Mesdames et messieurs (si messieurs il y a), welcome... To the chapter 6.

Enfin, enfin, ENFIN, le chapitre 6 est dehors ! J'ai mis un temps fou à l'écrire pour la simple et bonne raison qu'il fallait que j'introduise (enfin) l'intrigue de cette fiction et ... un nouveau personnage :3 Je suis sûre que vous allez l'adorer !

Bref, je n'aime pas vraiment ce chapitre mais j'espère qu'il vous plaira à vous ! Bonne lecture !


Le lendemain, Antoine se sentait comme la veille : extrêmement mal. Seule sa motivation à ne pas manquer plus de cours le tira hors du lit. Mais il était ailleurs. Il pensait encore et encore à Mathieu, la situation chaotique de son appartement suite à ses propres mots, la gifle qu'il lui avait donné, le flingue du Patron pointé vers lui. D'ailleurs, sous le choc, le patron de la pizzeria l'avait renvoyé chez lui le soir même.

Mais depuis, rien. Pas de réel motivation, simplement un vide. Il n'était pas en colère, ou triste. Non. Il ne savait pas vraiment où il en était. Il ne comptait pas revoir Mathieu et ses créations, ça, c'était une certitude. Pour le reste, il se sentait juste épuisé.

Les jours passaient, il continuait d'aller en cours, de travailler et de se remettre en selle. Le patron semblait inquiet pour lui et lui demandait régulièrement s'il ne voulait pas prendre une pause. Mais Antoine se sentait mieux à s'occuper l'esprit.

Au fur et à mesure, Mathieu ne semblait qu'un vague souvenir. Bien sûr, cette expérience le marquerait probablement à vie, mais il ne pensait plus à lui en permanence contre son gré. Il ne réfléchissait pas à comment l'aborder s'il venait à appeler à la pizzeria et qu'il soit celui qui décroche. Il n'avait plus peur de le croiser en rentrant chez lui à pied. Il n'était plus effrayé à l'idée que le Patron l'attrape dans une ruelle pour lui régler ses comptes - il l'avait, après tout, menacé de le tuer s'il faisait du mal à qui que ce soit. Non. Il avait abandonné l'idée de le revoir, intentionnellement ou non.

Victor était passé, une semaine après la gifle. Il était venu revoir son patron comme promis, s'en allant pour Lyon pour une histoire de tournage. Ils étaient restés tous deux dans la cuisine avant que le jeune homme n'en ressorte. Il s'arrêta près d'Antoine et lui fit un petit sourire, comme s'il le remerciait. Le remerciait de quoi ? Antoine n'en savait rien. Il se contenta de lui rendre son sourire, poliment. Si tu crois que je te pardonne d'avoir couché avec le mec que je voulais, tu te goures, pensa-t-il amèrement alors que Victor lui tournait le dos pour s'en aller.

Deux semaines maintenant. Deux semaines que tout ça était passé. Antoine ne pensait à Mathieu qu'en de rares occasions, notamment parce qu'il avait cru le croiser dans un bar, en compagnie d'un autre jeune homme. Mais, conscient que Mathieu n'avait certainement pas que ça à faire de sortir en début de soirée - et qu'il n'était pas coiffé d'une crête épaisse - il s'était dit que son imagination lui jouait des tours. Et pourtant…

Un mois plus tard, alors qu'il reprenait lentement les cours suite à plusieurs absences, il rencontra un nouvel élève qui, aux approches des vacances, avait changé de cursus pour rejoindre le sien. Il avait rejoint leur groupe de travail pour un dossier à rendre et c'est ainsi qu'il lui avait adressé la parole.

Il s'appelait Alex Tromso. Un grand jeune homme, fin, brun et incroyablement gentil. Il était extrêmement sérieux concernant son travail, mais aussi très festif lorsqu'il le fallait. Après les cours, son groupe travaillait souvent à la bibliothèque avant de se rendre dans un bar pour partager une bière et échanger un peu. Il avait donc découvert que le jeune homme se dirigeait dans les arts du spectacle avant de se rendre compte qu'il pratiquait le cinéma par passion et qu'il préférait la psychologie en tant que profession. Et ce n'était pas pour déplaire à Antoine.

