Et voilà, le dernier chapitre ! Bonne lecture !


Il était minuit et demie quand le téléphone de Sam vibra sur sa table de chevet, réveillant immédiatement le chasseur. Il détacha doucement Claire de lui avant de sortir de la chambre pour répondre.

_ Allô ?

_ Sam ? Tu vas bien ?

Franck. Bon Dieu, qu'est-ce que son ancien voisin et seul ami voulait à presque une heure du matin ?

_ Oui, je vais bien. Mais je dormais bien.

Le reproche était explicite. Ça n'arrivait presque jamais, et Franck venait de le priver d'une nuit d'un sommeil réparateur plus que bienvenu.

_ Je pensais que je devais t'avertir. Un type est arrivé dans l'après-midi. Il te cherchait. Il s'est présenté comme étant Dean Winchester, et il cherchait son frère, Sam. Toi. Même si le nom de famille ne correspondait pas, tout le monde a compris que c'était de toi qu'il s'agissait.

Le cœur de Sam s'arrêta, et il devint livide. Non. Non, non, non.

_ Est-ce que…

_ Tu me déçois, Sam. Si tu te poses cette question, non, personne ne t'a jamais vu, au village. On ne te dénoncera pas. Pourquoi est-ce que ce type te cherche ? Et il est quoi pour toi ?

_ C'est un cinglé, mentit Sam d'une voix blanche.

Bien qu'à la réflexion, ce n'était peut-être pas un mensonge.

_ Il t'a déjà parlé ?

_ Non, il devrait venir me voir demain matin ?

Alors Sam réfléchit. Et comprit ce qu'il y avait à faire. D'une voix calme et qui n'attendait aucune protestation, il expliqua à Franck ce qu'il devrait dire.


Sam se glissa dans le lit, le cœur battant à tout rompre. Claire ouvrit un œil, et le dévisagea, encore endormie :

_ Tout va bien ?

Il acquiesça et, un peu rassurée, elle s'installa contre lui, posant sa tête sur son torse. Elle était gelée. Elle était toujours gelée. Pour la réchauffer, il enroula ses bras autour du corps frêle de la jeune femme.

_ Claire…

Elle releva la tête :

_ Oui ?

Il l'embrassa. Elle se tendit un peu, mais lui rendit son baiser. Ils avaient réessayé de faire l'amour à plusieurs reprises, et s'il ne l'avait plus frappée comme il l'avait fait la première, il avait tout de même eu des réactions plus ou moins violentes.

_ Sam… murmura-t-elle.

Il la plaqua sur le lit, sur le dos, et s'installa au dessus d'elle, sur les coudes, sans cesser de l'embrasser. Mais il ne la voyait pas. Ce n'était pas elle. Dean.

Il embrassait Dean farouchement, et c'était plus un combat qu'autre chose.

_ Sam !

La voix féminine de Claire, et sa main posée sur son torse l'interrompit, le ramena à la réalité.

_ Je t'ai fait mal ? s'inquiéta-t-il.

_ Tu n'étais plus avec moi… fit-elle lentement remarquer. Ne te sens pas obligé…

Il ne la laissa même pas finir, lui arracha quasiment son short de pyjama, et déposa une série de baisers brûlants dans son cou, sur sa gorge si fragile.

Le genre de choses que Dean adorait faire, parce qu'ils savaient tous deux que le démon aurait pu l'égorger avec les dents.

Mais je gagne, songea-t-il en glissant ses mains sous le haut de pyjama de Claire, lui caressant les hanches, les seins. Tu n'es plus là, Dean. J'y arrive. Je gagne. Je gagne !

Il se débarrassa de son caleçon, et lui écarta rapidement les jambes.

Il ne la voyait pas.

Il ne voyait que Dean, soumis comme lui l'avait été toutes ses années.

Il s'enfonça dans le corps chaud et humide de Claire. Elle gémit, eut un léger cri de surprise.

_ Sam !

Lui, il entendait un cri de Dean, sa souffrance. Enfin la sienne, et plus celle de Sam.

Sa main trouva les cheveux de Claire, s'y glissa, s'y accrocha, trouvant un point d'ancrage.

Un léger « Claire » s'échappa de ses lèvres crispées.

Dean.

« Même si tu parviens à t'en sortir, Sammy… A chaque fois que tu baiseras, tu sentiras ma bite dans ton cul, et ma main sur ta queue… Et c'est le genre de souvenirs que tu n'oublieras pas, je peux te le jurer. »

Il n'était plus là.

Les mains de Claire se posèrent sur ses fesses, moites, et ses doigts les griffèrent légèrement, longs, ses ongles pénétrant sa peau.

_ Sam !

