Hello, hello

J'avais brièvement annoncé cette mini-fiction (en tant que one-shot/two-shot à l'époque) à la fin d'une saynète We are family au début du mois.

J'ai été un peu plus inspirée que ce à quoi je m'attendais initialement. Après une dizaine de jours d'écriture, j'avais 29 pages assez condensées qu'il fallait séparer. Poster un pavé de 29 pages sur étant inimaginable ! C'est super Lili qui a trouvé comment le diviser ; quand je dis qu'elle gère, qu'elle est géniale et tout le tralala : je ne mens pas (remballe ta plume, Ombrage) !

L'avantage étant que cette fic en trois chapitres est terminée, qu'elle est entièrement rédigée et en cours de correction... donc il n'y aura pas de délai de six millénaires entre les chapitres, pas comme pour à peu près toutes mes autres fics (oui j'ai honte, faut pas s'en faire).

Ce premier chapitre, d'une dizaine de pages, est en trois parties ; la troisième partie étant un flash-back, remontant plusieurs années en arrière. Il sera facile à identifier car en italique par rapport au reste.

Bonne lecture !


Evidemment, Teen Wolf et tout ce qui fait que Teen Wolf est Teen Wolf ne m'appartient pas.


Vol 815 - Chapitre 01

Affalé sur le vieux sofa déglingué, celui dont son petit-ami refusait obstinément de se séparer, toute tête de mule qu'il était, un homme regardait les mouches voler. Du moins, il l'aurait fait s'il y en avait eu. Un bras derrière la tête, l'autre pendant lamentablement par terre, attendant qu'un chien imaginaire vienne quémander ses caresses, il attendait que le temps passe. C'était toujours une bonne occupation, ça, « attendre que le temps passe ». Un pied posé sur la table basse du salon, à pas deux centimètres de son téléphone, il manqua faire voler l'appareil lorsque celui-ci sonna.

Plus comateux qu'il ne l'avait cru au départ, il se redressa. Les deux pieds désormais posés sur l'accoudoir, appuyé sur son avant-bras, il se tendit de tout son long. Il caressait, du bout des doigts, naïf qu'il était, l'espoir de réussir cette quête improbable. Échec. Échec cuisant, même, puisqu'il manqua tomber, tête en avant, aussi gracieux que Shrek invité à Buckingham Palace. Plus réaliste, il se repositionna sur le canapé et attrapa l'objet de ses désirs.

« Yép ? »

« C'est moi. »

« Je sais qu'c'est toi. » soupira-il, amusé « Qui veux-tu que ça soit d'autre ? »

« Je sais pas. Ton meilleur ami. Mon neveu. Ton père. La mère de ton meilleur ami. L'adjoint de ton père. Ton boulot. Y a un paquet de monde qui pourrait t'appeler. »

Un sourire étira doucement les lèvres de l'homme. Il s'enfonça confortablement dans le canapé, le téléphone collé tout contre son oreille. Il attendait cet appel depuis une petite éternité, au moins ! Non. Depuis deux longues éternités, minimum.

Ils avaient beau avoir passé une heure en conversation s'être disputé deux fois et réconcilié tout autant avoir promis monts et merveilles à l'autre pour le moment fatidique où ils seraient de nouveaux tous les deux : ce n'était pas encore suffisant. Ça ne le serait jamais. C'était con à dire, terriblement fleur bleu et même « à la limite du gerbant » selon son charmant compagnon... mais sans lui, il ne pouvait tout simplement pas.

« Y a ton nom qui s'affiche. » fit-il remarquer.

« On aurait pu me voler mon téléphone. C'est plein de pickpocket, par ici, t'as même pas idée. »

« Dois-je rappeler à ton bon vouloir que tu en es toi-même un ? »

« C'est faux ! » nia son locuteur, scandalisé. « Ce n'est pas parce que j'ai tendance à te piquer tes clés ou à emprunter le portefeuille de Derek que je suis un pickpocket, Stiles. Je vous montre simplement à quel point vous protégez mal vos biens. Si je fais ça, c'est pour vous. »

« C'est ça. C'est un gage de ton affection, en fait ? »

« Parfaitement ! »

Ils ne se voyaient pas. Ils étaient éloignés, séparés par des milliers de kilomètres de terre et d'eau. Stiles n'avait pourtant pas le moindre mal à imaginer la position dans laquelle se trouvait son petit-ami. Pas plus qu'il n'avait de mal à ériger la scène. Appuyé contre une quelconque surface dure – mur, porte, poteau, peu importait –, son fidèle et satané sourire en coin collé au visage, les yeux légèrement plissés en raison de la lumière du soleil, qui devait être haut là-où il était – ou totalement absent ? Il avait vraiment du mal avec le décalage horaire –, en train de regarder sans les voir les gens qui passaient devant, accroché à son téléphone qu'il n'éloignait pas une seule fois de son oreille, de crainte de perdre quelques précieuses bribes de paroles. En jean/basket/T-shirt, histoire d'aller au plus confortable, Stiles avait toutefois quelques difficultés à caser la valise dans tout ça. Il n'avait qu'à dire qu'elle était déjà en soute et le problème était réglé.

« Tu décolles quand ? » demanda finalement Stiles, après avoir vaguement entendu un dernier appel pour un quelconque vol. « Peter ? »

« On a encore le temps. Les portes d'embarquement sont pas encore ouvertes. »

« Ce qui ne répond pas à ma question, tu sais ? C'est quoi l'numéro d'ton vol ? »

« Tu penses vraiment que je vais te donner ces informations ? » s'amusa son compagnon. « Si je te le dis, tu vas te précipiter sur ton ordinateur et essayer de suivre le vol et t'assurer qu'il se passe bien. Faire des recherches sur la compagnie et commencer à paniquer car il y aura eu un accident en dix-neuf cents machin chouette ou alors, au contraire, qu'il n'y a aucun pépin recensé sur la toile et que c'est pas normal et que, du coup, les probabilités que ça se passe mal augmentent comme pas permis. Stiles... tu n'avais qu'à fouiller dans mes affaires comme tu le fais d'habitude. »

Stiles commença à bouder.

