Cadeau du Père Noël !

Ce chapitre devrait vous plaire :D

Et sans plus entendre je vous laisse à la lecture !


COURS DE RATTRAPAGE 8 : Premier rendez-vous

Nico avait essayé d'arrêter de se poser des questions sur ce qu'il s'était passé le dernier jour avant les vacances d'été. Il avait même essayé de se persuader que ce qu'il s'était passé, n'était qu'un rêve.

Cela dit ça ne fonctionnait pas.

Il n'allait toujours pas mieux.

Il avait même le moral six pieds sous terre, si vous voulez tout savoir.

Quoi qu'il fasse, il y avait toujours quelque chose ou quelqu'un pour lui rappeler ça. Le souvenir ne le quittait pas, où qu'il aille.

Et c'était pire c'était quand il ne faisait rien.

Comme maintenant.

Il restait allongé sur son lit, dans le noir, sans parvenir à trouver le sommeil. Il l'avait perdu il y a presque un mois. On était le milieu des vacances, la fin du mois de Juillet, déjà, et Morphée l'avait oublié.

Un mois déjà qu'il essayait de comprendre ce qu'il ressentait. Il n'arrivait pas à mettre de mot dessus. Plusieurs à la rigueur, peut-être.

Il vivait constamment avec les entrailles retournées, comme si quelqu'un s'amusait à les brasser à de la soupe dans une grande marmite.

La rentrée s'annonçait bien. Surtout s'ils se retrouvaient dans la même classe.

Nico n'avait tout simplement pas envie d'y aller.

Il se sentait incapable de faire quoique ce soit en sa proximité.

Il ne saurait pas quoi faire, ni comment réagir avec…Will.

Bien sûr, il avait pensé à lui envoyer un message. Mais pour écrire quoi ? Après ce qu'il s'est passé…

Nico soupira et essaya de chasser ses pensées et de faire place nette au néant. Il y parvint. Deux secondes.

Il râla et alla se chercher un somnifère et un verre d'eau qu'il posa sur sa table de nuit.

Il se recoucha et la lumière s'alluma accompagné d'un vrombissement. Il sursauta. Mais ce n'était que son portable. Qui pouvait bien lui envoyer un message à cette heure-là hormis… ?

Will.

Un message de Will.

Nico resta interdit dans le noir à relire le nom qui s'affichait au-dessus de la petite enveloppe. Le brasseur de soupe redoubla d'intensité. Le doigt de Nico trembla en déverrouillant son portable qui ouvrit immédiatement le message. Son cœur accéléra la cadence, dangereusement, un peu plus à chaque mot.

Je sais que mon geste était déplacé, mal convenu. Je n'aurais pas dû faire ce que j'ai fait. J'ai agi sans réfléchir aux conséquences de mes actes. Je m'en excuse. Et je m'excuse de ne pas avoir envoyé se message plutôt. J'aurais dû.

Je serai au Mess Café pas loin de chez toi le 24 vers 15h. Si tu veux m'y retrouver. Je crois qu'on devrait parler. –

Nico déglutit difficilement. Et relu le message plusieurs fois pour être sûr de l'avoir bien compris.

Il savait de quoi Will parlait sans que celui-ci n'emploie les vrais mots. Et les deux neurones qui lui restaient ne l'aidaient pas vraiment à classer les nouvelles données reçues.

Will. Le 24. Café. Parler. Le 24. Le 24 ?! Mais… (Il jeta un œil à la date affichée en haut de l'écran de son portable). Le 24 c'est demain ! Le cœur de Nico rata une marche et dévala les escaliers, suivi de près par son cerveau.

Will lui proposait un rendez-vous. Demain. Dans un café ?!

C'est finalement après une grande gymnastique de cervelle que Nico répondit un « Ok. Il faut qu'on parle. » horriblement impersonnel. Puis il avala son somnifère.

- S -

Lorsqu'il avait ouvert les yeux le matin, il était près de midi. Son Oncle travaillait et sa sœur devait être dans sa chambre. Ou en bas.

Il sortit du lit et déambula le cerveau encore brumeux jusqu'à la cuisine. Il se laissa tomber sur sa chaise et versa maladroitement des céréales dans son bol qu'il mangea sans lait. La solution du labyrinthe au dos du paquet n'avait pas changé depuis hier matin. Bref ça allait.

Hazel arriva dans la cuisine, salua son frère qui grogna en guise de réponse, et mit de l'eau dans une casserole.

Ce n'est que dix minutes plus tard que Nico, un peu plus réveillé, s'interrogea sur ce que préparait sa sœur. Il vint jeter un œil par-dessus l'épaule d'Hazel qui touillait dans la casserole.

- Kestufé?

- Je fais cuire de l'eau.

Nico lâcha un petit rire.

- Tu t'ennuies à ce point ?

- Ouais, soupira-t-elle.

Nico scruta la casserole.

- Tu n'as qu'à te préparer des pâtes pour midi.

Elle hocha la tête et fila à la réserve de nourriture, trop heureuse de se distraire.

