Bonsoir, me revoilà!

Je mets fin au mini-suspense du précédent chapitre en vous offrant la réponse dans celui-ci, elle est pas belle la vie?!

J'espère qu'il vous plaira, n'hésitez pas à me donner vos impressions! :D

Bonne lecture!


Chapitre 7 : Et les temps changent

Ginny soupira, s'étira puis avisa l'énorme pile de parchemins à côté d'elle. Elle avait fini par arrêter de les compter. Heureusement qu'elle s'était astreinte très tôt à une organisation méticuleuse de ses notes. Ainsi, après chaque lundi chez les Malefoy elle avait repris et écrit convenablement chaque phrase griffonnée à la hâte. De ce fait, elle n'avait qu'à choisir certains passages, les juxtaposer à d'autres réflexions ou souvenirs et lier le tout avec de jolies phrases de circonstances. C'était comme réunir les pièces d'un grand puzzle.

Shalks avait approuvé sa méthode avec un claquement de langue appréciateur.

Elle jugea d'un œil critique ses dernières lignes. Elle avait beau s'être attelé très tôt à la rédaction de leur biographie, cela n'en demeurait pas moins un travail titanesque.

Elle but quelques gorgées de son thé, avala un biscuit et se remit au travail. L'imprimerie devait recevoir le tout, puis lui envoyer un exemplaire avant l'édition définitive ce lundi.

Ginny ne pouvait s'empêcher de stresser. Elle avait confiance en son travail mais appréhendait la réaction des Malefoy.

La jeune femme avait choisi de ne rien censurer de leurs vies. Leurs souvenirs, leurs ressentis, leurs pensées étaient retranscrites telles quelles dans le manuscrit.

Accepteraient-ils de se voir exposés ainsi ? Seraient-ils déçus, mécontents ? Lui reprocheraient-ils d'avoir trahi leur confiance ?

Ginny était partagée. D'un côté, elle était certaine de faire le bon choix. Celui de la vérité, du professionnalisme mais aussi de l'émotion : car leurs portraits étaient si imparfaits qu'ils en devenaient humains. Et c'était le plus important, le plus essentiel à ses yeux.

D'un autre côté, elle espérait ne pas blesser Draco. Il ne lui pardonnerait certainement pas si ses parents subissaient une humiliation supplémentaire.

Elle repensa à leur relation, à ses lettres. Leurs échanges coulaient de source, naturellement. Elle se découvrait plus de points communs avec lui qu'avec Harry.

Harry était sérieux, mesuré, doux, aspirait à une vie simple et avait des goûts simples. Il n'était ni prétentieux, ni vaniteux et s'était même révélé extrêmement passif dans leur relation. Harry aimait le sport et n'avait que peu de centres d'intérêts en dehors du Quidditch.

Harry voulait une gentille femme, dévouée et aimante, qui l'attendrait à la maison avec un repas bouillonnant dans une marmite et trois enfants chahuteurs.

Harry ne voulait pas d'une femme absente, tout le temps en voyage et ne comprenait pas les besoins de Ginny. Harry malheureux, incapable de s'expliquer correctement avec sa propre femme, s'était laissé séduire par une ingénue plus intéressée par son nom que par son charisme. Par jeu, par ennui, par dépit peut-être.

Pour résumer, Harry avait été entrainé plus jeune dans une histoire qui le dépassait et dorénavant voulait se contenter d'une vie tranquille et routinière.

Ginny elle, était une femme passionnée, vivante et brillante qui aspirait à tout autre chose. Décidée à prouver sa valeur en tant que dernière et unique fille d'une fratrie de sept enfants, elle était farouchement opposée à embrasser le rôle de simple femme au foyer.

Elle avait choisi des études longues et difficiles pour prouver ses capacités, son intelligence. Elle avait choisi son travail pour se lancer des défis, vivre d'adrénaline et découvrir le monde.

Alors quand Draco lui parlait de livres avec le même engouement, la faisait rire avec des remarques cyniques, lui montrait un caractère complexe, torturé, elle ne pouvait s'empêcher de l'apprécier, de se sentir proche de lui.

Au départ morose et froid, comme éteint, il s'était révélé d'abord dans ses confessions, puis dans ses lettres. Sa véritable personnalité avait fini par émerger dès qu'il s'était senti à l'aise avec elle. Il avait une arrogance et une fierté toute aristocratique, une insolence rafraichissante et entrainante. Il était jaloux, orgueilleux, intelligent, curieux, égoïste. Et terriblement tendre et attentionné.