« Et ne boude pas, hein. »

« A t'écouter on dirait que je suis super prévisible. » ronchonna-t-il.

« Ou alors je te connais un peu trop bien. » proposa Peter. « C'est pas mieux comme explication, ça ? »

Son semblant de mauvaise humeur s'évapora aussitôt. Derek et Isaac disaient souvent qu'il savait mener Peter par le bout du nez mais l'inverse était également vrai. Selon Scott, ils s'étaient « incroyablement bien trouvés malgré le fait que l'un d'entre eux soit un dangereux psychopathe... et non il n'est pas sûr d'être en train de parler de Peter en disant ça ». Le plus âgé savait parfaitement comment remettre son petit-ami d'aplomb, lui faire cesser ses bouderies ou, mieux encore, comment le mettre momentanément sur pause. De mémoire de McCall et de Stilinski, il n'y avait bien que Peter Hale qui soit capable d'accomplir pareil exploit.

« Pet' ? »

« Je t'aime. »

Un large sourire fendit le visage de Stiles.

« Appelle-moi quand tu atterris. » demanda-t-il à voix basse.

« Tu seras en train de dormir. »

« Steuplait, Pet'. » murmura le cadet. « Juste deux minutes histoire de... que tu me dises bonne nuit. »

« Tu veux que je te réveille pour te dire bonne nuit ? » releva Peter.

« S'il-te-plaît. » insista Stiles.

« D'accord. » soupira l'autre. « D'accord, je t'appellerai. »

Stiles, au lieu d'entendre la voix tant aimée, rieuse et bien plus heureuse qu'autrefois, de Peter, eut droit à toute autre chose. Une voix féminine, rendue incompréhensible par un micro bien trop proche de sa bouche, dans un anglais qu'il ne réussissait à saisir et étouffée par le brouhaha de l'aéroport fut ce qui sonna le glas de cette conversation téléphonique bien trop courte à son goût.

« Je vais devoir te laisser. » sourit Peter à travers le combiné. « C'est le moment de réparer toutes tes bêtises et de retirer cet affreux poster que tu auras dû coller sur la porte de notre chambre. »

« Il n'y a que toi pour le trouver affreux. » marmonna Stiles, amusé. « Je t'aime. »

« Moi aussi. »

o o o

Comme demandé par son compagnon avant de devoir le quitter, Stiles avait remis leur appartement un peu en ordre. Tout en faisant hurler à tour de rôle du Kansas, du Asia ou du Bon Jovi, il s'était attelé à la lourde tâche consistant à réparer toutes ses conneries. Remettre les meubles en place raccrocher la peinture au-dessus du buffet de la salle à manger qu'il avait fait tomber par mégarde passer à la machine les rideaux de la cuisine décrocher le fameux « affreux poster » que Peter détestait tellement... Stiles n'oubliait rien car il avait, scrupuleusement, noté toutes les bêtises qu'il avait pu faire durant ces quelques semaines de solitude afin de précisément savoir que faire.

Occupé à essayer de ne pas tomber tandis qu'il jouait à l'acrobate sur une chaise, il n'entendit pas son téléphone, abandonné sur le canapé un peu plus tôt, sonner. Un pied sur l'assise, l'autre sur le dossier, Stiles se risquait à remplacer l'ampoule qu'il avait fort intelligemment fait sauter le premier soir en jouant à « Jour/nuit, jour/nuit ». Lorsque Peter n'est pas là, il avait tendance à rapidement tourner en rond et s'ennuyer. Scott n'était plus aussi disponible qu'autrefois, lui aussi ayant sa vie, son boulot, son ménage à faire fonctionner, et leurs bêtises adolescentes n'étaient désormais guère plus que ça... des bêtises adolescentes. Leur relation était devenue plus mature, moins fusionnelle également. Ils étaient toujours proches mais étaient bien plus deux amis que deux frères, à présent. Et les autres ? Stiles n'avait jamais été suffisamment proche des autres pour avoir envie de passer réellement du temps avec eux, seuls.

Son attention fut toutefois happée par son portable lorsqu'il sonna une seconde fois. Abandonnant tout ce qu'il était en train de faire, il se jeta sur l'appareil. Combien de fois, par le passé, avait-il pu agir de la sorte et manquer son saut pour, finalement, se retrouver à terre, gémissant de douleur au téléphone ? Bien trop pour savoir.

« Edge Hair Salon, bonjour. » se présenta-t-il, enjoué, après avoir regardé le nom qui s'affichait sur l'écran brisé.

« Stiles ? » demanda la voix paniquée de Scott. « Stiles, je peux te poser une question ? »

« Tu viens de le- »

« Stiles, où est Peter ? » fut-il coupé. « C'était aujourd'hui ou demain qu'il était supposé rentrer ? C'est quoi le numéro de son vol ? »

Stiles fronça les sourcils. Il ne comprenait pas le pourquoi de ces questions. Quel pouvait bien être l'intérêt pour Scott d'avoir toutes ces informations ? Tout en s'installant sur le dossier du vieux canapé, chose qu'il ne pourrait bientôt plus faire car Peter détestait ça, il laissa son plus vieil ami l'assaillir de questions. Lorsque ce dernier sembla avoir terminé, Stiles soupira au téléphone afin de bien signifier que cette curiosité, étrange, l'agaçait légèrement.

