Bonjour,
Voici le premier chapitre de ma nouvelle histoire.
Petite précision la concernant : ici, Sam et Dean n'auront que deux ans de différence et non quatre. Ce qui fait que si Dean a 22 ans, Sam en a 20.
Je voulais également préciser à nouveau que cette histoire m'a été inspiré par le film P.R.I.D.E dont j'ai d'ailleurs volé le titre. L'idée m'est venue alors que je regardais à nouveau ce film dans l'avion il y a quelques mois.
J'espère qu'elle vous plaira. Dans cette histoire, la société condamne ouvertement l'homosexualité même si elle n'est pas illégale.
Bonne lecture et à jeudi
Sydney8201
Musique du chapitre :
Survival de Muse
Chapitre 1 : Dur réveil
« N'ayez d'intolérance que vis à vis de l'intolérance. »
Hippolyte Taine
Dean n'avait jamais su fonctionner correctement de bon matin sans avoir avalé au moins deux ou trois tasses de café noir. Il était incapable de réfléchir, incapable de parler et incapable de faire quoi que ce soit de productif sans sa dose de caféine. Il n'y parvenait pas quand il se couchait tôt la veille et moins encore quand il avait travaillé jusque tard dans la nuit.
Il aimait son travail. Il aimait le bar où il était serveur. Il aimait la clientèle qui le fréquentait et l'ambiance qui y régnait. Ce n'était pas l'endroit le plus classe ou le plus distingué de New York mais c'était le seul où il pouvait être lui même sans avoir peur du jugement des gens.
Etre gay n'était pas quelque chose qu'on assumait facilement. Le monde ne tolérait pas la différence et l'homosexualité était condamnée par la majeure partie de la population. Ce n'était pas illégal à proprement parlé. Mais personne n'était jamais puni pour avoir malmené un homosexuel. Pas même quand des coups étaient échangés et que la victime se retrouvait à l'hôpital ou à la morgue. Dean avait grandi en comprenant très tôt qu'il était différent. Il avait choisi de l'assumer malgré les dangers que cela représentait. Il était gay et fier de l'être. Il savait que cela lui faisait courir des risques. Mais il refusait de se cacher. Refusait de se trouver une petite amie à qui il devrait mentir. Il vivait sa vie comme bon lui semblait et se fichait de ce que les autres en pensaient.
Il n'avait jamais été personnellement attaqué sur son homosexualité. Il avait subi quelques insultes et des regards dégoûtés. Mais jamais il n'avait été agressé physiquement. Il avait en revanche bon nombre d'amis qui n'avaient pas eu cette chance.
Dean avait très mal vécu ces agressions. Et après des années à pleurer sur le cas de ceux qui avaient moins de chance que lui, il avait fini par décider d'agir. Il ne pouvait pas défendre chaque homosexuel qui courrait un risque. Il ne pouvait pas les venger non plus sans s'exposer à la police et à la justice. Mais il pouvait protester. Il pouvait dire haut et fort qu'il n'acceptait pas cette injustice. Qu'il ne tolérait pas qu'on puisse s'en prendre à quelqu'un uniquement parce qu'il était gay.
Il avait commencé doucement. Quelques manifestations ici et là. Des évènements rassemblant des dizaines de personnes devant le tribunal ou les commissariats de police pour faire entendre son mécontentement. Il avait même été interrogé une fois par une journaliste. Mais son interview avait été censurée en grande partie par le directeur de son journal et le résultat n'était définitivement pas à la hauteur de ses espérances. Il avait pourtant continué à se battre. Il avait formé avec deux amis une association qui aidait les jeunes homosexuels rejetés par leur famille ou leurs proches à trouver un toit, un métier et à reprendre une vie normale. Cela ne fonctionnait pas toujours mais Dean se sentait utile.
Ces activités ne lui laissaient pas vraiment le temps pour suivre des études ou trouver un emploi stable. Il avait donc cessé de se rendre à l'université et avait accepté un poste de serveur dans un bar. C'était un endroit fréquenté uniquement par des gays et où le personnel était généralement très légèrement vêtu. Pas un club de striptease mais un lieu de rencontre. Dean n'était pas mal à l'aise en s'exposant ainsi. Il avait parfois l'occasion de chanter également et il adorait se donner en spectacle. C'était une autre façon de protester contre l'intolérance qui régnait toujours dans le pays. Il s'assumait pleinement et vivait sa vie comme il l'entendait.
Dean était bien dans sa peau. Il était heureux la majeure partie du temps. Peu importait ce que ses amis en pensaient parfois. Peu importait ce que son petit frère en disait quand ils se voyaient. Sam avait totalement accepté son homosexualité. Il ne l'avait jamais rejeté et l'avait même encouragé à vivre sa vie telle qu'il le souhaitait. Dean aimait son frère de tout son cœur. Il l'avait pratiquement élevé et il était incroyablement fier de lui. Mais Sam ne comprenait pas réellement ce qu'il devait affronter au quotidien. Il ne savait pas quel poids reposait constamment sur ses épaules. Il ne pouvait pas comprendre parce que lui n'était pas gay. Parce qu'il avait une petite amie géniale, qu'il faisait des études brillantes et qu'il était l'exemple parfait de ce qu'il convenait de devenir pour rentrer dans la catégorie des gens « normaux ». Sam était le garçon que tous les parents voulaient pour leur fille. Il était parfait. Peu importait qu'il participe à certaines des manifestations organisées par son frère ou qu'il fréquentait parfois le bar où il travaillait. On ne le montrait pas du doigt. On ne le critiquait jamais. On l'admirait et on l'enviait. Dean, lui, était celui dont on se moquait. Celui dont on avait peur parce qu'il disait tout haut ce que les gens ne voulaient surtout pas entendre. Parce qu'il s'assumait.
