Le troisième chapitre, rien que pour vous ! ;)


Chapitre 3

Parade... et séance de torture


POV Amber, 15 ans, district Quatre

La foule se presse pour nous voir, nous, les trois tributs du Quatre. Je daigne sourire à la foule. Condar agite la main, Caryn toise les habitants du Capitole. Je souhaite bon courage au garçon du Un pour la supporter. Cette fille me tape horriblement sur les nerfs...

Le train ralentit peu à peu, jusqu'à s'arrêter complètement. Nous sommes alors emmenés dans une voiture blanche aux vitres teintées avec l'hôtesse, tandis que nos mentors prennent une autre.

Je me retrouve au milieu, coincée entre Caryn et l'hôtesse, Juliga, je crois. Condar a réussi à se débrouiller pour aller à l'avant. Je lui échangerai bien sa place...

Le trajet dure une éternité. Caryn se plaint de la promiscuité, et même le Pacificateur qui conduit commence à avoir les nerfs qui craquent. Heureusement, nous arrivons juste avant que la situation ne dégénère. J'étais prête à coller mon poing dans la jolie figure de cette peste...

Lorsque nous arrivons, je suis emmenée à mon équipe de préparateurs, deux femmes et un homme aux vêtements et au maquillage exubérants qui piaillent tandis qu'ils s'affairent autour de moi. Une des femmes, Sonia je crois, se plaint de mes cheveux abîmés par le sel. Je reteins un soupir exaspéré. Le plaisir de se plonger dans la mer vau plus que des cheveux abîmés...

Enfin, après une éternité de torture, je suis laissée dans un petit salon avec un buffet. Je me sers un peu de melon et vais m'asseoir dans le canapé crème. Ca fait du bien... je resserre les pans de mon peignoir. Je suis nue en-dessous. L'idée d'être reluquée par un vieux pervers du Capitole dans cette tenue me plait plus que moyennement...

On entre. Je tourne la tête: un homme aux extravagants tatouages en arabesques, noirs ou bleus, qui couvrent tout son visage vient d'arriver. A part cela, il est plutôt normal : des cheveux bruns, des yeux... dorés, oui, bon, peau blanche ( pour le peu qu'on voit ). Il a l'air assez jeune.

- Bien le bonjour, il claironne. Tu es Amber Shell, n'est-ce pas ?

- Oui.

Il est même pas sûr du nom de la tribut dont il va s'occuper ?!

- Je t'ai préparé un costume ma-gni-fique ! Allons l'essayer !


Je m'observe dans le miroir, un petit sourire aux lèvres. Je suis devenue une espèce de créature sous-marine, à la peau bleue ( teinture éphémère ), aux vêtements faits d'algues et de coquillages, un trident à la main, mes longs cheveux teints en noir tressés. Dans ce costume, on ne se rend pas compte de ma carrure importante pour une fille. Cela me montre forte. J'aime cela.

- Alors, satisfaite ?

Ce styliste est sympathique. A défaut d'être très intelligent, ou compréhensif. Il ne m'a pas fait une seule remarque, et ça, ça joue en sa faveur.

Bizarrement, je viens de rencontrer une personne que je pourrais apprécier au Capitole, à l'aube de mes Hunger Games...


POV Nedy, 16 ans, district Sept

Nous voici au Capitole. Je n'aurais jamais cru un jour y aller... J'ai une espèce de noeud dans la gorge en observant les bâtiments et en les comparant mentalement, inconsciemment, à ceux du Sept... Quel luxe... Quelle beauté... et pourtant, je n'aime pas. Je ne m'y sens pas à ma place.

Nous sommes laissés à nos préparateurs, deux femmes et un homme. Ils sont tous extrêmement "retouchés ". Et la beauté naturelle, ça existe ici ? Bien sûr que non.

Ils me font une " base de beauté zéro " : ils lavent et brossent mes longs cheveux noirs, en s'extasiant sur leur épaisseur, m'épilent ( arggh ! ), me liment les ongles et les coupes, me lavent... tout en parlant avec l'horrible accent maniéré du Capitole. Très vite, j'ai mal à la tête. Et, évidemment, ils ne parlent que des Jeux... chaque fois que j'y pense, une bouffée d'horreur, d'apréhension, d'angoisse, me submerge. Je n'arrive pas à croire que j'ai été Moissonnée, pour la Quatrième Expiation en plus !