« Son avion a décollé de Barcelone y a quelques heures » marmonna-t-il finalement. « Pourquoi ? Il te manque, maintenant ? Je pensais que t'étais pas contre l'idée qu'il reste en Europe. »

A l'autre bout du téléphone, à seulement quelques kilomètres de là, Scott se tendit. Gêné, il ne pensait pas que Stiles avait eu connaissance de ce souhait formulé le soir même du départ de Peter. D'un autre côté, comment aurait-il pu réagir autrement alors même qu'il venait de se rendre compte que la moitié de sa salle de bain avait disparu, pillée par le petit-ami un peu tordu de son tout aussi tordu de meilleur ami ? D'ailleurs, comment Peter avait-il pu entrer ? Comment avait-il eu les clés ? Même Stiles et sa mère ne les avaient pas !

« Il a décollé depuis Barcelone, t'es sûr ? C'était pas Paris ou... »

« Qu'est-ce qu'il irait foutre à Paris, Scotty ? » ricana Stiles. « Il était à Barcelone pour affaire, pas pour faire du tourisme... sinon je serais parti avec lui plutôt que de rester ici à m'faire chier comme un rat mort. Et j'suis à peu près sûr qu'un rat mort s'amu- »

« Ouais, ouais, je sais : le rat mort s'amuserait probablement plus que toi. » soupira Scott. « Merde Stiles... comment tu peux être aussi calme, mec ! »

Stiles recommença à froncer les sourcils. Tout en se laissant tomber en arrière sur le canapé, il n'éloigna pas son portable de son oreille. Les jambes sur le dossier du sofa, le dos sur le siège, Stiles regardait ses pieds, tout en se faisant la réflexion que Peter avait raison : il serait peut-être temps qu'il s'achète une nouvelle paire de pompes, celle-ci commençait à vraiment ne plus ressembler à rien.

« J'suis pas calme. J'remets tout l'appart en ordre là et, crois-moi, y a du boulot. Ça fait des heures que je cours à droite, à gauche pour faire-ci, pour faire-ça, pour enlever-ci, pour raccrocher-ça. La prochaine fois, s'il-te-plaît, empêche-moi de mettre l'appartement à feu et à sang. Je vais dormir comme un bébé ce soir et quand Pet' m'appellera car il aura atterri je serais de mauvais poil et il fera la gueule car c'est moi qui aurait insisté pour qu'il me téléphone et il aurait totalement raison... c'est ça l'pire. »

« Stiles... » murmura Scott. « Bouge pas de chez toi. J'arrive. »

« Euh... 'kay. Pourquoi ? »

Scott ne répondit rien.

« Dis, au passage, tu pourrais aller m'racheter To Kill a Mockingbird ? L'exemplaire de Peter a un peu prit la flotte, on va dire. Et une pizza. Pet' a horreur de la bouffe de l'avion... »

Son meilleur ami continuait à ne rien dire. Ça devenait légèrement agaçant, pour ne pas dire tout bonnement pénible. Pourquoi faisait-il ça, franchement ? Il n'était même pas en train de partir loin dans ses délires que personne ne savait, ou voulait, suivre ! C'était si cruellement injuste.

« On doit avoir ça à la maison. J'te ramène ça, ouais, mais... »

« Merciiiii ! A tout de suite, mon gros. »

Scott ne put rien ajouter de plus. Alors que son silence agaçait prodigieusement Stiles quelques secondes plus tôt, ça n'avait pas empêché son ami de lui raccrocher au nez, tel un malpropre. En temps normal, Scott aurait rappelé afin de râler un peu, plus pour la forme qu'autre chose, soyons honnête, il ne le fit pas cette fois. Ce n'était pas le moment. A la place, il se contenta d'envoyer un SMS pour lui dire de ne pas allumer la télévision.

Étonné par cette demande quelque peu farfelue, Stiles, en toute logique, s'empressa de faire ce qu'on venait de lui demander de ne surtout pas faire. La main fourrée entre les coussins du canapé, il chercha la télécommande pendant quelques très longues secondes avant de se demander si, étrangement, elle ne serait pas correctement rangée dans le tiroir de la table basse. Bingo. Il appuya sur le bouton d'allumage, ce qui était nettement plus facile – à défaut d'être plus rapide – que de se lever pour le faire directement à la source. Il zappa sur une paire de chaînes, tentant d'ignorer les clips musicaux parfois assez douteux, les dessins animés qui l'appelaient tel le petit enfant qu'il n'était plus et les émissions de télé-achats ridicules, mais pas plus que la télé-réalité... puis tomba sur les chaînes d'informations. Probablement celles qu'il était supposé éviter.

« Disparition du vol 815 d'US Airlines. »

Bouche bée, figé d'horreur, Stiles regardait sans le voir et écoutait sans entendre le reportage. On ne disait pas grand chose d'intéressant on ne montrait rien du tout on avait, pour l'heure, aucune connaissance de ce qui s'était passé précisément... mais le plus important était déjà audible sur les grandes chaînes nationales.

« Un avion d'US Airlines transportant 261 passagers et 8 membres d'équipage, entre Barcelone, en Espagne, et Los Angeles a disparu ce samedi 13 juin des écrans de contrôle. La tour de contrôle de Barcelone a perdu le contact avec le vol 815 a- »

La crise de panique qui suivit n'était, somme toute, que la suite logique des événements. C'était son truc, ça, les crises de panique. Ça avait toujours été son truc. Le moindre petit pic de stress le mettait toujours dans un état pas possible. Peter savait comment les gérer. Depuis le premier jour, il avait su. Lydia un peu moins, mais elle savait l'embrasser donc il la pardonnait sans mal. Scott était maladroit mais avait fini par savoir s'y prendre. Son père, étrangement, avait, aujourd'hui encore, tendance à s'y prendre comme un manche, trop inquiet pour son fils pour pouvoir réagir correctement.

Son cœur commença à battre rapidement. Bien trop rapidement. Beaucoup trop rapidement pour que ça ne le fasse pas paniquer plus encore. Son corps tremblait de tout son soûl. Quand bien même l'aurait-il voulu de tout son être, Stiles aurait été parfaitement incapable de faire un pas. Il ne pouvait plus rien faire. La sueur perlant sur son front, le souffle coupé, la vision floue, il se félicita d'être assis sur le sofa. Pas bien longtemps. Il ne sut trop à quel moment, il tomba. Pas de bien haut, certes, mais il ne resta plus sur le canapé.

