-Irréversible attirance -
-Temari -
Il faut vraiment qu'il arrête de faire ça. De me regarder de cette manière là. De me reluquer sans pudeur. J'ai toujours l'impression qu'il va me dévorer avec ses yeux. C'est une habitude chez lui, de me fixer intensément, sans répits, sans me quitter une seule fois de ses iris, attendant que ce soit moi qui baisse le regard la première. Ce que je finis , évidement, toujours par faire. Je n'aime pas vraiment croiser ses pupilles océans. J'ai toujours peur de perdre pied, de m'y enfoncer profondément et de ne plus revenir à la réalité. Je n'ai pas peur de lui, pas du tout, j'ai juste peur des sentiments que je pourrais découvrir à son égard. Je ne veux pas qu'il représente quelque chose pour moi. Je me suis jurée de ne plus avoir de petit-ami. Plus avant une bonne dizaine d'années en tout cas. Et puis de toute façon les relations amoureuses, mielleuses, n'ont jamais été mon truc. C'est pourquoi je tente de l'ignorer et croise ma jambe droite sur celle de gauche . Je rehausse un peu mon livre sur mes genoux et tente par tout les moyens de rester concentrée sur ma lecture. Mais je suis incapable de lire correctement. Mes yeux repassent en boucle la première phrase de mon livre depuis qu'il est là. Les mots se mêlent dans ma tête de manière incohérente, presque abracadabrante.
Je mords nerveusement ma lèvre inférieure, et lève mes yeux vers lui. Nos regards se rencontrent brièvement car je repose mes yeux vers mon livre. Nom de Zeus. Ses prunelles sont si bleus que j'en ai presque le souffle coupé. Quand il est là, je ne peux plus rien faire. C'est plus fort que moi, il me déstabilise complètement. Et je crois...je crois qu'il le sait.
-Bordel, y'a plus bière dans cette baraque, c'est inadmissible, gueule mon frère Kankuro tout en entrant précipitamment dans le salon. Pourquoi t'en achète jamais Tem' ?
-Parce que je n'aime pas ça, dis-je sans quitter mon bouquin des yeux.
-Pff t'es chiante quand tu veux toi, viens on se casse Dei', clame mon frère tout en se dirigeant vers la sortie.
Deidara ne bouge pas. Je sais que son regard est encore posé sur moi et mon cœur commence à battre frénétiquement. Il faut vraiment qu'il arrête de faire ça.
-Deidara ! Cria impatiemment Kankuro.
-Ouais, j'arrive !
Il détourne une fois pour toute ses yeux de moi et part rejoindre mon frère. Ce n'est lorsqu'il ferme la porte que je soupire bruyamment.
Bordel.
Je mordille nerveusement l'ongle de mon pouce et me passe une main dans les cheveux. Je me sens tellement coupable de ressentir ça. Cette attirance physique me consume à chaque fois qu'il est là et je me trouve tellement ridicule de ressentir ça. C'est juste Deidara après tout. Le copain de fac de mon petit frère. Il n'est pas censé prendre de l'importance pour moi. Il n'est pas censé me rendre complètement dingue. Il n'a que dix-neuf ans comme mon frère et moi j'en ai vingt. Il est à la faculté des Arts et moi j'étudie consciencieusement les mathématiques. D'après les dires de Kankuro, il est fêtard et a même un certain succès avec les filles. Moi, je n'ai jamais vraiment eu de copain. Enfin si, j'en ai déjà eu un, mais notre relation a été un échec si cuisant que je ne désire même plus retenter l'expérience. Mon caractère correspond à très peu de personne de toute façon, je suis sure qu'entre nous cela ne marchera jamais. Peut-être qu'après tout je suis faite pour rester seule.
Je ne comprends pas pourquoi il...il...il m'attire de cette manière là. Au début quand Kankuro le ramenait à la maison, j'y faisais à peine attention. C'était pour moi, juste l'un des camarades sans intérêt de mon frère. Ils se ressemblent tous de toute façon. Bruyants, vantards, dragueurs, désagréables. Deidara est, sans équivoque, différent. Il m'a regardé. Depuis le tout début, il n'arrête pas de me regarder ...et...et il ne sait pas arrêté.
Je ne sais pas vraiment comment le prendre. Je suppose qu'il veut me mettre dans ses filets, ou un truc du genre. Se taper la grande sœur de l'un de ses potes doit surement être un pari qu'il doit accomplir sous peine d'affreux gages, qui sait.