En effet, le chevelu aurait menti s'il disait que le jeune homme ne l'intéressait pas. Au contraire, il s'entendait extrêmement bien avec lui et depuis l'affaire Mathieu, il n'avait plus eu de rencontres coup de foudre comme celle-ci. Plus il fréquentait Alex, plus ils se trouvaient des ponts communs, des affinités et, pour Antoine, un charme fou à cet étudiant.

Et puis, après un mois à se tourner autour, échangeant des bières - voire plus - lors de soirées étudiantes, ils avaient fini par tenter le coup tous les deux. Ils avaient passé la nuit ensemble, s'échangeant des baisers, à caresser la peau de l'autre doucement, pratiquant des choses qu'Antoine n'avait pas vécu depuis des années. Et dire que ça aurait pu arriver avec le Patron…

Bref. En conséquence, leur rapprochement s'était conclu sur une mise en couple, une sorte d'essai. Ils en étaient très heureux, bien qu'Antoine s'étonnait de n'être jamais allé chez lui. Pas qu'il trouvait ça agaçant, mais il trouvait ça vexant : Alex justifiait toujours leur présence dans son appartement par "J'ai un colocataire, c'est pas top". Bon, ils passaient tout de même du bon temps dans son appartement, mais Antoine mentirait s'il ne considérerait pas une invitation dans l'appartement d'Alex comme un grand pas dans leur couple. Et ça ne faisait qu'un mois qu'ils étaient ensemble !

Cependant, après ce mois de couple, les efforts - insistances - d'Antoine finirent par payer. Alex fut absent durant une journée de cours et il avait demandé à Antoine de passer à son appartement. Enfin, pensa le jeune homme en lisant le message de son petit-ami. Ils s'étaient disputés la veille - pour des broutilles - et il espérait qu'il ne se soit pas isolé pour ça.

Alors qu'il revenait du cours de 15h, il se dirigea vers l'adresse que lui avait donné le brun. Cependant, à force de se rapprocher de l'adresse, la rue lui semblait familière. Il était déjà venu ici. Et cette sensation de familiarité se renforça lorsqu'il se trouva devant l'immeuble après être passé devant la pizzeria où il travaillait. C'était évident : il était déjà venu ici. Mais impossible de se souvenir dans quel contexte.

Ne voulant pas rester éternellement sur le perron, il mit à cette sensation sur une probable livraison à cette adresse et il sonna à l'interphone. Alex ne parla même pas et le fit entrer immédiatement. Au point qu'Antoine se demandait vraiment la raison de son absence ce matin. La réponse vint d'elle-même.

Alors qu'il avait monté les trois étages de l'immeuble, Alex lui ouvrit la porte avant même qu'il n'est eu le temps de frapper. Il fit son apparition derrière la porte et lui offrir un sourire.

_ Fais pas trop de bruit, chuchota-t-il. Mon coloc a organisé une grosse soirée et des gens dorment dans le salon.

Antoine promit avec un petit hochement de tête et un sourire. Il s'approcha d'Alex et l'embrassa doucement avant de regarder à l'intérieur de son appartement. Et, en effet, c'était le bazar.

Des gens dormaient sur le tapis sous la table basse, sur le canapé ou même ne dormaient pas du tout - mais ils étaient dans un état de latence pas possible. Il ouvrit de grands yeux face à ce spectacle avant de se rendre compte que, définitivement, il était déjà venu ici. Cette ambiance, cet appartement, l'occupation de l'espace… Définitivement, il avait dû livrer une pizza ici.

S'il avait toujours un doute, c'est à cause de deux boules de poils qui se frottaient à ses jambes et qu'il n'avait jamais vu de chats depuis le début de ses livraisons chez YoloPizza. Peu importe, son petit-ami l'emmenait déjà dans la cuisine sans lui laisser le temps de réfléchir à ça.