Mais cela avait inévitablement des conséquences sur sa vie personnelle. Il n'avait pas de relation sérieuse, ne voulait pas d'un petit ami et multipliait les conquêtes pour passer le temps. Il savait très bien la réputation que cela lui avait valu. Mais il s'en contrefichait. Dans le cercle restreint des gens qui l'entouraient quotidiennement, il était vu comme un héros. Un homme courageux et déterminé. Un exemple à suivre. Et c'était tout ce qui comptait pour le jeune homme.
Il avait été amoureux une fois. Il avait cru avoir trouvé la personne avec qui il pourrait faire sa vie. Il s'était donné à fond durant de nombreux mois. Mais après presque trois ans, il avait fini par comprendre son erreur. Son petit ami ne l'avait jamais considéré comme tel. Il avait voulu s'amuser. Et l'avait laissé tomber pour rentrer dans la norme et se trouver une jeune femme avec qui vivre. Il avait eu le cœur brisé. L'avait toujours probablement même s'il refusait d'y penser. Tant pis. Il n'était probablement pas fait pour vivre ce genre de vie et s'installer avec quelqu'un.
Dean avait vingt deux ans et il ne cherchait qu'à s'amuser au maximum. Il rentrait avec un homme différent chaque soir et prenait du plaisir. Si quelqu'un avait quelque chose à redire, il n'avait qu'à venir le trouver. Dean savait déjà ce qu'il lui dirait en retour.
Le jeune homme attrapa sa tasse de café et la but en quelques gorgées. Il n'avait pas beaucoup dormi cette nuit. Il était rentré tard du bar et il n'était pas rentré seul. Son partenaire – Mike ? Matt ? Mike, sans doute – lui avait fait prendre son pied une bonne partie de la nuit. Il ne s'en plaignait pas. Il en avait eu besoin.
Le jeune homme était à présent debout dans sa minuscule cuisine, les yeux rivés sur la petite télévision qui avait été posée sur le comptoir à côté de l'évier. Le soleil était levé depuis peu et il pleuvait dehors. L'appartement était silencieux et Dean appréciait le calme ambiant.
Il avait choisi cet endroit parce qu'il se situait à côté de son travail et lui évitait les grands déplacements. Le quartier était calme en journée et animé la nuit. Il était presque exclusivement fréquenté par des gays. C'était l'endroit idéal pour le jeune homme. Peu importait que son appartement soit petit et probablement insalubre. Dean l'adorait. Il avait du charme et du caractère. Les poutres étaient apparentes et aucun mur n'était droit. C'était un vieil immeuble et il aurait probablement nécessité des travaux. Dean se fichait qu'il soit infesté de rats. Il aimait l'atmosphère qui y régnait.
Mike – Matt ? - dormait toujours dans la chambre. Le jeune homme n'avait pas l'intention de le réveiller. C'était toujours comme cela que ça fonctionnait. Dean couchait avec la personne qu'il ramenait puis le laissait dormir chez lui. Il lui offrait du café le lendemain avant de le mettre gentiment à la porte. Il ne lui donnait pas son numéro de téléphone. Si son partenaire d'un soir voulait le revoir, il savait où le trouver. Ca n'arrivait presque jamais de toute façon.
Dean s'étira longuement avant de se servir sa deuxième tasse de café de la matinée. Il commençait tout juste à avoir les idées claires. Il avait une journée chargée. D'ici quelques heures, il devait se rendre dans la librairie que tenait son amie Charlie, en plus de son travail au bar, pour discuter avec elle de leur prochaine manifestation. Dean avait rencontré la jeune femme trois ans plus tôt lors d'un des rassemblements qu'il avait organisé pour protester contre la libération d'un homme qui avait tué deux homosexuels devant des dizaines de témoins. Ils s'étaient rapidement liés d'amitié. Charlie était lesbienne et, comme Dean, multipliait les conquêtes. Elle était drôle et intelligente. Ils avaient une passion commune pour la Guerre des Etoiles et tous les livres de la saga Harry Potter. Ils voyaient la vie de la même façon. Charlie était son équivalent féminin et sa meilleure amie.
Le jeune homme étouffa un bâillement dans sa main avant de boire une longue gorgée de café. Il était toujours debout dans sa cuisine. La pièce était trop petite pour y installer une table et des chaises et Dean ne mangeait pratiquement jamais chez lui. Il ne déjeunait pas non plus. Il se contentait de boire du café en écoutant les informations à la télévision et n'avait pas vraiment besoin de plus de mobilier.
Le jeune homme avait les yeux rivés sur la télévision qui diffusait, pour le moment, une émission de décoration. Il n'aimait pas forcément ce type de programme mais il n'était pas regardant le matin et se contentait de ce qui était diffusé. Il n'était pas encore totalement réveillé et avait juste besoin d'un bruit de fond pour s'éclaircir définitivement les idées.