_ Claire…

Elle n'hésitait pas à montrer ce qu'elle ressentait alors qu'il essayait de l'intérioriser.

Ce fut l'orgasme de Claire qui déclencha celui du chasseur, quand ses ongles se plantèrent dans le bas du dos, le griffant jusqu'au sang.

Ils restèrent silencieux un long moment, se contentant d'essayer de reprendre leur souffle.

_ Merci… lâcha enfin Claire.

Ils se dévisagèrent. Sam s'allongea à côté de Claire, la gardant contre lui :

_ Je… C'était pas si dur, mentit Sam.

Il n'allait pas lui dire que dans sa tête, c'était Dean qu'il avait violemment baisé, et pas elle.

Le chasseur caressa les cheveux blonds de Claire, et attendit qu'elle s'endorme pour se glisser hors du lit.

_ Désolé…


Dean commençait à être franchement agacé. Personne ne paraissait connaître son petit frère ! Personne ! Il lui restait deux maisons à visiter dans le village. Fermant les yeux, pour se calmer, il inspira longuement, et toqua à la porte.

Un vieil homme lui ouvrit :

_ Tiens, un petit nouveau. Bonjour, gamin.

Dean ne le supportait déjà plus. Avec un sourire hypocrite, il lâcha :

_ Ouais, ouais, bonjour. Je peux entrer ?

_ Bien sûr, bien sûr.

Le vieux lui indiqua l'intérieur avec un sourire, avant de lui proposer un thé ou un café. Il accepta un café fort, et sortit la photo de Sam pour demander :

_ Excusez-moi, je cherche mon petit frère, Samuel Winchester. Il me semblait qu'il devait être par ici, vous ne l'auriez pas déjà vu ?

Et là, oh miracle, une réaction. Il entendit clairement les battements de son cœur s'accélérer, alors que le vieil homme plissait les yeux sur la photo :

_ Je… non, non.

Un millième de secondes, flingue sorti, braqué sur la tête du vieux. Il savait où était Sam.

_ Où est mon petit frère, trouduc ? Ne me mens pas, je vois bien que tu le sais.

_ Écoutez…

_ Vous êtes vieux, et peut-être bien que vous n'avez plus rien à perdre, mais vous avez une famille. Pas vrai, monsieur Johannson ? Alors sois vous balancez Sam, sois je bute vos enfants.

_ Euh… bégaya le vieux Johannson. Il est dans cette maison, à East Park, dans le Tennessee. Au 213, Crowfield Street.


Franck regarda Dean Winchester partir avec mépris. Un putain de fils de pute. À peine avait-il disparu, qu'il décrochait son téléphone, et contactait Sam. Ce dernier lui répondit immédiatement :

_ Il est venu ?

_ À six heures et demie du matin. On peut dire qu'il n'a vraiment pas envie de te rater.

_ Ok. Merci pour tout, Franck. Vraiment.

_ Claire ne l'a pas trop mal pris ?

La seule réponse au bout du fil fut un très long silence. Le vieil homme comprit le sous-entendu, et en resta abasourdi :

_ C'est une blague, j'espère ?! Ta femme ferait tout pour toi, Sam, tu dois lui dire ce que…

_ C'est fait, répondit lentement Sam. J'ai laissé une lettre sous le paillasson. Va la voir et donne-la-lui et reste avec elle, s'il te plaît. Juste en attendant que son frère ait mon message et ne vienne la protéger.

Franck pinça les lèvres en soupirant, mais ne dit rien. Le jeune homme voulait affronter ses démons… Très bien, qu'il le fasse. Ce n'était pas ses affaires. Il allait se contenter d'agir en ami, et de faire ce qu'il lui demander. Protéger Claire, en attendant que Cas', le frère de celle-ci, ne vienne s'occuper d'elle.


Claire se réveilla tard, ce matin-là. Tard, et courbaturée. Elle bailla, et s'étira. Sam n'était plus dans le lit, mais ce n'était pas une surprise.

Ils avaient fait l'amour. Étrange. Pas forcément désagréable, quoique très dérangeant. Ce n'était pas avec elle que Sam avait fait l'amour. Loin de là. Ses yeux étaient perdus dans ses souvenirs. Elle n'était pas idiote. Elle le savait. Dean. Dean était toujours entre eux.

Elle se leva, passa sous la douche, s'habilla, avant de rejoindre Sam dans le salon.

Sauf que le salon était vide.

_ Sam ?

Pas de réponse. Elle éleva un peu la voix, mais seul le silence lui répondit.

_ Sam ? SAAAAAAM !

Elle attrapa son portable, l'appela. Elle entendit le téléphone sonner dans la cuisine.