Stiles se mit en boule. Sa tête enfouie dans ses jambes, ces dernières ramenées tout contre son torse. Il espérait que quelqu'un le trouve rapidement. Vu comme c'était parti, il ne réussirait pas à la stopper seul. Pas alors qu'il entendait encore, de loin, la voix de Gordon Ackerman qui répondait au mieux aux questions parfois redondantes d'un présentateur qui, somme toute, n'avait pas grand chose à faire de ce qui pouvait être dit. Il demandait s'il y avait de nouvelles informations à transmettre afin de, peut-être, pouvoir rassurer les familles des disparus mais si tel avait été le cas.. Ackerman n'aurait jamais attendu qu'on le lui demande pour le dire. Si ?

Si Stiles avait été en mesure de voir l'écran de télévision, de se concentrer sur les images qui défilaient, il aurait immédiatement éteint l'appareil. Il n'avait pas envie de voir un pseudo-reportage filmé à la va-vite afin de pouvoir assouvir la soif de tragédie de quelques dizaines de milliers de curieux. Regarder une reconstitution du vol « minute par minute » alors même qu'ils ignoraient tout de ce qui s'était passé était une aberration en soit.

« Tout est parfaitement normal. C'est ce qu'indiquent les données émises par l'avion et reçues en temps réel. »

Avion de synthèse dans un ciel bien trop bleu graphiques pompeux pour dire que l'altitude chute brutalement, que la vitesse se maintient avant de décliner, des grands mots et de belles images pour simplement dire que tout allait bien avant que plus rien aille. Des informations qui, il y avait fort à parier, seraient démenties d'ici quelques jours, lorsque l'enquête commencera à porter ses fruits.

Il allait devenir fou. Il devenait fou. Il allait perdre la tête. Peut-être même mourir. Il avait l'impression que la fin – sa fin – était proche. L'air refusait de continuer à aller jusque dans ses poumons, sa tête allait exploser. Stiles allait crever, comme ça, paniqué au pied de son canapé, désespérément seul.

Perdu et à deux doigts de cesser de lutter – à quoi bon retarder l'inéluctable, après tout ? – Stiles n'entendit pas Scott arriver en courant à ses côtés mais il le sentit le redresser et le serrer dans ses bras. À aucun moment Stiles n'avait remarqué les petits coups que l'on avait donné contre la porte. Pas plus que la sonnette qui, pourtant, ne manquait jamais de lui arracher un sourire, faire lever les yeux au ciel et lui rappeler la longue discussion qu'il avait pu avoir avec Peter à son sujet au moment de leur aménagement – l'un souhaitait une sonnette on ne peut plus classique, qui se contente de faire son boulot de sonnette et « de toutefaçon, des trucs cons, t'en auras à la pelle avec moi avec toi » quand l'autre insistait pour laisser la musique classique (Mozart ? Beethoven ? Vivaldi ? Il ne retenait jamais) car c'était plus amusant –. Stiles n'entendit rien de tout ça, perdu qu'il était dans ce monde d'horreur sans Peter qu'il s'imaginait déjà.

« Respire, Stiles. Respire. » murmura Scott à son oreille, maintenant son meilleur ami contre son torse et inspirant et expirant suffisamment fort pour que Stiles puisse espérer pouvoir calquer sa respiration sur la sienne. « Je suis là. J'te lâche pas. J'te lâche pas. »

« I-Il... I-Il... j'l'ai... j-j-j'lai e-eu au... au t-tél y a... y a pas lon... » sanglota Stiles, enfouissant son nez dans le cou de son sauveur.

L'appartement devint un peu plus silencieux. Scott avait repéré la télécommande et s'était empressé d'éteindre la télévision. Les informations du soir semblaient, enfin, être passées à d'autres sujets d'actualité mais on était jamais trop prudent. Les accidents aériens faisaient toujours les choux gras des journalistes pendant des jours, quand ce n'était pas des semaines entières !

Un bras autour des épaules de Stiles, Scott faisait son possible pour aider son ami. Il n'était pas particulièrement à l'aise. Ce n'était pas une crise de panique comme il en avait l'habitude. Ce n'était pas une crise d'angoisse comme il avait pu en avoir des dizaines au lycée. Ça n'avait rien à voir avec les soirs où Stiles l'appelait, paniqué, et le suppliait de l'aider. Ça n'avait simplement rien à voir.. car la vie de son ami avait basculé du tout au tout, comme rarement auparavant.

Il fallut un long moment pour que Stiles récupère un minimum de cette crise. Pour qu'il cesse de trembler comme une feuille et pour que sa respiration se stabilise pour de bon. Pour que ses sanglots s'estompent et qu'il soit capable d'aligner deux mots. Scott ne l'avait pas lâché une seule fois. Son T-shirt était trempé des larmes de Stiles – jamais il n'aurait cru qu'une crevette comme lui puisse en avoir autant.

« Je vais te faire un thé. » murmura finalement Scott, tentant de se détacher. « Je reviens. »

Stiles ne semblait pas de cet avis. Si tant est que ce fût encore possible, il s'accrocha plus encore à Scott. Les bras autour de sa taille, frottant sa tête contre lui, on aurait dit un enfant. Un enfant terrorisé. N'était-ce pas ce qu'il était, au final ? Un grand enfant terrifié par ce nouveau coup du sort que la vie lui faisait subir.

« Reste. » souffla-t-il simplement. « M'abandonne pas, toi aussi. »

Le cœur en miette et les larmes au coin des yeux, Scott succomba à la petite voix de son Stiles et resta en place. Une boule au ventre, il sortit néanmoins son smartphone de sa poche et fit défiler sa liste de contact, soucieux de trouver la meilleure personne à contacter et susceptible d'aider. Était-ce mieux de joindre sa mère ? Le père de Stiles ? Derek ? Au final, qu'importait. Ils aimaient tous Stiles, voudraient tous l'aider, se précipiteraient en moins de temps qu'il n'en fallait pour leur demander de venir.