- Et après ? Qu'est-ce qu'on fait ? lui lança-t-elle en revenant.

Nico allait lui répondre quelque chose quand une pensée se fraya un chemin dans le brouillard de son esprit. Le massage de Will envahit tout le reste. Il jeta un œil à la pendule au-dessus de la porte de la cuisine.

12h15.

Il devrait partir dans moins de trois heures. La désormais très connue boule d'angoisse se logea une nouvelle fois au creux de son estomac. Et soudain il n'eut plus faim. Du tout. Limite envie de vomir ce qu'il venait d'ingurgiter.

- Je…Euh…Je ne sais pas, répondit-il à sa sœur.

Et c'était vrai. Il ne savait pas. Devait-il aller à ce rendez-vous ? Ou non ? Mais il s'était engagé non ? Devait-il annuler ? Il était perdu.

- S -

Finalement, après maintes tergiversions, il était allé prendre une douche pour réfléchir et se vider la tête. Il en était sorti à 14h passées. Ce qui avait soulevé une question bien plus importante.

Qu'est-ce qu'il allait se mettre sur le dos ?

Il ne pouvait décidément pas y aller en peignoir.

Il avait passé une bonne demi-heure devant sa penderie mais rien ne semblait lui convenir. Et il détestait l'été parce-qu'il ne pouvait pas s'habiller en noir à moins de vouloir suer comme un porc et qu'à un r… ça ne le fait pas du tout. Mais il n'avait pas vraiment d'autre choix de couleurs.

Et ce n'est que lorsqu'il dû vraiment partir qu'il se décida pour un marcel marron à tête de mort, son sweat léger noir et trop grand, et un pantalon noir troué. Quelle originalité pour un rend… ! Non. Pas ce mot. Nico l'avait banni de son vocabulaire à jamais. Il était trop flippant.

- Je sors ! lança-t-il à sa sœur, ne sachant pas où elle était.

- Ok ! Tu vas où ? lui lança-t-elle depuis le salon.

- Euh…Pas loin…J'ai un…

Non on n'a dit pas ce mot-là !

- Bref…Au café, bredouilla-t-il.

Il sortit et la chaleur l'accabla. Sur le chemin, pourtant court, jusqu'à café, il était sûr d'avoir pris trois coups de soleil sur le crâne à travers ses cheveux.

Il poussa la porte du Mess Café qui tinta et une bouffée d'air frais l'accueillit agréablement. Nico balaya du regard les tables et remarqua tout de suite la tignasse blonde assise dans un coin. Son cœur loupa un battement. Il voulut immédiatement faire demi-tour.

Will était en marcel à rayures blanches et bleues et bermuda marine. Couleur qui devait mettre incroyablement ses yeux en valeur. Ses épaules étaient bien dessinées et…Nico arrêta net sa contemplation et s'avança. Il tira une chaise en face du blond qui releva la tête et lui sourit, les yeux brillants.

Effectivement.

Ça mettait parfaitement ses yeux en valeur.

Il se laissa tomber sur la chaise, ses jambes ne semblant plus le soutenir.

- Salut, fit-il avec une voix un peu plus aiguë que la normale.

Nico remarqua que Will avait pris encore un ton de bronzage ce mois de Juillet passé.

- J'ai eu peur que tu ne viennes pas, fit le blond en refermant un carnet de croquis.

- Moi aussi.

Will sourit de plus belle.

- Tu prends quoi ?

- Euh…Je sais pas. Un Coca.

Premier truc qui lui traversait l'esprit. Il ne croyait pas avoir soif pourtant.

En fait si, complètement.

Will leva la main et un serveur vint prendre la commande. Et le verre de Nico arriva quelques instants plus tard avec le ticket de caisse dans une coupelle.

Nico jeta un regard au blond, qui fouillait déjà dans sa poche.

Oh, non… pensa Nico sachant d'avance ce qui allait suivre.

Il imita Will mais ce dernier fut plus rapide. Les pièces tintèrent dans la coupelle. Trop tard. Nico voulu protester mais Will parla le premier.

- Ça ne te dérange pas si je paye ?

- Je peux le faire.

- Laisse. C'est moi qui t'invite ici c'est moi qui paye, fit le blond avec un sourire rayonnant.

Nico grogna.

- On peut faire moitié-moitié au moins ?

Will haussa les épaules.

- Si tu veux vraiment t'embêter à diviser 3.75 en deux parties égales…

Nico grogna une nouvelle fois de frustration.

Il prit la décision de remplacer une pièce de deux euros de Will par une des siennes. Il défia le blond du regard d'oser remettre sa pièce et Will leva les mains en signe de reddition, un petit sourire aux lèvres. Et il rangea sa pièce.

- Alors ? Qu'est-ce que tu as fait de tes vacances pour l'instant ? fit le blond.

C'était vraiment de ça dont il voulait lui parler ? Nico était sûr que le sujet fatidique tomberait tôt ou tard.

Alors autant l'éviter au maximum pour l'instant.