_ Bon Dieu de bordel de merde ! jura-t-elle. Sam, tu fais chier, t'es où ?!

Son inquiétude se traduisait par de la colère. Et s'il était parti ? Parce que faire l'amour lui avait rappelé de mauvais souvenirs, ou… ou… Elle s'embrouillait, au bord des larmes.

Il lui fallut cinq bonnes minutes pour se calmer. Il n'était pas rare que Sam ne soit pas là le matin, pour la bonne et simple raison qu'il ressentait parfois le besoin de s'isoler, et qu'il partait s'asseoir dehors, dans un coin.

Quelqu'un toqua à la porte. Elle soupira, soulagée, et alla ouvrir :

_ Hey…

Elle s'interrompit :

_ Franck ? Salut ! Comment vas-tu ?

Le vieil homme lui sourit, l'air un peu gêné :

_ Bonjour, Claire.

_ Si tu cherches Sam, il ne devrait pas tarder à rentrer…

Et la gêne de Franck s'afficha de manière encore plus apparente. Il se tordit un peu les mains, évita son regard. Et le monde de Claire s'effondra quand elle comprit.

_ Il… il va rentrer… ? Pas vrai ?

_ Claire…

_ Il me l'aurait dit, s'il partait. Où qu'il aille, d'ailleurs. J'y serais allé avec lui… Il ne peut pas…

_ Claire…

Lentement, Franck sortit une enveloppe de sa poche et la lui tendit. Dessus, elle pu y lire, avec l'écriture gracieuse de Sam « pour Claire ».

_ Hier soir… Un type est arrivé au village, commença Franck. Il… Il cherchait Sam. Quand je l'ai prévenu, il m'a dit de mentir à ce type, et de lui donner une fausse adresse.

_ Tais-toi.

La voix claqua, sèche. Il ne pouvait pas avoir choisi Dean. Pas encore. Pas après tout ce que le démon lui avait fait.

Tu dois revenir, Sam. J'ai besoin de toi. J'ai tellement besoin de toi. Me laisse pas seule.

Elle s'effondra sur le canapé du salon, en larmes.

Reviens, reviens, reviens, reviens, reviens, reviens, reviens, reviens.


Dean entra dans la maison, son cœur battant à tout rompre. Sam. Sam était là.

La maison était petite, mais paraissait spacieuse. Rapidement, il se dirigea vers la chambre, espérant y retrouver son petit frère. Il fronça les sourcils. Il y avait un problème. Les cheveux sur l'oreiller étaient longs et blonds. Blonds. Non. Ça ne pouvait pas encore être une fausse piste. Pas une fois de plus.

_ Non…

Une supplique, adressée à un dieu en lequel il ne croyait pas. Mais il fallait bien supplier quelqu'un.

Il se rendit à grands pas dans la salle de bain tout aussi vide que la chambre. Une brosse, couverte des mêmes longs cheveux dorés. Et un peigne sur lequel était accroché quelques cheveux bruns. Il expira enfin, soulagé.

_ Sammy ? lança-t-il.

Pas de réponse. Redescendant les escaliers pour rejoindre le salon, il cru entendre un bruit sourd au rez-de-chaussée. Il ne s'y précipita pas, préférant descendre lentement. Sam était en bas. Il le savait.

_ Sammy, je vais t'attraper…

Un battement de cœur précipité. Il pouvait l'entendre, à présent. Le salon était petit. Meublé d'une petite télévision et d'un canapé. Et Sam était caché quelque part par là.

Un grand sourire fleurit sur les lèvres du démon.

_ Pssst, chuchota-t-il. Je sais que tu es là, petit frère.

Le cœur s'accéléra, et la respiration se fit entendre. Sam paniquait. Il était juste là, planqué derrière le canapé. Dean fit un pas. Puis deux. Il y était. Encore trois pas, et Sammy serait de nouveau à lui.

Il leva le pied pour faire le troisième pas, mais se trouva incapable de bouger. Son regard se dirigea sur le sol. Rien. Il leva les yeux vers le plafond, et pâlit.

Un cercle de Salomon, un piège à démons.

_ Très drôle, Sammy. Sors de là. Tu sais parfaitement que ce truc ne me retiendra pas éternellement, et je serais très en colère quand j'en sortirai.

La haute silhouette de son frère se redressa. Et, presque trop vite, même pour les sens aiguisés de Dean, il se jeta sur lui. Leurs lèvres se trouvèrent, leurs dents s'entrechoquèrent, les doigts agrippaient la nuque, les ongles s'enfonçaient dans la peau.

Et sans même avoir besoin de vérifier son visage, Dean sut qu'il avait retrouvé Sam.


