Bonjour, ou bonsoir! Si vous avez cliqué sur le titre de cette fanfiction, j'en déduis deux possibilités : vous me faites l'honneur de la lire, ou bien vous avez cliqué involontairement dessus car vous vouliez en fait lire celle d'à-côté dans la liste, mais votre souris vous a fait faux-bond – en quel cas j'ai une dette envers votre souris défaillante. Moi même, j'admets que je trouve le résumé raté et le titre un brin trop pompeux... Mais j'en suis fière, hoho!

Quoi qu'il en soit, je vous remercie de lire ce... passionnant discours qui sert d'introduction improvisée à ma première fanfiction, et j'espère sincèrement que vous apprécierez ce chapitre un.

Disclamer : Ces quelques mots ne donnent pas réellement un aspect plus légal au principe de fanfiction, mais je précise que One Piece ne m'appartient pas. Seuls les OCs présents dans cette fanfiction m'appartiennent. Ouaip.

Bonne lecture!


Chapitre I

Les monstres

Depuis quand était-elle ici ? Des heures, des jours ? Bon sang, mais comment en était-elle arrivée là ? Allait-on la vendre, la tuer ? Est-ce qu'ils allaient abuser d'elle ? Voilà comment cela allait se terminer ? Oh ! La faim lui tiraillait le ventre, la soif lui asséchait la gorge et la peur lui nouait les entrailles... Un sanglot de désespoir lui secoua les épaules et les chaînes à ses poignets tintèrent. Ce son faussement délicat lui retourna l'estomac et de plus belle, un gémissement franchi ses lèvres gercées. Bien malgré elle, les larmes reprirent de couler sur ses joues rosies. Elle tentait en vain de ne pas céder à la panique, mais trop de questions dansaient dans sa tête. Reverrait-elle le soleil un jour ? Et le vent ? Et les embruns de l'océan, son océan ? Et tous ces grands bateaux ? Ces frégates et ces galions, aux mâts si hauts et si fiers avec leurs milles voiles étincelantes sous le soleil du Sud... Elle qui prenait tant de plaisir à les contempler avant de rentrer à la maison... Ces navires, ces titans, les reverrait-elle un jour ? Et elle était là, dans sa cellule, tout enchaînée, à attendre que quelqu'un eût décidé de son destin à sa place. Une pauvre petite fille blonde, pitoyable avec son visage sale et ses cheveux emmêlés, qui pleurait toutes les larmes de son corps au fond d'une cage en acier.

La jeune fille secoua la tête et refoula sa peine. Ressaisis toi, Hana, garde la tête froide, t'apitoyer sur ton sort ne t'aidera pas. Ses mains moites se serrèrent sur le tissu de sa jupe. Son collier de métal lui meurtrissait le cou. Ses muscles étaient ankylosés, désormais, lui indiquant qu'elle était assise sur cette caisse de bois depuis trop longtemps. Les larmes remontèrent. Ah ! Mais bon sang ! Je ne dois pas pleurer ! Les larmes, c'est pour les enfants, pas pour moi !

Mais au fond, Hana était encore une enfant... Du haut de ses quinze petites années, elle n'avait rien connu du monde. Elle ne savait rien de la liberté, du bonheur, de l'amour. Et bien qu'elle eût déjà assisté à des horreurs, elle ne savait rien de la guerre, du sang, de la mort... Elle secoua de nouveau la tête. Une main se posa sur son épaule droite, la faisant sursauter :

« Excusez-moi, lui dit une femme un peu plus âgée qu'elle, je ne voulais pas vous effrayer plus... Mais... Vous n'aviez pas l'air d'aller bien. Je veux dire, on aurait cru que vous alliez vous évanouir.

— Je... commença Hana. Ça va, je crois, merci... Je... »

Elle s'interrompit. Un sanglot lui déchirait de nouveau la gorge et elle s'effondra, en larmes pour de bon. La femme à ses côté, confuse, posa ses mains sur les épaules de Hana et se pencha pour la regarder dans les yeux. L'adolescente releva ses yeux embués vers sa voisine et celle-ci reprit, la tutoyant soudain :

« Allons, reprends-toi, lui chuchota-elle. Tu es jeune et tu es belle, tu seras vite vendue et ils n'abimeront pas ton joli visage. Je m'appelle Siam, et toi ? »

Être vite vendue ? Oh ! Mais elle ne voulait pas être vendue ! Les yeux d'Hana glissèrent jusqu'à ses poignets entravés. À la vue des chaînes, son cœur se serra. Non ! Elle ne pouvait pas être vendue ! L'idée d'être asservie n'est-elle pas plus monstrueuse encore que celle d'être morte ? Sans liberté, la vie valait-elle réellement le coup d'être vécue ? Non, plutôt mourir.