Dès qu'ils furent isolés dans la pièce, Alex l'embrassa amoureusement, le serrant contre lui. Ces moments laissaient toujours à Antoine un frisson qui remontait le long de sa colonne vertébrale, roulant ainsi pour se loger derrière sa nuque où son charmant petit-ami passait sa main. Il lui rendit son baiser en posant ses deux mains sur ses joues.

Antoine ne savait pas comment expliquer cette sensation. Il était si heureux, se sentait transporter dès qu'ils se voyaient. Ils n'étaient pas très démonstratifs, avaient une complicité amicale et, pourtant, sous ses airs de meilleurs amis auprès de leurs camarades de classe, il y avait cette tension sexuelle intense dès qu'ils se retrouvaient entre eux - encore plus lorsqu'ils étaient éméchés. Antoine était surtout heureux de voir que les rancoeurs de la veille étaient passés.

Antoine se détacha de la bouche de son amoureux avec un sourire tendre.

_ Je pensais pas que tu aurais une super fête en rentrant chez toi hier, chuchota-t-il en passant ses mains sur ses hanches.

_ J'ai pas eu de super fête, mon colloc en a eu une, chuchota-t-il à son tour. Et je t'ai fait venir car Delphine m'a dit que ça te vexait de ne pas voir ce fichu appartement.

_Quoi ?! Hurla-t-il malgré lui.

Alex lui fit signe de se taire en posant son doigt sur sa bouche. Il regarda vers le salon et se détacha d'Antoine pour fermer la porte de la pièce. Il se retourna vers lui avec un sourire et alla vers le frigo alors que le chevelu se permit de prendre place sur un des sièges qu'offraient la pièce.

_ A vrai dire, c'est comme ça depuis que j'ai emménagé, commença-t-il à confesser, à voix haute. Un ami en commun à mon colloc et à moi m'a dit qu'il était seul depuis un bon moment et qu'il avait besoin de compagnie. Du coup, vu que j'avais besoin d'un appart à bas coût, c'était l'idéal. Il a accepté que je vive avec lui, on a redécoré et on s'est acheté des chats sur sa décision. Il trouvait cet appartement trop vide pour deux.

Il sortit la tête du frigo et tourna son regard vers le pizzaman qui avait un grand sourire amusé. Il se mit à rougir furieusement, sortant deux briques de jus d'orange.

_ Excuse-moi, je parle beaucoup, dit-il en s'installant en face d'Antoine après avoir fermé le réfrégirateur.

_ Non, non, t'en fais pas ! Ca me dérange pas du tout, au moins tu m'en parles de ce foutu appart.

Alex se mit à rire légèrement et c'était sûrement à cause de cette Delphine, trop pipelette. Antoine savait qu'il n'aurait jamais du lui dire. Sa collègue de travail était beaucoup trop encline à réparer les erreurs de couple. Quand le pizzaman lui avait confié son désarroi avec Mathieu, elle avait proposé de livrer une pizza à son adresse pour pouvoir mieux lui parler par la suite. Il avait bien entendu refusé. Mais vu qu'Alex venant souvent sur son lieu de travail, Delphine avait réussi à l'attraper pour lui confier cette histoire.

Antoine lui mit une petite pichenette sur le nez, créant une plainte chez son petit-ami qui le fit rire. Alex ne put s'empêcher de sourire malgré lui et il se frotta doucement le bout du nez.

_ Enfin bref, monsieur je-suis-stressé-de-pas-voir-l'appartement-de-mon-copain, reprit-il en évitant une deuxième pichenette non sans rire. Mon coloc a pas mal morflé. Il a pas voulu me raconter, mais il refoule ça dans les soirées. Du coup, c'est souvent le bordel. Et puis, il est… Spécial.

_ Spécial…? Hésita Antoine, légèrement inquiet.

_ Ouaip, dit-il en poussant une brique vers Antoine. Il est pas dangereux ou quoi, hein ! Mais… Parfois il est distant et froid. Et c'est pour ça qu'il fait ce genre de soirées. Enfin je crois.

_ Analyse d'étudiant en psychologie ? Sourit-il.