Il était courbatu par ses acrobaties de la veille. Mike ou Matt avait été parfait. Quand il avait abordé Dean dans le bar, il n'avait pas cherché à cacher ses intentions. Il l'avait complimenté sur son physique et plus particulièrement sur ses fesses – Dean savait combien elles étaient mises en valeur par la tenue qu'il portait au travail – avant de lui demander à quelle heure il terminait. Ils avaient rejoint l'appartement rapidement avant de se sauter dessus aussitôt la porte fermée. Dean s'était laissé déshabillé et embrassé puis avait accepté que son partenaire le plaque contre le mur et le prenne sauvagement dans le salon. Ils avaient poursuivi la soirée dans la chambre où Mike / Matt avait procuré deux nouveaux orgasmes au jeune homme. Une fois avec sa bouche seule et une fois en le faisant s'installer sur ses jambes et en le regardant s'empaler sur son sexe encore et encore. Dean n'avait pas honte d'aimer le sexe. Il n'avait pas honte de ce qu'il était. Et il tirait une certaine fierté de ses talents au lit. Ou dans le salon d'ailleurs. Une seule fois dans la cuisine parce que la pièce était petite. La salle de bains … les toilettes du bar. Dean aimait faire l'amour et il ne s'en cachait pas.
Le jeune homme en était à sa troisième tasse de café et regardait à présent la météo quand Mike / Matt pénétra à son tour dans la cuisine. Il était toujours entièrement nu et ne semblait absolument pas gêné de s'exposer ainsi. Dean avait enfilé un boxer mais n'était pas mal à l'aise non plus. Il savait que son corps attirait les regards. Il savait combien il était attirant. Il avait beaucoup travaillé pour obtenir ce résultat et il était satisfait à présent d'en tirer les conséquences.
Dean jeta un coup d'oeil à Mike / Matt par dessus son épaule avant de lui indiquer la cafetière du menton. Il n'aimait pas forcément parler de bon matin. Pas tant qu'il n'était pas entièrement réveillé. Mike / Matt, lui, ne semblait pas avoir le même problème.
- C'était génial hier soir. J'espère qu'on pourra recommencer rapidement.
Dean haussa les épaules. Il n'était pas le genre d'homme à coucher deux fois avec la même personne. Mais il supposait qu'il aurait bientôt fait le tour de tous les gays célibataires de New York et qu'il était temps pour lui d'accepter de revoir les mêmes personnes. De surcroît Mike / Matt était un bon coup. Il n'était pas contre l'idée de le revoir. Juste pour le sexe bien sûr. C'était tout ce que le jeune homme était capable de lui donner.
- Hmmmmm, se contenta t-il toutefois de répondre.
Ce qui pouvait être un « oui » comme un « non ». Mike / Matt allait devoir prendre toutes les initiatives. Dean ne s'engageait jamais. Il ne faisait aucune promesse. Il était ouvert d'esprit et prêt à tout tenter. Mais il ne promettait jamais rien. Parce qu'il savait qu'il finissait toujours par décevoir.
- OK, alors … je suppose qu'on se reverra. Eh qu'est-ce que tu regardes ?
Mike / Matt était donc du genre bavard. Dean allait devoir reconsidérer l'éventualité de le revoir. Il n'aimait pas les gens qui parlaient juste pour combler le silence. Il n'en voyait pas l'intérêt. Si l'Homme avait le don de parler c'était uniquement pour transmettre des messages importants. Déblatérer sur tout et n'importe quoi n'avançait à rien. Et de bon matin, c'était insupportable.
- Oh les infos, cool, lança ensuite Mike / Matt.
Dean attrapa la télécommande et monta le son pour inciter son compagnon à se taire. Il vida ensuite sa tasse de café et se concentra sur l'écran de la télévision. Une présentatrice parlait d'un ton monocorde des dernières lois votées en matière de budget. Elle enchaîna ensuite sur les politique extérieure. A côté de Dean, Matt / Mike se servait une tasse de café. Ils regardèrent la télévision en silence jusqu'à ce que la présentatrice aborde le cas d'un jeune homme qu'on avait retrouvé inconscient dans un fossé non loin de Boston. Dean tendit aussitôt l'oreille. De toute évidence, le jeune homme en question avait été violemment agressé. Ses jours n'étaient pas en danger mais les médecins parlaient de blessures sérieuses.
- D'après les premiers témoins, l'homme aurait eu un comportement inacceptable quelques heures plus tôt non loin d'un restaurant du centre ville. La police penche pour l'hypothèse de la légitime défense et a ouvert une enquête sur l'inconnu dont ils n'ont toujours pas confirmé l'identité.
Dean secoua la tête, choqué par ce qu'il entendait. Il savait très bien ce que cela voulait dire. « Comportement inacceptable » signifiait très probablement qu'il avait fait des avances à la mauvaise personne. « Légitime défense » voulait dire « passage à tabac en raison de ses préférences sexuelles ». Et comme à chaque fois, personne ne serait arrêté. Comme à chaque fois, l'homme victime de l'agression serait pointé du doigt comme étant responsable de ce qui lui était arrivé. Dean avait déjà entendu des dizaines de fois la même histoire. Et il en avait plus qu'assez.
- Les fils de pute, jura t-il en jetant la télécommande contre le mur devant lui.
Mike / Matt sursauta à côté de lui puis posa une main sur son épaule. Dean lui fit aussitôt face et le dévisagea une seconde. Son compagnon semblait au moins aussi choqué que lui. Mais il était bien plus calme.
