Thème : Sable

Personnage(s) : Eren et ..

Pairing : Non.


Lacrimosa


Ce matin quand je me suis réveillé, je ne pensais absolument pas que j'allais me retrouver dans une carriole en direction de l'endroit où je rêvais d'aller depuis .. et bien depuis qu'Armin n'en avait fait la description. ça remonte à longtemps, je n'étais qu'un gamin à l'époque mais je me rappelle très bien de m'être émerveillé devant le dessin de son bouquin et une promesse s'était installée ce jour-là : dès que la possibilité se présenterait, on irait.

Et nous y voilà.

La guerre contre les titans était finie depuis quelques temps maintenant, je ne pourrais dire depuis combien de temps exactement, mais avec toutes les conséquences que cela avait engendré, toutes ces réparations que le monde devait effectué ainsi que tout le sang que nous avions à nettoyer, il était impensable d'aller se balader au détriment d'autrui.

« Enfin ! Depuis le temps ! »

Je joue avec mes doigts, impatient, incapable de rester en place plus de deux secondes consécutives et mon visage doit être pire que celui d'Hanji, il y a encore quelques mois de cela. Et on ne peut pas dire que ce n'était pas une référence en la matière au niveau de l'expression. Bien pire que moi .. quel phénomène quand on y pense.

Comme d'habitude, tu ne dis mot tandis que je suis excité comme une puce au point d'en sautiller sur place. Tu n'oses pas me dire de stopper cet agissement parce que tu sais très bien que ça ne servirait strictement à rien et puis de toutes manières, je ne t'écouterai même pas.

Plus nous nous rapprochons des côtes et plus l'air spécifique de la mer s'inhale dans mes poumons. C'est la première fois que je respire cette odeur et la chair de poule habille mes bras puis s'étend sur tout le reste de mon corps. Oh mon dieu.

« ça y est ! »

En haut d'une montée, nous la voyons. C'est .. Je n'ai même pas de mots pour exprimer ce que je ressens, ce que je vois.

Le bruit des vagues me parvient aux oreilles tandis que mes iris émeraude se perdent sous cette immense étendue de sable. Ces bouquins étaient loin de la réalité tout de même. Ce champ de grains est principalement d'une couleur ocre jaune malgré que je remarque instantanément des variations de nuance.

Je n'attends pas d'être proche de celle-ci que j'en suis déjà les pieds sur le sol. Tu me cries quelque chose, probablement mon prénom, mais je ne l'entends pas. Je suis bien trop absorbé par l'idée de toucher ce sable de mes mains. Tant que je n'aurai pas cette matière filante entre mes doigts, je ne pourrais dire que tout cela est réel alors je cours, un grand sourire sur les lèvres, les yeux scintillants.

Il ne me suffit que de quelques minutes pour dévaler le chemin de terre puis je me stoppe à quelques centimètres d'un escalier qui mène au bord de mer. J'en descends la dizaine de marches le constituant puis une fois sur la dernière, je me débarrasse de mes chaussures que je mets sur le côté. Je pose mon pied droit sur la plage vierge de pas et mon coeur en bat à la chamade. Je réalise subitement la douceur du sable, celui-ci ni trop chaud ni trop froid, et je ne me réprimande pas de pleurer.

Je suis tellement heureux à cet instant que personne ne pourrait m'enlever ce que je ressens. Après tant d'années derrière ces murs à vivre comme un oiseau en cage, je peux enfin déployer mes ailes et m'envoler. Et c'est bien mieux de ce que je ne l'avais imaginé.

Je me tourne vers toi lorsque je t'entends t'approcher de moi et tout ce que je peux voir est ton cou habillé. Je ne l'avais même pas remarqué avant, preuve que j'étais obnubilé par mes pensées et je ne comprends pas comment tu ne peux pas avoir chaud. Enfin tu en as pris l'habitude car depuis que je te connais, tu ne l'as jamais vraiment quitté, n'est-ce pas ? De mes souvenirs, je ne t'ai jamais vu sans.

