Merci à KSP, Aventurine-san pour vos reviews anonymes. J'espère avoir répondu à tout le monde.

Petite (grande) note avant de vous laisser enfin lire :

Alors, la plupart des reviews reçues ont mises en avant l'absence de lemon pour leur première fois. Je n'ai pas voulu écrire ce lemon. La plupart des lemons que j'écris sont des premières fois et autant dire que je n'ai pas voulu en écrire une autre.

Pour ceux qui estiment que les derniers chapitres vont trop vite, que cette fin risque de voir la fic être bâclée, j'en suis navrée. Quand j'écris un truc, j'écris tout ce dont j'ai envie de parler dans cette fic et quand j'ai fini, la fic doit se terminer. Je n'ai pas envie de raconter des trucs rien que pour le plaisir. Pour moi, j'ai dit ce que j'avais à dire même si ça semble incomplet pour certains

Cette fic a été écrite d'une seule traite et a été finie cet été. Étant une éternelle insatisfaite, je préfère éviter de revenir sur un texte sauf pour corriger les conneries, les incohérences.

Voilà.

Bonne lecture


10

Le corps tomba inerte sous le regard horrifié de Drago qui resta planté là, incapable de réagir. Son père rejoignit son amant bien avant que le jeune homme ne se remette de ses esprits, son cerveau ne cessant de crier que quelque chose n'allait pas, que Harry n'aurait jamais dû s'écrouler.

– Narcissa, fais appeler le médecin de famille. Drago, aide-moi à le porter jusqu'au canapé !

Les deux ordres avaient fusé et aucun des destinataires ne songea à se rebiffer. Drago prit Harry par un bras qu'il passa autour de son cou. Lucius fit de même de l'autre côté. Ensemble, ils soulevèrent le jeune homme et le déposèrent à quelques pas de là sur le sofa. Son petit ami veilla à ce que sa tête soit sur un oreiller et que son corps soit parfaitement étendu.

– Ce n'est pas normal qu'il réagisse comme ça.

– Non, admit son père pensif. Ce n'est pas normal.

Drago s'installa prudemment au bord du canapé et se prit la tête entre les mains. Le fait que Harry soit inconscient après avoir vu un souvenir ne lui disait rien qui vaille. Il savait pourtant qu'il aurait dû l'empêcher. Il aurait dû.

– Arrête de te sentir coupable, claqua la voix froide de son père. Tu te fustiges pour rien ! Le seul coupable ici, c'est lui !

– Comment... commença Drago, les yeux brillants de colère.

– Chacun de nous lui a dit que plonger dans les souvenirs de ce malade n'était pas la meilleure des choses à faire. Il n'a rien voulu entendre ! Mais je ne peux l'en blâmer. Je suis au final peut-être davantage coupable que lui.

Le lord s'installa dans un des fauteuils de la pièce et ferma les yeux.

– Père ? demanda Drago dont la crainte que quelque chose lui soit cachée devenait plus forte à chaque seconde.

– Je suis presque certain que le souvenir en question n'était pas doux. Pas venant d'une personne telle que Rabastan Lestranges.

– Pourquoi ?

Attentionné, Drago caressa le visage de Harry toujours inconscient, désireux de savoir ce que le Poufsouffle avait vécu. Il ne connaissait pas grand chose de ce dernier, acceptant les maigres informations que Harry daignait lui donner.

Harry était secret. Trop peut-être au goût de Drago qui acceptait malgré tout ce trait de caractère. Il n'avait pas vraiment le choix.

Le jeune homme n'arrivait pas à saisir Harry. Un moment, il était bavard comme une pie, rayonnant, le sourire aux lèvres et l'instant d'après, il se renfermait comme une huître. De temps en temps, Drago se demandait si son amant n'était pas bipolaire ou schizophrène.

Selon sa mère, Harry n'était pas loin de la dépression, même si ces derniers temps, il souriait un peu plus et semblait moins enclin au repli.

– C'était un sadique et un pervers. Que penses-tu qu'il lui ait fait ?

– J'ai vu les cicatrices, murmura Drago.

Des marques sur tout le torse de son petit ami. Le torse, les côtés et les hanches. Comme si Rabastan avait voulu créer une œuvre sur le corps d'un enfant, d'un bébé.

– Parce que tu penses qu'il n'y a que des cicatrices ?

Drago releva la tête vers son père, alerté par le mépris et la colère dans sa voix. Lucius était debout, tourné vers la fenêtre, bras croisés. Pour la première fois depuis des années, l'étudiant voyait une infinie tristesse se peindre sur son visage.

– Cet homme n'a jamais été toléré dans cette maison. Pas alors que ses... goûts... exotiques étaient connus dans le milieu. Tous les parents Mangemorts refusaient catégoriquement que Rabastan vienne chez eux, ne serait-ce que cinq minutes.

– Pourquoi ?

– Greyback est connu pour être un monstre, simplement parce que c'est un loup-garou qui aime mordre les enfants. Mais à côté de Rabastan, il fait office de saint, comme disent les moldus. Le véritable monstre, c'était lui. Il aimait la chair. Femmes, hommes. Il n'était pas difficile. Mais ce qu'il préférait, c'étaient les enfants et plus particulièrement les bébés.

Le petit déjeuner remonta dangereusement dans la gorge de Drago tandis que son estomac se tordait. Il eut envie de vomir tant l'image que son père venait de lui donner du beau-frère de sa défunte tante le rendait malade.

Son regard se posa sur Harry.

– J'ai lu l'histoire des Potter dans la presse lorsqu'ils ont été retrouvés et placés à Ste Mangouste, reprit Lucius. Ta mère n'a rien fait pour sa sœur. Elle n'en avait ni l'envie ni la force. Bellatrix n'était plus rien à ses yeux après cela. À peine une connaissance. Lorsque l'arrestation des Lestranges a été connue, je suis certain que tous les Mangemorts savaient ce que Rabastan avait fait à ce pauvre enfant. Nous étions au courant de ses déviances. Lors des raids, il... il torturait les parents en... se chargeant de leurs enfants... devant eux. Narcissa, elle, refusait d'admettre que sa sœur puisse seulement le savoir. Jusqu'à cette nuit-là, lors de la torture des Potter. Ils étaient tous les trois dans la maison. La suite, même moi, je préfère ne pas l'imaginer. Harry est la seule victime survivante des horreurs perpétrées par Rabastan et avant qu'il ne décide de plonger tête la première dans les souvenirs de ce monstre, il ne se souvenait de rien parce qu'il était trop jeune.

– Merlin, chuchota Drago.

Alors son petit ami avait été abusé étant enfant. Restait à savoir comment il allait réagir en se réveillant. Lui qui avait déjà si peu confiant en sa propre personne, son estime risquait fort de disparaître à jamais.

– On ne peut rien faire ? Lui ôter cela de la mémoire ? Lui faire oublier ces quelques minutes ? Heures ?

– On pourrait, oui.

– Alors fais-le, chuchota Drago.

Il était au courant que prendre cette décision à la place de Harry était n'importe quoi, qu'il valait mieux ne pas le faire.

