Bonjour, bonjour ! Comme beaucoup de fanatiques, je ne me remets pas de cette fin de série sublime, alors pour oublier j'écris !
C'est un modeste OS poétique : vous verrez de nombreuses répétitions ou bizarreries mais je vous assure que c'est normal, c'est ma plume tordue qui fait cet effet-là.
J'espère que vous apprécierez !
Vous ne me manquerez pas. Je ne vous chercherai plus.
Des yeux ambrés, vifs, brillants d'une lueur malicieuse buttant contre des yeux clairs, morts, arrachés depuis longtemps à l'âme de son propriétaire.
Le bruit des sirènes étouffé par le soulagement palpable des agents, le froid mordant presque insupportable et l'aura de l'homme tenu en joug, les mains plaquées derrière sa nuque raide et fière.
La scène est étrange et écrasante car c'est le Diable qui les dominent, impassible et sans crainte, le charisme destructeur, malgré l'apparente humiliation d'être à genoux avec des marques de coups, de nouvelles cicatrices et cette foutue humidité qui ronge peu à peu ses vêtements s'accrochant comme un lierre à la peau blanche et aux os solides.
On a tendance à oublier cet état de fait : le docteur Lecter est aussi fait de chair et de sang.
William ne bronche pas, c'est d'ailleurs à peine s'il peut expirer.
N'importe quel spectateur de cette scène insolite serait bien incapable de discerner la douleur et l'impensable reconnaissance, nichées au fond du cœur presque exsangue de l'agent spécial William Graham.
Car en prononçant ces mots : - Vous ne me manquerez pas. Je ne vous chercherai plus.-, William Graham sait qu'il annonce la fin de sa vie, le début d'un suicide à petit feu. Bientôt, ça en sera finit de son existence solitaire, il le sent.
N'est-ce pas ce qui se produit quand vous êtes coincés au fond d'une crevasse et que l'air se raréfie irrémédiablement ? Oui, c'est ça : d'abord l'angoisse, puis le manque, la douleur qui brûle les poumons, les hurlements de terreur et enfin la certitude, l'attente et après une lente agonie, le silence salvateur.
Mais qu'aurait-il pu dire face au plus grand tueur en série cannibale de ce siècle ? Qu'il l'aimait ? Que la simple pensée de le voir le déchirait mais que ne plus le voir, l'entendre, le sentir l'enverrait au purgatoire ? Qui diable, William avait-il trahi ou blessé pour mériter un tel châtiment ? Quel était ce choix impossible ? Abandonner son Humanité pour Lui ou vivre péniblement une existence sans voir, sans dévorer, sans Lui, dans la peau et la tête d'autres fous ?
Et le voilà, le bon Docteur Lecter, celui qui l'avait trahi, jeté en pâture aux savants fous, percé à jour en son sein et en son crâne, abandonnant la chose la plus importante entre toutes : sa Liberté.
Pour Lui. Pour son égal, son contraire mais surtout son tout. William Graham ne dévore pas mais il l'a marqué dans sa chair. Et le docteur en choisissant de se rendre, le garde en vie, le protège, se l'accapare comme un secret bien gardé.
Quel serait son dessein en conservant la liberté sans William ? À ses côtés, il ne ressent pas la Puissante et Délicieuse nécessité de tuer, de découper, trancher et saucer ses corps car c'est l'âme pure de William Graham qu'il déguste en met délicat, qui le maintien en vie comme un goutte à goutte. Son Essence vitale.
Tu vois… Tu vois. Oui, William voit et sait.
Il est aspiré dans les yeux sombres de son tout et de son contraire. Il sait. Il le fera.
Il choisira la vie. Ils partiront.
Mais pas maintenant.
Avant d'être solidement harnaché dans le véhicule, menottes au poignet, Hannibal Lecter a un sourire carnassier sur ses lèvres ourlées, car il voit, oui il voit et il sait.
Ils partiront, mais pas maintenant.