Draco était épicé, sucré, salé, amer. Draco ne laissait pas indifférent.

Et Ginny ne pouvait s'empêcher de sourire en pensant à lui.


Draco fixait la grande horloge ouvragée du salon. Il songeait à la visite hebdomadaire de la jeune femme et à ce qu'il allait devoir lui expliquer.

La vérité.

Celle que Narcissa lui avait révélée. Une vérité simple et poignante. Inquiète et effrayée de le voir sombrer dans la plus profonde mélancolie, elle s'était mis en tête de le rendre heureux.

Elle avait donc entrepris de débarrasser le manoir de ce luxe tapageur qui en habitait chaque pièce. Non pas que la richesse fasse horreur à Draco, mais parce qu'elle était déterminée à lui offrir une fabuleuse rente pour qu'il puisse enfin quitter cet emploi avilissant. Ainsi, son propre travail, ses coupes drastiques dans le budget démesuré de la famille et les nombreuses ventes n'avaient qu'un seul et unique but : économiser le plus d'argent possible pour rendre Draco richissime et autonome, lui assurant ainsi un avenir prospère. Elle avait été freinée dans cette entreprise par Lucius, qui ignorant les projets de sa femme, s'était révolté contre le fait qu'elle vende ainsi son héritage familial.

Devant son entêtement, elle n'avait pu que reporter partiellement ce plan et n'avait donc pas encore informé Draco de l'ouverture d'un compte à son nom à la banque Gringotts.

En attendant, elle avait donc multiplié les petites attentions et les cadeaux en espérant le dérider. Les billets pour la coupe du Monde de Quidditch, notamment. Plusieurs séries de livres d'une édition rare et précieuse de son auteur préféré.

Malgré ses efforts, elle ne pouvait que constater son échec. Son fils était malheureux, triste, amorphe. Elle avait donc demandé à Betsy de fouiner, pour en savoir plus sur ses goûts.

Et avait finalement découvert la curieuse obsession de son fils pour Ginny Weasley.

Elle avait d'abord été surprise, peut-être même indignée avait-elle avoué.

Ainsi, elle s'était renseignée sur elle. Et avait été absurdement soulagée en constatant que la benjamine Weasley était loin d'être une sotte indigne des attentions de son fils. Elle était jolie, brillante, riche et célèbre. Elle s'était donc résignée. Si c'était réellement cette femme qui comptait pour Draco, alors il l'aurait.

Mais la tâche se révéla plus ardue que de vendre des tapisseries et des vases hors de prix. Ginny était peu en Angleterre et semblait filer le parfait amour avec Harry Potter.

Après plusieurs semaines infructueuses, Narcissa envoya donc Betsy le surveiller, en désespoir de cause. Peut-être tomberait-elle sur de vieilles rancunes qu'elle pourrait exploiter pour briser leur couple. N'importe quoi ferait l'affaire en l'occurrence, plutôt que ce sentiment d'impuissance et d'inutilité.

Et un jour, finalement, Betsy était revenue avec cette si précieuse information. Harry Potter trompait Ginny Weasley. Le Grand Harry Potter, l'Elu, était un mari volage, qui trompait sa femme avec une blonde insipide.

Après avoir constaté qu'Harry Potter avait de très mauvais goûts, elle avait donc réfléchi. Si Ginny Weasley l'apprenait tout de suite, ils pouvaient se séparer, laissant le champ libre à Draco. Mais d'une il y avait toujours un risque qu'elle lui pardonne –après tout, elle ne connaissait pas le caractère de la jeune femme et même si elle semblait farouche, peut-être était-elle moins féroce en amour- et de deux, il était improbable que son fils puisse rencontrer et séduire Ginny Weasley, compte tenu de leur passé commun dû à leurs familles respectives. Non il fallait quelque chose de vraiment marquant, et qui puisse permettre à son fils de la rencontrer.

Elle avait donc attendu, observé. Avait découvert son envie d'être journaliste sportive, sa passion pour les mêmes poèmes que son fils. S'était même mise à respecter cette jeune femme si digne et si ambitieuse.

Et finalement, l'occasion idéale, parfaite, s'était présentée. Ginny Weasley qui annonçait dans les journaux une pause dans sa carrière pour fonder une famille avec son compagnon.

Narcissa avait tout de suite saisi le potentiel de cette information et avait commencé par échafauder un plan en conséquence, en se basant sur ce qu'elle savait de la jeune femme.