Un courant d'air passe soudainement dans la maison et me fait irrémédiablement frisonner. Ce qui est plutôt étonnant en plein mois d'août où la chaleur et la moiteur règnent irrévocablement. Je me lève du canapé et ferme la fenêtre. Dehors le temps s'assombrit. Le ciel se couvre de nuage dont la palette de couleur devient de plus en plus grise. Il va certainement pleuvoir. C'est un été assez pluvieux cette année. Tant mieux. J'aime beaucoup le bruit de la pluie qui tombe sur le toit et qui se repend allègrement sur les vitres. J'aime la voir envahir la terre assoiffée et lui prodiguer les bienfaits de son eau. Kankuro et Gaara, mes deux petit-frères, ont toujours préféré le soleil éclatant et brûlant. Ils n'ont jamais compris mon obsession avec la pluie. Je laisse mon front se poser sur la vitre froide de la fenêtre et ferme les yeux.
Je voudrais rester comme cela un peu plus longtemps, mais quelqu'un se met à tambouriner fortement contre la porte avant de s'acharner sur la sonnerie. Ne supportant plus ce capharnaüm, j'ouvre subitement la porte et ne suis qu'à moitié surprise de voir Matsuri, les sourcils froncés et les mains sur les hanches.
-Gaara est là ? Demande t-elle brusquement.
Je croise les bras contre ma poitrine tout en m'humectant les lèvres.
-Non, il est sorti.
Son regard s'assombrit et ses lèvres tremblent légèrement. J'ai menti, Gaara n'est pas sorti. Il est là, dans sa chambre avec une autre.
-Tu sais où il est allé ?
-Non.
Elle baisse un peu la tête et tripote son avant-bras droit de ses doigts.
-Et tu sais quand est-ce qu'il reviendra ?
-Surement plus tard dans la soirée, dis-je tout en haussant les épaules.
Elle gémit désespérément avant de me remercier et de rebrousser chemin. Je serre les poings. Je sais très bien qu'elle est amoureuse de mon frère depuis la maternelle. Je le sais parce qu'elle le regarde comme un homme. Comme le sien. Je sais aussi qu'elle lui a déjà avoué ses sentiments et que Gaara ne les partage pas. Ils essayent de rester ami, mais je sais très bien que Matsuri souffre du fait que mon frère ne lui appartiendra jamais. Gaara n'est pas amoureux d'elle et ne le sera pas. C'est comme ça, c'est tout.
Je ferme la porte et me prépare du thé à la vanille. Je pioche aussi au passage quelques gâteaux au citron dans le réfrigérateur et récupére mon livre. J'ai envie de passer un peu de temps, dans ma chambre, toute seule . Je passe devant celle de Gaara dont la porte est un peu entrouverte et je les vois dormir tous les deux, enlacés dans les bras de l'un et l'autre. Cette fille, celle qu'il a choisi contre Matsuri se prénomme Hinata. Hinata Hyuga. Elle a dix-huit ans et fait partie d'une richissime et noble famille. Elle et Gaara n'ont rien à faire ensemble, ils ne se ressemblent pas, n'ont rien en commun et pourtant je crois qu'ils ne se quitteront pas. Jamais. Ils sont presque toujours ensembles et il ne la laisse jamais très longtemps toute seule. Il la garde prés de lui, la surveille, prend soin d'elle. Je ne pense pas que Gaara est véritablement aimé jusqu'à Hinata. Je ne crois pas qu'il en aimera d'autre. Il la choisi elle et personne d'autre et il n'y en aura pas d'autre. Il est comme ça Gaara, c'est tout.
Ça me fait un peu sourire, parce que je pense à Kankuro qui se jette sur tout ce qui bouge. Qui n'arrive pas à trouver celle qui lui convient et qui s'en fiche pas mal d'ailleurs. Kankuro aime les femmes, toutes les femmes. Il veut s'amuser , en profiter alors que Gaara a choisi dés le départ la stabilité. Moi je fuis les relations comme la peste. Heureusement que mes parents ne voient pas tout ça et que nous vivons en collocation mes frères et moi depuis que nous sommes tous à la fac. Ils ne comprendraient pas pourquoi Kankuro a ce besoin presque vital de se faire aimer par toute les filles ou que Gaara s'est imprégné d'une fille qui ne le lui ressemble pas.
Ils ne comprendraient pas non plus, pourquoi moi, je préfère rester seule. Pourquoi je ne sors pas faire du shopping ou m'intéresse à des trucs de fille. Pourquoi je me conduis tellement comme ça, comme une fille solitaire. Ou comme aime le dire Kankuro, comme une ermite.
C'est mon caractère, je suis comme ça. Ils me l'ont toujours reproché. Toujours à me comparer à Kankuro et à m'accuser d'avoir montrer l'exemple à Gaara. Je ne lui ai pas montré l'exemple. Gaara est juste comme moi.