– Non, Drago.

– Il vaudrait mieux en effet ne pas tenter de faire cela sur une personne inconsciente, répliqua froidement le Médicomage familial Jabweers, un homme aux tempes grisonnantes et au visage si dur que même Lucius en colère ne parvenait pas à l'égaler.

Drago avait toujours eu peur de cet homme, redoutant de tomber malade pour le voir apparaître. Ses parents le menaçaient souvent de faire appel à Jabweers pour qu'il daigne se tenir tranquille.

Pour la première fois de sa vie, il était presque heureux de le voir tant il était inquiet pour Harry.

– Marc-Aurèle, fit Lucius avec un certain soulagement.

– Narcissa m'a dit que c'était important, grommela le vieil homme en s'approchant. J'ai fait aussi vite que j'ai pu.

Il se figea en contemplant la victime étendue sur le canapé.

– Par Merlin, peut-on m'expliquer ce que vient faire Mr Potter ici ?

Un sourcil blond se leva. Drago fut surpris du comportement curieux du Médicomage envers son petit ami. À croire que la présence de Harry était indésirable.

Et puis, il se rendit compte que Jabweers connaissait Harry.

– Il sort avec mon fils et passe quelques jours à la maison, expliqua Narcissa.

Tout le monde avait noté le ton qui ne souffrait d'aucune réplique.

– Bien. J'avoue que cela m'a surpris. Que s'est-il passé ?

– Il a regardé un souvenir et s'est évanoui.

– Un souvenir ? répéta le Médicomage, dubitatif. Je n'avais jamais entendu parler de souvenirs qui aient pour conséquences des évanouissements. Qu'a-t-il vu ?

– Que savez-vous sur les Potter ?

– Beaucoup plus que ce que la majorité des gens, vous y compris, peut savoir, répliqua Jabweers en rapprochant d'un geste de baguette un des fauteuils pour s'installer près de Harry toujours inconscient. Depuis combien de temps est-il ainsi ?

– Cinq minutes environ, souffla Drago.

Il était inquiet et voir l'homme de sciences palper son amant, les sourcils froncés, n'aidait pas cette inquiétude à disparaître.

– Marc-Aurèle, que savez-vous des Potter ? demanda de nouveau Narcissa.

– Tout. J'ai été un de ceux qui ont tout fait pour sauver ce gamin de la mort. Il était dans un tel état quand on nous l'a amené à Ste Mangouste. Il a failli nous claquer trois ou quatre fois entre les mains. Il a dû passer plusieurs semaines là-bas, le corps couvert de baumes et de bandages pour guérir les lacérations. Un miraculé cet enfant. Donc je répète, il a vu quoi ?

– Un souvenir de son tortionnaire. Du moins, au vu de sa réaction, c'est ce que je pense, avisa Lucius.

– Merlin tout puissant ! cracha Marc-Aurèle. Vous n'auriez pas pu l'en empêcher ? ! Vous saviez ce dont ce monstre était capable !

Pour ce qu'il en savait, Drago n'avait jamais vu personne parler sur ce ton à son père.

– Harry est majeur et j'ai tenté de l'en dissuader. Pour l'en empêcher, il m'aurait fallu dévoiler la vérité. Je doute qu'il aurait été prêt à l'entendre. De plus, à moins de l'obliger à me montrer ce souvenir, je n'ai aucun moyen de savoir ce dont il s'agit ! Je ne fais que supposer ! À moins que vous n'insinuiez que j'ai délibérément poussé le petit ami de mon fils à se jeter la tête la première dans une pensine avec un souvenir de ce que cette ordure a fait pour voir sa réaction. Si tel était le cas, vous ne seriez pas là !

– Cela suffit, temporisa Narcissa. Marc-Aurèle, qu'a Harry ?

– J'en saurai davantage quand il se réveillera. Mais je suis sceptique quant à son état mental.

– Comment ça ? ne put s'empêcher de demander Drago.

– Avec une nouvelle comme celle qu'il vient de découvrir, soit il ne supporte pas du tout et se plonge dans un état catatonique. Ou alors, il ne supporte pas mais accepte de se battre pour... eh bien accepter ce qui lui est arrivé.

– Dans les deux cas, il ne supporte pas.

– C'est un fait. Ou alors, il va mentir en disant que tout va bien, se convaincre que rien ne s'est passé. Ou, dernière alternative, il va faire en sorte de tout oublier. Ce qui sera, à mon avis, pire que mieux parce que le jour où la barrière cédera et ses souvenirs reviendront en force, la folie ne sera pas loin. On n'accepte pas toujours d'avoir un trou de mémoire et les moyens que l'on met en œuvre pour retrouver la mémoire peuvent être stupéfiants. Dans tous les cas, nous devons attendre et voir. Il va falloir le monter dans une chambre.

Une heure plus tard, Harry reprenait conscience sous le regard inquiet de Drago. Sauf qu'au lieu de se rouler en boule comme le jeune Serpentard l'avait cru, il resta étendu là, sur le matelas, à fixer le ciel de lit.

– Harry ? murmura son amant assis près de lui.

Pas de réponse. Drago n'était même pas certain d'avoir été entendu.

– Harry, recommença-t-il plus fort.

Il allait tendre la main pour la poser sur l'épaule de son petit ami mais un coup l'en dissuada. Au moins il avait la certitude que Potter était réveillé et loin de la catatonie. Ce qui était une bonne chose.

– Me touche pas, répliqua Harry la voix humide de larmes.

– Pourquoi ?

Cette fois, Harry se roula en boule et tourna le dos à Drago qui ne tarda pas à entendre des sanglots. Il était à la fois soulagé et inquiet. Tout comme il ne savait pas quoi faire pour aider Harry. Préférant ne pas toucher son copain, il se leva pour aller prévenir Jabweers que son patient était réveillé.

– Je reviens, d'accord ?

Le brun ne donna pas la moindre indication quant à savoir s'il avait entendu quoi que ce soit. Drago déserta la chambre et fila rejoindre les adultes qui attendaient des nouvelles.

– Il s'est réveillé, annonça-t-il. Mais il a refusé le moindre contact avant de se rouler en boule et de pleurer.

– C'est tout ce qu'il a fait ?

– Oui.

– Bon. Vous allez lui donner cette potion avant qu'il s'endorme. C'est une potion de sommeil sans rêves. Sans cela, je vous garantis une nuit blanche.

– Demain, les garçons retournent à Poudlard, l'avertit Lucius.

Poudlard, Drago l'avait presque oublié. Pour un peu, il aurait hurlé de frustration à l'idée de devoir retourner à l'école alors que son petit ami était si mal.

– Je vais écrire un courrier à Poppy, annonça Marc-Aurèle.

0o0

– Il est malade ? maugréa Pansy en fixant Potter assis contre Drago, pâle comme la mort. Si c'est le cas, qu'il ne me vomisse pas dessus.

– La porte est sur ta droite, répliqua Drago acide. Si sa présence te gêne, tu peux partir.