Au moins, Hole n'a pas été pris... mais, maintenant, à part si je reviens, il sera obligé de prendre des tessarae, augmentant son nombre de risques...bien sûr, il y a des gens qui auront toujours plus de tessarae que lui, parce qu'ils en prennent depuis leurs 12 ans... mais il y avait des filles, plus vieilles que moi, qui avaient beaucoup plus de papiers, et c'est moi qui a été tirée. Et Simeon n'avait qu'un papier, et en plus dans la loterie combinée ! Pourtant, c'est son nom qui est sorti. Comme quoi les tessarae ne font pas tout...

- C'est bon, tu es prête à rencontrer ton styliste ! s'écrie un de mes préparateurs, un homme à la peau argentée.

Ils m'enveloppent dans un peignoir ( mais je suis nue en dessous... ) et me mènent à un petit salon où un buffet est servi. Je me sers généreusement, je meurs de faim.

Un bruit de porte qui s'ouvre, et un homme aux cheveux bleus, aux yeux noirs d'encre et à la peau dorée ( quelle horreur ) entre. Il est très grand, très mince, et sa voix est aïgue, haut perchée... ridicule ! Je manque de m'esclaffer lorsqu'il me lance un " Bonjour " nasillard.


Mon costume est enfin enfilé. Je suis littéralement recouverte de papier, en clin d'oeil aux papeteries du district... quelle horreur ! J'ai envie de pleurer. Comment attirer des sponsors avec... avec ça ?

Au moins cela nuira à Garan. Lui aussi ferait fuir les sponsors. Cela me réconforte un peu, mais je me rends compte que son partenaire, un des garçons du Deux, va lui en attirer des tonnes de toute manière et avec sa carrure et sa force, il part avec également pas mal de sponsors... alors que moi... mon sourire s'évanouit.


POV Sherry, 17 ans, district Dix

Oh mon Dieu. Oh mon DIEU ! Si je passe une minute de plus avec ces trois Capitoliens survoltés, je vais hurler. En plus, ils viennent de m'épiler à la cire. De un, je déteste l'épilation à la cire, même si je n'avais jamais testé, et de deux... j'estime mes jambes pas si poilues que ça, non mais ! Purée mais ils se prennent pour qui là ?

C'est ça, mon cadeau d'anniversaire, hein ? Et bien dis donc, d'abord la Moisson et ensuite ça, cette année je suis servie. Puis je pense soudainement que c'était peut-être mon dernier anniversaire, et ça me met le cafard. Mon Dieu, je n'atteindrais peut-être jamais mes 18 ans...

- C'est bon, tu peux aller attendre ton styliste !

De l'air, je vais étouffer. Je sors de la pièce en veillant à claquer la porte le plus fort possible et vais m'asseoir dans un canapé, dans le salon où je dois attendre. Je suis nue dans un peignoir blanc. Arggh. Je n'ai pas envie de me faire mater...

Je remarque le buffet servi dans un coin et me sert une part de gâteau au chocolat. C'est trop bon. Quelque chose de positif au Capitole, c'est la nourriture. Ca, c'est un cadeau d'anniversaire digne de ce nom. Jamais je n'aurais pu rêver d'un tel délice... surtout avec les revenus que nous avions, vu que j'étais la seule à bosser et que ma mère claquait tout l'argent en bouteilles d'alcool et ne faisait rien... un poids, quoi.

- Bonjour.

Je me retourne: un homme se tient là. Il a la peau dorée et les yeux argentés et pas de cheveux... beurk.


Je me tiens sur mon char, au centre. A ma gauche, cette chère Caty, à ma droite, Carl. Nous sommes tous les trois vêtus en cow-boys, avec les bottes, les gilets à franges... nous sommes ridicules, mais ça ne peut pas être pire que ceux du Sept, couverts de papier.

Tous les tributs sont postés sur les chars, en attente. A l'extrémité gauche, il y a toujours la fille, à droite, le garçon, et entre eux deux, le garçon ou la fille qui a été choisi dans la loterie combinée, comme moi.