Hana eut soudain l'impression que son cœur se compressait. Elle le sentit s'emballer dans sa poitrine, comme une machine de fer et d'écrous ne supportant plus la pression et menaçant d'exploser. Une phrase avait suffit à faire monter en elle la colère. Elle grimaça et fronça les sourcils. D'un coup, elle était tellement enragée qu'elle se sentit toute-puissante, capable de détruire n'importe quoi, et elle dut se mordre la joue pour ne pas hurler sa haine. Ah ! Si elle les tenait, ces chiens, ces salauds ! Ces hommes sans scrupule qui trafiquaient les âmes ! Si elle les tenait, elle...

Une pression sur ses épaules la ramena à la réalité. Soudainement énervée contre le monde entier – comme ces colères que font les enfants – elle répondit à la question qu'on lui avait posée :

« Je m'appelle Hana, dit-t-elle froidement, se laissant du temps pour se calmer. Hum... Dites... reprit-elle plus doucement tandis qu'une nouvelle question lui effleurait l'esprit. Qu'adviendrait-il de moi si... s'ils ne me vendaient pas ? »

Elle n'avait pas dit cette dernière phrase sur le même ton que la première. Elle avait peiné à l'articuler et les sons avaient franchi ses lèvres comme un dernier soupir. La colère qui l'animait et qui l'avait rendue, l'espace d'un instant, capable de tout, l'avait quittée aussi vite qu'elle était arrivée. L'ardeur de son assurance n'avait été qu'éphémère et s'était éteinte. Voilà que la peur était revenue, comme si une main glacée s'était posée sur son épaule, faisant retomber sa température de plusieurs degrés...

Mais en réalité, Hana savait bien de ce que l'on faisait des « invendus ». Quand Siam avait dit qu'ils n'abîmeraient pas son joli visage, Hana avait parfaitement compris : ce n'était pas des acheteurs dont on parlait, mais des trafiquants. Les esclaves dont personne ne voulait, ils s'en débarrassaient comme n'importe quelle ordure gênante. En étant vite acheté, on évitait ainsi une malencontreuse disparition. Dans son esprit embrouillé se dessina la découverte de son propre cadavre, inconnu, au fond d'une ruelle sombre. Hana frissonna.

« Ne t'inquiète pas, lui confia Siam en constatant son malaise. D'ici trente minutes, quand la vente commencera, tu seras vendue, crois-moi. »

Vivre esclave... Jamais ! Mais être tuée, morte inconnue, tombée dans les limbes de l'oubli... Était-ce vraiment plus souhaitable ? Parmi tous les sentiments confus qui l'habitaient en ce moment, Hana comprit que les deux essentiels étaient la colère et la peur. Elle était furieuse à l'idée qu'on la vende comme une vulgaire marchandise. Oh, elle était furieuse de finir ça vie comme cela !

Mais elle était trop effrayée pour se savoir morte.

Alors, au fond, qu'elle vive ou qu'elle meurt, peu importait finalement : elle était condamnée. C'est ainsi une nouvelle pensée lui traversa l'esprit, si violemment qu'elle lui fit l'effet d'une gifle : Tu es lâche, Hana. Trop en colère pour vivre, trop apeurée pour mourir. Il te faudra faire un choix, et en assumer les conséquences...

C'est vrai qu'elle était lâche. Elle s'en voulait terriblement d'être aussi lâche. Depuis son plus lointain souvenir, Hana avait toujours été une lâche, une pauvre gamine des rues incapable de se battre pour ce qu'elle estimait juste. L'exemple le plus flagrant est sans doute ce jour où Oncle Joe l'avait envoyée au marché de bonne heure. Il était vraiment très tôt – car à South Blue, les journées étaient longues – et dans les premières lueurs du jour, la place encore brumeuse s'éveillait à peine. Seuls quelques marchants installant leurs étals étaient déjà occupés. C'était là qu'un petit garçon avait volé une pomme sur l'étal encore fermé d'un homme. Le rustre – bourru et trapu, et sans doute encore un peu soûl de la veille – l'avait saisit par le bras, proférant insultes et menaces, et l'avait traîné dans la boue en disant :