Tu fais le miroir de mon acte avec tes chaussures et tu les places à côté des miennes. Ton visage habituellement fermé d'expression s'ouvre quelque peu sous le contact de ton pied nu sur le sable et je ne peux m'empêcher de rire.

Non. Je ne me moque absolument pas de toi comme tu peux le prétendre -je le lis à travers tes yeux- mais c'est tellement inhabituel de ta part que je ne pouvais pas rester sans faire quoi que ce soit.

Tu foules le sable de quelques pas et je me prends l'idée de marcher dans les traces que tu laisses derrière toi. Je ne m'étonne pas lorsque je constate que ce n'est pas tout à fait ma pointure mais ça me fait tout de même rire comme un môme alors je continue.

Et ça m'amuse. Oh je sais très bien ce que tu penses, que je ne suis qu'un gamin en agissant de la sorte mais ça fait tellement longtemps que je voulais voir la mer .. J'en suis désolé d'être aussi « lisible ».

« Eren ... »

Je croise tes yeux noirs bleuté lors de l'annonce de mon prénom et je me contente de te répondre avec un sourire sincère avant de courir à nouveau mais en direction, cette fois-ci, de cette grande étendue d'eau qui m'avait fait rêver pendant de longues années. Les grains de sable se soulèvent sous mon passage puis j'inspire un bon bol d'air marin, je me sens tellement bien ici.

Je m'arrête à la limite que forme le sable mouillé puis j'écarte les bras, profitant , tout en fermant les yeux, de la légère brise qui s'infiltre dans mes cheveux bruns mais également à travers mes vêtements. Le bas de mon maillot en remonte légèrement et une partie de ma peau se dévoile. Je frissonne au contact de l'air frais sur celle-ci.

Je rouvre doucement les paupières pour admirer le paysage qui s'offre à moi. Il n'y a pas à dire, cet endroit est vraiment splendide et le coucher du soleil est digne d'être un des plus beaux spectacles auquel j'ai eu le privilège d'assister.

« C'est beau, n'est-ce pas ? »

Je tourne la tête en ta direction et je remarque que toi aussi, tu as les yeux rivés sur le soleil rouge. La ligne qui se reflète sur la mer bouge en fonction des vagues et cela fait scintiller l'eau : c'est du plus bel effet. J'aime vraiment cet endroit, je pourrais le dire un millier de fois.

Je me prends d'un sursaut puis d'un recul de surprise lorsque je sens que mes pieds nus se font attaquer par la marée naissante. Oh ! Je n'avais même pas remarqué qu'elle était montée si vite .. enfin c'est normal après tout. On ne voit pas le temps passer lorsque l'on ne s'ennuie pas et c'est exactement le cas pour ce moment présent.

Malgré le fait qu'elle soit fraîche pour la saison, je n'hésite pas à m'avancer de nouveau et d'accorder la trempette pour mes orteils. Je lâche un « bouh, c'est froid » un peu exagéré puis en tenant mon bas de pantalon de mes deux mains, je m'élance à la conquête de l'océan. Je m'éclate à balancer de l'eau avec mes pieds et tu me regardes faire, la main posée sur le vêtement autour du cou.

« Viens ! »

Même si je suis loin de toi, je te tends la main pour que tu me rejoignes mais tu en secoues la tête pour me répondre négativement. Bon et bien tant pis, ça ne me cassera pas le moral pour si peu, je suis là et je compte bien en profiter jusqu'à ce qu'on rentre. On a mis tellement de temps pour arriver jusqu'ici alors il est hors de question que je me contente de rester assis et de ne rien faire. Il faut profiter de la vie tant que nous pouvons encore le faire : qui sait ce qui peut se produire demain ?

Non.

Non. Il y a un temps pour tout et toute chose à un temps mais pour le moment, je m'amuse. Les questions et réflexions, cela sera pour plus tard. Bien plus tard.

.

Tant pis pour les vêtements. Je n'ai pas pu résister à l'envie de me plonger entièrement le corps et me voilà trempé comme une soupe. Je me dépêche de sortir de l'eau ni trop bleue, ni trop grise, et je cours une nouvelle fois mais cette fois-ci, pour te rejoindre.