- Départ du premier char dans 29 secondes... 28... 27... 26...

Le compte à retour, égréné d'une voix de femme froide et artificielle, résonne dans le bâtiment.

Enfin, les portes s'ouvrent, et les bruits des clameurs des Capitoliens en folie dans le Grand Cirque nous assaillent. Bon sang, ils ne savent pas se maîtriser ? D'autant plus que 35 d'entre nous seront morts d'ici deux semaines. Pas de quoi s'affoler comme ça, du coup.

C'est à notre tour. L'atmosphère survoltée me frappe comme un fouet. Les cris me donnent la migraine. Tout le monde scande des noms, pris sur le programme. J'entends plusieurs fois celui de Caty, et à chaque fois que cela se fait entendre celle-ci se rengorge. Pouffiasse prétentieuse. Mon nom retentit une ou deux fois, mais je me rends compte que ça m'est égal.


POV Matheo, 14 ans, district Onze

Ca y est, ça va commencer. Le char du Un s'élance vers la lumière, la foule, les Capitoliens en délire dont les clameurs nous parviennent. J'ai les jambes qui tremblent. A ma gauche, il y a Lia, belle et dangereuse malgré notre costume ( des grappes de fruits enroulés autour de nous, ce qui fait que nous sommes recouverts de fruits... ), à ma droite il y a Noah. Etrange qu'ils aient été mis ensemble, ils sont comme le jour et à la nuit. Et moi je suis au centre. Je suis le faible du district.

Mais cette fille pourrait me sauver, et après je... je ne pourrais pas la tuer. Il n'y a aucun espoir de rentrer chez moi. Grâce à la fille du Sept, peut-être pourrais-je grapiller quelques jours. Pas un de plus.

Le char du Dix, dont les tributs sont habillés comme des cow-boys, quitte la pénombre pour l'atmosphère survoltée du Grand Cirque. J'inspire profondément. Ca y est.

Qu'a ressenti Jehan sur ce char, ignoré par une foule qui scande les noms des tributs les plus impressionnants ? Comment s'est-il senti ? Moi, je me sens vaguement nauséeux, un peu dégoûté d'être ignoré, même si je savais depuis le début que je passerai inaperçu.

Nous faisons le tour du Grand Cirque puis nous arrêtons face à la tribune présidentielle. La Présidente Snow fait son entrée. Elle a 25 ans, des cheveux blonds, presque blancs, et des yeux bleu glace. A part un tatouage de flocon de neige sur la tempe droite, elle n'a fait aucune chirurgie esthétique. Ses cheveux sont tressés, ses joues légèrement rosies. Elle est étrange. Elle a l'air de compatir au sort des malheureux choisis pour les Jeux, mais en même temps, elle ne fait rien pour arrêter cela, alors que c'est bien la seule personne à Panem qui en a le pouvoir.

Son discours est légèrement différent de celui de l'année dernière, parce que c'est l'Expiation. Sa voix est mélodieuse, calme, posée. Au fur et à mesure qu'elle parle, elle plante son regard dans chacun des tributs, les uns après les autres. Je voudrais éviter le contact visuel mais je n'ai pas le choix. Ses yeux bleu glace croisent les miens, et, un instant, nous nous regardons, puis elle passe au tribut suivant.

Cette femme est un mystère.


POV Whity Snow

Elle regardait tout en égrenant ce discours qu'elle avait écrit et appris par coeur chacun des tributs droit dans les yeux, afin que, quand ils meurent, elle se souviennent de leur regard. Qu'elle se souvienne que c'était de sa faute, de son incapacité à décider d'abolir les Jeux. Lorsqu'elle était montée sur le siège du pouvoir à la place de son grand-père, elle s'était mentalement juré qu'une telle barbarie s'arrêterait. Et elle ne s'arrêtait pas, ce qu'elle justifiait par un tas d'excuses auxquelles elle ne croyait qu'à moitié.

A la fin de l'Expiation, elle essaierait vraiment, elle se le jurait.

Finalement, elle était aussi monstrueuse que les autres Capitoliens.

Aussi monstrueuse que son grand-père.