« T'vas voir s'qu'on fait aux gamins comme toi ! On leur coupe l'main qu'a volé, aux gamins comme toi ! »

Tout était allé très vite, personne n'avait vraiment compris. Les autres marchants continuaient de vaquer à leurs occupations, habitués des quelques vagabonds qui traînaient sur la place à l'aurore et des commerçants en colère qui leur courraient après. La seule qui avait vraiment tout vu, c'était elle. Mais tétanisée par la peur, Hana n'avait pas osé agir. Si elle avait été un peu plus courageuse ! Oh, elle aurait pu courir, crier, hurler, protester, alerter les quelques autres personnes présentes ! Mais non, elle n'avait rien fait de cela.

L'homme s'était saisi d'un couteau de boucher qui traînait sur un étal et tandis que le petit gesticulait, implorait, il avait étendu non sans difficulté le bras de l'enfant sur une planche de bois. Tel un serpent fourbe – comme ce cobra qu'elle avait vu dans un vieux livre d'images – l'avant-bras de l'homme s'était dressé au dessus de son visage déformé par la colère. La lame étincelait sous les rayons de l'aube. Hana se souvenait parfaitement. L'image était trop nette, trop claire dans son esprit, comme une photographie morbide.

Un éclair blanc s'était abattu sur le poignet du garçon et dans un cri d'agonie déchirant, la main était déjà tranchée. Les yeux d'Hana ne s'étaient pas fermés. Oh, non, elle avait regardé, horrifiée, sans pouvoir bouger. La peur lui avait fait l'effet d'un poison froid coulant dans ses veines, la glaçant jusqu'au bout des doigts.

Les souvenirs étaient ensuite plus flous, comme si tout cela n'avait été qu'une vision, un flash. Le pauvre garçon s'était évanoui, le sang épais et luisant s'était écoulé en méandres sinueuses sur le dallage de grès pendant que les autres marchants, alertés par le cri, avaient rappliqué rapidement. C'était là qu'elle s'était enfuie. Elle était partie pour mettre fin au cauchemar.

Ce jour là, Hana avait neuf ans.

Elle était encore jeune, certes. Mais elle n'avait rien fait. Ni bougé, ni même demandé de l'aide. Et elle en avait honte, terriblement honte. Alors que certains – les COURAGEUX, car ce mot lui apparaissait en majuscules dans son esprit – étaient éveillés par la peur, elle en était tétanisée, transformée en une statue de pierre glacée.

Rattrapée par ses souvenirs, Hana préféra jeter un coup d'œil en direction de sa voisine, Siam. Elle s'était redressée et dépassait Hana d'au moins une tête. Discrètement, Hana observa son visage. Siam ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Elle avait une peau d'ébène et de profonds yeux noirs. Sa chevelure de jais était rabattue à l'arrière de son crâne en une queue de cheval, qui lui arrivait au dessous des omoplates en une déferlante de boucles indomptables. Elle paraissait fatiguée, des cernes commençaient à apparaître sous ses yeux. Elle était calme, cette femme. Calme, grande, elle semblait pouvoir affronter tous les problèmes la tête haute.

... Pas comme moi.

Il était vrai que Siam et Hana étaient incroyablement différentes, tant physiquement qu'au plan caractériel. Hana était plus jeune, mais elle était aussi beaucoup plus petite, ne dépassant pas le mètre soixante-cinq. On devinait que ses cheveux devaient être aussi longs que ceux de Siam, à la différence que ceux d'Hana était d'un blond si clair qu'ils en auraient paru translucides. Sa peau était aussi pâle que sa chevelure, mais ses joues et son nez étaient rougis par les pleurs. Et alors que Siam paraissait calme et réfléchie, Hana avait l'air d'une gamine terrorisée. Elles formaient à elles deux de parfaits opposés.

Le calme de Siam l'impressionnait. Elles allaient être sans doute vendues et pourtant, Siam ne montrait aucun signe de panique, et son sang-froid apaisait Hana. Elle se sentait mieux, maintenant. Prête à réfléchir, à cogiter, et ce le plus rapidement possible...