Sam s'écarta rapidement, et sortit du cercle avant que Dean n'en profite. Ce dernier paraissait trop heureux pour lui faire le moindre mal, mais le cadet ne s'y laissa pas prendre. Il avait toujours paru très heureux de lui faire du mal, après tout.

_ Sammy… Mon pauvre Sammy… C'est ton pote Franck Johannson, qui t'a balancé.

La voix rauque de Dean résonna dans la pièce, et le chasseur haussa les épaules.

Il devait lutter pour ne pas sourire. Parce qu'il avait retrouvé Dean. Dean, son frère aîné. Peu importait qu'il soit un démon. Au final, même avec Claire, il lui avait semblé que ses deux dernières années avaient été pires que toutes les autres. À fuir Dean. À l'éviter. Avec cette peur panique qui le prenait chaque fois qu'il repensait à son frère.

_ Je peux plus… J'en peux plus de tout ça, Dean…

Le démon fronça les sourcils, soudain inquiet :

_ Tu ne vas pas me refaire le même bordel qu'il y a dix ans, Sammy ? Le suicide et toutes ces merdes. Je crois t'avoir largement prouvé que je te voulais en vie, peu importe ce que toi tu penses.

Amusant. Depuis que Castiel l'avait sorti de cette chambre, Sam n'avait jamais pensé au suicide. Il se contenta de secouer la tête :

_ Non, Dean. T'affronter. Te fuir. Ne pas être dans ton camp. J'en peux plus de ça. Alors… même si Castiel cherchera à me retrouver, ou à me convaincre de changer d'avis…

_ Ça, ça ne risque pas d'arriver, coupa Dean avec un petit rire moqueur.

Un étau sembla se refermer sur la cage thoracique de Sam :

_ Comment ça ?

_ Oh, tu n'es pas au courant ? Disons que Cassie s'est pris dans un piège de mon invention. Et s'il s'en est sorti une première fois, d'une manière des plus inattendues, la deuxième fois lui a été… comment dire… ? Fatale.

Castiel était mort. Dean l'avait tué. Sam ferma les yeux. Merde ! Et Claire… Claire qui allait véritablement se retrouver toute seule. Il avait pensé qu'elle aurait au moins l'ange avec elle.

_ Mais reprend, offrit gentiment Dean, un léger sourire un peu sadique flottant sur son visage. Tu disais que même si l'angelot allait essayer de te retrouver ou de te faire changer d'avis… ?

_ Je laisse tomber, répondit Sam d'une voix tremblante. T'es mon frère. Mon grand frère. Et j'ai besoin de toi. Je veux plus te combattre, Dean. Je veux que ce soit comme avant. Toi et moi, contre le reste du monde.

Cette décision avait été prise cette nuit, mais au fond, Sam avait su dès le début que ça finirait comme ça. Dean ne changerait pas de camp ? Alors c'était Sam qui le rejoindrait.

Ils ne pouvaient pas vivre l'un sans l'autre.

Dean parut surpris. Surpris, mais certainement pas mécontent. Comme si Sam réalisait ses plus grands espoirs.

_ T'es pas capable d'assumer ce que je fais, Sammy, répondit enfin le démon. Certainement pas.

_ Qu'est-ce qui m'en empêche ? rétorqua Sam, connaissant parfaitement la réponse.

_ Ton âme.

_ Alors prends-la.

Les réponses fusaient, du tac-au-tac.

_ Mon âme, marchanda Sam d'une voix tremblotante, contre ta présence à mes côtés. Pour toujours.

Dean ne réfléchit même pas avant de hocher la tête.

_ Jure-moi que tu ne me laisseras pas, Dean, supplia le chasseur en s'avançant dans le cercle. Que tu ne me laisseras jamais.

_ Je ne te laisserais jamais, Sammy, promit le démon sans hésitation.

Lentement, Sam approcha son visage de celui de Dean. Dans sa tête revenaient tous les gens qui l'avaient aidé. Claire, Castiel, Franck. Il ne faisait pas ça pour eux. Il ne le faisait pour personne d'autre que lui. Lui et ses peurs d'être seul, que son frère ne disparaisse définitivement.

Sans son âme, il ne serait plus Sam Winchester. Sam Winchester mourrait ce soir.

Finalement, songea Sam, alors que ses lèvres touchaient enfin celles de Dean, c'était bien Dean Winchester qui le tuerait.

Et il se donna à corps perdu au baiser. À son frère.


FIN


Non, vous n'avez pas le droit de me tuer. Nope, sorry xD Cette fiction est enfin finie (pourtant j'ai pas mis longtemps à l'écrire !). J'ai adoré écrire un truc malsain comme ça ! Et vous, vous en avez pensé quoi ?