Il en avait assez d'entendre Pansy ne cesser de pester contre Harry, son caractère, ses origines, sa maison et son physique. Les Malefoy n'avaient rien eu à redire sur le petit ami de leur fils, ce n'était pas une étrangère qui allait se permettre de critiquer l'homme avec qui Drago sortait.

Il était loin d'être bête et savait pourquoi Parkinson se comportait de la sorte. Elle était jalouse. Simplement parce que Harry avait été accepté par sa famille et pas elle.

Drago avait demandé des explications à ses parents à ce sujet. La réponse l'avait laissé pantois.

– Tu n'as jamais parlé d'affection avec les autres. Juste que tu étais en couple. Avec Harry, tu as d'emblée dit que tu l'aimais.

Voilà la réponse que sa mère lui avait donnée et Lucius n'avait rien dit, se contentant de hausser les épaules. Pour lui, la pilule avait peut-être davantage de mal à passer, mais il n'avait rien dit et s'était montré cordial avec Harry.

La porte du compartiment s'ouvrit sur le Weasley à Poufsouffle. Ronald.

– C'est un compartiment réservé, le miséreux, fit Blaise.

Drago ne bougea pas et ne dit rien non plus. Il n'appréciait pas forcément Ron mais devait avouer que c'était le meilleur ami de Harry. Il pouvait tolérer sa présence. Ce qui n'était pas le cas des autres qui avaient une allergie envers les Poufsouffle roux, traîtres à leur sang sans un sous.

Weasley se tourna vers eux et leur fit un geste qui fit bondir les mieux éduqués d'entre eux.

– Comment oses-tu... commença Milicent.

– Oh ça suffit ! répliqua Ron en prenant place près de Harry. Vous pensez que parce que je suis à Poufsouffle, je vais fuir d'ici en tremblant dans mes pompes et me faire dessus ? J'ai cinq frères plus vieux qui me font plus peur qu'une bande de marioles qui se pensent plus forts que ma maison parce qu'ils sont chez les Serpentard. En comparaison, vous me faites hurler de rire. Donc je reste. Vous parliez de quoi ?

Une chose était certaine, Weasley avait beaucoup de culot.

– Rien qui te concerne.

– Tant mieux. J'aurais été affreusement désolé d'avoir interrompu quelque chose.

– Dans la partie, rien qui te concerne, qu'est-ce que tu as compris ?

– Le « rien ». J'ai jugé la suite pas importante. Bon, comment il va ? demanda-t-il à Drago, inquiet.

Malefoy le fixa, presque surpris de le savoir au courant de l'état de son meilleur ami alors que rien n'avait filtré.

– Comme tu peux le voir. Je l'emmène à l'infirmerie dès qu'on sera arrivé.

– Quoi ? Pourquoi faire ?

À l'évidence, il n'était pas au courant. Drago envisagea un instant de lui dire la vérité. Cependant le pressentiment que cela ne plaira pas à Harry le poussa à trouver autre chose et donc à mentir à Ron.

– Ça se voit qu'il est malade, non ?

– Mouais.

Nul doute que Ron n'était pas tout à fait d'accord avec cette pseudo-excuse. Cependant il était assez intelligent pour ne pas relever, faisant croire qu'il l'acceptait, surtout que le recul de Harry était évident.

Sans surprise, Poppy Pomfresh, infirmière adorée et redoutée des étudiants fondit sur eux à peine le seuil de l'infirmerie franchi.

– Le Médicomage Jabweers m'a prévenue. Pauvre enfant. Allez, Harry, asseyez-vous sur le lit.

Docilement, Harry s'installa sur la couche aux draps blancs.

Il ne parlait pas beaucoup, se contentant de regarder un point quelque part devant lui. Le matin-même, Drago n'avait pas pu le toucher mais depuis qu'ils étaient montés dans le Poudlard Express, il s'était collé craintivement à lui et avait gardé bouche close durant tout le voyage.

– Comment allez-vous, Harry ? s'enquit doucement Poppy.

Le jeune homme se contenta de hausser les épaules sans dire un mot.

– Est-ce que cette nuit vous désirez une potion de sommeil sans rêve ?

Harry secoua la tête. Drago retint une grimace. Si son petit ami faisait un cauchemar ou plusieurs, il était bon pour passer une nuit difficile. À moins de dormir chacun dans son dortoir mais cela, le Serpentard refusa tout bonnement de l'envisager.

– Vous souhaitez dormir ici ou dans votre dortoir ?

– Avec Dray, murmura Harry.

– Chez les Serpentard ? Ou les Poufsouffle ?

Aucune des deux maisons ne convenait, bien que chez les Blaireaux, les camarades et amis de Harry tenteraient moins de profiter de la faiblesse du brun.

Drago vit son amant lever son regard vers lui. Harry ignorait tout de son pouvoir. Il n'avait aucune conscience de ce que ses yeux trop verts pouvaient pousser les gens à faire. Malefoy était d'abord tombé amoureux de ces émeraudes sans défaut. Puis il avait observé leur propriétaire.

C'était Harry qui lui avait fait comprendre qu'il était homosexuel. Lors de sa toute première fois, il avait été excité par le simple fait d'imaginer Potter à la place de sa petite amie. Durant tout l'été et après la rentrée scolaire, il avait essayé de penser à autre chose, d'expérimenter avec d'autres hommes. Sans succès.

Alors Drago avait décidé de sortir avec Harry, tentant le tout pour le tout.

Aujourd'hui, malgré le côté impossible de Harry, Drago ne le regrettait pas. Il était tombé amoureux de son amant. Tout simplement. Et il avait envoyé de nouvelles règles ad patres : il ne tomberait pas amoureux ne serait pas mielleux ne se laisserait pas faire et surtout ferait passer sa maison avant tout.

– Avec Dray, répéta Harry toujours tout bas.

Ce qui signifiait que c'était à Drago de choisir le dortoir, pour peu qu'ils soient ensemble. Malefoy prit un instant pour réfléchir. Il n'avait aucune envie d'avoir les maisons sur le dos mais quitte à en choisir une, il préférait les Serpentard. Il avait une certaine autorité sur ses camarades, ce que les Blaireaux semblaient ignorer.

Sinon, il y avait l'infirmerie. Cependant, Drago se refusait à rester ici plus que nécessaire. L'odeur aseptisée de l'endroit lui donnait des maux de tête.

Pomfresh hocha la tête.

– Bien. Comment va-t-il réellement ? demanda-t-elle à Drago alors qu'elle venait de poser la question à Harry.

– Il n'a pas dit grand chose. Hier et ce matin, c'était à peine s'il voulait qu'on le frôle. Et depuis notre montée dans le train, il... est collé contre moi. Il ne parle pas, mange à peine.

Harry avait grignoté deux bouts de toast au petit-déjeuner et dédaigné les sandwichs que Dobby leur avait faits pour le voyage. Il avait même refusé les bonbons sous le regard ahuri de Ron qui avait assuré que c'était son péché mignon, qu'il avait des réserves entières de friandises.

– On dirait... qu'il est perdu dans son monde.