« Maman ? » demanda Scott au téléphone. « J'ai besoin de toi. Je suis chez Stiles et je... j'suis paumé, m'man. J'ai... j'ai b'soin d'toi. Steuplait, tu... peux v'nir ? »

Ces quelques mots, s'ils brisèrent les dernières barrières de Scott qui commença, à son tour, à pleurer, furent pires encore pour Stiles. Ce dernier recommença à laisser libre cours à ses larmes. Il chercha ensuite à s'éloigner de son ami, qui se refusa à le lâcher, même pour quelques courtes secondes. Stiles ne gigota pas bien longtemps, n'insista pas, ne supplia pas. Il abandonna. Purement et simplement.

Le nez niché dans le cou de Scott, qui pianotait aussi vite que faire se pouvait des SMS demandant aux autres proches de Stiles de venir au plus vite, Stiles appelait Peter, encore et encore. Comme si son petit-ami allait subitement apparaître à ses côtés, l'éloigner du jeune McCall, le prendre dans ses bras, lui embrasser les cheveux et murmurer qu'il était là et que tout irait bien. Ce n'était plus de l'ordre du possible. Jamais.

o o o

Il avançait d'un pas rapide. Il semblait avoir momentanément oublié les plaques de verglas pourtant omniprésentes dans cette aile oubliée de l'université. Tête baissée, les mains enfoncées dans les poches de son manteau, le nez caché dans sa grosse écharpe Poufsouffle et son bonnet sur les oreilles, Stiles s'insultait mentalement de tous les noms d'oiseaux pour être parti sans ses gants au matin. Quel était donc l'intérêt d'investir quelques précieux dollars là-dedans s'il n'en profitait pas et laissait toujours ses doigts à la merci du froid ? Aucun.

Adroitement, il réussissait à éviter de foncer dans les autres étudiants qui, comme lui, hâtaient le pas afin de rejoindre au plus vite le confort et la chaleur de leur chambre. Tous rêvaient d'une douche bien chaude, de vêtements plus confortables, d'une couverture sur leurs genoux et l'ordinateur posé au-dessus. L'hiver, Stiles n'avait rien contre... lorsqu'il n'était pas dehors à se geler les miches et sur le point de voir ses doigts tomber les uns après les autres.

L'hiver. La neige et les fêtes de fin d'année. Les batailles gelées et les repas sans fin. Les longues soirées passées avec sa famille un peu étrange à laquelle il n'était, aujourd'hui, plus nécessairement lié par le sang. Noël. Le nouvel an. L'hiver. Stiles était supposé aimer ça. Il aimait toujours ça. Excepté que cette année, il n'y aurait pas droit.

Sa voiture avait rendu l'âme quelques jours plus tôt et son père n'avait pas les moyens de le rapatrier en avion ou en bus et encore moins le temps de venir le retrouver. Ses amis arriveraient tous in-extremis pour Noël et aucun ne pouvait se permettre un tel détour. Il allait donc passer son premier Noël loin des siens et ça ne l'enthousiasmait pas plus que ça. Le garagiste qu'il avait été voir disait que rien était perdu, qu'il était envisageable de chercher la pièce qu'il manquait... mais il le lui déconseillait. Mieux valait acheter un nouveau véhicule. Cette vieille Jeep avait fait son temps, son compteur le montrait bien. Stiles avait pourtant du mal à accepter ça. Et ce n'était pas non plus comme s'il avait les moyens d'acheter une voiture comme ça, en claquant des doigts. Il avait besoin de cet argent pour ses livres de cours, sa nourriture, son loyer... ses gants, écharpes et bonnets, aussi, du coup.

« Oulà, Attention Harry Potter ! » sourit-on en l'aidant à rester debout après que son pied ait glissé sur une plaque un peu plus vicieuse que les autres.

« Je suis pas Harry Po- » commença-t-il d'emblée à râler. « Peter ? »

« Surprise. »

L'étudiant dévisageait l'oncle de Derek. Il n'en croyait pas ses yeux. De toutes les personnes qui devaient faire des heures de route pour venir le voir sur le campus à quelques jours de Noël, il avait fallu que ce soit le moins évident de tous ! La surprise toujours peinte sur son visage, un sourire commençait cependant à étirer ses lèvres. Si on lui avait dit qu'un jour il serait aussi heureux de voir Peter Hale en personne, il ne l'aurait pas cru... et pourtant !

« Qu'est-ce que tu fais là ? »

« Je me suis dit que par ce temps tu allais probablement te casser la gueule donc je suis venu te sauver d'une chute certaine. » plaisanta son aîné. « Enfourche ton Nimbus 2000, on va chez toi. »

Le sourire de Stiles se faisait de plus en plus grand, de plus en plus franc. Les références de Peter lui plaisait totalement et il ne lui en fallait guère plus pour faire disparaître toute trace de suspicion à son encontre. Oui, il était un vendu. Il suffisait de quelques références plus ou moins bien placées pour qu'il suive aveuglément le premier taré venu spécialement pour lui et l'emmène dans son humble chambre.

« Je tiens juste à dire que je ne suis pas Harry Potter. C'est une écharpe Poufsouffle, ça, mon cher. »

« Alors avance, Diggory. »

« Je suis toujours vivant. »

« En route, Smith ! »

« Smith ? » répéta Stiles. « Genre tu connais carrément Zacharias Smith ? T'es accro à Harry Potter ou quoi ? »

Peter se contenta de sourire. Depuis tantôt, ils n'avaient pas avancé d'un pouce et l'homme comptait bien remédier à la situation. Ce n'était pas qu'il avait froid mais un peu quand même. Ses chaussures prenaient l'eau et il n'avait rien de l'attirail du parfait petit esquimau. Pas d'écharpe, pas de gant, pas de bonnet ou de cache-oreille, rien.