Quelques mois plus tard, elle se rendait à la Gazette du Sorcier pour exposer ses exigences à Shalks. Elle lui donnait l'information qui permettrait à son journal de faire un tirage prodigieux et des bénéfices mirifiques en révélant l'infidélité d'Harry Potter, s'il promettait d'engager Miss Weasley lorsqu'elle viendrait réclamer un poste –ce qu'elle ferait assurément- à la seule et unique condition qu'elle réalisât une biographie sur eux.

Ainsi, Ginny Weasley s'était retrouvée à côtoyer son fils.

Draco n'avait pu cacher ni sa surprise, ni son déplaisir. Il s'était senti stupide de n'avoir rien réalisé, peut-être même un peu trahi au fond. Mais alors qu'il se sentait confus, presque en colère, il avait rencontré le regard inquiet de sa mère. Inquiétude, appréhension, mais surtout un amour infini et indestructible.

Elle avait fait tous ces efforts, toutes ces dissimulations pour lui. Elle s'était révoltée contre son mari, avait fomenté un plan machiavélique dans son dos, avait accepté Ginny avant même que Draco ne songe à la séduire. Pour lui. Uniquement pour lui, pour le rendre heureux et pouvoir contempler à nouveau son sourire.

Alors Draco lui avait pardonné en lui offrant ce sourire tant désiré. Ce sourire en coin, qui le rendait charmant et lui donnait un air malicieux.

« Je crains que tu ne puisses nier ton appartenance à la maison Serpentard… »

Narcissa avait souri à son tour, soulagée. Oui, son caractère doux et timide était aisément compensé par une propension au mensonge et une manipulation toute reptilienne. C'était son mode de vie, hérité d'années de brimades et de coups bas de ses sœurs. Ce qui lui avait permis de survivre aux côtés de Bellatrix sans mourir de peur.


Et maintenant, Draco fixait cette horloge, attendant la venue de Ginny. Il était étonnamment serein. Etait-il réellement certain que Ginny partageait ses sentiments ? Pas vraiment.

Pardonnerait-elle à ses parents ? Rien n'était moins sûr.

Accepterait-elle son amour ? Peut-être.

Il était sûr d'une seule chose. Lors d'une séance, il avait éludé toute question sur ses sentiments lorsqu'il s'était retrouvé face à Dumbledore. Puis honteux, s'était confié dans une lettre.

Choisir entre Dumbledore, vieux gâteux adorateur de Potter et sa famille lui avait semblé simple finalement. Entre éviter à ses parents la torture ou pire encore et tuer ce vieux hibou, il ne pouvait même pas parler de choix. Pourtant, il avait hésité, tremblant. Et lorsque le Directeur lui avait parlé de sa voix douce, lorsqu'il l'avait vu bouger, vivre et se mouvoir devant lui, il avait compris instinctivement l'horreur de son geste. Il avait senti son âme s'agiter, terrifiée à l'idée de commettre un tel acte.

Mais les Mangemorts étaient là, le pressant, l'invectivant. Il pensait à Voldemort, à sa déception et à sa vengeance. Il pensait au cadavre du professeur d'études des Moldus, dévorée sur sa propre table de salle à manger.

Il avait été déchiré entre sa peur primaire, et tout le dégoût, l'horreur et l'effroi que lui inspiraient cette scène.

Puis Rogue avait saisi sa baguette, avait prononcé l'incantation et il avait vu le corps de Dumbledore chuter en arrière telle une grossière poupée de chiffon et aller s'écraser au sol dans un grand bruit mat.

Il avait dû se retenir de ne pas vomir tout de suite.

Draco avait appréhendé la réponse de Ginny. S'était même imaginé qu'elle le traiterait de monstre, de lâche, pour avoir osé penser commettre un meurtre. Pour avoir osé songer que tuer une personne pouvait être facile.

Sa réponse, alors, l'avait transcendé.

Soudain, on toqua à la porte et le jeune homme sortit de ses pensées.

Il attendit que Betsy l'emmène au salon, comme d'habitude. Ses parents arrivaient et s'installaient déjà, tendus, nerveux.

Et Ginny fit irruption, une baguette à la main, maintenant un énorme paquet en l'air.

« Je vous prie de m'excuser pour mon retard, j'ai dû faire une course urgente. »

Puis elle se figea en sentant la tension présente dans la pièce. Elle observa Narcissa et Lucius, qui avaient un air fuyant et interrogea Draco du regard.