Je crois qu'au fond mes parents regrettent que je ne leur ressemble pas autant. Que je sois devenu moi-même et pas la fille de ma mère ou la fille de mon père.
Hinata murmure quelque chose dans son sommeil et Gaara la serre un peu plus fortement contre lui. Je détourne mon regard de ce couple qui semble se battre contre le monde. J'entre dans ma chambre, pose mon butin sur ma table de nuit et m'allonge confortablement sur mon lit.
J'ai le temps de lire deux chapitres et de manger un petit gâteau que mon portable vibre de toute ses forces sur ma couette couleur sable. Je l'ignore. C'est surement Kankuro qui a dû oublier ses clés et qui me demande, encore une fois, de ne pas fermer la porte. Je me plonge de nouveau dans ma lecture et lit jusqu'à ce que le soleil disparaisse complètement et que les premières gouttes de pluie résonnent contre la vitre de ma fenêtre. La pluie tombe assourdissante et je me détends entièrement. J'aime tellement ce son. Il fait sombre dans ma chambre et mes yeux me piquent un peu. Je ferme donc paresseusement mon livre et boit tranquillement mon thé. Il est encore chaud et descend doucement le long de ma gorge. Son odeur parfumé emplie ma chambre. Une fois terminé, je repose la tasse, et m'installe contre les coussins.
Je me suis endormie sans même m'en rendre compte, comme lorsque l'on prend une nouvelle inspiration, tout naturellement. Il fait totalement noire dans ma chambre et je sens une odeur de viande grillé. Je suppose qu'Hinata s'est mise au fourneau. Depuis qu'elle est là, on mange vraiment mieux. Elle cuisine divinement bien et ce n'est pas pour me déplaire. Mes frères et moi n'avons aucun talent culinaire. C'est presque désespérant mais on n'y peut rien, on n'a jamais aimé faire cuire ou frire quoique se soit. Je m'étire longuement avant de me diriger vers la cuisine. Gaara, torse nu est assis sur le comptoir et dévore sans se gêner Hinata du regard. Au début, j'avais un peu de mal, avec ce nouveau changement de personnalité de la part de mon frère, mais depuis peu je m'y suis habituée. Je sais qu'il n'est pas du genre à balancer des " je t'aime " à tout bout de champs, c'est ça manière à lui de le lui dire et j'ai l'impression que cela ne la dérange pas.
-Coucou Temari, me dit adorablement la Hyuga alors que je lui fait un bref signe de tête, je fais des lasagnes pour ce soir, ça te dis ?
-Ouep et pas qu'un peu même.
Elle me fait un grand sourire et s'attelle de nouveau à la tâche. Je m'approche de Gaara et pose mes coudes sur le comptoir. Il fait à peine attention à moi, il est bien trop concentré sur Hinata. J'hésite à lui dire que Matsuri est venu aujourd'hui. Encore une fois et qu'elle reviendra probablement plus tard. C'est son problème après tout, il faut qu'il apprenne un peu à prendre ses responsabilités. Je ne peux pas le couvrir indéfiniment et ils ne pourront pas cacher leur relation pour toujours non plus.
J'ai à peine le temps de prendre une décision que la porte d'entrée s'ouvre à la volé et qu'un Kankuro trempé de la tête au pied s'ébroue comme un cleb sur le pas de la porte.
-Bordel, il fait un de ces temps pourri !
Il s'avance vers nous et hume l'air avec un sourire ravi.
-Putain que ça sent bon, heureusement que t'es là Hinata parce que c'est pas avec Temari qu'on mangerait aussi bien !
-Ce n'est pas avec toi non plus, je rajoute tout en le fusillant du regard, d'ailleurs si tu apprenais à grandir un peu et à sortir avec un parapluie.
Il me dévisage tout en plissant les yeux.
-Et pourquoi je me ferais chier à sortir avec un parapluie ? Je suis juste mouillé, ça va pas me tuer, tu sais !
-Parce que tu vas tomber malade et que je vais devoir encore une fois perdre mon temps pour m'occuper de toi !
-Bah sans façon merci, en plus t'es même pas douce, par contre si Hinata le faisait je...
-N'y pense même pas ! Intervient glacialement Gaara tout en lui jetant un regard noir.
J'entend Hinata rire devant sa poêle, et j'esquisse moi aussi un sourire. Le jour où Gaara apprendra à partager Hinata n'est pas encore venue. Surtout avec Kankuro.
-Oh la la, c'est bon calme toi, je vais pas te la manger non plus, se défend mon frère cadet, je disais juste ça comme ça.
Mais Gaara ne fait même plus attention à ce que dit Kankuro il s'est rapproché de sa copine comme pour faire barrage entre Hinata et notre frère.