– Forme de catatonie. C'est ce que Marc-Aurèle m'avait dit dans sa lettre. J'aurais préféré qu'il ait tort.

– À quoi c'est dû ? s'enquit Drago qui aurait préféré arracher cette fiole des mains de Harry dès qu'il l'avait vue plutôt que le voir comme cela.

– Son esprit refuse ce qu'il a vu. Je suis au courant, ajouta l'infirmière. Et rien de ce qui est dit ici ne sortira. Secret professionnel. Toujours est-il que Harry s'est plongé dans un état de... veille pour faire face à cet événement traumatisant.

Si ce que son père lui avait raconté était vrai, Drago voulait bien croire que revoir un souvenir de son enfance, souvenir ignoble s'il en était, pouvait se révéler traumatisant. Le jeune homme n'avait rien vu mais il avait assez d'imagination et d'informations pour reconstituer ne serait-ce qu'un dixième de la scène, et ce qu'il fallait pour lui donner la nausée.

– Comment il peut s'en sortir ?

– Avec des potions. Ou alors un choc mental. Ce qui me rassure, c'est qu'il parle et qu'il réagit. C'est donc moins grave qu'il n'y paraît.

– Un choc mental ?

– Il suffit d'un mot, d'un geste, d'un regard pour le pousser à agir. Par contre, le « réveil » peut être très brutal.

– Dans quel sens ?

– Des accès de colère, de violence.

Tout ceci ne rassurait pas Drago le moins du monde. Il avait très envie de laisser Harry ici et de retourner, seul, dans sa salle commune. Il aimait son compagnon mais ne se sentait pas assez fort pour gérer son état.

– Mr Malefoy, si vous voulez rester ici, je n'y verrai aucun inconvénient.

L'étudiant hésita avant de secouer la tête. Il ne passerait pas la nuit ici et n'y laisserait pas Harry. Pas alors qu'il lui avait dit pouvoir compter sur lui. Quoi que les gens puissent en dire, les Malefoy n'étaient pas des lâches.

– Non, nous retournerons dans ma salle commune.

– Bien. Au moindre problème, vous venez me trouver.

Elle les mit doucement dehors, les exhortant à retrouver la Grande Salle pour manger quelque chose. Cependant Drago n'avait pas faim. Les sandwichs l'avaient calé et il savait parfaitement que Harry ne mangerait pas. Aussi préféra-t-il se rendre directement chez les Serpentard. Au moins, ils y seraient avant la cohue et toutes les questions embarrassantes.

– Tu veux aller prendre une douche ? proposa Drago une fois dans le dortoir, à genoux devant sa malle ouverte pour récupérer à l'intention de Harry un pyjama.

Les affaires de son amant étaient chez les Poufsouffle et Drago pressentait que Harry ne supporterait pas de dormir nu cette nuit, chose que le Serpentard pouvait parfaitement comprendre. Peut-être même que sa présence le dérangerait.

Il leva les yeux pour les poser sur Potter assis sur le lit, le regard dans le vague.

– Harry. Tu veux aller prendre une douche ?

Drago commençait à ressentir une certaine lassitude à répéter deux ou trois fois les mêmes choses pour avoir une réaction. Et dire que cela ne faisait que quelques heures. Pour un peu, le jeune homme aurait voulu que son petit ami ait ce fameux choc mental, ne serait-ce que pour avoir une réaction ou quelque chose d'autre que cet état végétatif.

– Bon. Debout, ordonna-t-il en obligeant avec douceur Harry à se camper sur ses pieds. On va aller se laver.

Docilement, le Poufsouffle le suivit jusque dans la salle de bains commune. Drago avait les serviettes et les pyjamas sous le bras. Il avait ses affaires de toilette dans une main et de l'autre main, traînait Harry dans son sillage. Il referma la porte dans son dos et posa son fardeau sur le rebord du lavabo.

Cet instant était l'instant de vérité. Ils allaient savoir si Harry allait se laisser docilement déshabiller ou alors si le souvenir de Rabastan remonterait dans son esprit et le pousserait à se débattre, à exploser.

Autant dire que Drago n'était pas rassuré pour deux mornilles. Il prit une profonde inspiration et s'approcha de son amant qui ne broncha pas. Lentement, sans le brusquer, le Serpentard lui retira son pull puis sa chemise. Lorsqu'il s'attaqua au pantalon, Harry ne dit rien et se laissa faire.

Une fois nus tous les deux, Drago poussa Harry sous la douche pour le laver parce qu'il se doutait fortement que Potter ne ferait rien. L'impression d'avoir à faire à un enfant ne quitta pas son esprit durant toute l'opération.

Il lui enroula une serviette autour de la taille et le plaça devant le miroir avant de prendre sa douche à son tour. Maintenant il ressentait ce que Harry avait dû supporter avec ses parents. Avoir affaire à un enfant dans le corps d'un adulte n'était pas aisé et pour le coup, le jeune homme se faisait l'impression atroce d'être un pervers qui se lavait devant un enfant.

Écœuré par cette image, Drago se dépêcha, dos à Harry toujours à sa place. Alors qu'il se rinçait les cheveux, il s'arrêta, alerté par un bruit qui n'avait rien à voir avec l'eau qui coulait ou quelqu'un qui s'habillait. Intrigué, il se retourna juste au moment où Harry se mit à hurler en frappant comme un dément sur le miroir. Ses mains étaient en sang. Malefoy ne réfléchit pas, il se précipita vers son compagnon et le jeta presque par terre avant de lui attraper les mains pour les immobiliser.

Le cri de rage se transforma en hurlement de peur.

Ce fut juste à ce moment-là que Drago se rendit compte de leur position, leur proximité et du fait que Harry avait vu un souvenir éprouvant.

– Arrête, Harry, s'il te plaît, s'écria le Serpentard afin que sa voix soit entendue à travers ce bruit. Je ne te ferai rien, je te le promets. C'est juste pour que tu ne te fasses pas mal.

Cette fois, Harry éclata en sanglots et le supplia de ne pas lui faire de mal. Être vu comme un agresseur agit comme une gifle sur Drago. Il relâcha son partenaire et le regarda se rouler en boule. Il se hâta d'enfiler un bas de pyjama et d'étaler une serviette sur le corps recroquevillé du brun qui pleurait toujours.

S'asseyant à ses côtés, il posa sa main sur les cheveux en bataille encore humides de leur passage sous l'eau. Drago pensa un instant à appeler un elfe ou à laisser Harry pour aller chercher un professeur mais il redoutait ce qui risquait de se produire s'il le faisait. Alors il resta par terre, sur le carrelage humide, près de Harry dont les larmes ne semblaient pas vouloir se tarir.