« Il se pourrait que j'aie lu les livres un peu plus qu'une seule fois. » s'amusa-t-il. « Mais tu pourras t'extasier à loisir devant ma perfection une fois qu'on sera chez toi. » il se frotta les mains. « J'ai un peu froid, là, je t'avouerais. »

Côte à côte, ils avancèrent pendant quelques minutes sans rien se dire. Ils n'étaient pas suffisamment proches l'un de l'autre pour trouver un sujet de conversation en un simple claquement de doigts. De temps en temps, Stiles jetait un rapide coup d'œil à Peter, comme s'il avait le pouvoir de disparaître sans qu'il ne le remarque. Le nez de son aîné était rouge, il frottait ses mains l'une contre l'autre afin de les réchauffer un minimum mais souriait malgré tout.

« J'suis garé là-bas. » annonça soudain Peter.

« Comment ça tu es garé là-b- »

« Ma voiture est garée là-bas. » dit le premier, perplexe. « J'vois pas trop comment te l'dire autrement. »

« Mais qu'est-ce que ta voiture fait là-bas ? »

Le regard que lança Peter à Stiles était des plus parlants. Il remettait sérieusement l'intellect de son cadet en question.

« Et comment tu crois que je suis venu, p'tit génie ? En transplanant ? »

L'étudiant était bien obligé de lui accorder ce point.

« Faudra que tu m'indiques la route jusque ta résidence, par contre. » sourit Peter, de bien bonne humeur, tandis qu'il mettait le contact.

« Qu'est-ce que t'es venu faire ici, Peter ? » soupira Stiles, tout en appréciant le chauffage que l'on venait d'allumer. « Excepté pour m'éviter une douloureuse et inévitable chute, j'entends. »

Le conducteur soupira. Après avoir jeté un bref coup d'œil à son passager, qui semblait bien plus en confiance qu'il ne l'aurait cru et craint pendant un temps, il se reconcentra sur la route et les indications que Stiles lui donnait. « A droite » et les « à gauche » étaient tout ce que s'autorisait à dire l'étudiant qui attendait encore sa réponse.

« Je te ramène à la maison. » Peter avait finalement retrouvé l'usage de la parole.

Son voisin fronça les sourcils. Sa tête, qui était jusque là posée sur la vitre, se redressa et il se tourna vers son chauffeur. Il se demandait s'il s'agissait là de la vérité, si c'était bien la vraie raison qui l'avait conduit jusqu'ici. Ça paraissait un peu gros. Plus qu'un peu, en réalité.

« Tu me ramènes à la maison ? »

« Je te ramène à la maison. » confirma-t-il du bout des lèvres. « Sauf si tu ne veux pas. Je t'oblige à rien. »

Stiles ne comprenait plus rien à ce qui se passait. Il avait l'impression d'avoir atterri dans une sorte de réalité parallèle un monde où Peter serait le plus attentionné des hommes et prêt à faire des heures de route pour aller chercher un mec dont il n'était même pas proche, pas même un ami ! C'était précisément ce qui était en train de se passer.

Une nouvelle fois, le silence pensa être en droit de s'installer. Seules les indications de Stiles et le chauffage se faisaient entendre. Malgré le froid, les rues étaient très peu encombrées. Ce n'était pas l'heure de la sortie de bureau. Les gens ne rentraient pas encore chez eux – où alors s'y trouvaient-ils déjà. Ils furent très rapidement arrivés à destination. Après s'être garé à la place la plus proche de l'entrée qui pu être trouvée, Peter et Stiles quittèrent à regret l'intérieur chaleureux du SUV. De concert, ils grimacèrent lorsque le froid hivernal recommença à les frapper et leur geler le bout des doigts.

Le plus jeune commença à courir jusqu'à la porte d'entrée. Laisser son chauffeur derrière ne semblait pas le déranger plus qu'outre mesure. Peter soupira en le constatant. Il se retint toutefois de faire le moindre commentaire susceptible de braquer Stiles. Il n'était pas venu pour ça, après tout. Après s'être saisi du sac de cours pratiquement vide de l'étudiant, Peter hâta le pas. C'est fou ce qu'il pouvait faire froid !

« J'suis au premier. » sourit Stiles en récupérant son sac et grimaçant pour la forme. « Viens. » ajouta-t-il d'un signe de tête.

Peter acquiesça et lui emboîta le pas. Il sourit, gentiment moqueur, lorsque, devant la porte de la chambre, Stiles commença à fouiller dans les poches de sa veste, de son pantalon et dans les multiples poches de son sac à la recherche de ses clés. Il s'amusa, malgré ses pieds trempés et son envie de thé bien chaud pourvu que le plus jeune en ait dans ses placards de voir Stiles rebrousser chemin afin de voir s'il ne les avait pas laissé tombé par inadvertance. Il peina à retenir son rire lorsque le concerné revint à sa hauteur et commença à le dévisager d'un air bougon qui rendrait Derek jaloux.

« C'est toi qui a mes clés, hein. Avoue. »

Prenant un air penaud, l'aîné du duo sortit le porte-clé de sa poche et, du bout du doigt, le tendit à son légitime propriétaire. Ça avait juste été trop tentant.

« Entre. Fais comme chez toi. »

Peter retira immédiatement ses chaussures trempées mais n'osa pas faire un pas de plus dans la chambre étudiante. Mieux rangée que ce à quoi il s'était attendu, ce n'était pas pour autant un modèle de propreté. Il y avait des feuilles qui traînaient un peu partout, une paire de tasses abandonnées sur les étagères au-dessus de son lit et probablement plus de vêtements par terre que dans l'armoire. Il tiqua en voyant l'immonde affiche scotchée contre la porte d'entrée mais sourit quand son regard s'arrêta sur un panneau en liège, sur le bureau, où des dizaines et des dizaines de photos étaient punaisées. Il avait vraiment bien fait de venir le chercher.