_ Exactement !

Un bruit se fit entendre dans le salon. Alex se leva et se dirigea vers la porte. Avant de sortir, il se tourna vers lui avec un sourire.

_ Promis, un jour, tu le rencontreras. Mais ne lui dis pas que tu bosses chez YoloPizza : la dernière fois qu'on en a parlé, il m'a dit qu'il détestait cette pizzeria !

Il s'échappa de la pièce en fermant derrière lui alors qu'Antoine fronça les sourcils en plantant sa paille dans la brique de jus d'orange. Pourquoi ce type détestait tant YoloPizza ? La pizzeria était réputée pour être la meilleure des environs et, en plus de ça, elle n'était pas loin de cet appartement. Etrangement, sans le connaître, Antoine n'appréciait pas trop ce colocataire. Il semblait arrogant, chiant et un peu ingérable au vue de l'état de l'appartement.

Il refoula sa colère en entendant Alex revenir. Ce dernier ne semblait pas de meilleur humeur. Il avait sa veste sur le dos et sa sacoche passer par dessus son épaule. Il soupira et se tourna vers Antoine.

_ Bon, définitivement, on va travailler chez toi, dit-il en se dirigeant vers sa brique et en la fourrant dans la poche de sa veste.

_ Quoi ? Pourquoi ? Dit-il en fronçant les sourcils.

_ C'est le bordel ici, et il est hors de question que je range pour mon coloc. Y'a un type qui a vomi, c'est ça le bruit qu'on a entendu.

Alex commençait à se diriger hors de la cuisine mais Antoine le retint.

_ Attends ! Tu ne vas pas engueuler ton coloc ?

_ … Ecoute, c'est son appartement et, je sais pas ce qu'il fait dans la vie mais il paye le loyer, la bouffe et les charges. En plus, en général, quand je reviens, il nettoie l'appart. Je peux vraiment pas me permettre de me plaindre.

_ … Il paye le loyer…? Hésita Antoine.

_ Bah, je n'ai pas le temps d'avoir un job avec toutes les activités extra-scolaires donc il m'a assuré que je pouvais vivre ici tant que je n'étais pas tatillon à propos de … ça.

_ Mais, Alex, c'est pas une vie ! C'est le bazar, t'as pas pu dormir ce soir, tu…

_ Ecoute, on peut juste… éviter le sujet ? Le coupa-t-il, suppliant.

Antoine fronça les sourcils mais ne broncha pas. Le sujet semblait délicat et cela ne faisait qu'un mois qu'ils étaient ensemble. Il ne pouvait définitivement pas créer une dispute maintenant et surtout sur un sujet qui ne le concernait pas. Mais il savait que si lui et Alex tenaient le coup, il remettrait ce sujet sur le tapis si son petit ami devait toujours supporter les sales manières de son coloc.

Ils sortirent donc de l'appartement et partirent sur la route de celui d'Antoine. Durant le trajet, ils ne discutèrent de rien d'autre que le cours que le jeune homme avait manqué et uniquement parce que ce dernier pensait judicieux que d'aborder le sujet. Malgré tout, même s'il parlait de ce qu'il avait vu en classe, Antoine ne pensait qu'à cette conversation inaboutie avec son Alex. Même une fois à l'intérieur de son appartement, tandis que son ami observait les cours qu'il avait écrit, il ne cessait d'y repenser.

A vrai dire, il s'étonnait qu'un garçon qui paraissait si indépendant soit encore au crochet de son coloc. Il n'osait pas lui dire, mais il ne savait pas quoi en penser. S'il lui disait, Alex risquait de mal le prendre et de lui dire de se mêler de ses affaires, mais s'il gardait le secret, il avait peur que son ami s'enfonce dans cette dette.

Il fut détourné de ses pensées par la voix de son petit ami qui s'adressa à lui. Il tourna le regard vers lui.

_ Quoi ? Demanda-t-il, perdu.

_ Je te disais que j'avais fini, dit-il avec un sourire.

_ Oh, ok.