- Je sais que c'est terrible mais il va s'en sortir. Et la prochaine fois, il …
- Il quoi ? Le coupa Dean immédiatement. Il se cachera et s'interdira de faire quoi que ce soit parce que des salopards ont décidé que ce n'était pas moralement acceptable. Il quoi ? Il vivra sa vie caché et malheureux ?
Mike / Matt retira sa main de son épaule pour croiser ses bras sur son torse.
- Je ne sais pas. Ca m'énerve au moins autant que toi mais je ne vois pas ce que s'emporter ainsi apporte à la chose.
- Mike, souffla Dean, furieux.
- Brian, le reprit ce dernier.
Oh Brian alors. Ni Mike. Ni Matt. Dean était pourtant persuadé que c'était un de ses deux noms que son compagnon lui avait donné. Ou peut être confondait-il avec un autre. Il n'avait jamais eu la mémoire des noms. Et il voyait bien trop de monde pour se souvenir du prénom de chacun. Il aurait peut être été judicieux de noter les noms sur la paume de sa main pour éviter de se ridiculiser le lendemain. « Ou d'arrêter de voir un homme différent chaque soir », suggéra la voix de son frère quelque part dans sa tête. « Tais toi Sam » pensa aussitôt Dean en détournant les yeux.
- Brian, désolé. Je … je déteste juste … je déteste l'idée que les personnes responsables de cette agression s'en sortent sans qu'on puisse rien faire contre … et je déteste l'idée qu'un garçon comme toi et moi ait du souffrir pour ce qu'il était. C'est …
- Révoltant, proposa Brian en inclinant la tête sur le côté.
Dean hocha alors la sienne. Il savait que s'emporter ainsi ne servait à rien. Mais c'était plus fort que lui. A chaque fois qu'il entendait une histoire semblable, il perdait son calme. Il détestait le monde dans lequel ils vivaient. Il détestait les gens qui se croyaient tout permis. Et il détestait les journalistes pour abreuver les idiots qui les regardaient de propos mensongers et discriminatoires. Dean était en colère la majeure partie du temps. C'était en partie ce qui l'avait poussé à agir de son côté.
- Injuste, murmura t-il finalement.
Brian acquiesça à son tour avant de reprendre sa tasse de café et d'en boire une gorgée. Dean était parfaitement réveillé à présent. Il pouvait sentir l'adrénaline affluer dans ses veines. Il avait envie d'aller voir Charlie pour parler de ce qu'il avait entendu. Il avait envie de manifester pour faire entendre sa voix. Et il avait envie de prouver à tous ceux qui croyaient ce qu'ils entendaient qu'ils avaient tort. Qu'aimer une personne du même sexe n'était pas un crime. Que tabasser un garçon innocent était condamnable. Mais il était encore trop tôt et il savait qu'il ne devait surtout jamais agir sur le coup de l'émotion. Il avait besoin de rassembler ses idées et de réfléchir calmement.
- Excuse moi … j'ai du mal à gérer ce genre de nouvelles. Mais tu as raison. J'ai tort de m'énerver, accepta alors le jeune homme.
Il se frotta une seconde le menton puis regarda son compagnon des pieds à la tête. Il était réellement très séduisant. Dean n'attachait pas forcément une grande importance au physique. Il avait ramené des hommes de toute corpulence, taille, âge ou origine ethnique chez lui. Il aimait juste qu'on lui procure du plaisir et il devait avoir un sixième sens pour trouver les bonnes personnes. Mais Brian faisait partie de ceux qui étaient à la fois performants et attirants. Dean se passa la langue sur les lèvres en laissant vagabonder ses yeux sur le torse du jeune homme puis sur son entrejambe. Il comprenait mieux pourquoi il était aussi courbatu. Et pourquoi il avait encore mal entre les jambes. Brian était plutôt bien fourni dans ce domaine. Ce qui donnait des idées à Dean qu'il était sans nul doute trop pour mettre en application.
- Tu aimes ce que tu vois ? Plaisanta Brian.
Dean fit mine de réfléchir une seconde avant d'hocher lentement la tête. « Aimer » était un mot qu'il n'employait jamais. Pas depuis le fiasco qu'avait été sa première et seule histoire sérieuse. Pas après ce que Jason lui avait fait subir. Et … « non, non, non, Dean ne t'aventure pas sur ce terrain » songea le jeune homme. « Tu aurais du le voir venir. Tout était trop parfait » compléta la voix de Sam. Dean se demandait parfois pourquoi il entendait systématiquement son petit frère dans sa tête quand il avait des doutes ou qu'il se posait des questions. Il était peut être en train de devenir fou. Ou schizophrène.
- Si ce n'était pas le cas, tu ne serais pas là, répliqua t-il finalement.
Brian lui sourit alors puis posa sa tasse de café sur le comptoir à sa gauche. Dean garda les yeux rivés sur lui jusqu'à ce que son compagnon passe ses bras autour de sa taille et pose une main sur ses fesses. Ok. Il n'était peut être pas trop tôt pour ça. Après tout, Dean était plein d'énergie qu'il avait du mal à contenir après ce qu'il avait entendu. Et puisqu'il ne pouvait pas sortir dans la rue et se battre avec quiconque osait le regarder de travers, il devait trouver un autre moyen de se défouler. Et le sexe parvenait toujours à le détendre. Il sourit à son tour.
- Qu'est-ce que tu vas faire ? Demanda t-il.
Brian haussa les épaules avant de glisser sa main dans le caleçon du jeune homme. Il laissa ses doigts serrer le muscle de ses fesses et posa ses deux mains sur le torse de son compagnon.