« Dois-je conclure que, chez toi, tu restes uniquement dans l'entrée ? » se moqua Stiles en le voyant figé tel un piquet. « Viens ! »

L'étudiant venait de mettre une bouilloire à chauffer et commençait à fouiller ses placards à la recherche de ses sachets de thé et de son chocolat en poudre. Une fois ses trésors en sa possession, il attrapa deux tasses qu'il se contenta de poser sur son bureau en attendant que l'eau soit à la bonne température.

« Peter... j'm'en cogne que tes chaussettes soient trempées, merde quoi ! Viens. » insista-t-il, amusé. « Installe-toi sur le lit ou par terre si ça te dit. Fouille partout si ça te chante. Prends une douche si t'as besoin de ça pour te réchauffer. Juste... Reste pas planté là comme un pommier. »

Toujours aussi peu à son aise, et c'était vraiment quelque chose que Stiles n'aurait pas cru être de l'ordre du possible, Peter accepta tout de même de se déraciner. L'hôte dévisageait son invité surprise. Des cernes sous les yeux, les cheveux plaqués sur le crâne à cause de l'humidité ambiante, le bout des doigts toujours aussi rouges que tantôt, Peter avait étrangement triste allure.

« Va prendre une douche. » ordonna-t-il finalement. « J'vais t'passer des fringues sèches. Je peux pas te laisser comme ça... t'as presque l'air d'un chiot apeuré. »

« Hors de question que je mette tes vêtements. » ronchonna Peter. « Puis j'rentrerai même pas dedans, tête d'âne. »

« Si Derek pouvait rentrer dans mes T-shirt au lycée... je pense que tu peux parfaitement rentrer dans mes pulls informes aujourd'hui. » contra le premier en lui envoyant un fameux pull informe en pleine figure. « Et un jogging tout aussi informe. Et des chaussettes... même pas informes cette fois ! Bon par contre... j'sais absolument pas si j'ai encore des serviettes prop-ah ! Bingo ! »

Il n'envoya pas à Peter la grosse serviette éponge qu'il venait de dénicher au fin fond de son armoire. À la place, Stiles se précipita vers lui, l'évita au dernier moment et, bien trop théâtralement pour ne pas avoir l'air profondément ridicule, ouvrit la porte de la petite salle de bain qu'il possédait.

« Pour l'eau chaude faut tourner le bouton d'eau chaude. Pour l'eau froide le bouton d'eau froide. Pour le savon faut prendre le savon qui est... quelque part. Pour le shampoing, c'est dans la douche. Euh... le chauffage est là, hésite pas à le mettre à fond... quand t'as fini, dis-le que je te refasse chauffer de l'eau. Sauf si tu veux pas. Tu veux ou tu veux pas ? Tu préfères peut-être autre chose ou... fin... c'toi qui vois. Passe commande, je suis ton humble serviteur ! »

Les lèvres de Peter s'étiraient petit à petit. Le babillage de Stiles le mettait bien plus à l'aise que ses silences prolongés. Ses phrases interminables et sans intérêt étaient ce qui faisait le charme du fils Stilinski, après tout. Passant une main dans ses cheveux, qui commençaient à sécher, l'aîné le remercia.

« Ça fait du bien, hein ? » s'enquit Stiles quand il entendit la porte de la salle d'eau se rouvrir.

« T'as pas idée. »

Au lieu d'avoir droit aux réflexions quelques peu moqueuses de Stiles au sujet de son allure ridicule Peter se retrouva avec une tasse fumante entre les doigts ce qui acheva de le réchauffer. Il se laissa tomber sur le lit défait de son hôte et porta lentement le breuvage à ses lèvres. Il soupira de bien-être et ferma les yeux, profitant un maximum.

« Tu comptes te remettre en route quand ? » voulut savoir l'étudiant, bien que se doutant de la réponse qui serait donnée.

« Dès que tes valises seront prêtes. »

Voilà précisément ce qu'il avait craint. Avisant les yeux fatigués de celui qui serait son chauffeur, sauf s'il réussissait à convaincre un Hale de lui laisser le volant, Stiles secoua la tête.

« Hors de question. T'es d'jà limite en train de pioncer sur mon lit avec ta tasse dans les mains, j'te signale. T'es autant en état de conduire que d'obtenir ton PhD de droit. »

Peter ferma les yeux et commença à arborer un petit sourire parfaitement satisfait. Tout en prenant garde à maintenir sa tasse suffisamment droite afin de ne pas renverser son précieux contenu il chercha à s'installer plus confortablement sur le lit. Si Stiles lui disait de se mettre à l'aise, il risquait de le prendre au mot, maintenant. Déjà, il était allongé, la tête posée sur son bras qui tenait le thé.

« T'as ton PhD de droit ? » s'étonna Stiles. « Sérieusement ? »

« Me suis spécialisé en droit des affaires. » marmonna Peter. « Mais on peut ne pas en parler ? Trop fatigué pour ça. »

« Mais comment ça s'fait qu'je sache pas que tu... pourquoi tu m'l'as jamais dit ? »

« Pourquoi je te l'aurais dit ? » grogna le second. « Tu me prends pour un dangereux psychopathe, j'te signale. »

Stiles haussa les sourcils.

« Ouais. Un dangereux psychopathe qui est affalé comme une loutre sur mon lit depuis qu'il a du thé dans les mains... on a fait pire, tu crois pas ? »

« Même Hannibal Lecter a ses faiblesses. » ricana Peter tout en se redressant. « Prépare ta valise, Stiles. Sinon j'vais vraiment m'endormir. »

Le plus jeune jugea le moment propice pour envoyer une petite couverture à la figure de son aîné qui siffla de mécontentement, surpris par le geste. Stiles commença néanmoins à remplir la vieille valise bleue toute cabossée et à qui il manquait une roue qu'il venait de sortir de sous son lit. Il envoyait, sans faire trop attention, pantalons et sweats, sous-vêtements et chaussures, pulls et autres bricoles dont il aurait besoin une fois de retour au bercail. Une fois eut-il tout regroupé en un seul et même endroit de la chambre qu'il commença sa partie de tétris.