Il sourit et se leva, s'étirant. Il consulta sa montre. Il était presque 18h maintenant. Les révisions avaient été longues. Il décida d'observer son téléphone auquel il n'avait touché durant les révisions, petite règle qu'il s'était imposé pour ne pas lâcher le boulot.

_ Ca te dit de sortir ce soir ?

_ Hein ? Répondit Antoine, surpris de la question.

Il regarda son petit ami qui semblait sérieux. Il se mit à y réfléchir. Après tout, ça faisait un moment qu'ils n'étaient pas sortis tous les deux. Il décida d'accepter et proposa d'inviter des copains. Et heureusement que c'était le week-end…

A la fin de la soirée, aux alentours de deux heures du matin, après avoir mangé quelques pizzas chez lui, Alex et Antoine avaient un certain coup dans le nez qu'ils n'auraient pas pu nier sans bégayer ou ricaner bêtement. Ils avaient même de décider de ramener les gens à leur appartement. Mais ça ne les avait pas empêchés de se chauffer dans un coin du bar et d'avoir envie désormais d'un échange plus que chaud.

L'appartement le plus proche étant celui d'Alex, ils s'y étaient précipités sans penser à quoi que ce soit d'autre que faire la fête. Cependant, cela n'empêcha pas Antoine et Alex de s'isoler dans la chambre, se laissant tomber sur le lit, leurs lèvres collés l'une contre l'autre, leur langue dansant dans leur bouche. Ce ne fut qu'une fois à l'intérieur et Alex glissant des baisers dans son cou qu'Antoine se mit à penser.

_ Chéri… Ton coloc…, tenta-t-il entre deux souffles erratiques.

_ Il travaille de nuit, t'en fais pas…

Débarrasser de cette sensation de malaise dû à la potentialité que le coloc puisse les surprendre, il se détendit et prit part au câlin en retirant le t-shirt de son copain, l'embrassant amoureusement par la suite. Plus le temps passait, plus le baiser s'intensifiait, plus l'envie de se coller à l'autre était forte, plus la chaleur de la pièce augmentait. Le baiser devant plus passionnel alors que leurs gestes rendus maladroits par l'alcool tentaient de déshabiller l'autre. Les mains d'Alex vinrent titiller des parties plus intimes, lâchant à Antoine un soupir de plaisir, le faisant se rapprocher de son partenaire.

C'est certainement à cause de ses gémissements qu'ils n'entendirent pas que dans la pièce d'à côté, l'ambiance s'était un peu calmé, laissant un habitant crier son énervement. Ce même habitant qui rentra dans la pièce au moment où Alex s'apprêtait à pénétrer Antoine.

Ils se reculèrent tout deux brusquement l'un de l'autre et se couvrirent en repliant la couverture sur eux. Antoine, sur le coup, n'avait pas vraiment pris la peine de reconnaître l'intrus qui venait d'entrer. Mais, une fois caché sous la couverture, il reconnut avec surprise celui qui les avait interrompu. Mathieu.

Ce dernier ne semblait pas moins surpris de voir Antoine dans son lit. Il avait beaucoup changé. Ses cernes étaient beaucoup plus marqués, il avait une crête épaisse au dessus du crâne, semblait plus maigre, plus… En colère ? Mais, d'ailleurs, si Mathieu entrait ici comme s'il était chez lui, où étaient toutes ses personnalités ? La question s'effaça de sa mémoire, remplacée par un sentiment d'inquiétude face au sourire Mathieu qui naquit sur ses lèvres. Un sourire méchant, froid. Un petit rire nerveux s'échappa de ses lèvres, le faisant rouler des yeux.

_ Et c'est moi qu'on appelle pupute après ça ?

Antoine allait s'énerver, conscient qu'il faisait référence à ce qu'il lui avait dit deux mois plus tôt, ne pouvant croire qu'il restait encore là-dessus, mais Alex lui prit la main au même moment sous la couverture. Lorsqu'il tourna les yeux vers son petit-ami, celui-ci ne lâchait pas Mathieu du regard. Alors il le regarda de nouveau. Ce dernier leur faisait face, n'ayant pas bouger de la porte.