- J'en sais rien … peut être que je vais te conduire dans la chambre et te prendre sauvagement sur ton lit … ou peut être que je vais le faire en plein milieu de ta cuisine, devant ta fenêtre … là où tous tes voisins pourraient nous voir.
Oh Dean était totalement partant pour les deux options. Et il était convaincu à présent qu'il reverrait Brian dans un avenir proche. Il aimait sa façon de penser et il aimait sa façon de parler.
- Tu aimes l'idée qu'on nous voit … que tout le monde puisse savoir ce que tu me fais … qu'ils puissent nous regarder et se toucher comme ils le feraient devant un bon porno ? Lança Dean en appuyant ses ongles contre la peau du torse de Brian.
Dean n'était pas en reste quand il s'agissait d'exciter un homme uniquement par des mots. Il savait toujours quoi dire. C'était le seul moment où il s'autorisait à parler pour ne rien dire d'important. Le jeune homme sourit en y pensant. Le sexe était important. Et en définitive, ses mots avaient un but précis. Celui de convaincre ses potentiels partenaires de coucher avec lui. Même s'il doutait sincèrement d'en avoir besoin avec Brian. « Parce qu'il sait à quel point tu es facile. Parce qu'il sait que tu ne demandes qu'à écarter les cuisses pour le premier venu » murmura Jason dans sa tête. Entendre Sam était déjà inquiétant mais quand son ex petit ami prenait sa place, c'était effrayant. Déstabilisant. Dean aimait toujours Jason. Peu importait le mal qu'il lui avait fait. Il était toujours amoureux de lui. Il le serait probablement toute sa vie. Malgré leur différence d'âge conséquente – Dean avait vingt deux ans et Jason quarante – malgré tout ce qui faisait que leur relation était impossible et malgré enfin le fait que Jason soit un enfoiré qui lui avait brisé le cœur.
Dean embrassa Brian pour chasser son ex de sa tête. Ils avaient assez parlé.
Après de longues secondes à partager un baiser qui n'avait rien d'innocent, Dean s'écarta de Brian pour lui tourner le dos. Il appuya ses deux mains sur le comptoir devant lui, ses yeux rivés sur la fenêtre qui donnait sur l'immeuble voisin. Il se pencha ensuite sensiblement en avant et écarta les jambes. Le message était suffisamment clair. Brian ne pouvait pas se tromper sur ce qu'il attendait de lui.
- Qu'est-ce que tu attends ? Demanda tout de même Dean pour l'encourager à se mettre en action.
Il sentit les mains de son partenaire se poser dans son dos et descendre le long de sa colonne vertébrale. A côté de Dean, la télévision était toujours allumée. Des personnes débattaient de quelque chose qui échappait au jeune homme. Il avait autre chose en tête pour le moment.
« Dean, qu'est-ce que tu fais ? C'est vraiment comme ça que tu veux vivre ta vie ? ». C'était Sam à nouveau. Et non, le jeune homme n'avait pas l'intention de le laisser s'immiscer dans sa tête à cet instant précis. Pas quand il était sur le point de coucher avec Brian. Encore que « coucher » n'était pas le terme le plus approprié. Ils allaient probablement faire ça debout. Dean sourit.
Derrière lui, Brian lui avait retiré son boxer et était à présent occupé à lui masser les fesses sans réellement passer aux choses sérieuses. Et Dean aimait les préliminaires. Il aimait prendre son temps parfois. Mais il aimait plus encore sentir le sexe de ses partenaires en lui. Les sentir le pénétrer violemment et prendre de lui ce qu'il voulait prendre. Il n'avait pas besoin qu'on se montre délicat et tendre. Il n'en avait jamais eu besoin.
- Brian, je te jure que si tu n'accélères pas le rythme rapidement, je vais finir par me lasser et prendre les choses en mains, menaça t-il.
« Au sens propre » ajouta t-il mentalement. « Ah ah, très drôle Dean » répliqua Sam dans sa tête. Le jeune homme reporta son attention sur la fenêtre devant lui pour s'occuper l'esprit. Il était presque sûr qu'on pouvait le voir d'en face. Il espérait que le spectacle était plaisant.
Il laissa échapper un gémissement quand Brian lui écarta finalement les fesses pour introduire le bout de sa langue en lui. Oh. Il était donc le genre d'homme à aimer ces pratiques. C'était plutôt une bonne nouvelle. Dean adorait qu'on le prépare de cette façon.
Il remua les hanches pour encourager Brian à poursuivre avant de laisser échapper un nouveau gémissement. Il garda les yeux rivés à l'extérieur. « Regardez moi bande d'enfoirés … regardez moi m'éclater et venez me dire ensuite que ce que je fais n'est pas normal ! » pensa t-il aussitôt.
A sa grande surprise, ni Sam ni Jason ne lui répondirent. C'était probablement une bonne chose. Car Brian avait un présent un doigt à l'intérieur de lui et c'était inutile. Inutile parce qu'ils avaient fait l'amour une bonne partie de la nuit et que les muscles de Dean n'étaient pas encore resserrés. Mais son partenaire semblait avoir envie de faire les choses bien.
- Allez, dépêche toi, insista toutefois le jeune homme.