– Je me rappelle de la toute première fois où je t'ai vu, commença Malefoy d'une voix tendre. Tu avais l'air si... perdu dans le magasin de Mrs Guipure. Je ne savais pas qui tu étais et inversement. Mais je ne sais pas pourquoi, je voulais te faire une bonne impression. Au vu de nos rapports... inexistants par la suite, je doute avoir réussi. Je crois que depuis notre rencontre, je n'ai cessé de te regarder. Je n'en ai vraiment pris conscience que récemment. En fait, je pense que ça remonte à l'année dernière. Tu as ri, tu étais détendu. Tu étais beau. Tu l'es toujours, tu sais. Tu n'en as même pas conscience. Tes marques et cicatrices, elles témoignent d'un passé, du tien. Mais elles ne te retirent pas le charme que tu as et qui m'a fait comprendre que c'était toi.

Il regarda Harry. Les sanglots s'étaient transformés en hoquets silencieux. Le brun l'écoutait avec attention même s'il ne bougeait pas.

– Tu te souviens quand on a fait l'amour pour la première fois ? continua Drago.

– Ce n'était pas ma première fois, répliqua tout bas Harry. Il me l'a prise.

Le Serpentard faillit pousser un hurlement de joie. Il avait obtenu une réponse.

– Non, chéri. Il t'a pris ton innocence.

– C'est pareil ! Il... il n'avait pas le droit !

– Non c'est...

– Je me dégoûte, Drago, l'interrompit Harry. J'ai honte de mon propre corps, de ce qu'il en a fait !

Il se retourna brutalement et jeta la serviette sur le côté pour dévoiler son ventre, son torse et la partie inférieur de son corps, faisant fi de ses mains entaillées. Drago ne put s'empêcher de le détailler, sa main toujours dans les cheveux rebelles, puis baissa le regard vers le visage de Harry presque collé contre sa cuisse.

– Dis-moi, quand on a fait l'amour, ai-je été rebuté quand je t'ai embrassé partout ? souffla doucement Malefoy.

Il sourit en voyant des frissons parcourir son amant.

– J'ai honoré ton corps parce qu'il ne me rebute pas. Je le referai encore et encore avec plaisir et dévotion. Oui, tu es marqué. Oui, on t'a fait du mal. Non, il n'avait pas le droit. Tu es une victime, Harry. Tu n'étais qu'un bébé. Ce qu'il t'a fait est un viol pur et simple mais pas une première fois. À ce que je sache, tu n'as pas pris de plaisir à ça.

– Non ! cria Harry.

– C'est là toute la différence, mon cœur, fit Drago. Oui, il t'a pris ton innocence mais ça s'est fait dans la douleur et dans la violence. Tu ne le voulais pas.

– Comment tu peux accepter de me toucher après... en sachant ça ?

– Parce que tu n'as pas choisi ce qui t'est arrivé et parce que je t'aime, Harry. L'amour ne se limite pas au physique d'une personne mais à ce qu'elle est, qui elle est.

– Ce n'est pas de toi, croassa Harry.

– Je trouvais ça poétique alors ne me casse pas mon effet. D'ailleurs, en parlant d'effet, nota Drago soulagé que l'atmosphère se soit légèrement détendue. Tu n'as pas froid ?

– Un peu.

En faisant attention aux mains blessées qu'il allait devoir soigner ou faire soigner, Drago aida Harry à se mettre debout et à s'habiller d'un pyjama sec. Le sien serait bon pour être changé.

– Drago, murmura Harry. J'ai mal.

Il tendit ses doigts en sang.

– Je m'en doute. Tu veux aller à l'infirmerie ?

Encore une fois. Mais cela il ne l'ajouta pas.

– Je... Je crois que je n'ai pas le choix. Si ?

Drago grimaça. Le choix ne s'imposait pas vraiment en réalité. C'était soit l'infirmerie soit la douleur et un risque d'infection. En veillant à ce que Harry ne touche rien, le Serpentard l'aida à mettre une cape sur son pyjama, changea rapidement le sien et s'emmitoufla à son tour dans sa pelisse. Ensemble, ils quittèrent le dortoir puis la salle commune.

– Je ne me sens pas très bien, j'ai froid et... j'ai mal, bredouilla Harry.

Après un rapide examen, Malefoy nota la pâleur de son petit ami. Il prit le parti de venir glisser son bras autour de sa taille pour le soutenir jusqu'à l'infirmerie dans laquelle ils déboulèrent en trombe.

– Par Merlin, tempêta Poppy. Qui... Mr Malefoy ? Harry... Merlin tout puissant mais qu'est-il arrivé à vos mains ? s'écria l'infirmière en s'approchant vivement. Allez vous asseoir !

Drago le guida jusqu'au lit le plus proche et le regarda s'y laisser tomber de tout son long, soulagé d'être allongé. Durant tout le trajet, il avait bien cru que Harry allait s'évanouir.

– Que s'est-il passé ? redemanda Pomfresh.

– Il a cogné le miroir de la salle de bains des Serpentard. J'ai pu l'arrêter, mais il était déjà blessé.

– Je ne voulais plus me voir, ajouta Potter à voix basse. Plus voir ce qu'il m'avait fait.

Harry leva des yeux implorants vers Poppy qui se concentra avec application – trop peut-être selon Drago – sur les mains de son patient. Elle retira les bouts de verre d'un geste de baguette et passa un baume cicatrisant avant de nettoyer la peau pour retirer le sang. Il ne restait plus rien.

– Ce ne sont quelques petites entailles à cause du verre. Les veines n'ont pas été touchées, ce qui est une bonne chose.

– Je ne voulais pas me tuer, s'écria Harry. Je voulais juste... effacer cette image dans le miroir. Sauf qu'elle sera toujours là, à me narguer, à me rappeler qu'un... ce qui s'est passé.

Drago ne sut quoi dire. Il se retint de serrer Harry dans ses bras. Pas d'effusion en public même restreint. C'était sa règle et jusque là, il s'y était tenu.

– Je ne suis pas une professionnelle dans ce domaine mais peut-être que vous devriez en parler à quelqu'un, un spécialiste qui pourra vous aider.

– Oui, peut-être que vous avez raison, souffla Harry et Drago était parfaitement d'accord avec ça.

Elle les congédia sur ces paroles. Ensemble, collés l'un à l'autre, ils retournèrent dans le dortoir des Serpentard encore désert, le repas n'étant pas fini, et se couchèrent.

– Drago, dit doucement Harry dans le silence conféré par les rideaux fermés hermétiquement et scellés d'un sort qui empêchait quiconque d'entrer et d'entendre.

Il s'était collé contre son amant qui sentait son souffle dans son cou, ses doigts crispés sur la chemise de pyjama. Harry sentait le shampoing à la menthe. C'était agréable.

– Oui ?

– Fais-moi l'amour.

Si quelques jours auparavant cette demande aurait électrisé Drago, là il devait avouer que cela le figea et le rendait mal à l'aise. Harry ne pouvait pas lui avoir dit une telle chose. Pas alors qu'il avait appris la veille qu'il avait été violé alors qu'il n'était qu'un enfant et qu'il avait passé plusieurs heures dans un état catatonique.

– Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée.

– S'il te plaît.

– Ce n'est pas que je n'ai pas envie, mais je pense que tu n'es pas en état pour ça.

– S'il te plaît. Je sais ce que je veux et c'est ça. J'ai envie d'effacer pour un temps ce souvenir de ma tête.