Elle ne voulait pas être trafiquée comme une denrée rare sur un marché noir. Cette idée la répugnait au plus haut point. Mais elle ne pouvait pas mourir sans rien tenter... Si elle était vendue, elle serait en vie et ainsi apte à trouver un plan de secours. Faire des pieds et des mains pour ne pas être vendue, en provoquant, criant, hurlant, en se rebellant, ce serait se condamner. Elle ne pouvait pas se résoudre à mourir comme cela.

Après tout, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir, estima-t-elle dans un faible sourire. Hana n'aimait pas vraiment cette idée, mais elle avait au moins une chance de s'en sortir en vie... Oui, ce serait peut être mieux ainsi. Elle se laisserait vendre, puis elle s'échapperait... Mais comment échapper à son maître? Les bourgeois ne sont pas stupides – si, ils le sont, mais il faut pas que je les prenne pour des idiots nés de la dernière pluie. Tous ces hommes et ces femmes avaient déjà dû faire face à ce genre de problème, n'est-ce pas ? Et bien, si elle ne pouvait s'enfuir, elle pourrait toujours se donner la mort. Autant tenter le tout pour le tout, et advienne que pourra... Elle en était décontenancée. Jamais l'idée de se suicider un jour ne l'avait effleurée.

Et si elle ne trouvait pas de quoi se tuer ?

Elle frissonna à cette idée. Si elle ne pouvait pas se tuer et qu'à la fin, elle restait esclave jusqu'à la fin de ses jours ? Peut-être valait-il mieux qu'elle trouve une arme tout de suite ? Qu'à cela ne tienne, il y avait même là un vieux clou, figé dans le bois de cette foutue caisse. Elle n'avait qu'à s'en saisir, et... Non ! Non, aussi désespérée était-elle, le suicide ne l'enchantait guère, et elle ne pouvait s'y résoudre. Non, non, non ! Je peux vivre, il faut simplement trouver un...

Un clou. Un vieux clou, figé dans une planche de bois...

Elle n'était pas obligée de se donner la mort, elle pouvait simplement tuer son acheteur, n'est-ce pas ?

Mais à quoi je pense ? s'insurgea-t-elle. Quelle horreur ! Hana, Hana ! Hana, arrête, tu as une araignée au plafond, tu as une case en moins... Tu es folle ! Et pourtant, c'était la seule solution qui se proposait à elle. Et elle paraissait bien alléchante, cette solution. Un souvenir jaillit de son esprit, l'image d'une pomme trop rouge, trop luisante sur l'étal d'un marchant à l'aube... C'était de la folie. Ou bien du génie ? Hana se mit à réfléchir à la vie qu'elle mènerait si elle était de nouveau libre. Cette fois, elle vivrait enfin sans code, sans convention. Elle pourrait peut-être même s'engager sur un bateau, partir découvrir le monde comme elle en avait toujours rêvé ! Il suffisait juste de...

Non ! Mais bon sang, à quoi pensait-elle ? Hana ne pourrait jamais ! Serait-elle capable de tuer quelqu'un ? Serait-elle capable de se salir les mains ? Serait-elle capable de prendre une vie ?

Mais... Après tout, ces humains-là ne la voyaient-ils pas comme une marchandise ? Ils la vendaient, l'achetaient, la trafiquait. Elle ne pouvait pas se permettre de les prendre en pitié alors qu'ils n'avaient aucun scrupule à détruire des vies humaines… Elle ne devait pas se montrer compatissante : elle devait être courageuse. Tuer pouvait paraître cruel, mais ce n'était pas elle le monstre.

Le tout pour le tout, Hana, le tout pour le tout... Ce n'est pas toi le monstre. Ce sont eux les monstres. Ce sont eux.


Fin de ce premier chapitre ! Hana vous fait-elle bonne impression ?

N'hésitez pas à me laisser une petite review, même juste quelques mots !

Que ce soit pour me signaler des fautes ou pour me faire une critique, n'hésitez pas à m'en faire part car j'aimerais m'améliorer au mieux.

Vous pouvez aussi me laisser un petit mot si ce premier chapitre vous a plus et que vous souhaiteriez me le faire savoir ! ^w^

Je remercie spécialement Samurai-Mina, qui m'a beaucoup assistée dans l'écriture de cette fic, qui m'a donné son avis, m'a offert ses critiques, et m'a donné la motivation nécessaire pour la poster.

Voilà, n'hésitez pas à me donner votre avis, ça me fera plaisir ! Bye bye ~