Brian ajouta un deuxième doigt et les accompagna du bout de sa langue. Quand il effleura sa prostate, Dean poussa un cri. L'isolation dans l'immeuble était mauvais et ses voisins pouvaient probablement l'entendre. Cela n'arrêtait jamais le jeune homme. Pas quand il prenait autant de plaisir.
Il lutta contre l'envie de prendre son sexe dans sa main pour précipiter son orgasme. Son érection était douloureuse et il ne savait pas combien de temps il pourrait encore attendre avant de perdre son calme. Mais il avait vraiment envie de laisser Brian prendre toutes les initiatives. C'était une sorte de test. Hier avait été génial. Si ce matin était mieux encore, il lui donnerait une seconde chance.
Brian avait maintenant trois doigts en lui et il effleurait la prostate de Dean à chaque mouvements. Le jeune homme gémissait continuellement à présent. Il pouvait sentir les prémices de son orgasme dans son bas ventre. Il lui arrivait de jouir sans avoir besoin que son sexe soit stimulé. Il était doué et si son partenaire l'était tout autant, il réussissait même à enchaîner deux orgasmes sans avoir besoin de temps de récupération. Dean n'avait peut être pas de talent particulier mais il était définitivement doué pour le sexe. « Ca doit être l'entraînement » murmura Jason dans sa tête. « Oh ferme là enfoiré » répliqua mentalement Dean.
Il était presque sûr qu'un psychologue l'aurait encouragé à se faire interner s'il avait évoqué les conversations qu'il avait seul dans sa tête. Il était probablement dérangé. Mais cela l'aidait parfois à se sentir moins seul.
Brian retira finalement ses doigts de son corps avant de se remettre debout. Dean leva la tête, prêt à lui dire de se lancer, quand il sentit le bout du sexe de son partenaire appuyer contre lui. Il résista à l'envie de propulser les hanches en arrière. Non. Brian devait prendre les choses en main. Et Dean ne fut pas déçu puisque quelques secondes plus tard, le jeune homme le pénétrait rapidement sans s'arrêter pour lui laisser le temps de s'habituer à l'intrusion. Ce qui aurait été inutile bien sûr. « Oui Jason, je sais, c'est probablement parce que je me suis beaucoup entraîné » pensa t-il aussitôt. Et voilà qu'il encourageait ses voix intérieures à prendre la parole. Non. Il devait se concentrer sur ce qui se passait. Brian. Brian avait commencé à aller et venir en lui. Il l'avait attrapé par les hanches et avait un rythme soutenu qui satisfaisait pleinement le jeune homme. Sa prostate était martelée à présent. Il n'allait pas pouvoir se retenir plus longtemps.
Dean observa la fenêtre en face de la sienne et pendant une seconde, il fut presque sûr de voir un rideau bouger. Oh. Parfait. Il avait des spectateurs. Il sourit en levant la tête pour qu'on puisse le voir d'en face. Brian devait être également parfaitement visible et personne ne pourrait avoir un doute sur ce qu'ils étaient en train de faire ensemble.
Dean n'était pas un exhibitionniste mais après ce qu'il avait entendu à la télévision, il avait envie d'afficher son homosexualité. Envie de prouver qu'il l'assumait et en tirait toute la satisfaction nécessaire.
- Plus fort … plus … plus vite, cria t-il ensuite.
Ca, c'était pour ses voisins. Du moins, pour ceux qui l'entendaient. Il allait leur offrir un spectacle qu'ils n'étaient pas prêt d'oublier de si tôt. Brian fit ce qu'il lui demandait et accéléra le rythme de ses hanches. Dean le remercia d'un long gémissement. C'était presque trop brutal mais c'était exactement ce dont le jeune homme avait besoin. Il sentait son orgasme monter en lui et il savait qu'il allait jouir sans avoir besoin de quoi que ce soit d'autre. Il serra les dents et entreprit d'accompagner les mouvements de Brian en propulsant ses hanches en arrière à chaque fois que son partenaire faisait l'inverse. Dean était proche.
- Je vais … je … je vais jouir, s'écria t-il afin que tout le monde le sache.
Brian retira alors une main de sa hanche pour la poser sur sa fesse qu'il serra entre ses doigts. Dean ferma alors yeux et se laissa aller. Il jouit longuement en criant le prénom de son partenaire encore et encore. Quand ce fut fini, Brian allait et venait toujours en lui. Il contracta ses muscles pour lui procurer un peu plus de plaisir. Quelques secondes plus tard, il jouissait à son tour à l'intérieur du jeune homme. Il remua les hanches pendant un instant encore avant de s'immobiliser et de venir coller son torse contre le dos de Dean.
« Tu as oublié le préservatif … encore » rappela Sam dans la tête de son frère. « Oh ferme la » répliqua mentalement Dean.
Et voilà qu'il continuait à avoir ses conversations silencieuses alors que Brian était toujours à l'intérieur de lui et que son sperme commençait doucement à s'échapper de lui.
Dean savait qu'il avait tort de prendre de tels risques. Il aurait du exiger que ses partenaires portent un préservatif à chaque fois. Il y pensait parfois. Mais il n'aimait pas la sensation et il lui arrivait souvent d'être trop ivre ou trop fatigué pour y penser. Il connaissait le mode de transmission du SIDA et il savait qu'il s'exposait à la maladie à chaque fois qu'il couchait avec un homme différent. Mais il pouvait également mourir à chacune de ses manifestations. Il ne se voyait pas vivre vieux. Et s'il devait mourir parce qu'il avait eu trop de sexe, il l'accepterait. C'était toujours mieux que de finir dans un fossé.