– D'accord, capitula Drago même en sachant que ce ne serait pas possible, qu'il faudrait des mois voire des années pour que cela arrive.

Il repoussa Harry contre le matelas et roula sur lui. Sa bouche trouva la sienne. Le baiser qu'ils échangèrent ne démontrait aucune urgence. Il était tendre, doux mais néanmoins passionné. Leurs mains s'égarèrent sur le corps de l'autre, échauffant leur partenaire.

Drago ne voulait pas que cela soit fait à la va vite, un coup vite fait. Il désirait prendre son temps, aimer Harry et l'envoyer loin dans le plaisir. Ce soir, ils iraient lentement. Il ferait ce que Harry désirait, l'amour.

Ses lèvres dérivèrent de la bouche de Harry à sa mâchoire puis son cou qu'il honora jusqu'à tirer un gémissement chez son compagnon. Sous lui, collé à son bas-ventre, il pouvait clairement sentir le désir. Le sien s'était également réveillé mais il n'y pensa pas, préférant se concentrer exclusivement sur celui qui partageait son cœur et sa couche.

Bientôt, la veste de pyjama fut de trop. Ils l'enlevèrent et la laissèrent dans un coin. Le contact du torse de Harry contre le sien, sa peau contre la sienne le fit frémir. Des bras se refermèrent dans son dos et une bouche s'empara de ses lèvres.

Sous lui, contre lui, Harry bougea, envoyant ses hanches en avant afin d'écraser leurs érections et les faire siffler de contentement.

– Doucement.

Disant cela, sa main dériva vers les hanches puis passa dans le dos et glissa dans le bas de pyjama pour se poser sur les fesses. Drago entendit nettement un hoquet.

– Allume la lumière, souffla Harry d'une voix que son amant jugea hystérique.

Le blond retira sa main et s'exécuta pour voir deux émeraudes perdues le fixer sans vraiment le voir.

– Tu veux tes lunettes ?

Il savait Harry myope sans ses verres. Ce dernier hocha la tête et l'instant d'après, son regard sembla soulagé de se poser sur lui.

– Ça va aller ? s'enquit Drago. Tu veux vraiment continuer ?

Le désir de Harry s'était envolé. Cependant, il hocha de nouveau la tête, ne comptant pas sur sa voix pour répondre.

Sans se presser Drago se redressa à genoux entre les jambes écartées de Potter qui le fixait. Ses yeux mercure se posèrent sur la poitrine mise à nu à la fois tentante et repoussante. Comme leur première fois et celles qui avaient suivi, le jeune homme avait envie d'embrasser et honorer chacune des marques qui ornaient la peau pâle de Harry. Cependant, son esprit était tourné vers autre chose, et cette chose se trouvait plus bas, encore cachée par le pantalon.

D'un geste franc, il fit glisser le bas de pyjama vers lui, dévoilant peu à peu le bas ventre, le pubis et la hampe qui reposait au milieu d'un lit de boucles brunes. Il pouvait presque sentir l'appréhension de Harry, appréhension que ce dernier avait à chaque fois qu'il était nu.

Le bout de tissu se retrouva avec le reste des affaires et Drago l'oublia pour se concentrer sur Harry et exclusivement sur lui.

Ses doigts se posèrent sur la peau et la frôlèrent, notant grâce à la lueur de la baguette, les frissons qui parcoururent le Poufsouffle.

– Tu es bien ?

– Oui, croassa Harry.

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Drago et sans préavis, s'allongea sur le matelas puis sa main vint enserrer la base de la verge tandis que sa bouche l'avala, provoquant un hoquet plus haut.

C'était sa première fellation et, pour en avoir eu quelques-unes avec sa petite amie Serdaigle l'année précédente, il savait plus ou moins comment rendre les choses très bonnes pour son partenaire.

Au vu des gémissements qu'il entendait et des ongles qui se plantaient dans son cuir chevelu pendant que sa bouche allait et venait sur le sexe maintenant épais et dur, il ne se débrouillait pas si mal que ça.

Au-dessus de lui, Harry bredouillait des paroles vides de sens et le mot qui revenait souvent était « Drago », comme si son vocabulaire ne se limitait plus qu'à un prénom. Pour le concerné, cela le satisfaisait de savoir qu'il pouvait faire perdre la tête à quelqu'un.

Quand Harry commença à jouer des hanches, Drago faillit avoir un haut le cœur, le gland de son amant venant percuter le fond de sa gorge. Ses mains maintinrent les coupables sur le matelas et sa bouche lâcha la verge humide de salive pour aller lécher les bourses plus bas. De ses doigts, il joue avec le pénis turgescent un instant avant de se redresser et de contempler son œuvre. Son amant étant étendu sur le lit, excité, les joues rouges, les yeux brillants et un air de frustration sur le visage.

Son propre sexe était dur comme la pierre, en grande demande d'attention, toutefois il ne s'en préoccupa pas, parce que d'ici quelques minutes, ce serait Harry qui s'en chargerait pendant que Drago serait enfoui en lui jusqu'à la garde.

– Ça t'amuse de me faire languir ? gronda Harry.

– Je prends mon temps.

– Ne le prends pas trop, je risque de m'endormir avant sinon.

La menace ne fit qu'agrandir le sourire de Drago. Harry n'aurait pas cette audace, pas alors qu'il était excité.

– Tu sais comme moi que ça n'arrivera pas. Nous n'en sommes qu'aux préliminaires, mon chéri. Et encore, nous n'en sommes qu'au tout début.

Disant cela, il se rallongea sur son amant et l'embrassa passionnément. Une de ses mains qui s'était posée sur la joue légèrement ombrée par une barbe naissante dériva plus bas, dans le dos puis vers les fesses. Il rompit le baiser pour voir l'expression de son petit ami, vérifier qu'il était toujours consentant.

Mais Harry ne semblait pas effrayé. Au contraire. Ses yeux brillaient. Drago fut rassuré. Il le voulait autant que lui.

– Prêt ?

Encore une fois, la réponse fut un hochement de tête. Drago sourit et l'embrassa rapidement avant de chercher dans sa table de chevet le flacon de lubrifiant qu'il avait acheté une fortune chez un apothicaire et qu'il avait placé là juste avant de se coucher. D'une main un peu tremblante, il en versa une dose généreuse dans sa paume et s'en enduisit les doigts. Il avait lu quelque part qu'il valait mieux ne pas être radin sur ce genre de produit et de sa maigre expérience, c'était préférable.

Harry écarta les jambes, essayant de paraître détendu sauf que Drago avait noté la crispation sur les draps et la jointure livide de ses poings.

– Je ne te ferai pas mal.

– Je sais. C'est juste que... je n'arrive pas à me retirer cette image de lui de ma tête. Je le vois toujours...

Dans ces conditions, Drago ne savait pas continuer était une bonne idée.

– Ça va aller, Dray. C'est juste un souvenir.