Alors, il l'invita à s'assoir. Une fois que le thé fut servi, il parla.

Il lui raconta absolument tout, sans omettre un seul détail.

Et attendit sa réaction en la fixant.

Au bout de quelques secondes, le visage de la jeune femme se fendit d'un large sourire.

« Eh bien, j'appréhendais cette journée mais on dirait que vous me facilitez la tâche. »

Elle se leva, défit adroitement le paquet et en sortit un livre, à la couverture sombre qu'elle tendit à Draco.

« Malefoy, des vies, une vérité. Par Ginevra Weasley. »

Le jeune homme leva un regard stupéfait vers Ginny tandis que ses parents se levaient à leur tour pour observer l'ouvrage.

« Au début, j'étais trop concentrée sur mon objectif pour réellement tenir compte des circonstances et j'ai cru Monsieur Shalks lorsqu'il m'a expliqué les détails de mon contrat. Cependant, quand Draco m'a parlé de mes matches, de mes victoires –elle se tourna vers lui- j'ai trouvé louche que tu connaisses si bien ma vie. Alors j'ai commencé à me demander si ton « intérêt » et mon travail au manoir étaient liés. Evidemment Shalks ne m'a rien dit mais dès que j'ai commencé à fouiner il m'a cédé le poste que je convoitais tant aussi facilement que si je l'avais menacé.

J'en ai donc conclus qu'il y avait effectivement anguille sous roche et qu'il était mêlé à cette affaire. Il est bien vite apparu que les bénéfices substantiels qu'il allait recevoir grâce à votre article l'attirait trop pour se montrer honnête.

Je lui ai donc proposé de sortir un livre sur vous, avec la maison d'éditions liée au journal. Les bénéfices et la renommée promise l'ont convaincu de m'avouer que l'idée de ce travail de biographie était votre idée, Madame Malefoy. Et que vous aviez lourdement insisté pour que ce soit moi et uniquement moi qui m'en charge. »

Elle sourit, triomphante.

Draco ne put s'empêcher de se sentir fier d'être épris d'une telle femme.

« Je dois avouer que nous sommes à égalité maintenant. »

« Exactement. J'avais peur que vous me reprochiez d'avoir trahi votre confiance mais … -elle adressa un sourire malicieux à Draco puis se tourna vers ses parents- Vous avez finalement plus de choses à vous reprocher que moi. Je vous invite à le lire. J'ai hâte de connaître votre avis. »

Elle s'inclina légèrement devant Narcissa, stupéfaite, et Lucius, abasourdi.

« Je vais vous laisser alors, n'hésitez pas à m'envoyer un hibou.»

« Je te raccompagne. »

Ginny remercia Draco et ils se dirigèrent ensemble vers la grande porte d'entrée en silence. Elle lui sourit rapidement puis se retourna pour s'en aller. Elle sentit soudain une main la retenir au poignet. Lorsqu'elle leva la tête, les yeux gris de Draco la fixaient intensément, ne pouvant cacher la passion dévorante au fond de son âme.

Ginny percevait son hésitation, son impatience, sa fébrilité. Il lui avait révélé la raison qui avait poussé Narcissa à la manipuler. Son intérêt pour elle. Son obsession pour elle. Son amour pour elle. Alors Ginny plongea son regard dans le sien et se remémora tous ces moments à dévorer ses lettres, à entendre ses réponses avec impatience, à rêvasser en pensant à lui. Et elle lui sourit. Un sourire adorable, désarmant, enchanteur. Alors Draco sentit son cœur bondir dans sa poitrine et il se pencha vers elle, lentement, un sourire malicieux se dessinant peu à peu sur son visage. Ils s'embrassèrent avec douceur, s'enlacèrent avec tendresse, goûtant le corps de l'autre comme s'ils se découvraient, enfin.

Lorsqu'ils interrompirent leur baiser, à bout de souffle, le jeune homme se perdit dans ses grands yeux sombres.

Il pensait se briser s'il croisait son regard.

Mais alors qu'il le contemplait, Draco se sentit vivre.


Alors, le moment Drinny tant attendu vous satisfait? :D

J'espère en tout cas! Parce que dorénavant, il y en aura d'autres, même si la fin de cette fiction approche à grand pas!

Je tenais aussi à remercier tous ceux (celles plutôt) qui laissent des reviews, c'est extrêmement encourageant et mon tit coeur fait un bond à chaque fois, encore merci de vous intéresser à mon modeste travail!