Brian finit par se retirer de lui avant de l'embrasser dans le cou. Cela déclencha une alarme quelque part dans le cerveau de Dean. Le geste était trop tendre. Trop intime. Le sexe avait été parfait mais Brian ne devait surtout pas imaginer qu'il y aurait plus. Dean ne donnait pas dans les relations amoureuses. « Plus » corrigea Jason dans sa tête.
- Tu crois qu'on pourrait se revoir ce soir ? Demanda alors Brian, confirmant les soupçons de Dean.
Il n'était définitivement pas contre l'idée de coucher à nouveau avec son compagnon. Mais il ne sortirait pas avec lui. Il ne lui tiendrait jamais la main et ne l'appellerait certainement pas son « petit ami ». Il avait essayé une fois. Ca n'avait pas marché. Il avait retenu la leçon.
- Brian, c'était génial mais je ne veux pas … je ne veux pas d'une relation amoureuse. Je te l'ai déjà dit, rappela t-il.
Il jeta un dernier coup d'oeil à la fenêtre avant de se tourner pour faire face à son compagnon. Il se hissa ensuite sur le comptoir sans se soucier d'être nu ou que le sperme de Brian coule sur le mobilier.
- Je ne parle pas de sortir avec moi … je ne te propose même pas d'aller boire un verre. Juste … le sexe est bon non ?
- Génial, confirma Dean.
Il grimaça quand il sentit une douleur qu'il connaissait bien entre ses fesses. Il avait beau avoir de l'expérience – Jason le lui avait suffisamment répété en guise d'insultes – Brian n'y était pas allé de mains mortes avec lui. Il risquait de le sentir durant une bonne partie de la journée. Et cela n'aurait pas du le faire sourire. Cela n'aurait pas du lui plaire. « Mais tu aimes ça hein ? ». Jason semblait ne pas avoir envie de se taire aujourd'hui.
- Je suis seul et … je ne serais pas contre l'idée de recommencer … je pourrais te laisser mon numéro … ou prendre le tien. Ce n'est pas … je ne te demande rien de plus.
Mais il y avait toujours plus. Dean le savait. Il avait déjà tenté l'expérience. Chris avait été un amant exceptionnel. Le sexe était incroyable et ils avaient décidé de devenir amis. De se voir quand ils en avaient envie. C'était un arrangement tacite. Cela avait duré quelques mois. Puis Chris avait avoué à Dean qu'il était amoureux de lui et le jeune homme avait refusé de le voir à nouveau. Il ne voulait pas revivre la même expérience avec Brian.
- Ecoute, c'était bien mais … je préfère qu'on en reste là ok ?
Brian ne protesta pas mais Dean lut la déception sur son visage. Ce qui, une nouvelle fois, confirmait totalement ses soupçons. Il avait eu raison de refuser. Il s'en félicita mentalement puis regarda son compagnon quitter la pièce pour aller se rhabiller. Dean avait encore quelques heures devant lui avant de rejoindre Charlie. Il avait besoin d'une douche et d'un nouveau café. Mais pas dans cet ordre. La caféine avait toujours le dessus sur tout le reste.
- Je devrais peut être y aller, lança Brian quand il revint finalement dans la cuisine.
Il était habillé et semblait un peu mal à l'aise. Dean descendit du comptoir, grimaça à nouveau puis enfila rapidement son boxer. Il attrapa sa tasse et vida le contenu de sa cafetière dedans. Il se tourna ensuite vers Brian et lui adressa un large sourire.
- Peut être, confirma t-il.
Il ne voyait pas pourquoi Brian resterait plus longtemps. Ils n'avaient rien à se dire et Dean n'avait pas forcément envie de le voir traîner dans son appartement. Il garda les yeux rivés sur lui quand il fit demi tour pour prendre la direction de la porte de l'appartement. Il s'immobilisa à la sortie de la cuisine et Dean fronça les sourcils.
- Je peux te dire quelque chose avant de partir ?
Dean savait que ça n'allait pas être quelque chose de gentil. Pas un compliment. Pas après ce qu'ils venaient de se dire. Mais il était suffisamment solide pour accepter les critiques. Il se fichait de ce qu'on pensait de lui. Seul l'avis de ses amis comptait. Et il n'écoutait même pas vraiment leurs conseils. Il doutait de suivre ceux que Brian s'apprêtait visiblement à lui donner.
- Je t'écoute.
Brian lui jeta un coup d'oeil par dessus son épaule.
- Tu m'as tout l'air de quelqu'un de bien et … je ne sais pas qui a pu te faire autant de mal mais tu ne devrais pas t'infliger tout ça juste parce que tu penses le mériter. Tu devrais … je pense que tu devrais accepter l'idée de rencontrer quelqu'un.
Dean secoua la tête. Ok. Brian était de toute évidence un philosophe doublé d'un psychologue le matin après avoir couché avec quelqu'un. Et il semblait sûr de lui. Il semblait réellement penser avoir compris ce qui avait poussé Dean à mener cette vie. Il n'avait peut être pas entièrement tort. Mais le jeune homme n'aimait pas se l'entendre dire par un inconnu.
- Merci du conseil, répliqua t-il.
Je ne dis pas ça pour t'énerver. Je le pense sincèrement. Et … la vie que tu as choisi ne te mènera nul part. Ouvre les yeux Dean. Tu fonces droit dans le mur et on dirait que ça te fait plaisir.