Guère convaincu mais peu désireux d'avoir une discussion sur ce sujet en ce moment, le Serpentard s'étendit près de son amant et son doigt vint trouver la petite entrée plissée. Du bout, il en fit le tour, tâtant prudemment le terrain non sans lâcher Harry du regard. Le Poufsouffle l'attira à lui pour l'embrasser, ce que Drago fit avec plaisir.

Sentant son amant détendu, il introduisit avec douceur un premier doigt. À peine celui-ci à l'intérieur de l'anus, les muscles autour se contractèrent brutalement.

– Désolé, bredouilla Harry en prenant de profondes inspirations.

Quelques secondes plus tard, Drago pouvait reprendre sa progression, attentif au visage du brun. Il restait persuadé que ce qu'ils faisaient était une mauvaise idée. Harry n'était pas bien. Sauf que le jeune homme était une tête de mule et qu'il était difficile de lui faire changer d'idée. Pire encore, il s'y tenait mordicus quand on tentait de le pousser à avoir un autre point de vue.

– Comment tu te sens ?

– C'est... toujours aussi bizarre... ce doigt, là. Pas désagréable mais pas vraiment agréable. Pas encore.

Drago entama de légers va et vient dans l'autre chaud afin de stimuler les parois et détendre un peu plus l'anus. Il prenait son temps, refusant d'aller trop vite pour ne pas faire souffrir inutilement son amant.

Un second doigt passa la petite entrée. Cette fois, il fut question d'une grimace franche. Drago se redressa autant que possible avec l'autre main et revint entre les cuisses, s'agenouillant. Il regardait ses doigts aller et venir, disparaissant entre les chairs brûlantes. Il imaginait son pénis à leur place et retint un gémissement.

Sans réfléchir à ce qu'il faisait, il se courba et vint engloutir le sexe tendu dans sa bouche juste au moment où un troisième doigt rejoignait les deux autres. Pendant une brève seconde pendant laquelle Harry se tendit, Drago se dit qu'il aurait dû attendre un peu. Le gargouillis qu'il entendit par la suite le convainquit qu'il avait bien fait.

– Dray, couina Harry. Arrête, je... je vais venir !

Déterminé à le faire venir par la force de son poignet et de ses coups de reins, Drago abandonna la verge, retira avec hâte son pantalon, prit sa baguette qu'il éteignit le temps de se jeter un sort de protection, à lui ainsi qu'à Harry, et lubrifia son sexe. À cet instant, il jura l'avoir entendu soupirer mais préféra ne pas s'appesantir sur ce point, c'était mieux pour sa santé mentale.

Il avisa Harry du regard, cherchant dans ses yeux la moindre lueur de peur, de doute ou d'angoisse. Il ne trouva dans les émeraudes que de la confiance et une urgence. Sur ses lèvres, un mot : « viens ». Alors Drago lui obéit.

Il prit les cuisses de son compagnon et les souleva, plaçant ses genoux sur ses épaules. Ce n'était pas une position qu'il affectionnait parce qu'il voulait sentir Harry contre lui, son torse, ses bras, ses jambes, son visage. Il voulait tout avoir. Cependant, elle était relativement confortable.

Basique mais confortable. Le Serpentard pensa à se documenter pour le moment où ils seraient bien plus à l'aise avec cela pour tenter autre chose.

Sa hampe de chair pénétra la petite entrée dilatée lentement, ressortant légèrement pour revenir. Il pouvait sentir les parois se détendre face à l'intrusion.

– Tu-tu as mal ? demanda-t-il, la voix rauque et concentré pour ne pas le pénétrer d'un coup.

– N-non !

Potter tendit les bras et l'attira dans son giron, refermant dans son dos son étreinte, ses genoux presque de part et d'autre de ses oreilles. Ce geste obligea Drago à s'enfoncer jusqu'à la garde, faisant gémir et grogner Harry, mais pas de douleur. C'étaient des sons de plaisir.

– Embrasse-moi, exigea le Poufsouffle.

Sans répondre, Drago s'exécuta et dévora avec passion la bouche de son partenaire. Il voulait tellement bouger, aller et venir, sortir pour revenir entre les fesses de l'éphèbe sous lui. Il se rappela sa promesse de faire l'amour avec Harry en douceur, d'honorer son corps et de lui faire oublier, même temporairement, ce qu'il avait vécu des années auparavant et qu'il venait de revoir.

Pour vérifier s'il pouvait y aller ou non, le blond bougea légèrement. Il cherchait cette glande magnifique qui provoquait à coup sûr pour celui qui était pénétré un plaisir inouï. Il était tombé dessus par hasard la première fois, ne sachant pas du tout ce qu'une prostate stimulée pouvait provoquer. En voyant Harry se tortiller et haleter, rouge, il avait failli tout arrêter, certain de lui avait fait mal. Jusqu'à ce que l'autre exige qu'il recommence.

Un sifflement lui apprit qu'il venait de la retrouver. Dès lors, il s'ingénia à la frapper, son regard vrillé sur le visage de Harry. Drago adorait le voir perdre pied, se laisser complètement aller, devenir lui-même. Il adorait cela presque autant que l'entendre débiter des incohérences, pris dans le feu de l'action.

Le Serpentard l'avait vu perdre cette réserve, une fois au manoir, semblant se libérer de ses peurs et angoisses pour devenir celui qu'il était vraiment, à savoir un jeune homme plein de vie, espiègle et un brin tyrannique. Tout portait à croire que Harry ne se libérait que lorsqu'il était réellement en confiance.

Le souffle court, Drago continua ses coups de hanches, les mains agrippées aux cuisses de son amant tandis que celui-ci s'accrochait fermement à son cou comme pour ne pas perdre pied avec la réalité.

Soudain le manque de contact le prit et Drago regretta que cette position ne puisse pas lui permettre de toucher Harry autant qu'il le voulait. Il cessa tout mouvement mais avant que le brun ne se mette à le fustiger, l'insulter et l'invectiver joyeusement, le Serpentard lâcha les hanches et les fit reposer sur le matelas de part et d'autre des siennes. Il mourait d'envie de se perdre au plus profond des entrailles de son compagnon, cependant il désirait expérimenter autre chose.

– Dray, tu fais quoi ? grogna le Poufsouffle dont les bras avaient quitté leur point d'ancrage pour venir l'aider à se redresser.

Il était furieux d'avoir été interrompu. S'il y avait bien une chose que Harry n'aimait pas, c'était qu'on le dérange.

– J'ai envie d'essayer quelque chose.

– Maintenant ? Tout de suite ? Ça ne peut pas attendre ?

– Oh que non et crois-moi, si tu te montres patient quelques secondes, je suis certain que ça te plaira.

Harry maugréa une réponse indistincte mais se rallongea docilement.

– En fait chéri, si tu pouvais te mettre à genoux.

Ils grimacèrent tous les deux lorsque le sexe de Drago quitta l'étroit fourreau de chair. Ce dernier s'assit sur le matelas et aida Harry à se mettre dans la position désirée. Ensuite il le fit s'approcher et s'installer à califourchon sur ses cuisses.