Le vent monte progressivement et je remarque que la lumière du jour tend à disparaître. Je lève la tête tout en mettant une main au-dessus de mes sourcils et je vois apparaître quelques nuages dans le ciel. Ah .. Le jour est prêt à céder la place à sa sœur, la nuit. Il me tarde de rentrer maintenant. Je commence à avoir froid et je sens que mon corps se met à grelotter. La brise devient un peu plus prononcée à chaque fois qu'elle daigne se faire sentir et je me réchauffe les bras tout en les frottant légèrement.

Je fronce les sourcils, des plis qui se forment sur le front, lorsque je te vois t'avancer vers la mer. C'est bizarre. Tu ne voulais pas tout à l'heure et maintenant que l'on est prêt à partir, tu y vas ? Mon visage grimace et je te regarde, sans bouger de place. Que fais-tu ?

Tu t'abaisses au-dessus de l'eau et tu plonges ta main droite à l'intérieur de celle-ci. Il me semble que tu aies lâché quelque chose mais de l'endroit où je me tiens et la faible luminosité ne me permettent pas d'affirmer ce que mes yeux pensent voir. Mh, ce n'est pas grave après tout. Toi aussi, tu as le droit d'avoir des secrets, je ne te demande rien et j'en ai pas l'intention.

Tu te relèves puis tu restes immobile pendant un court laps de temps avant de venir me rejoindre. Une chose me surprend. Le coup de vent m'a permis de voir qu'une larme coulait le long de ta joue blanche et je n'en comprends la signification.

« Pourquoi tu pleures .. ? »

Tu balayes cette goutte salée à l'aide de ton pouce puis tu passes à côté de moi sans même me répondre. Une boule se forme dans la gorge et mon estomac me tiraille. Mon coeur semble être pris en proie aux flèches lorsque je sens tous ces picotements désagréables. Encore une fois, je ne comprends pas. Je pose ma main sur la nuque pour en trouver la réponse mais non rien n'y fait.

J'ai beau cherché une explication logique et plausible, il n'y a qu'un désert aussi sableux que cette plage dans ma tête.

Quand ..

Je baisse mon regard puis la tête pour apercevoir une chose blanche à mes pieds dénudés. Je hausse un sourcil puis je m'accroupis afin de ramasser l'objet en question.

Oh.

Je saisis.

Tout est devenu clair dans ma tête.

Je compresse l'objet pour le détruire avant de me résoudre à le balancer là où je l'ai trouvé puis je me tourne vers toi, le bras contre le corps, le poing serré. Je souris tristement, les larmes qui me montent aux yeux et je te regarde t'éloigner pas à pas.

Je suis tes traces sur le sable de mes iris tantôt vertes, tantôt bleues puis en remontant les escaliers de ces derniers, je remarque que des personnes t'attendent en haut des marches en pierre. Je suppose que c'est le principal. Je ne sais pas qui ils sont mais j'ai bien ma petite idée là-dessus. Je ne pensais pas qu'ils viendraient pour tout te dire mais j'en suis heureux. Et puis, tu ne repartiras pas en solitaire, comme je t'envie.

Mon souffle se mélange au vent, un tourbillon de grains se crée juste devant moi. C'est un présage, non ? Je pense à le croire. En tout cas, je n'ai jamais eu l'occasion de te le dire mais voilà .. Je ferme les yeux et dans une légère brise qui m'emporte, je t'adresse cette dernière phrase :

« Merci pour tout, Mikasa. »

Et dans les vagues flotte une fleur de lys blanc.


Et avec ce dernier texte, je termine mon deuxième pas.

Je sais que dans celui-ci, il n'y a pas d'évocation d'Erwin mais dans les personnes qui accompagnent Mikasa, il y a clairement le Commandant Handsome. Et puis, je ne voyais pas Eren pensait à Erwin dans ces conditions.

En tout cas, j'espère que tout ceci vous a plu.