Cette fois, le jeune homme en avait assez entendu. Il reposa sa tasse sur le comptoir à côté de lui et croisa ses bras sur son torse.
- Fous le camp d'ici.
- Dean …
- Non, tire toi … Je n'ai pas besoin de tes conseils. Tu étais parfaitement d'accord avec mon style de vie hier soir il me semble alors … garde tes conseils pour toi et va te faire foutre.
Brian n'insista heureusement pas et s'éloigna enfin. Dean attendit d'avoir entendu la porte de son appartement claquer derrière son compagnon pour laisser échapper un long soupire. Brian avait réussi à chasser le bien être que le jeune homme ressentait après son orgasme. Et il avait également réussi à le mettre en colère. Dean secoua la tête puis reprit sa tasse et se dirigea dans son salon. Il se laissa tomber sur son vieux canapé et posa ses pieds sur la table basse devant lui.
Il savait exactement ce qu'il faisait. Peu importait ce que les gens en pensaient. Il avait les choses en mains et il prenait ses décisions en toute connaissance de cause.
« Mais tu sais qu'il a raison » rappela Sam dans sa tête.
Bien sûr que Dean savait que Brian avait vu juste. Oui Jason était celui qui l'avait conduit à adopter ce style de vie. Et oui c'était en grande partie parce qu'il l'avait fait beaucoup souffrir. Mais il ne cherchait pas à se punir en agissant de la sorte. Il n'était pas masochiste. Il aimait sortir. Il aimait le sexe et il n'aimait pas les attaches. Peu importait qu'il n'ait aucune relation sérieuse. Peu importait qu'il collectionne les histoires sans lendemain. Il était heureux ainsi. Et puis, il n'avait de toute façon pas de temps à perdre avec un petit ami.
Il avait un combat à mener et cela l'occupait beaucoup. Il voulait faire avancer les choses. Il voulait faire entendre sa voix. Il savait bien qu'il ne pourrait jamais changer le monde. Mais il aimait l'idée de faire avancer sa cause. Il le faisait pour tous ceux qui avaient souffert de la main de gens intolérants et violents. Pour tous ceux qui n'osaient pas parler. Dean était parfaitement d'accord pour être leur porte parole. Il le faisait avec plaisir.
« Il y a d'autres moyens d'y arriver » suggéra Sam dans sa tête.
Bien sûr, Dean aurait pu faire des études et obtenir un poste important quelque part. Mais il n'avait jamais eu un goût prononcé pour les études. Il avait toujours été mauvais élève.
Sam était le plus intelligent d'eux deux. Il était celui qui ferait de grandes choses. Mais cela n'empêchait pas Dean d'agir à son niveau. Il voulait juste se sentir utile.
Le jeune homme voyait la vie comme un combat permanent. Il devait se battre pour avoir le droit d'être qui il était. Pour pouvoir aimer qui il voulait aimer. Et pour qu'on finisse un jour par accepter les gens comme lui. Il se battait parce qu'il refusait de se laisser faire et de baisser les bras. Parce que la défaite était inacceptable. Dean finirait peut être par en mourir - « de ça ou du SIDA » rappela Jason qui était visiblement de retour dans sa tête – mais il l'avait accepté.
Le jeune homme soupira longuement puis vida sa tasse et se leva du canapé. Il avait bien besoin d'une bonne douche avant d'aller retrouver Charlie. Il avait également besoin de faire quelques courses. Son frigo était vide. Le jeune homme ne pouvait pas continuer à vivre de pizzas surgelées et de canettes de bière. « Et les légumes dans tout ça ? » lui dirait probablement son frère.
Dean sourit en pénétrant dans la douche. La pression de l'eau était mauvaise et la température rarement élevée. Mais le jeune homme avait appris à composer avec tous ses éléments. Il aurait pu trouver un autre appartement. Il gagnait bien sa vie. Mais il refusait de quitter son quartier. Refusait de quitter les lieux.
L'eau qui tombait sur ses épaules et dans son dos lui déliait peu à peu les muscles. Il ferma les yeux et, sans le vouloir, repensa à ce que Brian lui avait dit quelques minutes plus tôt.
« Tu fonces droit dans le mur et on dirait que ça te fait plaisir ».
C'était peut être le cas. Dean avait toujours eu une fascination pour James Dean. Il admirait la façon qu'il avait eu de vivre sa vie à fond sans jamais rien s'interdire. Il était presque que sûr que l'idole des jeunes femmes de l'époque avait été gay. Il s'identifiait à lui. Il ne s'interdisait rien. Vivait toutes les expériences à fond. Dean voulait faire la même chose. Il ne voulait rien regretter. Il ne voyait pas ce qu'il retirerait si toutefois il vivait vieux mais accablé de remords. Peu importait qu'il vive encore deux ou dix ans. Il voulait les vivre bien. Et si Brian ne pouvait pas le comprendre alors il n'avait qu'à aller se faire voir ailleurs.
« C'est ça … continue de te le répéter et peut être que tu finiras par le croire » intervint Jason dans sa tête.
Ta gueule, lâcha Dean dans le silence de son appartement.
Il rouvrit les yeux puis poussa un long soupire. C'était lui contre le reste du monde lui avait un jour expliqué Charlie. Dean était parfaitement prêt à tous les affronter. Il ne baisserait pas les bras. Qu'importe ce que cela finirait inévitablement par lui coûter.