D'une main, il guida son pénis entre les fesses de Harry qui entoura son cou de ses bras avant de lentement descendre le long de la colonne de chair. Une fois enfoncé de nouveau jusqu'à la garde, Drago ne bougea plus. Ils étaient proches tous les deux. Le blond pouvait sentir ce corps contre le sien, l'odeur piquante de leur sueur, la chaleur de Harry, sa respiration haletante qui soulevait sa poitrine de façon erratique.

– Ça va ? souffla Drago tout contre la bouche de son amant dont les lèvres étaient rouges et gonflées.

– Oh oui ! Mais si tu bougeais ça serait encore mieux.

– Vos désirs sont des ordres.

La position ne permettait pas des pénétrations amples et profondes et Drago devait fournir un effort en faisant bouger Harry mais le résultat était probablement meilleur qu'escompté. Le Serpentard était profondément enfoui en Harry, allait plus loin.

Une fois le rythme trouvé, le couple ne le lâcha plus. Ils étaient en nage, haletants, la température entre les rideaux fermés semblait au-delà du supportable mais pour l'un comme pour l'autre, il n'était pas question de s'arrêter jusqu'à ce que la jouissance les fauche et les laisse sans forces.

Elle s'imposa à eux brutalement, déferlant telle une vague puissante. Harry fut le premier à être pris entre ses bras. Il se tendit et jouit, stimulé par sa main qui s'était emparée de sa verge érigée entre leurs deux corps, et par ce sexe en lui.

Drago le suivit après quelques coups de hanches et se déversa dans les entrailles accueillantes.

Ils se laissèrent aller sur le matelas, l'un contre l'autre, épuisés.

Juste avant de plonger dans le sommeil, Drago sourit en entendant un léger "je t'aime" murmuré d'une voix fatiguée.

0o0

Épilogue

Le Langue de Plomb tapota nerveusement sur la table du petit café qu'il avait choisi pour son déjeuner. Il lui restait quelques minutes de pause avant de reprendre son travail.

Après l'obtention de ses ASPICs, il avait voulu faire des études pour devenir Langue de Plomb. Quatre ans plus tard, il avait sa première mission en équipe. Aujourd'hui, il ne regrettait pas du tout son choix de carrière.

– Drago Malefoy dans le monde moldu, ricana une voix moqueuse qu'il ne voulait pas entendre.

– Pansy, fit-il en levant les yeux vers la jeune femme qui prit place face à lui. Je te pensais en train de superviser des rénovations de ta future maison.

– Julius y est.

Julius Doveron était le fiancé de Pansy. C'était un sorcier de dix ans leur aîné qui avait fait ses études à Durmstrang, l'école de sorcellerie d'Europe de l'est. Le couple s'était rencontré l'année précédente lors d'une réception donnée par le ministère. Ils allaient se marier dans deux mois.

Drago les trouvait mal assortis mais il se taisait, n'ayant pas son mot à dire.

– J'avais des courses à faire pour le mariage et je suis tombée sur toi. Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus.

– Quelques semaines, répondit Drago avant de finir son café qui refroidissait.

– Trois mois. Tiens, tu dois être au courant mais le miséreux se marie. J'ai vu sa copine dans ce superbe magasin de mariage.

Le miséreux. Ronald Weasley.

– Non, je l'ignorais, avoua Drago.

Il savait que Ronald était en couple avec une certaine Morag McDougall depuis près de cinq ans. Ils s'étaient mis ensemble peu après la rentrée de janvier de leur dernière année à Poudlard. Drago avait appris que le rouquin avait été amoureux de Hermione Granger, une Gryffondor mais également une de ses collègues. Elle était sortie entre temps avec l'un des grands frères de Ron sans savoir que son petit ami n'était avec qu'elle que pour faire enrager son cadet. Le jour où Ron avait présenté Morag à la famille, Granger avait été évincée.

Le fait qu'ils se marient contrariait fortement le Langue de Plomb. Ils n'avaient pas le droit de se marier. Pas avant lui.

– Intéressant. Bon, je te laisse, j'ai encore beaucoup de choses à faire.

Une peste, voilà ce qu'était Pansy. Son futur mari était un saint de pouvoir la supporter. Drago se félicitait d'avoir rompu avec elle.

Elle déserta la place, laissant un Drago seul et pensif. Ce dernier se leva à son tour et prit la direction du ministère.

0o0

– Épouse-moi ! cria presque Drago en plein milieu du hall de l'école.

Il ignorait pourquoi il avait dit cela ici, alors que tout le monde les regardait mais cela n'avait aucune importance. Seule comptait l'expression de la personne qui lui faisait face. Son compagnon depuis cinq ans. Harry Potter.

Ils venaient de se disputer. Une broutille à propos de vacances qu'ils voulaient prendre ensemble et que Drago ne pouvait poser. Son directeur avait refusé de lui accorder cette semaine en juillet qu'il demandait depuis trois mois alors que le mois précédent, il avait assuré qu'il n'y aurait aucun problème. À cause de cela, tous leurs projets tombaient à l'eau.

Potter avait donc quitté ses appartements privés comme une furie sans prendre le temps de terminer cette dispute. Drago s'était élancé à sa suite et n'avait réussi à l'arrêter que devant les portes de la Grande Salle avec ces mots.

Harry était professeur de Soins Aux Créatures Magiques depuis deux ans. Tous les deux vivaient au château pendant l'année, ne retrouvant le manoir ou l'appartement qu'ils partageaient dans le Londres moldu que durant les congés d'été.

– Q-quoi ? bégaya Harry, planté à moins de cinq mètres de lui, en train de s'éloigner vers la Grande Salle.

Autour, les étudiants s'étaient arrêtés pour avoir la réponse de leur professeur.

– Épouse-moi, répéta Drago.

– Pourquoi ?

– Parce que je te le demande.

Un grand silence suivit ces mots.

Malefoy sourit.

Potter sourit aussi et hocha la tête.

Il y eut des sifflements de joie et des applaudissements.


FIN

Voilà, c'est fini. Pourquoi on n'en sait pas plus sur la remise en état de Harry après la nouvelle de ce que Lestranges lui a fait? Parce qu'en soit, ce n'était pas vraiment le but de l'histoire. Je voulais d'abord parler d'une histoire d'amour. Le reste n'était pas aussi important qu'on peut le penser. Il se remet comme vous le voulez, lentement, rapidement, pas du tout.

Est-ce que c'est une fin trop rapide? Peut-être mais comme je vous l'ai dit, j'ai dit ce que j'avais à dire.

Je tenais à remercier encore une fois mon amour, ma bichette chérie, Mandy pour sa lecture et sa relecture. Mais je tenais aussi à remercier Harmonii3 qui a relu et corrigé cette fic.

Et merci à vous d'avoir lu, aimé, commenté cette fic chapitre après chapitre

Je publie toujours les vignettes sur Blaise et Drago et j'ai d'autres fics en stock, reste encore à les corriger. Sinon, j'en ai en cours, donc je ne pars pas de ff. Pas encore. Mais j'ai un roman à écrire et c'est lui qui accapare mon temps.

En tout cas, je vous aime fort, vous êtes super.

Je vous souhaite de joyeuses fêtes