-Enfin bref, moi je vais me changer, chantonna Kankuro avant de se tourner brusquement vers moi, et au fait Temari il t'a dit quoi Deidara ?
Je détourne mon regard du couple pour fixer étonnée mon frère. De quoi parle t-il ? Deidara ne m'a jamais adressé la parole. Pas une seule fois.
-Deidara ne me parle pas, et ne l'a jamais fait, pourquoi tu me demandes ça ?
Ce fut au tour de Kankuro de me dévisager hébété.
-Ben parce qu'il m'a demandé ton numéro tout à l'heure et du coup j'ai cru qu'il t'avait envoyé un message, quoi.
Je le regarde abasourdie alors qu'il me tourne le dos pour se diriger vers sa chambre. Mon ventre se tord d'une manière tout à fait bizarre et ma gorge se serre imperceptiblement. Deidara a demandé mon numéro. Deidara a voulu mon numéro. Deidara le mec qui n'a fait que poser et uniquement son regard sur moi sans jamais me dire un mot, a désiré mon numéro de téléphone. Je suis incapable de bouger. C'est tellement surréaliste. Ou peut-être pas après tout.
Je n'entends même plus Hinata rigoler doucement alors que Gaara lui picore le cou de baiser tellement mon cœur bat fort .
Bordel, je me sens tellement stupide en ce moment même. Je ne comprend même pas pourquoi mon cœur s'emballe comme ça. Ce mec n'en a rien à foutre de moi. Si comme le dit Kankuro il peut se faire toute les filles qu'il veut, je ne dois qu'être sa prochaine proie. Son nouveau jouet. C'est juste l'ami de mon frère qui pense faire le malin en voulant me parler à moi. Je serre les dents. Je ne lui répondrais pas, je ne prendrais même pas la peine de regarder. Tant pis pour lui. Il croit qu'il peut jouer avec toute les filles qu'il veut mais pas avec moi en tout cas.
Je passe donc tout mon temps devant la télé, jusqu'à ce que le dîner soit prêt. Les lasagnes d'Hinata sont succulentes, elle rougit sous nos compliments et nous assure que ce n'est rien. Aujourd'hui, c'est Kankuro qui doit faire la vaisselle et cela m'arrange grandement parce que je n'ai absolument pas le cœur à m'y mettre. On sonne à la porte, Kankuro marmonne dans sa barbe à propos de cet inconnu qui débarque à pas d'heure, Gaara et Hinata sont collés l'un à l'autre dans le canapé et moi je sais qui sonne frénétiquement sans s'arrêter. Mais je n'ai pas envie d'ouvrir, ni de voir la réaction de Matsuri face au couple de Gaara et Hinata. Alors je vais nonchalamment vers ma chambre, ignorant les protestations de Kankuro qui a les mains trempés et les grognements de Gaara qui doit quitter deux secondes sa dulcinée pour finalement ouvrir la porte.
Je n'ai aucune envie d'entendre leur conversation, leur cris, et les pleurs de Matsuri, alors tout en m'enfermant dans ma chambre, j'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et met à fond Start of Time de Gabrille Aplin. Je m'allonge sur mon lit et fixe le plafond sans pourtant y trouver un grand intérêt. Mon portable vibre de nouveau sur mon lit et je sers entre mes doigts ma couette couleur sable. Je ne dois pas regarder. C'est surement un message sans importance et puis même si c'est lui, si c'est Deidara, ce n'est pas si grave que ça.
Et pourtant lorsque Mikky Ekko entame Time dans mes oreilles je ne résiste pas à l'envie d'y jeter un coup d'œil. Je ne sais pas pourquoi mon ventre se tord, ni pourquoi j'ai les mains qui tremblent un peu en lisant le premier message parce que c'est juste d'une banalité ordinaire. Il me dit juste que c'est lui et que c'est Kankuro qui m'a gentiment donné mon numéro.
J'apporte mon pouce à mon ongle et commence à le ronger nerveusement tout en lisant le deuxième message qu'il m'a envoyé :
Dis moi, qu'elle est ta couleur préféré ?
...Tada ! Spéciale dédicace à Windofblood ( talentueuse auteure officiel du DeiTema ) qui m'a donné envie d'écrire sur ce couple ! Cette histoire elle est pour toi ma belle , j'espère - un peu nerveuse - qu'elle te plaît :).
Il s'agit d'une histoire d'amour un peu maladroite qui se dérouler en quelques chapitres, je ne pense pas en faire une longue fanfiction.
La prochaine fois, vous aurez le point de vue de Deidara :) . N'hésitez pas à me donner votre ressentie pour ce chapitre .
A bientôt.
Chichichi.