_ Salut, Antoine. Ca faisait longtemps, dis-donc. Si j'avais su que c'était le sexe qui te ramènerait à mon appartement, j'y aurais pas cru, prude comme tu es.

_ Pas de ma faute si tu sautes sur tout ce qui bouge, grogna-t-il en serrant la main d'Alex sous la couverture.

_ Les gars, tenta ce dernier, son regard balançant entre les deux, sentant que ça allait déraper.

_ Sur tout ce qui bouge…, dit-il en marquant une pause. Tu veux dire… Comme ton copain ?

Un blanc se forma dans la pièce, uniquement rythmé par la musique et les cris de joie de la pièce d'à côté. Antoine était sous le choc. Il relâcha légèrement la main d'Alex, convaincu par le sourire victorieux de Mathieu. Mais il ne la lâcha pas complètement. Il ne voulait pas y croire.

_ Pardon ? Dit-il en se tournant vers Alex.

Ce dernier déglutit, ne le regardant pas, baissant la tête. Antoine fronça les sourcils, un pincement au coeur se formant dans sa poitrine. Il lâcha la main d'Alex lentement, comme pour se garder l'espoir que non, il ne lui avait pas fait ce coup. Il sentit ses yeux le brûler, essayant de retenir les larmes.

_ C'est une blague…? T'es sérieux là ?

_ Ah, tout à fait ! Reprit Mathieu en croisant les bras. C'était y'a pas si longtemps que ça, en plus.

_ Mathieu ! Intervint Alex en le regardant. Arrête !

_ Non, reprit Antoine. Qu'il continue. Il est bien parti, tu trouves pas ?

Alex tourna le visage vers lui, les yeux humides. Mais Antoine ne le lâcha pas des yeux.

_ Antoine… J't'en prie…, dit-il d'une voix tremblante, suppliante.

Mais il ne démordit pas. Il tourna le visage vers Mathieu. Son sourire victorieux se transformait en un petit rire silencieux et infecte, se délectant de la situation.

_ Alors, raconte-nous.

_ Oh, y'a rien à ajouter. A part que le mec qu'il a baisé, c'était moi. Comme quoi, tout se paye Antoine.

Mais cette dernière remarque était tombée dans l'oreille d'un sourd. Il s'était déjà tourné vers Alex, la colère déformant son visage.

_ Tu te fous de ma gueule ?! Se mit-il à crier.

_ Ce n'est arriver qu'une fois Antoine…, tenta de justifier Alex.

_ Mais c'est quoi cette excuse de merde ?! C'est arrivé une fois ?! Où ça, au chalet ?!

_ Antoine…, bégaya le jeune homme qui pleurait. Ecoute-moi, s'il te plaît…

_ Non, je crois que j'en ai assez entendu.

Il se leva, se fichant bien si Mathieu pouvait le voir nu, et ramassa ses affaires pour commencer à se rhabiller. Alex tentait de l'appeler, au moins pour qu'il relève la tête, mais il n'en fit rien. Il était profondément blessé, il avait vraiment mal. Il était en colère mais en souffrait beaucoup. Lorsqu'il enfila son t-shirt et prit ses baskets à la main, il se dirigea vers la sortie sans un regard pour Alex, s'arrêtant car Mathieu lui faisait face.

_ Au revoir Antoine, sourit-il, bras toujours croisés. Au plaisir de te revoir.

_ Oh ta gueule, grogna-t-il, prêt à partir.

_ Oh, je t'ai blessé ? Ou c'est le fait que la pupute aie sauté ton copain qui te titille ?

Antoine s'arrêta, ayant passé la porte, et ferma les yeux en serrant fortement les poings et en grimaçant de rage. Il rouvrit les yeux avant de se tourner vers lui.

_ Et toi, Mathieu, tu cherches des collocs à sauter ? Elles sont où tes personnalités à la con ? Oh laisse-moi deviner, elles se sont barrées parce que t'es un gros con ?! Ou elles sont toutes mortes parce que t'es pas foutu d'avoir une famille viable ?!