Alors qu'il avait pratiquement terminé, ce n'était pas comme si ça pouvait réellement prendre des heures de mettre des vêtements dans un sac après tout, il leva les yeux pour voir Peter les yeux clos. La tête encore et toujours posée sur son bras tendu sur le lit, il s'était enroulé dans la couverture envoyée par Stiles et semblait ne plus savoir où il était et avec qui il était.

Arrêtant tout ce qu'il était en train de faire, Stiles s'installa en tailleur par terre et resta comme ça quelques minutes. À simplement regarder Peter Hale dormir. À se dire qu'il était le seul qui avait fait le déplacement pour venir le chercher. Peut-être qu'il ne connaissait pas encore tous les tenants et les aboutissants, peut-être qu'il était ici à la demande de son paternel... mais toujours était-il que c'était Peter qui était là, qui s'était tapé les longues heures de routes jusqu'ici, qui était venu le rejoindre à la fac alors même qu'il n'était habillé ou chaussé pour et qui somnolait dans son lit. Un sourire aux lèvres, touché plus qu'il ne l'aurait cru par le geste de l'aîné Hale, Stiles s'approcha de ce dernier et, discrètement, lui subtilisa ses clés. Chacun son tour, après tout.

« Pet' ? J'ai fini ma valise. » murmura Stiles à son oreille. « Tu veux toujours partir ce soir ou demain ça te va ? »

« Hmm, ce soir. » grogna-t-il, se tournant dans son semi-sommeil.

« On mange en route ou ici ? »

« M'en fous. »

Totalement dans le coaltar, il y avait fort à parier qu'il n'avait même pas compris ce qu'on venait de lui demander.

« Bah j'ai plus rien à manger... »

« Alors qu'est-ce que tu m'fais chier à poser la question ? On mangera dans un dinner en route et c'est tout. »

Bon, peut-être que Peter comprenait quand même ce qu'était en train de lui raconter Stiles, tout compte fait. C'était une surprise mais, au moins, n'était-il pas en train de parler dans le vide comme ça pouvait être le cas d'ordinaire. À contrecœur, le légitime propriétaire du lit posa une main sur l'épaule du dormeur – qui somnolait plus qu'il ne dormait – afin qu'il se lève et qu'ils puissent, tous deux, se mettre en route. C'était là la raison de sa venue, après tout.

Stiles s'amusa à écouter râler Peter. Visiblement, il n'aimait guère qu'on le réveille, qu'on le secoue alors qu'il était sur le point de tomber endormi. Un peu ronchon, et tout en se frottant les yeux d'une manière une peu trop adorable pour être totalement humaine, il se redressa, s'étira, se rechaussa et se dirigea presque machinalement vers la porte d'entrée après avoir attrapé de la main gauche ses vêtements laissés à sécher dans la salle de bain. Les rôles s'étaient inversés et c'était à présent au plus jeune de suivre son aîné.

Valise en main, l'étudiant trouva tout de même encore le moyen d'attraper la couverture abandonnée, en boule, sur son lit afin de l'emmener avec lui. Son regard se posa ensuite sur la veste de Peter qu'il avait, dans sa hâte, oublié. Il devait d'ores et déjà s'en mordre les doigts, le pauvre ! Cet oubli malheureux incita Stiles à presser l'allure – d'autant plus que Peter n'avait plus ses clés et serait coincé devant la voiture. Après un dernier coup d'œil dans sa chambre, espérant ne rien avoir oublié – il avait dû faire ses bagages de manière express, après tout – il éteignit toutes les lumières et ferma à clés. Adieu la chambre, à dans quelques semaines.

« J'ai oublié ma veste. » annonça piteusement Peter, les bras croisés et serrés tout contre son torse, frigorifié et ne le cachant pas. « Et faut croire que mes clés étaient dedans. »

« Heureusement que j'ai pensé à tout, alors. » fanfaronna Stiles en posant la veste en question sur ses épaules tremblotantes. « Tiens. »

L'autre hocha la tête en guise de remerciements. Il claquait des dents et avait l'air plus fatigué encore qu'avant sa pseudo-sieste. Ces évidences confortèrent Stiles dans sa décision de ne pas laisser Peter conduire ce soir

« Te fatigue pas à chercher tes clés. C'est moi qui les ai... et c'est moi qui conduis. »

« Le jour où tu conduiras la voiture d'un Hale... » commença Peter, sans avoir l'air de lui même trop y croire, à cette menace.

« Vient d'arriver. » coupa le cadet tout en s'installant derrière le volant et commençant ses réglages. « Je t'ai aussi pris ça... t'auras qu'à dormir un peu pendant la route. Je te réveillerai pour manger, que ton estomac soit sans crainte. »

« Merci Stiles. » murmura l'autre, acceptant avec plaisir la couverture et l'oreiller qu'on venait de lui donner et prenant ses aises à la place du mort.

« Je te dois bien ça... »

« Non. Ça me fait plaisir de te ramener. » marmonna Peter. « Même si, en l'occurrence, c'est plutôt toi qui me ramène, là. »


Fin du premier chapitre.

Je remercie aussi Choco à qui j'ai pu parler pendant des heures de cette fic, exposer tout mon plan et mes scènes, l'envahir de SMS lorsque je pleurais comme George sur le corps de Fred (quoi ? Les références Potterhead sont de mises, ici) etc etc etc.

Et je tiens à re-remercier Lili pour toutes ses corrections ! Cette fic ayant été, en très grande partie, écrite en pleine nuit... c'était pire encore que d'habitude !

A bientôt !