'il allait être tonton, six mois plus tôt. Fili avait pleuré, des larmes de joie, et Kili se souvint s'être alors dit que tout était parfait.
Trois jours plus tard, il se faisait tuer dans un accident de voiture. Emboutit par un chauffard ivre, mort sur le coup. Personne n'avait rien pu faire. Legolas était de garde à la caserne ce soir là. C'est lui qui, avec le reste de ses collègues pompiers, avait dû éteindre le début d'incendie. C'est lui qui avait dû identifier le corps à moitié calciné sortit de la carcasse du véhicule. C'est lui qui dû se charger de prévenir tout le monde par téléphone. Et c'est dans les bras de son beau-frère que Kili pleura la mort de son grand-frère si tendrement chéri, et trop tôt partit.
Ils avaient intenté un procès à Azog, le conducteur. Maitre Sauron, son avocat, était très doué et avait tenté de plaider non-coupable, une simple erreur et un manque de conscience. Mais il n'était rien comparé à Thranduil. Comme quoi, ça aide que beau-papa soit avocat. Sauron avait été décrédibilisé, sa carrière ruinée. Azog avait finit en tôle, et il y resterait encore un moment. Mais ça ne changeait rien pour Kili, qui à chaque jour qui passait ressentait un peu plus le manque de son frère. Fili qui avait encore la vie devant lui, Fili qui avait une famille qui l'aimait, Fili qui ne connaitrait jamais son neveu. Kili avait toujours trouvé d'une ironie sans borne que Fili soit mort tué par un conducteur ivre, alors que lui-même avait été alcoolique pendant des années.
Une larme solitaire roula sur sa joue, triste copie des milliers d'autres qu'il avait versées. La petite perle translucide roula le long de sa joue et tomba sur le crâne encore lisse de son fils. Une main douce et compatissante vint se poser sur sa joue, et Kili s'y appuya, comme un enfant. Ses yeux bruns ne quittaient pas le cadre, et ce visage si souriant. Il y avait de nombreuses années, Kili avait compris que la vie était loin d'être parfaite. Mais pourtant il sourit, un sourire triste et résigné. Puis il se tourna vers sa femme, l'embrassa, et serra plus fort contre lui son fils. Haldir Fili Durin.
La vie n'était pas parfaite, non, loin de là. Alors il se contenterait simplement d'un peu de bonheur.
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Je vais compter jusqu'à dix
L'homme sera toujours le fils
Dans quelques temps
Ma nouvelle vie
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Voilà, la fin de cette histoire. Fin en demi-teintes... Un happy-end après tout ce que j'ai fait subir à Kili, mais entaché par le décès de Fili. Mais je ne me voyais pas finir sur une note très positive. D'une, la chanson impliquait un décès. De deux, ça n'aurait pas collé avec le reste de l'histoire, déjà très sombre.
J'espère que cette conclusion vous aura plut. Merci à tous ceux qui ont laissé des reviews, mis cette histoire en favoris et/ou follow. Merci à tous !
Review ? (pour la dernière fois, snif !)