Le visage de Mathieu passa en deux secondes de la satisfaction à la douleur. Ses yeux s'emplirent de larmes, son corps se mit à trembler, le faisant bégayer. Le pizzaman venait de toucher une corde sensible et, même en colère et le haïssant profondément, il sentit une autre pointe face à cette réaction. Venait-il de dire quelque chose de vrai…?

_ Dégage.

Ce mot dit avec froideur - bien qu'avec des tremblements dans la voix - lui remit les pieds sur Terre. Il tourna le regard vers Alex. Il était toujours dans les couvertures, le suppliant du regard du rester. Il plissa les yeux de colère, faisant lentement non de la tête, avant de se tourner et de partir.

Dans la foule, il tenta de se frayer un chemin entre les gens qui avaient envahis la pièce. Derrière lui, il entend Alex sortir de la pièce et le suivre. Il l'appelle en criant avant de l'arrêter en l'attrapant par le bras.

_ Antoine, attends !

_ Quoi ?! Grogna-t-il en se dégageant. T'as quoi d'autre à me dire ?!

_ Je voulais pas faire ça… J'étais faible, on s'était disputé, j'avais bu et… Et Mathieu était là, il m'a consolé et…

_ Et il t'a baisé, l'interrompit-il en croisant les bras.

_ Antoine…

_ Quoi ? C'est pas ça ? Il t'a pas sauté dessus dans ce sens là ?

_ Si mais…

_ Alors j'ai compris. Et je veux rien savoir de plus.

Il se tourne mais Alex le retient de nouveau. Il se retourne, cette fois ne se retenant plus.

_ Arrête ! Crie-t-il, les larmes coulant le long de ses joues. Je t'aimais, moi ! On s'est engueulé pour de la merde et t'as rien trouvé de mieux que sauter ce connard ! J'suis saoul, je t'aimais… Je… Je t'aime et c'est ça qui me fait souffrir… C'est que ça t'as pas dérangé une seconde de me cacher ça…

_ J'allais te le dire…

_ Quand ?! Dans une semaine, comme ça on claquait le dossier ensemble ?! Dans un mois, quand on aurait fini les examens parce que t'aurais plus besoin de moi pour réviser ?! Ou à la fin de l'année, peut-être ?! Putain, Alex, c'est arrivé hier et t'as rien dit ! T'attendais quoi, hein ?!

_ Hé, les gars, on se calme ! Il se passe quoi là ?

Leurs amis venaient près d'eux, calmant les cris d'Antoine qui n'avaient déconcentrés les gens à l'idée de faire la fête. Mais le pizzaman s'en foutait. Il fixait Alex. Son Alex. Du moins, autant son Alex que celui des autres… Il le fixait dans ses yeux brillants de larmes. Il avait la bouche ouverte, mais rien ne sortait… Dis quelque chose bordel, pensa fortement Antoine, retiens-moi. Mais rien.

Il attendit un moment, encore un espoir, avant de rouler des yeux, essuyant les larmes sur ses joues avec la main qui ne tenait pas les chaussures et se retourna vers la porte, prenant sa veste et sortant dans le couloir en claquant la porte. Porte contre laquelle il se laissa glisser, éclatant définitivement en sanglot.

Il tentait tant bien que mal de remettre ses chaussures, peu aidé par l'alcool et les larmes. Il avait tellement mal. Il essuyait régulièrement ses yeux, ne prenant pas la peine de faire ses lacets, avant de mettre sa veste et de prendre l'ascenseur.


Voilà voilà ! Voici le début de l'intrigue de cette fanfic, en espérant qu'elle vous aura rendu curieux de la suite !

Sachez que le chapitre 7 est déjà en cours de "brouillonnage" et que j'ai hâte de vous faire entrer encore plus dans l'intrigue !

Bisous bisous et merci d'être aussi patient

Petite update : les gens qui n'ont pas de comptes, ça me rend triste de pas pouvoir vous remercier en personne et j'oublie tout le temps de le faire ici mais je pense fort avec vous et votre soutien me fait chaud au coeur