- Rien de particuliers. Je reste chez moi avec ma sœur et c'est tout. Ah si ! On a eu des nouvelles de notre père. Il est encore en voyage d'affaire et il ne pourra pas être là.

- Ça a l'air de te réjouir.

Nico haussa les épaules.

- Il pourrait être mort ou porté disparu que ça ne changerai rien. Il n'est jamais là.

Il but une gorgée.

- A ce point ?

Nico hocha la tête.

- Tu le vois même pas de temps en temps ?

Nico savait qu'il allait sans doute jeter un froid dans la conversation.

- Jamais. La dernière fois que je l'ai vu c'était il y a quatre ans. A l'enterrement, tu vois. Mais c'est tellement un étranger que je ne savais même pas quoi lui dire.

Deuxième gorgée pour meubler.

Et pour rompre le silence gênant, Nico enchaîna :

- Et toi ? Tes vacances ?

C'était nul. Ils tournaient autour du pot.

- Je suis allé à la mer.

Nico faillit dire « Ça se voit. » mais il préféra se taire finalement et Will poursuivit :

- Mes parents ont un bungalow sur la côte et, du coup, on y va tous les étés.

Will voulut ajouter quelque chose mais se ravisa.

Il y eut un malaise. Nico vida son verre et les glaçons tintèrent au fond. Le verre de Will était malheureusement déjà vide ce qui l'empêcha de faire pareil.

Durant les minutes qui suivirent, ils évitèrent soigneusement de croiser leur regard.

Nico aurait bien voulu lancer le sujet mais il ne savait pas comment faire. Il finit par s'agiter sur sa chaise. Il bougea ses pieds et l'un d'eux eut l'heur d'effleurer celui de Will sous la table. Il lui jeta un regard paniqué.

Le blond s'éclaircit la gorge, fuyant toujours le regard de Nico. On y était.

- Si je t'ai fait venir ici…C'est…Je…commença-t-il.

- Tu voulais me parler, acheva Nico à sa place.

Will hocha la tête et jeta un regard circulaire autour de lui.

- On va faire un tour au parc ?

Nico hocha la tête à son tour. Le café semblait trop étroit tout à coup. Et il n'avait pas vraiment envie d'avoir la discussion qui allait suivre dans un espace si restreint.

Aucun d'eux ne dit mot durant le trajet vers le parc.

Et Will fut encore le plus courageux des deux à l'arrivée.

- En fait…Je voulais parler de… de ce que j'ai fait à la fin de l'année.

L'estomac de Nico partit en chute libre. Il essaya de bloquer toute pensée, tout souvenir de ce qu'il s'était passé. Mais comment oublier ça. Ça lui avait d'abord grillé le cerveau. C'était tellement inattendu. Il aurait sûrement détesté si…si ça n'avait pas été aussi…doux. Oui. Doux. Will avait les lèvres douces. Et puis, la sensation de chaleur avait tout remplacé, parcourant tout son corps. Ses lèvres et ses joues en brûlaient encore. Dommage, il n'avait plus ses restes de glaçons sous la main pour calmer ça.

Nico et Will évitaient soigneusement de se regarder.

- Si…Je t'ai choqué…J'en suis désolé, repris le blond.

Quoi ? Choqué ? Mais non ! Pas du tout ! Qu'est-ce que… ?!

- Je comprendrais parfaitement que…mes sentiments…ne soient pas partagés.

Will jeta un regard (é)perdu à Nico.

Mais Nico ne pouvais rien dire. Pas qu'il ne voulait pas. Ça non. Bien au contraire. Mais il n'y arrivait pas tout simplement.

- Alors…si c'est le cas…et si je te mets mal à l'aise…je m'éloignerais…

S'éloigner ?! Non ! Hors de question que… ! Raaaaaaagh !

Mais pourquoi n'arrivait-il pas à parler tout à coup ? Il allait pourtant falloir répondre à Will, lui faire comprendre que ce n'était pas ce qu'il voulait ! Loin de là ! Qu'il ne voulait qu'ils s'éloignent. Lui faire comprendre que…

- Promis je…

Nico ne lui laissa pas le temps de finir ses élucubrations stériles. A son tour, de prendre son courage - ainsi que le col du marcel à rayure de Will - à deux mains.

Et de poser un baiser sur ses lèvres.

Et au tour de Will d'être surpris et d'ouvrir des yeux ronds quelques instants. Avant de fermer les paupières et de savourer cet instant de flottement, comme une pause dans la frénésie de sa vie.

Ce fut Nico qui, doucement, mit fin au contact pour se rendre compte qu'il avait fait de l'apnée. Et qu'il n'était pas le seul.

Will, après avoir repris son souffle, sourit, les yeux brillants et repris la parole :

- Je croyais avoir envisagé toutes les éventualités. Mais celle-là n'en faisait pas partie.

Nico esquissa un rictus à défaut d'un sourire.

- Mais ferme-là à la fin, Solace !

Et spontanément il l'embrassa de nouveau. Il ne savait pas depuis quand il était devenu si entreprenant.